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Frimousse rousse à la rescousse.

C’est quoi c’goût à gerber ? D’la gerbe ; la mienne, même. Mais, quand est-ce que ? Hum, Elza, Kickboy et ses potes. Je m’remets tous ces baltringues. Si je percute proprement, je suis enfermé dans un d’leur cachot improvisé. On voit que c’est le mobilier d’une chambre de gosse. Ou alors un mec qui n’a pas mangé sa soupe. Par contre, les barreaux épais comme ma queue, ça fait ‘achement moins enfantin. Y a comme un projet hostile pour ma face. J’sens qu’il va y avoir d’la danse. Même que j’suis dans l’ultime position de distribution de baffes.

Bordel, j’fais l’malin, mais si ça s’trouve, c’est en train de chauffer pour mon cul. Personne ne sait qui j’suis. D’ailleurs, c’est tant mieux. J’n’ai probablement pas une masse de potes dans l’secteur. Ça nique les poignets leurs chaînes. Ça s’sent que c’est du solide. En plus, y en a trois fois trop. Le contact de bandage sur mon corps me dit que j’ai été soigné. Y a deux types qui soignent leurs prisonniers : ceux qui ont des questions et les cons. Les deux n’étant pas incompatibles.

J’essaye quand même de m’dégager, le cliquetis de la chaîne est suivi de pas lourds. Des bottes avec des éperons, surement. Il prend son temps le salaud. Il soigne son arrivée qu’il conclut avec quelques pas de claquettes.

« Qu’est-ce que tu en penses, Julius Ledger ? »

Il connaît mon blaze ? Ma licence, probablement. Ça veut aussi dire que mon nom va alerter tous les trouducs à qui j’ai pété les genoux dans l’périmètre. Génial, c’est un pur cadeau. J’sens que j’vais passer un agréable séjour chez le Club Dead.

« Bravo mon gars, tu viens chez moi que j’te rende ta mère ? »

Automatiquement, il me met un pain. Un bien senti. D’ceux qui t’font vibrer l’cerveau. Il rigole déjà plus l’mec. J’essaye de ram’ner mes globuleux en face des trous pendant qu’il se retrousse les manches.

« Fais le malin, mais je te garantis que tu vas parler. »

Nouvelle tartine dans la tronche. Il y va franco, il ne pose pas d’questions. Il me travaille au corps pour m’faire craquer. J’encaisse en espérant ne pas crever dans c’trou à rat. Pour l’instant, je peux t’nir. Je sais qu’il va faire grimper la température. Comme je sais comment c’est censé s’finir, j’ai quand même la pétoche. Dernière mandale dans l’crâne et c’est l’noir total.
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« - Eh ben, Julius, comment se sent-on aujourd’hui ?
- Frais comme un gardon. »

Parce qu’on se sent exactement comme ça après quelques jours passés à s’faire tabasser. Y m’prennent pour un poulpe qu’on va passer au grill. Et moi, franchement, j’aimerais bien leur dire ce qu’ils veulent savoir, mais de un, je n’sais pas qui a bavé pour leur Elza, et de deux, j’ai une réputation à tenir, merde. Je n’vais tout d’même pas me mettre à causer pour ce môme. Manquerait plus que ça. Parce que le Julius, il lui faut plus que ça pour se mettre à table.

En même temps, j’dis ça, mais je préfère ne rien leur dire. Histoire d’être un peu plus vivant si quelqu’un vient me trouver. Pas moi, spécialement, mais admettons que ces révolutionnaires se fassent défoncer, il va bien falloir que je sorte d’ici. Du coup, je choisis de rester en vie et en vie ça veut dire qu’ils ont encore une question à me poser.

Et là, après quelques jours à me marronner la gueule, ce serait bien qu’il finisse par me la dire, le gonz en bottes de cowboy.

« - Pourquoi tu ne veux pas parler, Julius ?
- Je n’ai pas confiance en toi pour garder mes secrets.
- Bien, on va passer à la suite du programme, alors. »

Et encore et toujours, cette face de singe va m’casser la gueule. Parce que déjà que sa gueule est à débecter, il faut qu’en plus il me défonce la mienne. Des dents pourraves et une barbe qui pousse de traviole. Un costume de cowboy avec des lamelles de cuir de partout et ses bottes, avec des talons pour compenser sa taille de minus. Par contre, le rose, je ne vais pas m’y habituer. Ça casse le mythe.

Il me traîne dehors avec l’aide de deux copains, direction une bassine d’eau.

Nom de Dieu d’merde.

Quand j’en sors, j’ai les dents qui claquent à s’déchausser. Je tremble entièrement, intensément. Même si j’ai eu le temps de m’habituer au froid d’ici depuis que je suis arrivé, je ne me suis pas préparé à ça. C’est pire que si on me brûlait entièrement. Il sort le fouet, je sens des larmes au bord des yeux, mais je suis tétanisé par le froid.

Il n’a pas fallu longtemps avant que la douleur ne me fasse perdre connaissance.
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« - T’es pas très solide, quand même.
- En général, si. Mais, j’ai comme un coup de barre.
- Tu sais, j’aime beaucoup ton corps.
- Quoi ?
- De quoi, quoi ?
- Tu m’expliques un peu ?
- Qu’est-ce que tu veux que je t’explique ?
- Le “j’aime ton corps là”. Je ne suis pas sûr de comprendre.
- J’ai dit ça, moi ?
- Oui.
- Je suis amoureux.
- Hein ?
- Mais qu’est-ce qui te prend ?
- T’es amoureux ?
- D’où tu tiens ça ?
- De toi, là, tout de suite.
- Je n’ai jamais dit ça !
- Si, puisque je te le dis.
- Ta gueule !
- Faudrait savoir, merde. Tu ne voulais pas que je me mette à parler ?
- Si, mais pas de ça !
- Alors de quoi ?
- Tu sais bien, fais pas celui qui n’se souvient plus !
- Non, j’en sais rien. Tu ne m’as jamais posé une seule question.
- Ah bon ?
- Oui.
- T’es sûr ?
- Oui.
- Sûr, sûr ou sûr pas trop ?
- Certain.
- Tu comprends, je débute.
- De mon point de vue, ça ne se voit pas.
- Ça me fait plaisir que tu me dises ça.
- Oui, ben, pas moi.
- Le truc de la bassine, non ?
- Ouais.
- C’est de mon père, vois-tu. Ça a toujours été mon père. Il est révolutionnaire depuis son plus jeune âge. C’est tout naturellement que j’ai embrassé la cause. Mais, je crois que je n’ai jamais vraiment choisi ma voie.
- Mouais.
- Quoi ?
- T’as pas l’air de te faire chier quand tu me cognes.
- C’est que tu as un corps tellement beau.
- Encore avec cette histoire ?
- Qu’est-ce que j’ai dit ?
- Laisse tomber.
- Non, mais tu ne m’auras pas avec tes images subliminables !
- Subliminales.
- Subliminables.
- T’es lourd. On parie ?
- Ce que tu veux.
- Si tu as raison, je réponds à n’importe laquelle de tes questions. Et inversement.
- Tenu. Je vais vérifier. »

« - Tu fais vraiment chier.
- Alors, je pose ma question ?
- Oui.
- Où est détenu le roi ?
- C’est pas une question à mon propos ?
- Du tout. Qu’est-ce que j’en ai à foutre de ta vie ?
- Ne sois pas cruel !
- Plains-toi.
- Tu sais bien que c’est pas contre toi que je fais tout ça.
- Bon, ma réponse ?
- Jamais.
- Tu m’as donné ta parole pourtant.
- Je ne peux pas dire ça à un ennemi.
- Franchement, est-ce que je risque d’aller le répéter à quelqu’un ?
- Non, mais quand même.
- C’est juste que tu ne sais pas. On ne donne pas ce genre d’info à un type de seconde zone.
- Il est en sommet du pilier central. Voilà. Ça te la coupe, hein ?
- Merci pour l’information.
- Putain ! Et je ne peux même pas te tuer !
- Faudrait toujours pouvoir.
- Tu te sens capable, de m’en empêcher ?
- Moi, non. Mais, elle, si. Ça fait un bail, Lilou. »
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HRP : Je viens d'Ici.

Une nuit qui semble durer bien plus qu’une nuit. Qui semble en durer mille.

Et un froid, glaçant, capable de nous congeler sur place. Ce qui me sauve ? Le mouvement. La volonté. Cette envie de survivre, d’aller plus loin, d’arriver un jour. Mais le cœur ne suit pas toujours, et mes os fragiles rêvent de se briser pour arrêter de bouger.

L’enfer est fait de glace et de neige, de neige sous la neige, de glace sous la neige.

De monts infranchissables, censés nous décourager. D’un froid qui nous arrache la peau, qui nous terrasse. Je ne sens plus mon nez, je ne sens plus mes joues. Pourtant, je sais qu’ils sont toujours à leurs places. Ou du moins, j’espère. Derrière mon bonnet, mes cheveux doivent être glacés. Les innombrables couches ne font plus rien dans cette tempête glaciale et les encouragements de Rikkard ne sont qu’une maigre compensation. Ils ne réchauffent même plus. Je ne m’accroche qu’à un instinct de survie, qu’à mes jambes qui me portent à peine, qu’à mes mains qui touchent ces rochers tranchants que j’escalade difficilement. Si mes jambes marchent, c’est seulement par miracle. Je les sens faire un pas. Un pas devant l’autre.
Progressivement.
Tout aussi progressivement, c’est le poids de mes membres qui s’enfoncent dans la neige. Cette neige qui ne cesse jamais de tomber. Qui me recouvre. Qui m’immobilise. Il faut parfois que Rikkard me soulève pour me déterrer de mon trou. Pour me remettre sur mes jambes, pour que j’avance. Il ne peut pas me porter. Il voudrait, mais il doit lutter aussi de son côté. Son endurance fait le plus gros de l’effort. Il connait Drum. Il connait ses caprices, ses humeurs. Il en a l’habitude. Il a appris à vivre avec, à l’aimer même. Comme une femme que l’on rencontre un triste soir d’hiver et que l’on apprend à connaitre. A grand renfort d’amour. Rikkard aime sa terre, c’est pour ça qu’il ne la quitte pas, et qu’il ne râle pas.

Et c’est pour ça que je ne craque pas. Que j’avance derrière sa haute stature sombre, même si affreusement terrifiante, probablement digne d’un mauvais homme des neiges. Dans cette nuit ou tout se ressemble, ou j’ai l’impression de tourner en rond, sa silhouette qui se découpe à peine, terrifiante, me tient encore. Lorsque je tombe, il me relève, et me pousse à avancer. Il rit des gens d’ailleurs qui ne savent pas vivre avec la nature. Je voudrais en rire aussi, mais il me semble que mes joues sont trop crispées pour ça. Alors, il rit d’autant plus, en continuant toujours à avancer.
Je ne vois qu’à un mètre devant moi. Je ne sais pas si je vais droit, ou si je tourne en rond. Je ne sais pas si j’avance ou si je recule. Je ne sais rien, et je suis, bêtement. Je me dois d’avoir confiance en Rikkard, qui semble savoir ce qu’il fait. Et je prie, je prie, pour que la neige cesse enfin.

Neige jusqu’à la taille. Neige qui trempe les vêtements et qui les glace.

Et le vent, à ras, qui me fait me sentir nue. Au point de me dire que peut-être, si j’étais nue, j’avancerai encore ; je me réveillerai peut-être. Au point de me dire que finalement, tout ça, c’est du n’importe quoi. Mais le froid ne fait plus rien, et le sommeil me gagne de toute façon. Je suis épuisée par la nature, et elle se plait à continuer à user mes nerfs. Et pourtant, marmonnant en moi-même, hurlant dans ma tête, je me dis que j’ai connu pire. Et je m’accroche, de mes petits doigts tellement crispés à mon écharpe qu’ils m’en sont douloureux, que je veux serrer un peu plus contre moi, au point de m’étrangler. Et je m’accroche, à ces souvenirs de souffrance que j’ai connus d’ailleurs.

Si j’ai connu pire, je peux faire pire ; Je peux affronter pire. Je peux connaitre pire.

Ce n’est pas le froid de Drum qui m’aura à l’usure. Je ne céderai pas pour une première nuit un peu difficile. Il y en aura mille autres, des nuits difficiles. Et ce n’est pas le froid qui me fera renoncer. Salem croit en moi. Et si quelqu’un croit en moi, c’est que je peux le faire.

Enfonçant la main dans la neige, j’en sors Bee. Lui aussi à froid. Sans doute moins que moi. Je le coince contre moi, et l’accroche. Je l’entoure de mon manteau, de mon écharpe. Il plonge sa tête dans mon cou, se blottit dans cette couverture de fortune. Je l’ai équipé avant de partir, mais ce n’est pas suffisant. Rikkard me voit faire. Il me semble qu’il sourit. Il m’attend, lui qui tient la distance. Se place à côté de moi, m’attrape par l’épaule et me plonge sous sa longue veste en peaux de bêtes qu’il a sans-doute chassé lui-même.

Et on avance, tous les deux.


Dernière édition par Lilou B. Jacob le Dim 24 Fév 2013 - 19:31, édité 1 fois
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Nous gagnons la montagne par miracle, nous gagnons le pied du pilier avec autant de chance. Lorsque le soleil se lève, ça fait quelques heures, peut-être seulement deux, que la neige a arrêté de tomber. Tout se ressemble, autour. La neige a uniformisé l’endroit. Personne ne sait par ou nous sommes passés juste avant. D’un côté, c’est une bénédiction. Lorsqu’au-dessus du camp, dans un coin discret, couvert par les rochers, couverts par la neige, couvert par les quelques sapins suffisamment résistants devant ces hauteurs, Rikkard me dit que nous pouvons nous poser, je tombe. Je suis épuisée.

De tout mon poids, de toute ma masse, sans prendre la peine de vraiment m’installer convenablement.

Je tombe de fatigue dans la neige encore fraiche, à l’abri des regards. Rikkard prend la peine de me préserver du froid, de m’isoler. Et me dit qu’on ne reste là que pour une heure ou deux, qu’il y a fort à faire pour gagner ensuite le château, et que si je veux retrouver mon ami, il me faudra mettre au point un plan astucieux. Lui, il étudiera peut-être l’endroit. Peut-être, mais il voudrait se remettre d’aplomb avec un bon fromage, et pourquoi pas, une petite bouteille qu’il a pris la peine de prendre au capitaine.
Une heure ou deux, c’est bien assez. C’est toujours ça de pris. J’ai des cernes si grandes que je pourrais y ranger Bee. Et en parlant de lui, il ne se fait pas prier non plus pour s’endormir.

Et à dieu, le monde. Bonjour, Morphée.



« Lilou, réveille-toi. »

Trop court. Trop court. Cette nuit aura été trop courte.

« Mh ? »

Je me lève, difficilement, m’étire péniblement. M’essuie les yeux pour tenter de retrouver un peu de visibilité. J’ai l’impression d’avoir une rétine en verre.

« On devrait se mettre au boulot. »

Je me secoue la tête, sens mes longs cheveux dans mon cou. Cheveux froid. Très froid. Brrr… Un frisson me parcourt. Je hais Drum.

« On ? Je. Je vais y aller, Rikkard, pas question que tu te compromettes ici. S’il t’arrive quelque chose, Robb me fera la peau. »

Il rit dans sa longue barbe, mais tente de contester :

« Ce n’est pas discutable non plus. Le château est par où ? »

Rikkard se remet debout, manque de se cogner à la paroi de la petite grotte où nous nous trouvons. Je le suis ; et j’admire le paysage que nous avons sous nos yeux. Nous sommes au pied du pilier, et devant nous s’étend une cuvette ou s’est bâti, au fur et à mesure du temps, un village. Quelques tentes, quelques sapins. Peu de végétation mais beaucoup de pierre. Tout autour, une crête, et quelques pics qui montrent leurs sommets. Mes yeux s’éclairent, brillent, se délectent de ce qu’ils voient. La neige ne s’est pas accroché partout, elle teinte de blanc quelques rochers gris et noirs. Elle parsème les sapins. Rikkard me montre de son gros doigt un pic qui semble terrifiant. Il le nomme « Bona ». Derrière le Pic de Bona s’étend la montagne, puis une vallée, puis le pilier. Mais qu’il faut du temps pour y aller. Il est à peine sept heures. Je n’ai dormi qu’une heure, et j’ai fort à faire.

« Retrouvons nous juste derrière la crête, près du pic Bona. C’est ça ? »

Je l’interroge sur le nom. Il hoche une nouvelle fois la tête.

« Peux-tu garder Bee avec toi ? »

A nouveau, il accepte. Je m’équipe, et charge dans mon sac trois bombes. Je confis le reste à mes collègues, qui se mettent en route pour longer la crête et aller jusqu’au pic de Bona.

Moi, je pense à Julius.

J’ai du pain sur la planche.


Dernière édition par Lilou B. Jacob le Dim 24 Fév 2013 - 22:52, édité 2 fois
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Le dénivelé me parait immense. Il faut dire que j’ai le vertige. Depuis toute petite. Vrai qu’avec Bee, c’est différent. C’est toujours différent avec lui. Là, j’ose à peine regarder en bas. Mes prises sont fines, souvent casse-gueule, et je suis pressée par le temps et la peur de me faire voir. Ma tenue est pourtant discrète, elle se fond dans le décor. Mes cheveux roux sont coincés dans mon bonnet et mon écharpe. Lorsque je ne me casse pas les mains sur des cailloux, c’est dans la neige que je m’enfonce. Je me suis déchargée de quelques épaisseurs pour pouvoir bouger, j’espère que la journée sera plus chaude que la nuit. Pour l’instant, l’activité me permet de ne pas avoir froid. Il faut dire que je sue rien qu’à l’idée de me faire repérer. L’angoisse me tient le ventre, elle me tord les tripes, elle me fait un mal de chien.

Lorsqu’enfin, j’arrive au niveau de la cuvette, je me planque derrière un énorme rocher. De ce que j’ai vu, il y a du monde. Cent, à deux cents personnes. Toutes chaudement habillées. Pour la plupart, des hommes. Je relève mon écharpe à mon visage. Ma petite taille ne m’aidera pas à me fondre, à me faire passer pour monsieur ou madame personne. A dire vrai, il y a trop peu de monde pour pouvoir prétendre à être déjà de la troupe. A mon sens, c’est trop risqué. Il me faut un point ou observer, ou je pourrais avoir une vue sur tout. Ou je pourrais savoir où se trouve Julius. J’ai noté deux trois maisons qui pourraient correspondre, mais je ne peux me prononcer pour l’instant.
J’ai aussi trois cadeaux à laisser. Et avant de lancer le minuteur, je veux savoir exactement ou les mettre, ou savoir quand et comment agir.

Je me relève, me tiens droite, avance d’un pas qui se veut normal et me faufile dans une petite ruelle. Mon souffle est court, j’ai la chance de n’avoir croisé personne. Sûrement m’aurait-il vu exploser et devenir rouge derrière mon écharpe. Je ne sais pourquoi, j’ai l’impression que si j’arrête de respirer, on me verra. Ou encore, que je me ballade avec une énorme pancarte rouge avec des néons ou serait marquée dessus « je suis l’intruse, attrapez-moi ».
J’avance, passe dans une autre rue, fais le tour comme si je visitais. Sauf qu’il n’y a pas d’office du tourisme, et que je suis loin d’être là en touriste. Je croise des gens que je salue d’un vague signe de la tête, pour me faire discrète, pour me fondre dans cette histoire. Il me faut une bonne demi-heure pour faire le tour du lieu, sans approfondir particulièrement les recherches. A chercher, à gauche, à droite, des endroits stratégiques ou placer mon attirail. Rien ne me fait particulièrement de l’œil, mais j’ai déjà une idée du dernier ou laisser une surprise. Tournant dans une rue, je tombe face à trois types qui s’attèlent à décharger de grosses caisses d’une immense luge et de les ranger dans une des maisons. Baissant mon bonnet sur ma tête, je fais un vague sourire et tente de m’esquiver, mais on m’interpelle :

« Toi ! »

Je m’arrête soudainement, et me retourne. J’avale péniblement ma salive, mais tente de rester calme. M’approchant alors que l’homme (un grand type, costaud, à l’air sympathique) me fait un signe du doigt. Il me désigne plusieurs caisses après m’avoir estimé un temps :

« Viens nous filer un coup de main ! »

Je respire un bon coup. Pendant toutes ces minutes, impossible d’avaler de l’air. Abaissant la tête, je sautille vers les caisses, plus légère d’un coup. Les trois types souris, se remettent au travail, et petit à petit s’enchaine le déchargement. Je jette un vague coup d’œil durant les trajets sur ce que je porte : des provisions, des vivres, de quoi dormir en grosse majorité. On prend soin de ces gars-là, que je pense pour moi. On a pris soin de prévoir, aussi. Les grosses caisses et les petits paquets s’entassent dans la bâtisse, et lorsque le travail se termine, l’homme me file un grand coup dans le dos.

« Merci l’ami. »

Puis, il me tape dans la main, et se retourne pour papoter avec ses acolytes, disparaissant au coin d’une rue, luge tirée d’une main pour aller certainement chercher d’autres provisions. Je me pense seule, et retourne dans la maison, ou je me décharge d’une bombe. Je l’active et la règle pour qu’elle tienne plus ou moins trois quart d’heure ici. C’est le temps que je me laisse pour placer les autres bombes et sortir Julius de sa galère. Trois quart d’heure, c’est certainement assez.

Dans le pire des cas, ça ne le sera pas, mais je préfère ne pas y songer.


Dernière édition par Lilou B. Jacob le Dim 24 Fév 2013 - 22:52, édité 1 fois
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La chance ne frappera pas deux fois au même endroit.

Je le sais, c’est pour ça que je ne veux pas la forcer. La deuxième bombe s’est posée plus discrètement, sans que personne ne me voie. Je tente maintenant de retrouver Julius. Ça doit bien faire cinq minutes que j’hésite entre les trois maisons ou je le suspecte d’être. Trois, c’est beaucoup. J’ai deux chances sur trois de me tromper, et en matière de chance, je ne suis jamais vraiment gâtée, en règle générale. Le contraire se saurait. Je regrette qu’il n’y ait pas une énorme pancarte indiquant ou se trouve la salle de torture, la salle du billard et la prison de Julius.

A vrai dire, ce n’est pas en étant à vingt mètres que j’arriverai à déterminer laquelle et la bonne. Ce qui pourrait m’aider, ça serait d’entendre des voix à l’intérieur de l’une d’elle. Au mieux, de reconnaitre la voix de Julius. Je crains que le temps joue en ma défaveur, que ma mémoire ait effacé les traces de son ténor. Ma respiration se fait plus bruyante, car il faut que je me décide. Regardant à gauche, je ne vois personne. A droite, seulement deux personnes qui discutent, me regardent en peu, avant de rentrer dans une des bâtisses.
A moi, maintenant, de m’approcher de l’une d’elle et de tendre l’oreille. La première : pas un bruit. Rien. Rien du tout du tout. Je m’approche de la seconde, rasant les murs. Là, par contre, des éclats de voix et de rire, mais rien de fondamentalement marquant. De ce que je perçois, ça ne parle pas de torturer ou découper en morceaux un chasseur de prime. Quand enfin, je m’approche de la dernière maison, une voix forte perce à travers la pierre :

« Non, mais tu ne m’auras pas avec tes images subliminables !
- Subliminales.
- Subliminables. »

Je fronce les sourcils. Ça serait bien le genre de Julius de reprendre quelqu’un sur ça. Ça serait aussi son genre d’avoir une voix aussi grave. Je ne suis pas particulièrement convaincue, mais y’a un moment où il faut choisir. J’attrape la poignée de la porte et force pour ouvrir. Elle semble un peu coincée, je force un deuxième coup et manque de me casser la figure lorsque celle-ci s’ouvre. Je ne veux pas attirer l’attention, alors je referme vite avant que le froid s’engouffre et qu’on sache que quelqu’un est là. De toute façon, les deux gusses ont l’air tellement pris dans leurs conversations qu’ils ne m’ont pas entendu. J’ai à peine le temps de prendre connaissance des lieux. Je me sens pressée par le temps.
A pas de chat, j’avance dans la pièce, longe les murs. Il n’y a personne. Personne à part nous trois. Soit Julius est dans un sale état, soit le type qui le garde est assez balaise pour le maintenir dans un sale état. Je ne sais pas ce que je préfère. Je m’approche toujours, longe un couloir et vais jusqu’à ce qui ressemble à un salon réaménagé, pas très grand, mais lugubre. Derrière le mur de ce couloir, je passe juste la tête rapidement pour jeter un coup d’œil. Ce que j’aperçois me rassure.

Finalement, peut-être que la chance peut frapper deux fois au même endroit.
Pas trois.

J’enfonce bien ma main dans mon gant, que je tire à l’aide de mon autre main, et discrètement, j’approche des deux loustics qui tapent causette. Julius me voit. Il est amoché, mais je ne crois pas que ça le change de d’habitude. Je ne dis pas qu’il est moche d’habitude, je dis juste qu’il doit manger tellement de gnons que c’est le voir sans bleus ou cicatrices qui surprendraient. Vague coup d’œil au garçon, je me recentre immédiatement sur celui qui lui fait des yeux de biches, histoire de tenter de le séduire. Décidément, le charme de Julius fait des ravages…

« … Merci pour l’information.
- Putain ! Et je ne peux même pas te tuer !
- Faudrait toujours pouvoir.
- Tu te sens capable, de m’en empêcher ?
- Moi, non. Mais, elle, si. Ça fait un bail, Lilou. »
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Le type a à peine le temps de se retourner que je le chope d’une main à la gorge, de l’autre à la ceinture, avant de le faire passer par-dessus moi. Il est peut-être lourd, mais à grand renfort de colère, la tête du gusse finit par rencontrer le sol froid de la pièce. Il y a comme un bruit sourd, puis le reste de son corps s’écrase par terre. Il tente de se relever, mais ma grosse botte s’écrase violemment sur son crâne. Sa tête finie par épouser le sol après un « crack » bruyant. Une flaque se forme, de sang et de bave, annonçant que je n’y suis pas allée de mainmorte avec lui. Il est sonné, une énorme bosse pousse sur le sommet de son crâne, et je ne sais pas pour combien de temps j’ai réussi à le foutre dans les vapes.

Avec toutes ces bêtises, il nous reste vingt minutes pour quitter discrètement la ville, et je crains de ne pas avoir le temps. Je me tourne vers Julius, l’estime un instant pour voir s’il sera capable de bouger, ou s’il faut improviser autrement.

« Tu vas pouvoir marcher ? »

C’est peut-être ce qui m’inquiète le plus dans cette histoire. Je ne suis pas sûre de pouvoir, moi, le porter jusqu’à la crête ou Rikkard et Bee nous attendent. Mais la question est plutôt rhétorique, et il a plutôt intérêt à pouvoir marcher. Maintenant que le temps joue contre nous, nous n’avons de toute façon pas le choix. J’en viens à le libérer de ses liens. Je galère un temps de plus pour ses menottes, mais à force de me déchainer sur la serrure, elle finit par céder. Le pauvre type ne doit pas avoir trop mangé ou dormi, pendant tout ce temps. Et au vu des marques qui zèbrent ses bras, on ne l’a pas aidé à se sentir à l’aise. Je préfère ne pas m’attarder là-dessus : ça se paiera, d’une façon ou d’une autre.
Je l’aide à se remettre sur ses jambes, le place contre le mur le plus proche pour qu’il puisse se tenir. Je lui tends ma gourde, aussi, pour qu’il se retape un peu. L’eau ne lui fera pas de mal. Puis, je retourne vers mon compagnon et commence à lui enlever ses fringues. Avant que Julius ne me demande si je me suis mise à la nécrophilie, je lui jette chemise, veste, pantalon et botte, en lui disant :

« Enfile ça, ça va t’aider à lutter contre le froid. »

Je ne lui laisse pas vraiment le choix, mon regard est dur et autoritaire, et je lui annonce la couleur du dehors :

« Il fait froid, j’ai posé des bombes, on a vingt minutes pour décamper, et l’idée ça serait qu’on le fasse discrètement. Mais avant tout, je veux savoir ce que tu branles sur Drum. »

En disant ça, j’attrape l’autre type par les bras et le traine jusqu’à l’ancienne place de Julius. Là, je le ligote et l’attache, lui fout un bâillon sur les lèvres pour l’empêcher de parler. Sa tête a du mal à tenir, de temps à autre, il semble émerger, mais sans plus… Chaque seconde qui passe est une torture pour moi qui souhaite en finir vite. Les grands moments d’actions ne sont peut-être pas faits pour moi.

Avisant Julius du regard, je lui indique la sortie d’un signe de tête, et sors de mon sac à dos une autre bombe que je pose sur les genoux de son geôlier. Je la règle, la branche, et nous laisse vingt bonnes minutes pour nous tirer d’ici. Puis, prise de remord, je préfère reprendre la bombe pour l’amener dans l’entrée et la cacher dans un des meubles mis sur le côté. Devant la porte, je mets la main sur la poignée, et avise de nouveau Julius :

« Prêt ? »
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Je suis tellement sur le cul que je m’demande si j’ai pas viré zinzin à force de m’faire latter la gueule par cette fiotte. Ce connard m’a tellement savaté que j’vois des rousses partout. Il faut dire que la sensation de brûlure que j’ai dans le dos depuis le fouet ne me laisse que peu de repos, voire aucun. Chaque mouvement de ma part réveille ces meurtrissures chauffées à blanc. J’ai l’impression qu’elles vont me cramer et c’est pas loin d’être vrai.

Alors, que croire quand t’es tellement mal que t’essayes d’occuper ton bourreau un peu pour récupérer ? J’en sais pas, je n’sais plus, je n’sais rien. Ma seule certitude est que je suis sadiquement heureux de le voir se faire écraser la gueule par Lilou.

Qu’est-ce qu’elle fout ici, celle-là ? J’ai bien vu qu’il y avait de la marine, mais elle non. Elle vient peut-être d’arriver, remarque. Autrement, j’aurais vu Bee au moins une fois. Lui, ne se rate pas dans un camp. Quatre mètres de jaune, ça ne passe jamais inaperçu.

Du coup, où est-ce qu’il est ?

J’imagine que vu comment il est discret, elle doit l’avoir laissé dehors. Et puis, j’y penserai loin d’ici, devant un bon gigot, sur un lit ou entre les cuisses d’une gonzesse. Que je me passe un peu le goût amer des châtaignes et des marrons qui m’ont servi de seule bouffe ici.

Quand la rousse a fini de me libérer, je m’écroule presque. Mes épaules sont fragiles et mes poignets ont grandement souffert de ma détention. Tout souffre en moi, la seule chose qui me permet de garder l’esprit est une puissante haine, bouillonnante qui monte comme une vague terrible menaçant de me submerger. À peine délié, je pense déjà à tous les supplices que j’vais infliger à ce connard. Lui rendre tout au centuple, sans autre raison que de me faire plaisir.

Et puis, je décide de marcher pour tester mes jambes. Elle ne compte pas me porter, on dirait. De toute façon, il faut avouer que j’ai connu pire ; les privations et la douleur ont été mon quotidien durant toute la vie. Le froid, la faim, la soif et même la défaite je les ai toutes combattues avec mes tripes. Ce que t’as dans l’froc est ta seule arme quand t’as personne sur qui compter. Mais là, sans elle j’aurais fini par craquer, je l’sais. Faudrait que je murisse, que je change. Je n’peux compter sur la chance éternellement.

Je sens que je m’perds dans mes réflexions alors que c’est pas l’moment. Lilou me tend des fringues qui ne servent visiblement plus à rien. Je les enfile en essayant d’oublier que le rose est pour les tapettes. Pendant qu’elle finit de bricoler je n’sais quelle merde dans son coin, je vais récupérer mes armes et mon armure que mon pote, la tafiole, a caché dans une armoire à côté. J’enfile mes affaires et finit par me couvrir d’une peau de bête grise et qui serait initialement blanche. Elle ferait partie de l'équipement de base du révolutionnaire ici.

Paré et harnaché, je regarde une dernière fois mon geôlier pendant que la jeune fille l’enchaîne à ma place. Mon couteau me démange, j’ai du mal à trouver l’envie de lui répondre.

« Je chasse des primes, Lilou. »

Le vieux Mark me dit de l’égorger voire de le prendre avec moi pour m’amuser avec pendant les prochains jours. Combattre l’ennui et la solitude en le dépeçant vif. Lilou m’arrache péniblement de ma réflexion avec sa requête pour partir. De toute façon, avec ce qu’il y a d’explosifs, il ne survivra pas. Et avec ce qu’il y a dans la baraque, ça va être velu pour passer l’hiver.

Parce qu’il faut bien aller, on y va. On sort et le froid me cogne la tronche à m’en décrocher la face. J’ai l’impression de m’faire cramer le visage tellement il caille dehors. La bassine d’eau ne m’a pas rafraîchi, loin de là. J'en garde un sale souvenir que le contact de mes mouvements ne fait que me rappeler. Ce serait dommage d’oublier les bons moments passés avec cet enfoiré d’mes deux. En plus, j’ai sa chemise sur le râble des fois que m’sente seul.

Sale con.

Dehors, en plus de m’geler les noix, j’essaye de lutter pour pas pioncer. Trois jours à m’faire buriner la tronche à coup d’lattes ne m’a pas fait qu’du bien. Loin de là. En plus, je m’dis que c’est un putain coup d’chance qu’elle vienne me chercher, elle. Autrement, j’aurais fini découpé en rondelles à décorer un coin d’cheminée, ou pire.

Passer inaperçu dans l’village est une chose, le faire tout en taillant sa route en moins de vingt minutes en est une autre. Faut pas courir parce que ça s’verrait, mais on n’en est pas loin. C’est drôlement vaste un endroit qui risque de te péter à la tronche en moins d’une demi-heure. En tout cas, ça donne une impression qu’il y en a trois fois trop.

Heureusement qu’il n’y a que deux patrouilles là où on passe. Apparemment, c’est l’heure de la gamelle pour ces loustics. Moi, j’ai faim, mais plus de survie que de bectance. On passe à côté d’une maison, on évite les voyeurs. On ne se parle pas. Pas un mot. Tous les deux tendus par l’imminence du feu d’artifice.

Ça va être grandiose, j’en suis presque ému.
Presque.
Mais pas tout à fait.
Faudrait déjà que je puisse.

Arrivés devant la porte du bazar, on voit que la sentinelle garde l’entrée comme un pro. Guérite abaissée, casquette vissée sur le citron et gros coup d’pinard dans l’pif pour se t’nir chaud. Comme il est visiblement entre nous deux et la sortie et que le besoin de s’faire la malle devient pressant, j’essaye de faire un plan avec ma sauveuse.

« T’as une idée ou je lui mets une tarte et on en parle plus ? »


Dernière édition par Julius Ledger le Jeu 7 Mar 2013 - 13:14, édité 1 fois
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« Bee et Rikkard nous attendent de l’autre côté de la crête, vers le pic Bona… »

Je dis ça en pointant de ma main libre le sommet qui se dessine à peine. Je ne suis pas sûre qu’il capte vraiment quoique ce soit à ce que je lui dis, mais dans le doute, lui parler ne fait pas de mal. Ainsi, il garde contact avec la réalité, il évite de se perdre dans ses idées noires et de penser à ses blessures. Il faut rester positif, voir l’après, plus loin. Se fixer des objectifs pour se permettre de progresser. C’est la seule manière qui me maintient pour vraiment tenir bon dans le coin. La nuit d’hier a eu raison de mon humeur, mais je suis une personne profondément optimiste, parfois. Souvent.
J’y songe, mais faudra prendre le temps de se mettre au calme pour le soigner. Je ne sais pas ce qu’il compte faire -Me suivre, ou rester dans son coin et faire ses bêtises- mais il ne pourra pas aller bien loin dans son état. Se restaurer, se remettre d’aplomb et aviser ensuite. Sur une pente aussi glissante que Drum, foncer tête baissée sans prendre la peine de lécher ses plaies, c’est s’assurer une mort lente et douloureuse.

« C’est vraiment un miracle de t’avoir trouvé, on peut dire que tu as de la veine... Quelques jours de plus et t’y passais, avec tes conneries. Espérons que ta chance est contagieuse et qu’elle nous aide à renverser la situation sur Drum… »

On avance toujours en direction de la sortie, en essayant de rester calme, d’être monsieur et madame révolutionnaire sur les bords. J’en viens à penser à des trucs absurdes : est-ce que les révolutionnaires marchent comme nous ? Quand ils sont calmes, et un peu chez eux, est-ce qu’ils ont l’air comme nous, maintenant ? Est-ce qu’on passe vraiment pour le type lambda moyen ? Pourquoi est-ce que j’ai cette putain d’impression que y’a forcément quelque chose qui va nous trahir ? Et si on se fait voir, comment est-ce qu’on avise ? Non. Non, ne pas penser au pire. Rester optimiste : tout va bien se passer.
Enfin, je dis ça, mais on arrive déjà à la sortie et y’a un type qui garde l’entrée. Vrai qu’en arrivant, je ne suis pas passée par la grande porte. Et c’est beaucoup plus facile de cheminer vers la route balisée que de prendre des sentiers escarpés. Je ne peux pas me permettre de gravir avec un blessé des parois dangereuses. Pour le coup, nous sommes autant en danger en passant par la voix facile que par celle difficile ; Et je n’ai pas le temps de m’occuper de ça maintenant, j’ai à faire avec un type qui nous barre la route.

« Mh… laisse-moi m’occuper de ça, ne bouge pas d’ici. »

Je le lache et m’avance vers le type, tirant sur mes gants et remettant en place mon armure. De loin, le type me voit, mais je suis déjà à quelques mètres seulement. Il m’interroge du regard, descend de sa hauteur pour venir répondre à ma demande. Je ne me distingue pas d’un autre avec ma tenue, et comme je viens du village, il ne peut décemment pas suspecter que je suis une intruse. En plus, Julius porte les affaires d’un mec qu’il a certainement vu et revu dans le coin. Espérons que ça fonctionne un minimum…

« Je peux vous aider ? Euh… vous êtes qu-Kouarh ! »

Bim ! Clac ! Paf ! Aie ! Craaaaac !

Je tiens le type inconscient dans mes bras, et le tire derrière un rocher, pour reposer son corps sur un tas de neige. Il est à l’abri des regards, mais je veux gagner du temps, des fois qu’il se réveille trop tôt. Je sors scotch et fil d’une de mes sacoches et lui attache les mains dans le dos, en plus de faire de même avec ses pieds et de le bâillonner. Sortant de derrière mon rocher, j’avise et zieute autour, avant de faire un signe à Julius pour qu’il se ramène : la voix est libre. Pour l’instant.

« Pour l’instant, on passe par la route normale qui remonte vers la crête et le pic. Mais dès que tu te sens mieux, on prendra des chemins moins banalisées, pour éviter d’être trop remarqués. Ça nécessitera d’escalader et de passer par des endroits plus rocailleux et verglacés… Donc, c’est quand tu te sentiras prêt à faire plus d’efforts. »

Nous sortons du village et nous éloignons à petit pas. J’adopte un rythme plus restreint pour Julius, mais intérieurement, je suis pressée. Nous n’avons pas longtemps pour prendre le large et éviter que des révolutionnaires chanceux se mettent à nous traquer. Et je suis loin d’être fière de me retrouver au milieu d’une piste, ou à tous les coins de rochers, on pourrait tomber sur un type capable de nous canarder. De fait, si une troupe arrive en sens inverse, je ne saurais dire ce qu’il adviendra de nous. Mais comme d’habitude, penser positif ! Reprendre la conversation, essayer de tirer parti de tout pour se débrouiller au mieux. Je saurais me dépatouiller en conséquence, je suis très douée pour improviser avec du n’importe quoi.

« Bref… Et à part te faire frapper, tu as pu apprendre quelque chose qui pourrait m’être utile ? »
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Drôlement efficace la petite, mais drôlement bavarde aussi. Il faut dire qu’elle était comme ça la dernière fois où je l’ai vue. Je sais que j’ai eu d’la chance qu’elle vienne me sauver. Autrement, ils auraient su que je n’avais rien à leur dire et j’aurais fini six pieds sous terre, anonyme et vachement con et seul. C’est pas comme ça que je risque de retrouver ma famille, moi. En même temps, je ne me souviens pas d’une expérience favorable de former une équipe. Dans le camp, tout le monde est prêt à s’égorger pour le moindre quignon de pain. Forcément, ça ne favorise pas la confiance.

Mais là, je ne peux plus me permettre de me mettre bêtement en danger comme ça. Je ne peux pas risquer de crever pour rien. Et laisser ma famille déçue, ça, jamais. Si je m’en sors, il va falloir que je change la situation. Que je trouve une solution pour ne pas me retrouver à attendre une aide miraculeuse si je me fous dans la merde.

Par contre, rien ne garantit que ça ira pour moi, pour nous deux. Pour avoir été ici depuis deux semaines, je sais parfaitement que la révolution est solidement implantée ici. Elle a probablement un paquet de plans et de coups de putes en réserve. Après la peignée qu’ils se sont reçue dans les Blues, ils n’ont plus le droit à l’erreur. Et ça, ça implique une préparation minutieuse dont j’ignore tout.

Après, il y a bien le futur capitaine corsaire qui veut des toubibs et le géant qui les détient tous sous sa garde. Il doit avoir négocié avec lui quelque chose. Genre l’aider à buter la marine en échange des médecins. Dans ce cas, rien n’assure à Kraab que le géant va tenir parole. C’est connu, les révolutionnaires n’aiment pas les pirates et détestent probablement plus ceux qui bossent pour le gouvernement, alors quoi ? Il le tient par les couilles, le corsaire n’a certainement pas le choix. Mais ça, tout le monde le sait ici. Ce n’est même pas de moi tout ça, ça se raconte quand tu bois un coup, personne ne parle d’autre chose dans le coin.

Quand on est sortis du camp, grâce à des gnons que je ne l’a savais pas capable de distribuer, je me suis décidé à lui demander à propos de Bee. Elle a dit une phrase un peu étonnante et je suis resté dans mes pensées avant de réaliser que son monde part légèrement en orbite sur une couille.

« Bee picole ? »

Je n’ai pas entendu sa réponse parce que les explosifs ont en décidé autrement.
Sales gosses.

Il n’est plus question de s’arrêter pour tailler le bout d’gras maintenant que les autres ont l’feu au cul. Penser à mes blessures est un luxe que je n’peux me permettre maintenant que ça pète et ça gueule de partout, une vraie chorale de truies qu’on saigne. Et puis, c’qui est bien avec la fuite, c’est qu’elle préserve des emmerdes. Et des emmerdes, j’en ai eu bien assez pour la journée, moi.

Saleté de bassine de mes deux couilles.
Si je le retrouve ce connard, je le découpe en rondelles à vif lui et sa famille jusqu’aux origines de l’humanité.

Lilou court, elle s’accroche à la vie, elle est saoulée du bruit qui l’entoure.

Et moi derrière, je suis comme je peux. C’est bien simple, ça me ramène à l’époque où j’étais gosse et quand, pour améliorer notre endurance, on nous lâchait des fauves au cul. Le but est de rester en vie jusqu’à leur satiété. Du coup, quand tu peux casser une patte à un concurrent, tu t’en prives pas, ça te ne raccourcit que d’autant l’épreuve.

Mais j’aurais le temps d’être nostalgique plus tard, probablement. Même si je préfère penser à quelque chose de plus joyeux. Genre un beau cul bien ferme et rebondi.

Je me fous une claque pour me sortir les doigts du cul. Quel blaireau ! C’est pas l’moment de penser avec ta bite. Et puis, c’est pas comme si coursé comme un lapin, tu allais tirer un coup.

Jusqu’à ce qu’on arrive au fameux sommet désigné par Lilou. Et là, je manque littéralement de tomber sur le cul. Là-bas, un grand mec, bâti comme une armoire nous attend avec un crâne lisse et soyeux et une barbe de deux bornes de long. Il est habillé avec une peau de loup, tête comprise et me regarde avec la sale gueule qu’on devine au-dessus de la moustache.

Je me dirige vers lui et lui palpe le visage pour vérifier que ce n’est pas un masque qu’il porte. Puis, je m’mets à gueuler :

« Putain, Lilou, qu’est-ce que t’as branlé, merde ? Le pauvre Bee, il ressemble à rien, là ! »

Là-dessus, Bee me met une putain de tartine qui m’envoie m’éclater le peu de visage qu’il me restait dix mètres plus loin. Je m’relève la main sur le front, la tête prête à se rompre en deux.

« Il a perdu la mémoire aussi, Lilou ? Dis, est-ce que tu es réelle, déjà ? Je peux toucher pour vérifier ? »

Une claque plus tard.

« Bon, là t'es réelle, j'en suis certain. Ou alors c'est moi qui devrait aller chez les dingues. Tu crois que je suis malade ? »


Dernière édition par Julius Ledger le Mar 19 Mar 2013 - 23:02, édité 1 fois
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L'aube est déjà bien loin. La journée est bien avancée et dans une heure ou deux, le soleil sera à son zénith. Dans la neige de Drum. Une colonne d'hommes avance. Rompu à l'effort de marcher dans la neige, il progresse à un rythme soutenu que d'autres n'auraient pas su tenir. Les plus forts portent de grands sacs ; les chariots ne peuvent passer ici. Par contre, quelques traineaux sont utilisés pour porter le matériel qui n'a pas trouvé place sur l'une des épaules des valeureux révolutionnaires marchant à la suite de Marli Gaumon. Parmi la colonne d'homme, c'est celui qui met le moins d'effort à progresser dans la poudreuse. Il a cessé de compter le nombre d'heures qu'il a marché entre les camps des révolutionnaires pour apporter la logistique nécessaire à entretenir pareil troupes.

De plus, il aimerait aller encore plus vite. La tempête de la nuit l'a ralenti. Il aurait voulu arriver dans la nuit. Pas simplement parce qu'un otage plein de vie est censé y attendre, mais parce que des ordres et de l'approvisionnement doivent être donnés. Distribuer la nourriture et voir les visages bienheureux de ses camarades révolutionnaires quand ils la reçoivent, ça vaut son pesant d'or et l'effort n'en est que plus beau. Plus récemment, un autre détail le pousse à accélérer. Les éclaireurs n'ont pas apporté de bonne nouvelle de la destination.

Une fois sur place, Marli ne peut que constater les dégâts. Plusieurs explosions ciblées ont détruit une partie du camp. Des réserves ont été détruites. Des révolutionnaires ont été touchés, surpris par les déflagrations. D'un regard, il juge que ce camp n'est plus viable. En l'absence d'accusé, le moral des troupes est bas. Si n'importe qui peut frapper au milieu de tous en toute impunité, il vaut mieux limiter les risques. Le code de Gaumon le dit : toujours éviter les pertes. Il y a plus à gagner à rester vivant que mort.

Un rapide compte rendu avec les chefs de la base le met au courant des premiers éléments de l'enquête. Le prisonnier s'est échappé. Probablement avec la complicité d'un autre ; le poseur de bombe. Marli réconforte par sa présence. Les révolutionnaires veulent des réponses. Ils veulent retrouver les coupables. Mais la guerre est dure et les priorités ne sont pas les mêmes partout.

Nous allons repartir vers le nord. Les pisteurs du campement resteront sur place pour contrôler d'éventuels mouvements de la marine et devront communiquer aux bases les plus proches sans intervenir. Privilégié vos vies. Préparez vos affaires.


Certains ne veulent pas que leurs agresseurs partent impunément. Réceptif à la colère globale et souhaitant avoir une troupe avec le meilleur des morales, Marli fait venir son nouvel ami. Celui-ci s'approche, tout doux, passant entre les hommes qui le contemplent, surpris.

Mon cher, veux-tu pister ceux qui nous ont attaqués ? En mémoire de ceux qui sont tombés. Je veux savoir où ils vont et qui ils sont. Ne te mets pas en danger, surtout.


Il accepte, évidemment. Il serre la main de Marli, car il y a une franche entente entre les deux individus. Ils se sont rencontrés sur cette ile et ils ont rapidement pactisé. L'autre partage les valeurs de Marli et a accepté de l'aider dans son entreprise. Le pisteur et ami de Marli finit par s'éloigner, traversant la neige avec une facilité déconcertante, suivant les traces que les sentinelles pensent être celle des poseurs de bombes. Marli le regarde, espérant qu'il lui revienne en un seul morceau. Qui sait ? Ils sont peut-être ami depuis peu, il a pu lui cacher une part de sa véritable nature.

Quelque temps après, il ordonne à quelques-uns de ces hommes de suivre son ami. C'est une double sécurité. Les poseurs de bombes seront probablement plus focalisé sur leur principal pisteur et ne pourront pas empêcher les autres hommes de prévenir Marli. Et surveiller l'autre.

Une fois tout le monde est prêt, Marli prend la tête de la procession d'hommes se dirigeant vers le nord, reprenant la route qu'ils ont tracée, quelque temps plutôt.
    Les yeux du Montagnard se fermèrent un instant en avançant, inspirant l'air glacial de l'île. Il avait laissé derrière lui ses frères et sœurs d'armes pour accomplir une partie de leur serment envers Lilou, mais le doute obscurcissait son esprit. Des siècles de méfiance et de mépris ne s'effaçaient pas par de bons sentiments et si la jeune femme avait gagné leur aide par son amitié du dernier des Lochon, elle n'avait toutefois pas leur confiance. Lilou était gentille, mais elle restait Citadine elle aussi. Elle ne comprenait pas ce que voulait dire leur alliance. Elle ne comprenait pas le sens du combat pour les Montagnards, bien loin de cette valeur que les Citadins appelaient "honneur"... les trésors qu'elle avait voulu leur montrer n'avaient pas pris possession de leur cœur de fer. Le Léviathan, monstre hybride bâtard dont elle leur avait chanté les louanges, horreur qui n'était plus tout à fait un bateau. Ce petit freluquet perfide à la face de craie et au sourire de vermine qui s'était présenté à eux sous couvert de ses mignons armés. Et tout le reste. Les sourires faux et polis des Marines effrayés ou dubitatifs. Le Fenyang, leur chef, espérant qu'ils collaborent dans cette union contre-nature avec cette raclure de Noriyaki. Et les avalanches qui restent sur toutes les bouches et dans tous les esprits comme moyen ultime de remporter la victoire. Quelle victoire.

    Quelle victoire ?

    Pourvu tous qu'ils partent vite. Vite et sans rien laisser derrière eux.

    Les autres ont rit. Les autres savent. Notre fardeau n'est pas le même. J'suis l'second frère d'Eddard. Le Chef d'la Baraque Lochon quand il est pas là. Et j'dois êt' prudent pour les autres... car plus j'avance, plus j'sens qu'ça bout dans mon sang d'Stearc. Le combat est proche. J'respire son odeur. Hoddin se réjouit d'avance. Le Montagnard sourit. Depuis combien de temps n'avait-il pas combattu ?

    ***

    Le bruit de l'explosion sortit Rikkard de sa torpeur et son sourire s'élargit encore plus. Lilou pouvait dire tout ce qu'elle voulait, l'oncle était certain que son neveu avait déteint un peu sur elle... plusieurs minutes de blizzard plus tard, les yeux de Rikkard habitué à la soupe climatique de son pays aperçurent deux silhouettes avançant dans la neige. Se frottant les globes, le Montagnard rit dans sa barbe tant le Destin était joueur : l'ami de Lilou possédait des cheveux-de-lait comme Robb. Alors même à l'autre bout du monde, tu veux participer hein ? BWA HA HA ! ça t'ressemble bien, va. J'comprends mieux pourquoi elle voulait tant l'chercher, c't'une rareté l'bonhomme bwa ha ha ! Et les quelques instants qui suivirent ne le trompèrent pas : visiblement ivre de sa liberté retrouvée ou des traitements qu'il avait subit, le gus vint lui tâter la ganache et le prendre pour l'palmipède blotti dans ses fourrures. En bon Montagnard, Rikkard lui colla un gnon bien senti dans l'pif pour irriguer à nouveau son cerveau. La suite est prévisible et résonne encore timidement derrière le souffle du vent.

    « Pour répondre à ta question Lilou, on a creusé un peu partout dans les montagnes et normal'ment, il devrait y avoir un tunnel ou une caverne proche du château. Néanmoins, tu nous surestimes un peu si tu crois qu'on a un truc qui débouche direct' dedans. On l'a pas construit après tout. Et aucun Montagnard n'y a habité. J'crois même que ce tunnel était une erreur. 'Doit être à demi-effondré. M'enfin bon, c'est déjà mieux que d'se frotter du sel sur le croupion avant d'aller sauter dans la gueule des Révos. »

    Se lissant la moustache, le bonhomme vit le véritable Bee se ruer vers sa conceptrice et se nicher dans ses jupons. Le pauv' petiot devait s'être fait un sang d'encre. S'approchant de toute sa stature vers Tignasse-de-Neige, il lui colla brutalement dans la tronche une écharpe tout en balançant son nom. Et joignant le geste à la parole, il lui cala dans une de ses paluches un alcool épicé typique : Ragna-Rockies. L'oncle lui fit signe d'en boire une gorgée. Puis la reprenant d'un geste sec, Rikkard choppa Lilou d'une main ferme et l'obligea à boire une bonne rasade avant de s'éloigner pour éviter d'être picoré par Bee.

    « Vous en aviez besoin. Va falloir tenir le rythme et surtout se préparer au pire. Y a risque de baston là bas, vaudrait mieux pas que vous soyez engourdi par le froid ou d'autres conneries dans l'genre. Ouais, j'sais Lilou : t'es en service... ET J'M'EN FOUS BWA HA HA ! »

    Ouvrant son manteau pour que tous puissent s'y réfugier (et faisant les gros yeux à Julius pour qu'il vienne s'abriter), la petite troupe repartit de plus belle à travers neige et vent.

    ***

    L'entrée du tunnel à peine plus grande que Rikkard dardait sa vilaine face pleine de crocs-stalagmites et de dents-stalactites sur l'extérieur, mais les voyageurs n'avaient pas le temps d'avoir peur.

    Ils s'engouffrèrent lentement et disparurent dans l'obscurité bleu clair de la grotte.

    Loin, bien loin, mais pourtant proches, les Révolutionnaires sur les talons.
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    Comme une gueule grande ouverte, creusée dans la roche du pilier. Des pics tombant vers le sol, d’autres grimpant vers le ciel, formant plusieurs rangées de dents tranchantes, prêtes à nous croquer.

    Je n’aime pas l’endroit. J’ai de très bonnes raisons pour ça. Personne n’a envie de se perdre dans une grotte ou on a à peine la place de se glisser. Personne. Surtout pas moi. Mais c’est parce que je suis une sacrée trouillarde, et que je crains les endroits fermés. Quand on prend l’habitude de voler à dos de Canard, on a tendance à éviter les lieux étroits, clos, noirs. Parce qu’ils réveillent des souvenirs, que le plein air a tendance à tasser, au contraire. Je déglutis péniblement en sortant du manteau de Rikkard.
    L’endroit est frais, mais toujours moins que dehors. Nous sommes déjà à l’abri du vent et des courants glacials...

    Je me retourne vers mes compères, pas rassurée pour deux sous. Finalement, c’est peut-être pas une si bonne idée de passer par ici, mais Rikkard m’assure que c’est l’un des chemins les plus discrets, et qu’avec de la chance, il est peut-être toujours viable. Julius renchérit en m’assurant que le Roi se trouve bien au château. Que c’est là qu’on doit aller. Et que j’ai bien été foutu d’aller le chercher dans un village perdu, qu’est-ce que j’ai à craindre d’un tunnel un peu serré ?

    Ouais, qu’est-ce que j’ai à craindre ?

    Bee me suit en se dandinant, j’en profite pour héler mes camarades :

    « Je prends de l’avance pour explorer le tunnel, voir si le chemin est dégagé ou si j’ai besoin de faire des travaux pour libérer le passage. Profitez-en pour brouiller nos pistes, d’accord ? Dans un rayon de trente mètres, tacher de perdre les gens qui pourraient nous suivre, ça nous fera gagner du temps. Dès que ça sera fait, on se retrouve plus haut, d’accord ? »

    Un signe de tête plus tard, Bee et moi nous engouffrons dans l’énorme brèche qui nous fait face, évitant les pics et la roche coupante que le temps à sculpter.

    Les galeries sont étroites, au point où je me demande si Rikkard pourra s’y glisser. Je frôle souvent le plafond de ma tête, mes hanches touchent les parois, mes habits s’accrochent aux murets de pierre, Bee prend les devants et avance calmement, regardant devant lui, plutôt confiant. Nous voyons à peine face à nous, à quelques mètres seulement. Nous manquons souvent de nous casser la figure sur des petites plaques de glace que l’humidité et le froid ont créées.
    Je pense être au bout de mon chemin lorsqu’un éboulement me stoppe sur ma route. Mais Bee me fait vite remarquer que les pierres ne sont pas trop grosses pour désencombrer le passage. Nous nous mettons au travail bien rapidement, et dès que notre tâche est faite, nous entendons déjà, dans l’écho des galeries, les bruits de pas de Rikkard et Julius qui ne tardent pas à montrer le bout de leur nez.

    « Les amis… La voie est libre. »

    Sans m’en rendre compte, j’ai fait seule, pour explorer le terrain, la moitié du chemin jusqu’au château. Et Julius prend les devants pour avancer, Bee sur ses talons, suivi de près par le montagnard bien trop grand pour l’endroit et par une rouquine qui s’attend à tomber sur la mort déguisée en révolutionnaire à chaque coin de galerie.

    [HRP : C'est court et pas terrible, désolée...]
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    Mais ?
    Bee est un canard normal ?
    C’est quoi ce qu’elle lui donne à manger ?
    Y a cruauté animale, là !
    M’enfin, Lilou !

    Tu t’entends, mec ? C’est de Lilou et Bee qu’il s’agit. Fais comme si tout était normal. Qu’un type qui s’appelle Rikkard te propose de l’alcool n’est absolument pas de l’ironie. C’est parfaitement logique, après tout. En plus, vu son pif, il n’est probablement pas un buveur d’eau. Et pas un buveur d’alcool humain. C’est probablement un truc pour abréger la souffrance des bêtes blessées.

    Par contre, Lilou a vachement changé depuis. C’est vrai que j’ai gardé d’elle le souvenir d’une fille un peu déjantée. Je ne la savais pas si forte. En tout cas, je croyais que Bee représentait tout son potentiel de combattante. Et c’est un cador ce canard.

    C’est dégueulasse de le voir pas plus haut que trois pommes. M’enfin, 'vais pas m’plaindre non plus. Il a l’air content, lui. Si tant est qu’un canard puisse avoir l’air de quelque chose.

    Est-ce qu’un piaf peut sourire ? Faudrait que je demande. Mais pas maintenant, l’ambiance n’y est pas.

    Franchement, je me sens un peu bizarre aujourd’hui. Ça doit être l’effet de la liberté. J’ai encore mal partout, par contre je me sens définitivement bien loin de ce détraqué sexuel. Je porte encore son ridicule vêtement. Rose, quelle idée ! Pourquoi pas des paillettes aussi ?

    Effacer des traces, ça je sais faire. Sauf que le grand con avec nous pense savoir mieux. Il connaît la montagne qu’il dit. Génial, j’avais vraiment besoin d’entendre ça. Je te laisse trouduc faire ton show. En attendant, j’efface nos traces les plus proches pendant qu’il crée de fausses pistes un peu plus loin. C’est pas génial, mais ça va probablement occuper un peu nos éventuels poursuivants.

    Quand on revient, on décide de s’engager dans un long tunnel chiant. Je passe en premier pour pas avoir à rester derrière Rikkard. Celui-ci a vraiment du mal. Il n’a ni la carrure ni la souplesse pour ce genre d’ascension.

    Après avoir rejoint Lilou, ça devient franchement compliqué. Je me retrouve obligé à tout « défricher ». Elle est plutôt sympa, finalement. Pas la galerie, la rousse. La galerie, elle est un calvaire. Y a des plaques de verglas, des rochers partout. En plus, ça n’aide pas à guérir mes blessures que de subir tout ça. Mais bon, je ne suis pas homme à me plaindre. Je profite d’ailleurs du voyage pour me restaurer. Rikkard a apporté du fromage et, c’est tout. Juste du fromage, du reblochon. C’est un peu étrange quand même. Sauf que j’ai tellement faim que je mangerais mes chaussures.

    Finalement, on débouche enfin en haut de la galerie. Celle-ci était obstruée par un lourd rocher. Tellement lourd qu’il a fait un grand bruit de craquement quand on l’a dégagé. Et puis, le château, devant nous. On n’voit pas la façade, mais c’est comme si.

    Putain, c’est classe ! Il doit avoir des couilles en or le taulier.

    J’espère juste que le bruit qu’on a fait en sortant ne va pas nous faire repérer. Je n’me sens pas spécialement de gigoter.
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