Au poste de la marine, il y a des matous nets et d’autres. Les autres ce sont ceux qui t’regardent du coin de l'œil, qui te jaugent. Dans ma longue carrière, j’ai remarqué que les gens normaux ont tendance à éviter de fixer les gens à partir du moment où ils identifient que tu n’es pas une menace. Celui-là, non. Il m’a suivi, il trouve ça louche que je vienne me renseigner pour des esclaves. D’ailleurs, il m’a dit :
« - Hé ! Je trouve ça louche que tu viennes te renseigner pour les esclaves.
- Hmpf ? »
Que des consonnes, pas l’ombre d’une voyelle.
« - Ne hmpf pas, mec. Tu travailles pour quelle agence ?
- On n’a pas été présenté ? Je m’appelle, va te faire foutre, connard.
- Agent Manfred, CP3.
- Tout d’suite moins drôle, du coup. Eh bien, que puis-je faire, votre gouvernementissime altesse ?
- Écoute, je n’suis pas débile. Des esclaves libérés, des immeubles qui prennent feu et un chasseur de prime qui ramène quatre-vingts millions au bercail débarque comme une fleur prendre des nouvelles.
- Ce commerce est illégal, c’est mon boulot de faire ça.
- Illégal peut-être, mais ignoré par la marine. Pourtant, les livraisons se font en plein jour.
- Tu m’racontes ça pourquoi ?
- Mon service enquête sur la marine. Or, on a des ordres clairs, il faut rester en de bons termes avec eux. C’est pour ça que je t’engage à foutre la merde.
- Non, merci. Je ne me frotte pas à la marine.
- Et tu vas les laisser redonner ces esclaves à leur propriétaire ? Après avoir fait tout ça ?
- Vous êtes vraiment des enfoirés, vous, le gouvernement.
- Moi, ça va, je peux te laisser dire ça. Mais, à l’avenir, garde ce genre d’idées pour toi. »
Ah tiens, il n’est pas con ce gars et il commence à me plaire. Il est dans le bel âge, habillé simplement. Il parle avec une certaine énergie et accompagne son discours de beaucoup de gestes. On dirait qu’il est légèrement nerveux. Quelques tics le surprennent.
« - C’est l’moment de la cracher ta pastille. Balance une offre qu’on n’reste pas au milieu de la route à se geler les noix.
- Y a ici un gars qui habite loin dans la forêt. Il s’appelle De Waver. Il chapeaute tout ici. Sa maison a cramé et on n’arrive plus à mettre la main sur lui, on aura de quoi faire tomber le soutien local aux activités illégales. Et le foutre en taule par la même occasion.
- Y a comme une couille dans ton plan. Je l’ai dézingué le gars. Actuellement, il est en train de pourrir quelque part au nord de l’île.
- Oh putain ! Pourquoi t’as fait ça ?
- Je n’aurais pas dû ? C’est un pote à toi ?
- Bravo, grand con ! Je suppose que l’incendie, c’est toi. »
Ne pas emplâtrer un agent du gouvernement. Surtout, se contrôler. Ils sont chatouilleux avec leurs collègues.
« - Ah non, rien à voir. Par contre, j’ai deux ou trois trucs qui pourraient vous intéresser. À condition d’y mettre le prix.
- Ça ne marche pas comme ça. Donne-moi un bon truc et je ne te fais pas coffrer.
- Mon p’tit vieux, je ne réagis pas aux menaces. C’est moi qui en fais. Tu m’en devras une bonne et dis-toi que je viendrai récupérer mon dû.
- Hmpf, voyons ce que tu as. »
Et c’est lui qui me hmpf, maintenant.
Avant de passer l’arme à gauche, De Waver a beaucoup parlé et j’en ai noté autant. Le petit journal trouvé par Lilou a été très enrichissant. À West Blue, les enfoirés pullulent. Et leur nid est situé à Las Camp. Véritable repaire d’enculés à guenilles où à boutons de manchettes, le trafic d’esclave y fleurit comme des coquelicots dans un champ de blé.
« - Ça va beaucoup plus loin que je ne le croyais. Il a des contacts partout, ce type.
- Je m'demande pourquoi je te révèle tout ça.
- Parce que sans aide, tu ne saurais pas où commencer ?
- Pas faux.
- Tu comptes vraiment t’investir autant dans cette affaire ? Tu sais que ça dépasse de loin les forces d’une seule personne ?
- Et alors ?
- Tu ne serais pas un peu con ?
- Non, le con, c’est celui qui r’garde et qui laisse faire.
- Je ne parierais pas un sou sur toi, même si j’ai une grosse envie de croire en toi. Je vais te repayer ton service tout de suite. Je connais un ami d’un ami qui travaille au CP5. Il paraît qu’il s’intéresse à Las Camp aussi. Il saura t’aider avec ta quête. Voici son numéro. Par contre, j’ai du boulot qui m’attend. Adieu. »
Adieu, oui. Comme quoi, je ne suis pas vraiment un cheval gagnant. Mais bordel de merde, faut vraiment avoir un truc de traviole pour juste laisser faire.
Composons donc.
« - Hé ! Je trouve ça louche que tu viennes te renseigner pour les esclaves.
- Hmpf ? »
Que des consonnes, pas l’ombre d’une voyelle.
« - Ne hmpf pas, mec. Tu travailles pour quelle agence ?
- On n’a pas été présenté ? Je m’appelle, va te faire foutre, connard.
- Agent Manfred, CP3.
- Tout d’suite moins drôle, du coup. Eh bien, que puis-je faire, votre gouvernementissime altesse ?
- Écoute, je n’suis pas débile. Des esclaves libérés, des immeubles qui prennent feu et un chasseur de prime qui ramène quatre-vingts millions au bercail débarque comme une fleur prendre des nouvelles.
- Ce commerce est illégal, c’est mon boulot de faire ça.
- Illégal peut-être, mais ignoré par la marine. Pourtant, les livraisons se font en plein jour.
- Tu m’racontes ça pourquoi ?
- Mon service enquête sur la marine. Or, on a des ordres clairs, il faut rester en de bons termes avec eux. C’est pour ça que je t’engage à foutre la merde.
- Non, merci. Je ne me frotte pas à la marine.
- Et tu vas les laisser redonner ces esclaves à leur propriétaire ? Après avoir fait tout ça ?
- Vous êtes vraiment des enfoirés, vous, le gouvernement.
- Moi, ça va, je peux te laisser dire ça. Mais, à l’avenir, garde ce genre d’idées pour toi. »
Ah tiens, il n’est pas con ce gars et il commence à me plaire. Il est dans le bel âge, habillé simplement. Il parle avec une certaine énergie et accompagne son discours de beaucoup de gestes. On dirait qu’il est légèrement nerveux. Quelques tics le surprennent.
« - C’est l’moment de la cracher ta pastille. Balance une offre qu’on n’reste pas au milieu de la route à se geler les noix.
- Y a ici un gars qui habite loin dans la forêt. Il s’appelle De Waver. Il chapeaute tout ici. Sa maison a cramé et on n’arrive plus à mettre la main sur lui, on aura de quoi faire tomber le soutien local aux activités illégales. Et le foutre en taule par la même occasion.
- Y a comme une couille dans ton plan. Je l’ai dézingué le gars. Actuellement, il est en train de pourrir quelque part au nord de l’île.
- Oh putain ! Pourquoi t’as fait ça ?
- Je n’aurais pas dû ? C’est un pote à toi ?
- Bravo, grand con ! Je suppose que l’incendie, c’est toi. »
Ne pas emplâtrer un agent du gouvernement. Surtout, se contrôler. Ils sont chatouilleux avec leurs collègues.
« - Ah non, rien à voir. Par contre, j’ai deux ou trois trucs qui pourraient vous intéresser. À condition d’y mettre le prix.
- Ça ne marche pas comme ça. Donne-moi un bon truc et je ne te fais pas coffrer.
- Mon p’tit vieux, je ne réagis pas aux menaces. C’est moi qui en fais. Tu m’en devras une bonne et dis-toi que je viendrai récupérer mon dû.
- Hmpf, voyons ce que tu as. »
Et c’est lui qui me hmpf, maintenant.
Avant de passer l’arme à gauche, De Waver a beaucoup parlé et j’en ai noté autant. Le petit journal trouvé par Lilou a été très enrichissant. À West Blue, les enfoirés pullulent. Et leur nid est situé à Las Camp. Véritable repaire d’enculés à guenilles où à boutons de manchettes, le trafic d’esclave y fleurit comme des coquelicots dans un champ de blé.
« - Ça va beaucoup plus loin que je ne le croyais. Il a des contacts partout, ce type.
- Je m'demande pourquoi je te révèle tout ça.
- Parce que sans aide, tu ne saurais pas où commencer ?
- Pas faux.
- Tu comptes vraiment t’investir autant dans cette affaire ? Tu sais que ça dépasse de loin les forces d’une seule personne ?
- Et alors ?
- Tu ne serais pas un peu con ?
- Non, le con, c’est celui qui r’garde et qui laisse faire.
- Je ne parierais pas un sou sur toi, même si j’ai une grosse envie de croire en toi. Je vais te repayer ton service tout de suite. Je connais un ami d’un ami qui travaille au CP5. Il paraît qu’il s’intéresse à Las Camp aussi. Il saura t’aider avec ta quête. Voici son numéro. Par contre, j’ai du boulot qui m’attend. Adieu. »
Adieu, oui. Comme quoi, je ne suis pas vraiment un cheval gagnant. Mais bordel de merde, faut vraiment avoir un truc de traviole pour juste laisser faire.
Composons donc.