« Hey, gars, qu’est-ce tu lis ? »
Qui c’est c’péquenaud ? Je l’connais pas. Alors pourquoi il vient m’gonfler d’bon matin. De toute façon, il va bien voir que j’en ai rien à foutre de sa gueule et il va s’tirer.
« - Tu m’écoutes, gamin ?
- On m’touche pas. »
Que j’lui réponds après un bon coup d’boule. Ça lui a coûté deux dents. Bah, s’il est encore vivant, c’est qu’il ne s’en sort pas si mal. Les autres, y m’mirent comme s’ils avaient un truc à ajouter. Quoi, une baston ? J’veux bien. Toujours partant. C’est pas deux bouseux qui m’feront peur. D’une seule main que j’les prends et sans m’fatiguer.
Y s’dégonflent. Ces trouducs osent à peine croiser mes globuleux. C’est pas comme si les couilles poussaient sur les arbres, dis. Par contre, y a comme du pognon à s’faire si j’ai bien tout bité. Y a un mec qui engage pour aller s’taper sur la mer de tous les périls. Pas l’mien en tout cas, c’est clair.
Bon, si personne ne d’mande de baffes ici, j’crois que j’vais m’tirer. Me soustraire à vos gueules de cons. Mais pas pour moi, c’est pour vous. C’est pas comme si j’planifiais d’enrichir les dentistes du coin.
Teuh.
Alors, la maille, faut faire quoi pour ? L’affiche dit qu’il faut s’rendre à la taverne du port pour plus d’infos. Qu’est-ce j’ai d’mieux à foutre ?
Ah ben, putain ! La taverne du port s’appelle pile : « La Taverne Du Port ». Le mec qui la possède ne s’est pas trop torché. D’ailleurs, vu comment l’odeur y est débectante, il n’torche que dalle depuis l’ouverture.
« Tu m’sers du pif, patron. »
Dans c’genre de rades, faut pas mirer c’que tu t’envoies. Cul sec et si ça arrache la gueule, c’est normal. Et là, je n’sais pas quelle saloperie il a été foutre dans c’pinard, mais y a comme qui dirait un goût d’merde. Bon, ça vient ces infos ou y faut un coup d’pied dans l’cul pour lui donner d’l’élan ?
Après, trois autres pichets, tous plus dégueulasses que l’premier, un gros lard pousse enfin la porte. J’sais qu’c’est mon homme. Avec une tronche comme la sienne, y a pas d’doute qu’il fait pirate. Et puis, un survivant on dirait. Vu c’qu’il a d’cicatrices, il s’est pris pas mal de coups. Il a certainement dû en rendre beaucoup plus.
« Haha, les enfoirés, qui ici a les couilles de venir s’en mettre plein les poches et baiser toutes les chattes d’ici jusqu’au Nouveau Monde ? »
Enfin, ça parle de blé et de cul. Le mec leur a frit l’cerveau, il a tout compris. De toute façon, y en qui sont v’nus là pour. Les autres, après une ou deux pintes du tord-boyaux local, ils ont signé. Ils se sont réveillés le lendemain avec un mal de crâne et l’cul sur l’rafiot. J’imagine mal les gars déposer une lettre de démission et lui dire que c’était bien sympa la soirée, mais en fait, non.
Tu vois une mer normale ? Eh ben, Reverse c’est pareil, sauf que c’est vertical. Ça te pine les oreilles, ça te trempe comme une sardine et ça t’fait vomir tes tripes. Dans l’ensemble, ça a d’la gueule. Mais bon, l’patron n’est pas du genre à t’laisser déclamer des poèmes au clair de lune. Passé la première soirée, il ne communique plus qu’avec des aboiements.
Moi, j’aime pas trop l’ambiance, tu vois. Mais bon, j’observe et j’attends. Il a parlé de s’faire beaucoup d’mailles. Il sera toujours temps de s’barrer au bon moment avec un pactole. Faire le larbin d’un enculé de c’calibre, ça t’crève.
Traverser Reverse sans pouvoir profiter d’la vue, c’est con. Très. Je m’dis que je n’vais pas pouvoir me la refaire à chaque fois. Par contre, je préfère arriver de l’autre côté sans casser ma pipe. Le capichef a l’air de maîtriser son sujet. Il braille comme un âne. Il fouette les lambins et perce le tympan des autres. Moi, j’fais mon boulot, pas par zèle, mais le principe de la montée me fait craindre la seconde étape.
Et la seconde étape a d’quoi arracher les valseuses aux mecs les plus durs du globe. C’est la chute qui te dit clairement que les gars d’ici, n’ont rien à envier à ceux des mers bleues. Le gros lard se r’met à nous hurler d’ssus comme un taré, juste le moment de nous r’mettre les idées en places. Et puis, de là où je m’trouve, j’sens qu’il vaut mieux aller au turbin avant de clamser sur le pas de la porte. Alors, on continue les manœuvres. Beaucoup d’gars ont l’air de mouiller les couches. L’avantage est que quand tu fais c’qu’on te dit, t’y penses pas à la mort. Du moins, t’y penses moins. Je m’sens anesthésié. Machinalement, j’exécute les consignes et puis c’est marre. ‘Va bien finir par s’poser, c’machin !
Le choc m’envoie m’cogner contre le mât. J’arrive à peine m’tenir debout après. Et je n’suis pas l’seul. Le capitaine, lui, tient bien droit sur ses guiboles. Il a l’air de prendre son pied, ici. Comme s’il venait d’sortir des latrines. Je hais ces connards prétentieux. Sous prétexte qu’ils ont du poil blanc, ils font comme si l’reste du monde était d’la pure daube.
« Fini d’glander, les gars. Au boulot avant que je n’vous ouvre en deux par le bas ! »
Une belle suée, cette montagne. Aucun beau souvenir.
Et pas bien d’repos non plus. Parce qu’une heure à peine après s’être farcis c’bazar, les ennuis commencent. Comme quoi, cet océan porte bien son nom. On s’fait aborder par un équipage, pas des templiers. Ils commencent à nous latter sévère. Moi, j’m’en sors. J’ai un bon coup d’patte et j’dézingue quelques enfoirés. Par contre, je dérouille aussi. Ils n’ont pas bien technique, mais l’escrime, c’est comme pour tout, une grosse patate sur le coin du ciboulot et ça passe tout seul. Et pour être forts, ils sont forts, les salauds. Avec sa compagnie de marins d’eau douce, l’patron s’fait dégommer sans politesses.
Moi, de mon côté, j’ai toujours plus ou moins pris cher, mais là, j’atteins mon record perso. Pour un gus allongé, je compte pas moins de deux blessures. J’ai déjà les bras en compote et le pull en éponge. Le cagnard qu’il fait n’aide pas à garder son sang-froid.
Les autres prennent l’avantage. Ils nous acculent dans un coin du navire. Ça n’sert plus à rien d’lutter, on est déjà foutus. J’aurais tenu, quoi, deux heures au maximum, ici ? Ça en fait un coup au moral, j’te dis. Alors, j’fais un truc complètement con, je m’jette sur les autres avec l’énergie du désespoir. Du coup, je m’retrouve encerclé par une dizaine de corniauds qui m’mirent en souriant. Les sales bêtes. À faire trop l’malin, j’suis baisé. En même temps, qu’est-ce que j’pouvais faire d’autre ? Les laisser me buter sans moufter ? Tiens, le gros lard lit dans mes pensées parce qu’il sort d’une grosse voix :
« Vous n’m’aurez pas vivant ! »
Et là, une explosion qui éclate la moitié du rafiot et nos oreilles avec. Ce vieux taré s’est suicidé en emportant l’maximum de gens avec lui. Les siens et les leurs. Je m’retrouve une deuxième fois sur le mât. La seule différence est qu’il a quitté l’bateau et qu’il se fait emporter par le courant. Bordel de merde, y a encore un de ces enfoirés avec moi. Et il essaye encore de m’étriper. Ça n’lui suffit pas qu’on se r’trouve à dériver dans cet océan. Combattre dans la flotte n’est pas une option, alors, d’un commun accord, on se hisse sur le bout d’bois. Ce qui n’est pas forcément une pure idée.
Pourquoi ? Parce que ça roule sous nos pas et qu’en plus, ça va dans une direction inconnue. Dans l’urgence du moment, on n’en a rien à branler. L’approche de ma mort m’a redonné d’la vigueur. Et à l’autre aussi, on dirait. On danse sur le mât comme deux amoureux. On s’enlace et on se délace. Nos épées se chantent des mélopées, des ballades d’amoureux. Elles glissent sur nos peaux et prélèvent à chaque passage un peu plus de carmin.
Parce qu’il domine, je m’en prends plein la gueule. Comme je suis plus solide, je l’sens s’épuiser. Alors, j’fais durer le combat. J’ai assez d’jus pour lui couper le souffle. Ma volonté de vivre surpasse la sienne et c’est seulement grâce à ça que j’finis par l’embrocher suite à une maladresse de sa part.
D’accord, j’l’ai fumé, mais que faire, maintenant ? Attendre que la mort vienne. C’est con, parce que ça venait bien plus tard dans mes projets, voire pas du tout dans l’idéal.
Pendant des plombes, je tourne l’idée de la mort dans ma tête. Elle me donne presque envie de m’tailler l’gosier et en finir de suite. Ne plus souffrir. J’décide quand même de fouiller l’bonhomme, pour tromper l’ennui. Et puis, cette idée de m’passer au fil du rasoir me bouffe trop. Dans sa poche, je trouve une sorte de boussole. J’en ai déjà vu une chez feu l’patron. Elle pointe droit devant moi. Génial. Y m’reste plus qu’à savoir c’que ça veut dire.
La réponse arrive une demi-heure plus tard. À bouts de force, et après avoir dépensé le reste de mon énergie à maintenir le cap dans le sens de l’aiguille à la seule force de mes bras, j’arrive en vue d’une île. Et là, la chance me sourit ; le courant m’y entraîne. Et j’peux enfin souffler.
Je traîne mon corps perclus et sanglant à la première infirmerie qui m’croise. Là-bas, je m’confie à leurs soins en espérant que la bourse du cadavre sera assez large.
Comme bizutage, c’est peut-être légèrement abusif, non ?
Qui c’est c’péquenaud ? Je l’connais pas. Alors pourquoi il vient m’gonfler d’bon matin. De toute façon, il va bien voir que j’en ai rien à foutre de sa gueule et il va s’tirer.
« - Tu m’écoutes, gamin ?
- On m’touche pas. »
Que j’lui réponds après un bon coup d’boule. Ça lui a coûté deux dents. Bah, s’il est encore vivant, c’est qu’il ne s’en sort pas si mal. Les autres, y m’mirent comme s’ils avaient un truc à ajouter. Quoi, une baston ? J’veux bien. Toujours partant. C’est pas deux bouseux qui m’feront peur. D’une seule main que j’les prends et sans m’fatiguer.
Y s’dégonflent. Ces trouducs osent à peine croiser mes globuleux. C’est pas comme si les couilles poussaient sur les arbres, dis. Par contre, y a comme du pognon à s’faire si j’ai bien tout bité. Y a un mec qui engage pour aller s’taper sur la mer de tous les périls. Pas l’mien en tout cas, c’est clair.
Bon, si personne ne d’mande de baffes ici, j’crois que j’vais m’tirer. Me soustraire à vos gueules de cons. Mais pas pour moi, c’est pour vous. C’est pas comme si j’planifiais d’enrichir les dentistes du coin.
Teuh.
Alors, la maille, faut faire quoi pour ? L’affiche dit qu’il faut s’rendre à la taverne du port pour plus d’infos. Qu’est-ce j’ai d’mieux à foutre ?
Ah ben, putain ! La taverne du port s’appelle pile : « La Taverne Du Port ». Le mec qui la possède ne s’est pas trop torché. D’ailleurs, vu comment l’odeur y est débectante, il n’torche que dalle depuis l’ouverture.
« Tu m’sers du pif, patron. »
Dans c’genre de rades, faut pas mirer c’que tu t’envoies. Cul sec et si ça arrache la gueule, c’est normal. Et là, je n’sais pas quelle saloperie il a été foutre dans c’pinard, mais y a comme qui dirait un goût d’merde. Bon, ça vient ces infos ou y faut un coup d’pied dans l’cul pour lui donner d’l’élan ?
Après, trois autres pichets, tous plus dégueulasses que l’premier, un gros lard pousse enfin la porte. J’sais qu’c’est mon homme. Avec une tronche comme la sienne, y a pas d’doute qu’il fait pirate. Et puis, un survivant on dirait. Vu c’qu’il a d’cicatrices, il s’est pris pas mal de coups. Il a certainement dû en rendre beaucoup plus.
« Haha, les enfoirés, qui ici a les couilles de venir s’en mettre plein les poches et baiser toutes les chattes d’ici jusqu’au Nouveau Monde ? »
Enfin, ça parle de blé et de cul. Le mec leur a frit l’cerveau, il a tout compris. De toute façon, y en qui sont v’nus là pour. Les autres, après une ou deux pintes du tord-boyaux local, ils ont signé. Ils se sont réveillés le lendemain avec un mal de crâne et l’cul sur l’rafiot. J’imagine mal les gars déposer une lettre de démission et lui dire que c’était bien sympa la soirée, mais en fait, non.
Tu vois une mer normale ? Eh ben, Reverse c’est pareil, sauf que c’est vertical. Ça te pine les oreilles, ça te trempe comme une sardine et ça t’fait vomir tes tripes. Dans l’ensemble, ça a d’la gueule. Mais bon, l’patron n’est pas du genre à t’laisser déclamer des poèmes au clair de lune. Passé la première soirée, il ne communique plus qu’avec des aboiements.
Moi, j’aime pas trop l’ambiance, tu vois. Mais bon, j’observe et j’attends. Il a parlé de s’faire beaucoup d’mailles. Il sera toujours temps de s’barrer au bon moment avec un pactole. Faire le larbin d’un enculé de c’calibre, ça t’crève.
Traverser Reverse sans pouvoir profiter d’la vue, c’est con. Très. Je m’dis que je n’vais pas pouvoir me la refaire à chaque fois. Par contre, je préfère arriver de l’autre côté sans casser ma pipe. Le capichef a l’air de maîtriser son sujet. Il braille comme un âne. Il fouette les lambins et perce le tympan des autres. Moi, j’fais mon boulot, pas par zèle, mais le principe de la montée me fait craindre la seconde étape.
Et la seconde étape a d’quoi arracher les valseuses aux mecs les plus durs du globe. C’est la chute qui te dit clairement que les gars d’ici, n’ont rien à envier à ceux des mers bleues. Le gros lard se r’met à nous hurler d’ssus comme un taré, juste le moment de nous r’mettre les idées en places. Et puis, de là où je m’trouve, j’sens qu’il vaut mieux aller au turbin avant de clamser sur le pas de la porte. Alors, on continue les manœuvres. Beaucoup d’gars ont l’air de mouiller les couches. L’avantage est que quand tu fais c’qu’on te dit, t’y penses pas à la mort. Du moins, t’y penses moins. Je m’sens anesthésié. Machinalement, j’exécute les consignes et puis c’est marre. ‘Va bien finir par s’poser, c’machin !
Le choc m’envoie m’cogner contre le mât. J’arrive à peine m’tenir debout après. Et je n’suis pas l’seul. Le capitaine, lui, tient bien droit sur ses guiboles. Il a l’air de prendre son pied, ici. Comme s’il venait d’sortir des latrines. Je hais ces connards prétentieux. Sous prétexte qu’ils ont du poil blanc, ils font comme si l’reste du monde était d’la pure daube.
« Fini d’glander, les gars. Au boulot avant que je n’vous ouvre en deux par le bas ! »
Une belle suée, cette montagne. Aucun beau souvenir.
Et pas bien d’repos non plus. Parce qu’une heure à peine après s’être farcis c’bazar, les ennuis commencent. Comme quoi, cet océan porte bien son nom. On s’fait aborder par un équipage, pas des templiers. Ils commencent à nous latter sévère. Moi, j’m’en sors. J’ai un bon coup d’patte et j’dézingue quelques enfoirés. Par contre, je dérouille aussi. Ils n’ont pas bien technique, mais l’escrime, c’est comme pour tout, une grosse patate sur le coin du ciboulot et ça passe tout seul. Et pour être forts, ils sont forts, les salauds. Avec sa compagnie de marins d’eau douce, l’patron s’fait dégommer sans politesses.
Moi, de mon côté, j’ai toujours plus ou moins pris cher, mais là, j’atteins mon record perso. Pour un gus allongé, je compte pas moins de deux blessures. J’ai déjà les bras en compote et le pull en éponge. Le cagnard qu’il fait n’aide pas à garder son sang-froid.
Les autres prennent l’avantage. Ils nous acculent dans un coin du navire. Ça n’sert plus à rien d’lutter, on est déjà foutus. J’aurais tenu, quoi, deux heures au maximum, ici ? Ça en fait un coup au moral, j’te dis. Alors, j’fais un truc complètement con, je m’jette sur les autres avec l’énergie du désespoir. Du coup, je m’retrouve encerclé par une dizaine de corniauds qui m’mirent en souriant. Les sales bêtes. À faire trop l’malin, j’suis baisé. En même temps, qu’est-ce que j’pouvais faire d’autre ? Les laisser me buter sans moufter ? Tiens, le gros lard lit dans mes pensées parce qu’il sort d’une grosse voix :
« Vous n’m’aurez pas vivant ! »
Et là, une explosion qui éclate la moitié du rafiot et nos oreilles avec. Ce vieux taré s’est suicidé en emportant l’maximum de gens avec lui. Les siens et les leurs. Je m’retrouve une deuxième fois sur le mât. La seule différence est qu’il a quitté l’bateau et qu’il se fait emporter par le courant. Bordel de merde, y a encore un de ces enfoirés avec moi. Et il essaye encore de m’étriper. Ça n’lui suffit pas qu’on se r’trouve à dériver dans cet océan. Combattre dans la flotte n’est pas une option, alors, d’un commun accord, on se hisse sur le bout d’bois. Ce qui n’est pas forcément une pure idée.
Pourquoi ? Parce que ça roule sous nos pas et qu’en plus, ça va dans une direction inconnue. Dans l’urgence du moment, on n’en a rien à branler. L’approche de ma mort m’a redonné d’la vigueur. Et à l’autre aussi, on dirait. On danse sur le mât comme deux amoureux. On s’enlace et on se délace. Nos épées se chantent des mélopées, des ballades d’amoureux. Elles glissent sur nos peaux et prélèvent à chaque passage un peu plus de carmin.
Parce qu’il domine, je m’en prends plein la gueule. Comme je suis plus solide, je l’sens s’épuiser. Alors, j’fais durer le combat. J’ai assez d’jus pour lui couper le souffle. Ma volonté de vivre surpasse la sienne et c’est seulement grâce à ça que j’finis par l’embrocher suite à une maladresse de sa part.
D’accord, j’l’ai fumé, mais que faire, maintenant ? Attendre que la mort vienne. C’est con, parce que ça venait bien plus tard dans mes projets, voire pas du tout dans l’idéal.
Pendant des plombes, je tourne l’idée de la mort dans ma tête. Elle me donne presque envie de m’tailler l’gosier et en finir de suite. Ne plus souffrir. J’décide quand même de fouiller l’bonhomme, pour tromper l’ennui. Et puis, cette idée de m’passer au fil du rasoir me bouffe trop. Dans sa poche, je trouve une sorte de boussole. J’en ai déjà vu une chez feu l’patron. Elle pointe droit devant moi. Génial. Y m’reste plus qu’à savoir c’que ça veut dire.
La réponse arrive une demi-heure plus tard. À bouts de force, et après avoir dépensé le reste de mon énergie à maintenir le cap dans le sens de l’aiguille à la seule force de mes bras, j’arrive en vue d’une île. Et là, la chance me sourit ; le courant m’y entraîne. Et j’peux enfin souffler.
Je traîne mon corps perclus et sanglant à la première infirmerie qui m’croise. Là-bas, je m’confie à leurs soins en espérant que la bourse du cadavre sera assez large.
Comme bizutage, c’est peut-être légèrement abusif, non ?