Ca sonne un peu comme un adieu. Comme un départ. Puis y a la pose. Droit comme son égo, fier, à la proue, qui pointe vers l'ennemi, le terrible ennemi. Tahar. Tahar part, s'en va confronter son destin, l'histoire de sa vie, et répondre à cette simple question qui pourtant gouverne les océans:
Qui a la plus longue?
C'est moi. Mais ça ils ne sont pas encore au courant. 'Tout cas bonne chance l'Cap'. Même si la chance n'aura rien à voir. Mais crève donc ce fils de chien, ça n'pourra qu'être farce. Difficile, mais farce. Pendant c'temps, j'prendrai un soin tout particulier d'l'écume, et d'la mission qui l'engage. Un coup d'bar, et la coque d'noix bifurque pour pointer vers nos amis jouets. Les riboultruc, boomy ou autre Pétochard. Ceux là même qu'font les malins, contents d'nous avoir amputé d'notre vigie. Ca se fait pas ça... Pas à nous. J'regarde autours. L'équipage est prêt, au taquet, mais l'départ solitaire du Cap' à l'air d'occuper toutes les trognes. Temps de r'centrer tout ça. Temps d'parler. J'fais pas ça bien, mais quand il faut y faut.
J'ai jamais aimé Legault. M'a jamais impressionné, toujours considéré qu'c'était un triste sir... Mais ça enlève pas un fait simple: Legault était des nôtres et les nôtres, y a que nous qui pouvons les cramer. C't'une petite leçon qu'on va s'empresser d'aller apprendre à ces mercenaires à la manque. Pour c'faire, j'vous d'manderai qu'une chose, une seule, et j'y veillerai: j'veux vous voir leurs casser l'ossature si fort qu'même le règne animal pissera dans ses bottes! J'veux qu'chaque coup soit porté pour tuer, détruire et handicaper à vie! J'veux des morts et des trophées. J'les compt'rai après, alors me décevez pas. Soyez vous même.
En l'disant, j'sens l'frisson qui m'parcoure l'arrière-cou. J'sens l'panache et l'envie. J'sens la violence qui monte. Et vous, les autres, vous la sentez!? Cette exquise odeur de tuerie? L'écume pile droit d'vant, direction l'bateau des sbires. J'plisse les yeux. Là-bas, qui s'rapprochent, la troupe à Glinglin et leurs sales gueules. Tiens... y a Boomy? L'était pas mort lui? En tout cas, vu la gueule de sa chaise, il marche plus. Dis merci à Jack Boomy, dis merci, parce que ce coup-ci, j'te fais les bras. On prend pleine vitesse, les nœuds s'accumulent. J'observe les vagues, Anthrax vient s'poser sur mon épaule. J'relève la tête. L'navire ennemi est tout proche. Mais un truc pue... Y reste que Boomy sur le pont. Où sont partis les autres? Merde, ça sent l'sapin. L'sourire qui fend la tronche à l'ancien bipède confirme. Boomy était déjà une crasse retord la première fois qu'j'l'ai rossé, il a presque failli m'avoir. J'doute que l'handicap l'ai rendu plus sympa...
Non. Non. Non, décidément ça me plait pas du tout. Une intuition, j'sais pas.
Accrochez vous !
J'braque à bâbord toute, alors qu'on arrive presque à l'abordage. L'écume aime pas, mais y va d'voir obéir. Y tourne, finalement. Boomy fait un sale gueule. J'aperçois alors, à une encablure d'leur rafiot, une chaloupe de sauvetage bien confo' où trônent nos ennemis brièvement disparus. C'est l'moment qu'Boomy choisit pour jouer son coup. Des accoudoirs d'sa chaise roulante sortent deux grappins, qu'viennent gripper notre bastingage. Tirés par les cordes, y vient vers nous. Mais tout c'passe pas comme prévu! Alex, moitié homme moitié hyène, la bave aux lèvres et le rire fou, est déjà sur les grappins, et les arrachent violemment. La gueule à Boomy change. Il tombe à l'eau. Allez Bommy, nage, nage seulement. Hmmm j'ai bon mes jambes! Pourtant, y nous laisse un dernier cadeau. Dans un tonitruant tonnerre, l'bateau ennemi explose, soufflant partout autours des restes de bois et de saletés mode shrapnels! Saloperie d'Boomy, c'était donc ça! L'Ecume morfle un peu, nous aussi, mais peccadilles pour les Saigneurs, héhé! On l'a évité de peu, héhé.
Pas l'temps d'rire cela dit, ni d'regretter d'pas avoir pu abimer Boomy un peu plus! La clique à Ribouldingue est a distance d'abordages! Ils bondissent d'une traite, pour attaquer NOTRE bateau ! C'est parti mes Saigneurs, et n'oubliez pas:
Pas l'temps d'rire cela dit, ni d'regretter d'pas avoir pu abimer Boomy un peu plus! La clique à Ribouldingue est a distance d'abordages! Ils bondissent d'une traite, pour attaquer NOTRE bateau ! C'est parti mes Saigneurs, et n'oubliez pas:
Soyez sentimentaux! Agissez avec cruauté! Tuez en impitoyable!