Posté Mar 6 Nov 2012 - 16:42 par Mayaku Miso1 616, Maya a 13 ans. 13 petites années. Solitaire, esseulée, la gamine ne développe pas d’empathie pour les autres. Elle traîne toute seule de bout en bout de la ville, autour et près du port. Elle joue toute seule avec ce qu'elle trouve. Un caillou à la forme étrange, une plante rigolote, un poisson mort, un clou rouillé… Bref, n’importe quoi fait l’affaire. Aujourd'hui, elle jouait avec un couteau qu'elle avait chipé au Boucher. Elle s'amusait à le lancer par terre et à deviner s'il arriverait pointe ou manche en avant. Elle s'était coupée deux fois. Une fois au genou (le couteau avait rebondi et entaillé son genou gauche) et une fois sur la paume de la main (elle avait essayé de lancer le couteau en l'air et de le rattraper, mais elle l'avait fait par la lame de l'arme et s'était coupée la main droite).La journée était passée sans qu'elle ne s'en rende compte, absorbée qu'elle était par l'acier brillant à la lueur du soleil, se plantant ou rebondissant sur le sol. Puis elle avisa une ombre près de la devanture du Boucher. L'ombre s'avançait en claudiquant et vint s'écrouler près d'elle. S'accroupissant, elle caressa ce qui se révéla être Monsieur Polo, le chien du Boucher. Il regarda Maya de ses yeux aveugles, et les ferma définitivement en laissant sa tête tomber par terre. Il venait d'expirer devant ses yeux, sous ses caresses amicales. La blonde ne comprenait rien. Son regard était fixé sur les côtes de la bête qui ne se soulevaient plus. L'animal était maigre. Pas squelettique, mais on voyait tout de même ses os qui saillaient sous son pelage brun et court. Les quelques taches blanches qui ornaient le dessus de sa tête anguleuse étaient presque dépourvues de poils._ Monsieur Polo ?Elle le secoua. Doucement d'abord puis plus brusquement. Constatant qu'il ne bougeait pas, qu'il n'avait plus aucune réaction, elle le piqua de la pointe de son couteau, l'appuyant entre les côtes saillantes._ Monsieur Polo ?Toujours aucun signe de vie. Le couteau commençait à pénétrer la chair lorsqu'elle le retira. Elle se redressa et regarda autour d'elle. Tout le monde était occupé. Le Boucher découpait un rôti pour Madame l'Institutrice, la femme du Pêcheur trompait son mari avec le Forgeron, les autres gamins jouaient à la balle sur la plage près du port... Baissant son regard d'émeraude vers ses pieds, elle observa le chien désormais mort. Puis son regard dévia vers la lame du couteau dont la pointe brillait d'une teinte vermeille.Cette couleur tranchait avec l'acier et fascinait Maya. Elle passa son doigt dessus et observa la goutte écarlate qui se déposa sur son index. La curiosité la poussa aussi à suçoter le bout de son doigt, pour savoir si le sang du chien avait le même goût que le sien. Et oui, effectivement. L'arrière-goût métallique sur ses papilles la fit frissonner. Quelle étrangeté tout de même !Regardant à nouveau le couteau, puis le chien, elle s'assit sur ses talons. Ses doigts tâtèrent les côtes de la bête, les dénombrant. Elle posa la lame du couteau sur l'arrière-train du chien, à la basse de la queue qui était restée étrangement touffue par rapport au reste du pelage. La blonde fit ensuite remonter la pointe le long de la colonne vertébrale de l'animal refroidi, comptant les vertèbres et appuyant assez fort sur le couteau pour qu'il traverse la peau de l'animal. Elle remonta ainsi jusqu'à la base du cou, libérant des gouttes de sang qui tombaient au sol. Elle avait souvent observé le Boucher faire son oeuvre. Elle essayait de reproduire ses gestes. Elle releva le couteau le temps de le positionner non plus parallèle à la colonne vertébrale mais perpendiculairement. Puis elle trancha comme le Boucher bedonnant le faisait pour les rôtis. Elle trancha, appuyant la lame plus fortement au niveau de la vertèbre qui liait le crâne au reste du corps.Le sang, d'un rouge sombre et obnubilant, se répandit sur le sol en une flaque qui s'élargissait de plus en plus jusqu'à ce que le débit cesse. Quand elle eut finit de trancher la tête pour la séparer du reste du corps, elle l'écarta d'un revers de main. Main d'ailleurs tachée de pas mal de gouttes de ce liquide carmin et chaud. Elle suçota ses doigts pour les nettoyer, comme elle le ferait si elle avait une blessure, puis se remit au travail.Tournant Monsieur Polo sur le dos, elle passa la lame du couteau sur toute la peau tendre du ventre et du poitrail, découpant comme elle l'avait fait dans le dos. La lame a filé comme dans du beurre. Au niveau du poitrail, Maya préféra faire une sorte de V. Une ligne partant vers l'omoplate gauche, et l'autre vers la droite. Au final, ça donna un Y. Elle avait la main un peu maladroite, alors forcément, ce n'était pas parfaitement rectiligne. Mais au final, ça rendait bien. Du moins, pour elle.Posant le couteau par terre, elle a ensuite écarté les pans de la peau. Les os étaient incroyablement blanc, au milieu de la chair rouge/rosée. Sa curiosité toute enfantine poussa a blondinette à passer une main sous les côtes. Ce qu'elle touchait était visqueux, mais encore chaud. Concentrée, le regard fixé sur son poignet qui dépassait du poitrail de la bête, elle se mordait le bout de la langue en tirant doucement sur un des organes internes. Le coeur, qui ne battait plus. Elle le tira, encore et encore, et l'arracha d'un coup sec. Sans faire exprès, elle serra les doigts autour de l'organe, le faisant faire "Sploutche Sploutche" tandis que ce qui restait de sang dedans lui éclaboussait le visage et qu'elle tombait en arrière, sur les fesses.Elle posa donc le coeur à côté (ou ce qu'il en restait), et se releva pour s'asseoir à nouveau sur ses talons. Elle allait replonger la main à l'intérieur du petit corps quand une secousse la jeta à terre, sur le côté. Des picotements se firent sentir sur sa joue droite qui rougissait et qui chauffait. En levant les yeux, elle aperçut le bedonnant Boucher, écumant de fureur, écarlate et avec la veine qui battait sur la tempe, prête à exploser._ Tueuse ! Tu as tué Monsieur Polo ! Tu vas voir petite garce, tu vas le regretter ! Espèce de psychopathe !Sa voix puissante tonna dans la ruelle, attirant tous les regards en ce début de soirée._ Tu n'as donc pas honte ! Oh, tu vas voir ce que je fais aux monstres moi !Il se pencha vers elle, alors qu'elle reculait légèrement le buste, et la prit par la nuque. Sa main aux cals durcis en faisait facilement le tour. D'un geste brusque, il la releva, la soulevant même de terre._ Je vais te rendre la pareille, saleté anormale !Il était vraiment furieux. Maya était encore jeune et toute impressionnée par la puissance qu'il dégageait malgré son ventre proéminent et par sa voix qui tonnait comme l'orage.Le père de la blondinette arriva à cet instant, et hurla au Boucher de relâcher sa prise alors que a gamine devenait aussi rouge que le sang qui maculait ses mains et son visage, prête à passer au violacée. Le Boucher obtempéra, de mauvaise grâce, et lui montra le travail de sa fille :_ Ta psychopathe de fille vient de tuer Monsieur Polo ! Elle trifouillait dedans quand je l'ai surprise ! Regardes ça ! Un massacre ! Sa voix se brisa alors. Pauvre Monsieur Polo...Le père de Maya pâlit, puis verdit, et alla rendre son dernier repas avant de revenir à la scène. Il ordonna à Maya de rentrer à la maison. Sa voix était froide. Dégoûtée. Elle s'exécuta sans prononcer le moindre mot.Quand elle fut rentrée, elle alla s'asseoir sur une chaise. Elle attendit que son père rentre. Une heure passa. Puis deux. Bientôt, ce fut une troisième qui se termina. Enfin, alors que la quatrième heure allait commencer, son père rentra. Il remarqua le bleu de sa joue, vestige du revers de la main qu'avait offert le Boucher à la jeune fille, puis les éclaboussures de sang partout sur elle. Il la regarda alors vraiment pour la première fois._ Qu'ais-je fait pour mériter ça ?La blondinette leva le regard vers lui, intriguée. Il tourna la tête avec une moue dégoûtée, et lui ordonna de filer se laver et d'aller se coucher. Elle obéit.Les jours suivants, et jusqu'à ce qu'elle quitte Baterilla, son père ne lui accorda plus un regard. On la traitait en monstre au village maintenant. Elle évitait soigneusement le Boucher qui, dès qu'il la voyait, était prit d'envies de meurtres. Personne n'écoutait la jeune fille qui protestait de son innocence._ Mais... Il était déjà mort..., disait-elle avec ferveur.Personne ne la croyait, personne ne l'écoutait.