Dans la base de la marine généralement utilisée pour jouer aux cartes la nuit que pour véritablement accueillir une division de marines entraînés, une effervescence nouvelle est née depuis deux jours. Et les cartes ont laissé place à des armes fébrilement huilées et nettoyées, des mains moites tremblantes et des rognures d'ongles. Toutes ces petites choses qui n'avaient jamais été vues dans ce lieu reculé de South Blue. Il faut dire que Baterilla n'est pas connue pour ses pirates, ses brigands ni même pour ses mouvements de foules mécontents. Alors encore moins pour sa marine, imposée là comme indicateur de puissance et d'appartenance plutôt que comme force de frape. Ce qui n'avait malgré tout pas empêché un groupe de pirates décapité de venir y faire un brin de remue-ménage. Des pirates dont la capitaine vient de se faire capturer et qui, incapable de se mettre d'accord sur un membre pour reprendre la tête de l'équipage pour aller le libérer, cherche par tous les moyens quelqu'un pour faire office de chef. Sur la première île qu'ils ont trouvé. Baterilla. Pas le meilleur choix.
Et comme ils brutalisent les gens et civils pour les tester, la marine locale commence à avoir peur qu'ils s'en prennent à eux.
C'est là qu'intervient la porte qui parle.
En général, derrière cette porte, on stocke tout genre de balais brosse pour nettoyer ce qui sert de caserne à la garnison. Mais aujourd'hui, dans cette petite pièce sombre, on peut y voir, et y entendre surtout, une fille, jeune, un peu plus de dix-sept ans, une faux au coin du coude et devant son visage blanc, un petit miroir rond où un regard de braise vert lui répond avec une violence feinte. Ses mèches noires font presque illusion.
Pour information, elle est là depuis l'aube, à travailler ses expressions, à se fusiller du regard, à avoir l'air neutre et violente et aussi dangereuse qu'elle peut l'être. Heureusement que sa faux intervenait en sa faveur.
À l'heure du déjeuner, la porte du placard à balais claqua enfin et à peine avait-elle fait deux pas dehors que la dizaine de marins sur place se jetèrent sur le Sergent pour la convaincre de ne pas faire ça, que c'était de la folie, que d'ici trois jours la marine serait là avec des éléments compétents pour régler le soucis des pirates trop entreprenant. Et c'est avec un regard froid et violent qu'elle avait travaillé durant les précédents vingt-quatre heures qu'elle les repoussa. Elle jeta un regard à leurs mines défaites, stupéfaites et fut satisfaite de son travail de comédienne. Aoi n'avait qu'à bien se tenir.
But du jeu : leurrer la bande de gueux qui se dit pirate, devenir leur « capitaine » et au lieu de les amener vers le navire carcéral pour libérer leur capitaine, les emmener vers le navire carcéral pour les y enfermer à double tour. Facile. Et pour ça, il allait falloir être très convaincante.
Un cri bref résonna dans l'air.
Toute la mauvaise troupe se retourna soudain sur Rachel. Leurs regards glissèrent avec appréhension sur la lame de la faux gigantesque qui trônait à ses côtés. Certains yeux suivirent le mouvement aérien de ses anglaises noires charriées par le vent marin. Mais leurs mines patibulaires descendirent invariablement vers le corps qu'elle piétinait ostensiblement. Un corps qui appartenait à leur tribu. Le plus proche à réagir se leva d'un bond, comme pour venger son collègue dont le nez avait craqué violemment, cause de toutes les attentions sur notre faucheuse. Tout ce qu'il y gagna fut un coup de Black Crow qui, non content de le balafrer sur toute la longueur du torse, l'envoya voler vers les rochers qui abritait la quasi totalité du reste des pirates sans maître.
Entrée remarquée : Check !
Ils se levèrent, à la fois stupéfaits et méfiants. Fallait les comprendre sur ce coup là. Une gamine qui arrive de nulle part et commence à leur faire comprendre qu'ils sont mal barrés, de suite, ça les fait réagir. Pas forcément en bien. D'autant plus que la gamine est dominée par une faux de deux mètres et que ses vêtements noirs à dentelle blanche en laisse plus d'un pantois. Plus d'une même. Car en un coup d’œil à la ronde, Rachel avait bien vu les trois filles dans les rangs. Deux brunes et une blonde. Pour une fois qu'elle avait de la chance : ces éléments lui permettraient de se faire accepter un peu plus facilement que si tous étaient des hommes.
-Qu'est-ce que tu nous veux toi ?
Rachel leva le regard des filles assises entre les rochers face à la mer pour braver le regard d'un type un peu plus imposant que les autres. Et plus grand aussi. Stéréotype, stéréotype. Le regard émeraude de Rachel se fit dur et impersonnel comme elle s'était tant entraînée à le faire dans le placard à balais. Ils se fixèrent, se jaugèrent. Notre faucheuse prit du temps pour répondre.
-Il paraît que vous cherchez quelqu'un pour vous mener vers votre capitaine parce que vous êtes trop stupides ou trop pleutres pour y aller de vous même. Regards en coin qui se veulent tout sauf aimable. Ne pas les remarquer, continuer. Eh bien me voilà.
Les sourires en coin firent échos aux regards qu'ils échangèrent les uns les autres, puis ce fut un tonnerre de fous rire qui les prit tous au ventre. L'un d'eux faillit même passer par dessus les rochers de la falaise tant il riait. Il ne dut sa survie qu'à l'un de ses coéquipier assez vif, ce qui augmenta encore un peu plus le volume sonore.
Droite dans ses chaussures à talons, Rachel garda la pose en s'armant de patience. Elle s'était attendue à une réaction du genre, alors elle n'était pas surprise. Elle attendit juste. Attendit que les décibels redescendent lentement et que certains regards ne se braquent à nouveau sur elle. Et puis une fois fait, elle brisa sa propre immobilité pour fouiller dans une de ses poches. Lentement, pour bien faire monter le théâtral de la scène.
-Et qu'est-ce qui te fait croire qu'on va te suivre ?
-Je suis une mercenaire qui aimerait bien se faire un peu de sous à vos dépens...
Elle sortit alors un petit escargophone de sa poche. Un tout petit escargophone, banal, mais maquillé pour l'occasion en appareil de brouillage. Duquel crépitait quelques informations de base comme des positions et de fausses discussions banales.
-...Et puis je sais où est votre capitaine.
Et comme ils brutalisent les gens et civils pour les tester, la marine locale commence à avoir peur qu'ils s'en prennent à eux.
C'est là qu'intervient la porte qui parle.
En général, derrière cette porte, on stocke tout genre de balais brosse pour nettoyer ce qui sert de caserne à la garnison. Mais aujourd'hui, dans cette petite pièce sombre, on peut y voir, et y entendre surtout, une fille, jeune, un peu plus de dix-sept ans, une faux au coin du coude et devant son visage blanc, un petit miroir rond où un regard de braise vert lui répond avec une violence feinte. Ses mèches noires font presque illusion.
Pour information, elle est là depuis l'aube, à travailler ses expressions, à se fusiller du regard, à avoir l'air neutre et violente et aussi dangereuse qu'elle peut l'être. Heureusement que sa faux intervenait en sa faveur.
À l'heure du déjeuner, la porte du placard à balais claqua enfin et à peine avait-elle fait deux pas dehors que la dizaine de marins sur place se jetèrent sur le Sergent pour la convaincre de ne pas faire ça, que c'était de la folie, que d'ici trois jours la marine serait là avec des éléments compétents pour régler le soucis des pirates trop entreprenant. Et c'est avec un regard froid et violent qu'elle avait travaillé durant les précédents vingt-quatre heures qu'elle les repoussa. Elle jeta un regard à leurs mines défaites, stupéfaites et fut satisfaite de son travail de comédienne. Aoi n'avait qu'à bien se tenir.
But du jeu : leurrer la bande de gueux qui se dit pirate, devenir leur « capitaine » et au lieu de les amener vers le navire carcéral pour libérer leur capitaine, les emmener vers le navire carcéral pour les y enfermer à double tour. Facile. Et pour ça, il allait falloir être très convaincante.
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Un cri bref résonna dans l'air.
Toute la mauvaise troupe se retourna soudain sur Rachel. Leurs regards glissèrent avec appréhension sur la lame de la faux gigantesque qui trônait à ses côtés. Certains yeux suivirent le mouvement aérien de ses anglaises noires charriées par le vent marin. Mais leurs mines patibulaires descendirent invariablement vers le corps qu'elle piétinait ostensiblement. Un corps qui appartenait à leur tribu. Le plus proche à réagir se leva d'un bond, comme pour venger son collègue dont le nez avait craqué violemment, cause de toutes les attentions sur notre faucheuse. Tout ce qu'il y gagna fut un coup de Black Crow qui, non content de le balafrer sur toute la longueur du torse, l'envoya voler vers les rochers qui abritait la quasi totalité du reste des pirates sans maître.
Entrée remarquée : Check !
Ils se levèrent, à la fois stupéfaits et méfiants. Fallait les comprendre sur ce coup là. Une gamine qui arrive de nulle part et commence à leur faire comprendre qu'ils sont mal barrés, de suite, ça les fait réagir. Pas forcément en bien. D'autant plus que la gamine est dominée par une faux de deux mètres et que ses vêtements noirs à dentelle blanche en laisse plus d'un pantois. Plus d'une même. Car en un coup d’œil à la ronde, Rachel avait bien vu les trois filles dans les rangs. Deux brunes et une blonde. Pour une fois qu'elle avait de la chance : ces éléments lui permettraient de se faire accepter un peu plus facilement que si tous étaient des hommes.
-Qu'est-ce que tu nous veux toi ?
Rachel leva le regard des filles assises entre les rochers face à la mer pour braver le regard d'un type un peu plus imposant que les autres. Et plus grand aussi. Stéréotype, stéréotype. Le regard émeraude de Rachel se fit dur et impersonnel comme elle s'était tant entraînée à le faire dans le placard à balais. Ils se fixèrent, se jaugèrent. Notre faucheuse prit du temps pour répondre.
-Il paraît que vous cherchez quelqu'un pour vous mener vers votre capitaine parce que vous êtes trop stupides ou trop pleutres pour y aller de vous même. Regards en coin qui se veulent tout sauf aimable. Ne pas les remarquer, continuer. Eh bien me voilà.
Les sourires en coin firent échos aux regards qu'ils échangèrent les uns les autres, puis ce fut un tonnerre de fous rire qui les prit tous au ventre. L'un d'eux faillit même passer par dessus les rochers de la falaise tant il riait. Il ne dut sa survie qu'à l'un de ses coéquipier assez vif, ce qui augmenta encore un peu plus le volume sonore.
Droite dans ses chaussures à talons, Rachel garda la pose en s'armant de patience. Elle s'était attendue à une réaction du genre, alors elle n'était pas surprise. Elle attendit juste. Attendit que les décibels redescendent lentement et que certains regards ne se braquent à nouveau sur elle. Et puis une fois fait, elle brisa sa propre immobilité pour fouiller dans une de ses poches. Lentement, pour bien faire monter le théâtral de la scène.
-Et qu'est-ce qui te fait croire qu'on va te suivre ?
-Je suis une mercenaire qui aimerait bien se faire un peu de sous à vos dépens...
Elle sortit alors un petit escargophone de sa poche. Un tout petit escargophone, banal, mais maquillé pour l'occasion en appareil de brouillage. Duquel crépitait quelques informations de base comme des positions et de fausses discussions banales.
-...Et puis je sais où est votre capitaine.