L'île du gros train a comme particularité de proposer à ses touristes un impressionnant nombre de plats locaux différents. Plats qui sont tous présents sur le train traversant tout le territoire, seconde particularité de l'île. Par souci de classe -l'île à l'impressionnant nombre de plats locaux, souvent à base d'herbes travaillées dans les champs n'étant pas un bon nom selon le conseil prenant les décisions- on a décidé de choisir cette seconde spécificité pour nommer l'endroit. Bien sûr beaucoup protestèrent, jugeant que c'était un nom stupide et "qu'on ne pouvait pas faire comme tout le monde pour une fois ?". Le maire de la ville principale -à savoir Grosse Ville-, un homme légèrement excentrique, répliqua "Et bein t'as qu'à être maire si t'es si fort que ça". Malheureusement le maire étant aussi la seule personne qualifiée pour s'occuper des urnes -avec des études en Droits de l'élection municipale, chose qu'il créa lors de son premier mandat- il ne cesse de se faire réélire. Dans tous les cas, le train du tas de terre sur l'eau est la seule chose reliant les deux villes existantes. Effectivement, en dehors des rails et deux villages, l'île est couverte de champs. Il est possible de tenter de passer à travers, mais c'est se risquer à une poursuite avec les différents fermiers passant le plus clair de leur temps, soit à travailler le sol, soit caché derrière un buisson à guetter quelqu'un marchant sur sa propriété. Ces territoires ruraux ont pour avantage de proposer une agréable vue aux personnes prenant le train. Enfin si on aime les longues étendues de vert et orange quoi. Canard Un n'aimait pas les longues étendues de vert et orange. A vrai dire c'était méchant pour ces dernières de dire ça. Canard n'aimait en réalité aucune longues étendues. Ainsi, alors qu'il attendait patiemment -c'est à dire en regardant devant lui, remarquant que si la ville était aussi ennuyante, le train devrait être meurtrier de chiantise- notre héros appréhendait déjà le voyage. Il était venu sur cette île pour pouvoir accéder au port le plus proche et espérait pouvoir la quitter le plus rapidement possible. Le plus rapidement possible ne comprenait d'habitude pas un voyage interminable en train.
Le train quant à lui, pas blessé par la haine que lui portait le marine -en partie parce qu'il n'était qu'un train-, fonçait sur les rails, s'approchant de plus en plus de la gare. Tel une chenille géante mais sans l'aspect tout dégueu avec pleins de pattes, le véhicule se glissait au milieu des bâtiments. Les bâtiments en question étaient quasiment tous des usines de machines à vapeur ou de souvenirs liés aux machines en question. Les fermiers étant jugés par le maire comme "Des pécores tout crades inutiles", l'aspect "Gastronomie à base d'herbes" de la culture locale n'était pas représentée dans l'économie. A la place cette dernière était entièrement basée sur le train et tout ce qu'il y a d'imaginable en rapport. C'est à dire pas grand chose. Cependant aujourd'hui, il y avait une légère différence. Aujourd'hui le train devait transporter quelque chose d'autre que des touristes, des produits dérivés "Le train c'est super" -la marque locale- et quelques fermiers accompagnés de leurs vaches. Aujourd'hui McKenzie le célèbre revendeur de tartes à la framboise transportait sa fortune vers sa seconde villa. Le business-man avait décidé de passer par le plus d'îles possibles, histoire de se la péter comme il faut devant le prolétariat.
De son côté, Canard commençait à ne plus attendre patiemment. En partie parce qu'il ne supportait pas d'attendre sans un cigare ou un verre -North Blue ayant depuis peu développé une loi contre l'alcool et le tabac dans les lieux publics-, en partie parce qu'il ne supportait plus les regards des enfants. Un enfant est, selon notre héros, une probable raclure en devenir. Un adulte c'est simple, il peut-être une raclure ou pas. Un gamin par contre, on ne sait pas encore, ainsi il faut supposer qu'il pourra être les deux. Le vieillard choisi de supposer qu'il sera le pire. Donc voir des dizaines de raclures fixer son armure de combat, ce n'était pas très agréable. Notre protagoniste poussa un bref soupire en voyant le véhicule arriver et quitta son banc pour en choisir un nouveau. Proche du wagon restaurant si possible.
- Salut... T'es bien le gars ?
- Hm ?
- Parfait, on m'avait bien dit que tu porterais du métal, mais j'penserais pas que ce serait aussi voyant... Malin, un type aussi louche que toi c'est tellement louche qu'on pense pas qu'il soit vraiment un criminel. Tiens, ton arme, on va passer sur le toit du wagon, toi tu passes par l'intérieur.
Alors Canard soupira une nouvelle fois, en sachant bien que son sens de la justice le pousserait à réagir et qu'il ne pourrait jamais laisser faire ça. Pendant ce temps, dans la petite ville de "Petite ville", le véritable gangster courait le long de la route, portant toujours son heaume en acier, insultant qui le voulait pas en précisant bien que s'il était encore en retard il toucherait pas sa part du pognon. Du côté du train qui venait de redémarrer, et plus précisément dans les toilettes, une petite assemblée -quatre personnes- discutait à voix basse.
- Bon, c'est parti, vous vous en souvenez tous, en entre rapidement, on sort les bombes et on crit "Ceci est une protestation pour le truc de machin bidule" et là on fait tout exploser.
- Ok
- Facile Alors le premier du tas commença à ouvrir la porte, quand soudain, un deuxième les arrêta
- Attendez ! ... C'est quoi déjà après le truc de la protestation ?
- Bah c'est ce pour quoi on proteste crétin !
- ... On proteste pour quoi déjà ?
- ...
- ...
- Ah bah putain, pas moyen de m'en souvenir
- C'est chiant hein ? J'ai l'impression de l'avoir sur le bout de la langue, mais j'arrive pas à l'atteindre, un peu comme un morceau de viande qui serait coincé... Mais là ce serait plus dans les dents, ça se coince plus souvent dans les dents que sur la langue
- Bon est-ce que quelqu'un se souvient pourquoi on proteste ?
- ...
- Heu...
- C'était pas un truc en rapport avec la justice ?
- Non, mon beau-frère est juge, je m'en souviendrais si c'était ça
- J'suis quasi-certain qu'il y a "sur la" dedans
- Ca commencerait pas par "P" ?
Au même instant, de l'autre côté du véhicule, la nouvelle équipe de Canard commençait à grimper sur le toit. Ils n'avaient pas particulièrement prévu que monter au sommet d'un train en marche, sans échelle et en portant des armes, c'est plus difficile qu'il n'y paraît. Et ça ne paraît pas très simple. Le premier réussit dans un impressionnant bond, se rattrapant au dernier moment grâce à la sangle de son fusil coincée dans un tuyau. Il ne put empêcher un morceau de son pantalon de se déchirer sur une plaque en métal mal accrochée. Vous pouvez ignorer ce détail, il ne servira de toute façon jamais dans l'histoire -cependant il causera l'échec d'un braquage trois ans plus tard, après que son porteur ait été libéré de prison pour bonne conduite et aide à une enquête-. Canard quant à lui tentait de se faire le plus discret possible -chose incroyablement impossible dans une armure en acier et produisant plus de fumée que le train qui l'abrite-, à la fois pour suivre le début du plan, mais surtout afin d'abattre ses deux compagnons d'infortune.
- Donc on est tous bien d'accord que l'on proteste contre une chose ?
- Hm, je sais pas, je trouve qu'on a écarté un peu trop rapidement la possibilité d'un truc non-matériel
- Je suis plus du genre concret moi, pas à me faire exploser pour un bidule immatériel
- Peut-être une idée, ou une loi, voir même une entité particulière, il y a beaucoup de possibilités
Et pendant que la discussion continuant, le train avançait, plongeant ses occupants dans la clarté des champs de maïs.
Dernière édition par Canard Un le Sam 15 Déc 2012 - 0:17, édité 1 fois