-…Sam…Par où on file maintenant?
-Bah on saute à l'eau nan?
-…Euh…eh ben…j'ai un p'tit problème par rapport à l'eau…
-Ah ouais? Tu sais pas nager? Pas de problème j'peux nager avec toi sur le dos.
-Nan…en faite…j'ai bouffé un fruit du démon y'a quelques mois.
-Et c'est maintenant que t'en parle?
-Je sais pas comment l'utiliser alors à quoi bon en parler?
-…J't'emmerde vieux con.
-Reste qu'il faut trouver un moyen de sortir d'ici vivant…
-Peut-être que le chat a une idée.
-MIIIAAAWWRRR
SLASH
-Je crois qu'on va se fier qu'à nous même c'te fois-ci mon p'tit Sam.
-Et le gosse?
-Quel gosse?
-Bah, Jean.
-Ah ouais… J'ai jamais aimé les gosses. Surtout ceux qui pleurent et font du chichi.
-On s'y met?
-On s'y met.
Situation précaire il fallait dire. Le bateau abordé plusieurs minutes plutôt piquait désormais du nez. Quant à moi, j'avais eu la chance, par une suite plus ou moins concrète et précise d'évènements, de survivre à cet abordage chaotique et anarchique digne de notre association. Désormais, Raspoutine, moi et Sam nous tenions devant la rambarde d'un navire qui quittait tranquillement un angle de flottaison logique considérant la régularité et le calme des ondulations aquatiques de l'océan. Bref, pour les simples d'esprit; le bateau, il coulait, et en commençant par l'avant. Ah ouais, fallait pas oublier Jean aussi, Jean qui pleurait, attitude émotionnelle relativement acceptable considérant son jeune âge et la triste situation qu'il se devait de partager avec le reste du groupe. Bref, situation précaire, rien de plus, rien de moins.
L'objectif, le bateau qui nous canardait, le moyen d'y arriver. Bof.
Rapidement, Sam se mit à amasser un paquet de planches qui traînaient ça-et-là, résultat de l'explosion de certaines parties du bateau sous l'effet des boulets de canon. Moi? Eh bien moi, je planifiais un plan d’évacuation. Vous savez, le genre de plan à faire pour les alarmes de feu? C’était ce genre de plan là que cherchais à mettre au point, en bon doyen que je me devais d’être.
-Allez Raspoutine! On bouge!
Je saisi le chat obèse par les flancs, crispant mes mains dans son épaisse fourrure pour m’assurer d’une bonne prise, puis, prenant mon souffle, je bandai mes muscles (frêles, presque inexistants, mais tout de même muscles). Mes sourcils se froncèrent sous le poids du matou, creusant du même fait un canyon de rides sur mon front… Pour que le félin ne bouge pas d’un poil. Ce dernier me toisait d’un œil inquisiteur, visiblement indigné que je m’agrippe à son royal pelage. Le visage couvert de sueur, mes sourcils mouillés par cette dernière se levèrent pour apercevoir au dernier instant la puissante griffe du chat qui vint me cueillir en plein visage.
MIAAAAW!
-AAAAAAAAAAAAHHHH SAAAAAAAAAAAAAMMM!!!!
Propulsé par-dessus la rambarde du navire moribond, je m’envolai au dessus de la mer et dans un vol plané plus ou moins planifié, atterrit violemment sur le pont du navire des pirates-poètes. Étourdit, je me relevai douloureusement, frictionnant mes vieilles articulations meurtries par ma cascade mémorable. Il y avait un temps, le temps où je travaillais comme intrépide soldat de la marine. En ce temps là, de telles acrobaties ne m’auraient causé problème, mais…
-Putain Iwan! Comment t’as fait!?
Je me retournai, Jean avait cessé de pleurer et Sam avait laissé tomber tout son matos pour réaliser avec surprise que je me trouvais désormais sur le bateau qui nous canardait une minute plus tôt. Ce fut là que le plan d’évacuation germa dans mon esprit.
-C’est l’chat Sam! Le chat! Va emmerder Raspoutine tu verras!
Une minute plus tard, Jean et Sam avaient traversé grâce à l’aide plus ou moins amicale de Raspoutine. En fait, tout semblait aller comme sur des roulettes bien huilées, jusqu’au moment où un bâton du nom de « deux équipages pirates en colère » vint s’encastrer dans les rayons de notre roue qui s’engageait sur la route de la conquête.
-Z’êtes morts bande de chasseurs pourris!
Devant une telle menace, je m’avançai dans un geste théâtral devant mon petit groupe pour contre-attaquer oralement à mon tour.
- On n’est pas une bande de chasseurs pourris mon p’tit jeune. Nous sommes la Team RockAaaaahh!!! Putain mon dos! Ah bon sang de merde mon dos!
Comme paralysé par la violente douleur, ma moustache vint s’écraser avec le reste de mon visage contre le sol du bateau. J’étais pathétiquement plié en deux sur le sol du bateau, entouré d’une horde pirate en colère. J’me disais au même instant « pas grave, on a déjà vu pire », mais je commençais désormais à douter.
-Mon p’tit Sam…Ah bon sang…Tu m’ferais un massage?
-VIANDEZ MOI CE GROUPE DE TROUFIONS!