Ça y est, c'était fini. Il avait enfin réussi à quitter l'île des esclaves. Il n'aurait jamais cru que ce serait aussi facile. La troupe de théâtre l'avait inconsciemment aidé pour s'échapper. Remarque, ce n'était pas plus mal. Il n'allait pas s'en plaindre. Il allait enfin pouvoir réaliser un de ses rêves d'enfants. Aller sur Drum ! Pourquoi ? La raison était simple pourtant. Sur cette île se trouvait un groupe de médecins de renom. Ils se nommaient les Ichi 20. Pour les ignorants, c'étaient des médecins de renom qui avaient fait leurs preuves plus d'une fois. Il était dit que les meilleurs dans chaque domaine se trouvaient sur cette île. Et celui qui était à la tête de cet ordre, le numéro 1, connaissait tous les domaines de la médecine et les maîtrisait tous à la perfection. Son but ? Avoir un enseignement poussé de la part de cet homme. Il ferait partie des meilleurs médecins du monde. La tâche pouvait paraître simple aux premiers abords, pourtant, elle risquait d'être ardue. En effet, pourquoi un tel homme accepterait Ylvikel comme disciple ? Lui qui n'était rien à ses yeux. Il soupira. Ça ne servait à rien de réfléchir à ça.
« Yosh ! »
Il se redonna du courage. Le plus important pour le moment, c'était d'aller sur Drum. Mais comment ? Il n'avait aucune notion en ce qui concernait la navigation. Il ne pouvait donc pas se déplacer tout seul sur Grand Line. De plus, ce petit rafiot ne tiendrait sûrement pas le choc. Il avait beau réfléchir à une solution, mais il ne voyait que les problèmes. Devait-il se résoudre à abandonner cette idée ? Il hocha la tête de droite à gauche. Non ! C'était impossible. Pourquoi devrait-il abandonner ses rêves pour une raison aussi futile ? Peut-être que s'il se laissait dériver, il arriverait par miracle sur Drum. Il leva les yeux au ciel.
« Que puis-je faire ? Je ne sais pas. »
Il s'allongea dans sa petite barque. Il fallait réfléchir. Après tout, il allait commencer une aventure sérieuse. On ne s'aventurait pas dans Grand Line comme ça ! Les fous et les faibles mouraient vite sur un tel océan. Il y avait plusieurs problèmes. Tout d'abord ,le risque de se perdre était grand. Ensuite venait le problème des monstres marins et puis le plus grand ennemi de tous pirate. La carence alimentaire. Celle-ci apporte malheur et destruction au sein d'un équipage. Une mauvaise alimentation entraînait de graves maladies. Tel que le scorbut. Quoi qu'il en soit, s'aventurer seul dans une telle aventure ne serait qu'une pure folie. Cependant, il n'avait guère le choix. Il fallait procéder méticuleusement.
Voulait-il devenir capitaine ? Non, hors de question. Il était donc inutile de vouloir chercher des nakamas pour le moment.
Voulait-il aller sur Grand Line ? Oui. Le problème était donc résolu. Il allait faire le voyage seul. En loup solitaire.
Quelle était la première étape pour y arriver ? Traverser Reverse Mountain !
Maintenant, tout était clair. Il devait mettre le cap sur Reverse Mountain. Il se leva et déplia les voiles de sa petite embarcation. Il prit d'une main le gouvernail et de l'autre s'occupait de la grande voile. Ses yeux pétillaient de mille feux. Une nouvelle aventure était sur le point de commencer.
« Grand Line me voilà ! »------
Quelques heures plus tard, il aperçut au loin une montagne. Elle était imposante et gigantesque. Elle forçait le respect. Un sourire apparut sur son visage. Il savait ce qu'elle signifiait. Elle représentait la frontière entre les Blues et Grand Line. Mais comment la traverser ? Il n'y avait devant lui que de la roche et rien d'autre. L'escalader ? Impossible. Aucun homme n'en serait capable. D'ailleurs aucune race ne le pourrait. Même un géant ne serait qu'une fourmi pour une telle montagne. Il se mit à réfléchir. Il devait forcément y avoir un passage dans la roche. Mais où pouvait-il se trouver ? Il avait beau scruter l'horizon, mais il ne vit rien de tel. Était-ce une caverne ? Certainement. Était-elle sous marine ? Il y avait peu de chance. Soudain, un bruit vint perturber sa concentration. Un fort grondement se faisait entendre. Il était tellement concentré qu'il ne l'avait pas remarqué. C'était un bruit familier. Une chute d'eau. Non, son imagination devait lui jouer des tours. Il devait y avoir une explic …
« E-P-O-U-S-T-O-U-F-L-A-N-T »
Il avait trouvé la caverne. Enfin, l'accès de la montagne devrait-on dire. Ce n'était pas une caverne, non. C'était une sorte de cascade. Pourquoi une sorte me diriez-vous ? Eh bien, cette dernière ne descendait pas, mais remontait la montagne. C'était fascinant. Ylvikel n'avait jamais vu un tel phénomène. Il n'en revenait pas, et pourtant … C'était le seul chemin qu'il venait de trouver. Il devait donc emprunter ce chemin s'il voulait gagner Grand Line. Un petit sourire apparut sur son visage. Son aventure commençait ici et allait être palpitante. Il montra du doigt la chute d'eau. Comme pour montrer à son équipage ce qu'il allait affronter. Il rigola. C'était une petite plaisanterie. Elle servait à lui donner du courage et de la force pour affronter cette épreuve. Il n'espérait qu'une chose : que le bateau résiste à la pression. Il mit alors cap vers sa destinée.
Plus il s'approchait, plus le bruit s’amplifiait. Cela le faisait frissonner et l'exciter. Le courant devenait de plus en plus fort. Il le dirigeait vers la chute. Il ne pouvait rien faire mis à part tenir la barre pour ne pas s'écraser contre les falaises. Son bateau grinçait. Il se craquelait. De minuscules fissures apparaissaient. Et pourtant, il devait parcourir un si grand chemin. Son mat explosa sous la pression. Il n'avait pas rentré la voile. La vitesse augmenta et il atteignit très vite le sommet du col. Il était plus haut que les nuages. La vitesse avait été tellement importante qu'elle le fit l'éviter quelques instants dans les airs. Il pouvait enfin apercevoir Grand Line. L'aventure s'offrait à lui. La descente fut mouvementée. Le bateau ne résista pas à une nouvelle pression et explosa. Par chance, ce dernier résista jusqu'au cap des jumeaux. Ylvikel nagea jusqu'à un embarcadère proche des phares. Il était formé d'un ponton et d'un panneau de bois marqué d'un drôle de symbole. Il s'allongea sur le ponton. Il n'en revenait pas d'avoir survécu à un tel périple.
Lorsqu'il se releva, un gigantesque calamar mort avait été placé sur un bout de récif. Qui avait bien pu s'emmerder à faire une telle chose ? Lorsqu'il regarda un peu plus loin, il y vit un cimetière de navires. Voilà ce qu'était Grand Line ? Non, ces épaves représentaient tous les faibles qui n'avaient pas réussi la traversée. Mais ce qui l'intrigua le plus, fut le pavillon noir avec une tête de mort qui flottait sur un des phares. Plus précisément sur le phare gauche. Qui avait bien pu revendiquer un tel endroit ? Quel était l’intérêt ? Il ne savait pas. Mais il ne pouvait naviguer seul. C'était à présent une certitude. Il s'assit sur le ponton. Et c'est là qu'il vit un nouveau panneau. Avec un récapitulatif des prix. C'était donc une zone d'embarcation. La chance lui souriait-elle ? Il s'allongea pour se reposer.------
Un son, une sirène. Ce fut le bruit qui le réveilla. Lorsqu'il ouvrit les yeux, un navire s'approchait du ponton. Il était plutôt grand et l’emblème de la pancarte orné ses voiles. Il allait donc tout simplement payer le billet et le prendre. Après tout, il avait un demi-million sur lui. Lorsque le bateau accosta, une hôtesse descendit de ce dernier.
« Bonjour, la translinéenne offre ses services. Nous pouvons vous amener sur les premières îles de Grand Line pour la maudite somme de 300 000 Berrys. »
Ylvikel ouvrit grand les yeux. Avait-il bien entendu ? Lui demandait-elle trois cents milles Berry pour une île ! Impossible ! Il était abasourdi.
« Et ou va ce navire ? »
« A Whiskey Peak. »
« Et où se trouve Drum ? »
« Oh, eh bien c'est la deuxième île en partant de Whiskey Peak. »
Voilà des informations fortes utiles. Il n'allait pas payer, non il avait une autre idée. Il fit un signe à la dame. Comme pour lui indiquer qu'il n'était pas intéressé. La dame lui dit au revoir et regagna le navire. Ce dernier reprit alors son escale. Ylvikel laissa apparaître un petit sourire. Son plan avait fonctionné. Il plongea à l'eau et s'agrippa au navire. Il l'escalada et fit attention à que personne ne le voit monter à bord. Il y avait du monde. Il ne pensait pas qu'il pouvait y avoir autant de pigeon. Il était à bord. Il n'avait plus qu'à attendre. Il espérait juste une chose : qu'il ne se fasse pas attraper par un contrôleur …
Direction Drum !
Angelonita soupira. Ses amis lui manquaient, le Clan des Nudistes Secrets de North Blue lui manquait, tout lui manquait... Ici, au Cap des Jumeaux, ses souvenirs ne semblaient être qu'un défilé d'images floues trahissant sa grande mélancolie... Que n'aurait-il pas donné pour un bon vieux striptease ? Pour une course sur la plage, du scotch sur les tétons, comme le grand naturiste travelo qu'il était savait si bien le faire... Non, tout était fini.
Ses vacances étaient terminées, le repos bien mérité était bien loin désormais. Aujourd'hui, il était redevenu le simple navigateur de cette compagnie de transport peu encline à faire la fête. Une vie si routinière... Toujours les mêmes îles, toujours les mêmes problèmes, toujours les mêmes abrutis qui essayaient d'outrepasser les règles. Parce que finalement, Grand Line – ou du moins ses débuts – n'était pas si compliqué pour quiconque y était bien préparé. Angelonita possédait bientôt cinq ans d'expérience dans le maniement des Drakkars de la Translinéenne et aujourd'hui, il savait parfaitement quelle manœuvre employer pour chaque type de situation. Même les éventuels pirates qui l'aborderaient ne sauraient résister à ses aujourd'hui légendaires flatulences toxiques ou, s'ils étaient trop coriaces, aux muscles de ce beau et fort Dobb...
– Dobb chéri, tu peux tenir la barre, s'il te plait ? ♥
– Grhum... Ghui gobligé ?
– Oui Dobb, je n'en ai que pour quelques minutes. J'ai envie de me dégourdir les cuisses avant qu'il ne fasse mauvais temps ♥
– Grha, d'aggord.
– Et je te ferai un bisou après ♥
– Grouais.
Les quatre agents de la Translinéenne qui accompagnaient Angelonita se trouvaient toujours à ses côtés au début de la traversée, au niveau du gouvernail. Néanmoins, ce fut à Dobb Er-Mann, le contrôleur adepte du brisage de murs à coups de crâne, qu'il s'adressa. La compagnie faisait état d'une certaine relation outrepassant le simple professionnalisme entre eux deux, mais le travail qu'ils commettaient ensemble était si performant qu'elle était tolérée.
Angelonita se dirigea donc à l'avant du Drakkar, là où les passagers étaient rassemblés. Sa démarche sautillante, qui semblait faire vibrer ses couches de graisse, avait pour effet d'écarter les clients sur son passage. Depuis toujours, des histoires racontaient que le navigateur n°1 de la Translinéenne, en plus d'être particulièrement doué dans la conduite de bateaux, possédait un sixième sens assez bluffant. Il repérait toujours les personnes intéressantes d'un simple regard, et savait instantanément si elles étaient, ou non, dignes qu'il s'en approche.
– Je sais ce que vous avez fait ♥
Son regard avait été appuyé, lourd de sous-entendus. Angelonita avait repéré un homme blond qui lui avait sans détour fait comprendre son importance, et lui avait donc parlé. Celui-ci possédait une longue chevelure soyeuse et ses vêtements étaient mouillés, malgré l'intense soleil qui frappait pour l'instant. Ses bras chargés de poils s'agitaient dans des gestes qu'il voulait gracieux, mais qui ressemblaient relativement aux mouvements d'un bœuf. Les lèvres d'Angelonita, peintes au rouge à lèvres vif et étincelant, s'étiraient pour former un sourire sans équivoque.
– Oui, je sais ce que vous avez fait, monsieur. Vos tentatives de faire l'innocent ne fonctionneront pas avec moi ♥. Sachez-le. Votre regard ne trompe pas, votre air non plus. Après tout, je ne suis pas chef et navigateur de ce navire pour rien.
D'un mouvement de bras redoutablement rapide, il attrapa et serra fortement le passager, ne lui laissant guère d'espace où partir.
– Je sais que vous avez fait...
Il marqua une pause interminable puis conclut :
– Un soin du corps chez Bernard l'Ermite, Cheveux & peau ♥ !
Calinant violemment le client, Angelonita se mit à partir dans un rire franc et appuyé, tout en touchant les cheveux du blond, particulièrement soyeux, qui, bizarrement, paraissait surpris – agréablement, ou non. A quoi d'autre qu'un compliment sur sa belle peau et ses longs cheveux pouvait-il s'attendre de la part du navigateur de la Translinéenne, après tout ?
Bonne question.
Le drakkar commençait à s'éloigner petit à petit des caps jumeaux. Tout se passait pour le mieux dans les meilleurs des mondes. Il adorait quand ces plans fonctionnaient à la perfection. Quoi que, il y avait souvent un problème qui survenait assez rapidement. Il jeta un coup d’œil derrière lui, histoire de se rassurer. Il ne vit rien mis à part un travelo qui était en train de sautiller. Rien de bien alarmant. Il pouvait donc se décontract … Soudain, il ouvrit grand les yeux et commença à transpirer. Il se retourna immédiatement.
Bordel, c'était quoi ça ?! Il portait des vêtements de couleur rose, c'était absolument immonde. Et ne parlons même pas de sa démarche, il sautillait sur place. Sa graisse bougeait dans tous les sens, allant de droite à gauche. C'était l'horreur à l'état pur. Tout simplement R-E-P-U-G-N-A-N-T. Ylvikel tira la langue comme par dégoût. Il essaya alors de se faire discret pour ne pas se faire remarquer, mais le regard du péquenaud était braqué sur lui. Merde ! Il le savait, c'était trop beau pour être vrai. Tout se passait si bien jusqu'à présent. Puisqu'il était fichu, il s'arrêta et le regarda. Peut être que ce n'était qu'une coïncidence, peut être qu'il ne le regardait pas vraiment. Il fit un sourire comme pour se faire oublier.
Malheureusement, ce fut en vain. Il l'attrapa d'un mouvement de bras redoutablement rapide. Quelle poigne ! Il serrait fort l'enflure ! Il voulait le tuer ou quoi ? Oui, ça devait être ça ! Après tout, il n’arrêtait pas de dire : je sais ce que vous avez fait. Le voilà dans une situation fâcheuse. Il l'avait démasqué en un rien de temps. Ylvikel était coincé, il ne pouvait ne rien faire. Il essaya d'attraper son scalpel, mais en vin. Puis, l'homme marqua une pause et soudain il le serra encore plus fort. Comme pour lui faire un câlin et, le déposa. Ylvikel était surpris. L'homme lui caressait les cheveux. Il était répugnant. Il lui avait mis du rouge de partout. Empaffé va ! Il fit un sourire forcé pour ne pas se faire démasquer.
Après tout, il avait eu de la chance. Il n'avait pas encore capté que c'était un clandestin. D'un côté, le travelo avait l'air de l'apprécier fortement. Peut-être pourrait-il jouer avec ça, pour passer un séjour tranquille. Il continua de lui sourire, puis prit la parole.
« J'ai beaucoup apprécié ce câlin. Sachez que je reste à votre disposition durant le séjour. »
Il ne pouvait rien faire d'autre après tout. Il n'avait plus d'arme. Son katana avait été précisé lors d'un combat précédent. Il ne lui restait que son scalpel. Si jamais il venait à se battre contre cet homme, il se ferait éclater comme une bouse. Il devait ruser, s'il voulait arriver sur la première île de Grand Line : Whiskey Peak. L'homme continuait de le fixer. Était-ce une bonne idée de lui avoir tenu de tel propos ?
* Ce qui est fait est fait ! *
Il devait assumer ses paroles maintenant. Il espérait juste ne pas trop avoir excité le travelo, même si ce dernier avait des étoiles plein les yeux …
Dobb Er Mann n'avait jamais aimé le soleil. Il n'avait jamais aimé la pluie, non plus. Ni les nuages, ni le vent, ni la neige. En fait, Dobb Er Mann n'aimait pas vraiment grand-chose à part rester chez lui, à siroter un jus de cervelle de moineau, à s'enfoncer la tête dans les toilettes ou à s'entrainer à briser les murs de sa chambre qu'il reconstruisait juste après.
Pour cette raison, il ne semblait pas saugrenu de se demander pourquoi un type aussi casanier que lui avait choisi de se lancer dans une telle carrière. Contrôleur de titre de transport sur la Translinéenne impliquait de passer énormément de temps dehors... Et pas « juste dehors », non. Il se tapait également les aléas climatiques relatifs aux voyages courants sur Grand Line. Dix minutes suffisaient ainsi à passer de la grêle intense à la chaleur sulfureuse, avant de retomber dans une averse cyclonique assez désastreuse. Pourtant, ça n'empêchait pas Dobb Er Mann de pratiquer ce métier depuis trois ans maintenant, juste parce qu'il savait pouvoir le revoir, lui... L'élu de son cœur.
– Granjelonita...
Quand tous les bons employeurs l'avaient jeté à la porte à cause de son tic de langage handicapant, une personne lui avait tendu la main. Une seule personne...
Il faut dire qu'à l'époque, Dobb Er Mann se débrouillait plutôt bien en tant que Chippendale remplaçant – un boulot juste suffisant pour se payer à manger. Parmi les spectatrices et spectateurs se trouvait, ce jour-là, un homme singulièrement plus tape-à-l'oeil que n'importe qui.
Bizarrement, au premier regard, Dobb avait compris que cette personne changerait sa vie, à jamais. Ce fut un coup de foudre, tel que l'on n'en ressent qu'une fois par existence. Assis directement sur la table, trois bouteilles de rhum posées sur son ventre appétissant, Angelonita était en train d'afficher toute sa splendeur aux yeux de tous, ses petites jambes poilues s'étalant sous sa robe moulante.
Après ce regard éternel, leurs corps n'avaient plus qu'à se rencontrer, donnant naissance à une relation charnelle intense et explosive. Angelonita représentait la douceur, la sagesse, la beauté, la sensualité et l'intelligence qu'il manquait à Dobb, pour qui tout n'avait toujours été que rudesse et violence. Jeté dans un égout par ses parents, élevé par des chats, violé par des rats... Une enfance difficile qu'il avait enfin pu oublier grâce à cette rencontre.
Puis Angelonita s'était arrangé pour qu'il se fasse engager en tant que garde du corps et contrôleur du Drakkar qu'elle commandait, pour la Translinéenne encore en pleine expension. Il lui avait offert l'amour, il lui avait fait recouvrir un semblant de dignité, et il lui avait donné la possibilité de travailler, avec l'être aimé.
– Granjelonita...
Aussi, quand Dobb constatait que son amour inconditionnel et éternel pour Angelonita ne suffisait pas à empêcher ce-dernier d'entretenir des rapports intimes avec d'autres hommes, cela le mettait dans des colères bien souvent noires.
– Granjelonita... Gu gais guoi làg ? Gruh
Il avait intimé à un des hommes de bord de rester à la barre, prétextant qu'il avait quelque chose à vérifier. A présent, Dobb se trouvait près d'Angelonita et de ce grand type aux longs cheveux blonds, qui tripotait sans gène SON amoureux ! Mais quel toupet !
– Hatcha Dobb-chéri ! ♥ Mais que fais-tu ici ?
– Gue vougais guste gue goir...
– Oh... C'est si beau ! ♥ Je te présente ce beau jeune homme. Il a l'air de revenir de chez Bernard l'Ermite, tu te rends compte ? En plus, il m'a dit que si je voulais encore des calins, il serait à disposition, toute la journée ! Hatcha ! ♥
– Gueuh...
– Oh, ne fais pas cette tête, voyons... Monsieur aux beaux cheveux blonds, je vous présente Dobb Er Mann, le contrôleur de titre de transport de mon beau navire ! N'ayez pas peur de ses beaux muscles puissants. Il ne vous explosera la cage thoracique à coup de boules que si vous n'êtes pas en règles ! Hatcha ! ♥ Mais un homme avec d'aussi beaux cheveux est forcément en règles, n'est-ce pas ? Hahaha ! ♥
– Gueuh...
– Oh, je sais ! Pourquoi ne pas finaliser cette rencontre, vous deux, en vous faisant un calin ? Vas-y, Dobb, fais-lui un calin !
– Ghéri... Gu'ai pag genvie...
– Allez ! Discute pas !
– Gueuh...
De ses bras puissants, Dobb Er Mann attrapa l'homme aux cheveux blonds et l'enfonça au milieu de ses nombreux muscles imposants. La force de ses biceps contractait et serrait celui avait osé s'approcher de son amour de façon violente, sans toutefois en faire trop.
– Aaaah, je suis sûr que vous allez bien vous entendre, tous les deux.
Dobb Er Mann n'avait jamais aimé le soleil. Il n'avait jamais aimé la pluie, non plus. Ni les nuages, ni le vent, ni la neige. En fait, Dobb Er Mann n'aimait pas vraiment grand-chose à part rester chez lui, à siroter un jus de cervelle de moineau, à s'enfoncer la tête dans les toilettes ou à s'entrainer à briser les murs de sa chambre qu'il reconstruisait juste après.
Ce n'était pas tout à fait vrai, en vérité. Dobb Er Mann aimait aussi d'autres choses... Il adorait casser la figure aux gens qui osaient s'approcher d'un peu trop près de son Angelonita chéri, par exemple.
Et voilà ! Il savait qu'il n'aurait pas dû lui dire ça. L'autre tarlouze n’arrêtait pas de le coller et de l'enlacer. Il voulait l'étouffer dans sa graisse ou quoi ? Pourquoi était-il aussi malchanceux ? Il ne savait pas. Quoiqu'en faites, si. C'était à cause de sa beauté ravageuse qu'il avait attiré cet énergumène. Des fois, il aimerait être moins beau pour ne pas avoir tant d'emmerde. En faite, non. Il aimait plaire, donc il était fier de sa beauté. Même si dans le cas présent, elle était plus un fardeau qu'autre chose. Enfin, il fallait voir le bon côté des choses. Au moins, il allait faire le voyage en toute tranquillité grâce à ce machin. Un petit sourire apparut sur son visage. Manque de bol, le travelo le serrer encore dans ses bras. Il était facile de croire qu'il aimait ça, même si ce n'était pas le cas. Le pire était derrière lui. Enfin ça, c'était ce qu'il croyait.
Au loin, un homme assez imposant s'avançait vers eux. Il était plutôt costaud, mais surtout en colère. Il marchait à vive allure vers lui et la semi-femme. Qui pouvait-il bien être ? Soudain, son sourire se dissipa et il commença à suer. Il essayait de se dégager de l'emprise de l'homme, mais plus il se débâtait, plus ce dernier le serrait fort. Il ne pouvait pas partir. Bordel ! Il était dans une mauvaise passe. Lui qui pensait rouler les agents de la translinéenne, il se mettait le doigt dans l’œil. Ils avaient certainement compris son manège. Qu'allait-il advenir de lui ? Ils allaient le jeter par-dessus bord, c'était inévitable. Il n'avait aucune chance de survivre dans un tel océan. Surtout, sans embarcation.
Lorsque l'homme arriva à leur niveau, la tantouze le serrait toujours dans ses bras. Ylvikel se contenta de fermer les yeux. Il avait accepté son échec. Il ne lui restait plus qu'à subir les foudres des agents. Mais à son grand étonnement, l'homme le lâcha et commença une discussion avec le balourd. Il pensait être tiré d'affaire, mais loin de là. Lorsqu'il écouta leur conversation, il fut pris d'effroi. Le balèze était en faite le petit ami de la tarlouze ! Il les avait certainement vus s'enlacer et c'était pour ça qu'il était venu ici. Il leva les yeux au ciel et une petite larme coula sur sa joue.
* Qu'ai-je fait pour mériter ça ? *
Il fixa de nouveau les deux hommes et essaya de se faire discret. Il allait se cacher un peu plus loin et attendre tranquillement. Il remarqua au loin une cachette parfaite. Il commençait à se diriger vers cette dernière, quand tout à coup, la semi-femme l'attrapa et l'envoya dans les bras de son amant. Bordel ! Mais à quoi pensait-il ? Il voulait que l'autre le défonce ou quoi ? L'homme le serra assez violemment, mais sans trop en faire, comme s'il attendait que la baltringue s'en aille. Ylvikel jeta un bref regard à ce dernier qui avait l'air de se réjouir. Il avait une tare, ce n’était pas possible ! Il essaya de se détacher de l'emprise du balourd, mais ce fut vain. L'homme avait une poigne bien plus puissante que le précédent. Il ne put voir qu'une chose : un badge. Sur celui-ci, il avait eu juste le temps de lire Contrôleur de titre de transport. Dans quel pétrin venait-il de se fourrer ? L'homme avait maintenant deux raisons de l'exploser. S'il voulait s'en sortir, il fallait ruser une nouvelle fois. Il ne devait se mettre aucun des deux à dos ! Il ne savait pas quoi faire, de plus l'étreinte de l'homme l'empêchait de réfléchir calmement.
Soudain, une idée vint lui fleurer l'esprit. Il ne savait pas ce qu'elle allait donner, mais il devait tenter sa chance. L'homme le serrait de plus en plus fort. Il commençait à avoir du mal à respirer. De toute façon, il était dans la merde et il ne voyait pas comment sa situation pouvait s'empirer. Il se mit alors à murmurer quelque chose au balèze.
« Je ne voulais pas câliner ton doux et tendre, mais je n'ai pas eu le choix … Dès qu'il m'a vu, il s'est jeté sur moi et je n'ai rien pu faire. Tu devrais mieux le surveiller. Il n'a pas l'air très fidèle … »
Soudain, l'étreinte se relâcha petit à petit. L'homme venait de le lâcher. Ylvikel tomba à terre et toussa. Il l'avait tellement compressé, qu'il était en train de l'étouffer. Il se releva doucement et fixa la brute. Il était complètement perdu dans ses pensées. La tarlouze quant à elle, avait l'air très inquiet. Son plan était-il en train de fonctionner ? Il voulait les braquer l'un contre l'autre. Au vu de la situation, ça avait l'air bien engagé. Pourtant, il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué …
– Je ne voulais pas câliner ton doux et tendre, mais je n'ai pas eu le choix … Dès qu'il m'a vu, il s'est jeté sur moi et je n'ai rien pu faire. Tu devrais mieux le surveiller. Il n'a pas l'air très fidèle …
– …
Dobb regarda le type sans ciller. Ses yeux, qu'il tentait sans succès de rendre perçants, lui donnaient des airs de mouche bigleuse prête à fondre sur une déjection animale géante. Chose qui n'était peut-être pas totalement fausse, d'ailleurs. Puis, tout d'un coup, le temps qu'il prenne enfin conscience des informations relatives à la phrase du grand blond, il se mit à pleurer.
– Dobb-chéri ? Qu'est-ce que tu as ?
– Pourguoi gu me fais tougours souggrir ?
– Enfin, c'est faux ! Mais qu'est-ce qui a bien pu te donner des idées pareilles... ? Hatcha !
Son énorme doigt, qui paraissait lui aussi musclé, pointa alors en direction du passager. D'épaisses larmes roulaient le long de son visage, mais il parvint pourtant à articuler ces quelques mots...
– Il... g'a dit... gue... Gue... c'est de ga faute...
– Mais de quoi ?!
– Il a dit gue tu gu'es pas figuèle ! Gue tu t'es gueté sur luigue !
– Il a dit ça ? Hutchu !
Angelonita s'approcha d'un pas décidé, attrapa la main de Dobb, caressa son visage et l'embrassa passionnément. Sur le pont du Drakkar, bon nombre de passagers faillirent vomir, d'autres encore se cachèrent les yeux... Mais là, à cet instant, le couple se retrouvait enfin. Le colosse qu'il était en oubliait tous ses muscles capables de briser une maison... Il était en phase avec son amoureux, et la bague de fiançailles qu'il avait construite avec des branches d'arbre ne serait peut-être pas jetée, finalement. Leurs embrassades cessèrent enfin, suite à quoi son bien-aimé s'écarta de nouveau, fixa le blond et lança d'un air explosif :
– Quant à toi, j'te vois venir ! Tu crois que n'importe quel homme me fait de l'effet ? C'est pas parce t'as des cheveux qui sentent bon d'chez Bernard l'Ermite que j'ai forcément envie de toi ! Si encore tu ressemblais à ce fameux Pervers de South Blue... Mais non, même pas !
– Gui c'est ce perguers de Gorth Glue ?
– Oh.. Ah... Heu... Personne. Hatcha ! Mais ne changeons pas de sujet ! J'espère pour toi que tes papiers sont en règle, parce qu'à la moindre erreur, on te balance par dessus bord ! Vas-y mon Dobb chéri que j'aime, contrôle-le ! Et si t'as un p'tit doute, n'hésite pas, et jette-le chez les poissons !
Quand son amoureux se mettait dans des colères aussi intenses, Dobb avait l'impression de revivre. Sous la rage de ses mots, les bourlets d'Angelonita remuaient fébrilement, lui donnant un côté sexy assez phénoménal. Ce type était réellement démoniaque... Comment avait-il osé tenter de les monter l'un contre l'autre ? Après tout, ils étaient des âmes sœurs !
Dobb se rapprocha du blond, faisant craquer ses poignets d'un air menaçant. Il allait enfin avoir sa vengeance... Et même si ce vil comploteur avait des papiers en règle, il s'arrangerait pour les remettre en doute et le jeter quand même. Oui, car s'il y avait bien une chose qui pouvait motiver Dobb au point de le rendre intelligent, c'était l'amour, et la jalousie.
– Gruhuhuhuhu. Gous avez gos gapiers, gons...
– Tempêêêêêêêêêête ! Dobb, j'ai besoin de toi ! Viiiiiiiite ! Hatchaaaaa !
Alerté par le cri de l'amour, Dobb se retourna vivement et fonça vers son âme soeur qui avait déjà accouru jusqu'à la barre.
Des nuages se formaient à une vitesse hallucinante au-dessus de leur tête, des vagues commençaient à secouer le bâteau... Et au loin, une masse sombre et menaçante avançait vers eux.
La traversée de Grand Line n'était jamais de tout repos et sans risque, même pour la Translinéenne.
Tout se déroulait comme sur des roulettes. C'était trop beau pour être vrai. Voilà que la montagne de muscle s'effondrait en pleur devant le gros tas. C'était tellement beau à voir. Allait-il se battre ? Rien qu'à cette idée, un sourire apparut sur le visage d'Ylvikel. Mais, il était resté trop longtemps perdu dans ses pensées. Quand il regarda de nouveau les deux hommes, un spectacle bien plus terrifiant s'offrait à lui. Ils étaient en train de s'embrasser goulûment. C'était horrible ! D'ailleurs, certains passagers étaient même en train de gerber. En ce qui le concernait, il n'en était pas loin lui aussi, mais il n'avait que des glaires. En tout cas, si cela était une technique de combat, elle s'avérait redoutablement efficace. Ils avaient mis hors jeu tous les passagers ! Ylvikel commençait à peine à s'en remettre, qu'il vit le gros balourd avançait vers lui d'un pas bien décidé ! Décidé de quoi, vous demandez-vous ? De lui mettre une mandale ! Oui messieurs ( et mesdames! ). Ils n'avaient pas apprécié le petit tour de notre bel homme. Il était foutu ! Surtout qu'il n'avait aucun papier en règle. Il était monté clandestinement. Hum, et puis si on le regardait bien, l'autre n'avait guère envie de savoir s'il était en règle ou non. Il voulait simplement le cogner. Quel débilos profond celui-là ! Ylvikel dégaina son kata … Non, il n'en avait plus. Il prit donc son scalpel. (Ben oui, il faut bien se défendre dans des situations périlleuses comme celle-ci.) Arme futile et dérisoire face à un tel ennemi, qui plus est, à l'air redoutable.
* Seigneur, si tu m'entends viens vite à mon secours ! *
Et comme par miracle, une tempête survint de nulle part. La tarlouze appela musclor pour lui venir en aide, lui laissant un bref répit. Quant à lui, il devait se mettre à l'abri sinon il allait passer par-dessus bord tout seul. Il vit au loin que les passagers avaient été regroupés dans la cale du navire. Il devait les rejoindre. Il se releva et commença à courir, mais ce fut trop tard. Une vague heurta le navire et le fit tomber. Il manqua de peu de passer par-dessus bord, mais, par chance, il s'encastra dans le bastingage. Cependant, il savait très bien que si une nouvelle vague venait à le frapper avec une telle violence, il passerait par-dessus bord avec ou sans parapet. Il vit alors une corde non loin de sa position actuelle. Au loin, une nouvelle vague allait le frapper d'ici quelques instants et la situation devenait critique ! Il attrapa la corde et commença à s'attacher contre le bastingage, mais la vague le heurta entre temps. Lorsqu'elle fut entièrement passée, il ne se trouvait plus sur le bateau. Ah, attendez, si ! Il était là, allongeait contre la rambarde fermement attachée. Il avait donc réussi à se sécuriser. La tempête faisait rage, les vagues se déchaînèrent, le vent soufflait et le navire tanguait. Puis quelques instants après, le soleil fit de nouveau son apparition comme si de rien n'était. Notre héros était tout trempé. Quelques poissons étaient encore sur le pont en train de gesticuler comme des magicarpes. Il pensait bien y laisser la vie ici, mais non.
Soudain, son corps se leva tout seul. Avait-il avalé un fruit du démon sans faire exprès ? Non, tout de même ! Il ne fallait pas exagérer. Puis, c'est là qu'il la vit. Cette horrible main. Elle était sur son épaule et l'empoignait fermement. Quand il leva les yeux pour voir à qui elle appartenait, il fut surpris. Elle appartenait au débilos. Bordel ! Il les avait oubliés les deux baltringues. La force de l'homme fut telle, que la corde céda sous son emprise.
« Goi, gu gas goler grès haut gans ge ciel. Gruhuhuhuhu. »
Puis à la fin de cette phrase complètement incompréhensible, il balança Ylvikel de toutes ses forces loin dans le ciel.
« Ylvikel s'envole vers d'autres cieux !!! »
Il vola dans les airs pendant au moins une bonne minute. Il crut qu'il n'allait jamais retomber tellement la puissance du jet était intense. Pourtant, sans faire attention, il perdait de l'altitude. Il tomba violemment dans la mer et nagea à la surface. Le voilà complètement perdu dans Grand Line. Les chances de survie actuellement étaient nulles ! Il était fini, dead ! Les chances pour qu'un navire passait par ici, frôlaient le zéro. Quand soudain, un truc louche apparut dans l'eau et se rapprocha à toute vitesse d'Ylvikel. Qu'est ce que cela pouvait-il bien être ? Puis, la mystérieuse chose plongea dans l'eau ne donnant plus aucun signe de vie. La tension était palpable. Quand tout à coup, monstre marin fit son apparition en sautant dans les airs. C'était une lamproie géante qui allait faire de lui son quatre heures. Sans arme, il n'avait aucune chance de survivre. Il se contenta alors de fermer les yeux et accepta son destin.
Pourtant, on lui avait appris à ne jamais perdre espoir. Mais ici, dans une telle mer, l'espoir était vain. Il aurait fallu une chance de cocu pour que quelqu'un passe par là et en plus soit assez fort pour éliminer ce poisson géant.
* Tu ne veux pas m'aider de nouveau ? *
La prière était faite. Maintenant, il ne restait plus qu'à voir si elle avait été entendue …
Dernière édition par Ylvikel Strauer le Dim 20 Jan 2013 - 17:10, édité 1 fois
Elle leva les yeux au ciel, poussa un profond râle soupirant, puis fourra un épais doigt dans sa narine gauche.
– Mamaa, qu'est-ce qu'on fait ?! Le ciel nous tombe sur la tête !
– Oh mais ferme-la, toi ! Un petit nuage et deux vagues te font peur, et tu dis qu't'es mon fils, hein ?
– Mais Mamaa, l'eau va mouiller les caisses !
– Et alors ? C'est pas n'importe quelle pâtasse ! C'est les pâtasses de la Mama Spaghetta ! Tu veux dire que deux p'tites gouttes vont abimer les pâtes de la Mama Spaghetta ?! C'est ça ?
Mama Spaghetta balança une gifle sensationnelle à Marcus « des Pieds », son jeune fils, qui s'éleva dans les airs et manqua d'être pris dans un courant d'air. Le garçon réussit toutefois à se rattraper in extremis à la proue de leur navire marchand – Bolognaise – évitant ainsi de terminer sa course dans l'eau.
– Mamaa, excuse-moi, je voulais pas te vexer. Bouhouhou...
– Ne pleure pas ! J'ai pas élevé des chiffe-molles mais des durs ! Et dépêche-toi de sortir de là, tu vas te noyer si ça continue !
– Oui ma...maa... Tiens ? C'est quoi çaaaaaAAAAAAAAAAAH ?! Mamaaaaa !
– Qu'est-ce qu'il y a mon fils ?
– Un... Un... Une... AAAAAAAAAH !
Quelques secondes à peine après les exclamations emplies de courage de Marcus, une vague énorme s'éleva, avec en son creux une sorte de poisson géant.
– Ca ? Une bonne bouillabaisse de lamproie avec un peu de pâtasses de la Mama, c'est un régal !
– Mamaa, il faut partir ! Vite !
– Oh mais sors de là je t'ai dit !
– Mamaaaaaaa !
– J'ai dit : sors !
– MAMAAAAAAAAAAAH !
Excédée par les jérémiades de son fils, Mama Spaghetta sortit « Capellini » – son puissant fouet qui lui rappelait l'excellence de ses pâtes préparées avec soin – puis en asséna un coup expert et terriblement efficace. L'arme, dans un mouvement parfaitement habile, entoura Marcus puis le jeta à l'abri, loin de la proue, aux pieds de sa mère.
Il existait des règles à toujours respecter quand on voyageait en mer. Parmi elles, on retrouvait sans conteste celle-ci : ne jamais chercher une Mama, surtout pas en lui filant un prétexte pour cuisiner ou en embêtant son enfant. Malheureusement pour cette lamproie géante, elle avait représenté un danger pour son cinquième fils et possédait un goût miraculeusement magique quand préparé correctement.
– Attention, je frappe dans la gueule !
A présent debout sur la proue, Mama Spaghetta fixait l'animal de ses gros yeux qui en avaient vu beaucoup. S'ensuivirent des coups de fouet retentissants, semblables à des orages menaçants et effrayants. De son côté, Marcus tira du petit canon de secours sur l'animal, pensant bien faire. Mais on ne devait jamais interférer avec les volontés d'une Mama, c'était évident.
– Espèce de petit con ! Abime encore ce poisson, et j'te ferai bouffer ses arêtes, tu vas voir !
– Pardon Mamaa, pardon... Aaaaaaah !
Ce nouveau cri de Marcus intervint quand la lamproie céda sous les assauts répétitifs de Mama Spaghetta. En effet, l'animal n'avait évidemment pas décidé de tomber tranquillement sur le dos, mais commençait à s'écrouler en direction de Bolognaise.
– MamaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaAAAAAAAAH !
– Oh mais ferme-la !
Il en fallait évidemment bien plus pour terroriser une Mama telle que Spaghetta, qui avait vécu beaucoup plus de choses que la majorité des pirates des Blues. Un nouveau coup de fouet intervint alors, beaucoup plus destructeur, avec une précision chirurgicale. Elle savait où frapper pour le dévier suffisamment de sa trajectoire, et c'est ce qu'elle fit, sans une once d'hésitation.
– Mamaa ?
– Quoi encore ?!
– Y a un type là... Dans l'eau.
Effectivement, tout près de l'endroit où venait de tomber la lamproie, se trouvait un homme qui tentait désespérément de nager vers le bateau. Mama n'hésita pas, son instinct maternel prenant le dessus. Elle sauvait et maternait tout le monde, traitant les hommes avec autant de gentillesse que ses propres fils. D'un coup de fouet, elle l'attrapa par le bras puis le tira violemment sur le bâteau, lui faisant faire un remarquable vol plané.
– Mamaa ?
– Quoi encore ? Pourquoi il ouvre pas les yeux ?
– J'crois que tu lui as cogné la tête contre le mât en le tirant...
– Oh ces hommes alors, tous des chiffes molles !…........................................................................
– Hé... Hé... Hé toi, ça va ? Réponds à la Mamaa ! J'en ai foutument marre !
Lasse après tant d'essais, Spaghetta enfila une paire de gifles au jeune homme blond allongé dans la cuisine du bateau. Ce fut cet acte qui causa le déclic suffisant apparemment, puisqu'il ouvrit enfin les yeux.
– Ah ben voilà ! Une bonne claque, y a qu'ça de vrai pour remettre les idées en place. Trois jours que tu dors ! Non, non, te lève pas. Et pose pas de questions là, mange. Oui, mange les bonnes patasses de la Mama Spaghetta ! Oh oui, oui, oui. J'AI DIT MANGE ! On causera après !
Le poisson géant venait de se faire découper devant ses yeux. Il était ébahi. Qui avait bien pu pouvoir faire ça ? Il n'en savait rien, mais l'arme l’intéressait au plus haut point. C'était une chaîne reliée à deux faucilles. Pour faire simple, c'était un kusarigama. Il avait déjà vu ce genre d'arme quand il était parti sauver son oncle. On avait même commencé à le former à ce nouveau style. Mais malheureusement, il n'avait pu finir son entraînement. Pourquoi ? Eh bien, son maître avait été tué. Enfin, le passé appartient au passé. Cependant, il était désarmé et il fallait qu'il se trouve une arme assez rapidement. Il ne pouvait pas voyager sur Grand Line dépourvue d'arme. C'était tout bonnement impossible. Il se mit donc à nager en direction du bateau, mais quelque chose s’était enroulé autour de lui. Un nouveau monstre marin ? Impossible, il n'avait rien vu venir. Soudain, il sentit son corps se soulever de l'eau, il était en train de se faire propulser ! Il n'eut guère le temps de comprendre ce qu'il venait de se passer, qu'il s'encastra la tête la première dans le mât du bateau. Un bruit sourd se fit entendre et il se rétama comme une bouse sur le plancher de ce dernier complètement sonné. Il faisait noir, tout noir. Il était fatigué …******
– Hé... Hé... Hé toi, ça va ? Réponds à la Mamaa ! J'en ai foutument marre !
C'était quoi ce bordel ? Qui gueulait comme un putois comme ça ? Et puis pourquoi sentait-il de petits picotements sur son visage ? Quel drôle de sensation … Ylvikel se réveilla lentement et ouvrit les yeux. Il se sentait tout boursouflé. Il ne comprenait pas pourquoi. Il se tâta le visage, mais nota un léger changement. Il était bien plus volumineux ! C'était il fait piquer par la lamproie ? Impossible, faudrait-il que sa pique d'une part et puis secundo, il serait mort avec une telle dose de venin. Pendant tout ce temps, il avait fait obstruction de tout ce qui l’entourait. C'est là qu'il vit les deux trucs immondes devant lui. Une femme lui tendait un plat de pâte et à côté d’elle, il y avait un petit garçon qui le regardait d'un air béat. N'avait-il jamais vu un homme blond ? Pourquoi le regardait-il avec tant d'acharnement. Il ne comprenait pas ce que lui dise la femme, mais elle avait l'air d'insister pour qu'il mange. En temps normal, il n’aurait jamais accepté une telle compassion, mais là, il n'avait guère le choix. Il avait faim, extrêmement faim. Comme s'il n'avait pas mangé depuis des lustres ! Quel drôle de sensation. Pourtant il avait mangé avant de partir sur Grand Line. Il prit le plat de pâte et le mangea d'une traite. En l'espace de quelques secondes, l'assiette était vide. Il se sentait repu. Il avait drôlement bien mangé. Il lui tendit l'assiette comme pour lui rendre. Il se leva et s'inclina légèrement. Il était en train de la remercier.
« Excusez-moi, mais où sommes-nous ? Et pourquoi je suis ici ? »
Lui, la seule chose dont il se rappelait c’était ce monstre marin découpé. Et puis plus rien. Qui avait une telle arme ? Son but à présent était clair. Il voulait cette arme, mais il lui fallait des renseignements. Il devait se la jouer en douce. Et peut-être même que ce bateau se dirigeait droit sur Drum. Aller savoir … Avec un peu de chance, enfin dans ce cas-là énormément de chance. Mais lui, il croyait en sa bonne étoile. Il continua à fixer ses bienfaiteurs et leur fit un petit sourire.
« J'aimerais remercier la personne qui m'a sauvé de ce monstre. Puis-je la rencontrer ? De plus où nous dirigeons-nous ?»
Maintenant, il n'avait plus qu'à attendre la réponse de ces personnes. Et qui sait, peut être qu'ils lui donneraient les réponses qu'il attendait. En tout cas, il n'en savait fichtrement rien !
Plusieurs choses étaient à savoir à propos de Mama Spaghetta : la première résidait en une règle évidente mais parfois oubliée, qui résidait en ceci : « ne jamais mettre en doute ses qualités de Mama ». La deuxième quant à elle consistait en « ne jamais poser trop de questions » et la troisième se limitait à « ne jamais paraître impressionné par ses immenses seins ».
Malheureusement pour le nouveau venu, il venait d'aller à l'encontre de ces trois interdictions.
– MANGE ! MANGE LES PATASSES DE MAMA SPAGHETTA !
Et afin de bien lui faire comprendre qu'il ferait mieux de continuer à manger les pâtes qu'elle avait préparées, Mama Spaghetta asséna une nouvelle volée de ses « gifles maternelles » – qui ressemblaient à s'y méprendre à des crochets de boxer aguerri. Elle posa ainsi une nouvelle assiette, lança un de ces regards durs dont elle avait le secret, puis partit en rouspétant des « oh, ces hommes alors, ils comprennent foutument rien ».
Néanmoins, le jeune homme ne resta pas longtemps seul : Marcus, le fils Spaghetta, qui avait lui aussi reçu une paire de claques pour ne pas avoir correctement arrangé le col de sa chemise, vint à sa rencontre.
– Excuse-la, c'est ma mère. Elle est un peu maniaque. Et violente. Et possessive. Et intransigeante. Et susceptible. Et fière. Et colérique. J'ai dit qu'elle était violente ? Ah oui, et elle cuisine constamment les mêmes choses : des pâtes.
A l'écouter, on pourrait penser que Marcus en avait marre d'accompagner sa mère dans ses périples pour vendre les « Mama-Spaghetta » à travers Grand Line, de devoir supporter ses continuelles crises de nerf, d'avoir à subir ses volées de gifles et surtout d'être forcé à prétendre ne pas en avoir marre de manger toujours la même chose.
Et c'était vrai. Mais les Spaghetta avaient une devise, que même les pires sentiments, même les pires rancoeurs, même les pires haines, ne pourraient jamais faire disparaitre : la famille restait sacrée, et à son sommet se trouvait la Matriarche, la Mama.
– Mais bon... Elle t'a quand même sauvé la vie. On dirait pas comme ça, mais elle est sacrément forte. Et pour cette raison, évite de la contrarier, donc mange, vite.
Sur ces mots, la porte s'ouvrit à la volée, laissant entrer une Mama Spaghetta encore rouge de colère, mais que la raison avait rappelée.
– Marcus ! Il est où notre Eternal ?
– Dans ton cul
– QUOI ?!
– Dans la calle ! Je disais, dans la calle !
– Qu'est-ce qu'il foutrait dans la calle ?
– Oui, désolé, je me suis trompé. Je l'ai laissé dans le coffre, à côté de la barre.
– Non mais qu'est-ce qui m'a foutu un fils pareil... ? Je t'ai déjà dit de pas laisser trainer le Pose !
Elle ressortit aussi brusquement qu'elle était rentrée, lâchant un flot de jurons assez incompréhensibles pour une oreille inattentive ou inhabituée.
– Ouais... Je sais bien que je dois pas le laisser trainer. Tsss. Drum va pas s'envoler de toute façon.
Marcus, qui donnait assez l'impression de se parler à lui-même, se tourna vers le blond, avant d'ajouter.
– On va à Drum, si tu veux savoir. Mamaa fait des pâtes très réputées là-bas, il y fait tellement froid que les « Mama-Spaghetta », sa recette, est super-appréciée. D'ailleurs, on y sera dans quelques jours.
Il n'en revenait pas. Ce navire allait droit sur Drum. C'était tout bonnement incroyable. Quel était le pourcentage de chance pour qu'un tel miracle se produise ? Récapitulons : il avait traversé reverse mountain par miracle, puis embarqué à bord de la translinéenne en tant que clandestin. Puis, après s'être fait facilement repérer, il s'est fait éjecté de cette dernière. Là, un monstre marin avait bien failli le gober, mais une femme est venue à son secours. Et pour combler le tout, il atterrit sur un des rares bateaux qui font cap vers Drum. Que dire de plus ? C'était un miracle ! Les joues encore rouges des baffes de la mama, il prit le plat de pâte qu'elle avait déposé un peu plus tôt. Il avait encore un petit creux. Il le termina assez rapidement, puis s'essuya la bouche. Il était repu, il n'en pouvait plus. Il regarda le jeune homme et lui fit un bref sourire. Puis, se releva.
« Je vais aller avec vous sur Drum. Si ça ne vous dérange pas bien sûr. »
Il savait très bien qu'il ne dérangeait pas. Pourquoi ? Ils lui avaient sauvé la vie. Ils n'allaient pas le foutre à l'eau, sinon quel intérêt de le sauver ? Il prit alors le plat vide et fixa le jeune homme. Celui-ci devait certainement croire qu'il en voulait encore, mais point du tout. Puisqu'il allait, taper l'incruste, autant faire bonne figure. Et pour ça, Ylvikel était particulièrement doué. On pourrait même dire qu'il avait un don naturel. Même si ce n'était pas souvent utile, dans certaines occasions ça se révélait indispensable. Et là, c'était une de ses occasions.
« Dis-moi jeune homme, ou se trouve la cuisine ? Je vais aller laver tout ça. »
Eh bien oui, même un noble peut s'occuper de basse besogne. Il savait se servir de ces dix doigts, autres pour la torture ou les soins médicaux. Oui, oui, vous en êtes stupéfaits. Il était là planté, tel un bâton de colle attendant la réponse du jeune homme. Il avait vu la mama entrait sur une cabine un peu plus loin. C'était peut-être la cuisine. Il n'en savait fichtrement rien. Il se retourna et chercha du regard, mais il ne vit rien. Puis, il fixa de nouveau le jeune homme.
« J'aurais aimé quelques éclaircissements avant de partir. Ta mère m'a sauvé la vie, mais elle a utilisé une drôle d'arme. Qu'est ce que c'est ? »
Cette arme l'intéressait au plus haut point. Et il comptait bien la dérober une fois qu'il serait arrivé sur Drum. Ou alors devrait-il les tuer pendant leur sommeil ? Après tout, il n'avait pas vraiment besoin d'eux. Il fallait juste qu'il sache ou la mama avait mis l'eternal. Il avait le plan parfait. Il continua de fixer le garçon. Qu'allait-il lui répondre ? En tout cas, il ne pouvait pas se douter de ce qui était en train de se tramer …
– Tu voulais la voir ? Alors regarde... Mais fais pas de bruit, Mamaa aime pas trop quand on la reluque, surtout par derrière...
Les jours avaient passé, la température était violemment tombée. Drum était tout proche désormais. Les voiles entières avaient été données au vent, de façon à augmenter la vitesse de déplacement de Bolognaise. En raison de certains “troubles” qui avaient pris place sur l'île, Mama Spaghetta avait jugé utile d'accoster son navire dans une petite crique naturelle, à l'écart. Ce n'était l'histoire que de quelques minutes avant qu'ils n'arrivent enfin à destination, mais personne n'était sur le pont pour s'en réjouir. Non. Cachés dans la pénombre provoquée par la porte très légèrement entrebaillée de l'immense cuisine du navire, Marcus et Ylvikel regardaient à l'intérieur de la salle un spectacle des plus surprenants.
Yeux fermés, mains serrées autour de son long fouet, Mama Spaghetta semblait se concentrer pour un combat unique. Alors, brusquement, elle rouvrit un oeil, puis l'aute, avant de se mettre à se mouvoir dans une chorégraphie des plus impressionnantes. L'arme aux extrémités acérées se déplaça dans l'air avec une facilité déconcertante, exécutant une parade qui avait des airs de ballet acrobatique. Seul un oeil attentif ou un mot touché avant les gestes aurait pu expliquer ce qu'elle faisait : la préparation de son fameux plat, les Mama-Spaghetta's, joyaux des pâtes et de la bolognaise.
Ses gestes trahissaient une expérience hors du commun. Aucune fioriture, pas le moindre mouvement inutile. Malgré la dangerosité de ses mouvements, Mama gardait un calme à toute épreuve, prouvant sans le moindre souci qu'elle maitrisait son arme. Après tout, elle n'était pas considérée comme l'une des plus puissantes cuisinières de pâtes de South Blue sans raison.
– Alors ? T'en penses quoi ? Balèze, hein ? Ouais c'est Mamaa en même temps. Tiens, une araig...NEE ! AAAAAAAAAAAAAAAH !
Arachnophobe depuis sa tendre enfance où une mygale avait niché dans son assiette de lasagnes, Marcus ne put retenir un hurlement d'effroi, avant de se mettre à courir en rond en se cognant la tête contre la porte.
Malheureusement, il n'en fallait pas plus pour éveiller la colère de Mama Spaghetta, qui avait horreur qu'on la regarde par derrière, surtout quand elle préparait sa recette secrète.
– Quoi ? Vous aussi vous croyez que j'ai DE GROSSES FESSES ? Je vais vous apprendre à m'reluquer, bande d'insolents ! Mama Spaghetta n'est pas Mama Spaghetta pour rien ! Boulettes... De Viandes !
Et sur ces mots, elle abattit violemment son arme en direction de la porte qui vola en éclats. Puis, tel un véritable rhinocéros à poils jaunes, Mama Spaghetta courut en leur direction. Marcus eut à peine le temps de tirer violemment Ylvikel par le bras et de le forcer à déguerpir aussi vite qu'il le fallait.
– AAAAAAAH COURS ! AAAAAAAAAAAAAAAAH ! MAIS COURS !
Donc ils coururent. Sur leur passage, les quelques matelots du navire s'écartèrent vivement, effrayés par le monstre représenté par Mama Spaghetta. Eux, peut-être plus que quiconque, savaient à quoi s'attendre quand elle était dans un tel état de colère : se faire suspendre par les tétons avec des spaghettis ultra résistantes au plafond n'avait rien, mais alors strictement rien d'amusant. Néanmoins, aucun – ni Marcus, ni Ylvikel, ni Mama - ne pensa à écouter les avertissements des hommes, à propos de la neige qui avait déjà rendu le pont glissant. Si bien que quand ils sortirent tous en trombe et atterrirent à l'air libre, ils ne purent que constater le fait accompli.
– Woaaah ! Attention Ylvikel, ça glisse !
– JE VAIS VOUS MONTRER, MOI, CE QUE C'EST UNE VRAIE MAMA ! YAAAAAAAH... AAAAAAAAH !
Si Marcus avait eu le bon sens de freiner leur course quand ils étaient sortis, Mama Spaghetta, elle, ne le fit absolument pas. Si bien qu'elle débarqua tel un cachalot échoué sur un canoë, que ses pieds manquèrent de toute stabilité, et qu'elle fila, tête en avant, et sur le ventre, s'écraser contre le mât du bateau.
– Mamaa ? Mamaa ! Mamaa, ça va ?
Pas de réponse.
– Ylvikel ? T'es médecin, non ? Pourquoi elle ouvre pas les yeux ?
Evanouie, Mama Spaghetta ne risquait pas de se réveiller de sitôt. Certes, elle était plus résistante que la plupart des hommes, mais plusieurs heures seraient sans doute nécessaires avant qu'elle ne récupère ses esprits. Pendant ce temps, les matelots avaient suivi les ordres à la lettre : accoster sur cette crique dégagée et préparer les caisses de spaghettis.
Mama Spaghetta les avait surpris. Pourquoi ? Il avait hurlé comme un putois ! Il n'en fallut pas plus pour la mettre dans tous ses états. Elle maniait l'arme avec une telle facilité que ça en était déconcertant. Comment allait-il la récupérer ? Il n'eut guère le temps de réfléchir plus longtemps que Marcus le prit par le bras et le tira. La porte venait de voler en éclat et ils devaient fuir la colère de la Mama, s'ils ne voulaient pas en subir les conséquences. Ylvikel donna un mini coup de poing sur le crâne de Marcus. Ce n'était pas méchant, mais c'était une façon de lui dire : « Bravo ! Regarde dans quelle merde tu nous as mis. » Il savait que ce dernier avait compris au vu du sourire niais qu'il lui fit. Il pouffa puis se mit à courir. La Mama donnait l'impression de faire voler ces lames telles des corbeaux prêts à attaquer à n'importe quel moment. Tous deux ne pensaient qu'à une seule chose à ce moment bien précis : fuir. Droite, gauche, gauche et droite. Les voilà enfin arriver sur la dernière porte qui menait au pont, ils l'ouvrirent à toute allure, mais manquèrent de se ramasser à cause du verglas. Heureusement, Marcus l'avait remarqué. Cependant, ce ne fut pas le cas de la Mama qui s'encastra la tête la première contre la rambarde. Un bruit sourd se fit entendre, puis plus rien. Marcus et l'équipage se ruèrent vers la Mama, mais rien à faire elle s’était bien amochée.
Marcus se retourna vers Ylvikel et le regarda avec ses airs de chien battu. Le pauvre il avait l'air vraiment triste. En temps normal, il ne les aurait pas aidés, mais là, il allait trouver son bonheur. Il s'approcha de Marcus et posa sa main sur son épaule. Il avait les larmes aux yeux. Il lui fit un petit sourire comme pour le rassurer. Puis, il se mit à hauteur de la Mama et posa deux doigts sur sa carotide. Son pou était des plus normaux, mais il fit une brève inspection pour confirmer son idée. Elle était tout simplement dans les vapes. Rien de bien méchant. Elle se réveillerait certainement d'ici trois, quatre heures. Il devait jouer avec ça s'il voulait atteindre son objectif.
Il se releva et fixa Marcus. Son visage était impassible, puis il baissa la tête comme pour annoncer quelque chose de grave. Marcus tomba en plein dans le panneau et éclata en sanglots.
« Elle n'est pas encore morte, mais elle a besoin de soin immédiat. Il faut l'emmener dans sa cabine. »
À ces mots, Marcus et l'équipage prirent leur capitaine et l'emmenèrent dans ses quartiers. C'était l'occasion rêvait. Son arme traînait là par terre. Un petit sourire narquois apparut sur le visage d'Ylvikel. Il prit l'arme discrètement et suivit le petit troupeau. Comment allait-il se débrouiller ? C'est là qu'il vit la solution : un tonneau. Il déposa l'arme à l'intérieur. Il la récupérerait une fois qu'il en aurait terminé avec toute cette histoire. Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent dans ses quartiers. Ils déposèrent la Mama sur son lit. Ylvikel s'approcha et l'inspecta de nouveau, puis vira tout le monde. Il devait meubler. Qu'allait-il pouvoir faire ? Il prit un bandage et l'enroula autour de la Mama. Suite à ça, il partit s'asseoir.
Quelques minutes plus tard, il sortit de la cabine. Tout l'équipage était présent et attendait son verdict. Il ferma les yeux, puis sourit.
« Elle va bien, j'ai réussi à la stabiliser. »
Des cries de joie se firent alors entendre ! Son fils tellement ému se mit à pleurer, l'équipage en fit de même, ils se sautèrent les uns sur les autres. C'était beau à voir. S'ils savaient qu'il n'avait rien fait. Enfin, lui ça l'arrangeait bien. L'équipage le remercia et l'embrassa de partout.
« Je suis très touché ! Cependant, je ne peux rester plus longtemps. Je dois vous laisser. À bientôt !! »
À ces mots, ils furent tous surpris. Ils insistèrent pour qu'il reste jusqu'au réveil de la Mama, mais il leur expliqua qu'il ne pouvait plus perdre de temps. Pourquoi ? Eh bien, il évoqua une excuse bidon. Peu importe, ils tombèrent une nouvelle fois dans le panneau. Ils le remercièrent une dernière fois puis allèrent au chevet de la Mama. Il avait le champ libre. Il regagna le pont assez rapidement et récupéra l'arme. Elle était sienne maintenant ! Il descendit du petit navire et jeta un dernier regard. Ils avaient été si généreux avec lui. Il se baissa comme pour les remercier puis, se mit en route. Il était enfin arrivé à Drum ! Une nouvelle aventure s'offrait à lui …