« … L'équipe 21 m'a signalé que le secteur T-25 avait été inspecté de fond en comble sans la moindre trace des pirates. Mais je dois vous avouer Colonel que c'est le chaos le plus total ici, tout le monde cherche au petit bonheur la chance... »« Par le scrotum de Davy Jones ! Hors de question que cet assassin s'en tire aussi facilement vous m'entendez ?! Je vais réorganiser les patrouilles à ma manière ! J'vais vous donner toutes les instructions pour, écoutez. »Voilà maintenant cinq bonnes minutes que le sergent me faisait l'apanage de ce que je trouverai jamais de pire comme débâcle de la marine. Plus paniquée qu'une huître devant un régiment de citron, les 150 hommes présents à bords se précipitent chaotiquement au seul son de l'alarme et de quelques pertes sur le pont si j'ai bien compris. Par tous les dieux des océans... J'ai vraiment plus l'habitude de trainer avec des branques pareils...
Mais que fait-donc l'autre gamin ?! Il en prend du foutu temps pour lancer ses putains d'explosions ! A croire que j'ai tout saboté pour rien... Manquerait plus que ça ! Heureusement, coupant net la conversation que j'ai avec le sergent, une soudaine explosion ébranle l'ensemble du navire, faisant vibrer toute la structure !
BOOOOm !
Wouaw ! Il n'y est pas allé de main morte l'autre loustic ! Nous jetant presque à terre, l'onde de choc a fait gémir l'ensemble de la structure depuis la salle des machines. Peu après ce choc qui a manqué de peu de nous rendre à moitié sourd, une vague de poussière remonte l'ensemble des coursives plongeant encore un peu plus les marines dans la panique. De mon côté, je feins moi-même la surprise de mon mieux.
« Bordel ! »« Oh mon dieu, c'était quoi ça ?! »
« J'dirais une putain d'explosion du côté d'la salle des machines ! Je savais bien que ce maudit Satoshi ne s'en arrêterait pas là ! Gardez votre calme sergent, les cloisons anti-explosions vont faire leur boulot et l'incendie sera vite maîtris*... » Booooom !Une deuxième explosion tant attendue ponctue aussitôt ma phrase, plongeant alors les hommes à mes côtés dans la terreur la plus profonde ! Ils sentent que quelque-chose de terrible se passe sous leurs pieds et qu'ils y sont impuissants. La troisième explosion de la réaction en chaîne renforce encore plus ce si utile sentiment de fatalité. Ils sont à bord d'une bombe... et un fou en a allumé la mèche. Mais qui donc va pouvoir sauver la situation ?
« Putain ! Ces salopiots ont dû saboter la salle de contrôle aussi ! Tous avec moi ! »Devant cette voix autoritaire, étonnante promesse d'espoir, la demi-douzaine de marines enchaînent sur mes pas tandis que je m'élance à grand pas dans les couloirs en direction de la salle que j'ai quittée quelques minutes plus tôt. D'après mes calculs il me reste encore pas mal de temps avant que l'explosion ne gagne le cœur de la machinerie et nous envoie tous au paradis des confettis.
« Merde, ce salaud a bloqué la porte, poussez-vous. »D'une violente poussée d'épaule j'arrache de ses gongs la porte blindée que j'ai verrouillé un peu plus tôt, souriant intérieurement aux regards admiratifs de mes subordonnés. Aussitôt, je pénètre avec tous les hommes dans la chambre de contrôle, où l'ensemble des voyants scintillent plus fort qu'un sapin de Noël. Comme de petits chiots perdus, les marines à mes côtés semblent totalement dépassés par les évènements. Heureusement pour moi il n'y a aucun ingénieur parmi eux, je ne voudrais surtout pas que l'un d'eux puisse mettre les mains là-dedans. La seule raison de leur présence ici est d'être les témoins des actes qui vont s'y passer.
Une quatrième explosion volatilise une bonne portion d'un flanc du navire, rajoutant la plainte des blessés et la pluie de gravats au son terrifiant de la sirène et des lumières rouges.
Huhuhu perso jm 'éclate là-dedans ! Mon sang-froid et ma concentration laisse d'ailleurs mes hommes muets. Pas étonnant lorsqu'on a soit-même prévu la moindre partie du plan
Huhuhu. L'air grave mais résolu, je me précipite alors sur le tableau de contrôle.
« Bon sang. Il y a encore combien d'hommes à bords sergent ? 150 c'est bien ça ? »« Euh oui mon colonel ! »« Diable ! Il faut à tout prix arrêter cette série d'explosions ou nous y passerons tous sans exception ! Sergent ! Envoyez vos hommes lancer l'évacuation, la priorité reste la vie de tous les marines présents, leurs familles les attendent à la maison.
Quant à moi je vais rester ici pour tâcher d'arrêter la catastrophe. Je vais tâcher de gagner le maximum possible de temps pour vous et vos hommes. De plus, je ne laisserais jamais un symbole de la marine partir en fumée. Plutôt mourir ici-même, foi de « Père tempête » ! »« Mais mon colonel...Vous n'allez tout de même pas... »« Ne discutez pas sergent, exécution ! »« Bien mon Colonel... mais je demande l'autorisation de rester à vos côtés pour vous aider. »« Hum.... soit, restez ! »Parfait parfait ! L'autre crétin héroïque a réagi exactement comme je le voulais ! J'ai à tout prix besoin d'un témoin et cet idiot à toute la motivation et l'ingénuité nécessaire à cette tâche. Dès que les autres hommes sont partis, je me relance sur le panneau de contrôle sous le regard inquiet du Sergent. Tripotant de façon chaotique les boutons, je ne fais que retarder la fermeture des sas que j'ai minutieusement examinés à mon premier passage. Je n'y gagne rien à désamorcer la situation trop tôt... Bien au contraire, plus les évènements seront critiques plus grande sera ma gloire
huhuhu. J'ai encore largement le temps...
BOOOOOOOm
L'explosion qui retentit depuis la
3ème armurerie auxiliaire balaye l'ensemble du gaillard arrière dans un boucan de tous les diables ! Par tous les enfers
d'Impel Down, elle n'était pas prévue celle-la ! Sous la violence du choc le navire glisse sur ses appuis dans la cale-sèche, faisant basculer de 45 degrés l'ensemble du navire. Me voilà donc cul par-dessus tête dans un coin de la pièce, les fesses d'un Sergent sur le visage et une singulière inquiétude dans le regard. Mais elle n'était pas prévue celle-là bordel ! Voilà qui va changer pas mal de choses !
Booooom !La réaction en chaîne part de tous les côtés, échappant à mon contrôle et s'éloignant des sentiers tous tracés de mon plan machiavélique.
Merdremerdemerde ! Remontant péniblement la pente en m'agrippant aux rambardes, je me jette sur le panneau de contrôle une fois de plus, cette fois-ci réellement inquiété par une mort qui ne me semble pas si irréaliste que ça finalement. Moi qui était censé avoir du temps me voilà pris de vitesse par des explosions qui se multiplient à vitesse grand V ! Ce qui ne devait être qu'une mise en scène devient tout à coup une course contre la mort dans laquelle je n'aime pas du tout le rôle que l'on m'a donné.
« Colonel ! »Quoi merde ?! Je me retourne agacé juste à temps pour voir s'effondrer une impressionnante quantité de poutrelles métalliques et de débris brûlants. Affalé au sol derrière-moi, le Sergent n'a aucune chance d'échapper à cet enfer qui se déverse sur lui ! Les yeux écarquillés par la terreur, le pauvre homme se sait condamné.
*Merde mon témoin !*Plus soucieux de ses futures qualités de narrateur que de sa vie je me jette juste à temps à ses côtés, bien décidé à protéger sa vie au péril de la mienne. C'est un pari risqué mais je n'ai pas le choix, je dois le garder en vie pour le bien de mes propres intérêts !
Deux tonnes de métal brûlants et de cendre me tombent sur la tête tandis que je brandis les bras en l'air afin d'amortir au mieux le choc. J'ai connu largement pire durant mes entrainements mais la situation est ici légèrement différente... les gouttes d'acier en fusion me cramant la peau par exemple.
Fléchissant les genoux sous le choc, je pousse un cri rageur de douleur sous la morsure de l'acier chauffé au rouge qui heurte mon dos et mes épaules de tout son poids. Putain qu'ça fait mal !
Raaaaaah ! D'une puissance impulsion je projette tout ça dans un coin de la pièce dans un grand fracas métallique. Tendant ensuite une main fumante à mon subordonné, je l'aide à se relever au mieux tandis que ses yeux s'illuminent de gratitude.
« Ça va garçon ? Bien. Dépêchons-nous de désamorcer ce bordel, nos hommes comptent sur nous ! »Péniblement je parviens une nouvelle fois aux panneaux clignotants, d'où s'échappent une pluie d'étincelles de mauvaises augures.
Boooooom ! Énième explosion précipitant un peu plus le
Léviathan vers son destin ! Dépêche-toi bordel, dépêche-toi ! Avec un soulagement non feint j'abaisse dans un grand geste théâtral mon poing sur le dernier bouton qui est censé enclencher les sas de sécurités. Fonctionnera ? Fonctionnera pas ?... De longues secondes le Sergent et moi nous nous dévisageons, attendant une explosion supplémentaire qui signifierait probablement notre mort à tous...
Un silence apaisant inonde alors le
Léviathan... La chaîne d'explosion a été arrêté à temps. Ouf ! Dans un grand soupir de soulagement l'homme et moi nous asseyons à même le sol, bien heureux d'être encore en vie et de pouvoir souffler un instant. Derrière nous parviennent les bruits des incendies que les marines du port combattent et des blessés qu'on évacue dehors. Sortant mes deux derniers cigares, j'en jette un au sergent avant de tirer avec satisfaction sur le miens. Tout s'est bien passé finalement... Un peu juste vers la fin mais bon... Sans danger la vie serait si ennuyeuse
héhéhé. Riant comme des bossus nous exprimons tous deux notre joie de vivre parmi les relents de cigare et d'incendie.
Une demi-heure plus tard je suis à terre, profitant sous mes bottes d'un sol solide qui ne risque pas d'exploser. L'air de rien c'est un détail qui n'est pas négligeable. Jouant mon rôle de parfait commandant, je coordonne efficacement les différentes équipes qui gèrent la crise. Refusant d'aller à l'infirmerie pour me faire soigner, j'échange un bon lot de brulure contre une gloire inestimable. Sous les regards des hommes sauvés aujourd'hui je dois probablement resplendir de cette auréole de saintetés que je trouve si ridicule d'habitude. Mais aujourd'hui j'en ai besoin... Afin de partir de
East Blue en héros je dois parfaire mon rôle jusqu'au bout.
Huhuhu pour un peu j'y prendrais du plaisir. Pour tous ces marins je suis l'homme qui a sauvé in extremis le
Léviathanet la vie de la majorité de son équipage de garde. Les dégâts du navire sont considérables mais j'ai évité le pire selon eux.
Huhuhules gentils naïfs ! Par contre
Satoshi risque lui de m'en vouloir... Bah tant pis. Dans tous les cas sa renommé va atteindre des plafonds avec ce que je lui ai mis sur le dos aujourd'hui, il devrait m'en être plutôt reconnaissant en fait
Huhuhu.
« Sergent ? Venez-ici mon brave. »« Oui mon colonel ? »« Votre conduite a été admirable aujourd'hui. Je vous recommanderais pour une promotion et la meilleure des décorations, soyez-en assuré. Beau boulot mon garçon ! »Flatter l'égo... Lier un puissant lien de reconnaissance envers le principal témoin qui fera son rapport à l'amirauté... Tout cela fait encore partie de ma stratégie. En réalité je n'ai que faire de ce morpion... mais je veux vraiment qu'il croit le contraire, l'éloge qu'il me fera n'en sera que plus grande !
Le visage éclairé par le rougeoiement des derniers incendies, j'admire encore un peu les lieux de mes dernières aventures sur
East blue. Y'a pas à dire mais l'autre gamin m'a offert un joli feu d'artifice comme cadeau de départ... Faudra que j'le remercie à l'occaz'.
Mwouaahhahahahahahaha !