Hinu Town et ses légendaires sables, la principale île d’influence de West Blue se profilait à l’horizon. Tel un joyau dans cet océan d’azur, elle irradiait de toute sa lumière les navires voguant à sa rencontre. La ville des sables trônait de toute sa prestance, sur une gigantesque dune, témoin de l’opulence de la richesse inégalée du royaume. Tous ces fastes et cette somptuosité sans précédent comportaient aussi le revers de la médaille, un lourd tribut pour les autochtones qui voyaient leurs denrées et autres marchandises précieuses aux mains des autorités et de quelques riches marchands. Une main d’œuvre peu coûteuse et un dénigrement profond de ces castes inférieures conduisait le peuple d’Hinu Town à cohabiter en circuit fermé sans ascension sociale.
La superficie de l’île est proprement ahurissante et bien que la cause du gouvernement mondial ait su trouver de précieux échos auprès de la population. La révolution n’est jamais terrée très loin de ces terres souveraines. Les circonstances idéales se prêtent au recrutement de nouveaux sbires, de nouvelles blattes au sein de leurs rangs putrides et impurs qui finiront sous le joug du gouvernement. qu’on se le dise. Qu'on se le dise, ces chiens finiront tous par être évincés de la surface de la terre. Leur petit mouvement diletant finira par sombrer pour la gloire de l’ordre et de la paix.
Le CP9 est au fait de la présence de révolutionnaires ici bas, il ne faudrait pas que ces chers dissidents puissent penser qu’ils peuvent œuvrer en toute tranquillité sans être inquiété du couperet du gouvernement. Seulement…et même si je suis peu enclin à le reconnaître, le gouvernement a peine à identifier ces renégats tant ils rivalisent de fourberie et de prudence dans leurs actions. Les zones côtières et l’immense désert de Hinu Town offrent de vastes perspectives quant à des caches d’armes ou de matériel expérimental. Des côtes à pertes de vues qui ne facilitent en rien le boulot des gardes côtes. Ces insurrectionnaires peuvent accoster presque là où bon leur semble. Selon mon indic au Cipher Pol, tout porte à croire qu’une garnison spéciale est en cours d’acheminement vers la capitale, une cargaison qui pourrait bien compromettre l’autorité du gouverneur de la province.
Fallait envoyer une pointure en la matière, un type qui touche sa bille en investigation et qui a assez de recul pour bien cerner ce que complote ces révolutionnaires aguerris. Un fantôme qui mettra à mal leur petite organisation officieuse en les frappant en plein cœur. Résultat, c’est moi qu’on a envoyé au turbin. Je m’étais porté volontaire pour une mission de cette envergure et fallait bien reconnaître que ca me donnait tout le loisir de traquer ces mécréants et d’épancher toute la haine que je voue à ces hérétiques.
Plus de 3 heures de marche dans le désert, entre djellaba et rafales ardentes impromptues, je finis par me hisser jusqu’à la ville. Des commerces de draperies, de tapis, de tuniques font masse devant le portail de l’immense cité des sables. Jour de marché il semblerait bien, comme en témoigne le tintement de l'argent sonnant et trébuchant qui me parvint jusqu’aux oreilles. Je pénètre dans l’enceinte de la ville, les maisons resplendissent par l’éclat de l’astre solaire, elles se pâment de vitraux à la gloire de l’histoire d’Hinu Town. Des places publiques disséminés çà et là font office d’agora pour le peuple et accueillent des orateurs qui prennent position. Quelques soldats surveillent ce monde grouillant mais ils ne sont clairement pas assez pour prévenir d’un soulèvement populaire, le gros des troupes est situé près des zones côtières. Les faubourgs et la périphérie du centre ville arborent un tout autre tableau. Des allées sinueuses à l’allure de coupe-gorges, des devantures vétustes où les habitants peinent à vendre le produit de leur artisanat tandis que les femmes portent sur leurs dos amoindris de lourdes jarres d’eau potable, des gamins accrochés par le devant. Elles sont épuisées par la vie et pourtant s’accrochent à cette existence de misère et de famine.
J’attends la nuit avant de me diriger vers les appartements du gouverneur, histoire de me mettre au fait de la situation géopolitique du royaume. Il a nécessairement été prévenu de ma visite et a renforcé sa garde personnel pour prévenir de toute intrusion inopportune. Un riche Riyad au sommet d’une bute, une fontaine en marbre blanc, une cour pavé ponctué par la présence de quelques oliviers, des colonnes en stuc tout du long de sa propriété honteusement riche…voila le genre d’homme que le gouvernement avait mis à la tête de ce royaume, un homme à l’effigie de tous ces parvenus luxurieux qui se complaisent dans leur suffisance. Je reste un professionnel libéré de ces considérations purement matérielles, aussi je n’ai guère à faire de toute cette richesse exacerbée.
Avant de me rendre au dit rendez-vous, je surveille longuement le périmètre entourant la propriété du gouverneur. La procédure habituelle, j’observe les faits et gestes, les mires des passants, leurs styles vestimentaires, le contenu de leurs propos, les transactions sous le manteau et tout le tintouin. Les douze sons de cloches sonnent et n’ayant rien aperçu d’anormal ou du moins qui aurait nécessité une attention particulière, je m’engage à l’intérieur de la bâtisse. D’acrobaties en acrobaties, je finis par atteindre le balcon du gouverneur. J’aurais pu opter pour le sas d’entrée et l’accompagnement des molosses jusqu’au bureau de l'homme que j'étais venu rencontrer mais ce n'était guère ma tasse de thé.
« Gouverneur… »
Il se retourne, interloqué en se tenant la poitrine comme si je lui avais fait une peur bleue.
« …Bon sang, je ne m’attendais pas à ce que vous passiez par là. Vous pouvez ne pas faire comme tout le monde et emprunter la porte ? »
« … je penserai même à sonner la prochaine fois si vous y tenez. »
« Bon. On vous a déjà présenté le contexte, j’imagine… je vais tâcher d’être bref. Vous l’ignorez sans doute mais le gouvernement a depuis peu perdu de son emprise sur ce territoire. Des disparitions suspectes, les marchandises volées se multiplient et même si les preuves nous manquent, on soupçonne des révolutionnaires d’agir en sous main. On est certain qu’ils entreposent l’ensemble du butin dans une cache cependant mes hommes ont eu beau ratissé le secteur, pas moyen de mettre la main sur un de leurs sbires et encore moins sur celui qui se cache derrière tout ca. J’imagine que vous comprenez votre rôle dans toute cette affaire… »
« …il m’apparait clairement en effet. «
Il ne me disait pas tout, son comportement, ses mimiques, tout laissait planer des doutes sur ses états d’âme. Il a sans doute des choses à se reprocher, son parcours politique n’est sans doute pas aussi immaculé que sa fonction le laisse envisager.
Je m’efface dans le silence de la nuit, et regagne les artères bouillonnantes d'Hinu Town; mon terrain d’investigation, à la recherche de ce qui pourrait s’apparenter à un début de piste.
La superficie de l’île est proprement ahurissante et bien que la cause du gouvernement mondial ait su trouver de précieux échos auprès de la population. La révolution n’est jamais terrée très loin de ces terres souveraines. Les circonstances idéales se prêtent au recrutement de nouveaux sbires, de nouvelles blattes au sein de leurs rangs putrides et impurs qui finiront sous le joug du gouvernement. qu’on se le dise. Qu'on se le dise, ces chiens finiront tous par être évincés de la surface de la terre. Leur petit mouvement diletant finira par sombrer pour la gloire de l’ordre et de la paix.
Le CP9 est au fait de la présence de révolutionnaires ici bas, il ne faudrait pas que ces chers dissidents puissent penser qu’ils peuvent œuvrer en toute tranquillité sans être inquiété du couperet du gouvernement. Seulement…et même si je suis peu enclin à le reconnaître, le gouvernement a peine à identifier ces renégats tant ils rivalisent de fourberie et de prudence dans leurs actions. Les zones côtières et l’immense désert de Hinu Town offrent de vastes perspectives quant à des caches d’armes ou de matériel expérimental. Des côtes à pertes de vues qui ne facilitent en rien le boulot des gardes côtes. Ces insurrectionnaires peuvent accoster presque là où bon leur semble. Selon mon indic au Cipher Pol, tout porte à croire qu’une garnison spéciale est en cours d’acheminement vers la capitale, une cargaison qui pourrait bien compromettre l’autorité du gouverneur de la province.
Fallait envoyer une pointure en la matière, un type qui touche sa bille en investigation et qui a assez de recul pour bien cerner ce que complote ces révolutionnaires aguerris. Un fantôme qui mettra à mal leur petite organisation officieuse en les frappant en plein cœur. Résultat, c’est moi qu’on a envoyé au turbin. Je m’étais porté volontaire pour une mission de cette envergure et fallait bien reconnaître que ca me donnait tout le loisir de traquer ces mécréants et d’épancher toute la haine que je voue à ces hérétiques.
Plus de 3 heures de marche dans le désert, entre djellaba et rafales ardentes impromptues, je finis par me hisser jusqu’à la ville. Des commerces de draperies, de tapis, de tuniques font masse devant le portail de l’immense cité des sables. Jour de marché il semblerait bien, comme en témoigne le tintement de l'argent sonnant et trébuchant qui me parvint jusqu’aux oreilles. Je pénètre dans l’enceinte de la ville, les maisons resplendissent par l’éclat de l’astre solaire, elles se pâment de vitraux à la gloire de l’histoire d’Hinu Town. Des places publiques disséminés çà et là font office d’agora pour le peuple et accueillent des orateurs qui prennent position. Quelques soldats surveillent ce monde grouillant mais ils ne sont clairement pas assez pour prévenir d’un soulèvement populaire, le gros des troupes est situé près des zones côtières. Les faubourgs et la périphérie du centre ville arborent un tout autre tableau. Des allées sinueuses à l’allure de coupe-gorges, des devantures vétustes où les habitants peinent à vendre le produit de leur artisanat tandis que les femmes portent sur leurs dos amoindris de lourdes jarres d’eau potable, des gamins accrochés par le devant. Elles sont épuisées par la vie et pourtant s’accrochent à cette existence de misère et de famine.
J’attends la nuit avant de me diriger vers les appartements du gouverneur, histoire de me mettre au fait de la situation géopolitique du royaume. Il a nécessairement été prévenu de ma visite et a renforcé sa garde personnel pour prévenir de toute intrusion inopportune. Un riche Riyad au sommet d’une bute, une fontaine en marbre blanc, une cour pavé ponctué par la présence de quelques oliviers, des colonnes en stuc tout du long de sa propriété honteusement riche…voila le genre d’homme que le gouvernement avait mis à la tête de ce royaume, un homme à l’effigie de tous ces parvenus luxurieux qui se complaisent dans leur suffisance. Je reste un professionnel libéré de ces considérations purement matérielles, aussi je n’ai guère à faire de toute cette richesse exacerbée.
Avant de me rendre au dit rendez-vous, je surveille longuement le périmètre entourant la propriété du gouverneur. La procédure habituelle, j’observe les faits et gestes, les mires des passants, leurs styles vestimentaires, le contenu de leurs propos, les transactions sous le manteau et tout le tintouin. Les douze sons de cloches sonnent et n’ayant rien aperçu d’anormal ou du moins qui aurait nécessité une attention particulière, je m’engage à l’intérieur de la bâtisse. D’acrobaties en acrobaties, je finis par atteindre le balcon du gouverneur. J’aurais pu opter pour le sas d’entrée et l’accompagnement des molosses jusqu’au bureau de l'homme que j'étais venu rencontrer mais ce n'était guère ma tasse de thé.
« Gouverneur… »
Il se retourne, interloqué en se tenant la poitrine comme si je lui avais fait une peur bleue.
« …Bon sang, je ne m’attendais pas à ce que vous passiez par là. Vous pouvez ne pas faire comme tout le monde et emprunter la porte ? »
« … je penserai même à sonner la prochaine fois si vous y tenez. »
« Bon. On vous a déjà présenté le contexte, j’imagine… je vais tâcher d’être bref. Vous l’ignorez sans doute mais le gouvernement a depuis peu perdu de son emprise sur ce territoire. Des disparitions suspectes, les marchandises volées se multiplient et même si les preuves nous manquent, on soupçonne des révolutionnaires d’agir en sous main. On est certain qu’ils entreposent l’ensemble du butin dans une cache cependant mes hommes ont eu beau ratissé le secteur, pas moyen de mettre la main sur un de leurs sbires et encore moins sur celui qui se cache derrière tout ca. J’imagine que vous comprenez votre rôle dans toute cette affaire… »
« …il m’apparait clairement en effet. «
Il ne me disait pas tout, son comportement, ses mimiques, tout laissait planer des doutes sur ses états d’âme. Il a sans doute des choses à se reprocher, son parcours politique n’est sans doute pas aussi immaculé que sa fonction le laisse envisager.
Je m’efface dans le silence de la nuit, et regagne les artères bouillonnantes d'Hinu Town; mon terrain d’investigation, à la recherche de ce qui pourrait s’apparenter à un début de piste.
Dernière édition par Atsuji Kaitô le Ven 4 Avr 2014 - 18:08, édité 2 fois