Kuinperdu
Les Crabes Etripeurs -PV Blake-
Et les vagues devant elle qui commençaient à se faire sérieusement inquiétantes, suffisamment pour incurver la barque d'amont en aval, et lui faire lever un peu les yeux pour en voir le sommet. Instant de solitude. Désir de ne plus être là? Et la question ultime du "pourquoi je ne sais pas voler?" Pourquoi!
Ses yeux s'ouvrirent sous le contact frais de quelques gouttes de pluie. Elle avait mal au crâne , un peu trop d'ailleurs. La joue contre des planches qui puaient la vase et la moisissure, à quelques centimètres d'un cadavre de thon gonflé, elle eut tôt fait de se redresser, choquée d'un tel réveil. En quelques secondes, le sang lui monta à la tête et ses épaules tordues vers l'arrière lui firent serrer les crocs. Attachée. D'où? Comment? Elle plissa les yeux pour tenter de se rappeler mais la seule chose qu'elle vite, ce fut l’immensité d'une mer inconnue par delà le bâbord d'une barque à moitié défoncée. Mais... C'était quoi ce délire? Oh non pas encore... Elle avait déjà donné plusieurs semaines pour ce genre d'excentricité! Et là, elle était attachée? Pourquoi? Par qui?
Un bruit métallique. Un bruit qu'elle connaissait. Elle tourna les yeux sous ses mèches brunes, trempées par l'écume et la pluie. La tête suivit le mouvement a retardement vers la gauche, puis les épaules, et elle se figea. Visage froid. Pupille rétractée. A coté, à environ deux mètres, assis le cul dans la flotte, un petit gars de sa taille. nerveux. Très nerveux. Pâle comme un mort, des frusques de vendeur de tapis fauché, pieds nus, des tonnes de bijoux rouillés sur lui qui clinquant comme un trésor empoisonné. La besace? Sa besace sacrée! Zoé se ferma. D'où fouillait-il dans ses affaires ce dégénéré? Ses doigts et ses sourcils semblaient pris de tocs nerveux. Un petit rire s'élevait dans ses délires privés, comme s'il était plusieurs dans sa tête. Un genre de hyène schizophrène? Ce n'était pas rare qu'un homme trop longtemps en mer perd la tête. Et celui là avait semblait-il pris un sacré coup de lune sur la caboche. Il se mit à ricaner de plus bel en trouver un scalpel. Hola. Tout doux.....
- Mang... manger! A manger! T'as à manger? Mais oui t'en as. C'est obligé... C'est quoi ça...? *respiration rapide* C'est un couteau ? T'es vierge ?
Où était le rapport....Zoé le fixait en silence.
-J'ai pas... pas touché une femme depuis... longtemps... Ni manger. Les deux se valent... Depuis ... depuis ....arh!!
Il se frotta le front puis se le tape fort d'un coup, avant de se lever et d'avancer vers elle lentement , se tenant à la barque. Re hola. Non alors... Joker? Zoé haussa un sourcil. Pourquoi elle. Encore un champion. Lui, avait de loin le premier prix au point de l'inquiéter sérieusement. Il avait un problème. Et elle aussi d'ailleurs. Son dos se heurta doucement au bout de l'embarcation. Reculer n'était plus possible. merde.
-Posez-ça, ça ne vous mènera à rien. J'n'ai rien à vous offrir, ni nourriture, ni service.
Il rit de plus belle, tocs faciaux en supplément, et Zoé ne trouva pas ça drôle. Quel taré. Aprés tout , ce n'était qu'un océan en début de déchainement et un taré avec son scalpel en main qui projetait de lui faire des... des ... nom d'un chien mais non ! Dans la peur et sous l'attaque soudaine de ce fou, qui hurla comme un viking miniature sur un champ de bataille, elle se plia au dernier moment , souplement , dans l'espace entre ses jambes, et chance ou non , une vague s'écrasa sur eux et le faucha dans une claque magistrale. Ça aurait été salvateur si la barque n'avait été elle même épargné par la houle, mais dans un bref éclatement céleste qui zébra le ciel noir, à l'instant où la tête de Yoda apparut entre les seins de Zoé, dans sa brassière noire sans bretelles serrée par dessus un bikini bleu pâle, la coque de noix pourrie se renversa , envoyant sa passagère par le fond. En se tortillant, non sans en gardant des marques violacées sur les poignets, ele se défit de ses liens mal faits, et émergea de l'eau entre deux lames d'écume. Elle en avait ras le c... postérieur des lâches, des psychotiques et de l'eau ! Étouffement ... Ah oui l'eau ! Surtout l'eau!
Les courants la malmenèrent comme une pauvre bouteille lestée d'un gros caillou et même Yoda qui ressemblait maintenant à une espèce de souris serpillère, allait certainement chopper une conjonctivite tant la pluie cinglante et l'eau salée lui piquaient les yeux. Elle but la tasse à plusieurs reprises et ses bras faisaient des moulins maladroits dans l'espoir de s'accrocher à tout et n'importe quoi. Mais attraper quoi ici? En pleine mer. Pleine mer? Pas si sûr. Dans une de ses plongeons forcés, elle s'écorcha sévèrement le bras sur une trentaine de centimètres contre un récif, pour finir deux minutes plus tard la tête dans le sable, affalée sur le ventre en vrac comme une méduse toute nouée. Sa seule réaction fut de tousser du sable après avoir émis un son, entre le gémissement d'un morse à l’agonie et le grondement d'un ventre affamé. En soi pas trés sexy. Yoda, lui, s'était fait propulsé comme un ballon dans un buisson, pour revenir en titubant, une bosse quelque part sous ses poils, aprés un "poum" étouffé. Un arbre? Peut être, il y en avait plein on dirait ici. Une île sauvage? La sacoche hermétique arriva en roulant sur le sable, dégueulasse d'algue et écorchée sur le cuir fermé. Elle ne pensait même pas le revoir. Zoé se redressa un peu , endolorie, se faisant craquer le dos dans un craquement de vertèbres, mais le craquement continua comme un écho naissant et elle fronça les sourcils en regardant son dos par dessus son épaule. Mince, c'était elle ce bruit ? Le bruit continua dans des claquements plus rapides. Le tarsier réfugié dans sa main contre son ventre, tentait de retrouver ses esprits. Pas évident. Il a pas le pied marin le Yoda. Elle chercha le clap-clap du regard. Les vagues lui léchaient encore le bas du corps, mais ne pourraient plus l'emportaient, la marée redescendait lentement. Son regard se figea sur un amas mouvant. Nom... de dieu. Une surprise n'en attendait pas une autre aujourd'hui... Une scène quelque peu morbide s'offrait à ses yeux , avec une effervescence vertigineuse pour sa tolérance au gore... Plus loin...a une cinquantaine de mètres, des crabes. Des dizaines de crabes et le cadavre du taré de tout à l'heure... Une chose était sûre. La mer ne l'avait mis dans un état pareil. C'était ces crabes. Ils étaient en train de littéralement le dévorer sur place. Horreur et damnation. Un frisson transit Zoé, mais une douleur dans la fesse droite la vit revenir à la réalité et dans un cri de surprise, elle se retourna et tapa l'auteur du pincement avec.... Yoda. Oh mince! Elle le serra dans sa poitrine en le câlinant , multipliant les excuses, même si le crabe avait volé loin. Le petit singe, lui, était partagé entre le traumatisme crânien et l'étouffement mammaire. Totalement sonné, il se laissait faire. Pauvre petite chose.
Plus loin , le crabe s'écrasa dans une masse mouvante, qui sortait des flots de la marée descendante, et la petite brune fut horrifiée de voir que c'était une nuée de ces fameux dévoreurs de cadavres qui se ruaient vers elle. Elle ouvrit de grande yeux et sans perdre un instant , choppa la besace défoncée au vol, et s'enfuit à tout jambe au travers des fourrés, sans même savoir ce qui pouvait s'y cacher. Gagner les hauteurs, vite! Ou un arbre,ou n'importe quoi qui puisse la sauver! Elle était mal là. Les éclairs de l'orage l'orientait un temps soit peu mais en pleine nuit, elle n'était même pas sur de ne pas se faire bouffer au détour d'un virage pris dans sa course effrénée. Et le pire c'était qu'elle n'arrivait même pas à distancer la fourmilière de crabes, qui plus petits, la suivaient comme un essaim mortel dans un bruit assez oppressant. Il n'aurait pas pu tombée sur une ile colorée avec des poneys qui mangeaient des arcs en ciel et faisaient des caca papillons ? Ses pieds foulèrent des rochets en masse, y compris les plus instables dans des côtes aléatoires. Elle ne savait pas où elle allait mais elle y montait. Cela ressemblait à un genre de montagne en bien plus abrupt avec un sommet à peu prés plat en haut. Elle atteint dans sa course suivie un petit sentir de trente centimètres de large qu'elle suivit sans freiner, et sauta un premier espace de cinquante centimètres de vides, sans trés de difficultés, puis le ravin se fit plus raide, les crabes ne pouvaient plus l'atteindre sur le coté, mais elle ne s'arrêta pas là et sauta un deuxième espace pour continuer de courir de peur qu'on la rattrape. D'autres petits sentiers auraient trés bien pu mener à celui là aussi , il lui fallait arriver en haut. Elle pensait être bientôt à mi chemin, quand elle vit les crabes monter par la seconde montagne juste en face, avec un petit pont entre. Ah non, ils allaient essayé de la coincée en la rejoignant par là ? Pourquoi semblaient-ils si pressés? Elle ne s'arrêta pas, courant presque à l'aveugle sous la pluie et dans l'obscurité de la nuit, ne visualisant au mieux que le chemin étroit qu'elle suivait. Yoda accroché dans ses cheveux lui tombait à moitié sur les yeux. En deux secondes à peine, elle se mangea en pleine face, quelque chose de plus massif, de plus rude et lancé plus vite qu'elle. Perte d'équilibre, cri de surprise et elle se sentit rebondir et partir en arrière, à moitié dans le vide. Ses bras bâtirent dans le vide , prêts à se raccrocher à tout et n'importe quoi , pourvu qu'elle ne finisse pas bouffer par ces bestioles carnivores. Et puis d'où elle sortait cette masse ? Le papa crabe ?