Août 1624
Ylvikel ne pouvait pas s'empêcher d'admirer la substance verte si vivace. Il l'avait enfermé dans un bocal pour l'étudier quand l'occasion se serait présentée. Cependant, l'occasion ne s'étant toujours pas manifestée, il n'avait guère eu le choix que de continuer à la fixer avec envie. Pourquoi ? Voyez-vous, cette dernière n'avait pas arrêté de grossir depuis son extraction.
Remettons-nous dans le contexte : Lors de son escale au Royaume de Goa sur East Blue, Ylvikel avait fait une craniotomie sur un mystérieux jeune homme. Il trouva alors dans son cerveau cette magnifique matière verte. Par manque de temps, il avait décidé de n'en prendre qu'un petit échantillon à son plus grand regret. Échantillon, qui devait avoisiner les deux centimètres au départ. Le problème maintenant, était que cette même substance mesurait trois centimètres après seulement deux ou trois semaines en mer. C'était fascinant ! Comment était-ce possible ? Il n'en avait aucune idée. Il ne pouvait plus attendre, c'était une certitude. Sa soif de connaissance l'incitait à débuter ses recherches immédiatement.
Malheureusement, il ne pouvait guère la satisfaire pour l'instant. Il lui fallait un lieu d'analyse, plus d'outils que n'en contenait son kit et surtout de l'argent. Le problème en pleine mer, c'est qu'on ne trouve ni outils, ni lieu d'analyse et encore moins de l'argent. Il inspira et expira tout aussitôt, comme pour exprimer son ras-le-bol.
« Encore une journée de merde. »
Il s'allongea dans son petit bateau à voile qu'il avait dérobé, ou plutôt devrait-il dire emprunté à son dernier capitaine. Il fit un signe de croix en repensant à celui-ci. Paix à son âme devait-il se dire. Ylvikel regarda une dernière fois son petit bocal si précieux et le déposa à côté de lui.
Sa main entra dans sa veste et de cette dernière, en sortit une carte qu'il mit à porter de vue. Elle était tachée de sang. Il avait certainement dû la salir lors de la craniotomie. En effet, lorsqu'il eut fini de recoudre le jeune homme, ses mains étaient emplies de sang. C'était sûrement à ce moment-là qu'il avait dû confondre son chiffon et sa carte. Qu'il pouvait être niais des fois. Comment avait-il réussi son coup ? On le sent bien au touché quand même, que ce n'est pas la bonne texture. Ylvikel devait tellement être pris dans ce qu'il faisait, qu'il n'avait même pas remarqué qu'il était en train de s'essuyer avec cette dernière. Elle était fichue maintenant !
La seule destination encore visible était la ville de Shell Town. D'après ce qu'il avait pu entendre autour de lui, cette ville abritait une compagnie entière de marine. C'était le genre d'île qu'il valait mieux éviter si on ne voulait pas finir au cachot. Enfin, Ylvikel n'était pas encore connu sur les Blues. De plus qui aurait soupçonné un noble d'être un pirate ? Ce n'était que pur folie de croire cela. De toute façon, il n'avait pas vraiment le choix. Il rangea sa carte dans sa veste et se déshabilla. Il ôta sa veste ainsi que sa chemise qu'il plia très soigneusement. Puis, il mit son chapeau sur son visage.
En effet, le soleil était encore haut dans le ciel et il cherchait à s'en cacher. Le vent caressait son torse, les goélands raillaient et les dauphins sautaient au-dessus des vagues. Ylvikel se laissait doucement bercer par ce cadre idyllique. Il commençait même à s'endormir quand soudain, un invité improbable fit son entrée. Une mouette venait de lui chier sur le torse. Il se réveilla alors de sa somnolence et se leva. Il venait de faire une grave erreur. En effet, la fiente commença à dégouliner le long de son torse. Il prit alors sa veste et chercha quelque chose pour l'essuyer. Il trouva alors un papier et s'essuya le torse. À votre avis, que venait-il de prendre ? Eh oui, encore sa carte. Maintenant elle était vraiment fichue. On ne voyait même plus la destination de Shell Town. Il était complètement perdu sur East Blue sans la moindre idée de là où il devait aller.
« Je le sentais que c'était une journée pourrie. », se dit-il.
Sur ces mots, il regarda une nouvelle fois sa défunte carte et la jeta à la mer. Il mit ses mains dans l'eau et se frotta le torse afin d'enlever les quelques traces de fiente qui pouvait lui rester, puis il se rhabilla. Étant bien conscient que sa journée était bien mal engagée, il s'endormit en espérant avoir un peu plus de chance à son réveil.****
Ylvikel se réveilla deux heures plus tard. Lorsqu'il ouvrit les yeux, il regarda aux alentours s’il ne voyait pas une île, mais rien. Pas l'ombre d'une terre . . . Effectivement, il n'y en avait aucune en vue, mais au loin on pouvait distinguer les formes d'un petit navire. Il décida donc de partir à sa rencontre, même s'il ne savait pas vraiment où il se dirigeait. Il détacha alors les voiles et se mit de façon à ce que l'écoulement du vent soit continu. C'était lorsque le chariot se situait entre la moitié et les trois quarts, ce qui permettait de reprendre un peu d'écoute. En avançant, le bateau allait « créer son propre vent », il aurait donc fallu border légèrement. Cette allure était appelée la grande largue, c'est aussi la plus rapide. Ylvikel avait la corde de la voile dans sa main droite afin de tenir la meilleure allure, tandis qu'il tenait la barre de sa main gauche. Il se rapprocha à toute vitesse du navire et ce dernier ne tarda pas à le remarquer.
Ylvikel s'en approcha de plus en plus. Il savait que ce n'était ni un bateau pirate, ni même un vaisseau de la marine. Il esquissa alors un petit sourire. S'il ne faisait pas partie des catégories qu'il venait de citer, alors ça ne pouvait être qu'un navire marchand ou civil. Sa chance avait-elle tourné ? Ylvikel le pensait. Il savait très bien que si ça avait été un bateau pirate, il n'aurait eu aucune chance d'y survivre. Quant à la marine ? Il se serait grandement ennuyé. Après tout, c'était un pirate maintenant. Il n'était plus question de se faire aider.
« J'espère que vos richesses seront me satisfaire ! »
Ylvikel se dirigeait droit devant le navire marchand. Ce dernier tenta une manœuvre surprenante, mais néanmoins banale en faisant demi-tour. Il voulait fuir !
« Foutaise ! Tu n'iras nulle part ! Mon petit voilier est bien plus maniable que ce navire. »
Ylvikel rigolait de bon cœur. Il était en train d'imaginer toutes les fortunes que ce navire pouvait transporter. Ça le laissait rêveur. Tellement même, qu'il ne remarqua même pas le canon à son bord. D’ailleurs, le canon était fixé sur Ylvikel. Il comptait se défendre.
BOOOOOM !!!
Ylvikel sortit de son rêve et vit un boulet fonçait droit sur lui ! Il tenta une manœuvre désespérée pour l'éviter, mais c'était trop tard. Son aventure n'avait même pas commencé que c'était déjà la fin. Il ne pouvait plus rien faire. Ni l'éviter, ni le couper, ni même plonger à l'eau. Il ferma tout simplement les yeux, acceptant son destin. Les secondes lui paressèrent des heures. Il repensait à tous ces bons moments qu'il avait vécu, et à tous ceux qu'il n'aurait pas pu vivre.
Quelques secondes passèrent et rien. Des gouttes d'eau tombèrent sur lui. On dirait que la chance était toujours de son côté. Il se tâta brièvement pour voir s'il était toujours entier.
« Pas de casse, j'ai vraiment été chanceux sur ce coup-ci »
Le petit voilier continuait toujours sa folle course poursuite. Ylvikel se retourna et en profita pour regarder où était tombé le boulet de canon. Apparemment, ils avaient dû tirer trop haut. Il se retourna et fixa le canon, il savait qu'il n'aurait plus une telle chance. Un deuxième coup de canon retentit. Ylvikel tourna la barre à bâbord et évita de peu le deuxième boulet. Le voilà maintenant tout trempé. Une dizaine de mètres le séparait maintenant du navire. Il ramassa son petit bocal qui contenait la substance verte et le mit dans sa poche. Une chance que ce dernier était toujours intact avec les péripéties qu'il venait de subir. Il attacha alors la corde de la voile avec un nœud simple sur barre. Un troisième coup de canon se fit entendre. Cette fois-ci, il était obligé de se le prendre. Il était bien trop prêt pour tenter une manœuvre d'esquive ou autre chose. Il sauta alors à la mer. Comme prévu, le boulet de canon fit mouche et une explosion se fit entendre, suivie d'un bruit de crépitement.
Pendant ce temps, Ylvikel était en train de nager sous l'eau. Des débris tombaient dans l'eau suite à l'explosion. Le voilà maintenant ralenti dans sa progression par son propre bateau. Incroyable, n'est-ce pas ? Pourtant, il ne se laissa pas décourager. Il arriva tant bien que mal au niveau du navire, et s'agrippa à l'encre qui n'avait pas été totalement remontée. Il se retourna et regarda ce qu'il était advenu de son petit voilier. Une larme coula sur sa joue.
« Désolé capitaine, je ne pourrais pas vous le ramener. Paix à son âme. »
Il l'essuya et regarda le navire. Il fallait maintenant monter à son bord. Il commença alors à escalader l'encre, mais ça ne servait à rien. Pourquoi se fatiguer après tout ? S'il n'avait pas eu le temps de remonter l'encre, c'est qu'ils étaient en train de stationner ici. Mais pourquoi l'encre n'était elle pas remontée ? Il se mit alors à réfléchir.
* Ils ont certainement dû être pris de panique quand ils m'ont vu me diriger vers eux. Ils ont donc tenté une manœuvre de dégagement, le fameux demi-tour. Cependant, ce fut peine perdue puisqu'ils étaient à l’arrêt. Ça expliquerait beaucoup de choses. *
Il hocha la tête et dit à haute voix.
« Je vois. C'est comme ça que j'ai pu les rattraper. »
Ylvikel eut un déclic. Ils allaient surement remonter l'encre pour reprendre leur route ou alors . . . La jeter pour rester ici. Pris d'une vision d’effroi, Ylvikel s'empressa de monter le long de cette dernière. Il avait encore vu juste le fourbe ! Ils lâchèrent l'encre et cette dernière commença sa descende dans les fonds marins. Par chance, Ylvikel était arrivé à hauteur du pont avant que cette dernière ne fut lâchait. Se tenant au pont rien que part la force de ces bras, il commença à se balancer afin de prendre de l'élan. Il atterrit sur le pont avec grâce et classe. Il y avait énormément d'hommes. Mais certains se différencier par rapport aux autres puisqu'ils étaient beaucoup mieux vêtus. La majorité ressemblait à des voyous, sûrement des mercenaires employés pour défendre le navire.
Ylvikel profita de l'étonnement général. Ils croyaient tous l'avoir éliminé avec le dernier tir de canon. Cela l'amusait beaucoup et il esquissa un sourire. Deux hommes se trouvaient juste à côté de lui. L'un était à sa gauche, tandis que le second à sa droite. Il sortit alors de sa veste son scalpel et trancha la carotide de l'homme à sa droite qui ne s'était pas encore retourné. Celui à sa gauche se retourna aussitôt, et tenta de dégainer son épée, mais c'était peine perdue. Ylvikel avait déjà pénétré son espace intime. Il lui planta le scalpel dans la gorge, lui sectionnant ainsi la trachée et la membrane thyrohyoïdienne.
Le sang gicla sur le visage d'Ylvikel, lui donnant ainsi un air démoniaque. Leurs corps inertes et sans vie s'effondrèrent à même le sol. Il se baissa et essuya son scalpel sur un des deux hommes puis le rangea. Il espérait avoir fait sensation et avoir dissuadé les plus trouillards. Ça n'allait pas être aisé de tous les battre. Il dégaina alors son katana et le pointa en direction des occupants du bateau.
« Je me nomme Ylvikel Strauer et ceci est un pillage. Auriez-vous l’extrême amabilité de m'apporter tous vos biens ? Je n'aime guère me répéter.»
Ylvikel fixa fermement les hommes qui se trouvaient en face de lui. Il ne voulait pas être surpris une nouvelle fois, car il avait bien failli y rester. De plus, ils étaient nettement en supériorité numérique. Cependant, une grande partie de ce beau monde avait l'air d'être des petites frappes, mais un mercenaire au loin se distinguait des autres. Était-il leur chef ? Dans tous les cas, la plus grande menace allait venir de cet homme.
Dernière édition par Ylvikel Strauer le Sam 17 Nov 2012 - 19:57, édité 4 fois