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Grandeur et décadence

Hinu Town et ses légendaires sables, la principale île d’influence de West Blue se profilait à l’horizon.  Tel un joyau dans cet océan d’azur, elle irradiait de toute sa lumière les navires voguant à sa rencontre. La ville des sables trônait de toute sa prestance, sur une gigantesque dune, témoin de l’opulence de la richesse inégalée du royaume. Tous ces fastes et cette somptuosité sans précédent comportaient aussi le revers de la médaille,  un lourd tribut pour les autochtones qui voyaient leurs denrées et autres marchandises précieuses aux mains des autorités et de quelques riches marchands. Une main d’œuvre peu coûteuse et un dénigrement profond de ces castes inférieures conduisait le peuple d’Hinu Town à cohabiter en circuit fermé sans ascension sociale.

La superficie de l’île est proprement ahurissante et bien que la cause du gouvernement mondial ait su trouver de précieux échos auprès de la population. La révolution n’est jamais terrée très loin de ces terres souveraines. Les circonstances idéales se prêtent au recrutement de nouveaux sbires, de nouvelles blattes au sein de leurs rangs putrides et impurs qui finiront sous le joug du gouvernement. qu’on se le dise. Qu'on se le dise, ces chiens finiront tous par être évincés de la surface de la terre. Leur petit mouvement diletant finira par sombrer pour la gloire de l’ordre et de la paix.

Le CP9 est au fait de la présence de révolutionnaires ici bas, il ne faudrait pas que ces chers dissidents puissent penser qu’ils peuvent œuvrer  en toute tranquillité  sans être inquiété du couperet du gouvernement. Seulement…et même si je suis peu enclin à le reconnaître, le gouvernement a peine à identifier ces renégats tant ils rivalisent de fourberie et de prudence dans leurs actions.  Les zones côtières et l’immense désert de Hinu Town offrent de vastes perspectives quant à des caches d’armes ou de matériel expérimental. Des côtes à pertes de vues qui ne facilitent en rien le boulot des gardes côtes. Ces insurrectionnaires peuvent accoster presque là où bon leur semble.  Selon mon indic au Cipher Pol, tout porte à croire qu’une garnison spéciale est en cours d’acheminement vers la capitale, une cargaison qui pourrait bien compromettre l’autorité du gouverneur de la province.

Fallait envoyer une pointure en la matière, un type qui touche sa bille en investigation et qui a assez de recul pour bien cerner ce que complote ces révolutionnaires aguerris. Un fantôme qui mettra à mal leur petite organisation officieuse en les frappant en plein cœur. Résultat, c’est moi qu’on a envoyé au turbin. Je m’étais porté volontaire pour une mission de cette envergure et fallait bien reconnaître que ca me donnait tout le loisir de traquer ces mécréants et d’épancher toute la haine que je voue à ces hérétiques.

Plus de 3 heures de marche dans le désert, entre djellaba et rafales ardentes impromptues, je finis par me hisser jusqu’à la ville. Des commerces de draperies, de tapis, de tuniques font masse devant le portail de l’immense cité des sables. Jour de marché il semblerait bien, comme en témoigne le tintement de l'argent sonnant et trébuchant qui me parvint jusqu’aux oreilles. Je pénètre dans l’enceinte de la ville, les maisons resplendissent par l’éclat de l’astre solaire, elles se pâment de vitraux à la gloire de l’histoire d’Hinu Town. Des places publiques disséminés çà et là font office d’agora pour le peuple et accueillent des orateurs qui prennent position. Quelques soldats surveillent ce monde grouillant mais ils ne sont clairement pas assez pour prévenir d’un soulèvement populaire, le gros des troupes est situé près des zones côtières. Les faubourgs et la périphérie du centre ville arborent un tout autre tableau. Des allées sinueuses à l’allure de coupe-gorges, des devantures vétustes où les habitants peinent à vendre le produit de leur artisanat tandis que les femmes portent sur leurs dos amoindris de lourdes jarres d’eau potable, des gamins accrochés par le devant. Elles sont épuisées par la vie et pourtant s’accrochent à cette existence de misère et de famine.

J’attends la nuit avant de me diriger vers les appartements du gouverneur, histoire de me mettre au fait de la situation géopolitique du royaume. Il a nécessairement été prévenu de ma visite et a renforcé sa garde personnel pour prévenir de toute intrusion inopportune. Un riche Riyad au sommet d’une bute, une fontaine en marbre blanc, une cour pavé  ponctué par la présence de quelques oliviers, des colonnes en stuc tout du long de sa propriété honteusement riche…voila le genre d’homme que le gouvernement avait mis à la tête de ce royaume, un homme à l’effigie de tous ces parvenus  luxurieux qui se complaisent dans leur suffisance. Je reste un professionnel libéré de ces considérations purement matérielles, aussi je n’ai guère à faire de toute cette richesse exacerbée.

Avant de me rendre au dit rendez-vous, je surveille longuement le périmètre entourant la propriété du gouverneur. La procédure habituelle, j’observe les faits et gestes, les mires des passants, leurs styles vestimentaires, le contenu de leurs propos, les transactions sous le manteau et tout le tintouin. Les douze sons de cloches sonnent et n’ayant rien aperçu d’anormal ou du moins qui aurait nécessité une attention particulière, je m’engage à l’intérieur de la bâtisse. D’acrobaties en acrobaties, je finis par atteindre le balcon du gouverneur. J’aurais pu opter pour le sas d’entrée et l’accompagnement des molosses jusqu’au bureau de l'homme que j'étais venu rencontrer mais ce n'était guère ma tasse de thé.

« Gouverneur… »

Il se retourne, interloqué en se tenant la poitrine comme si je lui avais fait une peur bleue.

« …Bon sang, je ne m’attendais pas à ce que vous passiez par là. Vous pouvez ne pas faire comme tout le monde et emprunter la porte ? »

« … je penserai même à sonner la prochaine fois si vous y tenez. »

« Bon. On vous a déjà présenté le contexte, j’imagine… je vais tâcher d’être bref. Vous l’ignorez sans doute mais le gouvernement a depuis peu perdu de son emprise sur ce territoire. Des disparitions suspectes, les marchandises volées se multiplient et même si les preuves nous manquent, on soupçonne des révolutionnaires d’agir en sous main. On est certain qu’ils entreposent l’ensemble du butin dans une cache cependant mes hommes ont eu beau ratissé le secteur, pas moyen de mettre la main sur un de leurs sbires et encore moins sur celui qui se cache derrière tout ca. J’imagine que vous comprenez votre rôle dans toute cette affaire… »

« …il m’apparait clairement en effet. «

Il ne me disait pas tout, son comportement, ses mimiques, tout laissait planer des doutes sur ses états d’âme. Il a sans doute des choses à se reprocher, son parcours politique n’est sans doute pas aussi immaculé que sa fonction le laisse envisager.

Je m’efface dans le silence de la nuit, et regagne les artères bouillonnantes d'Hinu Town; mon terrain d’investigation,  à la recherche de ce qui pourrait s’apparenter à un début de piste.


Dernière édition par Atsuji Kaitô le Ven 4 Avr 2014 - 18:08, édité 2 fois
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Dans la confidence d'une salle secrète, aux colonnes de marbres teintées de veines noires. Les drapés ocres de la Confrérie, marqués du symbole doré de l'ordre, trônaient au dessus des hommes rassemblés, visage masqué. Au fond de la pièce, un braséro diffusait une fumée diaphane aux senteurs boisées et épicées. Un mélange doucereux, empreint d'herbes rituelles. Les assassins firent face aux marches, contemplant le spectacle mille fois éprouvé. Un tapis rouge, aux entrelacs rappelant les teintures parant les murs, invitait à avancer le long de cette scène, passant au milieu de ces hommes craints et redoutés. Dans les braises, une pince reposait, chauffée à rouge. Doucement, une voix s'éleva, tandis qu'un homme, se distinguant de tous par ses habits noirs, se retournait. Tous les assassins se mirent de face, posant leur bras gauche sur leur poitrine, mettant en avant la marque de l'ordre. Dans un bruissement ordonné, ils firent face à la nouvelle recrue, qui avança sans frémir vers le sacrement de sa vie.

"Laa shay'a waqi'un moutlaq bale kouloun moumkin." prononça l'homme en noir, dans une langue que bien peu connaissaient en ces lieux.

"Toute la sagesse de notre crédo est contenue dans ces paroles." reprit l'homme en noir, pendant que l'apprenti s'inclinait respectueusement devant lui.

Derrière le maître assassin, un autre homme trône, visage découvert. Lui, il n'avait pas d'identité à cacher, il se proclamait Empereur et ne souffrait la comparaison avec personne. Bien qu'on ne pouvait distinguer que le bas du visage d'Il Assassino, la ressemblance entre les deux personnages était plus que probable, il s'agissait là de son frère jumeau : Césare. Le personnage d'Il Assassino ne saurait être complet sans les deux facettes de ce même joyaux, car si l'un était le maître de la Confrérie, l'autre en était indubitablement le coeur. Mais Césare n'était là qu'en invité d'honneur, comme servant du code, mais pas un assassin à part entière, non. Il n'avait jamais adhéré à cette vie de sacrifice. L'assassin vêtu de noir se pencha alors pour saisir la pince chauffée dans le braséro, s'emparant du métal chaud sans sourciller.


"Nous agissons dans l'ombre pour éclairer le monde. Nous sommes des assassins." continua-t-il, se retournant vers la recrue qui venait de se relever.

Le futur initié leva alors sa main gauche, tendant ses doigts vers leur mentor à tous. Il ferma les yeux et inspira un grand coup, pendant qu'Il Assassino refermait la pince sur son doigt. Le bruissement de la chair brûlée se fit entendre, et une odeur âcre envahit la scène.


"Rien n'est vrai, tout est permis." termina-t-il, d'une voix grave tandis que le futur initié portait sa main à son coeur, tel ceux qui étaient dorénavant ses pairs.

Mais l'intronisation des assassins ne s'arrêtait pas là. Après les sacrements, il fallait répéter le code et prouver sa foi. D'un geste, l'assassin en noir indiqua une porte dérobée, où le symbole de l'ordre était gravé. Derrière cette porte, des escaliers menaient au sommet du bâtiment, au plus haut clocher de la ville. Un endroit rêvé pour éprouver la loyauté et la confiance sans faille de cette nouvelle recrue, dont personne ne doutait. Aucun ne faillait à sa tâche, tant ils étaient éprouvés pendant leur apprentissage. Ensembles, ils gravir les marches, les menant à l'épreuve finale. Rapidement, les assassins goutèrent l'air chaud et sec de la cité, se frayant un chemin entre les poutres. L'assassin en noir s'arrêta à côté d'une corniche qui s'avançait dans le vide. Il fit signe à la nouvelle recrue de se placer là, au sommet du monde.


"De combien de versets se compose notre vie quotidienne ?" demanda-t-il, les yeux fixés vers l'horizon.

"Trois." répondit l'assassin en devenir.

"Parmi eux, quel est le plus sacré ?" continua Il Assassino, son regard revenant vers son interlocuteur.

"Garde ta lame de la peau d'un innocent." récita-t-il.

"Comment devras-tu vivre ?" poursuivit l'Auditore.

"Cache-toi de la vue de tous, ne fais qu'un avec la foule." répondit l'initié, sans hésiter.

"Et le dernier, qui te préservera de la lame de tes frères ?" demanda Rafael, libérant le passage entre la dernière étape de l'intronisation et l'assassin qui lui faisait à présent face.

"Ne compromets jamais la Confrérie." termina-t-il, avant de s'avant sans faillir sur la corniche.

Plus bas trônait le fleuve, plus d'une vingtaine de mètres les séparant de lui. Il ne connaissait ni la profondeur, ni l'endroit où il serait en sécurité s'il sautait. Cet acte insensé ne reposait que sur une seule chose : la confiance totale, et absolue. Un véritable saut de foi, que ceux qui frayaient avec la cause ne pouvaient craindre. Un seul instant d'hésitation et ce serait la mort. Mais la recrue n'hésita pas et plongea dans le vide pour quelques secondes qui lui parurent une éternité. Et il émergea de l'eau, assassin. L'homme en noir acquiesça d'un signe de la tête et regagna les profondeurs du bâtiment que les siens avaient investi le temps d'une journée. Il était temps de féliciter leur nouveau frère et de lui confier sa première mission. Rafael tira de l'intérieur de sa veste un ordre estampillé du signe de la Confrérie. Le rôle des assassins ne se limitait pas au meurtre et aux actions d'éclat. Il nécessitait par moment d'interrompre les vivres des ennemis ... et de les redistribuer aux nécessiteux. Bientôt la nuit tomberait, et entre chiens et loups, les assassins frapperaient.
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J’avais depuis lors regagné les boyaux de l’ardente et impétueuse capitale en ayant pris un soin consciencieux de me procurer des habits de locaux, suffisamment ternes et ordinaires pour ne pas éveiller les soupçons et me fondre dans le paysage. Jour de marché sur la grande place, une aubaine. Les marchands itinérants, négociants chevronnés, amuseurs de rues, diseurs de bonne aventure, charlatans et autres chalands déplient leurs stands en tous genres sur l’agora dans un brouhaha constant, signe d’affaires prospères. J’avais profité de l’occasion pour prendre la température auprès du précieux mercantile qui m'avait refourgué le vêtement. Il se contenta de me vendre l’article en se fendant de quelques remarques stériles qu’on entend un peu partout où qu’on aille, rien de fameux à se mettre sous la dent. Je me fonds dans la masse grouillante, la populace qui pullule, qui prolifère comme les rats à la recherche de vivres dans la cale d’un navire. J’entends toute forme de dialectes et des bribes d’idiomes dont je ne pige pas une parcelle, les autochtones ont le nerf du commerce, du négoce et de l’esbroufe identiquement. Ca débite, ca jacte, ca parlemente et dans le lot, je suis intimement persuadé que dans le verbe prolixe de ces baratineurs invétérés se dissimule l’ébauche que je convoite, là quelque part.

Tout homme sur cette misérable croûte terrestre répond à une ambition à assouvir, tantôt grande et vénérable, tantôt médiocre et mesquine, et celles des hommes de cette province là n’avaient rien d’atypique. Ceux là fonctionnaient à cette espèce sonnante et trébuchante pourtant si commune répondant au nom d’oseille, mère de tous les maux, mère de tous les vices. Leurs faces basanés s’animaient d’une telle ferveur lorsqu’il était question de pèze à grappiller. Le tintement d’une pièce tombant sur la terre battue, rebondissant entre les quelques pavés disséminés çà et là d’une artère carrossable comme Hinu town n’en possède pas beaucoup, ravivait à fleur de peau leur plus cuisante cupidité. le métal doré, salut de leur ascension dans la hiérarchie sociale et leitmotiv de tous leurs actes.

Je finis par m’introduire comme un négociant auprès des commerçants et leur fait miroiter la cagnotte que je serais prêt à débourser. J’essuie paquet de tentatives infructueuses dans mon entreprise, les langues ne se délient guère, la peur est trop grande, les intérêts engagés trop importants. Je prends rapidement conscience qu'une force officieuse émane de l’ombre, tirant les ficelles de ses innombrables pantins et les fait mouvoir à sa guise, une puissance suffisamment opprimante pour que ces hommes aient perdu partiellement leur libre arbitre. Ils tomberont tôt ou tard, le pot aux roses sera révélé et leur mouvance secrète sera étalée au grand jour. J’étais bien conscient que ma démarche audacieuse, bien que cavalière allait attirer à sa cause bon nombre de petits malins, de moucherons appâtés par le gain facile, telles les papillons ne pouvant s’empêcher de succomber dans le brasier ardent. Le bouche à oreille, c’est ainsi que les affaires tournent ici-bas, je n’avais plus qu’à patienter scrupuleusement jusqu’au moment tant attendu. En m’exposant de la sorte, deux scénarios étudiés demeuraient possibles, la première était la venue d’un potentiel indic’ que je rétribuerais pour sa verve et la seconde était la rencontre de ceux qui étaient à l’origine de ces larcins en série.

La grande majorité des vols recensés par les autorités avaient été produits dans les faubourgs où le contingent local n’aime guère s’attarder tant le lieu semble désolé. Le quartier offrait bon nombre de caches en tous genre et la proximité des habitations entre elles complexifiaient la donne. J’arpentais le pavé et procédait à quelque emplettes, ma cinquantaine passé m’obligeant à me désaltérer régulièrement jusqu’au moment où m’orientant dans une veine sinueuse, une voix émergea à l’ombre de l’angle d'un mur.

« Bien des personnes sont au courant de votre quête, présumé négociant, bien des personnes… »

Une voix sirupeuse, mielleuse à souhait. Il marqua un bref arrêt, comme réclamant son dû. Je m’exécutais avec attention.

« Les marchands, que nous sommes, se retrouvent lésés par toutes ces histoires et nous portent indirectement un préjudice financier sensible. Ces vols ont débutés il y a quelques mois et bien que l’identité des responsables me soit opaque Missié, je puis vous dire qu’il y a peu, ils ont encore frappés en dérobant une cargaison de munitions destinés à la milice privé de notre grand monarque Al Jawhara. On ne sait qui se cache derrière ces masques mais ils s’arrangent toujours pour faire disparaitre les marchands un peu trop vindicatifs. Le dernier en date, Youssef El Jazhi, nourrit une dent contre ses cambrioleurs et vit toujours à son domicile dans le quartier à 2 rues d’ici… mais pour combien de temps encore ? Au revoir… fils du soleil. »

J’avançais, dubitatif, en direction de l’encoignure. L’homme s’en était allé, disparu dans la nature sans laisser la moindre trace. La chose me perturbait quelque peu, l’homme avait l’air franc du collier même s’il avait sciemment laissé des zones d’ombre dans son allégation. Il pouvait potentiellement s’agir d’un piège tendu par les commanditaires de tous ces vols. Il me fallait cependant rester aux aguets et exploiter ce fil rouge, c’était pour ainsi dire le seul dont je disposais présentement. La nuit commençait bientôt à pointer et je me pressais pour aller à l’encontre de Youssef. Quelques rues exigus plus tard, je me retrouve devant la devanture du dit marchand, un « apothicaire de renom «  à en croire l’enseigne en façade. La bâtisse désormais vétuste semblait inhabité, les appartements de Youssef devait se trouver au dessus. Je pénétrais dans l’enceinte de l’établissement et apercevait Youssef en train de préparer une concoction. Il m’apostropha d’emblée avec une virulence décontenancé :

« Eh bien ? C’est fermé ! Vous êtes miro ou bien ? Foutez-moi le camp »
« Hmmmmh, c’est qu’on m’a conseillé de venir vous rencontrer Monsieur el Jazhi, me vantant votre hospitalité légendaire. J’aimerais vous aider à découvrir qui vous a mis sur la paille. «
« Pourquoi donc ? Vous êtes un émissaire de Al Jawhara? à moins que ce soit de la marine ? De toute façon, aucun n’a été en mesure de me porter assistance. »
« Hmmh j’opère de façon différente. Par ailleurs, au point où vous en êtes, ca n’aggravera pas votre situation. »
« Oula doucement l’ami, bien que vous n’ayez pas le tort dans le fond. Ces chapardeurs m’ont volé tout un stock de graine de pavot, de la colchique, de la clématite, de la cytise et un gros stock de mort au rat que je garde toujours dans la réserve. Ca s’est passé en pleine nuit, j’avais du mal à fermer l’œil ce jour là et j’en ai profité pour me faire une infusion aux plantes à partir de mes herbes. A peine étais-je sorti de ma chambrée qu’un coup sourd vint me frapper la tempe. Je m’effondrais dans un sommeil profond et avant de tomber raide, je crus apercevoir un compas stylisé brodé de fils dorés. Le lendemain, le mal était fait et je n’avais plus que mes yeux pour pleurer et à mettre la clef sous la porte »

Que convoitaient-ils avec toutes ces herbes ? Le modus operandi m’échappait quelque peu. Les ingrédients récoltés semblaient sous tendre la thèse d’un empoisonnement de grande envergure à la vue des quantités dérobées. Quant à ce symbole, ce compas comme énoncé par Youssef. Que revêtait t’il vraiment ? Etait-ce le sigle d’appartenance à une secte ou quelque groupuscule occulte ? L’incertitude était de mise.


Dernière édition par Atsuji Kaitô le Ven 4 Avr 2014 - 18:16, édité 1 fois
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Un drapé albâtre claqua retournant à l’ombre qui lui était due. On ne vit qu’une forme s’enfuir par-dessus les toits, observer sans intervenir. Recroquevillée sur un promontoire, immobile et attentive. Elle attend. Sous la capuche au bec d’aigle, un sourire se forme. S’ils incarnaient un pêché, ce serait certainement l’orgueil. Ils se targuaient de prédateurs, mais l’homme était un loup pour l’homme et la proie avait tôt fait de se rebeller. Au bout de quelques temps, une autre forme émana des ombres. Noire, annonciatrice de malheur. Son visage était plus marqué que celle de sa consoeur. Des armes saillaient sous ses oripeaux, dévoilant son vice. La mort en personne aurait pu le tutoyer. Mais ceux qui trônaient en blanc n’en avaient pas le privilège.

« Il Assassino, nous avons un imprévu. » susurre-t-elle.

L’autre se gausse doucement. Les imprévus étaient matrice même de l’histoire. Les imprévus étaient l’adrénaline dont il se nourrissait. Il les contournait et les détruisait d’une pichenette. Du moins c’était l’impression qu’en donnait. Il se baissa, faisant craquer ses rotules. Restant sur la pointe des pieds, il posa ses coudes sur ses genoux et joignit ses index sous son menton. Il observa l’entrée de la masure, amusé.

« Pas de panique, Mercenario. Tout se passe comme prévu, même si un homme commence à poser des questions, cela ne pourra en rien changer l’inéluctable. Seul moi connait la finalité du plan, et ça ne changera pas. » répondit la créature vêtue de noire, d’une voix grave et autoritaire.

« Un homme pose des questions. Kefhâl Arh’bal est formel : plusieurs de ses confrères en ont reçu la visite. Plutôt grand, il prend soin de masquer son visage. Mais on a pu voir une cicatrice auprès de son oeil droit. Rien de connu à ce jour. » poursuivit l’ombre blanche, sur un ton grave.

Il Assassino opina du chef. Un homme qui posait trop de questions. Ils étaient foule dans les villes comme celle-ci, et ils finissaient généralement mal. Une seule chose à faire : le neutraliser. Un chasseur de prime ou un assermenté de la marine, c’était toujours chose à ne pas négliger.

« À la nuit tombée tu feras ton office, Mercenario. » annonça l’assassin, sans une once d’émotion.

« À vos ordres, Il Assassino. » répliqua l’autre, inspirant profondément.

Il ne s’était pas déshumanisé au point de son mentor et le prix d’une vie avait toujours une signification à ses yeux. Mais il savait qu’Il Assassino y opposait à chaque fois le nombre des vies à sauver. Ses paroles étaient irrévocables, et leur confiance en lui absolue. Il se releva, regardant la masure avec un air perplexe. Ce serait la première véritable mission du Mercenario. Il avait déjà tué, mais cette fois ce serait en solitaire.

« Montre-toi, mais reste invisible. » fit Rafaelo en guise de salut.

Le Mercenario acquiesça. Le sous-entendu était évident : ne prend pas de risques inutiles. Mais s’ils incarnaient un pêché, ce serait certainement l’orgueil ...

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Changement de décor. Quelques heures plus tard. L'assassin se tenait dans une pièce sombre, la main sur une caisse ouverte. Il plongea au milieu des fleurs qui s'y entassaient et des divers paquets de l'apothicaire. Un sourire se dessina sur ses traits. Ils n'avaient pas trouvé exactement ce qu'ils cherchaient, mais c'était déjà un début. De joie, il lâcha un petit éclat de rire. Le son résonna et se répercuta dans la cave. Youssef El Jazhi était un receleur. Il refourguait bien du pavot somnifère aux apostats de la ville des sables mais c'était là des graines. Il ne pouvait en extraire les éléments nécessaires mais il pouvait toujours les refiler à quelqu'un pour faire pousser les plantes ... Il avait demander à ses hommes de vider ses réserves, en punition exemplaire. Vu ce qu'ils en avaient tiré, il y avait fort à parier que cet homme fournissait une ribambelle d'empoisonneurs. Quoi qu'il en fut, cet homme méritait une autre visite, que lui donneraient en personne.


Dernière édition par Solomon Grundy le Jeu 27 Mar 2014 - 9:32, édité 1 fois (Raison : un détail qui collait plus ^^)
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Youssef Al Jehzi s’était révélé être un bon filon, le genre d’informateur qu’on ne laisse pas gazouiller sans lui avoir littéralement tiré les vers du nez cependant notre bon ami était loquasse, foutrement loquasse, trop même. Les paroles de l’homme qui m’avait conduit en ces lieux m’étaient restés gravés dans l’encéphale, plus particulièrement ses derniers mots « mais pour combien de temps ? ». Je réinterrogeais encore et encore Youssef sur sa vision des faits, voulant hypothétiquement confondre des versions divergentes, prouvant une quelconque duperie de sa part. En dépit de sa frustration palpable et de sa colère qui allait grandissante, ses témoignages se corroboraient. Cet homme avait sensiblement aperçu ce qu’il n’aurait jamais dû entrevoir et tôt ou tard l’info tomberait dans l’oreille des dits intéressés qui ne laisseraient pas passer impuni un tel affront. En définitive, Youssef allait davantage me servir que je ne l’aurais escompté. Il ferait un appât de choix pour tenter le prédateur terré dehors qui, affriolé par la chair fraîche, finirait par se manifester. Cet espèce de compas ou du moins ce qui s’y apparentait, j’avais beau me triturer le cerveau et passer en revue les sectes et autres factions dont j’avais connaissance, aucune ne s’y rapportait de près ou de loin. Et c’était bel et bien ca que je craignais. Etait-ce l’œuvre d’un groupe isolé d’anarchistes ou l’achèvement d’un groupuscule organisé qui s’inscrivait dans l’insurrection révolutionnaire ?

Soir de pleine lune, dehors. Les rayons hâlés pénètrent à travers les maigres ouvertures de la bâtisse, éclairant fébrilement de sa teinte opalescente l’ancienne apothicairerie. Je n’avais guère l’âme apaisé en cette longue soirée, j’avais l’intime présomption que quelque chose se tramait. Les signes étaient trop perceptibles, trop apparents pour que je ferme l’œil, mes soupçons étaient bien trop étayés, trop fondés pour que je laisse passer l’occasion de mettre le grappin sur nos amis du compas. J’étais parvenu à convaincre Youssef de dormir dans son ancienne réserve d’herbes médicinales, 5 pieds en dessous du plancher. Si un visiteur inopiné ou même le marchand de sable devait aller à la rencontre de Youssef, il devait dés lors obligatoirement emprunter la trappe menant à la cave. Question de procédure et de règles élémentaires du Cipher Pol. Ces assassins ne sont pas les seuls à connaître les arcanes secrètes de l’assassinat dans les règles de l’art et bien que j’avais souvent pour habitude de me retrouver de l’autre côté du rideau, je connaissais de facto les éléments indissociables à la perpétration de l’assassinat, actes réguliers de nous autres membres de la section 9. Au final, je n’agissais pour ainsi dire que comme un chasseur, tendant un piège astucieux à la proie qu’il s’escomptait observer. L’astuce du stratagème résidait, vous vous en doutez, dans l’effet de surprise suscité mais surtout dans l’idée selon laquelle, notre acolyte gardait les rennes de son futur sévisse. Je n’ai aucun mérite, les instructeurs du Cipher Pol, outre le fait qu’ils soient d’excellents pédagogues, étaient des pointures dans le domaine de la psychologie criminelle.


Les heures s’écoulent, inexorables, je me mure dans les ténèbres. Bientôt une silhouette furtive, élancée, apparait dans la cage d’escalier donnant dans la pièce principale de l’apothicairerie. D’une souplesse déconcertante, la silhouette acrobatique opère des mouvements agiles, félins, dépourvus de tout geste superflus, elle finit par pénétrer dans la salle principale dans le silence le plus profond. Revêtu d’un uniforme albâtre et d’épaisses sangles de cuir où d’innombrables lames, dagues et contenants en tous genre figurent, l’homme s’avance silencieusement vers la fameuse trappe afin de commettre son méfait avant que je ne l’intercepte avec vélocité, effet de surprise oblige. Je lui saisis l’avant bras avant de lui asséner 2 frappes violentes sur les rotules, histoire qu’il prenne pas la tangente. L’homme n’esquisse pas un son, aucun témoin de souffrance, aucune expression ne se reflète sur son faciès, tandis qu'il se précipite en orientant son poignet droit au sein duquel une lame se terre et menace avec virulence ma pomme d’Adam. Ma main arrête in extremis la malveillante attention puis par une habile manœuvre de rotation finit par retourner le poignard vers la gorge de celui qui me la réservait. J’aperçois le fameux symbole brodé scrupuleusement dans le porte-lame. Aucun doute possible, notre homme a finit par se traduire.

« Hmmmh… Bonne pioche, on dirait bien. Ce qui te sert de genoux ne te permettra pas de te tirer à bon port, alors je te la fais courte. Soit tu t’alignes ou alors cette pièce sera ton tombeau. Dis moi d’emblée ce que toi et tes acolytes tramez dans le coin. »

Le mutisme pour seul réponse, j’enserre avec pression le poignet fracturé mais rien n’y fait. Il se débat autant que possible et je finis par la force des choses à devoir le plaquer au sol, orientant de ma main gauche la lame en direction de sa rétine, et la seconde,resserrant progressivement mon étreinte autour de sa trachée.  

« Qui t’envoies ? Quel cause sers-tu ? La révolution ? Vous voulez renverser le monarque Al Jawhara ?  «

« Jamais, je ne trahirai le credo de mes innombrables frères. Sache donc, que dans l’obscurité, nous sommes légions, nous préparons l’avènement d’une aube nouvelle où vous serez réduits à néant. Tu n’arrêteras jamais le convoi, notre guide spirituel t’exécutera bien avant. Je n’ai guère peur du trépas, nous autres, appelons la mort de nos vœux ! «

Il esquissa un ultime sourire avant d’enfoncer derechef la lame dans sa prunelle suffisamment profond pour entailler le cerveau.

Je fouillais le cadavre et parmi les innombrables armes en tous genres que contenait son attirail, je découvrais de minuscules sphères organiques dont l’odeur âcre laissait présager le pire. J’inspectais de fond en comble le vêtement mais rien n’y faisait, aucunes évidences manifestes quant à ce que cet homme complotait. Mes craintes s’étaient cependant avérées justes. Ce credo et ses frères dont il avait fait référence semblent s’affilier à une organisation et ne sont donc en aucune manière des actes purement isolés. Il ne me restait guère de plus à exploiter que ce fameux « convoi » énoncé lors de ses dernières paroles. Il existe une ribambelle de convois ici bas, c’est pour ainsi dire le seul moyen d’assurer à Hinu Town son approvisionnement en vivres et en eau. Les caravanes de marchands itinérants sont foison et j’imagine que le grand départ était prévu incessamment sous peu. Bientôt, je décidais de lui emprunter son équipement et son uniforme de manière à pouvoir devenir le prédateur dans le poulailler.

Ils avaient du entasser tout leur magot dans une cache qui dorénavant, n’était plus assez grande pour continuer à pouvoir entreposer leurs marchandises. Sur les bottes en cuir tanné de l’assassin, j’aperçois un signe distinctif, une terre grasse, semi-humide comme rares sont les coins de la capitale. Ce détail me met la puce à l’oreille sur la provenance de notre visiteur nocturne. Le choix d’installer Hinu Town  à cet endroit précis tient lieu à ce qu’un oasis ait été découvert en ces lieux. Aussi, l’oasis demeure aujourd’hui toujours intact malgré les siècles écoulés, et tient place dans les quartiers ouest de la ville, fief de la famille royale d’Al Jawhera. Une longue artère marchande qui se ponctue par  une gigantesque porte de stuc dont la forme intérieur rappelle les coupoles des basiliques d’Hinu town. C’était là, pour ainsi dire la seule voie commerciale par laquelle les convois de marchands pouvaient pénétrer à l’intérieur de l’enceinte fortifié qu’était Hinu Town.

A l’aube, je me rendis sur la dite allée en prenant soin de me dissimuler au vu et à la su du monde ambiant. J’avais emprunté les toits et me réfugiant tantôt à l’intérieur de loggias, tantôt sur des terrasses ombragées, j’essayais tant bien que mal de faire preuve d’empathie et de me figurer comment le défunt assassin aurait agi à mon instar. Arrivé au portique, j’observais, examinais scrupuleusement tout détail incongru et suspect dans cet environnement éminemment versatile. La chose est aisée et je prends un risque certain en me revêtant de l’accoutrement de l’assassin. Je sais éperdument que mes déplacements sont loin d’être semblables au sien tout comme ma prestance, ma façon de me tenir sont autant d’éléments que je ne peux appréhender en un temps si réduit. C’est là un déguisement de fortune, un vulgaire subterfuge pour tromper l’ennemi et frapper en plein cœur ce guide spirituel si adulé.


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Il ne revint pas. Les vigies en alerte n’avaient décelé aucune agitation parmi la milice, aucune sirène ne perturba le calme de la cité. Pourtant, il aurait dû revenir après avoir neutralisé l’homme trop curieux et avoir interrogé le marchand pour leur livrer les dernières informations quant à ses revendeurs. Le mentor de la Confrérie attendit paisiblement deux heures. Il ne viendrait plus, il était certainement mort à présent. Les assassins n’étaient jamais en retard. Ni en avance à vrai dire. Ils arrivaient précisément à l’heure prévue. Il s’empara de son escargophone et mit en branle son organisation. Quelqu’un s’était mêlé de leurs manigances, un frère avait disparu. Il avait une foi inébranlable en ses hommes car ils étaient voués corps et âme à la cause et rien ne pourrait les en faire flancher. Une erreur, peut-être, mais il était encore jeune après tout. Mais il n’était pas sot au point de divulguer ses objectifs à tout va.

« Continuez à fouiller les souterrains aux abords de l’Oasis, localisez-moi les serres. Je m’en vais trouver la raison de son absence. Quelqu’un a pu le neutraliser, je n’enverrais aucun frère à la mort inutilement. » ordonna l'assassin, sur un ton un peu trop sec.

Frère. C’était bien par ce mot qu’ils se définissaient. La mort d’un mercenario le chagrinait, comme s’il venait de perdre un ami. Bien qu’ils furent plus que ça, après tout. Des âmes trempées d’un même acier. L’assassin soupira. Il se retourna vers le mannequin qui siégeait derrière lui, arborant son armure et ses armes d’Il Assassino. Sous ses apparats, il n’était qu’un jeune homme comme les autres. Avec une étincelle en plus au fond des yeux, peut-être. Il s’empara des plaques posées sur le mannequin et commença à s’harnacher, recouvrant la tenue de tissu de toutes les protections nécessaires à son ouvrage. Qu’on ne s’y trompa pas : c’était la mort qu’il allait distribuer. Il finit de fixer la dernière ceinture de dagues et se regarda dans le miroir en soupirant. Encore une nuit blanche à courir sur les toits …

~~~

Nul corps, nulle trace de combat. Perché sur la bâtisse d’en face, il se fondait dans la nuit en observant la masure du marchand. Il n’osait y entrer, ne désirant pas tomber dans un piège grossièrement taillé. De ce fait, il lui était difficile de réellement savoir ce qu’il s’était passé plus bas. D’autant plus que l’aube pointait le bout de son nez. Les assassins oeuvraient seuls et ne rendaient de compte qu’une fois la tâche effectuée. Cela leur assurait une liberté d’action toute relative. Pourtant, en ce moment précis, cela gênait Rafaelo plus qu’autre chose. Il ne savait à quelle étape son mercenario avait échoué. Bien qu’il se doutât que ce fut durant la première phase. Le poseur de questions était peut-être plus que cela après tout. Il attendit paisiblement qu’Al Jehzi ouvre sa boutique. Il n’en fit rien. Etrange pour quelqu’un qui avait perdu beaucoup d’argent … Bon. Il n’avait pas le choix, il lui fallait y aller. Il prit des précautions infinies en invoquant le principe de précaution puis s’infiltra dans le magasin du pauvre homme. D’un œil aguerri, il rechercha les pièges, décela les maigres indices d’une présence humaine. Personne à l’étage. Il descendit à pas de loup, glissant sur les lattes miteuses du plancher. Puis il trouva la trappe …

~~~

« Je … je vais tout vous dire ! » paniqua le marchand, tremblant de tous ses membres.

Bien. L’assassin relâcha son étreinte, et le marchand s’affala contre le sol. Son visage était marqué de bleus et il se tenait les côtes. Une bulle de sang se formait à intervalles réguliers à la commissure de ses lèvres. On ne jouait pas au truand lorsqu’on ne savait pas y faire. C’était la leçon qu’Al Jehzi venait d’apprendre. Un sourire mauvais étira la bouche de l’assassin et une lame terne jaillit sous son poignet. Il se baissa et attrapa la tunique du marchand, lui chatouillant la gorge de son acier de Damas.

« Un homme est venu me poser des questions et … et il … il m’a dit de me planquer ici. Puis, puis un gars est venu. Il semblait l’attendre et il … il l’a tué. Un gars avec le compas, comme vous ! » balbutia-t-il.

Le compas ? C’était donc cela que l’on retenait ? Il aurait cru que la tenue blanche, les armes et la formation suffiraient. Tch. Il ramena le type vers lui, raffermissant sa prise. La pointe de sa lame secrète s’enfonça dans la peau du marchand, lui tirant un gémissement de souffrance.

« Après, il l’a emporté, j’en sais pas plus, je vous le jure ! » fit-il, écarquillant les yeux de peur.

« À qui revends-tu les graines de pavot ? » lui demanda l’assassin, d’une voix menaçante au possible.

« De … quoi ? » hoqueta de surprise le marchand.

L’assassin se releva, toujours en tenant Al Jehzi par le col. Il le plaqua contre le mur avec violence et lui bloqua la gorge de son avant-bras. Sa lame s’approcha de son œil. La peur était la plus puissante des armes.

« Les graines ? Non, non : je ne sais rien ! Ils me tueront ! » paniqua-t-il.

« Et tu crois que j’ai l’air de plaisanter ? » grogna Rafaelo, s’appuyant sur sa gorge de tout son poids.

Le marchand toussa, essaya de se débattre. Mais ce n’était pas chose aisée avec une lame de vingt centimètre à un centimètre de la rétine. L’assassin le laissa tomber à terre. Il le toisa par sa taille et sa supériorité évidente.

« Je les revends dans le palais … je n’ai jamais vu son visage. Mais, mais … non, attendez, j’ai déjà entendu quelqu’un l’appeler par un nom : Difda’a ! » couina-t-il en se massant la gorge.

Le révolutionnaire acquiesça, un sourire amusé sur les traits. Le marchand leva les yeux vers lui et ne compris que trop tard. Lorsqu’on n’a plus aucune utilité et que l’on commence à savoir trop de choses, cela se termine rarement bien. La boutique resterait fermée aujourd’hui, et pour les jours à venir. On ne trouverait pas son corps avant la prochaine décrue.

~~~

Deux problèmes s’offraient maintenant à Rafaelo. Venger son frère et localiser l’acheteur de graines de pavot somnifère. Ainsi il se rendrait au palais, à la recherche de ce Difda’a. Il n’avait aucun piste sérieuse concernant le poseur de questions, alors il se concentrerait sur le problème de première urgence pendant que ses hommes sillonnaient la ville à la recherche des serres. Trouver les serres ne signifiait cependant pas trouver Difda’a, mais trouver Difda’a, par contre … Après s’être lavé les mains, il s’empara de son escargophone blanc.

« Prenez garde, nous avons un adversaire qui sillonne la ville à notre recherche. Montrez-vous, mais restez invisibles. Rapportez-moi tout agissement suspect, et renseignez-vous sur un certain Difda’a. » ordonna l’assassin à travers son combiné.

De l’autre côté, on acquiesça sans sourciller. Il était temps de se mêler aux recherches.
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Le désert dans son toute son immensité se profilait à perte de vue tandis que l’astre solaire embrasait progressivement le paysage pictural et réchauffait l’atmosphère de son auguste présence. Les premiers convois de marchands itinérants, menés en tête par des nomades sur dos de chameaux sonnait le rythme des caravanes ininterrompues de charrettes et autres carrioles en direction de la ville fortifié. M’engager dans le vaste désert de manière solitaire équivaudrait à une mort certaine, mon repérage n’en serait que trop aisé par l’ennemi qui n’aurait qu’à dépêcher ses meilleurs assassins pour me liquider. Les charognards n’auraient alors qu’a dévorer ma carcasse, je disparaîtrais de l’empreinte de l’humanité. Les autorités du royaume avaient toujours pris par mesure de précaution de vérifier grossièrement le contenu des carrioles et de dresser un rapport circonstancié des marchandises, c’est du moins ce qu’ils leur incombaient de faire en règle générale. Dans la pratique, les vérifications de routine étaient davantage opérées de manière aléatoire, les flux de marchandises étant bien trop importants pour pouvoir tout couvrir par les quelques gardes frontières stationnés auprès des grandes portes. C’était d’ailleurs sans compter les pots-de-vin dont ils devaient se faire rétribuer pour contrebande et passage de certaines marchandises et sans doute, il y avait fort à parier que l’organisation au credo se soit immiscé dans les petits papiers des gardes-frontières voire qu’ils y possèdent leur propre homme.

Je décidais bientôt de me concentrer sur les caravanes s’approchant, observant les agissements des parties en présence, leurs moues, leurs gestes et tout ce qui s’apparentait au langage non verbal et à l’officieux. Je profitais de l’arrêt momentané des chariots pour me faufiler à l’insu des caravaniers et inspecter les marchandises tour à tour. Du lard séché, des épices en tous genres, du curcuma, de la coriandre, de la cannelle, de la morue séchée et des fruits exotiques destinés à la famille royale figuraient dans les premiers wagons. Me glissant sinueusement de voiture en voiture, je guettais l’élément inattendu avec un soin scrupuleux cependant je ne trouvais guère chaussure à mon pied. Je pénétrais finalement sous la bâche de la dernière charrette et découvrait des armes marqués des armoiries royales, sans doute destinés à la garde rapproché de Al Jawhera. Aussi, devais-je admettre que mon investigation avait fait chou-blanc.

Je décidais de me retirer à l’intérieur de capitale et d’inspecter machinalement le quartier de l’oasis. Les ruelles étaient aux antipodes de celles des faubourgs, les échoppes et bon paquet d’autres magasins fleurissaient tout du long, une véritable vivacité et une effervescence palpable gagnaient ces rues. Les assassins pouvaient s’y fondre à leur bon plaisir et mettre en œuvre leur plan occulte. Le quartier ouest était aussi l’emplacement des serres où maintenues dans une humidité optimale, les plantes pouvaient croître sans que l’environnement hostile au-dehors ne vienne perturber leur épanouissement. Cette réflexion me mit la puce à l’oreille et me permit de faire le lien hypothétique entre Youssef El Jehzi et les cultivateurs d’herbes auprès de qui l’homme devait se fournir.

Je me déplaçais hâtivement dans la direction des serres à l’extrême pointe du quartier où une friche agricole, protégé, avait été annexé près du rempart de manière à garantir un approvisionnement minimal de denrées en cas de tempêtes désertiques. Je m’engageais dans la première serre en quête des plantations de pavot afin de m’assurer qu’ils n’avaient pas été subtilisés par l’organisation occulte. Manque de peau, il ne s’agissait que de pousses de cactus et de fleurs des sables. Tour à tour, j’inspectais furtivement les abris les uns après les autres jusqu’à ce qu’on me tombe dessus par inadvertance et que je découvrais fortuitement l’oiseau rare. Une main vint se poser sur mon épaule.

« Mercenario ? Que fais-tu donc dans les parages ? Nous seuls avons été dépêchés par le maître pour localiser les plantations de pavot ! «
« Mes frères, un nouveau membre de notre grande fraternité est tombé sous le joug de l’homme qui nous décime. Je dois à tout prix trouver notre maître pour l’informer prestement du forfait de l’assassin. Où se trouve t’il donc ? »
« Ne t’inquiète pas, frère, Il Assassino a prit lui-même les choses en main et s’est empressé de régler son compte à la langue de vipère qui nous a trahi et se renseigne désormais sur un certain Difda’a. «
« Il l’a donc liquidé. »
« Bien entendu, frère, Il Assassino est l’ombre elle-même, il ne commet jamais d’impair. »  
« Je vais aller ainsi à sa rencontre et m’enquérir auprès de lui. Paix sur vous, mes frères, nous sommes légions. »

Je reprenais tout le lexique occulte que m’avait distillé stoïquement l’assassin avant de passer l’arme à gauche. Je ne pouvais qu’espérer n’avoir commis aucun impair dans ma formulation. Je pris rapidement la tangente en direction des remparts, multipliant les acrobaties tant bien que mal sans avoir la grâce consacré des assassins. J’avais désormais une nouvelle écharde dans ma chaussure, je devais dorénavant trouver qui était ce fameux Difda’a, s’il s’agissait d’un pseudonyme ou du nom véritable d’une personne. Je devais d’abord fournir un rapport circonstancié au gouverneur.

1H plus tard

« Mais qu’est ce que… Gar… »
« Hmmmh gouverneur, gardez votre sang froid, ce n’est que moi. » lui rétorquais-je en ôtant le capuchon de l’uniforme et avant qu’il ne réussit à appeler sa garde personnel.  
« Kaitô ? Quel frousse vous m’avez flanqué ! Encore un peu et j’avais une attaque cardiaque. «
« Gouverneur, le nom de Difda’a vous évoque t’il quelque chose ? »
« Difda’a…Difda’a… non, je ne vois gu…attendez, peut être bien. En tant que gouverneur d’hinu town, je me dois de protéger la famille royale et je crois me souvenir que l’homme est un employé opérant à la solde du Monarque lui-même. Laissez-moi donc vérifier. »
Il se leva de sa chaise en merisier, décorés d’arabesques et de fils dorés,avant de monter sur un escabot, d’ouvrir sa bibliothèque et de saisir un épais volume de cette dernière.

Il ouvra l’ouvrage en fit tourner les pages jusqu’à trouver l’encoche dans le bouquin. Il ouvrit le livre et saisit une concoction spéciale dans sa poche de veston qu’il appliqua minutieusement sur la page, dévoilant le contenu de l’encre invisible qui y figurait

« Hmmmh Difda’a, c’est bien ce que je pensais. Voyez Kaitô, Difda’a, est l’un des meilleurs soldats d’Al Jawhera. Il est précisé qu’il brigue le poste de chef de la milice privé du monarque en personne. Pourquoi ca, Kaito ? »
« Il semblerait que les hommes qui se terrent derrière les larcins commis ces derniers temps aient quelque chose à voir avec cette homme. Je m’en vais directement au palais. Merci, gouverneur »
« Mais… »

Je disparus aussitôt du bureau spacieux du gouverneur et m’orientait à tombeau ouvert vers le palais du monarque, me propulsant de toit en toit. Rendu sur place, j’escaladais la muraille qui séparait l’enceinte du palais des rues avoisinantes et pénétrais dans la cour pavée. Il Assassino, tes heures étaient dorénavant comptés.


Dernière édition par Atsuji Kaitô le Ven 4 Avr 2014 - 19:05, édité 1 fois
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Difda’a. Palais. Rien de plus. Cela devrait suffire. Ses assassins ratissaient les serres, histoire de trouver l’origine du trafic. S’ils enquêtaient sur l’aval et l’amont, ils pourraient certainement se recroiser. Parfait. S’infiltrer dans le palais ne fut pas chose aisée. Cet endroit avait toujours été surprotégé de toute manière. Mais ils avaient beau se cacher dans leur petite cage dorée, les assassins trouvaient toujours un moyen. Un arbre, un toit, des aspérités. La corruption, l’infiltration. L’humanité était ainsi faite, et les civilisations s’érodaient inéluctablement. Ce pourquoi les assassins se targuaient d’être les architectes du destin, de leur propre destin. Libérer par la vérité. Bien que nombreux étaient ceux qui n’étaient pas prêts. Il donna quelques berries, envoya quelques Recluta écouter ce qui se disait dans les bas-quartiers. Ses petits oiseaux étaient légion dans Hinu Town, plus qu’ailleurs. La Salle aux contrats était implantée ici d’ailleurs. Le cœur de la Confrérie. Tout avait commencé par cet endroit, d’ailleurs …

Les efforts finirent par payer.

« Il Assassino. Nous avons trouvé ce qui pourrait ressembler à une serre aux abords de la muraille du château. Elle est visiblement gardée, ce qui nous a semblé anormal. D’autant plus que ces hommes appartenaient à la milice royale. Point quarante-quatre. » l’informa un assassin, à travers le denden.

« Ils feraient pousser les pavots à la vue de tous ? Ironique. C’est toujours la meilleure planque. J’y vais de ce pas. Neutralisez les gardes, laissez-en au moins un en vie. Le plus gradé si vous en identifiez un. » ordonna Il Assassino.

Pourquoi poster des gardes de la milice royale là ? Certainement qu’ils avaient pour consigne de rester discrets, mais face des hommes qui avaient juré de ne vivre dans l’ombre c’était superflu. Par contre, leur statut ne devait pas les obliger à cela. Avec tous ces indices, il était facile d’en déduire que ce Difda’a, si c’était bien son nom, devait avoir un lien avec tout ça. Soldat ? Politique ? Bref. Interroger un des gardes. Probablement qu’ils ne faisaient pas que leur métier après tout. Chacun avait choisi de défendre sa cause. Des gens en mourraient, inévitablement : c’était le sacrifice nécessaire. Il arriva rapidement sur les lieux, Ils avaient codé la ville de manière spécifique pour ne pas risquer d’être interceptés en cas de communication sur des lieux donnés. Deux hommes assommés étaient cachés dans une alcôve, un peu plus loin et un dernier était bâillonné en attendant sagement Rafaelo. Ils s’étaient cachés dans un lotissement visiblement vide pour la journée, non loin de la serre.

L’assassin en noir, encadré de ses deux subalternes de blanc vêtu, se présenta devant le malheureux garde. Celui-ci avait la moitié du visage violacé. Vu la façon dont son épaule pendait, elle était démise. Il adressait aux assassins un regard dur et froid. Il n’avait visiblement pas été facile de le contenir. Rafaelo se baissa à sa hauteur, se tenant sur la pointe des pieds. Ses deux frères se retournèrent alors, allant monter la garde. L’assassin fit glisser le bâillon de la bouche du garde. Celui-ci força sur ses liens mais ne pipa mot. Le révolutionnaire fit saillit sa lame secrète hors de sa gaine. Menace à peine déguisée.

« Tout le monde a un prix, l’ami. Alors tu vas me dire tout ce que tu sais sur Difda’a et ces serres et tu vas le faire vite. » grogna l’assassin, avec un léger sourire.

Le soldat affronta sans succès l’ombre de sa capuche pour essayer de trouver ses yeux puis cracha à ses pieds. Rafaelo haussa ses épaules et lui remit le bâillon. Il était passé maître dans l’art de faire mal sans blesser gravement ses adversaires. De les handicaper à vie, de les mutiler pour que la leçon soit exemplaire. La torture n’était qu’un outil après tout. Cet homme avait le choix, après tout. Il s’empara de l’épaule démise du soldat et enfonça son pouce sous la clavicule. Le soldat blêmit, essayant de hurler. Puis la lame lui perça la chair, tranchant tendons et fouraillant son articulation. C’était comme désosser un poulet. Le cartilage, la gaine … Le milicien commença à perdre des couleurs. L’assassin retira sa lame d’un geste sec. Il refit glisser le bâillon. Le pauvre homme haletait de douleur.

« Je te repose la question : qui est Difda’a ? Qui dirige ce commerce ? » fit-il avec une voix presque détachée, il n’avait pas le temps et ce gusse lui donnait du fil à retordre.

Le soldat tenta de reprendre son souffle et au bout de quelques secondes, il essaya de gonfler ses poumons pour crier et appeler à l’aide. L’assassin lui fourra sa main gantée dans la bouche, attrapant sa langue pour l’empêcher d’être stupide. Une fois qu’il eut compris, il la relâcha et lui cogna la tête contre le mur sur lequel il reposait. Il jouait au dur. Bien. Alors il sortirait le grand jeu.

~~~

« C’est bon. » fit Rafaelo en sortant du lotissement, tout en s’essuyant ses mains couvertes de sang avec un vieux torchon sorti de sa besace.

Il s’essuya un peu le visage, où quelques gouttes avaient sauté, puis ordonna à ses hommes de disposer du corps. La mort n’avait été qu’une délivrance pour ce lieutenant bravache. Mais à présent, il savait qui était Difda’a. Mais il était trop tôt pour tirer des conclusions. Il était temps d’aller rencontrer Difda’a en personne, un des chefs de la milice royale. C’était étonnant de voir à quelle profondeur pouvait être corrompue la pomme. Une fois que ces hommes se furent occupés du corps, l’assassin leur demanda de retourner prendre un peu de repos. Les autres continueraient de chercher les serres et ils les incendieraient toutes en même temps. Il lui faudrait des hommes frais pour la suite des événements… Si on supprimait les fournisseurs, le leader et la marchandise, le réseau tomberait. Gare aux audacieux qui espèreraient le remonter.

Il s’infiltra donc dans le palais pour ne pas laisser le temps à ses cibles de paniquer. Il escalada les murs de celui-ci et profita d’une fenêtre ouverte pour s’engouffrer à l’intérieur. La suite fut assez simple : il avait besoin de passer par le palais pour gagner les quartiers de la caserne par l’intérieur, ainsi il esquiva les gardes en prenant grand soin de rester à l’ombre ou dans les recoins où nul ne pensait jamais à regarder. Le seul bémol à son plan résidait dans le fait qu’il ne connaissait pas le visage de Difda’a. Ainsi, il devrait le faire bouger assez rapidement. Il connaissait cependant l’emplacement de ses quartiers et en temps que capitaine, il se devait d’avoir un bureau personnel. Il trouva rapidement la porte avec le nom de sa cible puis crocheta la serrure rapidement, après avoir vérifié qu’il ne s’y trouvait pas. L’assassin referma derrière lui et entreprit de fouiller la pièce. Tout était clean. Beaucoup trop clean. Pas un grain de poussière, rien ne dépassait d’un millimètre. Il y avait une différence le sérieux militaire et la conscience pas tranquille.

Il Assassino s’assit au bureau de sa cible, souleva le porte-document et sortit une dague avec laquelle il grava le symbole de la Confrérie. Voilà pour la mise en garde. Puis il passa ses mains sur et sous le bureau pour trouver un quelconque compartiment secret. R.A.S. Il feuilleta de nouveau le porte-document, sans rien trouver. Tch. Il fit de nouveau les tiroirs de fond en comble, rien non plus. Il ouvrit le matelas, défit les lattes. Rien. Dans l’armoire non plus, derrière les affiches de prime non plus. Trop propre pour être vrai. Espérons que la menace suffise à le faire réagir et le dirige vers l’homme qu’il suspectait être impliqué dans tout cela. Il ne pouvait prendre le risque d’aller le voir directement car trop proche des appartements royaux, mais la peur ferait faire des erreurs à ses adversaires : voilà ce sur quoi il comptait. Il sortit de la pièce en vérifiant que personne ne bougeait plus dans le couloir puis la referma derrière lui sans prendre la peine de le re-crocheter : il voulait que Difda’a sache qu’il était passé. Qu’il ait peur et fuit. Une étrange impression cueillit l’assassin lorsqu’il sortit de la pièce, si bien qu’il se retourna plusieurs fois. Hm. Il la chassa en sortant par une fenêtre, re-doublant de souplesse et de dextérité pour rendre toute poursuite improbable. Au cas où, on ne savait jamais …

Il se posta sur un toit qui avait vue sur le bureau du dénommé Difda’a. Restait à attendre … Par précaution, il gardait la main sur sa rapière. Il se sentait comme un félin restant tapi dans l’ombre et il prendrait d’autant plus de plaisir à voir celui qui se prenait pour un prédateur réagir à la menace. Il était temps qu’ils redoutent la Confrérie, tous autant qu’ils étaient.
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Le palais du monarque Al Jawhera était d’une splendeur fantastique, la dite «  Perle d’Hinu Town »  méritait bel et bien sa dénomination tant elle offrait en tous point des perspectives sublimes où l’œil du visiteur, hagard par tant de fastes, se perdait dans l’immensité architecturale de l’édifice.  Le contraste avec les ruelles en façade qui, étaient loin d’être les plus piteuses de la ville cité, était pour ainsi dire saisissant. Il n’était guère aisé de se figurer qu’une telle disparité ostentatoire de richesses avait tôt ou tard conduit à l’émergence de mouvements radicaux insurrectionnaires comme l’organisation au compas semblait indirectement se réclamer. Les frasques de ce monarque étaient autant d’armes et d’artifices de persuasion pour que leur guide spirituel justifie ses croyances vénéneuses et renforce l’endoctrinement des âmes pécheresses dans ce semblant de famille qu’il avait institué.

L’uniforme que ses frères revêtaient n’étaient plus qu’un artifice pour que l’individu, le je, n’existe en plus aucune sorte. Il effaçait tout forme d’individualisme, de hiérarchie sociale, de croyances et de pensées différentes. Tout leur être était rapporté à une icône, adulé, encensé, qui en sa qualité de patriarche décidait en bon autocrate des décisions et actes à perpétrer pour leur communauté. Tout ce qui appartenait à l’un revenait désormais à chacune des âmes qui peuplaient le groupuscule avec bien entendu une primauté au maître. Chaque homme n’était plus qu’un pion sur un vaste échiquier où seuls importait le groupe et les actions de ce dernier. La vie d’un homme devenant futile puisqu’il avait servi la cause et, son trépas aussitôt oublié, une nouvelle âme prenait sa place, telle l’hydre de Lerne à qui l’on coupe une tête et qui aussitôt voit la seconde poindre en lieu et place de celle tranchée. Le compas n’était pas bien différent, il ne s’était pas enquis de récupérer leur soi-disant «  frère » mort par ma main, il n’avait même pas pris la peine de lui offrir une sépulture décente avec qui il avait pourtant partagé l’eau et le pain pendant bien des lunes.

Cette fraternité n’avait rien de vénérable ou de même de véritable, ce n’était qu’un groupe qui, derrière ses travers de libérateurs et de bon samaritain, faisaient en sorte de nourrir la peur et semer les germes du terreau de la révolution. Le plus mesquin était que tous ces lascars osaient critiquer le système de régence actuel qu’il jugeait despotique et qui pourtant offrait beaucoup plus de garanties et de contre-pouvoirs que l’ordre révolutionnaire ne pourrait jamais instituer. La révolution, c’était les oubliés de l’histoire, les reclus laissés sur le carreau de la route de la gloire et de tous les périls, l’équilibre du monde était seulement maintenu par les 3 forces : le gouvernement, la marine et les Yonkou. Pas étonnant que l’amertume en bouche, ils nous livrent leur petite vendetta personnelle mesquine en sabotant ce qu’on s’est évertué à bâtir pendant des siècles durant alors qu’ils se terraient dans leurs antres à se ronger les sangs.

Je parcourais silencieusement l’atrium en me dérobant autant que faire se peut près des obstacles qui jonchaient mon périple dans l’enceinte du palais. A force de contorsions et de manœuvres d’acrobatie, je finis par déboucher dans les baraquements accordés à la milice privé. A l’intérieur, un vestibule tout ce qui il y a de plus ordinaire puis les vestiaires où les gardes procédaient à leur préparation avant d’entrer en fonction au service du monarque. Dans la pièce jouxtant les vestiaires, un corridor carrelé d’une vingtaine de mètres débouche sur une petite arène de terre battue et de sable où les hommes avaient coutume de se défier, de se jauger et de s’affronter dans toute la tradition inhérente à la lutte. Autour de l’arène d’infortune, quelques rangées de gradins à la forme d’un amphithéâtre permettaient de se repaître du spectacle martial, éminemment viril où les muscles s’entrechoquaient, où les carcasses luisantes s’accrochaient et où l’intellect humain devait laisser le pas à la primauté de l’animal qui sommeille en chacun.

Je pénétrais discrètement dans les vestiaires dans l’espoir de trouver les affaires de Difda’a. Je fouille de fond en comble les casiers, passe au peigne fin les bancs et les vêtements des soldats sans trouver quelque chose à me mettre sous la dent. Je me résigne à devoir passer du côté de l’arène lorsque j’entends soudain une voix s’élever dans la sueur ambiante
.
« Difda’a ? Difda’a ? Mais où vas-tu donc la grenouille ? Jenzhen voulait te défier pour voir ce qu’il valait depuis la dernière fois que tu lui avais mis une raclée. Mais ne pars pas voyons ! »
« Je reviens Pahnann, je reviens, dis lui de m’attendre ! »

Une porte claque subitement. Je me faufile au dehors, longe le mur de la bâtisse et observe le présumé Difda’a qui, semble en pleine conversation den den avec un inconnu.

« Difda’a puisque je te dis, qu’ils les ont dénichés ! Des corps inanimés ont été retrouvés sur place et le cadavre d’un de mes hommes gît dans l’ombre d’une ruelle adjacente. Il sait où on est ! Il va remonter la filière et finir par nous débusquer ! Je me demande même s’il n’est pas dans les parages à l’heure qu’il est ! Je ne sais qui est l’instigateur de tout ce tintouin, s’il s’agit du molosse du gouvernement ou de l’autre homme au compas mais une chose est sûre, ils sont à nos basques et vont venir nous cueillir. Occupe-toi d’eux et ne me déçoit pas ! »
« Mais grand conseiller, je «
« Et combien de fois devrais-je te dire de m’appeler par mon pseudonyme, c’est bien trop dangereux de me nommer ainsi. Kousk’a , tâche de t’en souvenir «

Katcha !

L’appel fut aussitôt interrompu par l’interlocuteur au bout du den den, apparemment frustré du déroulement des évènements. Toute cette discussion se révélait fort intéressante et de fil en aiguille, les choses devenaient de plus en plus opaques et nuancées. Visiblement, l’ami Difda’a était l’intermédiaire entre les planteurs de graines de pavot et était de mèche avec un individu plus haut placé qui tiraient les ficelles de toute cette machination. Quelle finalité pouvaient t’ils poursuivre ? Quelles étaient les relations entre le fameux conseiller, Difda’a et le guide spirituel au compas ? Autant de questions restées en suspens dont l’intime vérité allait bientôt éclater au grand jour.
Difda’a entrouvrit bientôt la porte et prévint ses camarades qu’il aurait à s’absenter.

L’homme se mit bientôt en route en direction de son bureau particulier en vertu du grade qu’il revêtait, je décidais de le filer discrètement de manière à en apprendre encore davantage sur l’étendue de ses activités. Il traversa bientôt la grande cour ombragé et emprunta les escaliers pour rejoindre son bureau au premier étage d’un bâtiment accolé au palais. Je fis à l’identique quelques brefs instants plus tard mais je pressentis la désagréable sensation d’être observé, épié, scruté par un individu, à la manière de quelqu’un qui aimerait à regarder au dessus de votre épaule. J’eus beau jeter un œil suspect sur mon environnement, je ne pus rien déceler. L’homme pénétra bientôt dans ses quartiers et tandis que dans l’entrebâillement de la porte, je l’observais s’asseoir à son bureau. Un cri singulier de terreur s’empara de sa raison, sursautant de son siège instantanément.

Dégainant sa longue dague courbée de sa ceinture, son faciès affichait un effroi rare pour un homme de sa trempe, la sueur coulant sur le teint mat de son visage. La dague en avant, il semblait menacer une personne ou du moins toute personne qui s’apprêtait à le frapper à son insu. Qu’avait t’il bien pu apercevoir sur son bureau pour que l’homme entre dans cet état de second ? Une mise en garde ? Des menaces quant à sa famille ? De sang-froid, il n’en avait résolument plus une once.

« Eh bien alors ! C’est moi que tu veux, maudit charognard ?! T’as découvert le pot-aux-roses et tu t’es figuré pouvoir me tuer ? Moi Difda’a ? Le meilleur milicien de la milice privé ? AHAHAH. Mais tu ne m’auras pas, pas moi, pas comme tous les autres, ni même Kousk’a ! «

La réplique aussitôt dite, l’homme s’empressa de dégainer sa longue épée courbé et fonça à tombeau ouvert en direction de la porte. Il ne me laissait guère le choix, il fallait m’en savoir plus si je voulais délier l’énigme. Il allait appeler à la garde si je venais à le laisser sortir de cette pièce et cette alternative n’était pas envisageable.

Lorsqu’il fût assez près de la porte, je lui claquais celle-ci droit sur le bourre-pif de manière à le sonner suffisamment pour que je prenne l’ascendant. Il valsa sur le carrelage et se releva avec une tout autre tête, un visage qui en disait long sur les intentions d’homme, le visage de celui qui savait qu’il n’en resterait qu’un et qu’en conséquence était dorénavant prêt à mourir.

« Tu te dévoiles enfin, Assassin ! Toi et ton maudit symbole sur mon porte-documents ! Enfin, je vais pouvoir te faire la peau et on sera débarrassé de ta maudite espèce d’encapuchonnés ! Hahaha. Quant à l’agent du gouvernement, il ne perd rien pour attendre, il aura sa plâtrée à heure dite ! «
« Qui est ce conseiller ? Quel est ta relation avec le guide spirituel et les graines de pavots ? Que convoites-tu de faire ? Hmmmh »

L’homme ne déclara traître mot et se rua sur mon moi, tentant de me feindre en deux avec sa lourde épée. Il multiplia les assauts tandis que je les esquivais tant bien que mal en me substituant au mobilier de la pièce. L’homme était entré dans une transe martiale et plus rien ne pouvait le raisonner, j’effectuais in extremis quelques parades de fortune grâce à la rapière de l’assassin que j’avais défait tout en essayant de grappiller des informations mais rien fut assez puissant pour adoucir la folie qui l’avait envahit. Il frappa bientôt mon visage avec la crosse de son arme, l’affrontement reprit et je décidais d’y mettre un terme de peur que notre duel n’attire des âmes trop curieuses. La lame enfoncé dans la pomme d’Adam, il balbutia péniblement quelques ultimes paroles inaudibles tandis qu’un flot continu d’hémoglobine s’épandait de l’entaille. Je récupérais bientôt ses quelques affaires personnelles ainsi que le précieux den den.

Le meurtre de Difda’a serait attribué à l’assassin, les preuves attestant de son passage en ces lieux. Je n’avais donc plus les mains sales, du moins sur le papier évidemment. Il était cependant impératif que je me débarrasse de l’accoutrement que je revêtais, il ne m’était guère plus d’aucune utilité désormais. Je finis par regagner la cour en empruntant la fenêtre, maintenue grande ouverte et m’affranchissait dans un fourré de ces maudits haillons qui m’avaient collé à la peau bien trop longtemps.


Dernière édition par Atsuji Kaitô le Ven 4 Avr 2014 - 20:19, édité 1 fois
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Les cadavres des soldats avaient été placés dans des endroits stratégiques, pour être trouvés. Le but était de les faire paniquer, de leur faire faire des erreurs. L’assassin n’avait eu aucune nouvelle de l’homme qui avait tué l’un des siens. Tout comme son corps n’avait pas été retrouvé. Il avait empreint un masque d’indifférence devant ses hommes car il ne voulait pas leur montrer qu’il pouvait être atteint par de tels sentiments. Mais il brûlait du feu de la vengeance, comme cela avait toujours été le cas en réalité. Il n’avait pas eu le temps de ressasser les funestes éléments de la journée et s’était défoulé sur le pauvre corps du soldat qui lui avait livré l’identité de Difda’a. On n’aurait pas cru un mentor aussi peu maître de lui-même. Mais il était jeune, et il s’était voué à une Cause comme on se vouait à une secte. Corps et âme. Trouver le sommeil était difficile dans ce métier, et on ne se demandait pas pourquoi : remords, choix, paranoïa. La liste était longue. Il était le mal nécessaire. Lui ne pouvait commettre d’erreurs sous l’effet de la colère : il n’avait jamais cessé de l’être. Que tous continuent de croire qu’ils n’étaient que des assassins à la solde de la Révolution. La Confrérie était maîtresse de ses décisions et de ses choix. Les contrats n’étaient que la face visible de l’iceberg. L’honneur des assassins était chose inconnue en ce monde de parjures.

Il vit enfin Difda’a se présenter à son bureau. S’y asseoir, visiblement préoccupé. Il le vit presque blêmir, malgré la distance, lorsqu’il souleva le porte document. Un sourire égrena ses traits, gravés dans le marbre de son insolence. Le château de cartes commençait à trembler et la chute de ses tours entraînerait bientôt ses fondations. Lentement, il s’empara d’une de ses dagues de ceinture, s’avançant à pas de loup vers le rebord du toit. D’une dague il le paralyserait puis il n’aurait qu’à le cueillir et le faire parler. L’effet de surprise était crucial, impératif face à un combattant de la trempe de Difda’a. Il arma son tir, une bonne vingtaine de mètres et une vitre ce qui ne représentait pas rien même pour un lanceur tel que lui. Mais au moment où il allait lancer l’arme, une ombre blanche le retint. L’assassin plissa les yeux, maugréant dans sa barbe. Il rengaina son arme.

Dans la pièce, un homme ayant revêtu les atours du Mercenario affrontait Difda’a. L’assassin ferma les poings, voyant bien que l’occasion d’interroger le soldat lui avait échappé. Il se surprit à prier intérieurement pour que l’imposteur se fasse tuer mais au bout de quelques secondes, il finit par mettre le milicien à terre dans un glouglou carmin ruisselant. S’adossant contre le parapet, Rafaelo risqua un coup d’œil pour apercevoir le triste sire s’enfuir par la fenêtre en emportant les effets du milicen. Le meurtre de Difda’a serait donc imputé à la Confrérie. Peu importait, cela se serait terminé ainsi de toute manière. Le temps que sa cible effectue les quelques acrobaties nécessaires pour rejoindre la cour, il s’empara de son denden.

« Assassin localisé, il remonte la piste de Difda’a et l’a neutralisé avant nous. Recherchez dans la base Cipher Pol la description que je vous envoie. Oui, demandez à Scarlett. » chuchota-t-il.

Il replaça le denden blanc dans son veston intérieur, prenant bien soin de lui couper le sifflet. Il l’avait vu se battre, il le voyait évoluer : c’était un Cipher Pol. Il avait fait ses classes avec Mad, il savait comment on se battait dans les rangs du Gouvernement. Restait à savoir de quelle branche, ainsi que son nom … Avoir des alliés dans les rangs des ennemis, ça aidait toujours. Tout comme le fait de donner cette impression d’avoir toujours une longueur d’avance. C’était ce qu’il lui fallait en cet instant précis : il venait de se faire souffler sa proie sous le nez. Hors de questions que cela se reproduise. Il le vit se débarrasser de la tenue d’assassin, restant à bonne distance pour ne pas être découvert par un regard indiscret. Un Cipher Pol qui portait la tenue de la Confrérie. Cela l’insupportait. Même la peste aurait été douce comparé à cela. Conservant son adversaire à vue, l’assassin descendit dans les fourrés et s’empara de la tenue blanche. Sa cible mettrait un peu de temps à s’échapper du palais, il ne connaissait certainement pas l’endroit aussi bien que lui. L’assassin remonta en hauteur, profitant des passages maintes fois empruntés et garda à vue sa proie. Il ferait honneur à son frère tombé …

~~~

Ils étaient hors du palais. Les assassins étaient prévenus. Plus rien ne l’arrêtait à présent. La mise en scène et de la duperie étaient de puissantes armes. Si cet homme avait réussi à s’infiltrer dans leurs rangs, il ne savait pas jusqu’où alors il ferait en sorte de lui tirer tout ce qu’il savait. Il l’entendit avancer sur le toit sur lequel il avait tenté de le devancer. Puis ralentir. Un sourire malsain se dessina sur les traits de l’assassin dans sa tenue blanche et immaculée de Mercenario. Il avait compensé les manquements de son précédent propriétaire par quelques petits ajouts camouflés. Les Mercenarion n’avaient qu’une seule lame, et aucun mousquet de manche. Les Mercenario n’avaient pas de phalange manquante. Les Mercenario n’étaient pas maîtres des arts assassins. Mais sous un gant, sous une manche cela était invisible. Inutile de faire languir plus longtemps l’agent du Gouvernement. Roulant contre le mur, l’assassin lâcha une dague sur sa cible. Maintenir l’illusion qu’il voulait le tuer … Il le rata, dirigeant son tir vers sa lame plutôt que sa gorge  – bien qu’il se doutât que l’homme puisse la détourner aisément.

« Te voilà, fils de chienne ! » grogna l’assassin déguisé en Mercenario.

« Tu vas payer pour le meurtre de mon frère ! » poursuivit-il, dégainant sa rapière.

Autre détail. Ce n’était pas là une arme de faible facture. Il s’agissait de l’authentique rapière Auditore. Héritée des ancêtres révolutionnaires de la famille. Une arme chargée d’histoire et de sang, une arme forgée dans la vengeance. Elle poursuivrait son œuvre en cette funeste soirée et à jamais.
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Il était dorénavant impératif que je mette la main sur le conseiller, le meurtre de Difda’a allait tôt ou tard être révélé et l’enceinte du palais placé sous surveillance extrême. Je subodorais l’hypothèse que le conseiller soit l’un des membres les plus éminents et les plus proches de la cour du roi. Les comploteurs s’affairent toujours à demeurer au plus près de celui dont ils espèrent l’extinction, c’est une règle aussi immuable qu’immémorial de la bassesse de l’homme. Je m’efforçais de parcourir le palais incognito de manière à débusquer le fameux conseiller pour qui Difda’a roulait sa bosse. Je ne pouvais m’évertuer à solliciter l’audience du roi et lui faire part mes péripéties, le comploteur pourrait dés lors tout mettre en œuvre pour dissimuler toute trace de ses sévices et ainsi éviter que je le confonde, faute de preuves suffisamment tangibles. Il Assassino devait lui aussi rôder dans les parages et tôt ou tard, il finirait par remonter jusqu’à Difda’a et prendre conscience qu’il n’était qu’un pion manipulé par la perfidie d’un homme bien plus influent. Je partais du principe que l’assassin étaient sur mes talons bien que rien ne m’évertuait à le considérer, l’homme avait peut être d’ores et déjà mis au jour la relation qu’entretenait Difda’a avec son supérieur. Ce guide spirituel était bien la variable inconnu de toute cette mystérieuse équation et j’avais l’intime conviction que nous allions bientôt, par la force des choses, avoir à croiser le fer.

J’avais décidé de gagner les toits pour réfléchir à quelque judicieux stratagème pour prendre un coup d’avance sur l’assassin. Il m’avait devancé en ce qui concerne le milicien et avait signé son forfait de sa marque de fabrique. Le fait qu’il n’ait pas semé le trépas dans son sillage depuis son incursion dans le château me laissait perplexe. Cela ne ressemblait pas aux méthodes qu’il avait d’ores et déjà employées et qui avaient maintes fois été éprouvés. Ni au meurtre de Youssef, ni même à la disparition des autres marchands qui avaient eu l’audace de se poster sur sa route. J’avais dans l’idée que ma présence devait perturber de quelque manière les plans sur la comète qu’il s’était tracé. En phase d’introspection profonde, le den den que j’avais ramassé sur le cadavre encore tiède de Difda’a se met à retentir de cette tonalité si singulière qu’on reconnaitrait entre milles.

Pulupulupulu

« Difda’a ! C’est toi ?! Ou es tu bon sang ? On s’était dit de se retrouver à la source de l’Oasis à l’intérieur du palais ! Difda’a ? Difda’a ? Répond bon sang ! »

Je laissais planer un long silence en guise de réponse, le mutisme étant ma seule échappatoire pour que je gagne suffisamment de temps pour épingler l’interlocuteur au bout du fil.

« Difda’a ? Mais … erf, voila le monarque ! «

Katcha

Il coupa court et net la transmission, m’enlevant par la même le désagrément d’avoir à trouver une solution de fortune pour lui fausser compagnie. Avant même que j’eusse le temps de tirer à chaud les quelques conclusions de cet appel inopiné, le son d’une lame filant à tombeau ouvert vint ricocher la garde de l’épée dont je venais de faire mienne dans les quartiers de Difda’a.

« Te voilà, fils de chienne ! » grogna l’assassin déguisé en Mercenario.

« Tu vas payer pour le meurtre de mon frère ! »

Maudit Assassin, misérable scélérat, il m’avait suivi en cet endroit pour me épier mes moindres faits et gestes, j’avais à coup sûr surestimé la vermine de bas étage qu’il était et accordé bien trop d’honneur et bien trop de mérite à cette race de mort qu’était les enfants de la révolution. Il ressemblait pour ainsi dire presque trait pour trait à celui que j’avais liquidé froidement chez Youssef. Que dire de son adresse déplorable au lancer de couteaux ? Etait-ce vraiment tout ce dont ce mouvement dissident était capable ? Etait-ce là la véritable étendue de leurs aptitudes ?  J’imagine que leur guide spirituel avait cette fois-ci envoyé un émissaire qui en valait la peine et je devais résolument rester à l’affût de ce qu’il pourrait tenter tant son ignominie révolutionnaire semblait sans fond. Je décidais de jouer la carte de la vantardise et de la vanité de manière à faire naître en lui une rancune aveugle, une aigreur suffisamment forte pour qu’il en perde sa lucidité et se lance tête bêche dans l’affrontement.

« Hmmmh, ton frère ? Il s’était rendu coupable du crime d’infamie, il ne valait guère mieux que le sort que je lui ai réservé ! Ce n’était qu’un couard qui n’avait même pas l’audace de tuer ses victimes de face, tout comme toi. Tous pêcheurs, tous capables ! «

La speech aussitôt livré, les deux hommes se jaugèrent du regard dans un silence implacable, attendant la première estocade pour déclencher les hostilités. Comme d’un commun accord implicite, les deux antagonistes se ruèrent l’un sur l’autre, croisant le fer de leurs rapières respectives. L’assassin avait une dextérité certaine dans l’usage de l’arme, la faisant décrire de rapides et larges courbes pour trancher dans le vif. Gestuelle d’intimidation notoire. Parade sur parade, l’assassin finissait par prendre le dessus et son agilité singulière lui permit bientôt de m’asséner une frappe droit dans le buffet qui me fit voler sur plusieurs mètres sur le toit en damier de l’édifice. Le gus avait de la ressource et ses mouvements aussi élastiques qu’imprévisibles rendaient tout exercice d’anticipation complexe.

« Plutôt bon, comme gus. Je dois reconnaître que t’as plus de jugeote que ton défunt frère. Encore que… »

Je me précipite à tombeau ouvert sur l’encapuchonné et à bonne distance décoche mon pied sur son épaule en l’abattant avec force. Chose faite, je prends appui sur l’omoplate pour asséner une nouvelle frappe en lieu et place de la précédente. Sous le choc de cette dernière, l’homme se cambre sèchement dans un silence de plomb, ne voulant guère donner quelque signe de faiblesse à mon encontre. Genou à terre, il se tient l’épaule avec peine et halète péniblement. Il maugrée quelques énième juron dans sa barbe tandis que je m’hasarde à venir à sa rencontre. Je subodore avoir démit sa clavicule au vu de ce que l’homme laisse apparaître comme témoin de son état. La canaille est sournoise, elle peut aisément comploter quelque manigance, je veille à maintenir une distance suffisante entre l’assassin et moi-même.

« Ton frère avait appelé la mort de ses vœux. Parle donc infâme avant qu’il ne me prenne l’envie de te trancher salement la glotte et de livrer ton cadavre à la charogne ? Qui est Il Assassino ? Ou est t’il ? Quelle est donc la relation qu’entretient votre fraternité avec Difda’a ? «


La rapière me titillait quelque peu la ceinture, je m’apprêtais à sortir l’arme de son fourreau et expier son âme vile en enfer
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L’assassin partit d’un éclat de rire malicieux. Son épaule pendait misérablement. Il était allé trop loin dans son jeu et avait permis au Cipher Pol de l’atteindre. Il le regarda, cherchant le point de douleur sur sa clavicule. Hm. L’épaule était sortie de sa coiffe, elle n’avait en rien cédé. Tant mieux. Son articulation était assez solide pour encaisser les chocs, cela aurait été stupide de s’exposer à de pareilles blessures. Il se redressa, se tenant l’épaule. Il savait la remettre et il devrait le faire avant que les muscles ne refroidissent trop. Mais cela le plaçait en position d’infériorité évidente. Une blessure de presque rien lorsqu’on savait la traiter. Il le regarda droit dans les yeux. Evidemment que le Mercenario avait appelé la mort de ses vœux. C’était ainsi que l’on était délivré de la Confrérie après tout : une preuve supplémentaire qu’il devrait être honoré dans cette vie et dans les prochaines. Son meurtrier, par contre, connaîtrait le châtiment suprême.

« Tu parles trop. Et tu ne sais rien. » grogna-t-il, avec un sourire amusé.

La relation qu’entretenait Difda’a avec la Confrérie était évidente. Il était la proie, elle était le prédateur. Elle traquait les traîtres, les parjures et les félons. Elle mettait à bas les monstres et achevait les tyrans. Elle était la justice que le peuple réclamait sans trop y croire. Elle était impartiale et terriblement vindicative, à l’image du spectre de la mort. La tenue noire d’Il Assassino n’était pas anodine : il voulait que la plèbe les pense ainsi. On ne voyait d’eux que les morts qu’ils laissaient dans leur sillon. Nul n’avait idée de jeter un regard en arrière pour envisager les conséquences de leurs actes. Bien souvent, cependant, on leur associait quelques crimes par erreur ce qui ne faisait que jeter le voile sur leur identité. Il n’était pas difficile de les imiter : un symbole et un corps. Cela suffisait. Alors il était logique que cet homme des services secrets n’en sache rien : la Confrérie était encore jeune après tout.

« Par contre, moi j’en sais assez … » poursuivit-il en faisant sortir de l’intérieur de son veston un denden à la coupe afro, noir, avant de l’y remettre.

« Nous nous reverrons bien assez tôt, Atsuji Kaitô. Passe mes amitiés au Gouverneur. » ricana l’assassin, en se remettant l’épaule en place dans un craquement sinistre.

La douleur le rendait vivant, lui rappelait sa condition d’homme parmi les hommes. Il bondit en arrière et disparut derrière le parapet en se rattrapant à une poutre de sa main valide. Il crocheta une prise de sa cheville et roula dans les airs pour se rattraper sur les pieds dans la cour. De sa main moins valide, il avait déjà lancé la contre attaque. Une bombe fumigène brûlait déjà en son poing, allumée contre la plaque de son armure durant son saut. Il la lança à hauteur du toit et elle explosa en une gerbe opaque de fumée. Il longea le mur et s’échappa par un angle, préférant le couvert de l’ombre des bâtiments à la sécurité relative des toits. Il savait maintenant que le Cipher Pol ne savait rien sur eux, qu’il n’avait aucune connaissance de leur hiérarchie et n’avait fait qu’empiéter sur leurs plats de bande. Autant dire que ce n’était qu’un malheureux hasard qui faisait qu’ils traquaient la même proie. Il ferait d’une pierre deux coups et éliminerait Conseiller corrompu et Cipher Pol meurtrier. Allons, mon bon Kaitô, dites vous que c’est de bonne guerre …

En réalité, il n’avait rien à faire de ce Roi. Il le considérait égal à ses sujets mais il tenait place de pièce maîtresse sur l’échiquier de l’assassin. Apprenant que le Conseiller allait avoir affaire au Roi, il craignait le pire et voyait à présent le tableau se dessiner devant ses yeux. Un trafic de drogue mêlant corruption et jeux de pouvoir. Ce n’était jamais bon, et cela se finissait souvent très mal : au jeu des trônes il fallait vaincre ou périr. Passant à travers des repaires connus de lui seul, et surveillés par ses propres hommes, l’assassin récupéra ses affaires et gagna de nouveau le palais. Préférant se munir de ses propres effets, il gagna les cours intérieures de l’édifice. Sa tenue de Mercenario avait eu l’effet escompté, elle n’était plus nécessaire. Il avait obtenu informations et certitudes. Il mit ses hommes au courant de l’identité du meurtrier d’un coup de denden blanc, pensant que son adversaire possédait les mêmes moyens d’espionnage que lui, et les mit en garde quant à sa véritable nature, leur demandant de rester à distance de lui et de ne pas le prendre à la légère. Puis il rejoint finalement l’oasis, neutralisant quelques gardes au passage. Sans les tuer, il les enferma dans des placards. Au cas où il ait besoin de négocier avec les sangs bleus, il préférait ne pas avoir trop de cadavres dans son placard, sans aucun jeu de mot.

Glissant le long des murs, l’assassin s’infiltra sans trop de mal à l’intérieur du palais. Il gagna l’oasis désignée par le Conseiller puis se jeta dans les fourrés, apercevant le Roi de loin, masqué par sa garde privée, ainsi qu’un autre individu. Il était de dos pour l’instant, l’assassin ne pouvait le reconnaître. Ils semblaient discuter de quelque chose d’important, à en voir les grands gestes qu’ils faisaient. Ce n’était visiblement pas une visite de courtoisie de la part du régent. Situé hors de portée de vue, l’assassin hésita à s’approcher un peu plus. Il lui faudrait passer à découvert et ce ne serait pas une bonne idée que de confronter la garde royale. Autant attendre que leur échange se termine puis passer à l’action. Cela dura encore un bon quart d’heure jusqu’à ce que le Roi ne congédie le Conseiller, d’un geste méprisant et colérique. Si cela continuait, ce Roi ne ferait pas long feu, hé hé …

L’assassin profita du mouvement pour sortir de sa planque et raser les diverses plantes de l’oasis. Ce n’était pas une formidable idée que de distribuer des endroits aussi propices à la dissimulation au sein du palais. Il réussit à suivre le Conseiller jusqu’à ses appartements, devant de temps à autre se cacher dans des recoins ou trouver une autre voie par l’extérieur pour le suivre. Il arriva rapidement à l’aile ouest du palais, dans une suite luxueuse où le Conseiller s’enferma en claquant la porte. Dessus était écrit « Al-Monafék ». Le nom du conseiller félon. Entendant une patrouille arriver, l’assassin s’esquiva par une fenêtre et entreprit de gravir la façade du bâtiment pour trouver une ouverture. Fort heureusement, le climat de la cité jouait en sa faveur. Profitant des architectures déliquescentes et des arabesques exagérées de la façade, il se faufila à travers une ornière, déchirant la moustiquaire d’un coup de dague. Il tomba directement dans les cuisines du Conseiller, neutralisant le cuistot en l’étouffant avec son coude. Il l’allongea au sol, pris son pouls puis se rapprocha du salon : il avait besoin d’entendre ce contre quoi le Conseiller fulminait au denden. Un coup d’œil lui apprit qu’il en utilisait un blanc. Personne n’en utilisait de blanc à moins d’avoir beaucoup à se rapprocher. Ça plus le fait qu’il était en conversation avec le Roi quelques minutes plus tôt balaya les doutes restants de Rafaelo.

« Difda’a est mort ? T’en es certain ? Quand ? … Et merde, ils ont remonté sa trace. On arrête tout, on coupe les vivres et on remballe. Non non, on ne prend pas de disposition contre le Roi tant qu’on est pas encore prêts. C’est un ordre. Tue les tous : aucun témoin, aucune piste. » fit le Conseiller, s’interrompant soudainement.

Il était plutôt petit vu de face. Crâne ras, moustache fine et bouc taillé. Il paraissait aussi riche qu’on s’y attendait, débordant de dorures et de soieries. Mais vu la perfidie de l’animal, Rafaelo se doutait qu’il fût arrivé là par hasard ou par lignage … Et il le lui confirma bien assez tôt.

« Ce n’est pas très poli d’écouter aux porte messieurs les assassins. » lâcha-t-il, cachant son denden blanc.

Messieurs ? Foutredieu, putain de Cipher Pol.


hrp : je mets les couleurs plus tard, je connais pas encore le code par coeur ^^
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« Nous nous reverrons bien assez tôt, Atsuji Kaitô. Passe mes amitiés au Gouverneur. »

Qu’est ce que ? Par quelle machiavélique machination pouvait t’il avoir eu connaissance de mon nom et celui du gouverneur ? Une taupe, un mouchard du Cipher Pol ? Cela ne laissait planer pas le moindre doute sur les rapports obscurs que l’assassin entretenait avec le Cipher Pol. Les dossiers des agents sont pourtant bel et bien classés top secret et seuls quelques bureaucrates d’expérience et procéduriers, outre les chefs respectifs des unités, avaient accès aux passifs des agents. Cet homme avait des appuis puissants à l’intérieur de la pomme, il n’était guère étonnant que je le croise sur ma route s’il s’était vu octroyé les mêmes renseignements. L’opacité des méthodes et des relations du Cipher Pol finirait tôt ou tard par me faire passer l’arme à gauche. Par ailleurs, il semblait s’être doté d’un équipement analogue au notre, un den den noir et l’on pouvait résolument supposer qu’il devait en avoir un blanc quelque part dans ses emmanchures.  Un renégat de nos services qui aurait vendu son âme à la révolution ? Je ne pouvais m’évertuer à considérer ces hypothèses bien que les quelques cas récents de défection d’agents d’expérience tel Mayaku Miso ou encore la plus récente Lyla B VI me laissait un goût aigre en bouche.

Il s’était rapidement éclipsé en se camouflant dans un nuage de fumée en contrebas puis finit par s’engouffrer dans les sinuosités entre les bâtiments. La vermine n’avait rien du manquer de la tirade enflammé du conseiller et connaissait dorénavant le lieu où il pourrait lui mettre le grappin dessus. La canaille était déjà loin mais je connaissais tout aussi bien son objectif tout comme il connaissait le mien. Dés lors, une course contre la montre bien malgré moi avait débuté par le départ en trombe de l’assassin. Cet homme n’était pas l’une des sentinelles de base comme celle avec qui j’avais dû découdre chez l’apothicaire, son uniforme teinté d’un voile obscur et son aplomb sans faille me faisait infléchir pour la thèse de la venue de leur maître d’armes en personne. Tout semblait croire qu’il livrait une véritable vendetta personnelle contre l’instigateur du complot présumé.

A mon tour, je me propulsais du toit et rattrapait ma descente sur les tentures aux couleurs des armoiries royales disposés par endroits sur les parois de l’édifice. Ajustant adroitement mon atterrissage sur le sol sablonneux, je m’élance à travers le palais en prenant soin d’éviter les zones de fortes affluences, privilégiant les embrasures et autres renfoncements pour éviter la vigilance des gardes en patrouille. Je ne connais pas les lieux mais je me fie à la fraîcheur émanant de l'Oasis qui gagne le dédale des couloirs et autres corridors étroits du palais. Je finis par déboucher sur une petite cour extérieure où j’aperçois bientôt le roi pataugeant dans la source d’eau douce avec la famille royale et quelques éminentes personnalités du royaume. Dégustation de fruits exotiques et d’entremets venus d’ailleurs sont distillés dans la panse goulue du monarque. Je parcours du regard le bassin en quête de mon alter-ego, il se terre là quelque part, je sentirais presque l’odeur âcre de sa rapière lorsqu’il la défouraille. Au bord du plan d’eau, un homme à la mine austère, sérieuse,  se tient recourbé, le dos à moitié arqué, près du grand monarque. Prostré non loin de son maître, il ne partage ni le festin, ni le plaisir qui semble habiter profondément son souverain. Il discute, argumente, ergote sans cesse des mots à son maître, l’intimant de le convaincre et de le faire prendre raison, il agrémente le geste à la parole. Le monarque reste impassible à la démonstration et visiblement frustré par la manœuvre, envoie bouler l’hypothétique conseiller qui se retire de la pièce aussitôt.

L’aigreur se lit sur la moue de son visage, il n’aime guère être rebuté de la sorte même si l’individu était un souverain, son langage non-verbal parle pour milles mots et me met la puce à l’oreille. L’homme est suspect, il s’engage dans les ailes tortueuses du château en prenant soin de se retourner et prêter attention à ce qu’un individu ne soit par sur ses talons. Il est précautionneux et particulièrement prudent pour un homme qui n’aurait rien à se reprocher ou tout moins rien à se faire incriminer. Aussi, un tel comportement me conforte dans l’idée qu’il est un suspect avéré et qu’il pourrait en effet s’agir du fameux conseiller lié à Difda’a. Je filais l’énergumène à tâtons bien que je redoutais l’idée qu’il essaye à nouveau de contacter Difda’a et traduira de facto ma position. L’homme dans sa toute hâte finit par se barricader dans une suite privée, réservé aux figures proches du roi. Je glissais un demi-œil à travers l’interstice de la porte que j’avais très légèrement ouverte.

« Difda’a est mort ? T’en es certain ? Quand ? … Et merde, ils ont remonté sa trace. On arrête tout, on coupe les vivres et on remballe. Non non, on ne prend pas de disposition contre le Roi tant qu’on est pas encore prêts. C’est un ordre. Tue les tous : aucun témoin, aucune piste. »
« Ce n’est pas très poli d’écouter aux porte messieurs les assassins. »

L’homme dissimula son précieux escargophone avant de dégainer deux pistolets de poches qu’il gardait précieusement comme atouts dans sa manche. Il se recula pas après pas en maintenant en joug les éventuels importuns qui feraient irruption dans la salle.

« Vous vous êtes évertués à briser le moindre de mes plans. D’abord Youssef et tous les autres marchands que tu as réduits au silence éternel puis les hommes de confiance que j’avais placé au sein des serres. Maudit assassin, toi et ta fraternité minable, m’avez causez bien des soucis. J’imagine que c’est aussi par ta main que Difda’a a dû périr, maudit chien ! Quant à toi, l’espion du gouvernement, le petit farfouilleur que tu es a fini par mettre le doigt sur un os à ronger. Mais, il est trop tard, Messieurs, vous avez eu beau découvrir le pot aux roses. A l'heure actuelle, mes hommes sont en train de maquiller toutes traces et preuves pouvant m'incriminer et s'affairent à tuer tout ceux qui savent quelque chose héhé.  Vous arrivez trop tard, Vous ne m’aurez pas ! Je finirai par exécuter sournoisement Al Jawhera et m’emparerai du pouvoir.  »

L’homme s’empresse dés lors d’actionner un interrupteur sur le bord du secrétaire près duquel il s’était disposé. Une lourde herse noire en fer forgé vint s’abattre avec fracas sur le sol, séparant de part en part la salle richement agencé. Je pénètre aussitôt dans la pièce en me calfeutrant derrière une cloison tandis que le conseiller, plein de fougue, d’une verve qui ne lui est guère coutumière,  poursuit ses révélations impétueuses :

« Car dans cette calebasse messieurs, figure un mélange complexe des différentes herbes issus de mes chères plantations. J’ai dû ruminer longtemps ma colère pour trouver la formule chimique adéquate pour engendre un poison mortel inodore. C’est qu’il est suspicieux vous savez.  Ce bougre de Difda’a était un pion à qui j’avais fait miroiter le poste de chef de la milice que j’aurais instauré. Quel sombre idiot, il était un bon serviteur mais ses compétences martiales étaient inexistantes. Désormais, Messieurs, j’ai à faire avec le grand monarque Hahaha »

Je pus rapidement remarqué qu’un ruban noir cerclait le haut de la gourde. L’homme s’engouffra dans un corridor secret dans la paroi de la bâtisse, calebasse à la main. Cette espèce d’enflure convoitait de tuer le roi en fourguant la calebasse à l’un des serviteurs qui innocemment verserait le nectar dans la bouche béante de leur pacha de souverain. La chose avait des chances de se concrétiser si l’on ne venait pas à en enrayer l’entreprise.

Je fais machine arrière et me précipite droit vers l’oasis où le souverain fait niaisement trempette sans se douter de la machination de l’un de ses plus proches sujets. Je ne me soucie guère du cas de l’assassin, il connaît l’endroit sur le bout des doigts et ses cibles sont sans doute identiques à celles du Conseiller. Il finirait bien assez tôt par rejoindre l’oasis et je me devais d’y figurer pour prévenir toute action intendant à la mise en péril du souverain. Allez savoir si Il Assassino n’était pas initialement de mèche avec le conseiller… une entente qui dérape, une connivence qui déraille et notre renégat se lance dans un conflit ouvert avec son ancien partenaire, c’était bel et bien possible  ouais.

Rendu à l’oasis, j’inspecte du regard toutes les jarres en quête du signe distinctif. Je n’aperçois rien, strictement rien, aucun témoin sur les jarres, l’homme n’a pas encore perpétré son méfait. Dans un éclair de lucidité, je prends conscience que le fourbe de conseiller a pu distiller le contenu de sa calebasse dans une autre de manière à brouiller toutes les pistes. Je m’oriente rapidement vers les cuisines et pénètre en trombe dans celles-ci. A l’intérieur, ca bouillonne de présence,  on s’affaire à la préparation des moindres désirs du monarque. Les gens se croisent, s’entrecroisent, se heurtent tantôt dans un brouhaha permanent. Mon œil, intrigué se porte bientôt sur un conduit d’acier, remontant dans les suites supérieures, et permettant aux hôtes de marque de se débarrasser des restes de victuailles.

Se pourrait t’il que l’assassin soit ? Hmmmh





Dernière édition par Atsuji Kaitô le Ven 4 Avr 2014 - 22:05, édité 1 fois
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L’assassin demeura dos à la cloison d’où il pouvait parfaitement entendre la conversation. Il ne savait quand il avait été découvert, mais c’était un fait. Si le Cipher Pol était là, il ne prendrait pas le risque de se montrer trop tôt. Il ferma les yeux, analysant les diverses pistes qui se présentaient à lui. Les fils de la toile se rejoignaient presque. Ce qu’il manquait c’était une motivation tangible. Que le Roi meure, ce n’était pas son problème. Celui-ci était strict, militaire. L’autre serait trop jeune pour le trône, manipulable à souhait. La cible prioritaire restait donc le Conseiller. S’il avait fait disparaître toutes les preuves, rien ne pourrait le confondre. Il était suffisamment méticuleux pour ça, l’assassin ne le savait que trop bien : cela faisait deux mois qu’il remontait inlassablement le réseau. Seule l’arrivée inopinée de l’agent gouvernemental avait accéléré les choses. Par nécessité et à son insu pour être honnête. Sans son action envers Difda’a, cela se serait révélé impossible. Il fallait lui reconnaître cela. Quoi qu’il en fût, le Conseiller devrait avoir affaire à la justice. La véritable justice. Il entendit la herse s’abattra, le Cipher Pol s’avancer. Il était temps de déguerpir. C’était son jeu préféré.

Les corniches étaient nombreuses et cela fut un jeu d’enfant de suivre la trace du Conseiller qui se pensait à l’abri dans ses couloirs, au loin de la herse. Il pensait avoir piégé les deux hommes mais n’avait pas forcément réfléchi aux moyens non conventionnels qu’ils pourraient utiliser. Il commença alors à rameuter les gardes, leur dire que des assassins en avaient après le roi et lui. Peste soit des pleutres. On pointa Il Assassino du doigt du bas de la cour. Les mousquets s’armèrent et les balles plurent autour de lui. Il se réfugia rapidement dans un couloir en fracassant la fenêtre. Trop tard pour la discrétion. Roulant dans les débris, il se releva et occis deux gardes de ses lames secrètes. Il se trouvait à présent dans le sillage du Conseiller, mais la milice était sur ses traces. Lui qui avait espéré rester incognito … Du bruit se fit entendre aux deux extrémités. Il n’avait plus le choix. L’assassin se rua à toute vitesse à la poursuite de sa cible. Dommage pour les cibles collatérales. Prenant appui sur un mur, il neutralisa le premier garde en tranchant sa carotide de sa lame secrète. De son autre main, il crocheta la nuque du second imprudent. S’enroulant autour de lui, Rafaelo tourna dans les airs et le tua d’un craquement sinistre. Les autres soldats s’arrêtèrent net. Ils étaient six.

« Laissez-moi passer et je ne vous ferais aucun mal. » grogna-t-il, soucieux de gagner un maximum de temps.

Malheureusement il ne s’agissait là que de chiens dociles. Pestant, Rafaelo s’empara d’une seconde bombe fumigène et l’envoya rouler vers eux. Prenant ça pour une bombe, ils eurent un mouvement de recul, puis l’objet vola en éclat, libérant une fumée dense et opaque. Profitant du couvert, l’assassin les supprima sans mal et reprit sa course. Les meilleurs hommes devaient se cantonner à côté du Roi, c’était une chance que ceux-là fussent aussi stupides. Rapidement, il arriva à un carrefour. Il sentait qu’il se rapprochait de l’oasis, grâce à sa mémoire absolue des lieux. Il hésita deux secondes avant d’entendre des cris venant d’une des trois issues. Certainement le chemin suivit par le Conseiller. Il se rua à l’assaut et se planqua derrière une armoire au passage des gardes. Ricanant de les avoir floués aussi aisément, il reprit sa course infernale sentant qu’il rapprochait de plus en plus de sa cible … Puis il se retrouva face à lui. Et à dix soldats suréquipés, visiblement plus aguerris.

« Hé hé. Voilà notre ami l’assassin … sache qu’il est trop tard désormais, tu ne peux plus rien pour le Roi ! » jubila-t-il, faisant signe à ses hommes d’attaquer.

Des vétérans corrompus, merveilleux. Qui n’était pas corrompu dans ce palais, sérieusement ? L’assassin dégaina sa rapière, se mettant face aux dix imbéciles qui l’encerclèrent. Il n’avait plus de bombes fumigènes. Tout reposerait sur son talent martial. Parfait. Il se battait encore mieux lorsqu’encerclé. L’assaut fut rapide, implacable. Rafaelo évita le coup en se déportant sur le côté et tira sur la main de son adversaire pour l’envoyer rouler dans les pattes de ses comparses. La suite ne fut qu’une succession de feintes et de parades qui mit à mal un par un les soldats. L’un se vit retourner sa propre lame contre lui tandis qu’un autre empalait malgré lui son confrère à cause d’un tour de Rafaelo. Les autres périrent tour à tour par la lame de la rapière ou par une dague bien placée. Si bien qu’il n’en resta qu’un seul debout, reculant en titubant, une dague dans la gorge. S’avançant, l’assassin le poussa négligemment de la main, le faisant tomber. Le Conseiller compris alors son erreur. Il avait sous-estimé l’assassin. Il aurait dû fuir, mais jamais tenter de le confronter.

« Tu ne changeras rien ! Tout le monde va te traquer pour ce que tu as fait, assassin ! Toi et ta maudite Confrérie ! Ils vont te détester pour ce que tu as fait, ils vont te haïr et je passerai pour un héros ! » piailla Al-Monafék, perdant de sa superbe à chaque pas de Rafaelo.

« Seuls les résultats importent. Je ne suis pas un héros, je ne suis pas un justicier. Je suis le bras armé du peuple. » répliqua l’assassin.

Il para sans mal l’attaque mollassonne du Conseiller de sa rapière et lui perfora le thorax de sa lame secrète. Il s’effondra en couinant dans ses bras. La mort pathétique du traître. L’assassin l’accompagna à terre, le regardant mourir sans sourciller.

« Pourquoi, Al-Monafék ? » lui demanda-t-il, conformément au rituel.

« Maudit sois-tu, assassin … argh … tu ne comprends rien aux histoires de vengeance. » fit-il, en crachant sur le sol.

Tant de souffrance pour ça, seulement ? Un sourire naquit sur les traits de Rafaelo. Oh, il ne la comprenait que trop bien cette ‘histoire de vengeance’. Son passé était une ‘histoire de vengeance’. Mais il avait décidé de faire changer les choses au lieu de les tourner à son propre intérêt. La cupidité de l’être humain. Misérable, faillible. Mais lorsqu’on revêtait un nom, un symbole … on s’affranchissait aussi de ses propres faiblesses. C’était l’ego de l’assassin qui le maintenait à présent dans son choix : pour ses frères, pour le salut du peuple. Il était fier de ce choix et préférait mourir qu’y renoncer.

« Que trop bien, malheureusement. Expie donc avant de rendre l’âme, livre-toi puisqu’il est trop tard. » lâcha Rafaelo, sans expliquer plus que cela.

Cela ne marchait que dans les films, et il le savait. Bien souvent il fallait se contenter de trancher la tête et de surveiller qu’il n’en repousse pas d’autres. Le Conseiller s’éteint avec une lueur de défi, se contenant du plaisir d’emporter son secret dans la tombe. L’assassin haussa les épaules et lui ferma les yeux en prononçant la formule rituelle. Il en profita pour le fouiller et lui subtilisa son escargophone et ses maigres effets. Il n’y avait plus de trace du poison. Le Roi était à présent en danger, si l’alerte ne lui était pas encore parvenue. Tch. Il remarqua alors l’étrange absence du Cipher Pol. Etait-il allé prévenir le Roi ou attendait-il le moment opportun pour attaquer ? Un renfort dans le veston du Conseiller attira alors son attention. Arrachant la doublure, Rafaelo y découvrit un petit carnet. Il en parcourut rapidement les pages. Codé. Important, donc. Il verrait ce que cela pourrait lui apporter plus tard.

Des bruits de pas commençaient à se faire entendre. Il se releva, essuya ses armes sur les vêtements du mort et avec un dernier regard pour les soldats à terre, il s’en alla en courant. Il gagna les toits du palais et profita une nouvelle fois des passages dissimulés pour gagner l’oasis, dernier endroit connu où le Roi s’était rendu … Son but n’était pas de le sauver : il abhorrait les sangs bleus. Non. Il avait une vengeance à accomplir et une mort à faire payer. Mieux valait pour le Cipher Pol qu’il ne soit plus dans les parages au moment où il arriverait. L’alarme résonna alors dans le palais. La suite de corps avait été trouvée. Cela lui ferait au moins de la publicité ... Quant au trafic de drogue, son petit doigt lui disait que le carnet du Conseiller suffirait à le faire tomber Il repasserait faire un tour dans son bureau par précaution, mais un dirigeant de ce type de réseau gardait en général les informations sensibles près de lui. Tout comme il gardait de quoi faire chuter le moindre de ses partenaires : on n’était jamais trop prudent, c’était chose connue dans le milieu.
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Les cuisines tournaient à plein régime et dans le tumulte des allées et venues, je ne pouvais guère apercevoir la calebasse tant convoitée. Il n’était guère coutumier qu’un homme vienne à pénétrer dans le repaire des cordons-bleus de sa majesté. Aussi, ma présence semblant les importuner quelque peu, je décidais de me faire passer pour un inspecteur des services d’hygiène mandaté par le gouvernement de manière à ce qu’ils n’interfèrent en rien dans mes recherches. Je brandis un vulgaire insigne gouvernemental pour justifier de mon état. Ils ne mouftèrent pas une seule seconde et obtempérèrent dans la minute qui suivit

Je passais au peigne fin la cuisine de fond en comble, soulevant les ustensiles en aluminium, déplaçant les tables de préparation des aliments et inspectant même au derrière des tables de cuisson. Je faisais chou blanc sur toute la ligne.  Ma conduite frustrait particulièrement les marmitons dans leurs préparations et ces derniers devaient résolument croire que je cherchais la petite bête, le détail insignifiant pour leur faire perdre leur permis d’exercer. Je sentais foncièrement leurs regards suspicieux et inquisiteurs au dessus de mon épaule à scruter mes moindres faits et gestes. Je n’avais que faire de leurs états d’âmes et des règles élémentaires qui incombent à ceux qui s’introduisaient dans les cuisines. Je finis bientôt par pénétrer dans le garde-manger. Des carcasses de bêtes en tous genres étaient pendues disséminés cà et là dans toute la pièce. Des effluves de viande séché entremêlés à de l’iode se dégageaient allègrement de la réserve. D’autres denrées alimentaires étaient disposés en vrac dans cette dernière mais aucune sorte de contenant où pouvait figurer un liquide y séjournait. J’examinais malgré tout l’intérieur des bêtes au cas où un individu aurait eu l’idée saugrenue d’y cacher la gourde avant de revenir la récupérer ultérieurement mais une fois de plus je tombais sur un os. Je revenais sur mes marques, quelque peu prostré par mon insuccès.

« Vous avez plutôt intérêt à montrer pâte blanche si vous souhaitez conserver votre travail ici bas. Foi d’inspecteur des services de l’hygiène depuis plus de 20 ans ! «
« Mais…mais qu’avons-nous donc fait ? Serait-ce le monarque qui … ?"
« Vous croyiez pt’et que je suis venu de mon plein gré parce que je me tournais les pouces peut être. Hmmh passons, où est ce que vous conservez toutes vos boissons ? Je n’ai guère vu quelques alcools et spiritueux dans cette cuisine, c’est bien un comble."
« Eh Bien, monsieur, nous les conservons en contrebas dans la cave pour garantir la fraicheur et la saveur de certains alcools qui nécessitent un degré d’exposition faible à la lumière et… «
« Vos gourdes et calebasses sont aussi en dessous ? «
« Eh bien, oui, tout à fait pourquoi donc une telle interrogation. D’ailleurs je viens d’en descen… mais où partez vous bon sang ? »

Je m’engouffrais d’un saut habile dans le conduit normalement dévolu aux déchets et dérape à l'intérieur de celui-ci pendant une bonne trentaine dans ce dernier. Je débouche sur un bac à ordures dont je parviens à m’éviter la chute en sautant in extremis au dessus. La pièce est jonchée de détritus de toutes sortes, témoins des festins et autres bâfrées organisés par le souverain. On se soucie guère des crève la dalle qui figurent en dehors de l’enceinte ici bas. Je m’avance dans la pièce et m’engouffre sous une patère dans la pièce adjacente. D’énormes tonneaux de bois cerclés d’acier sont agencés de part et d’autre de la grande cave, laquelle illuminé fébrilement par quelques bougies, s’étend presque à perte de vue. Des jarres de toutes sortes, des calebasses et autres poteries sont aussi entreposées au sous-sol. Faire l’inventaire de tous les contenants n’est pas dans mes intentions, le temps me fait défaut. Au bout de la pièce, je crois apercevoir la silhouette d’un serveur venu récupérer l’eau de vie pour les convives,  je traverse la cave à tombeau ouvert et surgis devant le parvis de celle-ci, j’agrippe l’homme d’une traite par le col avant qu’il ne m’échappe :

« Une calebasse avec un ruban noir, récemment arrivé ici ? Ca vous dit quelque chose ? Répondez, vite ! «
« Hum, la calebasse ? Eh bien, oui, il s’agit d’un présent offert par le conseiller pour se faire pardonner de son insistance et un serviteur vient de partir avec et regardez il est la bas. »

J’observe instinctivement l’homme en question et fond sur lui tel l’aigle enserrant sa proie. Il s’apprête à verser le liquide dans une coupe en l’honneur du monarque avant que je ne l’interrompe in extremis dans son élan. Le monarque, visiblement contrarié, hausse son sourcil broussailleux avant de le froncer aussitôt.

« Manant ! Réalises-tu ce dont tu viens de te porter coupable ? de l’affront que tu as perpétré au vu et à la su de toute cette assemblée ? «
« Hmmmh Ô grand roi, dans cette calebasse figure un puissant poison qui vous aurait térassé dés que vous auriez ingéré la première goûte de ce breuvage. «
«QUOI ? Une tentative d’assassinat sur ma personne ? Qui diable aurait osé ? Conseeeeilleeer ! Coooonseeeeiiiilller ! Ou est donc cette imbécile quand on a besoin de lui ?! »
« Votre conseiller est l’instigateur de ce complot visant votre personne et je crains à l’heure qu’il est qu’il ait passé l’arme à gauche, liquidé par l’assassin. »

L’humeur n’était dorénavant plus à l’oisiveté et à la futilité. Le roi reprenait ses marques, il émergea d’une traite du bassin tandis que des serviteurs l’enroulaient dans des serviettes. Se frottant avec vivacité le coin du crâne, un paravent fut déplacé aussitôt installé de manière à revêtir le monarque de ses tentures et autre effets personnels. Fardé de toute la prestance qu’il convient à un roi, il poursuivit sa déclaration :

« Tes accusations sont graves. As-tu la moindre preuve de que tu avances ? Bien que nos avis soient rarement sur la même longueur d’onde, Al Monatfek reste un éminent conseiller. »
« Difda’a, un homme de votre milice privée, travaillant pour le conseiller, a été assassiné par un fanatique d’une sorte d’organisation occulte. L’assassin en question remonte progressivement la filière et tôt ou tard, je crains qu’il n’intente à votre personne. Demandez donc à votre serviteur qui lui a procuré cette calebasse et vous serez fixé. »

Al Jawhera lança aussitôt un regard inquisiteur au serviteur, lequel se ploya littéralement sous l’œil inflexible de son impitoyable maître. Il allait dérouiller et il le savait. La procédure voudrait que toutes les liqueurs soient préalablement appréciées par les goûteurs du souverain, mais personne à commencer par Al Jawhera lui-même n’avait à faire que de cette misérable formalité. Le serviteur s’infléchit et fit un signe de tête comme pour corroborer mon affirmation.

Il Assassino, te voila désormais dans un sacré bourbier, tes méfaits crapuleux et infâmes vont se solder dans l’hémoglobine que tu aimes tant à faire suinter. Ta cause pendue, tes frères tout autant qu’ils sont, périront par ma main. Puisse pour cela que j’arrache leurs entrailles et que l’on vous expose sur la place publique, décapités de votre état, pour réfréner les ardeurs des semeurs de trouble de votre espèce. Il me tarde de te capturer et de m’occuper personnellement de ton cas, nulle langue ne saurait rester circonspecte avec nos méthodes. Tu cracheras ton fiel et tout ton venin au commencement mais bientôt lorsque les innombrables supplices et autres tourments dans mon éventail se répèteront encore et encore, ta volonté vacillera et tu plieras sous la torture insondable. Ton âme torturée ne retrouvera pas les tiens, tu as bien trop souillé ta vie entière pour recevoir l’absolution ou un quelconque pardon. Tu le sais, pas de purgatoire, de remise à vide, de table rase, d’effacement de peine, tu as outrageusement pêché Assassin et ton âme aussi tourmenté soit t’elle ne trouvera jamais le salut dans la gorge du démon.

L’alarme du palais retentit bientôt dans un fracas assourdissant, on vient avertir le roi, des cadavres atrocement liquidés pour certains, qui gisent dans les artères du palais. Le roi prend conscience de la véracité de mes propos et avant même qu’il en appelle à sa garde, une silhouette sinistre, affriolant de haine et de vengeance, pointe à l’orée de la grande porte de l’Oasis. L’insurrectionnaire dans sa tunique noire, toutes lames sorties où le vermeil encore tiède goutte sur le sol albâtre du spacieux palais, s'apprête à frapper.

« Tu viens donc finir ta sale besogne, Assassin. Ne te méprends pas, tu ne t’en sortiras guère par tes artifices et tout tes petits tours. Ton agilité a ses limites et le roi ne peut en aucune façon décéder désormais. »

J’opère quelques craquements d’os, davantage pour le style que pour un quelque effet d’intimidation et me place à égale distance entre l’assassin et le roi. C’était notre seconde altercation aujourd’hui, l’homme avait besoin d’étancher sa soif et de mon côté j’avais besoin d’assouvir toute mon aversion pour les types de son espèce.

Le duel débuta sur les chapeaux de roues. Lui, lançant ses poignards secrets de sa manche en guise de feintes, moi, parant ceux-ci aisément de la rapière. La garde avait finalement accouru et formait un périmètre fermé tout autour de la majesté Al Jawhera. Nos lames s’entrechoquèrent, nos hargnes respectives se bravèrent à chaque percussion, il avait sans doute plus d’agilité que je n’en étais doté, mais j’avais résolument plus de force de frappe et je décidais d’en user pour tenter de prendre un avantage certain sur mon opposant. J’abattais une pluie de frappes avec l’arme contondante de manière à ne pas lui laisser le temps de renforcer sa parade et par la même de briser celle-ci. Les efforts portèrent finalement leur fruit, il baissa instinctivement sa garde sous la force physique des accrocs et je lui assénais une ultime frappe du talon dans la mâchoire pour l’envoyer paître sur le mur d’angle. Tôt ou tard, si l’affrontement s’éternisait, il ploierait sous la foultitude d’ennemis qui fondrait sur sa petite carcasse encapuchonné.  

« Hmmmh Assassin, ton épopée s’arrête ici même, entre grandeur et décadence »
 


Dernière édition par Atsuji Kaitô le Ven 4 Avr 2014 - 19:34, édité 1 fois
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Le chien du Gouvernement avait bien mené son petit jeu. Il avait maintenant sauvé ce pathétique Roi et fait peser l’accusation sur l’assassin. Mais celui-ci avait plus d’un tour dans son sac. Pourquoi se serait-il montré au grand jour sinon ? Il était un révolutionnaire avant tout, et fidèle à la Cause. Jusqu’à la mort, ou la victoire. Se salir les mains ne lui faisait pas peur. Pas plus que de confronter un Cipher Pol au milieu d’un palais. L’orgueil était un des péchés les plus meurtriers. Il voulut tout d’abord profiter de la situation pour supprimer l’agent car c’était tout ce qui l’intéressait, sa vengeance, mais il se retrouva rapidement à réviser ce premier plan. Allons bon, ce Roi là n’avait qu’un pouvoir symbolique. Il était stupide de penser s’emparer aussi facilement de sa notoriété et de ses troupes. La véritable cible d’Al Monafek ne pouvait qu’être le Gouverneur, à finalité. Il ne pouvait s’arrêter là, il le savait. Il y avait anguille sous roche dans cette affaire et les histoires tarabustées de Kaitô n’arrangeaient rien à l’affaire. L’assassin se releva d’un saut de main. Un sourire amusé se peignait sur ses traits. Il essuya le sang qui lui coulait le long de la bouche. La garde royale était en train de se rassembler. Et ceux-là, Rafaelo n’avait aucune envie de les affronter. La crème de la crème. Il en avait déjà tué quelques uns sur son chemin, mais il avait dû ruser. Cela se voyait d’ailleurs à ses mouvements, à ses esquives. Il était moins guilleret qu’à l’accoutumée.

« Que le Roi vive, que le Roi meure cela n’a aucune importance : c’est le peuple qui gouverne le monde, que vous le vouliez ou non. » grogna-t-il en se défaisant de sa demi-cape.

« Monseigneur, je pensais que vous en aviez assez d’être les sbires du Gouvernement. De ce que je vois, vous n’êtes même pas bon pour ronger leurs os. Je me demande ce que Al Monafek vous voulait : un si ridicule pouvoir ... ou alors est-ce lié à son fils. » continua l’assassin en s’époussetant les habits.

Il cherchait évidemment à gagner du temps. Tout autour de lui, des hommes se rassemblaient, arme au clair. Ils n’osaient intervenir dans le duel qui s’instaurait. Rafaelo les observait du coin de l’œil. Sa seule échappatoire était la discussion. Le Cipher Pol le savait bien et il en jouait. Chien de gouvernemental. Mais il vit dans l’œil du Roi quelque chose changer. La pupille se dilata, la respiration se fit plus rapide. Oh, il avait donc tapé juste. Tu aurais dû te le demander Kaitô. Tu aurais dû essayer de savoir pourquoi les appartements du conseiller étaient si vastes et si vides à la fois. Pourquoi il dénigrait autant son propre Roi. Mais c’était là le lot des sangs bleus, de jouer avec la vie sans ressentir une once de culpabilité. Mais visiblement, le nœud de l’histoire résidait là. L’assassin s’en moquait. La réaction du Conseiller fut exagérée. Il s’était tout monté pour avoir les moyens de se venger, d’accaparer peu à peu le pouvoir des hommes du Roi et de les retourner contre lui. Mais maintenant qu’il était mort, c’était fini. C’était ce qui importait.

« Mais vous savez le pire dans tout ça ? C’est que vous n’avez pas su voir plus loin que le bout de votre nez. L’opium, la drogue. Savez-vous donc à qui le crime profite ? Oh, certainement pas à vous. Non. Qui fournit vos honnêtes citoyens, à votre avis ? Qui s’occupe de revendre cette camelote ? Avec qui d’assez puissant Al Monafek pouvait-il traiter, hmm ? Voyons, il faut des contacts pour écouler autant de marchandise … » minauda Rafaelo, avec un sourire non feint.

Oui, petit Cipher Pol. Qui t’avait engagé, rappelle-toi ? Qui était assez puissant ici pour s’inquiéter de la mort de quelques pauvres marchands ? À moins que dès le départ cet homme ait vu juste dans les plans de l’assassin. Mais comment aurait-il pu voir aussi loin s’il n’avait pas été au courant ? Maintenant, au moins, l’assassin savait que le Cipher Pol n’était qu’un pion dans l’affaire. Il serait venu l’empêcher de tuer Al Monafek s’il en avait été autrement : raison pour laquelle il avait autant redoublé d’efforts pour l’intercepter. Ce fut un pari gagnant, en quelque sorte, qui n’aurait fait que retarder l’échéance. Il vit le doute s’instiller dans leurs esprits. Pas assez pour changer la face de cette ville, mais juste de quoi allumer une petite braise vivace. Que le Roi prenne juste mesure de la menace qui rôdait autour de lui. Que Kaitô comprenne qu’il avait été dupé … et si Rafaelo faisait erreur, ça lui faisait de toute manière une bonne diversion pour la suite des évènements. L'assassin releva la tête une seconde et son sourire s'étira. Il était temps. Il leva une main en l’air.

« Connaissez-vous le réel avantage à faire partie d’une Guilde ? » leur murmura-t-il sur le ton de la confidence.

Des ombres surgirent alors vingt ombres blanches, armées d’arbalètes. Juchées sur les hauteurs du palais, elles dominaient la foule et faisaient fi de la menace royale. Les troupes étaient entraînées, certes, mais limitées en nombre et d’ici, un carreau suffisait à tuer le Roi. Se révéler au grand jour n’était pas la meilleure idée, mais aux grands moyens les grandes dispositions. Il se doutait qu’il ne pourrait gambader librement très longtemps dans le palais donc il avait paré à toute éventualité. Ses hommes n’avaient eu qu’à se planquer et à attendre paisiblement qu’Il Assassino’ leur fasse signe.

« Je ne vous veux aucun mal, alors je vous conseille de ne pas m’en donner l’occasion. » lâcha l’assassin avant de lâche sa dernière bombe fumigène.

Il fut imité par tous ses pairs et une fois que la fumée fut dissipée, on ne put trouver nulle trace d’eux. Il aurait pu en profiter pour tuer le Cipher Pol, mais ils avaient fait jeu égal en combat singulier : c'était trop risqué. D’autant plus que si ce triste individu s’était effectivement fait manipuler, ce n’était pas que de son seul fait que le Mercenario était mort. Du coup, si Rafaelo réussissait à le monter contre le Gouverneur, cela serait d’un avantage certain. Mais pour en arriver jusque là, il faudrait du temps … et de la patience. Ainsi que les mystères du carnet qu’il avait pris sur le cadavre d’Al Monafek. Mais quelque chose soufflait à l'assassin que cela était encore trop simple : le lien entre Al Monafek et le Gouverneur était presque évident ... Il allait falloir trouve à qui profitait vraiment ce crime avant de passer à l'acte. Il lui faudrait donc du temps, et un voyage vers la ville des sables.
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S’apercevant qu’il n’avait guère autre alternative que celle de se lancer dans des tirades dithyrambiques. L’assassin formula insidieusement et avec toute la verve sirupeuse et irritante que l’on sait aux révolutionnaires de son espèce, des allégations les unes après l’autre, immisçant le trouble dans les esprits de son auditoire. Après s’être chauffé la voix sur la révolution et le rôle du peuple et les autres frivolités usuelles dont ils nous resservent le couvert encore et encore, il s’était adressé sans concession au roi en personne. Son venin s’épandait, résonnait dans l’enceinte de l’oasis et semblait trouver un écho singulier en bien des âmes du palais dont la garde royale rassemblé pour la sécurité d’Al Jawhera. Il Assassino s’était permis de soulever des zones d’ombre, des détails dont le sens aigu dans toute leur globalité semblait échapper à toute compréhension, il s’était contenté de sélectionner les pièces manquantes du tableau et de les présenter de manière viciée pour mettre en lumière les chaînons manquants.

Dans une certaine mesure, il avait su mettre le doigt sur les éléments qui méritaient que l’on fasse toute la lumière. Je n’aimais pas lui accorder du crédit mais Al Monafek n’était qu’un conseiller et aussi puissant soit t’il, il n’aurait pu organiser tout cette entreprise avec Difda’a et quelques sbires. L’assassin le disait à demi-mot mais il visait sciemment un autre haut responsable en poste sur Hinu Town. Ses affirmations transpiraient la calomnie et la diffamation tapageuse, il convenait cependant de s’assurer qu’il s’agissait uniquement d’insinuations médisantes que de véritables révélations sur la nature des liens de Al Monafek. L’assassin n’avait quasiment pas fait de faux pas dans l’instigation qu’il avait mené et il ne serait guère étonnant que Al Monafek ait, sur son lit de mort, dévoilé les tenants et aboutissants de toute sa machination. Il n’avait pourtant pas l’air commode et les impressions qu’il m’a laissé me font infléchir dans l’idée selon laquelle l’assassin a fait chou blanc. Il aurait accusé nommément s’il en avait eu les preuves tangibles, ce qu’il s’est évertué à éviter. Après quoi, ces émissaires encapuchonnés firent irruption devant l’assemblée médusé, arbalètes au clair mais il était bien trop tard pour escompter prendre la vie du roi. Il aurait perdu toute sa petite guilde de gougnafiers vindicatifs s’il s’était évertué à lancer l’assaut. La garde royale aurait décimé sa petite troupe d’albâtre dans un bain de sang infâme. L’hémoglobine n’avait que trop coulé en ce jour et aussi guide spirituel qu’il était, il avait une once de considération suffisamment forte pour ne pas sacrifier futilement l’existence putride de ses partisans.

L’opium, la drogue, les plantes, tout cela ne semblait que poudre aux yeux pour les plus crédules. N’importe quel forban ou voleur pouvait énoncer ce genre d’assertion fallacieuse pour justifier un état de fait. L’homme était putride en son sein, rongé par ses innombrables pêchés et que cet assassin l’accepte ou non, la corruption qu’il mettait en lumière était elle aussi, au plus profond de chacun des frères qui composaient sa confrérie. Jeter l’opprobre sur le monde était une mince affaire mais je devais bien reconnaître qu’il avait levé un doute, une incertitude au demeurant palpable dont ma déontologie professionnelle ne pouvait laisser planer pareille ambigüité.

Dans un nuage de fumée blanchâtre, l’homme et les siens disparurent dans la nature pour ne rien changer à leur couardise d’habitudes. Le glaive pourfendeur de ta révolte n’avait pas atteint sa cible. Regagne donc les ténèbres dont tu n’aurais jamais dû t’extirper.

Tout ces aléas avaient mis le palais s’en dessus dessous et bien que l’assassin avait semé les graines de la discorde, tous se félicitaient de n’avoir pas plus de pertes humaines à déclarer. La trahison d’Al Monafek restait cependant en travers de la gorge du grand souverain qui diligenta sa propre enquête et colla aux basques de l’assassin sa garde royale pour l’affront et le déshonneur dont il s’était rendu coupable. Le corps inanimé de Al Monafek fut bientôt retrouvé dans ses appartements. Les bruits de couloirs et autres ragots avaient dorénavant bon train dans le palais. Le roi s’empressait de réprimer ces échos mais les soupçons avaient été minutieusement engrainés par l’assassin.

Le lendemain, je me devais de concilier un rapport circonstancié sur les évènements afin de le remettre au gouverneur. L’exercice n’était pas une mince affaire et dans cette poudrière qu’était Hinu Town, je me devais d’être particulièrement précautionneux. Soulever des questions tendancieuses sans incriminer est une chose aisée, c’est le genre d’exercice qui peut vous briser le plan de carrière que vous vous étiez savamment orchestré. J’accordais une certaine confiance au gouverneur même si je n’avais guère oublié l’amicalité étrange qui semblait ressortir des propos de l’assassin concernant le gradé. Cynisme ou vérité ? Je l’ignorais présentement et compte tenu de ce constat, je décidais de rester un peu vague dans le dit rapport, n’ayant guère suffisamment de preuve pour interpeller.  Bientôt, je rendis en personne ma copie au gouverneur de la province :

« Eh bien, Kaitô, vous êtes parvenus à tirer au clair toute cette sombre affaire ? »

« Sombre histoire, c’est peu dire Gouverneur. Il reste de nombreux points noirs dans cette affaire. Les rapports entre l’assassin et Al Monafek ou encore le carnage opéré près des serres du quartier ouest. Les méthodes ne ressemblent guère à celle des assassins, une vraie boucherie. »

« J’ai été mis au courant du tissu de mensonges énoncé par l’assassin. Vous ne croyez tout de même pas que le conseiller a bénéficié d’une aide extérieure ? Hmmh »

« Je ne suis pas en mesure de vous fournir une réponse concrète Gouverneur, faute de preuves pour étayer le moindre scénario. »

« Oui, cet assassin a le don pour immiscer le chaos partout où il passe. A mon humble avis Kaitô, il s’agit de balivernes, d’un tas de sornettes que les fanatiques de son espèce aiment à répandre tel une trainée de poudre »

« Hmmmh, bien Kaitô. Je vais communiquer votre rapport aux autorités compétentes. Je vous serai gré de ne pas essaimer toute cette histoire. Les récents évènements ont fait naître une tension palpable au sein du royaume. Enfin vous connaissez les procédures. »

Je prenais aussitôt congé du bureau du gouverneur et bien décider de lever le voile sur cette affaire, je regagnais les allées de la capitale
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