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Oyé oyé

Un bateau avec les pêcheurs, deux marines, quelques civils et un ange débarque. La raison de cette venue : trouver le médecin qui fait des miracles. Ce n’est qu’une petite pierre dans la pyramide que souhaite bâtir Ivan. Mais chaque étape est nécessaire pour atteindre le sommet. Cette petite pierre était dure à trouver. Il fallut quelque temps avant que les services de renseignements de l’union révolutionnaire la découvrent. Maintenant il ne reste plus qu’à la ramasser, en espérant que ça soit aussi facile à dire qu’à faire.

Les voyageurs sont directement remarqués par la population de l’ile de la veine. Le groupe à la recherche du toubib est composé des deux marines, du capitaine du bateau et de l’handicapé. Sur la grande rue ils avancent et interpellent le premier passant. Un cowboy d’une trentaine d’années. Il ne semble pas commode mais il ne faut jamais se fier aux apparences.

-Salut l’ami. Nous cherchons un médecin qui serait capable de miracle.

L’individu regarde l’handicapée. Avec une main il tient son chapeau, avec l’autre sa ceinture puis il crache par terre.

-Une fois y'avait tellement de vent qu’une poule a pondue cinq fois le même œuf.
Une phrase qui semble dénuée de sens. C’est une réplique assez étrange.

-Que voulez-vous entendre par là?

-Ben tu peux parler autant de fois que tu veux je te répondrais toujours la même chose.

Il est vraiment parti loin. Qui aurait pu comprendre un tel charabia.

-Les gens ne t’en voudrons pas si tu mens, du moins tant que t’es sincère.

Encore une phrase qui pose problème à nos voyageurs. Ivan ouvre la bouche pour répondre mais le cowboy lui coupe la parole.

-Ça veut dire que même si tu veux te prendre pour je ne sais pas qui en te fessant pousser sur ta chaise, les gens diront rien tant que tu seras quoi leur répondre. Allé adieux.

Il part en crachant de nouveau par terre. Les mains dans les poches avec une démarche de jeune voyou. C’est une rencontre assez étrange… Il faut espérer que la prochaine personne serra plus coopérative. Le deuxième individu intercepté et un jeune garçon d’une quinzaine d’années. La discussion fut brève. Il répondit qu’il ne parle pas aux inconnus et continua sa route. La meilleure chose à faire c’est de se rendre au saloon. C’est le genre d’endroit où les informations circulent.

Le lieu est rempli. On y trouve des hommes soûlent en pleine journée, des joueurs de cartes, de fléchettes, un pianiste qui met l’ambiance et des hommes qui sont là juste pour passer le temps avec leurs amis. Une personne au comptoir avec un grand vers de bière dans la main se permet de faire une remarque.

-A mais qui voilà. Notre seigneurie qui se promène sur sa machine. Vous n'êtes pas trop fatigué ça va?
D'un ton ironique.

Les autres se mettent à rire comme une bande d'abrutis. Provocation gratuite qui ne semble pas anodine. Il sort son arme et vise les jambes de l'ange.

-Si tu veux pas te lever on va te faire danser ! Aller danse. Il tire une balle juste à coté du pied.

-Frapper un homme qui a perdu l'usage de ces jambes te semble amusant. Un silence apparaît. Le train de ta bêtise roule sur les rails de mon indifférence. Quelqu'un aurait l'amabilité de me dire ou se trouve le médecin qui a la faculté de faire des miracles.

Le cowboy est victime de moquerie suite à cette réplique. Un certain mal à l'aise se dégage de lui. Il braille, se retourne et se met à boire. Le barman répond à la question en lui indiquant qu'il doit être chez lui et que sa demeure c'est deux maison à droite en sortant d'ici.
L'handicapée remercie chaleureusement l'informateur et part.
Une fois arrivé, il frappe à la porte.
    Un seul instant d'attente et la réponse se fait entendre.

    Y'a personne !

    Un instant de silence. Le temps pour que l'individu prenne conscience qu'il ne convaincra pas grand monde avec ce qu'il vient de dire.

    J'suis occupé ! Foutez-moi la paix ! J'veux voir personne !


    Bruit d'une chose lourd tombant au sol. Bruit de vaisselle aussi. Un juron assez vulgaire se fait entendre. On insiste ? Il insiste. Il sait que vous n’êtes pas parti. Une nouvelle injure se fait entendre. Il tambourine la porte du poing. Brutal.

    Dégagez de chez moi ! Ou j'vous chasse à coup de bistouri, c'est compris ?

    Il serait plutôt prudent de s'éloigner. Un peu plus loin, un homme rigole. D'allure ordinaire, il mâchouille une brindille d'herbe tout en tenant une fourche sur son épaule. La barbe grisonnante et le visage dur, il s'approche.

    Vous n’arriverez pas à le calmer. Il s'est ridiculisé tout à l'heure en pronostiquant une maladie grave au garçon des Isaku alors qu'il avait qu'une angine. C'était bien drôle.

    Nouvelle injure chez le médecin. Il a peut-être entendu qu'on parlait sur son dos. Nouveau sourire chez l'homme.

    'Feriez mieux de le voir plus tard. Qu'est-ce que vous lui voulez, au docteur Kidjo ?
      Une question se pose. C’est vraiment le médecin de talent ? Se tromper à ce point sur une maladie. Il est préférable de ne pas perdre de temps et de vite savoir si c’est ce médecin qu’il faut ou non. Un marine se permet d’intervenir.

      -C’est surement pas notre toubib. Il n’y a pas un autre dans les parages?

      N’oublions pas qu’il ne faut jamais juger une personne sur si peu d’informations. Pour l’ange la situation est claire. Il n’a pas assez de pièce en main pour savoir à quelle personne il a affaire.

      -J’ai ouï dire qu’il serait capable de miracle. Nous avons un lieutenant à sauver. Il a une maladie inconnue. Aucun médecin n’a trouvé de remède. Il nous faut son talent. Cela pourrait aider toute une île.

      Les hommes reculent de quelques mètres tandis qu’Ivan reste devant la porte. Malgré un interlocuteur agité et potentiellement dangereux, l’handicapé garde son calme impérial qui lui permet de raisonner correctement.

      -Vous vous nommez Kidjo si j’ai bien compris. *Il faut poser une question simple pour savoir si c’est vraiment notre homme ou non.* Êtes-vous réellement capable de miracle ? Enfin de soigner des personnes qu’on dirait que leur sort est scellé.
      *Avec mon pouvoir, peu importe sa réponse je serais si c’est notre homme ou non.*


      Cela fait quelque temps que Matheson est malade. Combien de temps tiendra-t-il ? Aucune idée. Nous pouvons dire que le temps leur est compté.
        L'homme mâchouille un instant sa brindille avant de se fendre d'un sourire paternaliste.

        Ah, ça, Kidjo. Il en fait des belles. Beaucoup de miracles. Mais dans les deux sens. Des fois, on se demande comment il a pu faire une bêtise pareil. Des autres fois, il réussit à faire là ou les autres ont échoués. Ces interventions, c'est toujours des miracles.


        Visiblement, le groupe d'individu semble ne pas vouloir décrocher de l'envie de parler au médecin. L'homme salue brièvement les gens avant de s'en aller. C'est qu'il y en a qui travaille dur au lieu de s'amuser à aller chercher des médecins pour on ne sait qui. Chez Kidjo. Ça gueule encore. On l'entend toujours bien dans le coin. Qu'il s'appelle Kidjo ? Évidemment que c'est lui. C'est pas le diable, quoi qu’en dise sa voisine. Et ça, c'est sans même évoquer les racontars des jeunes du coin. Il a fait son trou, le Kidjo. En bien et en mal. Et quand c'est en mal, c'est plus pour rire. Au final, le Kidjo, c'est un bon gars. Pas de mort sur la conscience. Juste une fierté un peu trop entachée par ses erreurs grossières. Du coup, quand on évoque ces miracles, le Kidjo se sent tout fier. Il est plus causant. C'est le meilleur moyen d'oublier qu'on vient de faire une bêtise. Ainsi, le loquet de la porte est retiré. La porte s'ouvre. Une tête apparaît. Une barbe de trois jours, quelques mèches de cheveux grisâtres sur un crane en majorité dégarni et des yeux profondément enfoncés dans leurs orbites ; Kidjo ne paraît pas de première jeunesse. Il semble plutôt usé et fatigué. Il regarde devant lui. Il regarde Ivan. Son sourire s'estompe un instant.

        Ah. Euh. Les miracles, je sais faire, mais pour vous, c'pas un miracle qu'il faut, c'est … c'est … je sais pas, mais c'est pas moi.


        Limite, il pourrait claquer la porte, mais non, il en reviendrait alors à se morfondre dans sa médiocrité passagère. Non. Autant ouvrir grand la porte. Il invite les gens à entrer. Chez Kidjo, c'est assez bordélique. Kidjo ne s'est jamais marié et n'a jamais su ranger. Ça aide pas. Ça aussi, il est pas fier. Alors, Kidjo se dépêche de détourner l'attention. Il raconte des anecdotes sur ses exploits. Sur ses miracles. Il parle de talent. Évidemment. Il aurait fait ça au pif, il serait moins populaire. Il fait le fier. Pour l'instant, tout va bien pour lui.
          Malgré sa persistance à dire qu’il n’aidera pas nos hommes, Ivan a remarqué quelques choses. Au départ il était catégorique. Il ne voulait voir personne. Maintenant il ouvre la porte et invite les étrangers à entrer. Quel élément la fait changer d’avis ? Le fait qu’il y a une personne à soigner ou le terme miracle qui semble bien l’affecter. Il faut noter qu’un léger sourire était perceptible avant qu’il ne réponde. Il y avait au moins une chose de sûr c’est que c’est bien la personne qu’Ivan recherche. Il a changé vite d’avis au niveau des visites, peut-être qu’il changera vite d’avis au niveau de la demande.

          -Vous êtes la seule personne à pouvoir le soigner. Nous avons fait des recherches et vous êtes probablement le plus apte à soigner cette personne. *Je devrais le titiller un peu avec le terme miracle. Il semble sensible à ce terme.* Puis si vous soignez cet officier de la marine, de nombreuses personnes vous reconnaitrons comme étant un grand médecin capable de miracle!

          Le groupe dévisage l’homme avec un certain dégout. Une odeur vient interrompre les pensées de l’ange. C’est plutôt désagréable et cela vient de la maison. La porte grande ouverte donne une vision du chaos. Dans tout ce bazar la présence d’une bestiole morte est à envisager. Il doit probablement vivre seul d’où son manque d’hygiène et se laisser aller.

          -Que diriez-vous d’en discuter dans un bon coin, comme au saloon ?

          Le marine réjouis tout le groupe avec cette proposition. L’idée de se trouver dans la demeure pendant quelques instants semble les irriter. Mais l’ange lève le bras droit comme pour dire d’arrêter ce genre de discourt. Il est possible que ces termes vexent l’individu. Lui qui venait d’ouvrir grandement la porte comme pour les inviter.

          Une fois tout le monde à l’intérieur l’homme commence à bavarder et ne semble pas s’arrêter comme s’il voulait détourner l’attention.

          -Oui comme vous le dite si bien, tout cela n’est pas dû au hasard. *Il semble bien fier, je vais reposer ma question en espérant l’avoir cette fois-ci*. Pour le moment seul les habitants de cette ile semblent avoir la chance de connaître un médecin de votre trempe. Il serait égoïste de ne pas en faire profiter le monde vous ne pensez pas ? Vous avez un don que beaucoup rêveraient d’avoir. Oui vous êtes exceptionnel. Alors pourriez-vous venir en aide à un pauvre marine qui travaille dur pour rendre le monde meilleur ?
            Rah. Quel dommage que les visiteurs de Kidjo manquent autant de tact. Il avait peut-être l'air d'être emporté dans ses anecdotes, il n'avait toutefois pas échappé à l'évocation de la marine chez l'handicapé. À ces mots, le regard de Kidjo s'était brièvement figé. Un moment, il a été tenté de les mettre dehors sans ménagement, mais il avait mis ça sur une erreur. Peut-être que ce n'était pas ce qu'il croyait. Finalement, après quelques anecdotes, Ivan revint à la charge et il confirma les soupçons du médecin. On voulait de lui pour soigner un marine. L'instinct du médecin s'éveilla. Ça sentait mauvais. Il n'aimait pas ça. Son sourire se figea dans une grimace et son regard devint accusateur. L'heure n'était plus à la nostalgie.

            Soigner un marine ?
            Depuis quand les civils viennent réclamer un médecin pour aller soigner un marine ?


            Son regard inquisiteur passa sur chaque visage de la délégation.

            Plus je vous regarde, plus vous me paraissez suspect. Vous cachez quelque chose et j'aime pas ça. Vous essayez aussi de me brosser dans le bon sens du poil. Ne faites pas l'innocent. J'suis pas né de la dernière pluie.
            Je ne bougerais pas d'un pouce tant que l'on ne m'aura pas dit qui je suis censé soigner.


            L'un des membres de la délégation parla. L'information fut lâchée. Le lieutenant-colonel Matheson. L'indicateur eut la mauvaise idée de préciser l'ile : Las Camp. À ces mots, Kidjo devint blanc comme un linge. Las Camp. Tout le monde connait cet endroit dans le secteur. Cette ile corrompue par le vice et le crime. Une ville qui n'est pas faite pour les honnêtes gens. Une ville où on ne vit pas, on y survit à peine. Kidjo regarda à nouveau Ivan. Puis sa fureur éclata.

            Vous vous foutez de moi ?! Jamais je n’irais à Las Camp ! Il y a pas meilleur endroit pour crever dans l'indifférence la plus totale ! Rien à foutre de ce marine et de vos histoires. Dégagez ! Je veux plus vous voir ! Sortez de chez moi ! Et aller trouver un autre timbré pour oser vouloir se fourrer dans une ville pareil.

            Kidjo savait se faire obéir. Qu'importe les protestations, il mit tout le monde dehors, sans exception. Et qu'importe les suppliques, il ne donna plus aucun signe de vie au travers de sa porte qui resta fermement verrouillée de l'intérieur.
              Dans la demeure les légères grimaces des compagnons ont certainement été un déclencheur de la réaction. C’est donc sur l’ile de la veine qu’Ivan manque de veine… Pour éviter cela il n’y avait aucune solution. Si l’handicapée serait allée seule à ça rencontre, les autres auraient trouvé cela suspect et une certaine atmosphère aurait vu le jour. En les prenant avec lui, il augmente la confiance qu’ils ont en lui mais risque de subir leur maladresse et c’est ce qui s’est passé.

              Les tentatives pour reprendre contact sont futiles. Kidjo ne donne plus de signe de vie. S’obstiner ne servira probablement à rien. L’ange l’a bien compris et propose un repli calmement malgré une certaine colère face à leurs comportements irréfléchis.

              *C’est quoi ces individus ? Il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. Si ça continue comme cela, mon projet risque de tomber à l’eau. J’ai pas perdu des journées entières à préparer ça pour risquer une défaite à cause des données aléatoires ! Il faut trouver quelque chose… Le seul moyen c’est de s’informer sur sa personne. En espérant qu’il a un péché mignon.*


              Le groupe repart donc pour le saloon.

              A nouveau dans cet endroit rempli, Ivan s’approche du barman. Il espère qu’il peut encore le renseigner.

              -Re bonjour. J’aimerais savoir si vous avez des informations sur les habitudes de Kidjo, s’il a un péché mignon.

              Le barman nettoye un verre et regarde l’handicapé. Il sert un verre à un homme juste à côté et finit par répondre.

              -Dit donc petit. Tu vas prendre quelque chose ou je vais te demander d’aller cuver ton vin ailleurs.

              Il ne faut pas oublier qu’on a affaire à des cow-boys. Il est préférable qu’il consomme s’il veut espérer recevoir une quelconque information. C’est donc ce que l’ange fait en invitant les autres à se joindre à lui.
              L’homme qui vient d’être servi n’est autre que la première personne que le groupe avait croisée sur l’ile. Vous vous rappelez de ce type avec des phrases incompréhensibles ? Ben il est là et prêt à en rajouter.

              -Geuuu. C’est d’la bonne. Rempli donc le verre que je me délecte le gosier de cette douce fleur. Il s’essuie la bouche et tape son vers sur le comptoir. Son nez vire au rouge. Il semble avoir consommé pas mal et n’a plus vraiment toute sa tête. Ah mais le vent est entré, c’est une véritable tempête ouép. J’aime pas trop les gens qui posent des questions hein! Surtout quand c’est des étrangers. Alors je vous laisse deux options, soie vous répondez à toute mes questions, ouu.. soie vous répondez à mes questions. C’est un marché honnête vous trouvez pas ? Bon allez c’est partie ! Voicii une énigme monstrueuse. Le pauvre bouge le haut de son corps et ces bras comme un ivrogne. Il risque de tomber à tout moment. Alors.. Euh. A oué j’me souviens ! A non je sais plus. Sayé , sayé plus. Bon vous avez de la chance que le printemps passe par l’hexagone tout en créant un circuit bilatéral grâce ou vent sud, sud Est. Il tombe

              -HA HA HA ! Toujours aussi drôle ce type. N’écoutez pas ce qu’il raconte. Plus il est saoul plus il raconte n’importe quoi. Le pire c’est qu’il trouve des explications de ce qu’il raconte comme si ce qu’il dit est logique. Bon, vu que vous consommez j’peu bien vous dire une info contre 1 000B.

              La réponse ne se fait pas attendre. Ivan met la main dans son costume et sort l’argent.

              -Bien bien. Alors pour Kidjo c’est simple, il suffit de lui lancer un pari. Aller balance la monnaie.

              L’ange sait que c’est la vérité. Il lui jette donc l’argent mais le marine saisit l’argent en plein vol.

              -Vous croyez peut être que sa marche comme ça ? Qui nous dit que vous dites la vérité ? J’ai connu pas mal de bandits dans ma carrière et je ne risque pas de me faire berner si facilement.

              -*La donnée aléatoire fait encore des siennes. Jamais je ne lui dévoilerais mon pouvoir pour me justifier. Il suffit simplement de trouver un argument.* Il travaille ici, il ne risque pas de nous échapper en cas de mensonge.

              Le marine trouve ça logique et donne l’argent au barman. Le groupe sort et prépare un plan pour avoir Kidjo. Un pêcheur fait la seul remarque qui plu à l'ange.

              -Eh ! Tu devrais t’occuper de ça, t’es la personne qui raisonne le mieux parmi nous.

              -*Enfin une remarque intelligente… Enfin à moitié. Pour un pari il faut connaître les aptitudes de chacun pour augmenter les chances de victoire* Je m’occupe de cela.

              Le groupe se dirige vers la maison du médecin. Pendant le trajet l’ange réfléchi à un pari. Une fois devant la demeure l’un donne quelques coups sur la porte et Ivan prend la parole.

              -Kidjo ! Je parie que je suis meilleur au tir que vous ! Oui moi le pauvre handicapé parie qu’il tire mieux qu’un médecin cowboy !

              Les autres sont surpris. Même si l’homme est médecin, il y a une forte probabilité qu’il sache se servir d’un flingue.

              -Si je gagne le pari vous viendrez soigner le marine sans aucune objection, et vous suivrez toutes mes instructions durant tout le voyage.
                Pas de bruit. Pas de réponses. Quelques instants de silence. Puis un bruit. Tout le monde tend l'oreille. C'est faible, mais tous reconnaissent le son caractéristique d'un rire. Oui, Kidjo rit aux éclats. Bruit du loquet qui est retiré. Le médecin ouvre la porte et dévoile un visage hilare. Les larmes lui coulent littéralement sur le visage. Il se tient contre le montant de la porte un instant, tentant de parler à Ivan, mais sans succès. Enfin, il prend quelques secondes pour se calmer avant de répondre, le sourire aux lèvres.

                Un concours … de tir ? Ahah. J'ai jamais tiré un seul coup de pistolet de toute ma vie. Ahah ! J'suis médecin, pas chasseur ! J'ai pas l'habitude de tuer des gens. Moi, je soigne ! Ahahah. Un concours de tir. Quelle idée saugrenu !

                Bref rire. Puis, Kidjo redevient sérieux.

                J'vous avais pas dit de dégager ? Vous ne comprenez pas ? Dégager. D.E.G.A.G.E.R ! Jamais j'irais à Las Camp. C'est pas un type qu'il faut sauver sur cette ile, c'est l'ile entière. Sauf que je pronostiquerais bien l'amputation. Ça serait le plus efficace.


                La main se lève comme pour fermer la porte à la volée, mais quelque chose retient son geste. Un homme court dans sa direction. Il a tout l'air d'être un paysan du coin, parti de son champ précipitamment. En nage, il s'arrête près du médecin qui le reconnaît. Il s'approche et l'aide à s'assoir. L'homme reprend son souffle difficilement. Kidjo le presse pas, mais on sent l'urgence sur son visage.

                Kof, kof... Kidjo ! … C'est la vieille Octav' ! Son état a empiré ! Faut que tu viennes tout de suite !

                J'arrive tout de suite.

                Kidjo rentre chez lui et ressort un instant plus tard, son manteau sur les épaules et sa trousse de soins dans les mains. Il s'arrête un instant à côté d'Ivan. Son visage grave ne saurait tolérer le moindre mot de la part du handicapé, ou des autres.

                J'ai du travail. Ne me dérangez pas !

                Et le médecin s'en alla, seul. Le pauvre messager avait bien du mal à se remettre de sa course. Ce n'était pas si loin, la maison d'Octavia, mais il était plus tout jeune non plus. Alertez par les cris, des gens du coin prennent l'homme en charge et l'amènent se reposer à l'auberge. Quelqu'un n'oublie pas d'inviter les étrangers. Il n'est pas bon de rester dehors. Et Kodjo peut passer du temps avant de revenir.

                La journée défile. Le soir arrive. Dans l'auberge, c'est l'attente. Que faire ? Le temps devient long. Doit-on prendre une chambre à l'auberge ? Doit-on partir ? Ça discute. Finalement, Kidjo finit par passer la porte. Il semble extrêmement fatigué. Son premier geste et de s'approcher des habitants qui se pressent autour de lui. Son visage est grave, mais confiant.

                Elle va mieux. Vous inquiétez pas. C'est sa maladie qui a remis une couche. Mais plus on attend, plus ça empire.


                Tout le monde hoche la tête ; ils sont tous au courant de la situation de la pauvre Octavia. Une maladie très handicapante qui est aussi très couteuse à soigner. Kidjo a beau faire des miracles, il n'a pas les outils pour. Son regard vagabonde et finit par se fixer sur Ivan. Une lueur étrange passe dans ses yeux. La détermination semble le gagner. Il se lève et s'approche du handicapé. Le plus sérieusement du monde, il demande :

                Et si je gagne le pari, qu'est-ce je gagne ?

                Bref instant de silence.

                Un million de berrys. Pas plus. Pas moins. C'est à prendre où à laisser.

                Chuchotement parmi les gens présents. C'est une sacrée somme, un million de Berrys.
                  La somme d’un million semble faire débat dans la salle. Quel est le pari ? Pourquoi une telle somme ? Les compagnons de l’ange lui chuchotent qu’ils n’ont pas prévu d’argent pour le voyage. Enfin la réalité c’est plutôt qu’ils ne veulent pas dépenser un sou. Le marine qui a la langue bien pendue se met en face du toubib.

                  -Un million de berrys pour une consultation ? Puis quoi encore ? C’est le salaire de trois mois de travail ! Tu crois vraiment qu’on va te donner une telle somme ? Laisse-moi rire.


                  Cette intervention semble mettre tout le monde d’accord. Les habitants trouvent aussi qu’une telle somme pour une consultation s’est exagérée. L’ange n’a toujours pas dit un mot. En réalité il réfléchit à une réponse qui devrait lui faire une bonne réputation sur l’ile. Un silence apparaît. Kidjo attend la réponse d’Ivan comme s’il sait que c’est lui le patron.

                  -Habitant ! Vous vous demandez quel est donc le pari ?

                  Evidement c’est une question rhétorique. Cela permet d’attirer toute l’attention.

                  -J’ai parié que je suis meilleur au tir que Kidjo. Si je gagne le concours de tir il viendra avec moi pour soigner un homme bon. Un homme qui lutte pour mettre de l’ordre dans une île qui vit de tristesse. Je ne suis qu’un civil parmi tant d’autres, mais j’ai fait le choix de la justice. J’ai choisi d’aider les nécessiteux et de rendre ce monde meilleur. J’accepte donc cette condition ! Même si je perds, l’argent servira à votre médecin. Je vais même plus loin ! Si je gagne, que le docteur Kidjo vienne soigner notre homme. Je lui donnerai quatre cent mil berrys. Avec cette somme il devrait pouvoir remettre de l’ordre dans sa vie et être un meilleur médecin pour vous.

                  Les habitants sont sous le charme du démagogue. Un simple civil qui cherche à faire autant de bien sans rien attendre en retour ne se trouve pas à tous les coins de rues. Ce qui est sûr c’est qu’il fera ce qu’il a dit car son fruit du démon l’empêche de mentir.

                  -Nous nous affronterons donc demain. Reposez-vous. Je n’ai pas envie d’une victoire facile à cause de votre manque de fraîcheur physique.

                  En réalité une victoire facile ne l’aurait pas dérangé au départ. Mais maintenant il est en train de se forger une réputation. Donc c’est vrai qu’il veut une belle victoire dans les règles de l’art. L’ange joue bien avec les mots, il sait quand utiliser quel terme. Il réfléchit avant chaque réponse pour ne pas dire une vérité qui risque de lui couper les ailes. Sans mauvais jeux de mots.



                  Le lendemain après une bonne nuit de sommeil le concours se prépare. De nombreux habitants sont ici et attendent de voir ce que ça va donner. Trois cibles rondes avec une numérotation de point dessus comme pour les fléchettes. La première cible est à une cinquantaine de mètres. C’est la plus facile. La deuxième est en mouvement grâce à une poulie. Elle bouge de haut en bas à une vitesse à peu près constante. Sa distance est la même que la première. La troisième est la plus dur. A une distance de soixante mètres, elle se déplace de gauche à droite avec une planche au centre. Cela ne crée donc que deux moments où le dix est touchable. Lorsqu’il est tout à droite ou lorsqu’il est tout à gauche.


                  Il y a trois tirs chacun par cible. Le hasard a voulu qu’Ivan commence. Pour la deuxième cible se sera Kidjo qui commencera et pour la troisième sa sera de nouveau Ivan. Les balles sont remplacées par des billes de couleurs bleues pour Kidjo et rouges pour l’ange.

                  La première cible à cinquante mètres n’est rien d’autre qu’une formalité.

                  *PAN*

                  L’arbitre annonce quatre !

                  *Quoi ? Comment ça quatre ? C’est impossible. J’ai parfaitement visé.*

                  L’ange décide d’aller voir le lieu d’impact et voie bien que sa bille à frapper dans la zone quatre à la limite du trois. Pendant qu’il retourne à sa place pour tirer il réfléchit. Il retire les billes pour voir si tout va bien, puis les remet. Il s’apprête à tirer. Tend son bras, vise. Retire son bras, enlève les billes. Le public commence à s’impatienter. Que lui arrive-t-il ? Pourquoi il s’arrête ? Il a finalement peur de perdre ? Non c’est tout autre. Il vient de remarquer que les billes sont plus légères que des balles. De ce fait avec le vent d’aujourd’hui, la trajectoire est modifiée. Il n’en dit rien pour ne pas avantager son homologue, après tout il a trouvé ça tout seul. Il tend la main la décale légèrement à droite.

                  *PAN*

                  L’arbitre annonce neuf !

                  *C’est déjà mieux, mais avec ce vent qui va et vient, il est difficile d’avoir une belle trajectoire calculée.*

                  Il tend son bras, tir quand un coup de vent fait son apparition. C’est le genre de coup de vent capable de retirer un chapeau.

                  *PAN*

                  L’arbitre annonce zéro !

                  La cible n’est pas touchée. Le public se met à rire. Pour eux, rater un tel tire c’est hilarant. Ils ne connaissent pas la difficulté amenée par ces billes. Ils peuvent donc se fendre la poire.

                  Le total pour l’instant est de treize. C’est assez lamentable comme score. L’handicapée ne semble pas réagir. Il attend de voir comment va se débrouiller le médecin. Ces compagnons sont déçus et se voient déjà partir bredouilles.

                  C’est au tour de Kidjo.
                    Une fois que le groupe du handicapé était parti de l'endroit, Kidjo fut assailli de questions. Lui qui était si serviable et si déterminer à soigner le plus de gens, pourquoi voulait-il faire un concours de tir plutôt que d'aller soigner directement cet homme bon. Ivan n'avait pas tout dit. Il ne faisait que mettre en lumière ce qui le mettait en valeur en oubliant délibérément les détails qui avaient leur importance. Las Camp. À la mention de ce nom, les habitants frémirent. L'ile est connue de tous pour être un havre de guerre. Une terre de danger et de mort. Beaucoup avaient voulu que Kidjo accompagne le groupe d'individus, mais beaucoup furent ceux à être moins catégorique après cette révélation. Les gens aimaient leur médecin malgré ces déboires occasionnels et peu étaient ceux à vouloir approuver le fait d'aller sur une ile si dangereuse juste pour un homme. Surtout que le marine à soigner était au centre d'une guerre d'influence d'après certaines rumeurs. Non. Y aller n'était pas une bonne idée.

                    Mais Kidjo avait fait un choix. Dans tous les cas, il pouvait gagner une belle somme d'argent. Peut-être que ça allait être suffisant pour la soigner. Il l'espérait. Pour l'heure, il lui fallait gagner, car il ne voulait absolument pas aller à Las Camp. La peur. C'est ça qui l'en empêche. On ne va pas à Las Camp pour faire du tourisme. On y va si on y est obligé. Ce pouvait être le cas de Kidjo. Il passa la soirée en compagnie de quelques amis. Ils lui donnèrent des conseils. L'aubergiste lui fournit un pistolet afin de s’entraîner. Il y passa toute la nuit. Qu'importe le sommeil, qu'importe la fatigue ; il devait réussir. Au petit matin, il n'était pas prêt, il n'était pas frais, mais il devait y aller.

                    Nombreux sont ceux à vouloir voir le concours. Les cibles mises en place sont d'une incroyable difficulté. Kidjo déglutit à sa vue. Les supporters de Kidjo sont inquiets. Même parmi les meilleurs tireurs du groupe, certains ne se sentiraient pas capables de réussir à faire un bon score. Les tireurs d'élite de l'ile ne sont pas de ce côté-là de l'ile, mais ils sont venus en force. Ce n'est pas tous les jours que l'on peut voir un étranger dans un tel concours. La performance d'Ivan laisse un goût mitigé. Il y a des sifflements et des applaudissements. Puis vient Kidjo. Un murmure traverse la foule. Kidjo ? Kidjo le médecin participe au concours ? Ce n'était pas prévu. Les rares aux courants pensaient que c'était une blague. Kidjo ? Un tireur ? Ils pensaient tous qu'ils devaient l'être autant que tout le monde peut être médecin. Non, ils n'y croient pas. Mais il lève son arme et il vise.

                    Trois coups.

                    Et un silence de mort s'abat comme une chape de plomb. L'arbitre n'ose pas le dire, mais c'est son devoir.

                    Zéro.
                    Au total.

                    On ne peut pas tout le temps attendre de miracle d'un homme qui a utilisé pour la première fois un pistolet la veille seulement. Et c'est encore à son tour. De nouveau trois balles. Par le plus grand des hasards, il arrive à faire un deux sur la première cible. Pour les deux autres, les billes partent bien loin.

                    Tout le monde est atterré. Les regards se fixent sur Ivan. Est-ce donc lui qui a forcé Kidjo à participer à un concours qu'il ne pouvait gagner ? La rumeur enfle. Les visages se font durs. Non. Les gens ne sont pas assez tolérants pour laisser leur médecin partir vers une ile dangereuse à cause d'un simulacre de concours. Kidjo se retire, laissant la place à Ivan, la mine sombre. Pour lui, son destin est tracé.
                      L’ambiance devient favorable au médecin. La victoire semble toute tracée pour Ivan. Les habitants commencent à propager des rumeurs. Des rumeurs plutôt désagréables pour l’ange. La réputation qu’il cherche à bâtir risque de prendre un coup. Hier les Hommes l’admiraient. Aujourd’hui, la plupart commencent à retourner leur veste. Il faut agir vite. Laisser les choses se dérouler n’est pas envisageable.

                      L’ange se place. Attends le moment où le vent est inerte. Au moment venu il décoche trois tirs rapidement. Les balles partent trop haut. Mais elle redescende. Une chose invraisemblable vient de se passer. Les balles, plutôt les billes ont subi un effet. La trajectoire n’est pas due au vent.

                      Shoot Effect …

                      L’arbitre voie bien le résultat. Suite au résultat de Kidjo dire un tel score risque de casser encore plus l’ambiance. Mais il faut bien le faire. Oui un trente est annoncé. Les spectateurs sont surpris d’une telle précision. Les professionnels du tir sont bouche bée face à de telles tires. Mettre de l’effet c’est du jamais vue. Malgré l’ambiance qui semble se dégrader à l’encontre d’Ivan, sa prestation force le respect. Les spectateurs applaudissent.

                      Mathématiquement le concours est fini. Même si Kidjo fait un sans-faute au dernier et que l’ange fait zéro. La victoire est à l’handicapé. Les gens commencent à réaliser. Le calcul n’est pas compliqué. Certaines personnes regardent Ivan d’un air dépité. Un silence fait son apparition.

                      -*Pourquoi les Hommes ont une telle réaction. Il est vrai que Kidjo n’était pas à la hauteur mais comme même. Des regarde de mépris. Je dois changer leur regard.* Quels sont ces regards ? Du mépris ? De la haine ? De la rancœur ? Un sentiment d’injustice ? Je n’ai jamais forcé Kidjo à participer à ce défi. Ai-je fait quelque chose de mal ? Dites le moi ! Je suis venue parce que l’on m’a dit qu’un médecin d’ici peu faire des miracles. Il a mis ces conditions, j’ai mis les miennes. De plus je lui ai promis une certaine somme même s’il perdait ce pari. D’après ce que je voie, il n’a accepté que pour empocher l’argent et soigner Dame Octav. Vous l’aimez ce cher Docteur. Il prend soin de vous. Je vous promets que je prendrais soin de lui autant qu’il a pris soin de vous. Que puis-je faire d’autre ? Ai-je fait quelque chose de mal ? Alors que dites-vous ? Que dites-vous ?

                      Certains semblent convaincus par ces paroles. Après tout comment pouvait-il savoir que Kidjo ne sait pas se servir d’une arme. Une ambiance apparaît. Les avis se diffèrent. Des arguments plus fous les uns que les autres apparaissent des deux côtés. Un homme décide de prendre la parole pour mettre tout le monde d’accord.

                      -On vous fera confiance que lorsque tu ramèneras Kidjo en parfaite santé et en un seul morceau de las camp. Sinon tu peux être sûr que tu seras l’ennemi public numéro un de cette île !

                      -*Las camp. Je n’ai jamais mentionné ça… Voilà donc la raison de tout cela.* Vous mettez des conditions comme bon vous semble. J’ai déjà fait plus que ce que je devais envers votre Kidjo. Si vous voulez rajouter de telles conditions alors j’accepte si je peux poser moi aussi des conditions. Faîtes circuler l’information que l’ange du jugement est ici et qu’il répand la paix. Il juge, je juge. C’est pourquoi je vais à las camp. Pour jugeaient les criminels et faire de cette île un havre de paix.


                      Ivan retire son tissu pour laisser paraître ces ailes. Cela crée de nouveau dialogue. C’est probablement la première fois que ces individus voient un être avec des ailes. Les croyants voient ça comme un signe de dieu. D’autres pensent que ce n’est qu’un charlatan. Beaucoup d’autre théorie sont misent en place. Mais la plupart ne semblent pas ressentir de la haine envers cet individu. Il a l’air gentil, serviable. Ils sont plus inquiets sur le sort de leur médecin.

                      Ivan attend désormais la réaction du docteur en espérant qu’il se montre digne et qu’il ne va pas l’enfoncer en divulguant un mensonge ou autre pour s’en sortir.

                        Kidjo n'avait même pas regardé le tir de son adversaire. Quelle utilité ? Il se savait vaincu et ils n'aimaient pas suffisamment le tir pour apprécier le geste de talent. La mine défaite, il ressemblait plus à ces hommes condamnés à mort alors qu'ils viennent tout juste d'être amenés à l’échafaud. Ces hommes qui n'ont plus aucun espoir d'échapper à un destin qu'ils n'ont pas voulu. Un destin qui leur a forcé la main. Accepter un pareil défi était un suicide, mais c'était ça ou une mort certaine pour l'une de ses patientes. Oui, il allait peut-être pouvoir la sauver. Mais pas se sauver lui-même. Soigner un marine au milieu d'une ville de criminels ? Ce n'était pas une mission pour quelqu'un comme lui. Ce n'était pas une mission. C'était un aller simple.

                        C'est ce qu'il se disait.

                        Sauver des vies et sa mission. Sauver le plus de vie. Il regarda les compagnons de l'ange. Ces hommes allaient probablement mourir à cause de la volonté de cet homme. Combien d'individus allaient périr pour une chance de guérison d'un seul ? Kidjo n'aimait vraiment pas cet individu. Il sentait au travers de ces mots une volonté inébranlable, prêt à tout sacrifier pour atteindre son objectif. Manipulateur des foules, il était dangereux.

                        Par quelques tirades, il venait de gagner à sa cause une partie de l'assistance. Mais il en dit trop. Il révéla une partie du plan qu'il souhaitait accomplir. Kidjo en fut terrifié. C'était bien trop gros. Bien trop dangereux. Pas pour lui, mais pour beaucoup d'autres gens.

                        Il s'approcha donc. Les regards convergèrent vers le médecin qui fixait alors l'ange révélé. Manipulateur. Jouer d'artifices pour se faire bien voir. Le sentiment de dégout prit de l'ampleur.

                        Tu as menti, ange.

                        Ou plutôt, tu as omis des détails.

                        Tu manques d'honneur.

                        Le calme se fait. Presque pur. Et les autres mots de Kidjo le brisent avec une brutalité sans égal.

                        Si je perdais, je devais venir avec toi pour soigner un marine, à Las Camp. Oui. Mais tu n'as pas dit ce que tu comptais faire après. Tu veux établir un havre de paix à Las Camp ? Laisse-moi rire. C'est une ville de vice. Une ile pourrie. Jamais tu ne pourras faire ça. Et même si tu y arrives, combien d'hommes et de femmes seront morts pour ça ?! Je suis médecin ! Je sauve des vies ! Et je ne compte pas en sauver une pour précipiter des milliers d'âmes dans la souffrance ! Et je pense aussi aux conséquences ! Quand les corrupteurs de Las Camp auront eu vent de ma participation à ton « projet ». Ils viendront ici pour me trouver et me tuer. Et surtout, tuer beaucoup d'autres de mes concitoyens.

                        Ce n'est pas juste soigner quelqu'un. C'est beaucoup plus gros. N'est-ce pas ? Convaincs-moi. Et je déciderais. Je n'aurais aucun honneur si j'acceptais de conduire des milliers d'innocents à la mort pour les conséquences de mes actes.


                        Et il se tut. Son regard perçant resta fixé sur Ivan. La population continua de ne rien dire. Ils avaient tous assimilé les propos de Kidjo et plus aucun individu n'osait parler. Seul Ivan pouvait briser ce silence. Après cela, Kidjo était le seul juge de ce qui allait se passer. Tout le monde était accroché à sa future décision. Une décision lourde de conséquences.
                          L’ange note une certaine capacité de raisonnement chez son homologue. Kidjo arrive à renversait la situation avec pour simple élément « havre de paix ». C’est un combat qui se livre. Non un combat ordinaire, à l’arme comme on a l’habitude de voir, mais un combat intellectuel. Après tout l’adversaire est un médecin. Pour avoir ce titre il faut des connaissances précises et avoir une capacité à réagir correctement. A force de pronostiquer des maladies, il connait les mots qui touchent. Cela en fait un adversaire redoutable surtout qu’il joue à domicile. Tous les regards convergent vers l’ange qui décide de briser le silence.

                          -Je ne mens jamais pour commencer… Ensuite vous voulez me critiquer ? Mais qui êtes-vous pour faire cela ? Je veux donner du bonheur à une île. En quoi cela est un problème ? Les habitants qui vivent au milieu de criminel n’ont pas décidé cela. Ils sont simplement nés au mauvais endroit, au mauvais moment. La mort est une triste réalité. Il faut savoir vivre avec. Si je suis votre raisonnement je devrais rester les bras croisés. Rentré chez moi et vivre la belle vie en laissant des hommes souffrir. Mais n’oublions pas qu’aujourd’hui des gens meurent. Les Hommes continueront de mourir sur cette île tant que la paix ne reviendra pas. Mais il n’y a malheureusement que deux options l’ami. Soie nous laissons les choses tel quel. Le nombre de morts élevés perdurera jusqu’à la fin du monde. Soie nous agissons et sauvons les innocents. Lorsque nous agirons. Les gangs, les bandits ne seront pas d’accord et livreront bataille. Mais une fois qu’ils rendront les armes la paix naîtra. Nous aurons serte de nombreux mort dans la période de transition mais cela est inférieur au nombre de mort qui risque d’y avoir si nous laissons les choses tel quel. De plus je ferais en sorte d’éviter les morts inutiles.

                          Si vous ne voulez pas que votre identité soi divulguée en tant que héros, cela sera le cas. Sachez que les seuls au courant seront les hommes qui vous accompagneront. Si par malheur une information filtrée, vous pouvez être sûr que de nombreuses forces viendron vous sortir de là en un temps records… Mais la probabilité qu’un problème vous arrive reste faible.

                          *Pff moi ne pas avoir d’honneur ? C’est ce peureux qui pense pouvoir me faire la leçon. Bla bla bla je veux la paix, je ne veux pas de mort la vie et belle. C’est bien l’égoïste de qualité supérieure qui pense à son bien et tente de se racheter en racontant je ne sais quoi pour donner un sens à sa vie. Enfin ne jugeons pas cet homme. Après tout je ne connais pas ça vie. Le mieux c’est de le laisser choisir. Il faut que j’arrête de m’emporter, cela fausse mon jugement*


                          Un léger silence apparaît pendant que l’ange réfléchit. Le peuple regarde silencieusement. Il attend la réponse du médecin qui annoncera probablement le dénouement final. Mais avant cela l’ange reprend en s’adressant à tout le monde.

                          Nous qui avons tout, on est pour la paix. Mais c’est ce genre de personne qu’on doit bouger car ce sont les premiers violents, les provocateurs de toute violence, c’est vous et quand le soir dans vos belles maisons, vous allez embrasser votre famille avec votre bonne conscience. Au regarde de Dieu, vous avez probablement plus de sang sur vos mains d’inconscients que n’en aura jamais le désespéré qui a pris les armes pour essayer de sortir de son désespoir.

                          L’ange lance un dernier regard vers le toubib et lance ces dernières paroles.

                          La balle est dans votre camp. Faîte ce que vous voulez. Puis évitez de dire que je n’ai pas d’honneur. Vous ne connaissez strictement rien de moi. Je serais au port. Le départ aura lieu demain au premier rayon de soleil.

                          Ivan se tourne et part en direction du port. Les hommes qui l’accompagnent le regardent faire. Puis après quelques secondes ils se mettent en route. La place est calme. La réaction du médecin est toujours attendue.

                            L'ange s'en alla avec sa suite, laissant Kidjo seul avec ses principes. Aux alentours, la foule se dispersa elle aussi. Pa respect avec le médecin, les gens lui laissèrent l'espace et le temps pour réfléchir. Tous avaient bien compris les enjeux et les dangers d'une telle décision. Dans les familles, les pour et les contre échangeaient des arguments. Assurément, cette histoire allait faire parler d'elle pendant plusieurs jours. Après, elle allait finir par tomber aux oubliettes. Sauf s'il arrivait quelque chose à Kidjo. Sur cette question, personne ne voulait s'avancer pour ne pas attirer le mauvais œil sur un médecin à part, mais qui a su prouver sa valeur par le passé.

                            Pour ce dernier, l'heure était à la réflexion. Il aimait le dire de temps en temps, la marche est le meilleur moyen pour réfléchir. Ses pas le conduisent à l'écart de son chez lui. Autant combiner la réflexion à l'utile ; il allait voir sa patiente. Octav'. Elle se portait bien et après quelques examens, Kidjo retrouva un peu de paix sur son visage tourmenté. Il s'éclipsa un moment lorsque son fils vint lui compter les détails du duel. Toutefois, il ne put reculer quand la vieille dame lui ordonna de revenir auprès d'elle. C'est qu'elle était autoritaire. Une longue discussion s'en suivit. De tous les habitants de l'ile, c'est elle qui devait le plus connaître son parcours. Elle était comme une deuxième mère. Au milieu de la conversation, elle eut une phrase qui perturbera grandement Kidjo.

                            Même s'il ne t'a pas avec toi, il le fera. Et sans toi, ça ne peut que mal finir …

                            C'était vrai. Mais Kidjo avait peur. Et c'est rapidement qu'il mit fin à la discussion avant de s'en retourner chez lui, toujours aussi indécis.

                            La nuit s'écoula. Puis vint le jour. Ivan et ses suivants étaient près du bateau et ils attendirent. Les minutes s'écoulèrent. Une heure passa bientôt et Kidjo n'était toujours pas là. On finit par se demander s'il allait venir. Le bateau s'apprêtait à partir de toute façon. Un à un, ceux qui accompagnaient Ivan abandonnèrent tous espoirs. Et c'est sur le départ qu'un homme s'approcha. Il courrait à en perdre haleine. L'équipage l'attendit et l'homme parvint à leur hauteur. Tout le monde le vit : ce n'était pas Kidjo. Toutefois, il avait un message. Et ce message était clair.

                            Il viendra.