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Qui a dit qu'un pillage en pleine mer était risqué ?

Août 1624

Ylvikel ne pouvait pas s'empêcher d'admirer la substance verte si vivace. Il l'avait enfermé dans un bocal pour l'étudier quand l'occasion se serait présentée. Cependant, l'occasion ne s'étant toujours pas manifestée, il n'avait guère eu le choix que de continuer à la fixer avec envie. Pourquoi ? Voyez-vous, cette dernière n'avait pas arrêté de grossir depuis son extraction.

Remettons-nous dans le contexte : Lors de son escale au Royaume de Goa sur East Blue, Ylvikel avait fait une craniotomie sur un mystérieux jeune homme. Il trouva alors dans son cerveau cette magnifique matière verte. Par manque de temps, il avait décidé de n'en prendre qu'un petit échantillon à son plus grand regret. Échantillon, qui devait avoisiner les deux centimètres au départ. Le problème maintenant, était que cette même substance mesurait trois centimètres après seulement deux ou trois semaines en mer. C'était fascinant ! Comment était-ce possible ? Il n'en avait aucune idée. Il ne pouvait plus attendre, c'était une certitude. Sa soif de connaissance l'incitait à débuter ses recherches immédiatement.

Malheureusement, il ne pouvait guère la satisfaire pour l'instant. Il lui fallait un lieu d'analyse, plus d'outils que n'en contenait son kit et surtout de l'argent. Le problème en pleine mer, c'est qu'on ne trouve ni outils, ni lieu d'analyse et encore moins de l'argent. Il inspira et expira tout aussitôt, comme pour exprimer son ras-le-bol.


« Encore une journée de merde. »

Il s'allongea dans son petit bateau à voile qu'il avait dérobé, ou plutôt devrait-il dire emprunté à son dernier capitaine. Il fit un signe de croix en repensant à celui-ci. Paix à son âme devait-il se dire. Ylvikel regarda une dernière fois son petit bocal si précieux et le déposa à côté de lui.
Sa main entra dans sa veste et de cette dernière, en sortit une carte qu'il mit à porter de vue. Elle était tachée de sang. Il avait certainement dû la salir lors de la craniotomie. En effet, lorsqu'il eut fini de recoudre le jeune homme, ses mains étaient emplies de sang. C'était sûrement à ce moment-là qu'il avait dû confondre son chiffon et sa carte. Qu'il pouvait être niais des fois. Comment avait-il réussi son coup ? On le sent bien au touché quand même, que ce n'est pas la bonne texture. Ylvikel devait tellement être pris dans ce qu'il faisait, qu'il n'avait même pas remarqué qu'il était en train de s'essuyer avec cette dernière. Elle était fichue maintenant !

La seule destination encore visible était la ville de Shell Town. D'après ce qu'il avait pu entendre autour de lui, cette ville abritait une compagnie entière de marine. C'était le genre d'île qu'il valait mieux éviter si on ne voulait pas finir au cachot. Enfin, Ylvikel n'était pas encore connu sur les Blues. De plus qui aurait soupçonné un noble d'être un pirate ? Ce n'était que pur folie de croire cela. De toute façon, il n'avait pas vraiment le choix. Il rangea sa carte dans sa veste et se déshabilla. Il ôta sa veste ainsi que sa chemise qu'il plia très soigneusement. Puis, il mit son chapeau sur son visage.

En effet, le soleil était encore haut dans le ciel et il cherchait à s'en cacher. Le vent caressait son torse, les goélands raillaient et les dauphins sautaient au-dessus des vagues. Ylvikel se laissait doucement bercer par ce cadre idyllique. Il commençait même à s'endormir quand soudain, un invité improbable fit son entrée. Une mouette venait de lui chier sur le torse. Il se réveilla alors de sa somnolence et se leva. Il venait de faire une grave erreur. En effet, la fiente commença à dégouliner le long de son torse. Il prit alors sa veste et chercha quelque chose pour l'essuyer. Il trouva alors un papier et s'essuya le torse. À votre avis, que venait-il de prendre ? Eh oui, encore sa carte. Maintenant elle était vraiment fichue. On ne voyait même plus la destination de Shell Town. Il était complètement perdu sur East Blue sans la moindre idée de là où il devait aller.

« Je le sentais que c'était une journée pourrie. », se dit-il.

Sur ces mots, il regarda une nouvelle fois sa défunte carte et la jeta à la mer. Il mit ses mains dans l'eau et se frotta le torse afin d'enlever les quelques traces de fiente qui pouvait lui rester, puis il se rhabilla. Étant bien conscient que sa journée était bien mal engagée, il s'endormit en espérant avoir un peu plus de chance à son réveil.


****

Ylvikel se réveilla deux heures plus tard. Lorsqu'il ouvrit les yeux, il regarda aux alentours s’il ne voyait pas une île, mais rien. Pas l'ombre d'une terre . . . Effectivement, il n'y en avait aucune en vue, mais au loin on pouvait distinguer les formes d'un petit navire. Il décida donc de partir à sa rencontre, même s'il ne savait pas vraiment où il se dirigeait. Il détacha alors les voiles et se mit de façon à ce que l'écoulement du vent soit continu. C'était lorsque le chariot se situait entre la moitié et les trois quarts, ce qui permettait de reprendre un peu d'écoute. En avançant, le bateau allait « créer son propre vent », il aurait donc fallu border légèrement. Cette allure était appelée la grande largue, c'est aussi la plus rapide. Ylvikel avait la corde de la voile dans sa main droite afin de tenir la meilleure allure, tandis qu'il tenait la barre de sa main gauche. Il se rapprocha à toute vitesse du navire et ce dernier ne tarda pas à le remarquer.

Ylvikel s'en approcha de plus en plus. Il savait que ce n'était ni un bateau pirate, ni même un vaisseau de la marine. Il esquissa alors un petit sourire. S'il ne faisait pas partie des catégories qu'il venait de citer, alors ça ne pouvait être qu'un navire marchand ou civil. Sa chance avait-elle tourné ? Ylvikel le pensait. Il savait très bien que si ça avait été un bateau pirate, il n'aurait eu aucune chance d'y survivre. Quant à la marine ? Il se serait grandement ennuyé. Après tout, c'était un pirate maintenant. Il n'était plus question de se faire aider.


« J'espère que vos richesses seront me satisfaire ! »

Ylvikel se dirigeait droit devant le navire marchand. Ce dernier tenta une manœuvre surprenante, mais néanmoins banale en faisant demi-tour. Il voulait fuir !

« Foutaise ! Tu n'iras nulle part ! Mon petit voilier est bien plus maniable que ce navire. »

Ylvikel rigolait de bon cœur. Il était en train d'imaginer toutes les fortunes que ce navire pouvait transporter. Ça le laissait rêveur. Tellement même, qu'il ne remarqua même pas le canon à son bord. D’ailleurs, le canon était fixé sur Ylvikel. Il comptait se défendre.

BOOOOOM !!!

Ylvikel sortit de son rêve et vit un boulet fonçait droit sur lui ! Il tenta une manœuvre désespérée pour l'éviter, mais c'était trop tard. Son aventure n'avait même pas commencé que c'était déjà la fin. Il ne pouvait plus rien faire. Ni l'éviter, ni le couper, ni même plonger à l'eau. Il ferma tout simplement les yeux, acceptant son destin. Les secondes lui paressèrent des heures. Il repensait à tous ces bons moments qu'il avait vécu, et à tous ceux qu'il n'aurait pas pu vivre.
Quelques secondes passèrent et rien. Des gouttes d'eau tombèrent sur lui. On dirait que la chance était toujours de son côté. Il se tâta brièvement pour voir s'il était toujours entier.


« Pas de casse, j'ai vraiment été chanceux sur ce coup-ci »

Le petit voilier continuait toujours sa folle course poursuite. Ylvikel se retourna et en profita pour regarder où était tombé le boulet de canon. Apparemment, ils avaient dû tirer trop haut. Il se retourna et fixa le canon, il savait qu'il n'aurait plus une telle chance. Un deuxième coup de canon retentit. Ylvikel tourna la barre à bâbord et évita de peu le deuxième boulet. Le voilà maintenant tout trempé. Une dizaine de mètres le séparait maintenant du navire. Il ramassa son petit bocal qui contenait la substance verte et le mit dans sa poche. Une chance que ce dernier était toujours intact avec les péripéties qu'il venait de subir. Il attacha alors la corde de la voile avec un nœud simple sur barre. Un troisième coup de canon se fit entendre. Cette fois-ci, il était obligé de se le prendre. Il était bien trop prêt pour tenter une manœuvre d'esquive ou autre chose. Il sauta alors à la mer. Comme prévu, le boulet de canon fit mouche et une explosion se fit entendre, suivie d'un bruit de crépitement.
Pendant ce temps, Ylvikel était en train de nager sous l'eau. Des débris tombaient dans l'eau suite à l'explosion. Le voilà maintenant ralenti dans sa progression par son propre bateau. Incroyable, n'est-ce pas ? Pourtant, il ne se laissa pas décourager. Il arriva tant bien que mal au niveau du navire, et s'agrippa à l'encre qui n'avait pas été totalement remontée. Il se retourna et regarda ce qu'il était advenu de son petit voilier. Une larme coula sur sa joue.


« Désolé capitaine, je ne pourrais pas vous le ramener. Paix à son âme. »

Il l'essuya et regarda le navire. Il fallait maintenant monter à son bord. Il commença alors à escalader l'encre, mais ça ne servait à rien. Pourquoi se fatiguer après tout ? S'il n'avait pas eu le temps de remonter l'encre, c'est qu'ils étaient en train de stationner ici. Mais pourquoi l'encre n'était elle pas remontée ? Il se mit alors à réfléchir.

* Ils ont certainement dû être pris de panique quand ils m'ont vu me diriger vers eux. Ils ont donc tenté une manœuvre de dégagement, le fameux demi-tour. Cependant, ce fut peine perdue puisqu'ils étaient à l’arrêt. Ça expliquerait beaucoup de choses. *

Il hocha la tête et dit à haute voix.

« Je vois. C'est comme ça que j'ai pu les rattraper. »

Ylvikel eut un déclic. Ils allaient surement remonter l'encre pour reprendre leur route ou alors . . . La jeter pour rester ici. Pris d'une vision d’effroi, Ylvikel s'empressa de monter le long de cette dernière. Il avait encore vu juste le fourbe ! Ils lâchèrent l'encre et cette dernière commença sa descende dans les fonds marins. Par chance, Ylvikel était arrivé à hauteur du pont avant que cette dernière ne fut lâchait. Se tenant au pont rien que part la force de ces bras, il commença à se balancer afin de prendre de l'élan. Il atterrit sur le pont avec grâce et classe. Il y avait énormément d'hommes. Mais certains se différencier par rapport aux autres puisqu'ils étaient beaucoup mieux vêtus. La majorité ressemblait à des voyous, sûrement des mercenaires employés pour défendre le navire.

Ylvikel profita de l'étonnement général. Ils croyaient tous l'avoir éliminé avec le dernier tir de canon. Cela l'amusait beaucoup et il esquissa un sourire. Deux hommes se trouvaient juste à côté de lui. L'un était à sa gauche, tandis que le second à sa droite. Il sortit alors de sa veste son scalpel et trancha la carotide de l'homme à sa droite qui ne s'était pas encore retourné. Celui à sa gauche se retourna aussitôt, et tenta de dégainer son épée, mais c'était peine perdue. Ylvikel avait déjà pénétré son espace intime. Il lui planta le scalpel dans la gorge, lui sectionnant ainsi la trachée et la membrane thyrohyoïdienne.

Le sang gicla sur le visage d'Ylvikel, lui donnant ainsi un air démoniaque. Leurs corps inertes et sans vie s'effondrèrent à même le sol. Il se baissa et essuya son scalpel sur un des deux hommes puis le rangea. Il espérait avoir fait sensation et avoir dissuadé les plus trouillards. Ça n'allait pas être aisé de tous les battre. Il dégaina alors son katana et le pointa en direction des occupants du bateau.


« Je me nomme Ylvikel Strauer et ceci est un pillage. Auriez-vous l’extrême amabilité de m'apporter tous vos biens ? Je n'aime guère me répéter.»

Ylvikel fixa fermement les hommes qui se trouvaient en face de lui. Il ne voulait pas être surpris une nouvelle fois, car il avait bien failli y rester. De plus, ils étaient nettement en supériorité numérique. Cependant, une grande partie de ce beau monde avait l'air d'être des petites frappes, mais un mercenaire au loin se distinguait des autres. Était-il leur chef ? Dans tous les cas, la plus grande menace allait venir de cet homme.


Dernière édition par Ylvikel Strauer le Sam 17 Nov 2012 - 19:57, édité 4 fois
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« Ouais, toi t’aimes pas te répéter, mais nous on va être clair. Tu viens à l’improviste, tu nous menaces, et tu crois que nous, les mecs qui sont payés pour défendre ce navire, on va te laisser le piller ? Tu t’fais des illusions, bonhomme. Par contre, mon épée entaillée dans ton cœur, tu la sentiras, et ce s’ra pas une illusion cette fois. Oublie pas que t’as affaire à John Smith et sa troupe, mon pote. »

Je le regarde, les autres le regarde. Quel plaisir que d’un peu d’action en cette belle journée. Et puis, se battre en sentant le vent frais fouetter son visage, c’est quand même le pied. Mais c’est alors que le soleil commence à se couvrir de nuages blancs que la fête commence véritablement. Dans l’ombre on me distingue à peine, mais lorsqu’il se découvre, on peut franchement avoir peur. Tout recommence à zéro, et j’vais vous dire ce que les gens ressentent quand la lumière flirte avec moi des pieds jusqu’à la tête. Je réajuste mon bandeau pourpre, il me couvre presque tout le front, on voit mes mains, elles sont fortes, puis ça descend. Mes sombres pupilles vous font frémir, et mon regard méchant vous fait trembler. Dans mon dos, j’ai mon katana à la lame noire. Elle est grande, vous l’voyez pas encore, mais elle descend jusqu’à mon genou. Comme ma bite.

J’suis torse poil, j’aime ça, laissant à découvert mon torse sur lequel toutes les filles veulent se dandiner et auquel tous les pecnots du coin se fient pour me payer. Ouais, j’suis musclé. Regardez mon fut’, il est pas beau lui ? J’aime être à l’aise. Il est large, il est comme je les aime. Ca laisse de ma place pour mon boa. Non non, pas le serpent, j’parle bien de ce que j’ai entre les cuisses, petit. Et puis aux pieds, j’porte des bottes. Des bonnes grosses bottes à pointes d’acier, pour quand j’perds mon arme, ou alors qu’elle est inutile. Ouais, j’ai beau aider les gens pour de l’argent, j’suis pas pour autant un gentil lascard. Nop. J’aime quand ça saigne.

Et donc, j’vais aimer saigner le petit effronté qui croit pouvoir nous mettre en échec.

Derrière moi, toute ma bande est aussi prête à en découdre, ce p’tit gars a tellement l’air d’un rigolo prétentieux qu’ils pensent pouvoir l’étaler à la one-again, c’qui parait pas très possible quand on voit le coup d’scalpel chirurgical qu’il a foutu à mon pote. Faut dire qu’il était pas très doué, c’pour ça qu’ils continuent à croire qu’ils vont l’faire pisser du sang, mais ça n’arrivera pas, avis d’expert. J’leur dit quand même d’y aller, pour voir si c’que j’pense est juste, sinon j’irais, et comme j’vous l’ai dit plus tôt, j’aime faire dans l’dégueulasse, ça va saigner.

Ils se font étaler. Il leur tranche la gorge. Il aime ça. Soit c’est un chirurgien, soit c’est mec de cirque qui sait jouer du scalpel. J’dis à ceux encore en vie de reculer. Autoritaire-style. Ils obéissent, bons chiens, ou chats, à voir, parce que les chiens généralement c’est ceux qui défendent. Mais on s’est compris. J’avance, le pas lourd, vers le petit blondin dit « Il vit kiel Straouwer ». Je dégaine mon épée. J’accélère. Je me rue sur lui. Je passe derrière lui, il se retourne, puis je retourne derrière lui. Mon épée est longue, lourde, donc puissante. Lentement mais sûrement, la lame s’abaisse lourdement vers mon ennemi. J’vais l’trancher en deux si il bouge pas, et ce s’ra fait. Vite fait bien fait comme on dit. J’suis sûr de moi, ça va l’toucher, ça va l’tou…
    La réaction ne se fit guère attendre. Ylvikel avait tapé dans le mille, l'homme au loin tapit dans l'obscurité était bien le chef. Il s'approcha lentement vers lui, lui dévoilant petit à petit son visage sous la lumière du jour. Il pouvait clairement le distinguait maintenant. L'homme prit alors la parole.

    « Ouais, toi t’aimes pas te répéter, mais nous on va être clair. Tu viens à l’improviste, tu nous menaces, et tu crois que nous, les mecs qui sont payés pour défendre ce navire, on va te laisser le piller ? »


    Tous ces hommes étaient bien des mercenaires engagés par les commerçants pour les défendre. Ylvikel se mit à se gratter le menton. Il pencha la tête sur le côté, essayant d'apercevoir les fameux commerçants. Après tout, s'ils avaient pu se payer les services d'une bande de rigolos aussi nombreux, ils devaient avoir beaucoup d'argent. Un petit sourire apparu sur son visage. Il commençait déjà à s'imaginer toute les richesses qu'il pourrait amasser grâce à cette attaque imprévue. Mais le chef continuait son speech, et le sourire d'Ylvikel s'estompa aussi vite qu'il était apparu.


    « Tu t’fais des illusions, bonhomme. Par contre, mon épée entaillée dans ton cœur, tu la sentiras, et ce s’ra pas une illusion cette fois. Oublie pas que t’as affaire à John Smith et sa troupe, mon pote. »


    L'homme se prénommait John Smith. Hum . . . Inconnu au bataillon. Il faut dire qu'Ylvikel étant un bleu, il ne connaissait rien des terreurs de la mer. Peut-être était-ce son cas ? Il n'en avait aucune idée. En tout cas, il n'était pas le bienvenu. John avait envie de lui planter son épée dans le cœur. Drôle de mort. Ylvikel se questionna un instant, comment un cœur réagissait quand il était transpercé ? Continuait-il à battre encore pendant deux ou trois secondes ou s'arrêtait-il immédiatement ? Il avait envie de savoir. Par chance, il y avait tout un groupe de mercenaire en face de lui. Il fallait faire cette expérience qui serait très enrichissante pour la suite.

    Cependant, quelque chose l’empêchait de se concentrer correctement. Une gêne, une présence, il ne savait pas vraiment . . . Il s'aperçut alors que tous les regards étaient braqués sur lui. Les mercenaires avaient l'air excité. À les voir, il ne devait pas y avoir beaucoup d'action dans ce coin, alors pourquoi les avoir engagés ? Aimaient-ils jeter leur argent par la fenêtre ? Ylvikel haussa les épaules. Il fixait John, quand tout à coup, un nuage vint couvrir le soleil. On le distinguait à peine, quel étrange phénomène. Lorsque les rayons du soleil firent de nouveau leurs apparitions, Ylvikel le regarda plus attentivement. Ce dernier remettait son bandeau pourpre. Il lui couvrait tout le front. John avait le regard sombre et des mains imposantes. Dans son dos, on pouvait apercevoir une grande épée noire. John était torse nu, on distinguait nettement sa ceinture abdominale. C'était le genre m'as-tu-vu. Il portait un baggy. Un fut' large entre les jambes comme si on s'était chier dessus et qui se resserrait au niveau des jambes. Mais le plus ridicule, c'était ces bottes avec des pointes d'acier. Ils l'avaient récupéré où ce gars ? Dans un cirque ? Pourtant dans son regard, on pouvait sentir qu'il voulait la peau d'Ylvikel et ce dernier le savait. Les couleurs de son iris s'interchangèrent en un instant. Il venait d'entrer en crise due à une excitation soudaine.

    John fit un signe de la main comme pour donner le signal à ces clebs d'attaquer. Il le savait qu'ils n’étaient pas de taille. Pourquoi avait-il fait ça ? Voulait-il tester Ylvikel ? Sa démonstration n'avait pas été assez impressionnante ? À en juger le nombre d'attaquants qui se ruèrent sur lui, ça n'avait pas été le cas. Ylvikel rengaina son katana. C'était un trop grand honneur qu'il leur aurait fait s'il les avait tués avec lui. Contre eux, il allait tout simplement utiliser son instrument fétiche, le scalpel. Il se fit très vite encercler par une vingtaine de chien.

    « Quand un chien n'écoute pas son instinct, il meurt. Vous allez très vite comprendre pourquoi. »

    Vexés par la remarque d'Ylvikel, trois d'entre eux se jetèrent sur lui. Le premier essaya de le trancher de haut en bas avec son sabre, mais il évita facilement le coup et lui trancha d'un coup net la pomme d’Adam. Les deux mercenaires restants tentèrent de l'encercler en lançant une attaque simultanée. Bonne initiative, mais qui tomba vite à l'eau. Il évita le coup de poing du premier attaquant et trancha le tendon d’Achille du second homme qui était armé d'un revolver. Celui-ci avait déjà pressé la gâchette, mais lors de sa chute, il n'effleura qu'à peine Ylvikel. Sa balle vint quant à elle, finir sa course en pleine tête d'un des chiens de John. Ylvikel se redressa et ramassa le revolver qu'il venait de lâcher. Il exécuta l'homme au tendon sectionné et explosa les burnes du second avec le revolver et le jeta à la mer. Il devait souffrir le martyre. Ylvikel se mit à rire. Pris de panique, tous les chiens qui s'étaient présentés se jetèrent sur lui. Pour certain, il leur sectionna leur talon d’Achille, à d'autre leur coupa la carotide. Mais cela, c'était pour les plus chanceux. Pour les autres, il les faisaient saigner comme des ports attendant lentement qu'ils se vident de tout leur sang. Il évita la plupart des coups, mais pas tous. Certes, ce n'était que quelques égratignures. Rien de bien méchant, mais quand même ! Il manquait d'entraînement. Pendant ce temps, John avait regardé toute la scène. Cela lui avait-il plu ? Il ne savait pas, en tout cas, il l'espérait. Quand il eut fini d'égorger ces chiens, il remarqua que John faisait signe à sa bande de reculer.
    Ylvikel allait affronter l'homme le plus fort de ce bateau. Il en était tout excité ! Il rangea son scalpel et dégaina son katana. S'il comptait le battre, il fallait utiliser toute la puissance dont il disposait. Les deux hommes se fixèrent quelques secondes puis l'un des deux s'avança, ce fut John. Il marmonnait le nom d'Ylvikel Strauer dans sa barbe. Il n'arrivait même pas à dire son prénom.

    « Quel demeuré celui-là. »

    Soudain, un nuage couvrit le soleil et John était devenu invisible aux yeux d'Ylvikel. Un bruit strident se fit entendre, suivit d'un résonnement discontinu sur le bois. Ça ne faisait aucun doute, John savait profiter de l'ombre. D'après les sons émis, il venait de dégainer son épée et devait être en train de courir. Il fonçait droit sur lui. Quand la lumière refit son apparition, il ne vit personne. En face de lui, plus personne. Mis à part les hommes de John. Ces derniers regardaient derrière lui avec des sourires narquois. Il tilta tout de suite. John était dans son dos. Il se retourna le plus rapidement possible, mais il avait déjà lancé son attaque. Son épée noire était longue, lourde et puissante, il n'avait aucune chance de l'éviter. La sueur commença à perler sur le front d'Ylvikel. Que pouvait-il bien faire ? Parer ou bloquer ? Impossible. La seule option était de tenter une esquive, mais allait-il réussir ? De toute façon, s'il ne bougeait pas, c'était un homme mort. Ylvikel fit un saut en arrière pour essayer d'éviter l'attaque . . .
    Le sang gicla de façon impressionnante couvrant même les rayons du soleil. Ylvikel était touché. Il était blessé, mais toujours en vie. Au dernier moment, il réussit à faire un petit saut arrière qui le sauva d'une mort certaine. Sa blessure n'était pas spécialement profonde, mais elle n'était pas non plus anodine. John l'avait entaillé sur tout le corps, découpant même ses habits. Ylvikel jeta un bref coup d’œil sur son torse.

    * Il m'a bien amoché. À première vue, la blessure n'est pas mortelle, mais si le combat s'éternise, elle le sera . . . *

    Ylvikel regarda John et lui sourit, puis il prit la parole.

    « Tu m'as bien surpris. Je . . . Je suis tout . . . Excité . . . Peu importe lequel de nous mourra, offrons-leur un beau spectacle ! ! »


    La vue de son sang l'avait plongé dans une folie bien plus profonde. Quelques hommes de John partirent attaquer Ylvikel. Ils avaient certainement repris confiance en eux depuis que leur chef l'avait blessé. Malheureusementà, c'était une mauvaise idée.

    « Katsu. »

    # Katsu
    La base pour un bretteur c'est de savoir couper, c'est le but de cette technique. Ylvikel fonce droit sur son ennemi et le tranche de bas en haut ou de droite à gauche. Cette technique peut fendre le bois

    D'un coup net et continu, il trancha ces adversaires d'une seule attaque. Les hommes s'écroulèrent au sol aussi vite qu'ils étaient arrivés. Dissipant ainsi le courage qui leur était revenu. Il leva les yeux vers John, puis se précipita sur ce dernier.
    Il sauta en l'air afin d'asséner une attaque verticale, mais John l'évita. Sa lame s'encastra dans le plancher du navire. Ylvikel la retira et continua sa frénétique attaque. Les deux lames s'entrechoquèrent. Le bruit qu'elles émettaient lors des impacts, était lourd et puissant. Les deux combattants étaient de force égale. John tenta une attaque horizontale avec sa lame, mais Ylvikel fit une roulade sur le côté. Son flan droit était à découvert et Ylvikel l'avait remarqué. Il se mit en position.


    « Setsudan ! »

    # Setsudan
    Combo de deux attaques en diagonale formant ainsi un X sur le corps des victimes une fois celle ci réalisée. Technique particulière car elle peut fendre le sol.

    Théoriquement, il était parfaitement placé et son attaque devait forcément faire mouche. Seulement, entre la théorie et la pratique, il y a tout un monde. Son katana avançait lentement vers John. Lentement mais sûrement. Allait-il le toucher ? Seul l'avenir allait nous le dire . . .


    Dernière édition par Ylvikel Strauer le Sam 17 Nov 2012 - 18:10, édité 1 fois
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    Shling.

    Shling.

    J'entends deux coups d'épées, j'l'ai pas vu venir, le petiot, qu'est ce qu'il fout à mon corps à corps ? J'peux enfin répondre moi même à la question quand mon torse se déchire en forme de X, m'avait filé deux coups d'épées bien distinct, à une rapidité phénoménale. J'avais pas pu l'suivre. Reculant d'un bond, j'réfléchis. Ca fait mal, ça pique, ça fait froid, et ça coule. Autour de moi, mes hommes commencent à flipper, ouais, il m'a mis un coup, et alors ? J'veux dire, c'est pas comme si un combat se jouait sur le premier croisement de fer.

    Si ? Vous pensez comme ça ? Alors ne pensez pas, ça vaut mieux. J'réfléchis donc. Ce mec est rapide, donc j'peux pas l'avoir par un simple lourd coup d'épée. Faut une stratégie, quelque chose qui l'occupe, quelque chose qui me permettrais de le prendre par surprise. Je cherche du regard sur ce pont quelque chose qui pourrait m'aider. Et mes yeux se posent sur un tonneau de vin. Je dirais même plus, deux tonneaux de vins. J'retire le bouchon, et j'bois un peu, histoire de me motiver. C'est bon pour le moral, qu'un homme sage a dit. L'instant d'après je choppe sous mes deux bras les deux tonneaux, puis j'en place un sur ma main que je projette dans la direction de Strauer. J'attends pas de voir le résultat avant de lancer l'autre mais sur le sol. Le vin se propage dans sa direction, rendant le sol du pont glissant. Dans la foulée je me rue vers lui, et au moment où il tranchera le tonneau, je le trancherais.

    Non il ne peut pas l'éviter, à moins qu'il tienne à glisser. Alors ce plan est parfait. Je suis parfait. J'vais gagner, parce que j'suis comme ça, ouais, j'adore gagner. Encore faut il qu'il suive mon plan, il est tellement rapide qu'il pourrait... Top. J'arrête de penser, si ça s'trouve c'est un shaman.
      Cette sensation, il ne l'avait pas ressenti depuis le début du combat avec cet homme. La lame s'était faite de plus en plus présente dans sa main. Un sourire apparut sur son visage. Il savait ce que cela voulait dire. Il empoigna le manche et poursuivit son mouvement. Une petite résistance se fit sentir à travers toute la lame. Puis, il entama le deuxième mouvement. Il était identique au précédent mis à part l'angle de frappe. Il était en train de le trancher et ça l’excitait. John recula. Ylvikel explosa de rire et un sourire narquois apparut sur son visage. Il se détacha alors les cheveux en enlevant le nœud qui les retenait.

      Spoiler:

      Son sourire avait disparu. Il jeta un bref coup d’œil vers les hommes de John. Ils étaient beaux à voir d'ailleurs ! Tous ces hommes le regardaient. Ils n'en revenaient pas. Certains devaient le croire mort puisqu'ils étaient en train de pleurer. D'autres étaient tout simplement surpris, mais le plus amusement c'était ceux qui avaient pris conscience. Oui, ils se rendaient compte que leur chef pouvait perdre et ça, ça n'avait pas de prix. Ils savaient qu'ils étaient finis si jamais c'était le cas. Ylvikel les fixa quelques instants et ceux qui croisèrent son regard furent pris d'effroi. Il y en a même un qui tomba au sol. Ce n'était qu'une bande de lâches. Il aurait aimé les fixer plus longtemps pour leur insufflait encore plus de terreur. Seulement, un bruit vint le déranger. C'était une mouette. Il regarda John et lui fit un doux sourire.

      « J'avais peur que cela soit déjà terminé. »

      Le torse de John était nettement marqué par la dernière attaque d'Ylvikel. Lui aussi saignait abondamment. Le combat devenait de plus en plus excitant. L'homme a besoin d'être repoussé dans ses derniers retranchements pour se surpasser. Ylvikel le savait bien. Il toucha son abdomen. Il continuait de pisser le sang. Ce bâtard l'avait bien amoché ! Il mit sa main dans sa veste et sortit de cette dernière un sachet de poudre qu'il appliqua sur sa blessure. Une drogue ? Non. En réalité c'était une sorte de coagulant pour stopper l'hémorragie. Il fixa de nouveau son adversaire. Prêt à bondir tel un fauve pour achever sa proie. Il allait se jeter. . . Stop. John fit quelque chose pour le moins surprenant. En effet, pendant qu'Ylvikel devait être occupé à se soigner, cross man avait du se diriger vers la bibine puisqu'il était en train de boire.

      « Tu as bien raison ! Bois autant que tu peux. Une fois mort tu ne pourras plus ! Ahahah »

      Ylvikel était plié de rire. C'était bien la première fois qu'il voyait un adversaire faire une telle manœuvre durant un combat. Son rire s'estompa. Il en avait marre maintenant. Il partit en courant vers John. Ce dernier avait un tonneau dans chacune de ses mains. Il en balança un sur Ylvikel qui était en pleine course. Quant au second, il dut lui échapper des mains, car il s'éclata sur le pont. Il avait trop bût cet ivrogne. Le tonneau se rapprochait de plus en plus d'Ylvikel en pleine ruée. Casse-la ne tienne. Il coupa en deux le tonneau et un doux alcool en sortit. Seulement voilà. Qui aurait pu prédire que John allait se dissimuler derrière le premier tonneau ? Personne.
      Il ne pouvait absolument rien faire. Cette fois-ci s'était vraiment la fin. Il aurait fallu un miracle pour se sortir d'une telle situation. La lourde et massive épée noire se rapprochait irrémédiablement du visage d'Ylvikel. Il ferma les yeux. Finalement, il n'allait jamais atteindre son rêve. Il avait fait une erreur en se jetant sur John.

      Pourtant, c'est ce qui allait le sauver. Les miracles sont rares, mais existent quand même. La lourde épée se rapprochait d'Ylvikel, mais ce dernier glissa évitant ainsi le coup. Sa chute l'emmena jusqu'au rebord du bateau. Comment était-ce possible ? Il se leva en un rien de temps et se retourna pour regarder ce qui s'était passé. Vous vous rappelez du second tonneau ? Oui, celui que John a explosé au sol. Le vin n'avait pas emprunté le bon chemin. De plus, il n'avait pas pris en compte qu'Ylvikel allait se jeter sur lui. Au final, le miracle arriva.
      Il leva les yeux vers le ciel comme pour remercier sa bonne étoile et inspira profondément.


      « Je serais mort à l'heure qu'il est si tu n'avais pas jeté le second baril. En guise de remerciement, je te promets une mort rapide. »

      Il cracha au sol et se mit en position. John était protégé par le vin qu'il avait répondu au sol. Il fallait donc prendre en compte ce facteur. Deux solutions s'offraient à lui. La première consistait à courir comme un demeuré en espérant de ne pas glisser. La seconde était plus subtile. Il opta bien évidemment pour celle-ci. Il enleva sa veste et retira sa chemise. Puis il remit sa veste et se mit à courir en direction de cross man. Lorsqu'il arriva au niveau de la flaque de vin, il se jeta au sol. Son but ? Glisser jusqu'à John. L'élan qu'il avait accumulé servait à ça. Lorsqu'il arriva au niveau de John celui-ci avait déjà armé son coup. Il était prêt à l’empaler. Ylvikel lui jeta alors sa chemise au visage afin de le distraire.

      « Katsu ! »

      # Katsu
      La base pour un bretteur c'est de savoir couper, c'est le but de cette technique. Ylvikel fonce droit sur son ennemi et le tranche de bas en haut ou de droite à gauche (ici de droite à gauche). Cette technique peut fendre le bois

      L'assaut était donné. Maintenant, il ne restait plus qu'à attendre le résultat . . .
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      Katsu qu'il a dit, avant d'me foncer dessus comme la vérole sur l'bas clergé Southien. J'veux dire, l'mec il avait quand même l'air de prendre son pied à faire c'genre de manipulations à la con avec son petit sabre de rien du tout. Montrant donc toutes ses dents il se rue sur moi pour m'faire une espèce d'attaque. A priori j'avais déjà vu ça tout à l'heure. Pas très varié, mais ça avait bien marché, me semble. J'essaye de calculer ça. Tout à l'heure il avait fait une croix, me semble, c'était ça l'attaque. Ca m'avait bien entaillé, la preuve avec la blessure encore en sang qui s'trouve sur mon torse. Ouais ça pique, mais non j'le montre pas. J'suis torse nu, c'parce que j'suis un vrai bonhomme !

      C'est donc lorsqu'il tente d'asséner rapidement son petit coup horizontal puis vertical que je recule d'un boWOH !

      Je glisse. C'est mauvais. J'avais pas prévu ça. C'est comme si finalement tout joue contre moi, parce que tout à l'heure, j'me suis fait enflé par ma propre feinte, et ce vin qui s'est écoulé jusqu'ici et qui continue de se répandre vient de me faire glisser par terre, le cul en arrière. Rha, quelle tête en l'air.

      L'bond devait normalement avoir pour effet d'le surprendre, pour que je puisse mieux le contrer et l'attaquer rapidement, avec force. L'problème maintenant que je suis par terre, c'est que je suis à sa merci, et que je risque de re-glisser, donc finalement je suis coincé. J'ai plus qu'à mourir. J'm'étais posé la question y a pas si longtemps de "qu'est ce qu'il y a après". J'aurais jamais pensé que ça arrive aussi vite. Peut être parce que je veux pas que ça arrive aussi vite. C'est vrai ça, pourquoi ça arriverait aussi vite ? Hein ? Pourquoi ? J'veux dire, j'ai toujours réussi mes jobs, alors pourquoi j'abandonnerais ?

      Hein !? Pourquoi !?

      J'me relève grâce à mon gros sabre. Tout ça c'est passé vachement vite. J'fais mine d'être essoufflé, et, d'un coup, j'balance mon épée vers l'jeunot, la puissance du lancé pourrait détruire le mat du navire. Il l'esquivera pas. Tout en lançant, j'm'emporte de rage, comme un cri de guerre, comme un cri traditionnelle, comme... BOLYAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA
        L'enflure ! Il avait lui aussi glissé à cause du vin. Bordel ! Il n'avait vraiment pas de chance today. L'ennemi esquiva le coup aisément bien que ce fut peu gracieusement. Il se releva aussi rapidement qu'il était tombé et riposta en un rien de temps. Il se mit à courir comme un désespéré et jeta son énorme épée sur Ylvikel. Aucune chance. Voilà qui résumait bien la situation. Comment pouvait-il éviter une telle attaque à cette distance ? Il ne pouvait pas. L'épée se rapprochait irrémédiablement d'Ylvikel. Allait-il mourir ici ? Empalé comme un poisson. Non, impossible ! Il essaya de la contrer, mais en vain. Lorsque les deux lames s’entrechoquèrent, le choc fut si violent, que le katana d'Ylvikel explosa en mille morceaux. Maintenant, c’était fini. Il allait crever ici comme une fiente. Il regarda une dernière fois son adversaire. Celui-ci avait l'air épuisé, mais était fier de lui. Il savait qu'il allait toucher sa cible et un petit sourire apparut sur son visage. Le bâtard ! Il ne pouvait rien faire, mis à part regarder la lame s'enfoncer dans sa chair. La puissance était telle qu'elle le projeta contre le mât du bateau. Celui-ci ne résista guère longtemps à la violence du coup. Il se brisa comme une branche. Malheureusement, il n'arrêta pas la folle course d'Ylvikel. John avait envoyé son arme avec tant de haine, qu'il projeta Ylvikel ainsi que son arme dans la mer. Elle commença à se teindre en rouge. Il avait réussi. John et ses sbires n'en revinrent pas leurs yeux. Les marchands sortirent de leur cachette. Ils étaient apeurés comme des agneaux. Leurs vies avaient été menacées. Mais ne criaient-ils pas victoire trop vite ? Même leur chef avait l'air d'être réjoui …


        -------

        Pendant ce temps-là, Ylvikel sombrait peu à peu dans les abysses. Il était toujours conscient. Pourtant, il se laissait couler. La lame lui avait transpercé le flanc droit de son abdomen. Il le toucha avec sa main. La blessure était sérieuse. Même s'il remontait pour se battre, il utiliserait ses dernières forces dans ce combat. Finalement, il allait mourir dans tous les cas. Que pouvait-il bien faire ? Il ne savait pas. Peut-être était-ce mieux ainsi. Il allait mourir là comme un vulgaire poisson. Un petit sourire apparut sur son visage. L'idée lui semblait ridicule et pourtant, il était mal en point. Il ferma lentement les yeux. Il venait d'accepter sa défaite et la mort. L'air allait bientôt lui manquer. Il se mit alors à rêver ...

        Dans son rêve, le simple fait d'énoncer son nom suffisait à insuffler la terreur. Sa renommée, en tant que médecin, avait atteint son paroxysme. Il faisait partie de l'élite de ce monde dans ce domaine. Soudain, une bribe d'avenir lui fut dévoilé. Il était sur une île enneigée, et puis il vit ses quatre lettres : D. R. U. M. qu’est ce que cela pouvait-il bien vouloir dire ? Étais-ce vraiment l'avenir ? Il ne savait pas, mais ce qui était sur, c'était que cette vision lui fit un électrochoc.

        Soudain, il ouvrit les yeux. Son état d'esprit avait radicalement changé. Il n'était plus question d'accepter la défaite et encore moins la mort. Il retira de son corps l'épée noire qui s'y était incrustée. Lorsqu'il l'ôta, il saigna abondamment. La blessure était sérieuse. Pourtant, ce n'était rien comparer à ce qui attendait son adversaire …

        Il commença alors sa nage spectaculaire pour regagner la surface. Il avait besoin d'air ! Ce n'était pas un homme poisson lui. Les derniers mètres furent les plus difficiles. Il était à court d'oxygène et sa blessure le faisait énormément souffrir. Il réussit tout de même à regagner la surface tant bien que mal. Le bateau était toujours là et un bruit festif se faisait entendre à son bord. Il ne pouvait pas retourner l'assaillir de nouveau. Du moins, pas tout de suite. C'était impossible, s'il y allait, il ne trouverait que la mort. Il chercha alors dans la poche de son pantalon et prit une petite fiole. Il y versa tout le contenu sur sa plaie afin de la nettoyer un maximum. Puis, il prit son aiguille et son fil dans la poche de sa chemise et se recousu. Sinon, il y allait avoir des complications.

        Il mit une dizaine de minutes afin de se faire quelques points de suture. Certes, ils n'allaient pas tenir, mais c'était suffisant pour le moment. Il décida de regagner le pont du navire, quand au loin, il vit un drôle de navire. Il était assez imposant. Il avait une coque bleu-verte, avec de grandes voiles blanches et un emblème bleu mari … Bordel ! C'était la marine ! Le temps était en train de lui manquer. En plus, il avait eu la bonne idée de ranger son scalpel dans la poche de sa veste ; veste, qui rappelez-vous, a balancé sur John pour essayer de le distraire. Il se tapa le front, il avait vraiment eu une idée stupide. Quoi qu'il en soit, il fallait le récupérer. Il se hissa lentement afin d'apercevoir le pont. Ces enfoirés étaient en train de festoyer ! Ils ne perdaient rien pour attendre ! Il chercha sa veste et la vit là tout près de lui, à quelques mètres. Un petit sourire apparut sur son visage. Il prit un peu d'élan et sauta sur le pont. Il fit alors une roulade afin d'arriver à côté de sa veste et récupéra le scalpel qui s'y trouvait. Puis, il se jeta sur les derniers ennemis qui étaient présents. Il trancha la carotide de cinq hommes de John et celle d'un marchand. John n'avait rien vu venir. Il commençait à peine à réaliser. Mais, c'était trop tard ... Ylvikel était déjà arrivé à sa hauteur. Il lui asséna un coup net et précis. Ce qu'il visait ? La carotide. À cette distance, le coup serait mortel et il ne pouvait pas l'éviter ! Il ne pouvait pas, à moins que …

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        Je l'ai vu, je l'ai entendu, je l'ai senti.

        Néanmoins j'ai pas vu le coup venir. J'suis tellement sur de moi à ce moment là. Il est mort, il est loin dans l'eau, blessé. Et ce navire marine qui arrive montre qu'il ne sera bientôt plus. Je ne pense donc plus à lui, mais j'aurais du. Oui. Car à peine il remonte sur le bateau que cinq de mes hommes tombent, et d'un coup, ma nuque aussi. Je sens la lame de son scalpel traverser ma peau, puis ma carotyde. Mes veines se vident de mon sang, puis bientôt voici trois litres sur le sol du navire. Et plus rien. Je ne suis plus. Je n'entends plus, je ne vois plus, je ne sens plus.

        Je suis mort.
          Spoiler:

          -Navire à bâbord, capitaine !
          -Ça nous en fait une belle, sergent. Vous pouvez identifier le pavillon ?
          -Aucun pavillon, mon lieutenant ! C'est bizarre. Je ne vois personne au gouvernail, le bâtiment part à la dérive !
          -Allons voir ça de plus près. Virez de bord, les gars ! Ay, Ay !
          -Reçu !

          φ Après ta seconde mésaventure à Goa, tu t'étais momentanément séparé de James pour mettre tes affaires à jour avec le lieutenant Jonas de Manshon. Aussi vrai que tu n'aimais pas forcément ses méthodes, lui ne te voulait que du bien et avait tout fait pour limiter les dégâts. Et lorsque tu lui avais affirmé ton intention de partir tenter ta chance sur Grand Line sous peu, il s'était enthousiasmé. C'était son rêve, à lui, mais il était encore un peu jeune et manquait d'expérience. Il faisait partie des espoirs de la marine, et constituait déjà un excellent combattant, tireur d'élite de surcroit. Et meneur d'hommes. Son éternel sourire aux lèvres, il se posta à la proue et observa sa cible du jour à-travers l'œil grossissant de sa longue-vue.

          C'était son rêve, donc, de faire partie des officiers prestigieux que l'on envoyait sur la mer de tous les trépas possibles. Sa mission du jour consistait à aller faire l'état des lieux des forces marines sur l'île aux esclaves. Évaluer le degré de corruption, voir si les rations étaient bien gérées, et comment les marins en poste percevaient le fait de devoir jouer la dignité tout en sachant que l'on exploitait des hommes et des femmes de l'autre côté de l'enceinte de leur avant-poste.
          Jonas avait insisté pour que tu l'accompagnes, sous le déguisement d'un deuxième classe. Parce que tu connaissais le milieu à-travers ton expérience de Goa, que tu saurais distinguer le vrai du faux dans les paroles des matons qui avaient plus d'autorité que la marine de l'île. Et aussi parce que le lieutenant Portefoudre était un humaniste, avec l'apparence et le sourire du vétéran de guerre ou du bourreau. Dans son cœur jeune, mais sans illusions, il était impardonnable que la marine se rende complice des ignominieuses pratiques des nobles. Il était assez intelligent pour dissimuler cela. Et assez perspicace pour n'avoir recruté à son bord que des âmes incorruptibles, du plus jeune mousse jusqu'à son bras droit, qu'il avait voulu plus jeune encore que lui. Ça évitait les tensions, et le respect hiérarchique se faisait plus facilement.


          -Qu'est-c'que ça donne ?
          -Rien de bon, j'en ai peur. Leur pont a une gueule de charnier. Regarde.

          J'prends la longue-vue, j'la colle à mon œil. Et j'vois un truc que j'ai pas souvent vu dans ma vie. Et pourtant, des horreur, j'en ai eu mon lot. L'bon Dieu m'en est témoin. Ça s'précise tandis qu'on avance. Des corps entremêlés, salement découpés. A cette vue, j'ai qu'un nom qui m'vient, qu'un souv'nir. C'est si fort que ça dépasse la pensée, j'le dis tout haut.

          -Ylvikel Strauer...

          J'ai la tête qui s'remplit d'images violentes, du souv'nir des morts de ce petit coin d'paix supplicié. Y'en a aucun qu'avait mérité ça. J'me souviens d'mes efforts pour tous les enterrer. Fossoyeur, encore un boulot qu'j'ai eu fait. Encore un qu'a faillit m'casser en deux. Voyage pour remplir le vide, mon poète. Ouais. Mais j'ai trop souvent trouvé que c'même putain d'vide pour combler l'gouffre. Jonas me r'garde, mi-admiratif, mi-curieux.

          -Eh ? Toi tu vois un truc comme ça, et direct tu cales un nom dessus ? T'es un mec, ou un limier mon gars ?
          -Un chasseur. Et te marre pas, on va en chier si c'est c'que j'pense. Tu t'rappelles le village d'Esquim ?
          -... Merde.
          -Ouais, merde. Dis à tout l'monde de faire gaffe. J'veux plus jamais essuyer les saloperies de ce type là.
          -Fort comment ?
          -Si tu penses y aller tout seul, oublie, Jo'. L'année dernière, l'était déjà pas godiche. S'il a vendangé c'raisin là depuis, y doit être pas loin d'mon niveau. Ou p'têtre pas, mais l'est tellement sans merci qu'ça compense. C'que tu perds en états d'âmes, l'est foutu de l'récupérer pour combler l'écart.
          -Parce que tu m'as déjà vu avoir des états d'âmes ?

          Son sourire s'élargit, son ton est dur. J'aime pas ce gars, vraiment pas. L'a un bon fond, sans doute, mais rein lui fait peur. Y paraît qu'un jour, l'a lâché deux chiens enragés sur un gamin qui voulait pas cafter des potes à lui. Des mômes mal poussés sans tuteur dans la rue, qu's'étaient ligués pour torturer une p'tite qu'avait pas voulu d'eux... Le gosse en aurait gardé de belles balafres, des doigts en moins et même un œil.
          Après, c'est vrai. Jamais il irait trahir ses idéaux, en c'la, c'est un juste comme dans les histoires. Mais un juste qui porte le sang sur ses mains et le crime dans son cœur. 'Reusement que la marine, ça l'cadre un peu. D'ailleurs, y'a qu'à voir : l'est tellement salaud que l'Raspoutine l'a pas lâché d'la traversée. Y ronronne en s'frottant à ses bottes. Jamais vu ça.


          -Je crois que ça va pas être sorcier, Sö'. Le loup est blessé.
          -C'est là qu'il est l'plus dang'reux. T'es à portée de voix, non ?
          -Ouais. Eh, Strauer !

          Je l'adore. Il a empoigné la grande artillerie dans son dos. C'est un guerrier, un vrai, un balafré. Il en veut. Il sait ce qui est bon, ce que c'est, l'œil du tigre. Lui, il s'arrêtera jamais. Tu vois, Sören ? Prends-en de la graine. C'est ça, un vrai mâle. Meow.
          Tiens ? Il a tiré... oh, bang ! Et flatch ! Les chairs qui s'écartent et le sang qui saute à la gueule du dernier debout. Buté ? Comme ça, sans cérémonie ? J'aime. Mais non. Un petit pruneau dans la cuisse, juste pour être bien certain qu'il le fera pas. Le con. Ça gueule chez l'hystérique. Le mâle, il reste impassible. Fidèle à son rang.


          -Okay, comme ça c'est à ta portée, tu peux piger : j'ai ta gueule dans mon objectif, et je déconne pas. Mes gars vont monter te passer les fers. En attendant, tu lèves tes sales pattes de tueur, et tu bouges pas ! Un geste, et tu crèves.
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          C'était fini. Sa dernière attaque avait fait mouche. La carotide de son adversaire sectionné, John s'effondra au sol se vidant peu à peu de son sang. Il venait d'exterminer les derniers survivants de ce massacre. Le combat avait été long qu'il ne fut pas aisé de le gagner. Cependant, il avait réussi cet exploit. Les points de suture qu'il s'était faits étaient en train de céder les uns après les autres. Après tout, ce n'était guère étonnant vu les mouvements qu'il venait de réaliser. Sa blessure venait de se rouvrir et le faisait souffrir comme un chien. Il devait se soigner et le plus rapidement possible. Seul, il n'y arriverait pas. Les blessures étaient bien trop profondes et il devait se contenter d'appliquer les premiers soins. La main sur sa blessure, il s'enfonça dans la cabine du navire à la recherche de soins. Rien, il n'y avait rien mis à part leur marchandise. Par chance, c'était des marchands d'alcool. Il allait pouvoir désinfecter ces plaies avec, mais, rien de plus. Il prit plusieurs bouteilles de rhum et vida leur contenu sur chacune de ses plaies. À chaque goûte, il souffrait le martyre, mais c'était nécessaire. L'alcool lui brûlait et piquait la peau. C'était bon signe, il jouait son rôle de désinfectant. La douleur fut si intense qu'il s'assit par terre. Il était en nage, et essoufflé. Il avait besoin de repos. Il se laissa doucement emporté par la fatigue quand tout à coup, une voix se fit percevoir au loin.

          - Eh, Strauer !

          Qui cela pouvait-il bien être ? Puis, il réalisa. Les marchands avaient demandé de l'aide. C'était la marine, il avait mis trop de temps à se débarrasser de ces incapables. Il se mit à rigoler tout en toussant. Il se cogna la tête contre la paroi de la cabine, puis se releva. Il n'allait pas se laisser capturer aussi facilement quand même. Il eut extrêmement de mal à se relever. Pour marcher, il avait besoin de s'adosser au mur. Quel spectacle minable. Lorsqu'il arriva enfin à l'entrée de la cabine, il prit une grande inspiration. Il devait tout donner. Il posa la main sur son katan … Non, il n'en avait plus. Ce dernier s'était brisé durant le combat. Quelle poisse. La main sur la porte, il montra peu à peu son visage à la lumière du jour ainsi que ces blessures. Sa vision devenait de plus en plus floue et il avait du mal à distinguer qui se trouvait devant lui. La voix se fit de nouveau entendre.

          -Okay, comme ça c'est à ta portée, tu peux piger : j'ai ta gueule dans mon objectif, et je déconne pas. Mes gars vont monter te passer les fers. En attendant, tu lèves tes sales pattes de tueur, et tu bouges pas ! Un geste, et tu crèves.

          Il ne comprenait pas tout. Même les sons il avait du mal à les percevoir. Il était vraiment mal en point, mais une chose était sûre. Même dans son état actuel, il avait pu reconnaître un homme. Et cet homme était la pire enflure qu'il avait rencontrée. Son nom ?

          « Soren … Sale paysan ... »

          Suite à ça, Ylvikel s'effondra comme une masse sur le plancher du navire, inconscient. Il était épuisé et n'avait plus aucune force. Il voulait opposer un peu de résistance, mais malheureusement, il n'allait pas pouvoir le faire. Qu'allait-il advenir de lui maintenant ? Dieu seul le sait …
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          -Nom de Dieu, mon gars, t'l'as quand même pas loupé.

          Le mâle est beau, grand, et fort. Oui, Raspoutine a encore des couilles au cul. Et non, il taquine pas franchement l'autre bord. Juste, il sait comprendre une démonstration de virilité. La cervelle bien en place entre les oreilles et la truffe, tu vois.
          Le Ylvikel, quand tu le zyeutes comme ça, tout mouillé dans son sang avec son visage de femelle servile, tu te dis pas qu'il est pire que toute une meute aux crocs faciles. Nan, Sören, tu t'étais pas trop dit ça la première fois que vous vous êtes, vus, y paraîtrait. T'as été con. Parce qu'au-delà du rouge qu'il a partout sur la gueule, ce type sent la rouille liquide. Il pue, il empeste la ferraille, tu captes ? Même que j'parierais ma paire qu'y'a rien d'autre que des tripes chaudes à vif, dans ses rêves de salaud.
          J'suis un félin, un vrai. Mais pour c'qui est des humains, je dois dire que j'ai d'l'instinct, bonhomme...


          -Yak ! Pas peu fier de moi, sur ce coup.
          -Qu'est c'que tu vas en faire ? On va pas prendre le risque de l'barouder 'vec nous tout l'temps d'la mission, quand même ?
          -Y'a des geôles à bord. Et ça me fait pas peur d'aller lui foutre sa branlée tous les jours pour qu'il reste tranquille, si c'est ça qui t'angoisse, l'ami.
          -J'dis qu'il est foutu d'se faire la malle quand on s'ra sur l'île aux esclaves. Et un salaud comme ça dans la nature, c'est quinze morts dans l'moins pire des cas.
          -Pronostics du chasseur ?
          -Non. Juste du gars Sören, c'coup-ci. Ou de celui qu'a ben connu son goût pour la charcuterie.

          C'est l'été sur East Blue, et y fait bon. J'suis torse nu sur le pont, Jo' peut pas faire semblant de pas voir, ou de pas s'rappeler. J'ai une cicatrice blanche, la largeur d'une lame, qui m'sert de double décoration avec les honneurs. Dans l'dos et au-d'ssus du nombril. Le fils de gueux qu'j'ai à mes pieds, à ma botte, aussi, c'est pas seul'ment un tueur né. C't'aussi un putain de tortionnaire, le genre de gars qui déboule sur terre rein que pour faire croire au monde qu'la vie, ça vaut pas un clou. Qu'y a de sens à que dalle, que ça sert pas de se crever corps et âme à chercher.

          Mais j'm'emporte. Si ça t'nait qu'à moi, je lui calerait une enclume au cul, et j'plongerais tout ça dans la flotte. Parole ! J'ai jamais rein souhaité de mauvais à quelqu'un. Ou presque, j'fais abstraction de Kusanagi, de Steiner, de Thunder F., et d'un paquet d'autres pour parler vrai. Même si dans l'fond, tous, y viendraient d'mander pardon que j'leur accorderais. Ouais, sincère. C'est une nonne qui m'a rappelé que c'était important, y'a deux ans. Une main tendue et serrée, c'est du poison pour les guerres, et du pain béni pour les hommes.

          Mais lui, Ylvikel Strauer, c'en est même plus un, d'homme. 'Fin, si, peut-être. Mais alors, c'qu'il y a de pire en l'homme. J'me rappelle même pas l'avoir vu hésité une seule fois à tuer. Y justifie pas ses actes par que'qu'chose, non. Lui, y cherche pas à êt' pardonné. Y s'en fout. Le pardon, y s'le cale au derrière, l'a besoin que d'lui même. L'aurait un pote qu'y finirait par le buter. C'gars, c'est l'prédateur de l'homme par l'homme. Voilà, c'est tout. Et je veux pas lâcher un tigre sur une île où les gars ont rein que leurs poings pour lutter. J'sais que les nobles ont une armée dingue. C'est vrai pour Goa, j'ai faillit y rester. A l'époque, j'sais aussi que j'étais d'jà plus costaud que l'Ylvikel. Sauf que même sous la menace d'la mort de Morgan, j'aurais jamais été capable de faire la moitié de ce que ce type a fait.


          -C'est ça, ta proposition ? Bonjour la clémence, hein ! Et après, tu me reproches mes méthodes... T'es quand même un bon, tu le sais, ça ?
          -T'as pas pigé le bonhomme, Jonas. Sinon, tu penserais comme moi. Sauf que toi, tu pass'rais par la case « torture » juste pour ton petit plaisir de dégueulasse, avant.
          -T'es en train de dire que je suis un espèce de sociopathe, de la même trempe que ce mec, là ? Bah tu te fous le doigt dans l'œil jusqu'à l'os. Et chez toi, c'est le cœur qui parle, pas le Sören que je connais ! Alors écoute. Je suis peut-être ni vieux, ni gentil, ni toujours très sage, en plus d'être un militaire convaincu. Et je suis d'accord sur le principe de pas le garder trois semaines à bord.
          -Et ?
          -Mais j'ai une idée qui va te plaire pour nous en débarrasser dans les règles de l'art. Ou pas. C'est le résultat qui compte.
          -Pas d'accord.
          -Si. La fin justifie les moyens.
          -Théorie de grand connard.
          -Mais non. On fait pas d'omelettes sans casser les œufs, c'est tout...
          -Abrège, j'te jure, abrège...
          -Bon. Voilà.

          L'idée de Jonas était tordue, à son image. J'ai déjà dit qu'il aimait pas franchement les nobles et leur indépendance vis-à-vis du gouvernement mondial ? Les privilèges qu'ils ont, les liens qu'ils entretiennent 'vec la pègre ? Bah je l'dis, alors. Mon histoire sur Goa, il la connaissait par cœur. Il en avait même fait une espèce de légende qu'il racontait au comptoir et à sa famille, pendant les rares jours de permission qu'il acceptait. Par-devant, il aurait pas fait grand chose contre les royaumes. Mais y lui était arrivé de négocier de sales coups par-derrière. J'savais de source sûre qu'il avait laissé échapper un pickpocket très doué un jour qu'il mouillait dans l'port de Saint Urea. L'affaire avait duré trois semaines, et deux comtesses s'étaient défenestrées après avoir constaté la disparition de leur plus beau collier. Et ce connard en était fier, pour sûr.

          Devant Dieu et mes frères, chats et hommes, je le dis : j'aime pas Goa. C'est rein qu'une fricassée de mauvaises herbes qui poussent en se baignant dans le sang et la sueur des méritants. Mais ça, même si y'en a certains que j'ferais ben tomber un jour, j'peux l'comprendre. Une sauce qu'on leur sert à tous les plats dès la prime enfance, qu'est-ce que tu veux qu'on y fasse ? Les vrais coupables, ce sont leurs ancêtres. Sauf qu'ils sont morts, les cons. Et même moi qui suit pas grand savant, j'sais que la médiocrité, ça fait plus facilement des feuilles que l'excellence. Ouais.

          J'ai pas la pensée claire, ça m'remue trop d'choses. Morgan ronronne comme un bienheureux, au soleil sur l'bastingage. Il a l'air de penser. Ça doit pas être pire que c'qui boue entre mes deux hémisphères.


          -Lieutenant Portefoudre, on vous débarrasse ?
          -Yak ! Tu me mets ça au fer, mon caporal. Serrés, les fers. Dis toi bien que ta vie en dépend.
          -Reçu !

          φ Le soldat et ses deux auxiliaires emmènent le blessé inconscient en le trainant le le pont. Ils laissent une trainée rouge derrière eux, résultat du tir de leur supérieur. Le malheureux doit avoir le fémur brisé.
          Tu frémis de colère. Tu penses au plan de Jonas : vendre Ylvikel sur l'île aux esclaves, en espérant qu'il lui prenne l'idée de s'échapper. Ainsi, il aurait la milice locale de Saint-Urea sur le dos, et dans l'idéal, les deux devraient s'entre-tuer. Ce plan audacieux au résultat aléatoire, Jonas le justifie en citant ton propre récit des forces armées de Goa. Il n'a pas l'air de vouloir comprendre qu'il se pourrait bien qu'il trouve un moyen de se sortir du guêpier, même blessé. Ni même que l'île aux esclaves pouvaient être bien moins bien gardée que ce qu'il se plaisait à croire.

          Car il avait bien l'intention d'arranger un peu son prisonnier en attendant : préserver l'apparence, mais briser quelques os en plus. Tu avais raison sur le personnage, Sören. Cet homme se targue peut-être d'être juste et bon, mais ses méthodes rempliraient d'horreur bon nombre des siens. Toi y compris. De peur d'être violent envers celui qui s'est souvent présenté comme ton ange gardien depuis l'année passée, tu tournes les talons, et reprend ton poste parmi les hommes de bord partis à l'abordage du navire-charnier. Histoire de voir s'il reste encore une âme bien arrimée à son corps quelque part au milieu des cadavres.
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          Quand il se réveilla, il n'était plus à bord du navire marchand. Mais ça, il ne le remarqua pas tout de suite. La lumière du soleil était peu présente et ne l'atteignait pas. Il était dans un endroit sombre et frais. Même dans un état de semi-inconscience, il avait une idée d'où il pouvait se trouver : la geôle. Ce n'était pas la première fois qu'il y allait et c'était toujours une mauvaise expérience. Enfin, ça aurait été étonnant que l'autre plouc le laisse bien tranquille, après ce qu'il venait de faire et ce qu'il lui avait fait. Un petit sourire apparut sur ces lèvres. Mais ce dernier disparut aussi vite qu'il était apparu. Pourquoi ? À cause de ces blessures. Son torse le faisait souffrir le martyre. Ces enfants de catin ne l'avaient pas soigné. La marine ne devrait-elle pas se montrer équitable pour tout le monde ? Ils auraient dû le soigner ! C'était leur devoir ! Plus il y pensait, plus la colère l'envahissait. Pour qui le prenait-il ? Un simple déchet ? Il allait leur montrer. Il avait eu le temps de se reposer. D'ailleurs depuis combien de temps s'était-il assoupi ? Il n'en avait aucune idée. Il ne pouvait avoir aucune information venant de l'extérieur. Il était dans un espace clôt, dépourvue de lumière. Tsss, c'était bien sa veine. Dans tous les cas, il devait se lever. Ainsi, il aurait pu avoir une idée de l'état de sa blessure et prévoir un plan. Il posa ses deux mains au sol et s'appuya à l'aide de ses genoux. Le voilà maintenant à quatre pattes tel un petit bébé. La position le fit sourire et il se mit à se marrer. Pourquoi ? Il trouvait l'idée plutôt risible. Enfin, il n'allait pas s'éterniser dans cette position. Quand il eut fini de rigoler, il se décida enfin à se relever. Tout à coup, une vive douleur se fit sentir dans sa cuisse gauche. Ce qui eut pour effet de le faire coucher au sol comme un chien. Il se tordait de douleur en tenant cette dernière. Il avait complètement oublié la souffrance que lui occasionnait son torse. Lorsque cette dernière se calma un peu, il retira un peu ses mains. Elles étaient imbibées de sang. Il ne comprenait pas pourquoi, mais lorsqu'il regarda de plus près, il aperçut un petit trou.

          « BANDE DE CHIEN !!! » hurla-t-il.

          Ces enfoirés avaient profité de son inconscience pour lui tirer dessus. Ils n'allaient pas s'en sortir comme ça ! Même si pour l'instant, c'était le cas. Il devait revoir tout son plan. À la base, il voulait simplement accepter sa peine. Mais là, il n'en était plus question. Il devait se venger, et vite. Mais avant toute chose, il devait faire quelque chose pour sa jambe. Près de la porte, il aperçut une petite pierre assez pointue. Il voulait s'en servir pour extraire la balle. Ce n'était pas recommandé, mais c'était mieux que rien. Il se mit alors à ramper pour la chercher quand tout à coup, il fut arrêté net. Lorsqu'il se retourna, il remarqua une chose importante. Il aurait dû le remarquer plus tôt, mais ce n'avait pas été le cas. Pourquoi ? Surement la cause de la désorientation et de la douleur. Mais une chose était sûre, il était dans une position bien fâcheuse. Il avait ces deux mains menottées contre la paroi en bois du navire. Il se mit alors à pouffer.

          « Tsss … Ils ont vraiment pris toutes les précautions ces chiens ! »

          Pourtant, un petit sourire narquois apparut sur son visage. Il aimait ce genre de défi. Ceux qui sont inaccessibles et impossibles. Il avait l'impression que celui-ci entrait parfaitement dans ses catégories. Il se mit en tête de récupérer cette pierre, car elle allait devenir son salut. Il lutta contre les chaines et contre la douleur de son propre corps pendant quelques secondes pour l'attraper. Ce bref lapsus lui avait donné l'impression que ceci avait duré des heures. Preuves de la fatigue extrême de son corps. Essoufflé et en nage, il s'allongea sur le dos pour récupérer. Lorsqu'il eut enfin repris son souffle, il partit s'adosser contre le mur et commença l'extraction de la balle. La douleur fut si intense qu'il criait le martyre. Lorsque cette dure tâche fut accomplie, il déchira un bout de son pantalon et se fit un bandage sur sa plaie. Le but ? Faire un garrot. Il devait se dépêcher de se soigner, ou de se faire soigner. Mais comment allait-il réussir un tel miracle ? Puis, ce fut là qu'une idée lumineuse lui vint en tête. Durant sa mini-opération, une quantité importante de sang s'était répandue au sol. Il allait jouer sur ça pour mettre en application son plan. Il mit la pierre dans sa poche et hurla de toute ses forces. Quand tout à coup, plus rien. Il s'était tu. Derrière la porte, des bruits de pas s'étaient fait entendre, suivie de chuchotement. Son plan était sur le point de fonctionner.

          CLIC

          C'était le son qu'il attendait. Le bruit de la clé qui ouvrait la porte de sa cellule. Ou était-il ? Allongé dans son propre sang, en train de faire croire à sa mort. Vu la quantité de sang qui était répandu au sol, les gardes n'eurent pas de mal à croire à sa mort.


          « Merde. Je crois qu'il s'est vidé. »

          « Ouais. Remarque, il n'a eu que ce qu'il méritait ce fils de salaud. »

          « T'as pas tort. Allons le jeter par dessus bord, il risquerait de nous contaminer. »


          À ces mots, les deux gardes s'avancèrent vers le pseudocadavre d'Ylvikel. Le premier partit lui enlever les chaînes tandis que le second le prit par les pieds. Clac. Une main de libre. Clac. La seconde. Le voilà maintenant libre. Le premier garde se baissa et le prit par-dessous les bras. Le voilà presque debout. Il ouvrit alors la moitié d'un œil pour savoir comment il allait se débarrasser de ses deux imbéciles. Celui qui était en face de lui ne le regardait point. C'était le moment où jamais d'agir. Il mit sa main dans sa poche et récupéra la pierre. D'un coup vif et précis, il enfonça la pierre dans le cou du premier garde. Puis, il se retourna quasi instantanément en pivotant avec sa jambe droite et se mit à étrangler le second garde. Ce dernier mourut d'étouffement. Le pauvre … Fier de lui, il déshabilla un des deux gardes et mit ses vêtements. Le but ? Passer inaperçu afin de regagner au plus vite l'infirmerie. Il prit la clé de la cellule puis, referma derrière lui. Il serait tranquille pendant un petit moment. Mais maintenant, un choix cornélien s'offrait à lui. Par où devait-il aller ? Il n'en savait fichtrement rien. Tout à coup, un garde arriva vers lui.

          « T'es blessé mon gars ? C'est l'autre fou qui t'a fait ça ? »

          Il était en train de parler d'Ylvikel là, non ?

          « Euh … ouais ! »

          « Eh bah, il est dangereux le zigoto. Comment il t'a fait ça ? On va y retourner. Histoire de lui montrer qui c’est le patron ! »

          Le marin arracha la clé des mains d'Ylvikel et inséra cette dernière dans la serrure. Le voilà dans de beaux draps maintenant ! Il devait agir et vite, sinon il allait vraiment être dans la merde cette fois-ci. Il posa sa main sur l'épaule droite du marin et l'empoigna fermement.

          « T'inquiètes mon gars, je lui ai déjà réglé son compte. Il doit être en train de demander pardon devant dieu à l'heure qu'il est. Mais avant, tu ne pourrais pas m'emmener à l'infirmerie ? Il m'a bien amoché ce bâtard. »

          « Ahahahah. Ouais mon gars, t'as raison. Je vais t'aider. De toute façon, je l'entends plus hurler comme un putois. »

          L'homme prit alors le bras d'Ylvikel et le mit autour de son cou. Direction : l'infirmerie. Quel idiot, il n'avait rien remarqué. Enfin, il n'allait pas s'en plaindre. De toute façon, une fois à l'infirmerie, il allait pouvoir se soigner avec ou sans l'aide du médecin traitant. Au bout de quelques minutes, ils arrivèrent enfin devant l'infirmerie. L'homme toqua à la porte et entra. Puis, il referma derrière lui. Par chance, le médecin était seul dans son cabinet. Ils étaient à présent trois dans une pièce réduite et qui plus est, est l'endroit de prédilection de notre tueur. Il y avait plusieurs lits, et chacun d'eux avait un scalpel non loin d'eux, bandage, stéthoscope ... Bref, tout l'attirail nécessaire pour soigner un patient. Un petit sourire apparut sur le visage d'Ylvikel.

          « Dépêchez-vous de le poser sur le lit. Il a l'air gravement en point. Ensuite, sortez et surveillez la porte. Veillez à ce que personne ne me dérange ! Est-ce clair ? »

          « Oui … Oui Monsieur ! »

          Sans plus attendre, l'homme déposa Ylvikel sur le premier et se précipita vers la sortie. Était-il derrière la porte comme lui avait demandé le médecin ? Certainement. Après tout, les chiens exécutent les ordres sans réfléchir. Le médecin s'avança vers Ylvikel et commença à l'analyser.

          « Vous avez perdu beaucoup de sang et vos blessures sont importantes ! Que vous est-il arrivé ? »

          « C'est l'autre … kuf … malade … kuf … qui m'a fait ça »

          « Ne vous inquiétez pas, je vais m'occuper de vous. Mais pour l'heure, je vais vous anesthésier afin de vous soigner. »

          Le médecin prit une aiguille et allait injecter l'anesthésie, mais il ne fallait pas. Il se devait de rester conscient. Peu importe la douleur. Vite, une excuse, une solution. Mais rien ne vint. L'aiguille se rapprochait de plus en plus de la veine d'Ylvikel. Il empoigna fermement la main du doc' et le regarda droit dans les yeux.

          « Pas de … kuf … piqure. J'ai peur … kuf ... »

          « Ahahah. J'ai compris. Il n’y a pas de problème. Alors, mordez ça. »

          Suite à ça, le doc' se mit à soigner Ylvikel. Il désinfecta toutes ses plaies, utilisa un anticoagulant, le mit sous perfusion, lui fit les points de suture nécessaire puis le banda correctement. Il en eut pour une bonne heure. Mais le travail effectué était plutôt propre et sans bavure. Maintenant, il avait besoin de repos. Mais il ne pouvait pas se le permettre. Pas tout de suite. Il n'était pas encore sorti d'affaire. Que devait-il faire ? Où devait-il aller ? Il n'avait aucune échappatoire. Le paysan sur le pont l'aurait reconnu même avec un tel déguisement. Il ne savait pas quoi faire. La fatigue était de plus en plus présente. Il n'arrivait plus à lutter contre elle. Il perdait de plus en plus de terrain. Pour finalement, se laisser emporter d'un sommeil profond dans le lit de l'infirmerie. Ironie du sort ou punition divine ? Qu'allait-il advenir de lui maintenant ? Il n'en savait rien … Mais ce qui était sur, c'est qu'il dormait comme un bébé.
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          φ Tu fais craquer le pont du navire marchand sous tes pieds nus. Vu de près, c'est encore pire. Ton visage est tendu. Tu donnerais n'importe quoi pour ne pas avoir à fouiller dans le tas de cadavre, guetter la survie d'un cœur sous les poitrines lacérées, ou chercher un souffle sous les narines ensanglantées. Les choses se passent en silence. Portefoudre est resté sur son navire, conformément au code de la marine. Les soldats et toi, vous retournez les corps, un par un. Tu fermes les yeux des morts. Quand ce sera fini, il faudra jeter tout le monde à la mer avec éventuellement quelques mots pour marquer le coup. « A toi que je ne connaitrais pas et qui est mort injustement, puisses-tu trouver le repos, où que tu sois et qui que tu fus. » Les différences disparaissent dans la mort, et les hommes n'ont pas toujours neuf vies.

          -Ça donne quoi de ton côté ?
          -Tous morts. Et toi ?
          -La même. Ah ? Non, attend.

          Le matelot écarte le cadavre d'un grand bonhomme, mort l'arme à la main, la gorge ouverte. En luttant un peu, il parvient à dégager trois corps recroquevillés sur eux même. Vêtus de pourpre et d'or, une bourse pendue à leur ceinture. Ce devait être le capitaine marchand et ses deux auxiliaires, demeurés à l'écart de la bataille. L'un d'entre eux a du jouer les héros. Il sert encore une courte dague dans ses deux mains jointes. Une flaque de sang s'est formée autour de son pied droit. Les deux autres sont à peu près indemnes, quoique contusionnés. Sans doute la conséquence directe de la chute du guerrier sur leurs corps aussi vivants que pétrifiés d'horreur. Une chance pour eux que le coupable ait du plus ou moins perdre connaissance aussitôt. Tu le connais suffisamment pour pouvoir prédire qu'il les auraient achevés de la manière la plus sanglante possible. Le fait qu'ils se rendent ou ne sachent pas se défendre ne l'aurait pas intéressé pas outre mesure. Ylvikel n'avait ni ta modération, ni ta fierté.

          -Les gars, ça va aller ?
          -Laisse tomber, on leur posera les questions plus tard. Aide Tobias et Samek à les transporter à l'infirmerie. Je sais que c'est pas trop de circonstances, mais j'aimerais que t'en profite pour voir si ton chat, l'affreux, est pas encore parti chier dans le dortoir. C'est à côté, t'y perdras pas grand chose.
          -Pas d'problème, sergent.

          Sauf que le Raspoutine, là, tout de suite, il se sent pas d'aller pourrir le pieu du connard qui a voulu lui botter le cul deux jours plus tôt. Le Raspoutine, y'a ses moustaches qui se dressent et ses yeux qui luisent dans le noir. Ouais, il a rien loupé de la descente aux fers de la petite tapette blonde que tout le bon peuple ici présent a l'air de craindre comme la peste. L'œil vif, je te dis. Et la patte leste. Tout ce qui te manque pour être un vrai de vrai.
          Il a vu la bêtise en actes, des deux côtés. Une putain de ruse merdique qu'avait aucune raison de marcher, et qui marche quand même. Un chaton s'y serait pas laissé prendre ! Qu'est-ce qui branle, Jonas ? Le boulot, il est pas sur le pont, là, tout de suite. Doit s'échauffer, que j'me dis. Enfin, merde. On est sur un patrouilleur. Trente gonzes à bord. Tout le monde se mire dans le blanc de l'œil depuis une semaine de mer. Et y'en a qui trouvent le moyen d'être assez demeurés pour pas reconnaître un prisonnier tout frais à la gueule pas franchement commune. Des coups de griffe qui se perdent, je dis. Je miaule. Je feule. Je crache. Fssshhhhh !

          Enfin, faut dire que le couillon qui a cru au déguisement, c'était pas franchement le plus futé de la bande. Il croit que personne sait. Mais tous les soirs, quand ça dort et qu'il va prendre son tour de garde, il fait le crochet par la cale. Tant qu'il transpire pas le rhum, il en sort pas. Il abuse tout le monde avec ses airs de chair à canon bien dressée, sauf que c'est simulé. Il est comme ça que parce qu'il a plus les neurones pour comprendre autre chose qu'un ordre beuglé par un mec, un vrai. En même temps, les deux qui viennent de crever étaient pas des flèches non plus. On détache pas un glandu avant d'avoir checké son putain de pouls. Nathalia, c'était peut-être une garce, mais mes yeux témoignent ! Jamais elle a oublié de faire ça, pour chacune de ses victimes. Elle prenait même la peine de les garder tout glacés à bord, jusqu'à ce qu'ils deviennent durs comme la carcasse du vieux Raspoutine. Principe de précaution, elle disait. Mais j'savais qu'elle aimait ça, dans le fond.

          Enfin, c'est une autre histoire. Et j'vois qu'on descend. Pas trop tôt, Sören. Tu vas pouvoir constater par toi même que tu es tombé chez les fous.


          -On peut savoir c'que c'est, ton problème, mon salaud ?

          J'me tiens dans l'infirmerie. J'y ai vu l'impensable. Ouais, j'suis fâché, salement. J'pensais pas qu'Jonas pouvait recruter des traitres. J'le pensais trop fort pour ça. Jamais bon de trop présumer d'ses amis. Alors j'tiens le médico par le col, bien coincé contre le mur du fond. Mes deux légionnaires ont pris le temps d'injecter un sédatif à l'assassin qui dort comme un saint homme, bien soigné sur une table d'opération bien blanche. J'retiens mes gestes. J'veux pas agir à l'instinct, à la faveur des ténèbres. Pas comme lui. J'pense un peu à Adrienne. Ma main se fait plus sûre.

          -Laisse, Sören. Bonamy est un bon doc', mais il sort jamais de son labo'. Il dit qu'il perd sa concentration quand il cause en-dehors de ses consult'. Le genre qu'est entré en médecine comme en entre en chaire, tu vois.
          -Enfin, là, y'a pas d'excuse qui tienne. Deux copains qui meurent sur une mission comme celle là, avec un chef comme le lieutenant...
          -J'suis d'accord.

          J'lâche le doc' qui m'adresse pas un mot. Juste, il baisse la tête, résigné à la baffe qu'il pense recevoir. J'me contente de replacer sa blouse ben droite sur ses épaules. Pas d'violence inutile. C'est trop con.

          -Bon, quoi qu'il en soit, t'as du monde, doc'. Des gens qu'en valent un peu plus la peine, c'coup-ci. Appelle nous quand ils reprendront connaissance, d'accord ?
          -Oui, oui... Pardon.

          On s'décharge, et on récupère not' pirate comme un coq en patte. Y s'permet même de ronfler. L'enflure. On trace vers les geôles. On le r'met en cage, en suivant les directives de Jonas à la lettre : on lui arrime les mains entre les deux pieds directement fixés à la barre d'acier qui s'trouve soudée au sol. La position est intenable, horriblement inconfortable. Sur le coup, j'm'en tamponne. Y dort, et ses muscles se seront verrouillés de manière ingérable quand y s'ra d'nouveau d'attaque. Au moins, y tent'ra plus rein. Parole d'homme.

          * * *

          -Quand on est trop con pour vivre, on crève, les gars. C'est tout. Que ça serve de leçon à tout le monde. Notre mission n'est pas terminée.

          Ça, c'est c'qu'il a dit en guise de cérémonie pour les deux soldats tués dans la cale. Sauf qu'il a pas été crédible pour un sou. Pas pour ceux qui savent regarder. Moi, j'ai vu. Ces gars là, trop cons pour vivre ou pas, c'étaient ses potes. Et du fond d'son coeur balafré de grand tortionnaire en blanc, y'a des larmes qui lui sont r'montées aux yeux. Et y chialait tout c'qui pouvait, l'Jonas. En s'cachant l'visage dans la nuit tombante. Ça m'aurait pas coûté d'lui payer un coup à boire, mais j'pense pas qu'il aurait voulu afficher sa faiblesse à la gueule de ses hommes. J'suis resté discret. L'est resté stoïque. On a balancé les corps à la mer, et le patrouilleur l'a reprise en tractant derrière lui le navire marchand, et son chargement sans gardiens. On le pos'rait sur une île 'vec ses survivants guéris. Z'ont rein dit d'plus que c'qu'on savait déjà. Qu'Ylvikel Strauer était un porc. Qu'ils arrêteraient l'commerce tant qu'y s'rait pas saigné. C'est tout.
          En attendant, c'est Jonas qui l'veille au premier quart, la nuit. Suivi par ses deux meilleurs caporaux, puis moi au dernier quart. J'en suis là, maint'nant. Morgan a l'air de dormir dans mon manteau. Mais j'sais qu'y voit. Qu'il entend l'forban s'réveiller, gueuler à propos d'ses muscles qui l'font souffrir comme jamais. M'insulter. Moi, j'bouge pas, j'dis rein. J'reste à distance respectable, et je l'mire. Droit dans les yeux. J'ai pas peur. Y m'rappelle un peu un d'ces nobles de Goa. Mêmes traits, mêmes manières. Calé aux fers, y s'sent encore supérieur. J'dis toujours rein, j'bouge toujours pas. Parc'que j'ai beau être un joli cul terreux, j'suis grand seigneur. Et j'frappe pas un impuissant. Ouais, r'garde bien, Strauer. J'suis pas comme toi. J'suis l'capitaine de mon âme, le maître d'mon destin. Et tant qu'ça ira comme ça, je tiendrais bon dans l'vent et la tempête.

          Parole de poète.



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          [HRP] Suite à une remise en question, j'ai décidé de commencer une narration avec un point de vue interne. [/HRP]


          Quoi ? Ou suis-je ? Quelle est cette forêt ? J'ai beau regarder, je ne reconnais rien. Même ces arbres sont louches. Drôle d'endroit. Et puis cette douleur. Je ne me souvenais pas avoir si mal. D'ailleurs, je ne comprends pas comment un noble tel que moi a pu se retrouver dans une telle situation. M'humilier de la sorte ! Moi qui suis de sang divin, c'est impardonnable ! Ils ne méritent qu'une chose, c'est de devenir mes cobayes. Mais non, il ne faut pas. Si je me laisse emporter, je vais encore en foutre de partout. J'aime ça, mais il ne faut pas. Et pourtant, ça serait si bon … Sentir la chair se disloquer sous mon scalpel et broyer certains de leurs os. Le sang jaillirait alors de leurs plaies béantes telle une fontaine. Et moi, je pourrais m'abreuver. J'aime son goût et sa couleur. Le sang est magnifique et indescriptible. J'éprouve une telle joie à sa vue qu'il me serait impossible d'arrêter. Il suffit. Je me dois avant tout de sortir de cet endroit.

          Hmm ? J'ai cru voir un truc bouger. De toute façon, ça me semblait bizarre d'être seul dans cette forêt. Je m'approche pour regarder, mais je m'arrête. Pourquoi ? Je sais pas, mais j'entends un bruit aigu et strident. Serait-ce mon instinct qui reprend le dessus ? Peut-être. Mais là, j'ai mal, affreusement mal. Et pour ne rien arranger, le sol sous mes pieds me donne l'impression de se désagréger. Et moi, je suis coincé là, tel un vulgaire cafard. Je le vois s'effondrer par endroits, m'isolant petit à petit. Quel est ce sortilège ? À cette allure, mon tour ne va pas tarder à venir. Et sans que je m'en rende compte, mon salut s'effondre sous mes pieds. L'homme ne sait pas voler et le noble non plus. En pleine chute libre, j'entends toujours ce bruit strident. Un haut-le-cœur m'envie et …

          « AAAAAHHH »

          Hurler quand on a peur est une réaction naturelle. Je rouvre les yeux. Je suis en sueur. J'empeste même. Les gouttes perlent mon front. Y en a même qui commence à dégouliner sur mon visage. Ça me chatouille et ça me dérange. D'une réaction pour le moins naturel, je vais pour m'essuyer. Mais impossible. Mes pieds et mes mains sont arrimés. Et c'est là que je m'en rends compte. J'ai fait un mauvais rêve. La douleur, c'était dû à ma position. Le bruit strident, un vulgaire rongeur qui se promène dans ma geôle. Comment osent-ils me traiter de la sorte ? Moi qui suis d'un rang supérieur, moi qui ai eu les faveurs divines dès ma naissance. Mais pour qui se prennent-ils ?

          «  POUR QUI VOUS PRENEZ-VOUS ? »

          Eux, ce ne sont rien. Juste des moins que rien qui battent des ailes pour se faire remarquer. Moi je suis l'élite, le divin. Ces actes sont impardonnables. Ils ne méritent même pas de devenir mes cobayes. Ils ne méritent ni la mort, ni la vie. Ils doivent souffrir du plus profond de leurs âmes. Je déchiquetterais leurs chairs, je les empoisonnerais. Et, à l'article de la mort, je les soignerais pour mieux recommencer. Et ça continuera encore, et encore. Jusqu'à ce que moi je m'en lasse. J'aime ça, voir la souffrance sur un visage. La peur s'insinuera dans leur cœur. Ils me supplieront chaque jour que Dieu fait de les tuer. Je commencerais par cet immonde paysan. Ce gueux qui se prend pour ce qu'il n'est pas. Suivi des hauts gradés de ce bâtiment. Je m'amuserais à brûler leur corps, et à broyer leurs testicules. Seule la mort se trouvera devant leur chemin et rien d'autre. Je me mets à rire et j'affiche un sourire niais. Cette idée me plaît.

          Pour l'heure, je suis dans la mouise. La geôle est humide et infestée de vermines. Remarque, c'est tout le navire qui en est infesté. Un noble ne devrait jamais se retrouver dans une telle situation. Et voilà que j'ai soif maintenant. Tsss. Je ne m'abaisserais jamais à demander leur clémence. Autant crever. Je leur inculquerais le respect qu'il m'est dû une fois que je serais sorti d'ici. Parole de noble ! Surtout à lui. Tu ne perds rien pour attendre sale paysan.

          « Pouilleux, tu m'entends ? »

          Pas de réponse. Mais je sais qu'il est là. Juste derrière la porte. Il me surveille, c'est sur. Il a trop peur d'une nouvelle évasion de ma part. Il sait de quoi je suis capable. Et à juste titre. Enfin ça c'est ce qu'il croit. Puisque je ne peux rien faire, autant le lui raconter. Il appréciera mon épopée. J'en suis certain. Gni hi hi hi.

          « Il pleurait et me suppliait. Ils étaient là comme des chiens à me demander de les épargner. Moi, je leur ai fait croire que c'était le cas. Et puis juste après, je me suis ravisé. Ah, si seulement tu avais pu voir leur tête. Ils étaient en train de se décomposer sur place. Je suis même quasiment sur que certains se sont faits dessus. Et tu veux que je te dise ? J'en ai pris du plaisir. Je les ai saignés comme des porcs. Le sang jaillissait de leur corps. À croire qu'il ne demandait qu'à sortir de ces êtres minables qu'il faisait vivre. »

          Je me mets alors à rigoler. Se remémorer les bons moments, il n'y a rien de tel. Ça te met d’aplomb. De plus, ça a le mérite de me faire oublier un tant soit peu ma douleur. Seulement, j'arrête pas d'y penser. C'est un blasphème que de traiter un noble de cette façon. Il s'en rendra compte bien assez vite … Mais au faite, où est ce qu'ils m'emmènent ?
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          φ Tu l'as écouté délirer, raconter la genèse de ce que tu as vu à bord du navire marchand. Mais tu n'as rien répondu. Pour toi, Ylvikel est tombé trop bas pour être encore considéré comme un homme à part entière. Ou même comme un vivant. Tu ne l'as pas quitté des yeux, mais ton regard avait la neutralité de celui qui observe une chaise ou un arrosoir. Et si la violence de ses propos faisaient battre ton cœur, tu n'en as rien laissé paraître. Tu sais que si tu t'étais mis à répondre, tu serais peut-être allé jusqu'à désobéir à Jonas et à le tuer. Période sombre pour toi. Tu sais que tu as du sang sur les mains, depuis Goa. Tu sais qu'il est facile d'imposer sa loi en tuant. Mais tu sais aussi que tu ne veux pas devenir ce froid justicier aux vices d'assassin. Tu en perdrais ton humour, ta légèreté, et à terme, peut-être, ton goût pour la vie. Alors, en attendant que ton tour de garde s'achève, tu t'accroches aux refrains qui te passent en tête et que tu murmurerais comme des mantras si tu ne craignais pas de laisser transpirer une émotion, un sentiment auquel l'autre pourrait se raccrocher.

          Et tout ça quatre heures par nuit, la semaine qu'a duré la traversée.


          * * *

          -Alors t'es décidé, Jonas ?
          -Tu m'as souvent vu revenir sur ce que j'ai dit ?
          -Non, mais j'veux dire, tu pourrais aussi arrêter de faire ta tête de lard cinq minutes.
          -Relax, ducon. Je me plante pas souvent, quand même, hein ?
          -Ce que j'disais avant qu'tu m'fasses enterrer les victimes d'Esquim.
          -Tu me les brises, Sö. J'ai pas accepté que tu m'accompagnes pour jouer les censeurs et les bonnes consciences.
          -Bon. Bah v'là c'qu'on va faire : tu te démerdes, tu fais à ton idée. Et on en parle plus. Mais si ça tourne mal, j'me gênerais pas pour te rendre c'que tu m'as donné. C'est pigé ?
          -Tout ira bien. C'est facile de trouver un marchand en partance pour Luvneel. Y'a qu'à s'assurer que les chaînes de ton tueur seront bien solides, pour éviter de le lâcher sur l'île aux esclaves. De toutes façons, il est sans armes, et encore blessé. Et puis, j'ai causé au doc' : une petite drogue avant de le vendre, histoire qu'il soit bien docile. Comme ça, on est sûr qu'il pourra rien faire avant d'arriver là-bas. Ça fera toujours quelques têtes d'esclavagistes en moins, avant qu'il se fasse planter par la garde royale. Je vois pas ce que tu peux trouver à redire, franchement.
          -J'ai ben voulu t'accompagner pour t'aider à faire ton boulot. Pas pour cautionner un massacre, même dans un milieu puant. Désolé Jo', mais tu m'les brises. Démerde toi, j'vais m'négocier une barque ou une place que'qu'part. Mais tu rentreras tout seul. Bon vent.

          * * *

          Raspoutine fait la gueule. Faut dire que j'l'ai privé d'son grand amour, en laissant tomber Jonas. Grand con, va.
          J'trace ma route, les mains dans les poches. J'ai r'pris mes fringues de civil, serré les pognes des marines de Jonas. Dommage qu'ils lui fassent autant confiance, certains étaient vraiment de braves types. Mais bon, c'est à chacun sa route.

          La mienne, j'vais arrêter d'la tracer en solitaire. J'ai laissé James pour finir les trucs liés à Goa, mais là, j'crois qu'c'était c'qu'on appelle un signe. J'en ai ma claque de toutes ces histoires. J'ai jamais voulu y être embarqué, déjà. Et après, j'vais arrêter d'prendre d'ça pour un combat personnel. J'ai assez donné comme ça, cinquante millions sur ma poire, avec l'avis qui circule dans les royaumes. Il serait content, le James, s'il l'apprenait. J'suis pas certain qu'il ferait la différence, tiens... mouais. Mieux vaut que j'garde ce p'tit secret pour moi, en attendant qu'il pige les subtilités de c'monde ci, sous les nuages.

          Je me r'tourne pas. Direct vers le port, avec la capuche du manteau sur la tête. J'oublie pas que j'suis potentiellement en terrain ennemi, même si les quais sont gérés par la marine, et qu'les matons sont plus dans les camps. 'Reusement que l'temps frisquet pour la saison fait prétexte, avec l'heure matinale.

          Et j'essaye de pas trop penser à ce qui risque d'arriver, dans les jours qui viendront.

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          Mes articulations sont de plus en plus douloureuses. Cependant, c'était à prévoir. Je ne peux rien faire. Juste tourner la tête et parler. C'est une situation déshonorante pour un homme de mon rang. Plus j'y pense, plus ça me ronge. Ma seule satisfaction réside dans le conte de mes péripéties. Il est là. Il m'écoute et reste impassible. Je lui raconte tous les détails croustillants. Les jours passent, mais les histoires sont différentes. Plus gore et plus tragique. Il ne parle toujours pas. Mais j'entends les battements de son cœur s'emballer et sa frustration monter. Il ne m'aime pas. Je le sens, je le sais. Mais qu'il se rassure. Ce sentiment est partagé. Ce gueux devrait se sentir honoré de me surveiller. Que dis-je, il devrait même se réjouir que je lui conte chaque soir une histoire. Mais non, il ne daigne répondre. Il se croit supérieur à moi, un noble. La belle affaire ! Je suis l'être ultime, l'être divin. Dieu m'a créé pour parfaire ce monde en décrépitude. Me tuer serait un crime de lèse-majesté. Il ne pourrait pardonner telle offense. D'ailleurs, me faire subir de telles souffrances est un geste innommable ! Dieu dans sa grande miséricorde pardonne cet acte odieux que tu as commis paysan. Mais moi, Ylvikel ne te le pardonnerai jamais ! Je broierai tes os et déchiquetterai ta chair. Je m’abreuverai de ton sang. Tu me supplieras d'arrêter, mais je n'en ferai rien.

          « Paysan, tu es pour moi mon ennemi juré. Peu importe où tu iras, je te retrouverai. Et alors, prépare-toi à ce jour. Car moi, je serai prêt … »

          J'entends alors un bruit. Le tour de garde change. Il s'en va. Ces pas, j'ai appris à les reconnaître. Je me tais. Il ne mérite pas d'entendre mes contes. La vermine n'a pas cet honneur. Sören, c'est différent. J'essaye de me calmer, mais je me suis emporté. Très vite, la douleur reprend le dessus. Le moindre petit geste est amplifié. Bouger le bras devient presque impossible tellement j'ai mal. Mes muscles sont en train de s'atrophier. Depuis combien de temps voguons-nous ? Je ne sais pas. Dans cette geôle, j'ai perdu le sens du temps. Les secondes me paraissent des minutes et les minutes, des heures.

          Les jours passent, et mon état de santé se détériore. Ces chiens ne me nourrissent pas. La faim commence à prendre le dessus. Pour la première fois, je ressens la souffrance du manque de nourriture. Mais la faim ce n'est rien comparer à la soif. Ma bouche est pâteuse. J'essaye d'avaler ma salive. Mais je suis à sec. La douleur au niveau de mes articulations, je ne la sens plus. Pourtant, elle est bien présente. Depuis quelque temps, je vois un rat se promener dans ma cellule. J'en ferai bien mon casse-croûte. Il a l'air si juteux, si délicieux. Mais je suis fatigué. Mieux vaut dormir pour oublier ces souffrances que de rester éveillé.

          Un couinement. J'ouvre les yeux. Je sens quelque chose sur moi. C'est désagréable. Me libère t'on ? Non, ce n’est pas ça. Je lève la tête et j’aperçois enfin le responsable de tout ça. C'est le rat de la dernière fois. Il est si près de moi et pourtant si loin. J'ai faim. J'ai soif. Il fera l'affaire.

          « Pssst »

          Il se retourne. Il grignote quelque chose. Je continue de siffler. Ça l'intrigue. Il s'approche petit à petit. Il ne sait pas ce qu'il l'attend. Quand il sera assez près, je l'attraperais de mes dents. J'écraserais sa tête avec la force de ma mâchoire. Le sang se mettra doucement à couler. Les morceaux de cervelles me serviront de nourriture. Cependant, l'appétit appelle l'appétit et la soif appelle la soif. Dur dilemme qui se présente devant moi. Mais je n'ai pas le choix. Il est à porter. Et d'un seul coup, je le chope. Le grignoteur, grignoté. Triste ironie du sort. Ça croustille sous mes dents. Le goût n'est pas mauvais. On dirait presque du poulet si je n'avais pas vu la chose. Mon premier repas depuis plusieurs jours. Ça fait du bien. La fatigue me gagne de nouveau …

          Des bruits de pas me réveillent. Tout est flou. Je ne suis pas totalement réveillé. J'entends un grincement suivi d'un bruit insoutenable. La lumière perce l'obscurité de ma cellule avec ce bruit. Elle m'aveugle. Je ne vois rien. Je peux seulement entendre. Mon ouïe a pris l'habitude de ce silence. Tout ce brouhaha m'assourdit. J'entends des bribes de conversation. Inutile de se débattre. Mes articulations me font bien trop mal. Tout à coup, une pointe froide transperce mon corps. Aucun doute, ils me font une piqûre. Comment osent-ils toucher à un noble ? Ces moins que rien, ces chiens, ces vermines, ces gueux, ces crétins, ces abrutis. Ils me le paieront tous. La noblesse ne doit pas être négli …

          « ZzzZzzZ »

          -Bon, mec, on est bien d'accord. Prix d'ami pour toi, le bougre est costaud et bien foutu. Mais direct tu termines tes affaires et tu t'embarques, hein ? J'veux pas d'embrouilles avec la hiérarchie, tu comprends ?

          -Bien sûr, bien sûr. Les affaires sont les affaires.

          -Héhé, j'en attendais pas moins. Un vrai plaisir de bosser avec toi, l'ami. Bon retour chez toi.

          -De même pour vous, caporal.

          Je me réveille. Je ne reconnais pas l'endroit. Et puis, je ne suis pas tout seul. Juste devant moi se tient un vieillard. Son visage est marqué par le temps et son air est triste. Les larmes coulent sur ses joues, creusant un peu plus les rides de son visage. On sent qu'il porte sur ses épaules le poids d'un lourd fardeau. Il ne m’inspire aucune sympathie. Je le trouve lamentable. Ils osent me mettre moi, un noble avec un tel déchet ? C'est un blasphème ! Cependant, il sait peut-être où l'on va. Tsss. Moi, un noble, obligeais de communiquer avec la vermine. J'espère qu'il se sentira honoré de l'honneur que je lui fais. Soudain, je me ravise. J'ai bien réfléchi. Je préfère ignorer ma destination que de parler à un tel minable. Les saisons lui ont peut-être fait perdre la tête. Et qui plus est, je n'ai pas envie d'entamer une discussion inutile avec un être inutile. La surprise sera au bout du chemin …
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