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One Hospice - Bulgemore

Un radeau misérable flottait sur les flots agités et glacés de Bulgemore, à son bord six silhouettes semblaient inertes. Une vieille sorcière tenait dans ses bras une boule de poils noirs frigorifié, des stalactites tombaient de son pif haut-perché et son dentier claquait au rythme de la houle. Dans l’autre coin de la planche flottante, l’énorme carcasse de Rabb était recouverte de givre, le Lapin des Neiges ramait à l’aide de sa patte gauche avec un air lassé. Garou quant à lui était entrain de maintenir la tête de Jinx entre ses genoux, le médecin de la compagnie tentait de le faire revenir à lui. Le professeur tenait entre ses bras recouvert de neiges la masse gélatineuse de Peuleu Peuleu, l’escargophone était tombé à la baille lors de la traversée, sans une once d’hésitation, Donor avait sauté pour secourir son ami. Les deux utilisateurs de fruits du démon coulèrent avec la rapidité légendaires des utilisateurs démoniaques, c’est une vague qui les avait re-propulsée sur le pont du navire comme deux carcasses rejetées par les flots.


Finalement, sans que personne ne s’en rende véritablement compte, les lattes de bois flottantes se posèrent sur un banc de neiges. Les énormes flocons recouvrirent en un rien de temps le tas de chats noirs agglutinaient sur les planches de l’ancienne embarcation. L’hypothermie gagna la quasi-totalité de la troupe, Rabb était le seul à ne pas souffrir du froid mordant de Bulgemore. Cela faisait près de deux mois que la compagnie s’était engagée sur la route de tous les périls, c’était la première île hivernale du parcours et les vieux ne s’y étaient pas préparer.


En moins de temps qu’il n’en avait fallu pour qu’ils abordent le banc de neiges, les retraités semblaient s’être endormis telles des statues de gels. Le lapin géant des neiges se frotta la truffe et remua sa grosse fourrure pour en dégager la neige. Se relevant sur ses pattes, Rabb observa les alentours. Le paysage était composé d’immenses sapins enneigés, de fosses profondes et d’une montagne centrale impressionnante. D’étranges bruits raisonnaient à des milles à la ronde, des grincements métalliques et des hurlements stridents que l’on pouvait percevoir malgré le bruit sourd des flocons s’entassant sur le sol de l’île.

Rabb gratta du bout de la patte la poudreuse qui s’était accumulée sur la planche de bois de secours, il y dégagea une longue corde qu’il dégivra d’un coup de patte énergique. Il passa une première boucle entre deux lattes et une seconde sur un anneau encore rattaché aux planches. En un tour de reins, notre ami des neiges venait de s’entourer du cordage et commença à tracter le traîneau de fortune où reposait la frigorifique compagnie des chats noirs…

One Hospice - Bulgemore Kai-Spannuth02


Les énormes pas de Rabb marquait la neige d’une telle manière que l’on aurait pû penser que jamais elle ne changerait d’aspect après son passage, comme si chacune de ses empreintes resteraient indéfiniment et qu’aucun flocon ne sera jamais assez gros pour les recouvrir. Bien heureux celui qui aurait pensé ça car la froideur de cette région de Grand Line et l’inhospitalité de son paysage ne laissait présager aucunes beautés. Le couinement de la poudreuse qui s’écrase et le frottement des lattes de bois tractées par le quadrupède créaient une ambiance sinistre, c’est à peine si une maison de retraite pouvait sembler plus glauque. Les oreilles du rongeur tournaient à chaque bruits suspects, si bien qu’il était sur le qui vive depuis le moment où il avait entrepris de trouver un endroit chaud et couvert. Curieux comportement que celui d’un Lapin géant des neiges, il peut être la pire des créatures au monde et vous envoyer au tapis avant que vous puissiez dire arthrite ou bien tout faire pour vous sauvez la vie s’il vous aime et vous estime.



Il avait fallu plusieurs semaines à Rabb pour oublier Picky Island, son île natale. Un jour avait débarqué ce petit bout d’homme d’une centaine d’année et aux ailes grisâtres. En chef de meutes, Rabb l’avait fracassé à maintes et maintes reprises avant que cet humain barbu ne l’apprivoise avec cette gentillesse qui lui était propre. Malgré sa petitesse et ses pertes de mémoires, Garou avait toujours était à la hauteur de Rabb, un fier représentant d’une espèce. Puis était arrivé le jour où le professeur Donor était arrivé, peu convainquant au départ, mais finalement vite indispensable. Puis ce n’était plus un ami qu’il avait eu, mais très vite cinq. Oui, Rabb était de ces animaux à qui l’on donne l’amitié plus facilement qu’il l’accepte. Mais avec la compagnie des chats noirs, ce n’était pas une amitié qu’on lui proposa, mais une meute… Et ça, Rabb, l’avait dans le sang.



Soudain, les fourrés bougèrent. Notre gros ami stoppa net son avancée, la truffe au vent, il sera les poings. Un tintement métallique raisonna à travers l’épaisse végétation blanchâtre, Rabb lâcha la corde de son traineau et plia un peu plus ses pattes arrière. L’odeur… L’odeur des bêtes qui défendent leur territoire.

Une masse d’acier et de chair sauta depuis un buisson de neiges, une sorte de tigres aux articulations argentées. Le poing du géant des neiges fusa dans la gueule de la bête et il l’envoya dans le décor à des mètres de là. Bien vite une seconde bestiole vint percuter son dos, un loup à la mâchoire d’acier qui lui mutilait le bras droit, d’un coup de coude, il explosa la face de l’animal contre le sol et se servit de sa carcasse pour envoyer valser un troisième attaquant. Le bruit des rouages métalliques raisonna un peu partout, une lumière bleutée partit d’un fourré et effleura la truffe du lapin géant, un laser venait de partir du cul d’une poule cybernétique. Les pattes de notre ami envoyait valser les plaques métalliques qui composaient ses ennemis dans toutes les directions, un sanglier d’acier le percuta en pleine poire et l’envoya à dix pas du traineau. D’une flexion, Rabb bondit à une dizaine de mètres de hauteur et se réceptionna sur la tronche du porc.

Alors qu’il s’’apprétait à se saisir du cordage pour entreprendre une fuite musclée, il s’aperçut que une trentaine de paires d’yeux l’observaient, plus aucun animal ne semblait broncher. Il prit le cordage et fit un pas, le traineau se stoppa violement, manquant d’envoyer la compagnie face contre terre. Rabb tourna sa poire et aperçu trois silhouettes aussi grandes que lui qui se découpaient dans la tempête de neiges. L’une d’elle tenait fermement le traineau d’une main robotisée, un gorille aux traits disgracieux, un combattant de première. Au centre, une énorme carcasse de ferrailles que notre Lapin ne put distinguer parfaitement et tout à droite, les bras lumineux d’un Panda cybernétique se reflétait sur la blancheur maculée du sol.

Lâchant la corde, Rabb se redressa de toute sa hauteur en mâchant machinalement un bout de chanvre. Ses énormes poings s’entrechoquaient sous les braillements excités de la forêt, le gorille souleva le traîneau d’une main et notre ami replaqua le tout aussitôt d’un coup de patte. Ce qui ne manqua pas de faire bouillir la tension générale. En une fraction de seconde, le poing robotisé s’emplâtra dans le bide de Rabb qui encaissa dans une gerbe de sang, il voulu rendre la pareille, mais son opposant était déjà au-dessus de lui et lui décocha une mandale de titan. Sa face heurta avec force la neige qui recouvra la zone de combat, Rabb se releva mollement et frappa l’air aveuglement. Une nouvelle droite le fit planer à une dizaine de mètres, mais avant qu’il ne touche le sol, l’adversaire le prit par la mâchoire et lui fit manger un tronc d’arbre. Les cris et autres bruissements animaliers raisonnèrent comme un concert de métal au zoo, la carcasse du lapin gisait au sol et en sang. L’énorme silhouette que Rabb avait peiné à distinguer tendit son bras cybernétique vers la face inconsciente de Garou, d’un bond Rabb fila vers la machine, le poing en avant. Un bip se fit entendre et les bras lumineux du panda envoyèrent une gerbe de lumières vers notre courageux rongeur. Le laser perfora son bras droit et Rabb s’effondra dans une mare de sang. Son poing venait d’être arraché par l’onde lumineuse…

S’en était bientôt fini de lui et du reste de la compagnie, une larme perla sur son pelage. Un souffle long et profond fit fondre la neige qui encrassait sa truffe ensanglantée, les mains du gorille vinrent le plaquer un peu plus au sol tandis que les bras robotiques du géant saisissaient les corps de Lisa, Jinx, Félixia, Peuleu et Lucky…


FRIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII


Une étrange boule d’acier venait de percuter le sol enneigé et un son strident fit grincer les mécaniques animales. La petite chose d’acier semblait faire défaillir l’ensemble des protagonistes, les pistons, écrous et vis sortaient de leurs rouages. Dans un cri simiesque, le géant sonna le repli, balançant les corps de la compagnie face contre neige. La dernière chose que vit Rabb était l’imposante carcasse d’un homme barbu et les bois d’un animal inconnu… Dans un dernier souffle, Rabb tomba dans l’inconscience la plus totale, une main en moins et le corps lacéré.

"Rudolphe ? Porte donc cette brave bête, ces étrangers ont besoin d'un chocolat chaud ! Par ma barbe blanche ! YOHOHO !"

"YAGOU ! YOUUUUHOUUUHOUUU!"
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La nuit était profondément tombée sur les steppes enneigées de Bulgemore, l’île hivernale était encore plus inhospitalière qu’à l’arrivée de la Compagnie. Au milieu de la forêt de sapins, un baraquement impressionnant en acier siégeait comme un dolmen indéracinable. En forçant une de ses fenêtres au sextuple vitrage ionique, où l’on pouvait y lire une petite inscription made in Vegapunk, on déboulait dans une grande salle à la literie blanchâtre. Le mobilier était dans un style de métaux polis et de rouille traitée, sur les six lits de la salle, deux était encore occupés. L’un des occupants ronflait avec un z sur la langue, un vieil ange à l’auréole posée sur l’oreiller. Son sommeil semblait agité de spasmes musculaires incessants et le sourire malin qu’il affichait au quotidien était comme invisible. Dans le second plumard, Jinx ne grelotait plus, les dix couches de couvrantes avaient eu raison de son hypothermie et notre professeur émergeait doucement des bras de Morphée.


« Hmm ? Qu’est-ce m’ue je fais m’c’m ? … »


Marquant un temps d’arrêt pour attraper son dentier qui baignait dans un verre d’eau, il le mit en bouche.


« Hum ? Qu’est-ce que je fais ici ? »


Donor se redressa et fit craquer ses lombaires, il mit ses pieds dans ses chaussures et traversa la grande pièce. Après deux secousses sur le pieu de Garou qui n’ouvrit pas un œil, Jinx sortit de la grande chambre par une porte d’acier grinçante.

« Peuleu ! »

« Frr ! »

« Gihihi alors bien vieille branche ? »


Plissant ses rides de retraité, Donor esquissa un sourire à ses trois compagnons qui le saluaient, ils étaient attablés autour d’un énorme bidon retourné d’où fumait un bol de chocolat chaud face à chacun d’eux.

« Héhé… Ma foi, fort bien, où sommes-nous ? »

« Chez Moi ! YOHOHO ! Bienvenue à votre compagnie ! Monsieur Donor je présume ? »


Un son de métaux entrechoqués fit tourner la tête du professeur, une bedaine énorme, bercée de tissus rouges, tenait entre ses bras tatoués un plateau de tasses fumantes. Posant le tout sur le bidon, il invita d’un rire gras Jinx à s’assoir pour prendre un bol de chocolat chaud.

« C’quoi comme chocolat, par ma guibolle, jamais bu un aussi bon ! »

« C’est du cacao des congères, typique de Bulgemore ! Que l’on me coupe la moustache si vous trouvez meilleur ailleurs ! YOHOHO ! »


Plongeant ses lèvres dans le bol fumant, Jinx en perdit ses rides de plaisir. Se léchant les moustaches chocolatées, le professeur observa Peuleu qui engloutissait son sixième bol.

« Succulent c’est vrai ! Mes amis et moi vous remercions sincèrement pour votre hospitalité monsieur… ? »

« Snow, Santa Snow. »

« Snow… Dîtes-moi, que faisons-nous là ? »

« Vous amis m’ont posés la même question, mais j’espérais en avoir la réponse de vos bouches ! Foutus bizarres que vous êtes ! Je vous ai trouvé agonisant face aux bêtes de Vegapunk en plein cœur de leur territoire, une chance que je passais par là et que votre ami vous était là ! Pour sur ! »

« De qui parlez-vous… ? »

Une porte claqua avec énergie, se tenant sur son parapluie, Garou hurla dans la pièce comme un damné.

« Où EST-Z’E QU’IL EST ! Où EST RABB ?!!! »

Cherchant du regard autour de la table, Jinx s’aperçut que l’énorme rongeur ne figurait pas au registre des présents. Lisa et le reste semblait se posait la même question.

« Il n’dort pas ? »

La pointe du parapluie de Garou vint finir en une fraction de seconde sur la bedaine inratable du gros Santa, d’un air menaçant, Lucky lui reposa la question, menaçant de pénétrer le tissu à la moindre contrariété.

« Où est mon ami gros porc ? »

Soudain des bois de rennes vinrent heurter le flanc ailé du centenaire et en une fraction de seconde, il se retrouva cloué au mur par une étrange bête au strabisme confirmé et à la truffe rouge.

« Doucement Rudolphe avec nos invités ! Sa question est légitime, la manière tout autant !... Suivez-moi… »

Reposant au sol le vieil homme, le renne loufoque emboîta le pas au gros bonhomme tout en chassant bizarrement de l’arrière-train. Garou s’empressa de suivre le mouvement tout comme l’ensemble de la compagnie. Le groupe passa dans un étroit couloir glacial aux multiples portes condamnées avant d’arriver devant une double porte battante aux hublots teintés.

Garou fut le premier à l’ouvrir et la scène qu’il y découvrit demeura graver dans sa mémoire des années durant, comme l’un de ses premiers traumatismes, après celui qu’il avait développé quand il avait perdu la mémoire avant de rencontrer Jinx.

Là, allongé dans un lit dodu, Rabb demeurait inconscient et bandé de toutes parts. L’énorme lapin des neiges avait ses bandages ensanglantés et derrière l’un deux, on devinait un manque. On devinait qu’l manquait à cette impressionnante carcasse, une patte. La gauche.

« Rabb… RABB ….. RABB !!! Que lui est-il arrivé ?!!! »

« Misère… »

« Par tous les dieux… Peuh ! »

« Frrr… »

« Peuleu … »


Attroupée autour du lit, la compagnie observait Garou qui tentait de réveiller son compagnon en lui caressant le pelage. Instinctivement, il commençait déjà à refaire les bandes en lâchant d’énormes larmes qui tombaient comme des boulets de canons dans un ruisseau.
S’asseyant sur une chaise métallique, Santa vint caresser la croupe de son renne.

«… Triste affaire… Comme je vous le disais, quand je suis arrivé avec Rudolphe, votre ami venait de se battre contre plus d’une vingtaine d’animaux cybernétiques… Il vous trainait à la force de ses bras quand ils sont apparus… Il vous à défendu avec courage… »

« DES z’OTTISES ! JAMAIS ON AURAIT DU LE LAIZZ’ER SEUL A SE BATTRE ! »

« Garou, mon am… »

« TA GUEULE JINX !! TOUT Z’A Z’EST TA FAUTE A TOI ET TES PLANS MINABLES ! Regardez-moi z’es bandages, du travail d’amateur, mais ne t’inquiète pas mon ami… Je z’uis là maintenant, ton vieux copain est là… »


Méticuleusement, Garou commença en zozotant dans sa barbe à s’occuper des blessures profondes de Rabb dans le silence de la compagnie et de ses hôtes. Se relevant en tirant une latte d’une pipe qu’il venait de bourrer, Snow invita d’un signe de tête les autres à le suivre. Bientôt, il ne resta plus que deux vieux potes dans la pièce d’opération. Un vieil ange centenaire et un énorme lapin des neiges, amitié impossible et pourtant.

La double porte grinça et les pas lourd du groupe raisonnèrent dans le couloir d’acier, la fumée blanchâtre que dégageait la pipe de Snow ouvrait la voie.

« Allons prendre un chocolat, que je vous explique où vous êtes tombés, par ma pipe ! »

« Yougouu ! »

One Hospice - Bulgemore Santa_10


Dernière édition par Pr Donor Jinx le Lun 24 Déc 2012 - 16:35, édité 1 fois
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La pièce sentait le tabac et le chocolat, Jinx se fumait un cigare, le regard perdu dans le vide. Les propos de son ami l’avaient heurté et même Lisa boudait son chocolat. Félixia et le gastéropode rosâtre quant à eux s’était réfugiés dans une boulimie chocolatière effroyable.

« Ne vous tracasser pas ainsi monsieur Donor, vous ne pouviez rien y faire dans vote état. Le lapin avait le physique taillé pour le vent froid de Bulgemore… »

« Peut être, mais la chance n’avait jusque là jamais abandonné Rabb… »

« Et pensez-vous que sa chance n’est pas anodine dans votre sauvetage ? Humm ? »

« Peut-être … »

« Permettez-moi de vous racontez ce que vous ignorez sur cette île… Bulgemore est l’île natale de Vegapunk, le plus grand esprit des siècles passés et à venir, vous êtes d’ailleurs dans l’un de ses anciens laboratoires. Il n’y a sur cette île qu’une grande ville cernée par la forêt de pins et une bande côtières aux glaces mortelles… »

« … C’est là que nous avons échoué… »

« Je le pense aussi par mon bonnet ! Vegapunk n’est pas que l’enfant du pays, c’est aussi un enfant de putain qui cause toutes nos craintes ! YOHO ! »

Le bol de Peuleu tomba au sol, ce qui ne l’empêcha pas de continuer ses ripailles compulsives.

« En effet… Le docteur a fait de tous les animaux de cette île des foutus cyborgs aussi puissant que complexes. Ils se sont organisés selon la loi de la cybernétique… Le plus sophistiqué règne… C’est surement les serviteurs de Singos, le plus évolué et complexes de tous, qui ont mis votre ami dans cet état… »

« Je vois… Et vous ? Dans tous cela ? Que faisiez-vous dans cette forêt que tous le monde semble fuir comme la peste ?»

« Yohoho !! Je suis Santa Snow, canonnier de Bulgemore et charpentier spécialisé dans les métaux, arpenter cette île est mon métier depuis quinze ans ! PAR MA BEDAINE ! »


Après une large inspiration, Donor recracha une fumée épaisse en forme de trèfle.


« Monsieur Snow, moi et ma compagnie vous devons une fière chandelle… Pouvons-nous pousser votre hospitalité jusqu’au bon rétablissement de notre ami moyennant finances évidemment… »

« Gardez votre argent, votre présence nous est agréable à moi et Rudolphe ! HO HO HO ! »


Se redressant en frappant sa grosse bedaine, Santa remit en place son écharpe autour de son cou tatoué et enfourna un carnet dans l’une des poches de son rouge de travail.

« Je vous laisse vous installer, j’ai deux clients dans une heure. Rudolphe ! »

« On peut vous accompagner ? Je doute que Lucky n’ait besoin de nous… »

« A votre guise, il y a des manteaux dans le petit débarras »


Une heure plus tard. Plein cœur de la forêt.


Le renne sautillait comme un ballon de baudruche de sur la neige qui s’accumulait toujours plus sur l’île hivernale, il se cachait de temps à autres derrière les buttes de neiges en guettant les énormes flocons et dès qu’un se posait au sol il fonçait bille en tête dessus. Jinx observait les scènes avec intérêt, la compagnie tentait de se frayer un passage dans la poudreuse en suivant le gros Santa qui faisait office de chasse-neige bedonnant. Pointant Rudolphe du menton, Donor interpella leur hôte.

« Il ne serait pas un peu … »

« Loufoque ? Hohoho ! Il est comme ça depuis qu’il est tout petit, mais c’est un ami d’exception ! Il peut porter bien plus de poids que trente hommes réunis ! HEIN MON RUDOLPHE ?! »

« Yougouu ! Giip ! »


La petite troupe arriva bien vite face à un pic rocheux recouvert entièrement de neiges, à son sommet on pouvait distinguer avec difficulté une masse d’acier sombre. Santa emprunta un petit sentier escarpé et le groupe lui emboita la botte.

Une fois en haut du monticule, Jinx fronça les sourcils en toisant du regard deux petits jeunots qui grelotaient de froid. L’un semblait être devenu un bloc de givres incassable tandis que l’autre au pif impressionnant laissait apparaitre des stalactites qui tombaient de son museau jusqu’au sol. Santa les salua d’une vigoureuse frappe dans le dos qui ne manqua pas de les déglacer et les invita à avancer vers le bloc d’acier.

La machine en question dans laquelle nos deux compères s’installer avec appréhension était une sorte de tube géant à l’embout givré et aux multiples câbles imbriqués les uns dans les autres, un canon titanesque en somme.

« Ôtez-moi d’un doute ma très chère Lisa, est-ce un canon ? »

« J’me d’mande jusqu’où qu’ça lance les gens s’trucs ? »

Tournant des rouages et des machins trucs d’acier dans tout les sens en suivant les indications de son carnet, Santa esquissa un sourire aux deux retraités.

« Oh vous savez, tout dépend de où vous désirez aller, moi je vous y envois… Bon ce n’est pas une science parfaite non plus hein ! HO HO HO ! »

A ces mots, les deux clients tentèrent machinalement de se décrocher de la machine en prétendant une soudaine envie de pisser, mais deux détonation dantesque survinrent aussitôt et soufflèrent les flocons qui tombaient aux alentours. Une main sur l’encolure de sa veste, Jinx esquissa un large sourire d’où un sifflement admiratif naissait.

« Joli »

« Ce n’est qu’une question de calculs, le poids des clients, la météo changeante, la distance, l’angle… Rien de compliquer ! Yoho Ho Ho ! »

« Charabia ! Peuh ! »

« Dîtes moi monsieur Donor, j’aimerais faire quelque chose pour la patte de votre ami aux longues oreilles et… »

« … Je verrais ce que l’on peut faire pour mettre Garou à l’écart, évidemment mon ami.»

Esquissant un sourire derrière sa grosse barbe blanche, Santa toisa le professeur et Lisa Scoumoune qui se débattait avec Peuleu et Félixia qui se réfugiaient sous sa robe pour faire peur à Rudolphe.

« Ho Ho Ho ! Vous et vos amis, nous nous comprenons bien ! Hoho… »

« Votre imposante jovialité est plaisante mon bon Snow ! héhé »


Dernière édition par Pr Donor Jinx le Ven 28 Déc 2012 - 22:46, édité 1 fois
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Une semaine plus tard, résidence de Santa Snow.


Les mains jointes derrière son dos, Jinx arriva silencieusement dans la salle où le chocolat se respirait à pleins poumons. Il avait le regard perdu dans ses pensées et la mine pincée, si bien que Scoumoune arrêta de remuer le fond de sa marmite pour interpeller son vieil ami.

« C’toujours pareil ? »

« Hmm… Il n’a pas bougé du chevet de Rabb et ne m’adresse toujours pas un mot… S’il continue ainsi, il ne passera pas le bicentenaire… »

« C’qu’une vieille cabosse d’mulet ! Rabb a une chance d’veinard insolent, dès qu’il rouvrira les yeux, Garou s’déridera ! »


S’asseyant sur un fauteuil d’acier, Jinx tapota sur ses genoux afin d’inviter Peuleu à sauter dessus, chose que la masse rosâtre s’empressa de faire. Un grincement sinistre annonça l’ouverture de la porte principale et un souffle glacial empli la pièce, Santa et Rudolphe revenait d’un envoi à coup de canon.

« Ça a été mon ami ? »

« Par ma barbe ! Il ferait beau voir que cela se passe mal ! HO HO HO !»


La marmite de Lisa raisonna sur la tale de fer, fumante comme le repas de Lucifer lui-même. Santa, Rudolphe, Félixia, Jinx et Peuleu prirent place autour de la boustifaille maléfique. Scoumoune commença le service en saisissant les assiettes tendues vers elle.

« Cela fait une bonne semaine que nous mangeons comme des rois mademoiselle Scoumoune ! HO Ho ! »

« Laisse tomber l’compliments, c'prend pas ! Gihihi ! »

« Ho Ho Ho ! … Monsieur Donor… Au sujet de Rabb, vous vous souvenez de ma proposition n’est-ce pas ? »

« Bien évidemment mon bon Snow… Hop là, pas plus que le bord Lisa… »

« Eh bien, il faudrait que cela se fasse ce soir… Humm succulent vraiment… Les plaies de Rabb sont suffisamment cicatrisées pour supporter l’intervention… C’est des fèves d’arachnides par ma barbe ? J’adore ça ! »

« Au potage d’baies cacaotées ! »

« Je comprend… Mais Lucky n’écoute en rien ce que nous pouvons lui dire, il veille jour et nuit et n’autorisera jamais que vous touchiez Rabb… Il reste du bouillon ? »

Essuyant sa barbe blanche dégoulinante de sauces, Santa demeurait pensif en posant son regard sur Rudolphe qui soufflait dans son bouillon pour en faire buller le gras. Donor avala le sien d’un trait et se saisit d’une assiette fumante qui était disposait en coin de table.

« Bon… Je l’amène à Garou, on réfléchira plus tard. »

Alors que le professeur s’éloignait Scoumoune esquissa un large sourire.

« C’tout réfléchis… Gihihi… »




Dix minutes plus tard.


Poussant la double porte battante, Jinx sortait de la pièce où le lapin géant et son ami ailé résidaient, il se frottait ses énormes sourcils avec lascivité. Déboulant dans la pièce commune, il s’assit face à une tisane fumante qui lui était vraisemblablement destinée.

« Lisa… Une explication ? »

« J’vais pas m’justifier non plus ! Poisse et peste ! »

« Par les bois de Rudolphe ! Qu’est-ce qu’il se passe ? »

« Lucky ronfle comme un gamin de cent ans »

« Un peu de somnifères n’a jamais fait d’mal aux têtes d’lards ! »

« Empoisonné par notre propre cuisinier ! »

« J’suis cuisinière d’mes genoux ! J’fais la popote parce que j’suis la seule à savoir faire une tambouille convenable dans s’te compagnie ! Mais moi j’suis une sorcière, une vieille aigrie ! C’compris face de grisbis ?! »

« Allons, allons… Au moins le problème est réglé par ma pipe ! J’vais aller installer monsieur Garou dans un lit et préparer la salle… J’ai néanmoins un service particulier à vous demander »

« Je vous écoute ? »

« J’ai quatre clients en début de soirée que je dois expédier sur Dead End, tous les calculs sont dans mon carnet, il suffit juste d’entrer les coordonnés dans la machine. Vous pourriez le faire ? »

« Bien sur, mais les clients ne vont pas être inquiets de ne pas vous voir ? »

« Oh ! Ils ne m’ont jamais vu, j’ai reçu le règlement par escargopaiement »

« Eh bien c’est le moins qu’on puisse faire je crois ! Héhé ! »


Sur ceux, Snow quitta la pièce accompagnait de près par son renne foldingue, Jinx ouvrit une petite boite posée près de l’âtre et en sortit un cigare qu’il alluma à l’aide d’une braise. Lisa, quant à elle, entamait le nettoyage des assiettes avec l’aide de Peuleu qui semblait prendre plaisir à essuyer les plats que la sorcière lui passait. Félixia s’occupait de ranger les ustensiles propres dans les différents compartiments d’une armoire métallique imposante. Soudain, la féline guigne porta poisse au meuble qui se fissura en sa base jusqu’à la dernière étagère inaccessible. D’un gros œil, Jinx observa la scène devenue quotidienne. L’armoire vacilla et dans un strident bruit de tôles, elle s’effondra.

Virevoltant comme un flocon de neige, une petite feuille plana dans les airs et se déposa aux pieds de Jinx. Notre protagoniste la toisa du regard, Lisa lança à son tour un coup d’œil par-dessus son épaule et ils échangèrent un regard complice. Arrivant en se frottant le bonnet, Santa s’attendait encore à un nouveau désastre, mais le regard entendu des deux compères l’invita à s’assoir autour de l’âtre fumant.

« Par mes souliers… Il est temps de vous raconter certaines choses je crois… Humm ? »

« C’est votre femme, votre fils et Rudolphe ? Je me trompe ? »

Donor présenta la photo où l’on pouvait voir un homme fort aux cotés d’une jeune femme aux cheveux blonds et d’un rondelet gaillards d’à peine quatre hiver ainsi qu’une petite boule de poiles à la truffe rouge et au strabisme important.

« La famille Snow au grand complet en effet monsieur Donor… Je suis en effet ici pour canonner les gens, mais ce n’est pas ma seule attente… Ma femme est partie avec notre fils il ya dix ans… C’était une période de notre vie où il valait mieux pour eux fuir d’anciennes menaces qui menaçaient de nous retrouver. Je ne peux pas bouger d’ici monsieur Donor, s’ils devaient revenir, je serais là pour eux… Pour eux… Par ma… »

« Vraiment désolé de remuer ses vieux souvenirs mon bon ami… Ils reviendront assurément ! La chance est mon rayon ! »

Le regard perdu dans ses souvenirs, Santa remit machinalement la photo dans sa pochee et en ressortit son carnet de calculs qu’il confia à Jinx. Puis, sans un mot, son imposante bedaine franchit le pas de la porte et il fila dans la salle d’opération. Lisa racla bruyamment sa gorge en défripant sa robe.

« C’est bon Lisa, on se passera de tes commentaires. Il fallait bien que nous sachions à quoi nous en tenir »

« T’sais très bien mon vision des choses vieil bûche, il faut qu’Garou soit du même avis d’nous… »

« Humm… Nous en reparlerons en temps voulu… Allons nous reposer d’ici là, nous avons notre premier envoi ce soir ! Héhéhé »

« Les pauvres ! Gihihi ! »


C’est sur ce mystère que le narrateur tiendra jusqu’au terme de cette histoire, que nos quatre amis s’endormirent le ventre comblé et la tête pensante, près du feu crépitant et non loin de la couche de Garou qui ronflait contre son gré tandis que son plus vieil ami subissait une opération de la main assurée de Snow et des bois sculptés de Rudolphe.
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Début de soirée, lune montante et flocons humides. Sur le mont au canon.



Enroulés dans des doudounes et cachés derrières de grosses écharpes, les quatre clients pour Dead End ne devaient pas être arrivés depuis bien longtemps, les traces de pas qui les avaient menées jusque là n’étaient pas encore recouvert de poudreuse. C’était quatre physiques atypiques, le premier cachait un tarin imposant pourvu d’une longue moustache noirâtre qui arrivait à la même hauteur que ses cheveux, une allure de mauvais garçon près à sourire aux mauvais coups. Un second quant à lui était immense, une armoire pourvu d’une barbe blanche tressées en son bout que son écharpe peinait à dissimuler. Vraisemblablement l’allure d’un meneur, le regard sévère et le front plissés de colères latentes. Plus en retrait l’on pouvait apercevoir deux hommes aux traits tirés, non pas par la vieillesse mais par leurs origines. Moins vêtus que les autres et bien plus alertes, à peine les retraités des chats noirs étaient rentrés dans leur champs de vision qu’ils s’étaient tout deux redressés. Le plus grand portait un chapeau pointu des steppes froides et inhospitalières de North Blue et le plus trapu laissait ses cheveux gras battre les flocons gelés du climat local. C’est le moustachu qui fit entendre en premier le son de sa voix.


« Foutu froid de dingues ! »

Retirant une de ses moufles pour tendre la main vers celui qui venait d’ouvrir sa mouille, Jinx se fit des plus cordiaux. Peuleu quant à lui semblait montrer les chicots dans un grognement proche de l’appel escargophonique.

« Un temps pour les yétis ! Et encore il n’y a pas de vents ! Vous êtes ici pour l’envoi je présume ? »


Ce fut cependant le gros qui empoigna avec force la main tendu du professeur, faisant rouler les phalanges du vieil homme dans sa tenaille.

« Vous n’êt’ pas le canonnier mon gaillard, Ja ? »

Écartant la poigne qui l’étreignait en ouvrant ses doigts prisonniers, Jinx répliqua avec le sourire d’un instituteur qui se veut des plus sincères.

« Son remplaçant »

Ponctuant la réplique, Lisa envoya un mollard dans la neige qui fondit dès l’impact avec la glaire violâtre. Ce qui souleva un mouvement d’approbation respectueux de la part des deux ridés du fond.

« Arh… C’est dommage, nous pensions le connaitr’… Da ! »

« Combien de temps durera le voyage monsieur l’remplaçant ? »

Dégageant définitivement sa main du piège doigté, Donor piocha dans son blouson le carnet de calculs de Santa et le feuilleta en tenant d’une main ses monocles.

« 27h43 minutes très exactement. »

« Da… Rapide… »


Se plaçant derrière le système d’engrenages et de boutons, Jinx commença les réglages en suivant méticuleusement les informations du carnet.

« J’vais vous installer m’sieurs, si ces m’sieurs veulent bien s’donner la peine »

Ca sonnait faux. Voilà ce qu’il fallait entendre.

« Bande d’gros porcs à cochonnailles, bouger vous l’miche par les pustules d’une nonne d’l’enfer »

Chaque bonhomme s’installa confortablement, le gros russe à barbe rentra son imposant sac à viande pour qu’il ne bloque pas l’embouchure du canon par lequel il allait être éjecté et les viet’ se glissèrent eux aussi sur le siège. La machine envoyait les clients un par un à la manière d’une mitraillette. Les sièges venaient se plaçaient un par un devant l’embouchure du cylindre et c’est par un système hydraulique que les bonshommes s’envoyaient en l’air. Bouclant la dernière sécurité, Scoumoune lança un signe de tête approbateur à Jinx qui lui rétorqua un regard paniqué. Discrètement, la sorcière de la guigne s’approcha de son compère.

« Qu’est-ce qu’il ya vieux tronc ? »

« Pshh… Le carnet… »

Insistant pour qu’elle pose son regard dessus, Donor ouvrait bien largement la précieuse mine d’informations calligraphiées. Les pages n’étaient plus qu’une baveuse mare d’encres où quelques données apparaissaient de ci de là.

« Par l’cul d’un chien, qu’est-ce que t’as biché ? »

« Parle moins fort bécasse ! C’est tout à l’heure quand je l’ai ouvert, un flocon gros comme mon poing est tombé dessus… C’est quoi ça, un 2 ou un 7 ? »

« Entre un 2 et un 7, y’a un monde ! C’t’un 8 »

« Et crotte »

« Ya un problem’ monsieu’ remplaçant, Ja ? »

« Pas du tout ! Pas le moindre du monde ! Héhéhé… Ils vont nous tuer Lisa… QU’EST-CE QUE TU ??! »




BOOOOOOOOAAAAAAAAAAM
BOOOOOOOOAAAAAAAAAAM
BOOOOOOOOAAAAAAAAAAM
BOOOOOOOOAAAAAAAAAAM




« Et v’là »

« Par le saint esprit et les muses de l’ancienne dynastie, sais-tu au moins où ils sont allés ma bonne amie ? »

« Ouep’… 98-45-789-63 »

« Héhéhé… Santa va nous tuer ! »


Jinx sortit de sa poche son mouchoir en tissu afin de réprimer un reniflement menaçant, mais un morceau de papier en tomba dans le même élan.

« T’as fait tomber la liste des 50 primés papi »

Tout en sa baissant pour ramasser la liste, Lisa balada son regard sur le bas de la feuille qui était généralement pliée. Son cœur cessa de battre un instant et ses rides de vieille grisée se noircirent un peu plus. Le doigt sur le bas de la feuille, elle tendit le tout à Jinx.

« Y t’disent rien ? »

« PAR JOSEPH ET SES FILLES ! »






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CLING PAF


La grosse porte d’acier frappa avec force, Jinx, Lisa et les deux autres compagnons venaient de pénétrer dans la grande salle du laboratoire. Essoufflé et en âge, ils s’enfilèrent une grande rasade de chocolats et c’est Jinx qui lâcha le premier mot.


« SNOW ! »


Déboulant en s’essuyant ses mains pleines d’huiles, le bon vivant lâcha un rire gras en voyant les trognes détrempées de la compagnie.

« YOHO HO HO ! Vous en faîtes une tronche par ma barbe ! YOHO HO HO ! L’envoi s’est bien passé au moins ? »

« Y sont bien partis, mais deux choses l’une : c’des brigands primés et 98-45-789-63 »

« 98-45… Par mon bonnet ! Boyn ! L’île des plantes ! Eh bien eh bien… »

« Nous devons les retrouver, comment vas Rabb ? »

« L’opération s’est bien passée, mais il ne s’est toujours pas réveillé… »

« Je n’ai aucun doute sur son rétablissement, je dois prévenir Garou de la situation »

Filant vers le couloir des chambres, Donor réapparu aussitôt la mine pincée.

« Et bien vieil buse ? »

« Il n’est plus là… Sacré centenaire… »

Ouvrant la porte du vestiaire de sa mandibule rose, Peuleu grommela dans sa gelée.

« Bien vu mon vieux… Il manque une doudoune et son parapluie… Cet imbécile d’emplumé se lance dans une Vendetta ! Lisa prend ton arme, qui sait depuis quand cet énergumène est parti ! »


Enroulant son écharpe rouge autour de son cou, Santa prit une arme étrange en bandoulière et poussa la porte d’acier en précédent Jinx.

« Je connais cette île comme ma poche, sans nous, vous n’avez aucune chance ! Hein mon Rudolphe ! »

Le renne venait de passer d’un coup de bois deux sacoches sur ses flancs, il fila à la suite de son maître.
Le vent sifflait avec force, la faible pâleur du premier croissant de la nouvelle lune ne permettait pas de différencier un sapin d’un rocher, si bien que tout le monde suivait le gros faisceau de lumière qui venait d’un étrange instrument que Santa avait sorti d’une sacoche. Les flocons venaient s’écraser sur les monocles du professeur et les cheveux grisâtres de Lisa, la compagnie avançait en courbant l’échine et serrant la fourrure qui la protégeait du froid. C’est que c’est fragile des vieux.


« IL Y A UN BOSQUET NON LOIN MONSIEUR DONOR, NOUS AURONS PEUT ÊTRE LA CHANCE DE VOIR UNE DES BÊTES DE VEGAPUNK ! »

« NOUS VOUS FAISONS CONFIANCE MON AMI ! »

Le bosquet en question était une crevasse entourée de hauts sapins et d’une plaine enneigée en son centre, Snow emprunta un petit chemin qui se matérialisait au moyen de caillasses qui pointaient depuis l’épaisse poudreuse blanche. Sa lampe puissante frappait de sa lumière jaune les morceaux de givres qui tombaient du ciel, ce qui projetait d’énormes ombres sur les pins bicentenaires. Soudain le couloir de lumière se refléta sur une pointe argentée qui scintilla dans le coin du regard de Donor. La pointe du parapluie de notre vieil ange, seul sa main tenant le pommeau était encore visible.

« GAROU ! »

Battant le vent avec force, Jinx doubla Santa et se jeta au sol pour dégager la neige qui recouvrait déjà le vieux Lucky qui ne portait plus si bien son nom depuis quelques temps. Le sang maculait un important périmètre autour de son corps, des traces de combats et plusieurs longues trainasses aux alentours étaient encore visibles. Les ailes grisâtres de Garou étaient givrées et tâchaient d’un rouge sanguin inquiétant. Tapotant sur les joues bleutées de son ami, Jinx parvint à le réveiller et le vieil homme lâcha l’un de ses sourires éternels.

« Zahaha… keuf… Mon vieil ami… J’ai été une z’acré tête de mule hein ? Zahah… »

« Mais non mon ami, un vieux con tout au plus ! Héhé »

« Ils z’ont nombreux, z’oyez prudent… Keuf »

Baladant son énorme lampe aux alentours, Santa remua sa barbe pour en faire tomber une masse impressionnante de neiges.

« Par mon écharpe, c’est mauvais… Ils ont vraisemblablement trainés les bêtes que Garou a battu hors de cette zone… Ils cherchent à nous piéger dans cette cuvette, l'ange était l’appât ! »

Frappant la neige de la pointe empoisonnée de son arme, Lisa lâcha un rire strident entre ses dents.

« Qu’ils z’y viennent ! GIHIHIHIHIHI ! »

Les griffes de Félixia s’enfoncèrent profondément dans la poudreuse et ses poils se hérissèrent jusqu’à une fois et demi sa taille, Peuleu Peuleu se hissa sur l’épaule du professeur, Rudolphe se campa sur ses appuis et Snow prit en main son arme, le canon pointait vers un bosquet au Sud. Le groupe formait un cercle parfait autour du corps ensanglanté de Garou.


PIUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUU


« LASER ! »

Un rayon de protons ou de nucléons ou d’un autre truc en –on qui fait scientifique, fila droit sur la tronche de Lisa qui se décala d’une roulade maladroite sur la gauche. Le lanceur de l’attaque était un loup aux clavicules robotiques qui bondit en direction de la septuagénaire, Félixia fendit l’air avec vitesse pour venir perforer la membrane de peau de l’animal. Puis ce fut la grande débandade robotique dans le vase où nos amis étaient piégés.

Par vagues de trentaine d’animaux cybernétiques, les assaillants déboulaient comme échappés d’un zoo. Les mains de Jinx se tendirent face à lui et une salve de chats noirs lumineux en bondirent dans toutes les directions.

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Les ondes félines traversèrent les hordes de chairs et d’aciers, certains perdirent des rouages, d’autres se visèrent à coups de lasers par erreur tandis que certains tombèrent et se firent écraser par leur congénère.

Le professeur restait fixe sur ses appuies et envoyait ses chats noirs sur chaque animal qui se présentait à lui, esquivant avec énergie les quelques lasers qui filaient vers lui mais que la nuit trahissait.

>> Mitraillette <<

La curieuse arme de Santa tirait des rafales de balles d’acier qui venait s’enfoncer durement dans les parties charnues des attaquants. Les bois de Rudolphe envoyaient valser dans les airs les renards, lapins et autres bestioles partiellement robotisées qui lui montraient les crocs.

« HO HO HO ! Comme en 15 Rudolphe ! Par mes lunettes ! HO HO HO ! »

La pointe acérée de l’ombrelle virevoltait comme une abeille qui cherchait où enfoncer son dard, la fine lame trouva finalement un premier primate qui se retrouva recouvert de pustules, ce qui provoqua la raillerie de ses compères. Un second se vit piquer à la jambe si bien qu’elle devint aussi gonflée qu’un régiment de saucissons et les griffes meurtrières de Félixia finissaient le travail.
Petit à petit, le vallon devint un monticule de ferrailles et pourtant les animaux déboulaient toujours plus nombreux depuis les profondeurs de la forêt d’épines.

« Ils arrivent toujours plus nombreux monsieur Donor ! Les généraux ne sont pas encore de la partie, s’ils tardent trop nous risquons de ne plus être en mesure de les battre ! »

« Il faut donc les provoquer ! »

« Laissez faire ! HO HO HO ! »


Plongeant sa main dans une des sacoches de Rudolphe, il sortit une boule d’acier qu’il lança avec force dans la poudreuse déjà huilée et ensanglantée. Le mini-système de ferrailles s’ouvrit et un son strident s’en échappa avec force.

FRIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII

Le tintement électronique fit vibrer l’acier et couiner les mécaniques animales, bientôt boulons et plaques soudées sautèrent comme des puces qui quitteraient le corps qu’elles parasitaient. Les assaillants se précipitaient vers les bois en quête d’une atmosphère moins bruyante et moins déboulonnant.

« L’onde sonore est réglée sur la fréquence de l’acier ! Les habitants ont appris à se défendre par ici ! HO HO HO !! Profitons-en pour… »


FRIII PSHUWING !


Un bras grisé de métaux vint percuter l’engin dans une gerbe de neige impressionnante, une énorme paire de narines vint renifler les déchets de la boule en miette et le regard de la bête simiesque plongea dans celui de Lisa. A la gauche de Santa, un arbre plia jusqu’à sa base, un panda aux bras cybernétiques en tomba lourdement. Puis le sol vibra et trois arbres se couchèrent, un exosquelette blanchâtre doté d’un primate en son cœur se fixa à une trentaine de pas de Jinx.

« Les voilà… »



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Les narines de l’imposant gorille envoyaient des vapeurs chaudes qui s’élevaient à plusieurs mètres de haut, une vraie soupape à poils et à vis. Lisa cracha au sol en se grattant l’imposante pustule qui trônait en reine sur son pif disgracieux, elle lança une petite tape au cul de Félixia du bout de son parapluie.


« On s’fait l’primate ma poule »

« Frr ! »


Le simiesque opposant prit une impulsion hors-du-commun et souleva une nappe de neige qui recouvrit un large périmètre. Lisa déplia son ombrelle pour se protéger des gerbes blanchâtres, le souffle strident du vent sifflait dans ses oreilles et lui faisait courber l’échine. La sorcière de la compagnie laissa courir son regard au-delà de son arme et elle n’apercevait déjà plus son adversaire, Félixia grognait comme le caniche félin qu’elle était. Soudain, un tintement de mécaniques percuta son tympan et les deux regardèrent au-dessus de leur trogne, le poing du gorille vint fendre l’air et les envoya valser toutes deux dans la poudreuse à treize pas de là. Le primate chargea vers les corps sonnés et d’un balayage du poing, il concassa le corps de Félixia contre un sapin. Une nappe de neige se décrocha du conifère et recouvrit entièrement le corps du félin.

Une pointe lumineuse brilla au-dessus du gorille, le regard bleuté de Scoumoune tachait l’espace comme l’œil d’un diable au paradis. Elle enfonça la pointe de son arme en direction du corps robotique, mais elle se figea dans le métal de l’animal, d’un tour de reins, le gorille percuta de son poing la mâchoire de la sorcière. Le dentier de Scoumoune vola à plusieurs mètres, la vapeur chaude du souffle de son opposant lui heurta le cou et elle sentit ses cheveux qui lui tiraient le crâne. La poigne d’acier venait de lui saisir son épaisse tignasse argentée et l’envoya percuter une butte de neiges qui devint vite plus maculé de sangs que les premières menstruations d’un cétacé.


****


Le mâchouillement incessant du panda tapait sur le système de Rudolphe, l’animal se boulotait les épines givrées de l’arbre dont il venait de descendre. Santa était entrain de recharger sa mitraillette avec le plus grand des calmes, il épiait du coin de l’œil la mine lascive de son adversaire. Le panda cybernétique était avachi sur son gros derche et entamait sa seconde branche avec tout le zen lié à cette espèce.

« YOHOHO ! Satané Panda ! On ne le connait que trop bien pour savoir qu’il n’est pas aussi doux qu’il n’y parait, par mes chaussettes! Hein mon Rudolphe ? »

« Yagouu ! »


>>> Mitraillette <<<

RATATATATATATATA PLING PLING PLING PLING PLING


Les balles fusaient à intervalles rapides depuis l’embouchure de son arme d’acier, Santa avait son bras tatoué qui vibrait à mesure que les bastos filaient. Les balles vinrent percuter le bras métallique du mangeur compulsif sans créer la moindre égratinure. Une fois la salve passée, il arracha une nouvelle branche et se l’enfila aussi net. Snow lâcha un juron festif, du genre « par ma guirlande », et plongea sa main dans la sacoche de Rudolphe pour en extirper un accessoire loufoque qu’il vissa sur l’embout de son arme.

« On passe au niveau supérieur »

>>> Lance Patate <<<


POOOW

Une rocket fila droit sur la tronche du gros bouffeur, un scintillement naquit dans son œil gauche et un laser vint réduire le missile en une épaisse fumée. Traversant la fumée, Rudolphe fonça sur le panda et l’enfourcha de ses bois. D’un mouvement de tête, il fit voltiger la carcasse de l’animal à une dizaine de pieds.

PIUUUUUUUUUU

Un laser fendit l’air depuis les astres, le goinfre blanc et noir venait de cibler la bedaine de Snow. D’un
saut sur le coté, il esquiva l’attaque et renchérit en armant une nouvelle tête explosive dan son arme avant que l’animal ne retombe au sol.

« Bouffe toi celui… »

PIUUUU

Un nouveau laser se refléta dans la nuit noire et les yeux de Santa s’écartelèrent à mesure que le rayon de lumière courait vers lui. Un coup sur sa hanche droite le fit bouler dans la neige, Rudolphe venait de déporter son ami d’un coup de bois. Le laser fendit l’épaule du gibier dans une gerbe d’étincelles impressionnante.

« NOOOON ! »


SBOOAAAF


Le corps du panda retomba lourdement au sol près d’un des arbres tombés lors des combats. Ses gros bras robotisés entourèrent l’une des carcasses de bois et il l’envoya sur Santa qui s’occupait déjà de l’état de son foldingue ami.

« RUDOLPHE ! Par ma barbe !... ET TOI ! DÉGUAGE ! GNEUH ! »

Le poing de Snow frappa le projectile et le fendit en deux, les rondins roulèrent dans la poudreuse blanche de Bulgemore. Le combat s’engageait avec une hargne toute particulière.


****


« C’est un singe au milieu de ce chantier de tuyaux ? On n’arrête pas le progrès ! Mon petit Peuleu, si les singes étaient plus grands, ils domineraient le monde ! Héhéhé »

« Peuleu’p ! »

La masse rosâtre supportait relativement bien le froid depuis quelques temps, l’escargophone croqueur du fruit du gadget était devenu un véritable bloc de gelée à la forme changeante et à la structure incassable. Face à eux se dressait une masse de ferrailles ultrasophistiqué à l’allure simiesque articulait par les pattes d’un primate d’à peine un mètre trente. Le spationaute, le singe de l’espace, posait son regard calculateur sur tout ce qui se passait aux alentours. Les animaux qui avaient formé le premier assaut étaient maintenant positionnés aux alentours et observaient la grande scène. Singos le savait pertinemment, il pouvait perdre sa place de grand chef à chaque moment et les sous-fifres ne se privaient pas de s’abstenir quand une évolution sociale était envisageable.

Les pattes articulées de la machine se saisirent de deux des trois arbres écroulés, un dans chaque, Singos tourna sur lui-même d’un large tour et envoya les troncs en pleine direction des deux opposants.


GOGO GADGETO BANCO

Une onde lumineuse verte traversa Peuleu et celui-ci se transforma en l’objet exact de la situation.


ROOOOON RON RON RON (bruit d’une tronçonneuse)


De deux superbes saltos retournés, la bestiole tronçonna sec les deux arbres qui retombèrent aux cotés de Jinx. Le retraité se tenait debout les mains sur l’encolure de sa doudoune, son regard de vieux syndicaliste, non je déconne plutôt mourir que rentrer dans un syndicat, scrutait les mécaniques de l’opposant.

Soudain un énorme flocon de la taille d’un ballon tomba juste devant son champ de vision, le temps qu’il touche le sol, Singos avait déjà disparu. La seconde d’après, une boule de neige de trois mètres de diamètre entartra le professeur en pleine poire et notre homme s’étala comme une vieille crêpe sur le sol. Une nouvelle boule de neige, plus petite cette fois-ci, fila depuis un endroit inconnu en plein sur Peuleu qui glissa sur la nappe de neige pour esquiver le projectile. Se relevant en frottant ses cheveux enneigés, Donor esquissa une moue agacée.

« Je n’ai plus l’âge pour les batailles de boules de neige »

D’une main, il entrouvrit sa doudoune pour en saisir le Sept de Treize, le fameux pistolet à recharge unique de guigne. Il plaça dans le creux de l’amorce un flacon de poisse concentrée et arma le chien de son arme, ses yeux de filous scrutaient la lisière de la forêt en quête de son ennemi. Soudain la petite bestiole rose se mit à grommeler à la manière d’un coup d’appel escargophonique, le bois de la forêt craqua dans le dos de Donor et à peine eu t-il fait volte-face que le poing énorme de Singos lui explosa la face dans une gerbe de sang explosive. Une seconde main vint lui saisir une jambe et l’envoya voler dans les astres enneigés, le son inquiétant d’une minuterie perça la tension du combat quand le primate tendit son bras vers Jinx comme s’il le visait. Le scintillement d’un laser se refléta dans la faible clarté lunaire et le coup partit vers le corps de notre bon héros qui se le prit en pleine cuisse. Retombant au sol dans les bras gélatineux de Peuleu, Donor Jinx venait de se faire enchaîner.


Sale temps pour les vieux.


Dernière édition par Pr Donor Jinx le Lun 31 Déc 2012 - 18:03, édité 2 fois
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« Keuf Keuf… Petit salopard d’mes g’noux… Keuf… »


Tout en prenant appui sur son ombrelle, Miss Scoumoune se relevait de cette décousue dans les règles. L’imposant Gorillos qui lui faisait tête n’était qu’un ramassis de puissance sauvage et de technologie bourrine, un outil de frappe aussi cognant qu’insensible. La sorcière se débarrassa d’une perle de sang qui coulait de son pif ratatiné, son jupon n’était plus qu’une toile figée par le gel et maculé de rouge sanguin.

Face à elle, le primate bionique martelait le sol tout en décrivant un périmètre bien large, vociférant comme un mâle qui fait son show sous les cris bestiaux de ses congénères spectateurs qui venaient de comprendre que la place de bras gauche de la forêt ne serait pas à pourvoir cette nuit. Lisa lança un coup d’œil sous le tas de neiges où Félixia s’était faite enterrée, elle clopina vers le tombeau de poudreuse et en dégagea la froide matière blanche. Derrière elle, le gorille venait de finir le spectacle et fonça droit sur elle. Avant que celui-ci ne l’écrase de son poing, elle bloqua le coup ascendant avec tout le long de son arme, à demi-étalée sur le tas de neiges, Lisa tentait de ne pas se faire écraser.

« Frrr !! »

Tel un diable se faisant dégueuler de la cuisse du pape, Félixia surgit de la neige toutes griffes dehors et s’accrocha au visage du gorille. Le primate tomba à la renverse sur le dos et roula sur lui pour se dégager de l’agile félin qui lasserait sa gueule, Lisa saisit l’occasion pour fendre l’air de la pointe de son parapluie et perforer d’un coup sec l’épaule adverse. La lame s’enfonça d’un petit pouce dans la chair, mais c’était amplement suffisant pour infecter sa cible. Scoumoune lâcha un large sourire quand le premier éternuement retentit, le souffle expédia la chatte dans la neige aux côtés de Scoumoune. Gorillos était pris d’une série d’éternuements sauvages que lui-même ne comprenait pas, de sonores Atchoum fendait le vent glacial de Bulgemore.

« A not’ tour ma belle »

Félixia fonça vers le primate et la pointe de l’arme mitraillait les morceaux de corps qui n’étaient pas bioniques, une infime partie des coups touchaient au but, mais une infime quantité suffisait à remporter la partie.

***

Le poing de Santa Snow venait de finir contre l’acier dur de l’avant bras du panda, l’animal répondait lascivement au coup comme s’il en avait marre de se battre. Soudain Snow arma une droite qui aurait décollé la soupape d’un train aquatique, Pandos se baissa largement et il heurta, pattes jointes, le bide de notre barbu. Snow décolla et surfa du dos sur la poudreuse tout en crachant une bile rougeâtre qui entacha sa pilosité blanche. Il arriva au niveau de Rudolphe qui tentait de se remettre sur ses quatre pattes avec difficulté.

« Boarf… Par mes chaussettes, c’est un sacré animal… »

La main tatouée de Snow se plongea dans la sacoche dorsale de son compagnon et il en extirpa deux cylindres métalliques. Il se redressa en essuyant le reste de biles au coin de sa bouche et réajusta son bonnet rouge du pouce, puis tout en redescendant sa main, il effleura presque amoureusement le chien de son arme qu’il portait en bandoulière.


>>> Fumigènes <<<


Dans un large mouvement de bras, il lança ses deux cylindres en direction de son adversaire qui ne manqua pas d’activer son regard rougeâtre. Un laser fendit les flocons pour réduire en poussière les deux projectiles qui libérèrent aussitôt un épais rideau de fumées grisâtre. Santa lâcha un rire jovial et fonça dans le tas, l’œil cybernétique de l’animal permettait à notre gras ami de le repérer avec aisance. Santa lança son bras, paume ouverte, afin de saisir les premiers tuyaux métalliques que le corps de son adversaire présentait. Sa main s’agrippa à l’un deux et Snow passa dans le dos du panda en le maintenant fermement. Le canon de son arme enfonçait dans le pelage.

« Esquive celle-là »


POOWBOAAAM


***


« Héhé… Kof… Merci petit… »

Les bras rosâtres de Peuleu remirent Jinx sur pied, le professeur fit craquer ses cervicales endoloris et esquissa un rictus de douleur en examinant sa cuisse. Le singe de l’espace était en face de lui et son regard vicieux semblait fendre l’anatomie du professeur en deux. D’un regard du coin, Donor invita Peuleu à se mettre à ses côtés et l’offensive reprit de plus belle.

La masse escagophonesque se précipita à la gauche du primate, il esquiva d’un bond un premier coup de bras et un second vertical d’une roulade sur le flanc.


GOGO GADGETO


A l’indication de son maître et ami, le curieux animal se transforma aléatoirement en un filet aux mailles larges. Le primate y coinça l’un de ses poings dedans pour son plus grand étonnement. A peine eu t-il comprit la cause de cette gène que le canon du pistolet laser pointait son armure.


One Hospice - Bulgemore Jinx_a14 II

Le laser de poisse concentrée fila droit sur sa cible, mais pour le plus grand désarroi de Jinx, celui-ci ricocha sur l’armure et traversa Peuleu. Trois félins noirs s’extirpèrent de l’escargophone et celui-ci lança un regard paniqué à Jinx.

« OH LA NOUILLE ! Foutue armure polie, elle est plus brillante qu’un sous neuf ! »

La malédiction de guigne n’allait pas prendre son temps à arriver que SIngos écarta largement ses bras et étira le chewing gum jusqu’à la démesure. Le fruti du gadget permettait à son possesseur d’avoir le corps un plus caoutchouteux que la moyenne, mais pas pour autant élastique. Dans un trait de poisse, l’une des mailles du filet lâcha et Peuleu se vit propulser au-delà des pins géants tel un string qui lâche le jour des auditions.

« Poisse… »

Le plat de la main du primate galactique heurta le sol avec force et Jinx sentit une infime craquelure raisonner sous les mètres de neiges qui servaient de sol. Le primate prit appui sur son bras et se propulsa dans une vrille vers son vieil adversaire.


One Hospice - Bulgemore Jinx_a19

Le trèfle vert traversa sa poitrine depuis la paume qu’il avait plaquée contre elle, Donor venait de s’octroyer trente seconde de chances et de réflexions. D’un coup de tête en arrière, il esquiva le pied bionique et il continua ses miracles de souplesses en observant aux alentours.

Lisa Scoumoune semblait prendre plus ou moins l’avantage, la sorcière avait réussi à empoisonner son adversaire, ce qui était toujours une bonne chose. Santa venait de s’extirper d’une importante fumée grise en compressant l’un de ses bras ensanglanté et ballottant son arme fumante. Au milieu de ce manège, Lucky n’avait pas bougé d’un poil et la neige le recouvrait à mesure que le temps passait. Soudain un nouveau coup de poing, qui était destiné au crâne de Donor, s’emplâtra dans le sol enneigé et Jinx sentit une nouvelle fois quelque chose se briser. Il interpella Santa.

« SANTA ! Nous sommes dans une cuvette c’est bien ça ? »

« Peuf… Comme vous le voyez monsieur Donor ! Une cuvette au milieu de la forêt, je ne vous apprends rien ! »

« Et cela a toujours été ainsi ?! Kof ! »

« Eh bien… Par ma barbe, vous me poser une colle là… Il me semble bien avoir lu quelque part qu’un vieux lac existait dans la région… YO HO HO ! J’en informe Miss Scoumoune ! »

Se retournant vers la zone de combat de Lisa, Santa lâcha sa grosse voix.

« Miss Scoumoune ! Monsieur Donor vient de m’interpeller sur l’existence d’un lac sous nos pieds ! YOHOHO ! »

« Keuf Keuf… Peuh ! Je hais la flotte ! Gihihi ! »

L’une des jambes de Singos percuta le flanc de Donor qui se fit propulser contre les branches d’un sapin centenaire. Jinx se releva d’un bond en tendant ses mains vers le ciel, une énorme masse de lumière noire s’éleva vers l’astre nocturne.


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PIUUU


D’un bond de sa jambe valide, le général de la compagnie des chats noirs laissa le laser sur sa gauche et arma une frappe du poing contre l’armure de son adversaire.

CRAC


« AIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIE ! Bordel de cul à chiottes ! »


Sa main biscornue présentait trois phalanges qui formaient un triangle isocèle, l’acier adverse n’avait rien ressenti et la contre-attaque renvoya Donor dans le décor. Durant ce temps là, le gros félin noir continuait de s’élever dans le ciel sous le regard interrogatif des animaux spectateurs.

« Kof… Plus que quinze secondes… »

« Qu’est-ce qui dit l’aut’ ? »

« Quinze seconde ! »

« On n’arrivera jamais à les clouer au sol et s’enfuir à temps ! Peuh ! »

La sorcière était coincée entre les bras musclés de son opposant qui tentait de l’étouffer malgré les assauts de Félixia. Santa, quant à lui, mitraillait son agresseur avec les quelques balles qu’il lui restait pour le maintenir à distance.

CRAC


La seconde main du professeur venait d’y passer, l’imposant chat noir était bientôt prêt à exploser, mais si tout le monde restait dessous, ce n’était plus véritablement efficace. Le pied du chimpanzé vint lui écraser la poitrine et Donor voyait déjà ses yeux se fermer tant le souffle lui manquait.

« 10… 9… »

SBOAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAM

Une bruit métallique raisonna jusqu’au fin fond de la forêt, l’énorme carcasse qui écrasait le poitrail de Jinx vacilla, puis s’écroula. Le scaphandre de l’animal était brisé en plusieurs morceaux et son occupant complètement sonné. Réajustant ses monocles, Jinx plissa ses yeux pour observer la tête de son sauveur et c’est la voix zozotant d’un ami qui venait de se réveiller qui lui donna l’élément de réponse.

« ZAHAHA… En voilà une belle patte… Mon vieux Rabb… Zahaha… »


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De toute sa puissance de Lapin des Neiges, Rabb était de nouveau fringuant et opérationnel. S’articulant en bas de son bras droit, une poigne impressionnante de ferrailles occupait maintenant la place de son membre défunt. L’opération du génie de Bulgemore était une jolie réussite et la force de frappe du lapin avait sans aucun doute triplé. Rabb était selon toutes vraisemblances devenu un : Lapin Géant des Neiges Cyborg. La classe, ca méritait pleins de majuscules.


« 5 secondes ! »


D’un coup de boule arrière, Scoumoune explosa le pif de l’adversaire qui la maintenait par-derrière. L’étreinte se relâcha un tantinet, ce qui suffit à Félixia pour passer entre les jambes de l’animal et lui entailler largement les 5 centimètres de virilité qui pendouillaient entre ses jambes. L’animal posa genoux à terre en se tenant mécaniquement, si l’on put dire, les roubignoles.
Dans le même élan, Rudolphe bloqua un coup de pattes monstrueux de ses bois solides, ce qui laissa le temps à Santa pour farfouiller dans le fond de sa besace et en extirper un cylindre d’acier similaire aux fumigènes.

« FERMEZ LES YEUX PAR MON SAINT SLIP ! »

>>> Flash Bang <<<


La grenade cylindrique frappa le crâne du panda qui venait de se faire expédier à dix pieds de là par la force de traction du renne. L’ustensile explosa en un halo de lumière qui rendit aveugle l’ensemble des spectateurs ainsi que la principale cible.

Dans un vrombissement général, les animaux chargèrent à l’instinct en direction des retraités dans le but unique de devenir calife cybernétique à la place du calife cybernétique.

« MAINTENANT ! »

RABBIT GONG


Le poing du lapin perfora le sol enneigé et une craquelure se répercuta sous les pieds des chats noirs pour le plus grand plaisir de Jinx. C’est ce moment que l’énorme onde lumineuse décida d’exploser en une centaine de chats noirs galopant vers le sol. D’un bond, Rabb s’extirpa de la cuvette avec Lisa et Félixia sous la patte et Garou et Jinx sur le dos. Rudolphe chargea dans la masse en envoyant d’un coup de bois l’imposante stature de Santa par-delà la lisière. Les félins lumineux se mirent à pleuvoir sur les animaux amassés par centaines dans la cuvette, une malédiction pour tous et les poules seront bien gardées comme qui dirait.

VRRRBRRRRRRRRRR

Le sol vibra, craqua et finalement céda sous les pattes bioniques laissant entrapercevoir l’un des plus vieux lacs de toute l’histoire de Bulgemore et la plus grande noyade non-surveillée de l’histoire animalière.


Haletant comme un goujon, Jinx lançait des regards aux alentours.

« Où est Peuleu ? Pff Pff… »

Lucky ouvrit le sac à dos de Rabb et en sortit le chewing-gum inconscient qu’il déposa dans les bras de Donor.

« Rabb a dû le trouver en arrivant ! Zahaha ! »

Puis, tranquillement, le groupe de retraités s’installa sur la plage de neige avec chacun un cigare dans le bec. Quelques cadavres flottés, les plus légers, d’autres se débattaient encore à la surface de l’eau.

« C’est un charmant endroit n’est-il pas ? HÉHÉHÉ»

« ZAHAHA »

« YOHOHO »

« GIHIHI »


***


Deux jours plus tard, salle principale du laboratoire de Santa.


Une bonne odeur de chocolat embaumait la pièce, le vent froid qui avait poussé de gros flocons depuis plusieurs jours s’était calmé. Jinx et le reste de la compagnie venait de retirer leurs bandages et demeuraient silencieux en noyant leur regard dans le fond de leur bol. Un bruit d’acier qui claque annonça l’arrivée de Santa dans la pièce et son rire joyeux brisa la monotonie qui venait naturellement s’installer.

« YOHOHO ! Vous tirez une de ces têtes par ma pipe ! »

Tout en frottant ses larges sourcils, Jinx expira longuement et sortit de sous son siège un morceau de tissu noir qu’il déplia avec soin.

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« Je vois… »

Tout en bourrant sa pipe, santa retira son bonnet rouge de sa tête et se servit un grand bol de chocolat chaud. Rudolphe s’installa à ses côtés en se blottissant contre la jambe de son ami. Jinx se dérida en entamant le débat.

« Nous l’avons découvert avec Lisa dès la première semaine par accident… Vous savez que nous sommes sur Grand Line pour mettre sous les verrous 51 primés sous ordre du gouvernement, Hum ? Lisa a été la première à mettre un doigt sur votre identité mon bon Snow… »

Le doigt de Donor se plaça alors sur la tête d’un des primés de leur longue liste déjà quelque peu griffonnée.


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« Nous avions déjà découvert que la liste présentait quelques anciennes têtes primées… Rassurez-vous mon bon ami, vous ne risquez rien, nous sommes tous d’accord sur ce point ! »

Une grosse nappe de fumée s’échappa des narines de Santa, il caressa sa longue barbe blanche et reposa sa pipe.

« Bien, bien… Je vous avez dis que j’étais venu m’installer ici avec ma femme et mon fils pour fuir certaines menaces… Le gouvernement en était une et les gens de votre espèce une autre… Je suis Santa Snow, ancien capitaine pirate des Steamers primé à 35 millions de Berrys ! Par mes poils que j’ai pu regretter cette période de ma vie depuis que l’amour m’a frappé ! Nous nous sommes installés ici dans le plus grand des anonymats, mais la chose a finie par se savoir et elle est partie avec mon fils par sécurité… »

«Mais capitaine ca veut dire navigateur ? »

« De mon temps, surement le meilleur ! »

« BOUDIOU ! SNOW ! Devenez un chat noir ! On a besoin d’un foutu vieux qui sait reconnaitre son bâbord de son pied de porc !»

« YOHOHO ! Et dire que je viens de vous avouer un lourd passé, vous ne retenez que ça ! YOHOHO !... Mais plus sérieusement mes amis, ça m’est impossible, j’attends ma famille ici… Comprenez-moi… »

Pensif, Lisa et Lucky observait la scène de recrutement avec un sourire en coin. Rabb posa son gros poing sur la table tout en déposant une horloge face au professeur.

« Exact, il est l’heure n’est-ce pas ? »

« Par mes lunettes, c’est bien vrai ! L’heure de vous transférer sur Boyn ! Mais avant ça… »

Santa se leva d’un seul homme et ouvrit son placard pour en sortir le parapluie de Lucky Garou, le vieil ange se leva intrigué.

« Cher Lucky, nous ne sommes pas partis du bon pied… Permettez-moi ce présent ! »

D’un coup sec, Snow planta la pointe du parapluie dans une orange qui siégeait dans une coupole au centre de la table. Le fruit gela instantanément et devint aussi froid et cassant qu’un bloc de glace.

« J’ai équipé votre arme d’un bâton gelant, invention des scientifiques de Bulgemore ! »

Tout en saisissant son arme, Garou enlaça le bide de Snow en ricanant dans un zozotement amical.

« Zahaha ! Z’est moi qui devrait vous z’offrir quelque choz’e Z’now ! Zahaha ! Merz’i de ma part et z’elle de Rabb ! »

Comme pour ponctuer sa phrase, Rabb enlaça les deux hommes de ses larges pattes de lapin. Une belle scène qu’un homme ne peut voir qu’une fois dans sa vie, assurément.


***


Deux heures plus tard, Canon de Bulgemore.

Clic


La dernière ceinture était bouclée. La brochette de chats noirs était prête à prendre son envol, Santa était derrière son clavier de boutons prêt à envoyer voler tous ce vieux monde.

« Je vous souhaite à tous une belle route ! Vous en avez pour 8 heures de transport avec d’excellentes conditions de projections ! YOHOHO ! »

Jinx tremblait comme une feuille, il déboutonnait et reboutonnait sa redingote indéfiniment.

« C’est plus de mon âge, c’est plus de mon âge, c’est… »

« T’viens pas avec nous l’gros ? »

« Miss Scoumoune, mon fils et ma femme ne doivent pas trouver le laboratoire vide s’ils devaient revenir… Et Rudolphe ne connait que cette île ! Je ne…»

« Imbécile »

« Hein ? »

« Imbéz’ile »

« Moi ? »

« Ouep gros tas ! ‘Bécile»

« PAR MA BARBE ! JAMAIS ON NE TRAITE UN SNOW D’IMBÉCILE ! »


D’un mouvement sec, il frappa le gros bouton rouge de son poing.

BOOOOOOOAAAAAAAAAM

« Héhéhé !!! »

BOOOOOOOAAAAAAAAAM

« Peuleu !!!!!! »
BOOOOOOOAAAAAAAAAM

« GIHIHI !!! »
BOOOOOOOAAAAAAAAAM

« FRRRR ! »

BOOOOOOOAAAAAAAAAM


« ZAHAHA ! »

BOOOOOOOAAAAAAAAAM

« GROUMPF !! »

« Imbécile, imbécile ! Moi ?! Attendre ma femme et mon fils ! Imbécile ça ?! Dix ans que j’attends et ce serait imbécile ! Comme si c’était la mauvaise attitude que d’attendre plutôt que de les chercher ! Comme si j’avais perdu dix ans de recherches ! Pfff Non, mais tu les a entendu Rudolp…… DIX ANS ? PAR MA PIPE ! »

BOOOOOOOAAAAAAAAAAAAAM

BOOOOOOOAAAAAAAAAM


« YOHOHOHOHOHOHO ! FAMILLE SNOW ! ON ARRIVE ! »

« GOUHOUHOU ! »
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