Bliss.
Dans beaucoup d'îles, les premières choses qui vous sautent aux yeux, ce sont les enseignes des bars, tavernes, auberges. Des enseignes plus grosses les unes que les autres, tentant d'attirer les clients à coups de lettres en capitales « size 54 » et de chansons de troubadours. Ou d'ivrognes pour les plus modestes. Ça marche aussi, mais c'est pas la même clientèle.
Or dans cette ville, la première chose que l'on voit, ce ne sont pas les habituels vendeurs de poissons à l'étalage. Ici, ce sont les Dock que l'on voit de très loin. Qui attirent l’œil. Pas de navire de pèche ou très peu. Dans le port, une procession de Blindés aux couleurs de la mouette, soit rutilants de propreté et clinquant de neuf, soit encroutés d'algues et fêlés par divers affrontements contre vents, marées, tempêtes et autres équipages pirates.
Bliss.
Dans le port où Rachel débarqua en plein milieu de l'après-midi, elle se sentirait presque comme chez elle. À l'image des navires qu'elle voit de droite et de gauche, les hommes ici sont vêtus aux couleurs de la marine. Elle également. On le lui avait bien spécifié, répété, rappelé, qu'ici, elle devait abandonner sa tenue noire à froufrous au profit de l'uniforme. Veste de sous-officier, sabre de fonction. Et malgré tout, une fois lâchée sur le port, elle se mêlait à une foule diverse, variée, et pourtant invariablement occupée. Tellement qu'elle, immobile sur les premiers pontons de l'île qu'elle foulait, plus petite que pratiquement toute la populace locale, avait l'impression d'avoir été plongée dans une mer agitée qui ne cherchait qu'à l'engloutir. Dépaysée, elle ne l'était pas le moins du monde. Mais le monde, ici, ne l'était pas moins car dans son élément. Travailleurs, dockers, marins, livreurs... Seule elle avait finalement l'impression de ne pas être exactement à sa place. Et les appels répétés d'un gros costaud chargé de trois caisses de la taille d'une barque pour la faire bouger du milieu lui fit comprendre à quel point elle voyait juste. Dans un grand sourire, elle s'excusa auprès de l'homme tout en s'effaçant, désamorçant instantanément des réprimandes plus sérieuses, puis elle s'en fut vers la ville.
Bliss.
Sa galerie marchande. Car il en faut bien une. Et celle sur laquelle Rachel avait jeté son dévolu était celle dont le nom -sur un écriteau de bois à l'entrée- était fleuri par un couple de fleuriste d'angle. Pas la plus moche, donc. Large pour au moins laisser passer un navire de la marine -remarquez les outils de comparaisons de notre jeune sergent- elle était pavée avec goût et les sens y étaient tiraillés de toute part. Un boulanger au pain aux senteurs de miel ; un second fleuriste dont la devanture n'était faite que de plantes carnivores aux effluves aromatisées censées attirer les insectes et créatures plus grosses comme des hommes et qu'il fallait à tout prix éviter ; un chanteur/jongleur/danseur ambulant qui descendit la rue trois fois sur un monocycle ; un forgeron qui parlait avec moult gestes avec l'armurier d'à côté, laissant leurs apprentis respectifs travailler à leur place. Celui du forgeron était un jeune homme aux cheveux courts et dont Rachel croisa le regard. Un magnifique regard bleu glacial qui la grisa et la força à détourner de lui ses yeux verts. Celui de l'armurier était un « celle ». Elle en aperçut fugacement la chevelure rousse avant qu'elle ne disparaisse, absorbée par son travail.
Plus haut sur la rue, un vieux violoniste jouait un air de polka agréable et en fin de chaque morceau, il tendait une main et un verre pour qu'on le remplisse de berries. Rachel s'arrêta devant une boutique de fruits et légumes, acheta une simple pomme bien rouge et s'approcha de l'homme. Avant de s'apercevoir que personne ne s'arrêtait pour l'écouter. Pire, tous lui jetaient un œil dégouté. Apeuré. Autour de lui, trois rats en dévoraient un quatrième. Lui-même avait perdu un œil et sous son bandeau, on voyait qu'il s'était infecté. Celui qui restait était rouge et semblait vous sonder entièrement. Ses vêtements étaient rapiécés et un très grand chapeau couvrait son crâne pudiquement. Ou en masquait d'autres horreurs. Oui, il n'y avait pas à dire, il était franchement glauque ! Magnifique !
Le lieutenant s'arrêta alors à sa hauteur avec l'intention de lui offrir la monnaie de sa pomme. Elle écouta l'air de polka qui devenait de plus en plus aiguë. Et lorsqu'il posa sur elle son regard rouge, le rythme s'intensifia soudainement. De plus en plus aiguë, de plus en plus rapide. Et surtout agressif. Et pourtant, devant elle, il avait arrêté de jouer. Et il commençait à se lever. Lentement, très lentement, devant les yeux verts surpris du Sergent Blacrow dont les membres ne répondaient plus. Et cette musique qui hurlait maintenant dans ses oreilles. Elle était là, immobile, à le regarder devenir de plus en plus grand, de plus en plus effrayant. Et dans son dos, une ruelle qu'elle n'avait pas aperçue s'emplissait de centaines de paires d'yeux rouges comme des rats sortaient de toutes parts. La silhouette fit un pas vers elle, claquant comme un cuivre. Elle le regardait impuissante, s'avancer vers elle. Et dans son dos, la vague de rats déferla d'un seul coup comme résonnait à ses oreilles, dans sa tête, par dessus la musique devenue insupportable, une voix désincarnée : « Je savais que quelqu'un viendrait, un jour... ». Et ce quelqu'un, Rachel, ne pouvait plus faire un mouvement. Plus un son, regarder cette marée noire et rouge se ruer sur elle, la submerger, l'étouffer comme le violon l'assourdissait totalement.
Et lorsqu'elle reprit pied avec la réalité, les pavés lustrés sous ses pieds et la rumeurs de la rue de nouveau bourdonnante, tout avait disparu. L'homme, la ruelle, les rats... son sabre...
-Mon sabre !!!! Ahhh ! Où il est ?!?!? Nonnonnonnonnonnon ! Nooooon !
Et les passants la regardèrent, interloqués, fuir dans la ruelle sombre face à elle sans rien comprendre à son comportement.
Bliss.
Sa galerie marchande et ses saletés de clochards musiciens. Des enfoirés d'épouvantails aux yeux rouges. Des putains de nuées de Rats. Des **** de voleurs, oui !
C'est donc déconfite que Rachel, après avoir couru une partie de l'après-midi après quelque chose qui, aux yeux de tous n'avait jamais existé, redescendit l'avenue, les pieds trainants, maudissant sa gentillesse. Pleurant presque le présent de Salem qu'était son sabre. Pauvre sabre. Il en avait vu de toutes les couleurs avant de disparaître. Volé pour la deuxième fois, mais cette fois par une chose intangible... Peut-être le signe pour elle d'arrêter de se protéger avec une arme conventionnelle et d'obtenir enfin ce qu'elle recherche tant. Une faux. Où donc ? Du côté du fabriquant d'arme et de son ami le vendeur d'armes. Avec un peu de chance...
Rachel se présenta alors devant les deux magasins, en ne sachant dans lequel rentrer, elle se dit que l'homme forgeron dont elle avait croisé le regard plus tôt l'intimidait trop pour devoir lui demander une chose si peu commune. Enfin, elle verrait bien.
Le Sergent poussa donc le pas vers l'armurerie ou ce qui y ressemblait drôlement, salua à la volée toutes les personnes présentes.
Avant de s'immobiliser devant le regard qu'on lui rendit.
Bliss. Ses rencontres...
Dans beaucoup d'îles, les premières choses qui vous sautent aux yeux, ce sont les enseignes des bars, tavernes, auberges. Des enseignes plus grosses les unes que les autres, tentant d'attirer les clients à coups de lettres en capitales « size 54 » et de chansons de troubadours. Ou d'ivrognes pour les plus modestes. Ça marche aussi, mais c'est pas la même clientèle.
Or dans cette ville, la première chose que l'on voit, ce ne sont pas les habituels vendeurs de poissons à l'étalage. Ici, ce sont les Dock que l'on voit de très loin. Qui attirent l’œil. Pas de navire de pèche ou très peu. Dans le port, une procession de Blindés aux couleurs de la mouette, soit rutilants de propreté et clinquant de neuf, soit encroutés d'algues et fêlés par divers affrontements contre vents, marées, tempêtes et autres équipages pirates.
Bliss.
Dans le port où Rachel débarqua en plein milieu de l'après-midi, elle se sentirait presque comme chez elle. À l'image des navires qu'elle voit de droite et de gauche, les hommes ici sont vêtus aux couleurs de la marine. Elle également. On le lui avait bien spécifié, répété, rappelé, qu'ici, elle devait abandonner sa tenue noire à froufrous au profit de l'uniforme. Veste de sous-officier, sabre de fonction. Et malgré tout, une fois lâchée sur le port, elle se mêlait à une foule diverse, variée, et pourtant invariablement occupée. Tellement qu'elle, immobile sur les premiers pontons de l'île qu'elle foulait, plus petite que pratiquement toute la populace locale, avait l'impression d'avoir été plongée dans une mer agitée qui ne cherchait qu'à l'engloutir. Dépaysée, elle ne l'était pas le moins du monde. Mais le monde, ici, ne l'était pas moins car dans son élément. Travailleurs, dockers, marins, livreurs... Seule elle avait finalement l'impression de ne pas être exactement à sa place. Et les appels répétés d'un gros costaud chargé de trois caisses de la taille d'une barque pour la faire bouger du milieu lui fit comprendre à quel point elle voyait juste. Dans un grand sourire, elle s'excusa auprès de l'homme tout en s'effaçant, désamorçant instantanément des réprimandes plus sérieuses, puis elle s'en fut vers la ville.
Bliss.
Sa galerie marchande. Car il en faut bien une. Et celle sur laquelle Rachel avait jeté son dévolu était celle dont le nom -sur un écriteau de bois à l'entrée- était fleuri par un couple de fleuriste d'angle. Pas la plus moche, donc. Large pour au moins laisser passer un navire de la marine -remarquez les outils de comparaisons de notre jeune sergent- elle était pavée avec goût et les sens y étaient tiraillés de toute part. Un boulanger au pain aux senteurs de miel ; un second fleuriste dont la devanture n'était faite que de plantes carnivores aux effluves aromatisées censées attirer les insectes et créatures plus grosses comme des hommes et qu'il fallait à tout prix éviter ; un chanteur/jongleur/danseur ambulant qui descendit la rue trois fois sur un monocycle ; un forgeron qui parlait avec moult gestes avec l'armurier d'à côté, laissant leurs apprentis respectifs travailler à leur place. Celui du forgeron était un jeune homme aux cheveux courts et dont Rachel croisa le regard. Un magnifique regard bleu glacial qui la grisa et la força à détourner de lui ses yeux verts. Celui de l'armurier était un « celle ». Elle en aperçut fugacement la chevelure rousse avant qu'elle ne disparaisse, absorbée par son travail.
Plus haut sur la rue, un vieux violoniste jouait un air de polka agréable et en fin de chaque morceau, il tendait une main et un verre pour qu'on le remplisse de berries. Rachel s'arrêta devant une boutique de fruits et légumes, acheta une simple pomme bien rouge et s'approcha de l'homme. Avant de s'apercevoir que personne ne s'arrêtait pour l'écouter. Pire, tous lui jetaient un œil dégouté. Apeuré. Autour de lui, trois rats en dévoraient un quatrième. Lui-même avait perdu un œil et sous son bandeau, on voyait qu'il s'était infecté. Celui qui restait était rouge et semblait vous sonder entièrement. Ses vêtements étaient rapiécés et un très grand chapeau couvrait son crâne pudiquement. Ou en masquait d'autres horreurs. Oui, il n'y avait pas à dire, il était franchement glauque ! Magnifique !
Le lieutenant s'arrêta alors à sa hauteur avec l'intention de lui offrir la monnaie de sa pomme. Elle écouta l'air de polka qui devenait de plus en plus aiguë. Et lorsqu'il posa sur elle son regard rouge, le rythme s'intensifia soudainement. De plus en plus aiguë, de plus en plus rapide. Et surtout agressif. Et pourtant, devant elle, il avait arrêté de jouer. Et il commençait à se lever. Lentement, très lentement, devant les yeux verts surpris du Sergent Blacrow dont les membres ne répondaient plus. Et cette musique qui hurlait maintenant dans ses oreilles. Elle était là, immobile, à le regarder devenir de plus en plus grand, de plus en plus effrayant. Et dans son dos, une ruelle qu'elle n'avait pas aperçue s'emplissait de centaines de paires d'yeux rouges comme des rats sortaient de toutes parts. La silhouette fit un pas vers elle, claquant comme un cuivre. Elle le regardait impuissante, s'avancer vers elle. Et dans son dos, la vague de rats déferla d'un seul coup comme résonnait à ses oreilles, dans sa tête, par dessus la musique devenue insupportable, une voix désincarnée : « Je savais que quelqu'un viendrait, un jour... ». Et ce quelqu'un, Rachel, ne pouvait plus faire un mouvement. Plus un son, regarder cette marée noire et rouge se ruer sur elle, la submerger, l'étouffer comme le violon l'assourdissait totalement.
Et lorsqu'elle reprit pied avec la réalité, les pavés lustrés sous ses pieds et la rumeurs de la rue de nouveau bourdonnante, tout avait disparu. L'homme, la ruelle, les rats... son sabre...
-Mon sabre !!!! Ahhh ! Où il est ?!?!? Nonnonnonnonnonnon ! Nooooon !
Et les passants la regardèrent, interloqués, fuir dans la ruelle sombre face à elle sans rien comprendre à son comportement.
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Bliss.
Sa galerie marchande et ses saletés de clochards musiciens. Des enfoirés d'épouvantails aux yeux rouges. Des putains de nuées de Rats. Des **** de voleurs, oui !
C'est donc déconfite que Rachel, après avoir couru une partie de l'après-midi après quelque chose qui, aux yeux de tous n'avait jamais existé, redescendit l'avenue, les pieds trainants, maudissant sa gentillesse. Pleurant presque le présent de Salem qu'était son sabre. Pauvre sabre. Il en avait vu de toutes les couleurs avant de disparaître. Volé pour la deuxième fois, mais cette fois par une chose intangible... Peut-être le signe pour elle d'arrêter de se protéger avec une arme conventionnelle et d'obtenir enfin ce qu'elle recherche tant. Une faux. Où donc ? Du côté du fabriquant d'arme et de son ami le vendeur d'armes. Avec un peu de chance...
Rachel se présenta alors devant les deux magasins, en ne sachant dans lequel rentrer, elle se dit que l'homme forgeron dont elle avait croisé le regard plus tôt l'intimidait trop pour devoir lui demander une chose si peu commune. Enfin, elle verrait bien.
Le Sergent poussa donc le pas vers l'armurerie ou ce qui y ressemblait drôlement, salua à la volée toutes les personnes présentes.
Avant de s'immobiliser devant le regard qu'on lui rendit.
Bliss. Ses rencontres...