Prison Break
"Blake Redhorn | James Fermal"
Mars 1624
La pierre éclata sous le violent coup de massue. Lever, frapper, lever, frapper, lever, frapper. Telles avaient été les consignes, et telles étaient les exécutions qu'il accomplissait. Ici, sous la chaleur écrasante et harassante, Blake était contraint de déblayer les décombres et de monter les murs de sa propre prison.
– Gruhuhuhu, cassez-moi ça, bande de dindes ! Gruhuhuhu !
– Une dinde ? Si j'pouvais, je l'étouffe'lais moi-même ! Olé !
– T'imagines même pas à quel point j'aimerais te laisser faire ça, Kiki. En plus, je suis sûr que t'y arriverais sans problème hahaha !
– Hé N-15.3032, un truc te fait marrer ? Gruhuhuhuhu !
– Non, bien sûr que non, ô Surveillant Anus.
– T'as dit quoi là N-15.3032 ?
– Moi, rien, j'ai juste prononcé votre nom, ô Surveillant Tyranus.
– Gruhuhuhu d'accord, remets-toi au boulot maintenant.
– Quel g'los po'lc ce type !
– J'te l'fais pas dire... Tiens regarde qui est là ? Ce serait pas cette espèce d'enfoiré de coq ?
– Olé, vas-y, fais-lui sa fête à ce g'los con !
En effet, ce bon vieux Surevillant Anus ramenait un visage familier, nanti d'une paire d'ailes blanches et d'une chevelure dont la blondeur était maintenant bien salie.
– N-15.3031, va bosser avec ta p'tite copine aux jolis seins Gruhuhuhu !
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Vous vous demandez sans doute qui est cette « jolie copine aux gros seins » ? En fait, je parie que vous vous demandez même ce que Blake faisait dans un cadre aussi peu paradisiaque, ai-je raison ? Dans ce cas, suivez bien ce qui va suivre. Tout cela remonte à presque huit jours, sur une île située un peu plus loin que ce petit caillou sur lequel nous nous trouvons maintenant.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Tout se passa extrêmement rapidement. Alors que Blake, hilare et complètement nu, regardait l'espèce de canard tenter d'échapper aux Coq-Cornes, il ne put remarquer l'arrivée d'un troisième homme. D'une célérité redoutable, celui-ci posa ses mains sur le torse de Blake, provoquant une réaction assez inattendue. Une vive chaleur se répandit le long de ses pectoraux, rapidement suivie d'une douleur assez désagréable. Néanmoins, ce ne fut rien par rapport à ce qui se produisit ensuite. A la place de ses beaux muscles travaillés quotidiennement, Blake possédait désormais une paire de seins à la taille phénoménale, encore plus grosse que tout ce qui lui était arrivé de peloter.
Évidemment, sa première réaction, tout à fait instinctive, fut de lancer ses mains pour se saisir de la peau ferme qui pendait sous ses yeux. Mais ce n'était pas agréable... Loin de là...
– Blakou... J'ai envie de vomi'l...
C'était son propre corps qu'il touchait ! Pas les seins d'une femme. La situation ne pouvait être pire... Le peloteur ultime, Blake, celui qui était destiné à rencontrer la Nymphe de Rough Tell puis à se saisir de sa Poitrine de Jouvence... Était complètement nu au milieu de Suna Land, avec des nichons aussi gros qu'une pastèque ! Pourtant, il se rendit compte que la situation pouvait encore empirer.
L'homme qui venait de causer ce dérèglement physiologique commit une atrocité des plus redoutables. Ses doigts crochus et poilus vinrent agripper les seins de Blake, appuyant dessus comme sur la sonnette d'une maison de bonne famille.
– Je suis le peloteur de la poitrine du futur peloteur de la poitrine de jouvence ! Reyson D. Anstis, retiens le bien.
Entièrement paralysé par cet état plus que déplorable, Blake ne se donna même pas la peine d'essayer de rattraper le fameux homme. Il était debout, immobile, presque tremblotant. Aussi, quand Chouchou, une sorte de mastodonte à cheveux longs, haut-gradée de la Marine, le rattrapa, il n'émit presque aucune résistance. Le Sweet-Sense de Kiki montrait sans appel qu'il ne s'agissait pas d'une femme, mais d'un homme, malgré ses apparences trompeuses. Pourtant, ça ne l'encouragea pas à castrer ce travelo. Ses pensées étaient vides, traumatisées, retournées. Du Pervers, il ne restait plus qu'une coquille dépouillée de toute envie.
Tout ce que Blake put faire fut de voir Chouchou s'approcher en beuglant, prendre son élan avant d'asséner un coup puissant de sa poitrine pleine de stéroïdes. Sur le coup, il tomba au sol, le noir venant recouvrir ses yeux comme un voile. Il n'était plus rien... Pourquoi lutter ?
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Une vive douleur aux cotes tira Blake de son sommeil. Instinctivement, sa première réaction fut de partager ses pensées avec son compagnon de toujours.
– Kiki... J'ai fait un rêve affreux... J'ai rêvé qu'on avait... UNE POITRINE ?!
Non, ce n'était pas un rêve que Blake avait vu, simplement les réminiscences de ses souvenirs qui refaisaient surface. En même temps, on ne pouvait guère échapper à la réalité quand celle-ci se prouvait par la seule présence d'une paire de seins plus épais qu'une pastèque.
– Blakou... C'est ho'llible ! Bouhouhou... Olééééé...
Comble de la honte, de l'urine se mit à jaillir, signe que Kiki pleurait. Le manteau que les autorités semblaient avoir jugé bon de mettre sur Blake pour couvrir sa nudité fut inefficace : le liquide fut propulsé par une embouchure, décrivit une cloche parfaite pour répandre son impressionnant débit sur le garde chargé de les surveiller. Cela faisait d'ailleurs partie des nombreux pouvoirs de Kiki : pisser plus loin et plus fort que n'importe quel autre sexe masculin. Le Marine se retourna, une mine énervée tiraillant son visage alors que la goutte d'urine ruisselait lentement le long de son front jusqu'à s'arrêter sur ses lèvres.
– Putain, mais tu t'fous d'moi là ?
– Désolé, c'est pas très confortable, j'l'ai pas fait exprès.
Après tout, comment aurait-il pu ? Blake était dans un état si déplorable qu'aucune volonté ne lui parvenait. Ces seins... Ces seins qu'il aimait tant toucher. Serait-ce eux qui le mèneraient à sa perte et l'empêcheraient de réaliser son rêve ? Non... Ca ne pouvait être le cas. Ce serait bien trop injuste.
– Blakou, 'lessaisis-toi.
– Enfin Kiki, c'est fini ! Comment tu veux qu'on trouve la Poitrine de Jouvence dans cet état ?
– Ecoute-moi. D'habitude c'est toi qui me 'lassu'les, mais cette fois, c'est à moi d'le fai'le. Olé ! Tu es Blake Redho'ln ! Pe'lsonne n'est digne de peloter la Poit'line de Jouvence à pa'lt toi !
– Tu crois ?
– J'en suis sû'l ! On va t'louver une solution, t'en fais pas ! Je suis sû'l qu'on va s'en so'lti'l ! On s'en so'lt toujou'ls ! Je c'lois en toi !
La scène aurait sans doute été d'une beauté phénoménale si une musique de fond avait pu accompagner les mots chaleureux de Kiki, qui ressemblaient à s'y méprendre à ceux d'un héros de manga rassemblant ses amis égarés. Malheureusement, en raison de la connexion internet plus que mauvaise du narrateur, aucune mélodie n'avait pu s'imbriquer à cet instant magique.
Plusieurs heures s'étaient à présent écoulées. Blake allait un peu mieux, suffisamment en tous cas pour réfléchir à une manière de s'en sortir. Pendant ce laps de temps, il avait été occupé à insulter l'autre dinde qui, s'il ne s'était pas mêlé de ses histoires, n'aurait jamais attiré la Marine. Ce qui rassura Blake toutefois fut de constater que son « compagnon » était dans un état assez déplorable, lui aussi : visage ensanglanté, cheveux salis, joues gonflées... Même si lui au moins n'arborait pas une poitrine impressionnante.
Deux Marines arrivèrent, se saisirent de Blake et de la poule et partirent. Le bateau sur lequel ils se trouvaient avait accosté sur une sorte de caillou géant, composé de multitudes de rochers de taille variable. En son centre trônait fièrement un énorme bâtiment à la couleur « béton » dont l'originalité était réellement flagrante.
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Assis sur des tabourets miteux, Blake et le canard étaient enchainés, face à un juge minuscule accroupi sur sa table. Celui-ci possédait une paire de lunettes presque aussi épaisse que sa propre tête et lisait un long parchemin.
– Attendu que les suspects Blake Redho...
– Celui qui pelotera la Poitrine de Jouvence !
– Redhorn, continuez à m'interrompre et je veillerai à rallonger votre peine. Je disais donc, attendu que les suspects Blake Redhorn et Justin Ocent, ci-présents, suspectés de trouble à l'ordre public, de dégradation, de maltraitance sur agents du Gouvernement, de vols, d'insultes, de déshabillement, d'exhibitionnisme, de fuite et de tentative d'entrave à l'exécution des ordres émanant de la Marine et donc du Gouvernement, se sont rendus coupables des crimes énoncés précédemment sur l'île de Suna Land. Par ces Motifs, la Cour de Justice Expresse de Classic Town, saisie en première et dernière instance en raison de la juridiction dans laquelle les faits ont été commis, condamne les prévenus à purger une peine d'emprisonnement et de travaux forcés dans la Prison de Classic Town, pour une durée déterminée par leurs avancées dans la rénovation de ladite Prison. A partir de maintenant, le condamné Justin Ocent sera connu et appelé par son matricule N-15.3031, et le condamné Redhorn sera connu et appelé par son matricule N-15.3032.
– Heu, vous avez pas un numéro matricule pour Kiki ?
– Qui est Kiki, Redhorn ? Désirez-vous un rallongement de peine pour Outrage à la Cour ?
– Non rien, laissez tomber. Vous pouvez pas comprendre.
La bonne nouvelle était que Blake avait apparemment retrouvé un semblant de bonne humeur, puisqu'il était à nouveau capable de balancer des blagues douteuses et peu réfléchies sur leur conséquence. L'avantage quand on était schizophrène en fait, c'était qu'on ne pouvait garder un sentiment constant et unique bien longtemps. La mauvaise était qu'il devrait se taper un séjour peu désirable en prison, tout en gardant cette énorme poitrine. D'ailleurs, en parlant de poitrine, elle n'aurait pas un peu maigri la sienne ?
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Tels ont donc été les évènements qui ont conduit à la situation décrite antérieurement. Blake et l'homme ailé, qui apparemment répondait au nom de Justin Ocent, se trouvent ainsi dans la prison de Classic Town. Condamnés à casser des pierres, à vivre dans un état d'insalubrité proche de l'absolutisme, et surtout à se supporter puisqu'ils sont dans des cellules adjacentes, les deux criminels de Suna Land donnaient l'impression d'être destinés à croupir ici encore un moment. A moins que.... . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Blake écrasa sa massue sur le pied de l'oie.
– N-15.3032, Gruhuhuhu, arrête tes conneries !
– Ah mince, désolé. Le coup a glissé sur la pierre Surveillant Anus.
– QUOI ?!
– Je disais que le coup avait glissé sur la pierre, Surveillant Tyranus.
Evidemment, cela n'avait rien de hasardeux ou involontaire, mais ça constituait une vengeance tout à fait délectable. Si cet enfoiré de type ailé n'était pas intervenu et n'avait pas rajouté au bordel déjà bien gros, Blake aurait sans doute pu se barrer sans encombre de Suna Land. Au lieu de ça, il était maintenant condamné à casser des cailloux et à porter une poitrine.
Heureusement pour lui le jour de son salut semblait être arrivé.
Alfred "Hit" Schkok, compagnon de cellule de Blake, passa discrètement à côté des deux "fous de Suna Land" - comme on les surnommait affectueusement - et leur donna à chacun un petit morceau de papier. Sur celui-ci étaient écrits les mots : "Dans vingt minutes, au local de rangement des outils. Phase 1".
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