Pendant les réjouissances, et autres explications entre Rhinos...
Quelques secondes après le coup de fil, à quelques mètres seulement de l'île...
Quelques secondes après le coup de fil, à quelques mètres seulement de l'île...
- Salem, calme-toi…
Ketsuno s’était approchée de moi, l’air inquiète, voire même effrayée. Il était rare de constater cette mine chez cette femme ; et quand elle était comme ça, cela ne pouvait signifier qu’une chose : Que son cousin était en colère… Vraiment en colère. En effet, j’avais la rage, et pas qu’un peu. Assis sur une grosse caisse contenant du matériel de charpenterie, je tremblais sur moi-même comme jamais, tellement j’étais à la limite d’exploser. Comme précédemment dit, ce n’était non pas la mixture d’Enzo qui rendaient mes yeux rouges, mais la colère, la haine ! La haine que je nourrissais envers ces saletés de révolutionnaires ! Ces bâtards avaient toujours le don de nous pourrir la vie, de me pourrir la vie ! Mais cette fois comme la nuit qui avait vu mourir ma femme, je n’allais pas les laisser faire, oh que non ! J’étais même capable de sauter du Léviathan et aller rejoindre cette île à la nage pour en finir rapidement. Ma poigne était tellement forte sur le combiné que je tenais toujours, que mon escargophone commençait à avoir les chocottes. Cependant, il n’y avait pas que moi qui étais furieux. Tous les autres hommes qui m’entouraient et qui avaient entendu la conversation se sentaient également concernés par l’affaire. Sur le navire, personne ne pouvait saquer le moindre révolutionnaire, surtout après ce qui s’était passé cette nuit-là, à Little Garden. La nouvelle qui venait de tomber, était donc comme la goutte d’eau qui faisait déborder le vase. Les réjouissances tiraient vers leur fin…
Mes hommes n’attendirent qu’une chose dorénavant : Mes ordres. On sentait qu’ils étaient prêts à entrer en guerre, malgré le climat rude sur Drum. Trop énervé sur le moment pour aligner ne serait-ce qu’une seule phrase correcte, je me contentai de faire un signe de tête pour donner mon ok. Dès lors, le pont qui était sens dessus dessous, s’activa telle une fourmilière. Les soldats du Léviathan se mirent à courir ici et là. L’alerte était donnée un peu partout. Aucune alarme ne retentit, cependant. Il n’était pas question de se faire repérer par les révolutionnaires, même si depuis le fjord, notre bateau était immanquable du fait de son immensité monstrueuse. Les officiers s’étaient mis à diriger convenablement les opérations. Il s’agissait là d’une alerte maximale. Les types qui avaient défait le vice-amiral n’étaient donc pas à prendre à la légère. Surtout pas. Alors que ça bougeait dans tous les sens, j’avais fini par me lever pour ma part, avant de respirer profondément et longuement histoire de me calmer ; car même si j’avais une volonté vengeresse, il n’en demeurait pas moins que j’étais à peine sorti de la convalescence. Il fallait donc que je fasse attention à ma santé, surtout à mon bras gauche. Encore un effort insoutenable et je le perdais pour de bon. C’est suite à cette pensée, que Marone me tendit mon meitou. Surprit par cette initiative, je pris mon arme avec un mince sourire. Mon intuition depuis ma chambre, était la bonne. J’allais devoir encore me battre…
L’atmosphère devint plus glaciale au fur et à mesure que le Léviathan s’avançait vers les terres enneigées de Drum. J’avais fini par arborer un pull noir col roulé, ainsi que le manteau qui attestait de mon rang de contre-amiral. A l’horizon, l’on pouvait apercevoir les deux cuirassés du vice-amiral Alleyn. Plus que quelques minutes et nous arrivions enfin : « Ketsuno, charge les médecins à bord de se préparer. Si Ayame dit vrai, la moitié de leurs hommes ont besoin de soins. » Sans broncher, ma cousine s’exécuta rapidement, avant que je ne porte une nouvelle fois mon regard à l’horizon. Il ne fit pas plus de quelques secondes pour voir plusieurs soldats sortir des équipements médicaux suivis de près par des médecins, apparemment soucieux et choqués par la nouvelle. Rin me porta un regard presque désespéré. Elle se douta immédiatement que j’allais devoir me présenter sur un champ de bataille une nouvelle fois. Il n’y avait qu’à voir mon visage froissé par la fureur et mon meitou accroché à ma taille pour comprendre. Ce n’est que lorsque tout le monde fut à son poste que nous gagnâmes gagna enfin le port. Les vaisseaux de guerre de la marine faisaient pâle figure devant ce monstre en puissance qu’était le Léviathan. Une idée m’trottait d’ailleurs en tête. Une idée que seul le cyborg Cross pouvait réaliser. Mais ce n’était pas le plus important pour le moment. Dès que la gigantesque échelle de coupée, les médecins du navire aidés de bon nombre de matelots, firent vite de fouler le sol de Drum, immédiatement accueillis par les premiers hommes d’Ayame…
- Que tous les gradés me suivent ! On va aller s’enquérir de l’état du vice-amiral et prendre les détails auprès du commodore Ayame !
A peine avais-je fini d’adresser mes mots aux concernés, que j’avais sauté hors du bateau pour atterrir directement sur le sol enneigé de Drum ; et ce malgré la hauteur vertigineuse, oui oui. Cependant, la faute revenait à ma fureur. Lors de mon atterrissage, le sol craqua sous mes pieds d’ailleurs, à un tel point que je faillis glisser et tomber dans l’eau glaciale. Lorsque je me redressai de tout mon long, les marines de mon supérieur se mirent au garde à vous. Ils n’eurent pas besoin de voir mes épaulettes pour savoir qui j’étais. Mon visage était déjà bien connu dans les rangs de la marine. Un homme accourut prêt de moi avant de se présenter respectueusement. Malheureusement pour lui, je me fichais éperdument des formalités aujourd’hui, ce pourquoi je lui demandai sans autre forme de procès de me conduire auprès du vice-amiral. L’homme s’exécuta automatiquement en me demandant de le suivre. Ce n’est qu’après quelques pas que je compris que ces régions étaient un enfer pour qui n’y était pas habitué. C’était le cas pour ma part. Ma peau alabastienne tenait mieux la chaleur que ce froid mordant et déroutant. Froid dans lequel j’aillais me battre en plus… Combat qui promettait d’être difficile étant donné que je partais déjà avec deux handicaps non négligeables. Au bout d’un moment, nous entrâmes dans une espèce de chalet, empruntâmes quelques couloirs, avant d’arriver dans la chambre où Alleyn était en piteux état. Et c’est en silence que je m’étais assis auprès de son corps inanimé, le visage plus ferme que jamais…
Ces révolutionnaires ne perdaient rien pour attendre. Ils allaient le payer cher. Très cher !