Début décembre, Sokoa entame difficilement sa troisième année dans la Marine. Bloquée au QG de NorthBlue, elle s’attelle à la dure tache qui lui a été confiée : forger.
Happy Birthday ♪
Ces petits mots dans ma tête qui déliraient avec mon cerveau et hurlaient à mes tympans que c'était ma journée. Bien sûr, à la base navale, ils s'en fichaient. Rien à faire de la rouquine de bas étage que j'étais, empêtrée dans son immense chevelure flamboyante, trop énervée et impulsive à leurs goûts. Moi, j'étais de nouveau coincée dans ma forge, à jouer du maillet sur l'énorme enclume de fonte. La pauvre épée que je forgeais ne ressemblait à rien, comme la plupart des choses que je fabriquais en ce moment d'ailleurs... Mon inspiration s'évaporait de jour en jour depuis que j'avais rejoins les rangs de la Marine. Je passais mon temps à la forge, à l’entraînement ou aux cuisine à récurer les plats lorsque je me battais avec un autre type de la base. Je n'avais que des problèmes, et mon tempérament de feu n'arrangeait pas spécialement mon cas. En fait, il m'enlisait de plus en plus, et certains Adjudants Chef m'avaient même remonté sérieusement les bretelles après plusieurs bains de sang. Je n'y allais pas trop dans la dentelle à vrai dire...C'était la raison principale pour laquelle je n'avais pas d'amis, donc personne à qui parler. Donc, personne pour me souhaiter mon anniversaire non plus. Dix sept ans, c'est pas mal tout de même ! Dans un an, je serais majeure et pourrais enfin prendre la mer avec les autres soldats. Eux au moins, ils s'amusent et ne sont pas enfermés comme des idiots entre quatre murs en pierre de cinquante centimètres d'épaisseur.
Je fis une petite pause et m'appuya de tout mon poids sur mon énorme maillet, les cheveux collés sur le visage par la sueur. De toutes façons, passer mon anniversaire seule ne me changeait pas de d'habitude vu que j'entamais péniblement ma troisième année au service de l’État. J'attrapais l'épée minable et encore brûlante de mes mains gantées et la jeta nonchalamment sur une pile d'armes semblables. J'avais terminé mon travail, et j'avais quartiers libres. Et si je me dévorais un petit officier pour changer ? Mes supérieurs me le pardonneraient, c'était ma journée non. Je me souris et retira mon équipement de forgeron, le balança sur une vielle table et sortis de la forge. La cour était bondée de soldats qui s'entraînaient, et je traversa la foule sans attirer un regard, comme à mon habitude. Non, aujourd'hui, je prend de sérieuses résolutions : plus de massacres, plus de bagarres, plus de tortures ou de bêtes sauvages lâchées, sinon je ne partirais jamais en mer et je resterais coincée dans ce trou pommé jusqu'à la fin de mes jours et par la même occasion je finirais définitivement barj'...Déjà que là c'était pas mal.
Je déambulais dans le labyrinthe qu'était le QG. Heureusement que j'avais vite été formée pour savoir m'y repérer, sinon je serais morte de faim en plein milieux...Personne n'aurait eut la merveilleuse idée de venir me chercher ! Je soupirais et pris un couloir à ma droite qui me mena directement à une immense salle au sous-sol, destiné aux relevés de comptes et aux entrées de marchandises. Plusieurs marines s'affairaient dans la paperasse, je détestais faire ça et c'était bien l'une des pires corvée que l'on pouvait me donner. Je lança un regard compatissant à l'un des marines qui me regarda bizarrement et l'avança vers une montagne de bouquins, qui cachaient en réalité un vieil homme bougon et renfrogné, préposé au comptage. Il releva à peine la tête lorsque je tapota des doigts sur l'un de ses gros livres.
-Combien ?
-Quarante, comme prévu.
-Tu as mis longtemps Sokoa, tu perds de ton efficacité. Au fait, tant que tu es là j'ai croisé ton supérieur, le colonel Owell toute à l'heure, il m'a semblé qu'il voulait te voir.
Shun Owell, la seule personne pour qui j'avais un tant soit peu d'estime. C'était aussi le seul qui me défendait lorsque je faisais des conneries, le seul qui me retirait mes corvées, bref, le seul sur qui je pouvais réellement compter dans cette base. À mon avis, il devait être aussi barré que moi pour s'intéresser à une folle furieuse dans mon genre. Je sortis de la salle sans saluer personne, personne ne le fit, et je me dirigeais tranquillement vers le bureau de mon colonel...
Dernière édition par Sokoa le Sam 1 Déc 2012 - 18:03, édité 1 fois