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Une question de pragmatisme...

Hinu Town, cette île où il fait chaud tout le temps. Cette île... Cette île qui recèle tant de souvenirs douloureux. Dix ans déjà se sont écoulés depuis que le professeur Leidenfrost y a été assassiné. Un an que le scientifique y est revenu, plein d'amertume, toujours sans réponse à ses questions, mais avec la ferme intention de s'engager activement dans la révolution, de faire ses preuves. Un an passé à ressasser ces souvenirs d'un autre temps, seul dans cette ville où tout semble tourner au mieux, qui ne semble pas se rendre compte de ce qu'il se passe dans ses bas-fonds... Et dans ses hautes strates. Cette ville le rend malade, notre bon révolutionnaire.

Il ne s'y est pas fait d'amis, que des connaissances. Il ne s'y est pas bâti un foyer, juste des endroits où dormir. Il n'y a pas pris de vacances, juste du temps pour laborieusement se former à aider la révolution. Avec ce ninja qui l'attaquait tous les soirs jusqu'il y a peu, exerçant ses réflexes, le blessant parfois, améliorant sa résistance, sans jamais le tuer. Certains révolutionnaires ont des méthodes peu commodes pour entraîner les recrues.

Et puis, il y avait eu cette mission... Complètement inadaptée! Il était un scientifique. Pas un ingénieur. Et qu'est-ce qu'on lui demandait? De prendre des plans incomplets, volés à des scientifiques gouvernementaux, et les compléter, les améliorer, optimiser l'efficacité des machines. Non, mais sérieusement. Ce mec, c'est un gars qui a passé plein de temps à regarder des gouttes sur des poêles à frire et à s'extasier de leur temps d'évaporation long... C'est un mec qui pourrait passer son temps à dessiner les motifs créés par une mousse qui se propage entre deux plaques parallèles... Vous croyez sérieusement qu'il a une quelconque passion à mater un plan avec des bidules partout et à essayer de faire que le rendement du machin soit le meilleur possible? Non. Moi non plus. Lui non plus. On est tous d'accord. Mais pour l'heure, pas l'choix faut y aller, comme disait l'autre.

Et après une semaine à plancher là-dessus, finalement, la solution la meilleure semblait de continuer à réfléchir. Autrement. Changer d'air, oui, c'était pas con comme idée. Un petit passage là-bas, dans la cité portuaire. Prendre l'air de la mer, sortir de l'air vicié de cette cité folle. C'était un peu le secret de tous les artistes en mal d'inspiration, finalement. Sortir des conditions expérimentales foireuses. Et comme tout autre artiste, le scientifique connaissait aussi cette méthode.

La ville portuaire, ceci dit, autant il y avait les mouettes, les embruns, l'odeur d'iode, autant pour le reste, c'était un peu pareil que la capitale. Beaucoup de marines, des gouvernementaux, une administration omniprésente, un ordre excessif, et une certaine pauvreté qui ne choquait personne. Certainement pas les jeunes marines qui viennent ici pour être formés. Enfin bref, c'était une ville.

Et comme je le disais au départ, il y faisait chaud. Très chaud. Il y fait toujours très chaud, d'ailleurs. Et un mec habillé en noir est forcément sensible à cette chaleur. Mais bon, avoir la classe a son prix. Alors il ne se baladait pas trop pendant l'après-midi, ou le moins possible. Il avait quelque peu ses habitudes dans le coin, bien que ce ne soit pas là qu'il résidait la plupart du temps. Mais il connaissait bien cette taverne, légèrement à l'écart du port et de son activité incessante et bruyante. La salle principale ressemblait plus à un préau qu'à une salle. Un toit, soutenu par des piliers ; une large surface, fermée sur un côté, celui qui donnait vers les terres. Un joli panorama. Un décoration simple, d'un goût exotique, avec des arcades sculptées et percées de formes géométriques. Oui, beaucoup de formes géométriques partout. Sur les tapis colorés aussi. Et de la pierre blanche qui permettait à la salle sans lumières de rester assez claire. La nuit venue, des torches et des bougies éclairait l'ensemble.

Ici, pas de piliers de comptoir, et généralement pas de bagarres de pilier de comptoir. C'est l'avantage quand il n'y a pas de comptoir à proprement parler. L'endroit restait calme, trop à l'écart de l'animation, trop sobre, trop traditionnel pour attirer les jeunes fêtards. C'était surtout de vieux habitués, ou des touristes voulant se reposer qui passaient par là. Des gens qui buvaient des liqueurs douces, parfois du vin plus corsé, mais souvent du thé. Des thés épicés qui laissait se répandre une agréable odeur légèrement piquante. Parmi ces gens, Kyoshi Okabe se trouvait là, assis sur un coussin, adossé à un pilier. Sa main encore valide tenait crayon qu'il mordillait régulièrement, l'air songeur, avant de recommencer à gribouiller des formules dans son cahier de notes après avoir jeté un dernier coups d'œil à ces fameux plans.

Un homme en habit traditionnel vint lui apporter un thé. Le petit plateau, la fleur d'oranger, la théière avec des airs de lampe à génie comme on en décrit dans les comptes pour enfants. Le geste de l'homme fut précis lorsqu'il servit le thé dans le verre décoré subtilement. Sa main monta, puis redescendit. Le liquide s'éparpilla en gouttelettes, le jet se dispersa, mais rien ne fut renversé. Il paraît que ça aère le breuvage de faire ça. Bien possible. Quelques gouttes de fleur d'oranger, puis les deux hommes s'échangèrent un signe de tête, et le serveur repartit. Là bas, on faisait confiance au client. Ils payaient toujours.

Le chapeauté toucha le verre. Trop chaud. Alors il plaça sa main au-dessus du verre et regarda la paysage sur lequel la lumière de l'après-midi déclinait doucement. C'est étrange, cette sensation : quand il fait chaud, réchauffer une partie de son corps seulement fait du bien au reste. Un sentiment de plénitude. Oublier les soucis de cette ville, de ce pays, de ce monde. Oublier la révolution un instant, et oublier son problème actuel, les plans devant lui.

Mais il fait chaud...

On y échappe pas.


Dernière édition par Kyoshi Okabe le Dim 30 Déc 2012 - 21:15, édité 2 fois
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« Sa tête va bientôt exploser. »

Je levai les yeux de ma tasse les posant sur le garçon que Willy me désignait de la tête. Un jeune homme, les cheveux longs, vêtus de noir. Etrangement banal, soulignai-je en me détournant rapidement de lui, prêtant plus attention à ce qui se tramait dans mon thé qu’autour de moi. Nous étions là depuis près de deux heures, à tenter de trouver une solution à un problème mécanique survenu tantôt dans la journée, mais rien ne nous venait en tête, ni à lui, ni à moi.

A propos, Willy était un homme grand, mais très fin, presque rachitique, avec les traits marqués par l’âge, les joues creusés par les sourires qu’il arborait sans-cesse. Il ne se laissait jamais démonter, et préférait rire de tout plutôt que pleurer pour rien. Certes, notre coquille de tantôt nous empêchait de progresser, mais cela n’empêchait pas Willy de rire de son vis-à-vis, tentant, par la même occasion, de me sortir de ma torpeur et m’empêcher de trop me briser la tête sur notre problème. Je savais qu’il avait raison de prendre du recul et de revenir plus tard sur ce qui nous gênait, mais je n’étais pas du genre à savoir m’armer de patience. En trois mois passé sur Hinu Town à ses côtés, j’apprenais à calmer mes ardeurs, à être plus méthodique, moins pressée, plus réfléchie. Son enseignement n’était, certes, pas des meilleurs, mais paradoxalement, j’apprenais beaucoup sur moi-même. Par contre, je devais admettre que Willy n'était qu'une petite fripouille, qui s’attirait trop facilement des ennuis avec des clients mécontents, à cause des prix qu’il affichait dans son magasin sur des produits de mauvaise qualité.
Pour résumer, le bonhomme était un arnaqueur de bas étage, que je retrouvais bien souvent avec quelques dents en moins sur le trottoir avant d’aller travailler, mais que j'appréciai quand même.

Nous avions pris l'habitude de fréquenter ce salon, depuis trois mois, pour prendre le temps de faire une pause : C'était les méthodes de Willy. Et Bee semblait les apprécier plus que moi : le canard était allongé sur un coussin, les palmes en l’air en train de chercher de quoi respirer. La chaleur d’Hinu Town ne l’aidait pas à rester vaillant, surtout à cause de ses plumes.

« J’te jure, la fumée commence à s’échapper de ses oreilles,… Dans pas longtemps, il va faire ‘boom’… »

Willy laissa échapper un rire goguenard, trop bruyant pour l’endroit où nous nous trouvions. Il s’esclaffa un temps en imaginant la scène, puis, reporta son thé, toujours trop chaud, à ses lèvres déjà brulées. Il pesta le temps d’après contre lui-même, puis contre le reste du monde pour sa propre bêtise, puis recentra son attention sur l’homme qui nous faisait face et qui n’avait pas l’air d’avancer dans son problème. Mes yeux s’aventurèrent vers sa table, ou étaient posés des dizaines et des dizaines de papiers en tout genre, ressemblant à des schémas et des plans d’ingénieurs. Ressemblant, songeai-je pour moi, car de ma position, je ne pouvais pas y voir clairement.

« Hinhinhin, le pauvre garçon. Ça fait bien quelques heures qu’il traine ici, et il a pas l’air d’avancer un poil. »

Portant mon thé à mes lèvres, soufflant dessus, j’haussai les épaules comme toute réponse, buvant une gorgée. Puis, reposant ma tasse, je relevai mes cheveux en un chignon pour soulager ma nuque : la chaleur était étouffante, surtout pour la saison. Rien d’extraordinaire pourtant, j’avais connu Las Camp, et quelques autres endroits du même genre qui se valaient, rien pour me rendre particulièrement dingue. Lorsqu’on parcourrait le monde, il fallait faire abstraction du temps : je n’étais pas là pour le tourisme, j’étais là pour le travail. Et cet investissement valait la peine de suer trois gouttes de temps à autres, ou de se cailler les miches sur un caillou glacé.

« Il me ferait presque d’la peine, pas toi ?
- Mh. »

Willy s’était un peu calmé. Rien de bien transcendant, l’Homme commençait probablement à se fatiguer de son petit spectacle du soir. Il me fit un sourire et tapa sur la table brusquement :

« Bon, c’pas tout ça, mais on a du taff demain ! A plus, Gamine ! »

Il se leva et posa ce qu’on devait sur la table. Bruyant, il manqua de trébucher sur une table, mais se rattrapa en s’excusant platement, jetant tout de même un regard en biais avec un sourire amusé, en direction de ce jeune homme qui buchait toujours sur ses plans. Moi, je grinçai des dents : l’entendre m’appeler « Gamine », comme Yumen l’avait fait par le passé, me mettait toujours en colère. Mais je savais qu’il le faisait justement pour me titiller un peu. Et aussi, travailler ma patience.
Lorsque Willy sortit de notre champ de vision à tous, je pris la peine d’être plus attentive à ce que faisait ce garçon. Un peu fatiguée par la journée, je constatai quand même que ce que disait mon mentor du moment était presque vrai. Il avait l’air songeur, frustré, comme s’il voulait être partout ailleurs qu’ici, et comme si son travail lui prenait la tête.

L’heure tardive amena les autres clients à quitter l’endroit. Finalement, la soirée bien avancée et entamée, il ne resta que quelques couche-tard et habitués, qui prenaient le temps de se relaxer avant de rentrer chez eux. L’air se faisait déjà plus frais, et je constatai que le jeune homme était toujours parmi nous. Je me relevai doucement, disant à Bee de ne pas bouger. Le canard se recoucha, retombant mollement sur son coussin rembourré, alors que mes pas me menèrent jusqu’à l’Homme et ses plans. Posant la main sur sa table et me mettant à son niveau, je regardai distraitement ce qu’il faisait :

« Qu’est-ce que c’est ? »

Marquant une pause, je m’emparai d’une feuille et la parcouru des yeux :

« Je peux peut-être t’aider ? »
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* Mmmh... Si j'ajoute un terme visqueux dans l'équation de... Mmmh, qui me par... *

Est-ce cela que l'on appelle le coup de foudre? Certes, il en avait eu souvent au cours de sa vie, des coups de foudre. Certes... Mais cette demoiselle, ce petit brin de femme dégageait quelque chose. Peut-être sa chevelure étincelante nouée en un élégant chignon. Peut-être son apparente fragilité. Peut-être le souffle de jeunesse qui émanait d'elle. Peut-être même ce qui s'apparentait à un intérêt pour des plans d'ingénieurs... Bon, ok, ce n'étaient pas de belles équations décrivant des systèmes simples et artistiques, tel un ménisque sur un paroi. Mais au diable les préjugés de physicien. Être intéressée par ces plans, c'était déjà montrer de l'esprit.

Mais que fallait-il faire? Répondre, oui. Quoi? Accepter de l'aide et risquer de passer pour un incompétent si effectivement elle était capable de l'aider? Et c'était clair qu'elle devait en être capable. Une charmante demoiselle est toujours compétente lorsqu'il s'agit d'aider résoudre un problème. En tout cas, c'est ce qu'il avait déduit sur Ohara... Et elle n'était pas moitié aussi jolies, là-bas. Alors, que fallait-il faire? Refuser l'aide et risquer de la voir simplement s'en aller? Voire pire... Se vexer? C'était assurément hors de propos. Accepter et refuser étaient deux options qui formaient à elles seules l'ensemble des options. Il devait choisir et à choisir... Autant accepter. Mais comment?

Il se rendit compte après quelque chose comme une minute qu'il n'avait toujours pas répondu et que la regarder la bouche entr'ouverte manquait cruellement de classe.

« J... Je... Je m'appelle Kyoshi... Kyoshi Okabe. »

Le gros nigaud. Elle n'avait pas demandé à savoir comment il s'appelait. Et qui se présentait dans pareille situation en donnant son nom complet? Personne. Elle regardait toujours les plans, en attente d'une réponse.

« Euh... Ce... Ce sont des plans... »

Et il se souvint qu'ils étaient supposés être secrets, ces plans. Forcément, il faut toujours que ce soit secret, des plans de révolutionnaires. Et puis, il n'avait pas eu énormément d'information. Une machine à vapeur, qui produisait du travail en plusieurs points à partir d'énergie injectée en plusieurs endroits. Un moteur thermodynamique classique. Oui, ça pouvait lui suffire, ça, pour le moment. Et idéalement, lui dire autre chose que "ce sont des plans", ça pouvait être utile... Avant qu'elle ne crut qu'il la prenait pour une bille... Alors, il lui expliqua cela. Ça devait lui faire une belle jambe si elle s'y connaissait. Un coup d'œil furtif, instinctif, imposé par un subconscient trop entreprenant informa Kyoshi qu'en tout cas, les cuisses de la demoiselle étaient joliment fines, pour autant qu'il pouvait en juger à travers son pantalon. Et à cette pensée, une bouffée de sang lui monta à la tête. Il recommençait à faire chaud. Une odeur de transpiration? Il pesta intérieurement sur son métabolisme.

Tiens, n'avait-elle pas posé une autre question? Qui il était? Ce qu'il faisait dans la vie? Quel était son âge? Quels étaient ses hobbys? Non... Non, non, non! C'était autre chose. Ah oui! De l'aide... Et il devait accepter.

« Une semaine que je suis là-dessus, mais ce n'est pas ma spécialité. »

Il soupira. Partiellement à l'idée de ce projet, partiellement à l'idée d'avoir fait passé subtilement l'idée qu'il était spécialiste de quelque chose. Peut-être n'allait-il pas passer pour le premier des demeurés. Peut-être. Pas sûr vu sa tendance à bégayer, son visage trop rouge... Ah oui, il fallait accepter son aide, aussi. Il était temps.

« Mais je vo... Je te... Je t'en prie, tu peux t'asseoir. »

Se faisant, il voulu dégager un espace à portée des plans. Pas trop près de lui aussi, un homme stressé, ça dégage un petit peu. Malheureusement, un homme stressé, ça gaffe aussi. Pour sa défense, ça ne faisait toujours pas si longtemps qu'il avait perdu sa main gauche... Un an à peine... Bon, ok, largement assez pour s'y habituer, mais sous le coup du stress, on en oublie parfois des choses qui sont pourtant devenues naturelles. Les lames vinrent cogner la tasse. La tasse valsa. Le liquide fut éjecté. Tout sembla se passer au ralenti. Jusqu'au splash caractéristique. Il se dit l'espace d'un bref instant que ce serait intéressant d'étudier la manière dont se renversent les tasses. Peut-être pourrait-il gagner un prix avec une telle recherche...

Le répis fut bref, et le thé se déversa en plein sur les plans.

« Oooh nooooon.... »

Pour ne pas avoir l'air d'un idiot, il devrait repasser. Il essuya comme il pouvait, délicatement, en chérissant le gars qui avait fait ces plans à l'encre et non au crayon, et en séparant les diverses feuilles trempées. Finalement, la demoiselle avait enfin la possibilité de s'asseoir. Ouf.

« Comment t'appelles-tu ? Tu t'y connais là-dedans ? »

Là-dedans... Dit comme cela, ça faisait presque dédaigneux. Pas trop, espérait-il, en essayant de se décider à la regarder plutôt elle, ou plutôt les plans.

Peut-être n'allait-il pas passer pour le premier des demeurés...

Peut-être que si.


Dernière édition par Kyoshi Okabe le Sam 5 Jan 2013 - 13:09, édité 1 fois
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« D’où tu tiens ces plans ? »

Feuilletant les dits plans avec un intérêt tout particulier, mes yeux s’arrêtaient à gauche, à droite, saisis par ce qu’ils sondaient. Des mécanismes complexes pour le premier venu, mais pas forcément pour moi qui avait assez d’expérience pour les comprendre. Mes doigts passaient d’une feuille à une autre, curieux d’en savoir plus, sans pour autant me montrer pressente et avide. J’en oubliai le jeune homme à mes côtés, qui tentait de me parler. Ses mots s’écrasaient contre mon indifférence, et je ne remarquai ni ses yeux baladeurs, ni ses joues rougies, encore moins sa gêne. Rien n’aurait pu me sortir de ma torpeur, ni faire s’évader mon intérêt soudain pour ce qu’il y avait entre mes mains, surtout pas taire ma curiosité, affamée de savoir…

Rien, sauf, peut-être, un bruit métallique sortant de l’ordinaire, qui n’avait rien à faire dans un salon de thé. Son qui teinta à mes oreilles comme une clochette bougeant au gré du vent.

Rien, sauf, peut-être… Une tasse de thé renversée.

Cueillie par l’eau chaude sur mes doigts alors que je tentai de prendre un autre des plans dans mes mains, mon attention se braqua soudainement sur la table, ou Kyoshi tentait vaguement d’éponger sa bêtise avec les manches de sa veste et ce qu’il avait à porter. Mes yeux devinrent ronds, aussi ronds que deux billes. Comment pouvait-on traiter des merveilles ainsi ?! Qui avait fourni ces petits trésors a un empoté comme ce type ?! Qu’il se dénonce ! Et que je lui fasse la peau ! Mes joues prirent une teinte rouge, aussi rouge qu’une tomate ayant passée trop de temps au soleil, surpassant la couleur de mes cheveux déjà flamboyant. J’allai exploser. Peut-être. Bientôt. Très bientôt.

« IDIOT ! »

La sentence tomba, comme une guillotine sur la tête de ce pauvre Kyoshi, en même temps que le tranchant de ma main sur le sommet de son crâne. L’on entendit un « toc » sonore, puis je me mis à rassembler tous les plans avec un soin tout particulier. Empilant les feuilles, prenant le temps de faire tomber les quelques gouttes sur le sol que le papier n’avait pas bu, formant un tas plus ou moins parfait, j’attrapai l’ensemble pour les lover dans mes bras comme une mère attrape son enfant :

« Bon, m’étonne pas que tu te paume au milieu de tout ça. Suis-moi. »

Je tournai les talons, mais m’arrêtai soudainement pour me retourner vers lui, deux fusils à la place des yeux :

« Sauf si c’est pour faire des âneries. »

Je ne l’entendis pas pester, se lever, tenter de m’empêcher, broncher, ni quoique ce soit. J’avais déjà pris la direction de ma petite chambre. Bee, lui, me vit partir et se leva de son coussin, doublant le jeune homme en l’estimant un temps du regard. Poussant un soupir et un petit « kwak… » dédaigneux, il se mit à mon niveau pour me suivre, pensant certainement qu’il était temps de rentrer à la maison pour se mettre au lit. Dans ma tête, il n’en était pas seulement question : j’avais enfin réussi à me sortir ma journée pourrie des pensées, et maintenant que j’avais une nouvelle notice pour monter un jouet géant, je n’avais pas l’intention de lâcher l’affaire.

Sans regarder si celui à qui j’avais pris les plans me suivait, j’arrivai rapidement à mon chez-moi, poussant la porte d’un grand coup de pied, pénétrant à la suite du canard qui prenait la peine d’allumer les lumières et pousser les portes pour me permettre d’entrer. Je me posais sur mon bureau et sortis grande feuille, compas, crayon et règles, et me mis rapidement au travail sous ma petite lampe. L’idée était d’éclaircir les schémas un maximum pour aider le loustic à comprendre le fonctionnement du moteur, et l’essentiel de ce qu’il avait à savoir, en plus de rassembler un maximum de plan en un seul, pour éviter de s’éparpiller inutilement.
Sans jeter un coup d’œil derrière moi non plus, parce que confiante et de bonne humeur, sans savoir ce que j’avais entre les mains, ni l’intérêt que d’autres pouvaient y porter, sans connaitre la provenance de ces schémas et de ce qu’ils soulevaient, naïve comme pas deux, et déjà dans la gueule du loup.
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Idiot... Oui. Voilà ce qu'il était. C'était tombé. Boarf, il s'y attendait. Mais un espoir fou lui avait fait espérer que peut-être elle penserait différemment. Mais non. Tant pis... Non! Pas tant pis. Il fallait se reprendre. Donner le meilleur de soi-même. Qu'importe le désavantage au départ. Si les désavantages n'étaient pas fait pour laisser la place à des retournements de situation, on les appellerait 'signes indéniables de la défaite cuisante que tu te manges dans la gueule'. Ou un truc du style. Et la révolution ne serait plus depuis longtemps. Et tout espoir serait vain. Mais ce n'était pas le cas.

Alors il fallait suivre la petite demoiselle... Et... Mmmmh. Son canard? C'était pas le genre de la maison de mettre de l'alcool ou des drogues dans le verre des clients, du coup, ça devait être bien réel. Etrange. Kyoshi laissa de quoi payer sa note à sa place et se grouilla de rattraper celle dont il ne connaissait toujours pas le nom. En tout cas, elle avait une certaine assurance, à donner des ordres à un inconnu plus vieux qu'elle, à lui intimer des ordres.

Il ne marchèrent pas très longtemps. Le rivage était calme, peu d'activité ce soir-là dans la ville. Seulement les effluves de poisson à ne plus s'avoir où mettre son nez pour y échapper... Et cette odeur de feu de bois, de pain et de tomate. Le chapeauté regarda avec un air amusé la petite embarcation où il était écrit en grand 'Pizza'. Deux jours que ces gens étaient arrivés, et visiblement ils attiraient du monde. Ce serait bien d'inviter la demoiselle à manger un bout, plus tard. Oui, ce serait vraiment bien. Et il y pensait toujours alors qu'il la regardait travailler sur les plans, sur son bureau... Chez elle... Oh nom d'un p'tit gamma, oui... Il était vraiment chez elle, en fait. En tout cas, là où elle créchait. Le hasard fit tomber à ce moment les yeux sur sa jolie frimousse. Et le sang lui monta à la tête à nouveau. Bouffée de chaleur, toussa. C'était la première fois qu'une fille l'invitait chez elle. Elle avait beau penser qu'il était idiot, elle l'invitait. Les filles... Ces étranges créatures.

Puis, un peu par hasard aussi, il regarda le canard. Les éclairs et l'air furax de la bestiole, qui semblait prête à fusiller quiconque commettrait un faux pas, cela suffit à le refroidir fortement. Il valait mieux reporter son attention sur les plans et ce qu'elle réalisait.

Et plus il la regardait avancer, plus il se disait qu'elle avait ça dans le sang, l'ingénierie. C'était pas juste une fille qui s'y connaissait "là-dedans". C'était assurément son job, sa passion. Bon... Bah fallait faire genre que ça le passionnait aussi, hein, du coup. Pas la froisser à dénigrer le montage d'engrenage et le serrage de boulon. Mettre ses hautes considérations un peu sur le côté. Au fur et à mesure qu'elle lui expliquait des étapes de son raisonnement, il faisait de plus en plus semblant de s'intéresser à grands renforts de « Oh ouiiii ! » ou de « Ah tiens, c'est marrant ça ! ». Les gens passionnés trouvent toujours leur passion "marrante". Kyoshi l'avait remarqué quand personne n'avait trouvé marrant l'effet Leidenfrost quand il en avait fait part à des biologistes et des chimistes, à l'époque. Et il avait lu récemment que ça avait été prouvé par un psychologue d'East Blue. Une intéressante étude, assurément. C'était un autre psychologue qui avait parlé de cette étude au physicien, en évoquant une étude marrante... 'fin bref.

Au moins, il voyait où elle voulait en venir, et il comprenait ce qu'elle faisait. Ça paraissait simple, et presque élégant, sous cet angle. L'énergie avait l'air de bien pouvoir être transformée en travail aux points G1 à G19. La structure n'avait pas trop changé, faudrait voir si ça ne poserait pas de problème pour l'intégrer sur la deuxième partie de l'ouvrage. La grande pompe... Quelle couillonade quand même que lui, physicien fondamental, doive travailler là-dessus.

La demoiselle avait l'air satisfaite. Enfin. Ça faisait un bail maintenant qu'ils étaient rentrés. Dehors, au travers de la fenêtre, la lune était déjà haute. Le canard semblait dormir paisiblement, mais nul doute qu'il se réveillerait au moindre doute. Kyoshi eut même l'impression de le voir ouvrir très légèrement l'œil.

« - T'es super fortiche, en fait! J'sais pas comment je pourrais te remercier... J'doute pas que tes explications me seront très utiles pour terminer les plans. 'fin, j'crois... Un truc méga-compliqué avec une gigantesque pompe. »

Pas certain qu'il ait été très convaincant dans sa voix, très assuré de ce qu'il disait. Probable que non. Mais bon, il avait utilisé le mot fortiche... Les filles, elles aiment les mots transformés avec des sonorités aiguës... Il le sait, il l'avait lu dans un livre.

« - Eh! J'ai une idée! Là, il est sans doute trop tard. Mais... De... Demain, j-j't'of-j't'offr... J't'invite au resto. Y-y'a un sup-super resto it-itinér-rant au p-port. Et si ça te d-dit, tu pou-tu pourras jeter un œil sur les autres p-plans au-aussi. T'a-avais des jo-jolies étoi-toiles dans l-les yeux quand t-tu tra-trava-travaillais. »

Bordel de p'tit théorème boiteux... Il passait à l'attaque, et v'là qu'il commençait à bégayer... De quoi il avait l'air, maintenant? D'un idiot?

« - Au fait, tu t'appelles comment? »
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Il ne comprenait pas. Ou alors, il s’en fichait. En même temps, ce n’était pas le plus étonnant. L’inverse, par contre, m’aurait sans doute beaucoup plus surprise. Mais il faisait comme si, pour ne pas me froisser. Il tentait d’être aimable, riait de mes remarques qui n’étaient objectivement pas drôles. Ça ne m’aurait pas mis en colère, je comprenais que ce n’était pas son milieu d’expertise, et que de toute évidence, on lui fournissait un travail qui était en dehors de son champ de compétence. Si ça pouvait l’aider un peu, et éventuellement, me distraire et me sortir de mon ennui, ça ne me dérangeait pas.
Ou s’il comprenait, sûrement que ça ne l’intéressait pas autant que moi. Ma passion n’était pas celle de tous, mon engouement pouvait sembler étrange lorsqu’on voyait sur quoi je me penchai. Il fallait de tout pour faire un monde, même une touche de moi. M’armant d’un sourire bienveillant, l’écoutant, je m’amusais de son bégaiement et de cette timidité craquante, du peu d’assurance qu’il arrivait à prendre pour s’adresser à moi. Son audace serait payante, sa compagnie m’était agréable. Mais lorsqu’il aborda par un détour habile le fait qu’il en avait d’autres plans en sa possession, il n’y avait plus aucun doute possible :

« Y’en a d’autres ?! Mon p’tit Kyoshi, tu sais parler à une femme comme moi… »

Je lâchai un rire en constatant la rougeur sur ses joues, puis me levai à la suite pour fermer les volets. Bee ouvrit les yeux, pour observer les mouvements dans la petite chambre. Lorsqu’il les posa sur Kyoshi, il prit une mine méfiante, ne le quittant pas un seul instant. De mon côté, je continuai la conversation sans me soucier du reste, je me sentais en sécurité :

« Si je te donne mon nom, tu me dis d’où tu sors ces merveilles ? C’est quand même vachement chouette. Si seulement mon patron pouvait me faire bosser sur des trucs comme ça… »

Courte pause, je posai les yeux sur lui avec un sourire et des yeux malicieux :

« En parlant de ça, ça embauche pas, par chez toi ? »

Non pas que Willy était un mauvais patron. Enfin si, mais c’était une autre histoire, ça. Mais le travail et les missions du jeune homme à mes côtés étaient beaucoup plus alléchants que de réparer le moteur d’un petit bateau de pêcheur. M’avançant vers la porte, je l’ouvris en grand et invitai le scientifique-ingénieur apprenti à sortir de chez moi. Tendant la main vers lui, je lui dis en même temps :

« Au fait, je m’appelle Lilou. Et va pour les autres plans, alors… Demain ? Là-bas, vingt heures avec une pizza en plus ? »

*

Le garage de Willy était petit, encombré et peu éclairé. Mise à part la grande porte ou rentraient, s’entreposaient et sortaient les objets qu’on venait faire réparer, il n’y avait qu’une fenêtre pour faire passer la lumière. Willy se tenait là, sur une chaise, tirant sur une cigarette mal roulée, une petite bouteille de rhum dans la main en observant un coin sombre de sa pièce. En observant plus particulièrement, l’on pouvait voir, dans ce coin sombre une silhouette accoudée au mur salit de suie. Son visage, plongé dans la pénombre, était imperceptible. Pourtant, sa présence était menaçante, malgré sa voix étrangement mielleuse qui faisait deviner un petit sourire amusé :

« Willy… Willy… Mon bon Willy… Ne me dis pas que tu ne sais pas où se trouve ces plans… ?
- J’te jure que non. Ça fait un bail que j’ai pas trainé dans des affaires louches…
- Moh ?
- Carrément. J’te jure. Si t’me disais à quoi ça r’ssemble, peut être que j’saurais t’répondre…
- Et bien… C’est carré, en papier, grand comme ça et y’a des traits dessus qui font que ça ressemble à une grosse machine.
- Ah ouais ? Bah non, pas vu ça, moi.
- Tu ne te foutrais pas un peu de moi, par hasard ?
- Moi ? Jamais. Et toi ?
- Si. Mais c’est parce que si je te dis ce que c’est, je vais devoir te tuer après. Secret défense, tout ça, tout ça… Tu vois ?
- Mais t’es qui, en fait ?
- T’en as mis du temps à me le demander… Mais ça aussi, c’est secret défense.
- Ah ouais..., j’risque ma vie à te parler, quoi…
- C’est à peu près ça.
- Mouais... T'vas m'tuer ?
- Peut-être… Peut-être pas. Tu as tellement la réputation d’un menteur invétéré qu’on ne risque pas de te croire si tu balances qu’un agent secret est venu te causer dans la nuit, pour avoir des infos sur des plans dérobés à la marine par la révolution.
- … Pas faux, tiens. Héhéhé… Peut-être que la Gamine qui bosse avec moi pourra t’aider.
- Mh ?
- Reviens plus tard.
- Faisons comme ça… »
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Un homme reposé en vaut deux. Un fait avéré. Et Kyoshi s’y était toujours tenu. Autant qu’il le pouvait. Et en l’occurrence, difficile d’appliquer ce principe. L’excitation d’un rendez-vous, d’un vrai, avec une jolie demoiselle tout ce qu’il y avait de plus appréciable. Et même pas du genre à vouloir l’utiliser. Lilou, de son petit prénom. Comment était-il possible pour lui de dormir ?

En la quittant, quelques dizaines de minutes plus tôt, il avait tout de même bafouillé. Peut-être d’autres fois aussi. Mais c’était troublant. Il voulait être honnête avec elle. Mais il avait tout de même hésité. Ça ne faisait pas bien longtemps qu’il était vraiment dans la révolution, et il n’avait eu que peu de contacts avec d’autres activistes. Pouvait-il laisser transparaître son statut aux yeux de cette fille qui n’était finalement qu’une inconnue. Certes, il avait toute confiance en sa gentillesse, mais peut-être ne serait-elle pas aussi prudente que la situation ne l’exigeait. Peut-être qu’elle laisserait échapper l’info au détour d’une autre conversation avec quelqu’un de mal intentionné. Un agent gouvernemental véreux, un marine sans discernement, un justicier raté. Sa vie était en jeu à tout instant, semblait-il. Il commençait à en prendre conscience. Le ninja mystérieux qui avait passé l’année précédente à l’attaquer avait ouvert son intuition, sa parano. Cette innocente jeune fille terminait de former l’instinct de survie du révolutionnaire. Alors il avait bafouillé…

« D’où-d’où j-j-j-je so-sors ça ? Euh… Euuuh… Ce-ce soooont… D-d-des plans p-pou-p-pour un chantier-tier. M-mais c-c-c’est-c’est secr-secret. J’t’en d-di-dirai plu-plu-lu…. Plus demain… Si ça emb-embauche ? J-je sais pas t-trop. Je vais me rens-renseigner.»

Si ça embauchait… Bonne question. C’eut été merveilleux de pouvoir travailler avec elle. Mais on n’entrait pas dans la révolution comme dans un laboratoire. Comment allait-il se démerder pour savoir s’il pouvait la faire embaucher ? Pas la moindre idée. Il verrait bien plus tard. Le lendemain. Ou le surlendemain, ou un jour, si tout se passait bien le lendemain.

Finalement, à penser à tous les aspects qu’il faudrait veiller à préparer pour paraitre au mieux au rendez-vous, il finit par s’endormir, emporté par de doux rêves. Tard. Très tard. Même tôt. Le réveil fut abrupt, alors que l’après-midi était déjà entamée. Entre essayer de contacter la révolution, étudier en détail les plans pour être moins à la ramasse, repasser son plus beau costume, réfléchir à la manière d’aborder la situation et se préparer des sujets de discussion au cas où il y aurait des blancs… Il fallait faire un choix. Ou plusieurs. Mais tout n’était pas faisable.


*

« Ahmed… Ahmed… Mon bon Ahmed. Tu vas essayer de me faire croire que dans tout tes clients, aucun n’a jamais trimballé des plans avec lui ?
- Missieur, ji vous jure, j’ai une passporte. Ji suis ligal ici.
- Là n’est pas la question…
- Mi ji né rien fé… Et mes clients non plus. I’l’est gentil, mes clients. Gentils et honnêtes. Comme Ahmed. Sisi.
- Gentil peut-être, mais tu sais ce qu’il peut t’en coûter de cacher des révolutionnaires ?
- Ah missieur i un agent sicret ? Aïe aïe aïe… Rigardez, mon thé, il est bon, il est pas cher. Et là, appilation d’origin contrôlée. C’i marqué.
- Là n’est pas la question…Et je suis surpris que tu me demandes seulement maintenant qui je suis. Mais je ne peux pas te le dire. C’est secret défense.
- Ah missieur, ji veux rien savoir. Non non non. Moi ji vi jiste vendre mon thé.
- Si j’avais des informations sur ce que je cherche je pourrais fermer les yeux sur ton thé importé illégalement de South Blue. D’ailleurs, quand tu rajoutes à l’encre une mention sur l’étiquette, évite qu’il y ait quatre fautes sur trois mots… "appilation d’origin contrôlés", c’est un peu voyant.
- Ah missieur, il parle sirement di missieur à chapeau. Avec di lames. Sisi, li missieur, il travaillé sur di grandes feuilles dissinés.
- Ah ben voilà. J’avance. Merci mon brave. Tu sais où il crèche, cet homme ?
- Ah missieur, ji ni sé pas. Mais il i parti avec ine joulie fille, hiér. Par là.
- Merci encore, mon bon Ahmed. Je m’en vais voir ça… Ah. Merci pour le thé. Très très bon. »


*


Sur le chemin vers le petit café aux accents étrangers, Kyoshi eut la bonne idée de faire un petit détour. Il avait fait ses choix. Etude intensives de la seconde partie des plans de ce fameux multi-treuils et de la structure portante destinée à tenir le tout à grand coups de renforts par les moteurs à vapeur. Ébauche d’un ouvrage colossal que la marine semblait vouloir utiliser pour un chantier naval d’envergure, et que la révolution comptait bien utiliser un jour. Bref… Une sombre histoire de révolutionnaires. Une histoire à ne pas ébruiter.

Mais avant le détour susmentionné… Il était nécessaire de passer au pressing. Sortir son plus bel habillage, dans le plus bel état possible. Un impératif dans un rendez-vous galant. Et lorsqu’il arriva enfin pour se poser dans son bar favori, il n’aperçut même pas les gouttes perler sur le front d’Ahmed. Ni le soulagement de celui-ci quand il sortit avant qu’un quelconque agent secret ne soit rentré.

Il était l’heure. À trois quarts d’heure près. Ne jamais faire attendre une demoiselle. Se faire désirer, ça ne marchait pas. Et puis, il pourrait dérouler la nappe qu’il avait dégottée sur l’une des tables miteuses installées par Jean-René et Gertrude sur le quai devant leur petit navire. Et le temps d’installer deux bougies pour palier à la pénombre naissante de la nuit. Lilou serait probablement contente de pouvoir lire les plans.

«Mes piiizzas, qui veuuut mes belles pizzas ? Elles sont bonnes, mes pizzas. Siii. Une recette unique, venant des contrées chaudes d’East Blue. Maaaa !
- Woh ferme-là Jean-René ! Tu vas nous faire repérer ! »

Etrange couple, pour sûr. Lorsqu’enfin, il l’aperçut, Kyoshi se leva et l’accueillit d’une maladroite révérence.

« B-b-bonjour Lilou ! »

Il n’avait pas écorché son nom. Gagné ! Un sourire satisfait se peignit sur son visage déjà marqué de son plaisir non-dissimulé à être là, mais surtout des cernes sous ses yeux.


Dernière édition par Kyoshi Okabe le Lun 13 Mai 2013 - 0:03, édité 1 fois
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« J’ai continué à étudier tes plans ! Je me suis couchée super tard, mais ça valait le coup, en fait, il te suffit de… »

Je sortis les plans pour les mettre sous notre nez, lui demandant au passage de tenir l’un des bouts pour pouvoir passer mon doigt sur le papier et lui expliquer les tenants et aboutissants de ma pensée. Le pauvre ne devait pas s’attendre à ça, mais j’avais passé la nuit à plancher sur cette histoire pour tenter de lui faciliter la tâche, et je n’étais pas peu fière de moi. Le noyant de paroles en tout genre, à coup de pistons, renforts métalliques, maintient de pression, j’en passe et des meilleurs, je finis très vite par reprendre mon souffle pour poursuivre là où j’avais abandonné la première fois, poussant tout de même le jeune homme a avancer.

« … Bien sûr, c’est plus facile si tu arrives à contourner le problème du… »

Nous nous installâmes près du petit navire à pizza, nous posant sur des tabourets sans prêter attention aux deux tenanciers qui nous interrogeait du regard pour prendre commande. Nous ne prêtâmes pas attention à l’homme assis juste à côté de nous, portant une casquette, des lunettes et une écharpe en tentant de passer totalement inaperçu. Un petit signe du doigt pour pousser à attendre les deux vieux sans perdre le fil de ma parole, je ne manquai pas de poursuivre toujours plus loin. Kyoshi devait être submergé, mais mon ventre se mit à grogner violemment. J’en vins rapidement au bout, posant brusquement les plans sur la table pour passer regarder la liste des pizzas proposées :

« … Mais je pense qu’il vaut mieux qu’on mange. J’ai une de ces dalles !
- AHAH ! JE VOUS TIENS ! »

Le type à côté de nous bondit soudainement sur notre table, dévoilant son visage et ses cheveux blonds mi-long. Le doigt pointé vers nous, passant de l’un à l’autre avec un air on ne peut plus fier. Il n’eut, en face de lui, qu’une rousse complètement prise au dépourvu, en train de le regarder de haut en bas en se demandant s’il était taré, et un jeune homme qui ne savait plus où se mettre :

« Hein ?
- Vous deux-là, je vous arrête –avec classe- pour complot contre le gouvernement, vole de plan appartenant à la marine et association de malfaiteur… REVOLUTIONNAIRES !
- Hein ?!
- Vous avez très bien compris. »
- Qui est révolutionnaire ici ?
- VOUS ! TOI ET LUI ! LUI ET TOI ! »

Un vague regard vers Kyoshi, j’hausse les épaules :

« Moi pas comprendre.
- INUTILE ! Je connais très bien vos ruses de révolutionnaire ! Ne faites pas comme si vous n’étiez pas au courant !
- Kyoshi, de quoi il cause ? Et vous êtes qui, vous ?
- Si je vous le dis, je devrais vous tuer… C’est secret défense.
- Non mais… Sérieux… C’est une blague ? »

L’homme n’avait clairement pas l’air décidé à céder. Il sortit même de sa ceinture deux paires de menottes avec la ferme intention de nous enfermer. Et n’étant toujours pas décidé à me laisser embarquer, je me tournai vers Kyoshi pour avoir le fin mot de cette histoire… Un révolutionnaire, ici… Trop absurde.

« Kyoshi ? »

HRP : Désolée, c'est pas terrible. Mais vu le temps que j'ai mis à répondre... Mieux vaut ça que rien :p
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Que pouvait-il arriver de pire en ce moment ? Rien. Probablement. A part, peut-être, être sur la trajectoire d'une météorite dont l'énergie cinétique et la masse auraient été telles qu'elle n'aurait pas été désintégrée dans les cieux. Peut-être. Ca aurait au moins évité à Kyoshi de devoir trouver une parade. Ca lui aurait évité une horrible montée de sang à la tête.

S'il en avait eu le temps, il se serait probablement demandé comment il avait pu être trouvé par cet homme qui, de toute évidence, était un agent gouvernemental. Il aurait pu se lamenter sur l'échec total qu'était sa vie de révolutionnaire.

Mais non…

Il n'avait pas le temps pour cela. Il n'eut le temps de rien imaginer, rien planifier. Un réflexe. Rien de plus. Horrible pour un homme de pensée.


« - Non, c'est pas vrai, on a un alibi, on mange une pizza. »


Allez comprendre la logique derrière les réflexes. Allez me faire croire que, inconsciemment, on est capable de lâcher des phrases sensées et dans le contexte, sur le coup de la panique. En tout cas, essayez d'aller le faire croire au pauvre homme. Jamais vous n'y arriverez. Plus après cette réponse cinglante qui cloua le bec de l'agent. Et aussi celui de Lilou. Et encore plus celui de Bee. Tous levèrent un sourcil conjointement.

Le temps de répit laissé par leur air pantois laissa suffisamment de temps au physicien pour analyser la situation avec un pragmatisme peu commun chez lui : il venait de faire une boulette, et était passablement dans la merde. Peu importe, un nouvel acteur entra en jeu. Et juste avant son intervention en elle-même, Kyoshi eu le sentiment d'entendre un :


* Mode anarchiste : éveillé *

« Bonjour messieurs dames, que puis-je faire pour vous servir ? »


L'intervention ramena le gouvernemental à lui.


« Rien mon bon, si ce n'est votre coopération que j'espère totale dans cette affaire qui concerne un complot d'envergure visant le savoir technologique secret du gouvernement et de la marine, rien de moins ! Vous comprendrez qu…

* Mode anarchiste : activé *

- Com…
- JEAAAAN-RENEEEE !! ALLUME LE FOUR A EXPLOSIONS, EEEET FAIS PETER LA SPATULE A LAME ROTATIVE! ON A D'LA RACAILLE ICI !»


Mais la bonne femme ne laissa pas le temps à son mari de lui envoyer une arme. D'un grand coup de patte surprise, elle envoya valdinguer l'agent à trois mètres sous le regard paniqué des clients parmi lesquels, toujours béate, Lilou, et maintenant béat, Kyoshi.


« Mais… Comment osez-v… Attendez… Jean-René… Et une bonne femme… Un bateau-mouche sur lequel est écrit pizza… VOUS ÊTES GERTRUDE ET JEAN-RENE !
- Bien vu l'artiste, et même que moi, c'est Gertrude !
- Vous êtes en état d'arrestation ! Et le fait que quatre révolutionnaires soient face à moi ne m'effraie pas du tout. Et je ne suis pas du tout en train de quitter les lieux. D'ailleurs, si jamais quiconque rapporte que j'ai fuis, je serai dans l'obligation de le tuer.Et ne bougez pas, innocents civils, je reviens avec des renforts !»


Il déguerpissait. Cela sembla un excellent timing pour partir en douce. Le scientifique ne pouvait se résoudre à laisser la jolie rousse-là, sans explication. Et il n'en avait nullement l'envie. Elle restait un très jolie demoiselle avec qui il avait eu un rancard. Rattraper le coup était sans doute toujours possible… Enfin, peut-être. Aussi choisit-il, après avoir mis en poche les rouleaux de plans, de saisir le poignet de Lilou et de l'emmener, un doigt sur la bouche en signe de silence. Mais Bee ne fut pas de cet avis et becqueta la main du chapeauté qui dut lâcher prise. Juste avant que…


« TOUT LE MONDE AUX ABRIS, ILS VONT REVENIR ! PLANQUEZ-VOUS A L'INTERIEUR DU NAVIRE ! »


Les dénommés Gertrude et Jean-René revenaient à la charge. Sans laisser aux gens le temps de réagir, et en commençant par nos deux amis, ils saisirent par le col tous les clients présents. A eux deux, ils se saisirent de la quinzaine de gens qui étaient sur leur parvis. Et les coups et protestations de l'énorme canard n'y changèrent rien. Tout le monde fut emmené dans les cales du navire, jetés à terre. Et le mecha-oiseau fut rejeté dehors lorsqu'il tenta de rentrer à son tour pour secourir sa maîtresse.


« Patientez ici, et profitez des grisinis et des olives. C'est la maison qui offre sur le temps où nous assurons votre protec…
- JEAN-RENEEE, BOUGE-TOI LE FION !
- Mamaaa miaaa…»


Et il remonta, fermant la porte derrière lui. Ils étaient désormais séquestrés par des révolutionnaires fous. La situation avait-elle dégénéré ? Oui. Kyoshi pouvait l'affirmer avec plus de certitude qu'il aurait pu affirmer qu'un plus un font deux.

Il faisait noir, et une odeur d'olive leur emplissait les naseaux. Tout le monde criait, mais il tenta de repérer l'ingénue ingénieur et lui dit, la voix chevrotante :


« J'… J's… J'suis déso-désolé… J'voulais pas qu'ça-ça-ça s't-termine comme ça. J'ai rien-r-rien n'avoir a-vec ces ty-t-types-là…»


La situation semblait désormais irrécupérable...


Dernière édition par Kyoshi Okabe le Jeu 11 Juil 2013 - 22:00, édité 1 fois
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    IDIOT !

    Toc.

    Le poing s’abattit sur le sommet de son crâne à nouveau, et la sentence tomba en même temps. Idiot. Voilà ce qu’il était. Un idiot qui m’avait inconsciemment mise dans une sacrée galère. Un agent du gouvernement, sorti de dieu sait ou, pour nous arrêter pour dieu sait quoi… Si j’avais su… si seulement j’avais su… Encore des années de galère à venir, à fuir parce qu’on m’aura pris pour je ne sais quoi… Non ! Ça, plus jamais ! J’avais trop à faire pour me permettre d’avoir un gouvernement entier à mes trousses !

    QU’EST-CE QUE C’EST QUE CES CONNERIES ?!

    Je ne pouvais m’empêcher de crier tandis que la péniche démarra au quart de tour et manqua de me faire tomber. Je me rattrapai à ses épaules, en profitai pour le saisir fermement et le regardai fixement. D’un regard noir, meurtrier. Avec des yeux dignes d’un fusil à pompe paré à le cribler de balle. J’allai le tuer. Le descendre. Le faire passer par-dessus bord, si on me laisse accéder au bord… Rien qu’en pensant aux deux autres zouaves, la colère me reprit de plus belle.

    TU VAS ME SORTIR DE CETTE GALERE IMMEDIATEMENT ! TU VAS REGLER CE PROBLEME DANS LA SECONDE OU JE TE FAIS UNE TETE AU CARRE, TU PIGES ?!

    Les cris des pizzaïolos me firent m’arrêter un instant. Derrière eux, les caquètements agacés d’un canard virevoltant au-dessus d’une péniche close me parvenaient. Bee ? Ou était Bee ? L’avaient-ils vraiment laissé dehors ?! Je lâchai violemment le chimiste pour me tourner vers les propriétaires du navire. Qu’ils me kidnappent, d’accord. Mais ne jamais laisser mon meilleur ami en arrière… JAMAIS.

    ET VOUS ! NE LAISSEZ PAS MON CANARD DEHORS !!

    Pressé par mes cris, Jean-René entrepris, sous le regard noir de sa compagne, à faire rentrer ce brave canard. L’animal se pressa, évitant du mieux qu’il le put la lame acérée de dame Gertrude qui, programmé comme elle l’était depuis des années, considérée chaque bestiole comme un potentiel repas facile. Le canard, donc, vint se serrer dans mes jambes en veillant à ce qu’aucun des deux autres ne s’approchent trop près de moi. Sa présence me calma momentanément. Nous étions maintenant éloignés de tous problèmes, nous laissant le temps de faire le point sur les derniers évènements.
    Me retournant vers le chimiste, je gardais une mine furieuse, mais tentais de rester zen. Prenant une grande inspiration, j’attrapai les plans qu’il m’avait confiés et laissés voir pour les lui mettre sous le nez et tirer les choses au clair :

    Ok… On va se calmer et reprendre depuis le début… Kyoshi… Ces plans, d’où viennent-ils ? Pourquoi les as-tu ? Et pourquoi ce type est à tes trousses ?

    *

    Chef ! Chef, je… Oh mon dieu ! Ce que j’ai couru ! Mon brushing ! Comment va mon brushing ?! Oh… Pfff… je les ai trouvés !

    Merci Chef, vous êtes trop gentil… Enfin, vous me connaissez, moi et mon talent, Chef… C’était écrit que je les trouverais, hé hé…

    Oui, et bien à ce sujet, justement… Je veux bien vous les ramener, mais il y a eu un léger problème…

    Léger, oui, vous entendez bien. Quoique le mot est peut-être un peu fort, je dis bien « peut-être »… En fait, le chimiste a une… armée…
    … ?!
    Une armée, vous entendez bien. Mais pire encore !
    … ?
    Gertrude et Jean René sont avec lui.
    … !!!
    Terrible, n’est-ce pas ? Ce type est une sale ordure ! Hé. Héhé. Que dois-je faire ?

    Les arrêter, oui. Enfin, loin de moi l’idée de vous vexer ou de remettre en doute votre audition, mais vous avez entendu à propos de l’armée ?

    Vous n’en avez rien à foutre… D’accord. Donc, je me démerde ?

    D’accord d’accord… Est-ce qu’au moins, vous renverrez mon corps à ma famille ?

    Comment ça j’ai plus de famille ? Ce n’est pas une raison ! Bigre ! Vous n’avez pas d’âme ?! Bon, vous viendrez me chercher quand j’en aurais fini avec eux… ?

    C’est déjà un début. J’ai carte blanche pour agir ? Parce que si je me décide à faire exploser la moitié de l’île, j’aimerais être couvert vous comprenez…
    !…
    Je fais ce que je veux, tant qu’on sait que ce n’est pas moi… Euh, ouais. Toute façon, à la fin, tout le monde sera mort alors pour démêler le qui a fait quoi… ça sera votre problème, chef, sauf votre respect, tout ça…

    Vous me conseillez quoi ? La leçon numéro six du parfait Agent du Cipher Pol ? Oui, oui. Hinhinhin… Fort bien chef. On pourra parler de ma promotion après cette mission ?

    Je me tais ? D’accord. Faisons comme ça. A tout à l’heure, chef.

    Hinhinhin.

    Hin…

    Et merde.
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Il est des situations où un homme se trouve être bien impuissant. Les regards accusateurs d'une femme et d'un canard géant en font partie. Il avait beau faire sombre dans la cale, tout le poids de ces regards pesaient lourdement sur les épaules du scientifique.

Il n'avait guerre d'autre choix que de s'expliquer. Rationnellement. Posément. Après tout, il était de bonne foi.


« C'est d'accord, je vais tout t'expliquer. »


C'était d'ores-et-déjà un aveu, et les conséquence prirent forme d'une bouche qui s'ouvrait déjà pour laisser un flot de paroles virulentes.


« Non. S'il te plaît. Laisse-moi continuer sans me juger prématurément. »


Elle se retint.


« J'ai toujours aimé observer les choses. Petit, je dessinais la nature dans un cahier. C'était bien. Et j'aurais pu continuer longtemps ainsi. Mais on ne me le permit pas et on m'obligea à regarder la misère, à observer la détresse des gens en quête d'un abri. On me fit poser les yeux sur ces choses, depuis l'intérieur. »


Kyoshi marqua un instant de pause. Repenser à cette sombre époque n'était pas aisé, et il ne le faisait que rarement. Lilou se demandait où il voulait en venir, probablement.


« Plus tard, j'ai recommencé à observer la nature, avec un œil plus mur, avec une envie de comprendre ce qui se passait. Et on me fit comprendre que cela n'était pas permis. On m'enleva mon mentor, celui qui me poussait à observer et qui ne faisait lui-même qu'observer. Et j'observais là toute la bêtise humaine, plus grande que tout ce que je ne pourrai jamais observer du monde. »


A nouveau, il marqua un temps d'arrêt. Structurer son idée était passablement inutile, il parlait avec son cœur. Mais chassez le naturel…


« Alors maintenant, j'ai trouvé des gens qui me permettent d'observer, des gens qui ne briment pas ceux qui veulent savoir. Et quand on me propose de comprendre quelque chose, et que c'est dans l'intérêt de ces gens, alors oui, je m'exécute, même lorsque cela s'avère être un problème pragmatique, une situation créée par l'homme. Tant qu'on me laisse observer, comprendre et expliquer… Et si un jour je peux aider ces hommes à élever la science au-dessus de la déraison, alors je le ferai, Lilou. »


Il n'avait pas répondu complètement aux questions de la demoiselle, il le savait. Mais répondre à une question s'avère parfois plus complexe qu'on ne le pense au départ. Parfois les réponses semblent évidentes dès le départ, et demande finalement qu'on cherche un peu plus loin la solution.


« Ces plans, je ne sais pas d'où ils viennent. Tout ce que je sais, c'est qu'ils font partie d'un plan plus grand, destiné à la fabrication d'un chantier naval important orienté vers la technologie de pointe. Je n'en sais pas plus. Pas plus que sur l'homme de tout à l'heure. »


En haut, des cris retentirent à nouveau, des bruits de mécaniques se firent entendre et le navire se mit à trembler avant de reprendre l'accompagnement classique de la houle. La jolie rousse allait parler, mais encore une fois, Kyoshi ne lui en laissa pas le temps.


« Ce que je te propose… C'est qu'on se débarrasse de ces deux zigotos, là-haut. Je n'ai aucun rapport avec eux et leur principe de séquestrer les gens pour les protéger, c'est détestable. Alors soyons pragmatique, tu veux. On agit ensemble, on se sort de là, on sort ces gens de là aussi. Et ensuite, tu n'entendras plus parler de moi. »


Une larme coula sur la joue du physicien à l'idée d'une séparation définitive.
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Ces plans entre de très mauvaises mains peuvent apporter plus de misère et de désolation que tu n’en as jamais vues dans ta vie. J’ose espérer que tes chefs sont des types biens, et que tu as les moyens de me le prouver, sinon je te jure que je rappelle l’agent secret pour t’offrir menotté et ligoté…

Mine sérieuse et regard accusateur, pour qu’il ne puisse pas douter de ma sincérité. J’étais en colère, terriblement en colère contre lui. Bien que tout ne fût pas de son fait, il m’avait amené le point nucléaire de toutes ces âneries. Et si on m’associait à des bêtises de ce genre, ma carrière était restreinte ou finie, et déjà que je n’étais pas engagée particulièrement sur une bonne voie, autant ne pas m’y enfoncer complètement jusqu’au cou pour m’y noyer…

Je suis très sérieuse.

Attrapant les plans jetés à terre durant la bousculade de tantôt, je lui fourrais sous le nez et l’obligeai à regarder. Des dessins qui pouvaient ne pas avoir beaucoup de sens si on ne les regardait pas attentivement. Mais Kyoshi savait. Kyoshi savait ce qu’ils représentaient, il en savait la valeur, le prix. Une réputation, la liberté même. Est-ce qu’il fallait que je mette ça en jeu pour lui ? Certainement pas. Mais pire encore, la mise était sans doute plus grande que je ne l’imaginais. Je repensai à ses paroles, « des gens » qui lui permettaient d’observer, « des gens » qui ne le brimaient pas. Tout ça ressemblait étrangement à une secte munie d’un bazooka pour négocier leur liberté de culte…

Que tu veuilles observer innocemment pour comprendre le fonctionnement des choses, c’est bien ton problème. Et je n’irai pas t’en empêcher. Mais ça, ça va plus loin que de la simple observation. Et ne viens pas me baragouiner le contraire. Parce que oui, on parle d’une construction d’un chantier naval avec de la technologie de pointe. Mais pour qui et pourquoi ?

Pour que le gouvernement s’y intéresse et ose venir jusqu’à nous, prêt à nous inculper de plusieurs charges toutes plus folles les unes que les autres, ça n’était pas n’importe qui, ni pour n’importe quoi… rien qu’en y songeant, plusieurs noms de cultes plus farfelues les uns que les autres me vinrent à les esprits : Culte du soleil vert ? De la vache kiri ? Du petit bonhomme en mousse ? Kyoshi était-il un illuminé ? Etait-ce une bonne idée de rester plus longtemps dans cette pièce en sa compagnie ? Peut-être qu’il allait essayer de me convertir… Par la force ! Ou l’hypnose ! Ah ! Non ! Rester calme. Respirer un bon coup. Se vider la tête… Démêler le vrai du faux avant d’extrapoler…

Et si tu me réponds que c’est pour des bateaux qui flottent sur l’eau, armés au hasard d’un canon à neutron ou d’un laser dernier cri, je te jure que je te pète la gueule, Kyoshi Okabe, que tu sois attendrissant avec ton bégaiement ou pas.

Bon, rester calme c’était loin d’être mon fort. J’étais un peu comme un volcan en ébullition, prêt à exploser et ravager le premier coin de terre à mes côtés. Il s’avérait juste que le coin de terre à côté était un chimiste maigrichon et couard et quelques otages complètement sur le cul… Pauvre d'eux.

Je t’accorde une chose : Ces deux là-haut sont des plaies. Néanmoins, ils sont notre seule chance de nous sortir d’ici. Je te propose autre chose : On ne s’en débarrasse pas, on prend le contrôle du navire et on part d’Hinu Town. Puis, on trouve une solution pour que ton nom ne soit jamais, JAMAIS associé au mien… Mais avant que j’accepte cette association qui me coute beaucoup, tu vas répondre très franchement à ma question et sans détours : Pour qui tu… Observes, Okabe ?


Dernière édition par Lilou B. Jacob le Sam 23 Nov 2013 - 16:12, édité 1 fois
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Mentir ou ne pas mentir... Avec le temps qu'il mettait à réfléchir à la question en regardant Lilou avec des yeux de chien battu désolé d'exister, il pouvait être certain que la petite demoiselle le saurait instantanément s'il mentait. À tout le moins, il fallait que son mensonge soit convaincant. Mais était-ce seulement possible ? Avait-il déjà réussi à mentir en étant convaincant ? Il se voyait déjà en train de sortir qu'il observait pour le gouvernement dans le dixième de seconde après avoir décidé de mentir, en oubliant de chercher un bobard crédible. Non, il n'était clairement pas en mesure de mentir. Restait à espérer qu'il ne finisse pas à moitié battu par des poings et à moitié défoncé par des coups de bec.

Mais... Au fait...


« JE SAIS ! Je sais comment on va faire pour que ton visage ne soit jamais associé au mien ! Il ne sait pas qui tu es, l'agent, hein ? Du coup, il suffit qu'il oublie ta tête. On va te faire un masque ! Non... Un double-masque !»


Elle avait l'air toujours aussi en colère, et elle avait l'air de ne pas oublier le moins du monde la question qu'elle avait posé. Le chapeauté allait devoir être bien fort pour la défocaliser du problème principal... Et entre nous, il en était clairement bien incapable. Mais elle écoutait tout de même. Avec un petit air de « Maist'esunpeuconconenfait », mais elle écoutait.


« La prochaine fois qu'on croise l'agent, comme ça, tu n'auras qu'à enlever le sur-masque qui te ressemblera, et tu laisseras apparaître un visage complètement différent. Et puis, on lui échappera... Enfin, j'espère... Et comme ça il retiendra l'autre tête, et jamais tu ne seras inquiétée. Et puis, on peut faire pareil avec ton canard.»


Un coup de bec pour la forme. Parler de quelqu'un à la troisième personne, sans utiliser son nom, alors qu'il est juste à côté, c'est très impoli.

Restait un problème, et ils le savait. Elle aussi avait très probablement fait le rapprochement. Visiblement, elle était intelligente. Même futée. Débrouillarde. Mais aussi débrouillarde qu'elle pouvait être, l'ingénieuse rousse était sur un navire-pizzeria. Pas dans un atelier de confection de masques. Il manquait un maillon dans la chaîne...

Et là encore, l'idée vint du physicien. Enfin... Idée. Idée saugrenue plus qu'idée. Il leur fallait quelque chose de malléable, qu'ils pouvaient façonner à souhait... Quelque chose qu'ils pouvaient trouver sur place, idéalement...


« Euuuh... Ça vous dérange, tous les deux, un masque en pâte à pizza ?»


Mais définitivement, elle affichait toujours la même expression dure sur son visage. Et même s'il y avait un sourcil levé qui devait vouloir dire « Maist'escomplètementcingléenfait », elle insista pour avoir sa réponse. Et l'enthousiasme de Kyoshi retomba subitement d'un cran. Ou de plusieurs. Et il baissa les yeux.


« Bon... J'imagine que je n'ai pas le choix. Je n'en sais réellement pas plus sur ce qu'ils comptent réaliser dans ce chantier naval. Tout ce que je sais, c'est que ces plans devaient permettre au gouvernement de réaliser le fleuron de leur flotte. Et que la révolution voulait briser la construction à la base de la chaîne et reprendre le projet.»


Même dans une vision au ralenti, les mains de la demoiselle arrivèrent très vite sur la gorge de Kyoshi. Mais elle n'y arrivèrent qu'un court instant avant que le navire ne fasse une embardée qui projeta tout le monde dans un coin de la pièce où ils se trouvaient. Kyoshi encastré dans les ailes d'un canard mit quelques instants pour reprendre ses esprits sous les coups de bec...
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AU NOM DE LA LOI JE VOUS ARRÊTE ! STOPPEZ CETTE CHALOUPE ! POSEZ CETTE PATE A PIZZA TOUT DE SUITE !
Ouais !
PEDALEZ LIEUTENANT ! NOUS LES RATTRAPONS !!

Je me raccrochai à ce que je pouvais, manquant à moitié de me casser la figure. Le navire avait braqué soudainement, nous laissant à peine le temps de nous tenir. Bee tituba lorsque Kyoshi réussi à s’extirper de leurs positions, complètement sonné par le choc. Le scientifique était, certes, gringalet, mais le virage avait été serré.  Dehors, des effusions de voix, venant autant de nos deux preneurs d’otages que de l’extérieur de la chaloupe...

Mais c’est quoi ce bordel encore ?!
Kwak !

Je passai la tête par la fenêtre, me penchant pour admirer ce qu’il s’y déroulait. Devant mes yeux ébahis, deux hommes avec un pédalo ressemblant à un cygne, armés de mousquet, nous tiraient dessus en essayant de nous faire chavirer en fonçant dans la coque. Les deux embarcations avançaient pourtant à la vitesse  d’un escargot malade. Autant dire, vraiment pas vite. J’avais la désagréable impression d’être plongé dans une blague plutôt mauvaise (du répertoire du grand Lloyd Barrel… C’est dire.)

Hahahaha ! Je vais vous rattraper !
On est poursuivi par un pédalo…

Je dis ça en me relevant, refermant le hublot derrière moi. Je regardai Kyoshi avec un air dépité…

Pédaley plus fort, lieutenant !
Mais ! Je suis à fond…. Et puis : Pourquoi je suis là ?!
Parce que j’avais besoin d’un PNJ pour aller plus vite et rattraper ce bateau !
Je ne suis pas un PNJ !
On s’en fout ! Pédalez !

De l’autre côté de la chaloupe, l’agitation était de mise. Jean René allait et venait, sortait les rames, armait ses « canons » à Pizza, sous les ordres de sa femme qui balançait vers le pédalo toutes sortes d’ustensiles…

Plus viiiite ! Enfourne la cheminée, nous ne pouvons pas nous faire rattraper !
Je fais ce que je peux !
Pizza kick ! Yaaaaah !
Aie ! Mais ça ne va pas ?! ça fait drôlement mal ! Vous êtes fous !
Ils nous balancent des olives !
Attention lieutenant, voici la sauce tomate !
Splosh.
Aaaah mes yeux !
Ils ont mis de la Harissa… Les fourbes ! Je vous aurais ! Traitre !
Hahaha ! Prends ça !
Raté ! Fufufu… Oh ! Non ! Nous ralentissons Lieutenant ! Pédalez !
Mes yeeeeux ! Je me meeeurs !
Bon sang, vous êtes un mauvais PNJ !
Arg !
Finalement, ton masque en Pizza, ce n’est pas une si mauvaise idée…

Prise de court, la situation ne pouvait de toute façon pas être pire. Regardant les liens qui maintenaient certaines caisses les unes aux autres, une idée me vint en tête :

Ou alors… Tu nous prends en otage. Tu nous ligotes et tu fais mine d’être un tueur psychopathe voulant faire des expériences scientifiques sur les rousses avec des canards et que tu as été pris de court pour prendre tout le monde en otage. S’il arrive à nous libérer, il aura sa médaille et avec un peu de chance, ces deux zouaves t’aideront à t’échapper …

Qu’est-ce que tu en dis ?


Dernière édition par Lilou B. Jacob le Sam 23 Nov 2013 - 16:17, édité 1 fois
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Des expériences sur les rousses, il en aurait bien fait... Mais pas des scientifiques. Niéhéhé. NON ! Chassons cette idée impure qui ne serait jamais venue à la tête du brave physicien. Il avait d'ailleurs bien du mal à s'imaginer en scientifique fou et psychopathe utilisant Lilou et Bee. On peut même dire qu'il était effrayé à la simple pensée de jouer ce rôle. Et s'il en faisait trop à un moment ? Et puis ce serait la dernière image que la rouquine garderait de lui par la suite. Même factice, ça ne serait pas très reluisant. Bon... Dans l'absolu, il n'avait pas longtemps donné une image sympa de lui-même malgré tout ses efforts. Mais quand même !

Il accepta donc à contre-coeur.  Mais il fallait un peu de préparation, parce que jusque-là, croyez-le ou non, il n'avait pas un brin de ressemblance avec un scientifique dingo. Non non non. Les lames de poignet ? Le chapeau beaucoup trop large ? Les petits yeux de sournois et l'air trop dark ? Nan nan, c'était pour être trop classe tout ça. Comment ? Ça marche que sur une personne sur trois ? J'vois pas de quoi vous voulez parler.

Bref, ils étaient dans une remise de bateau-pizzeria, et il devait forcément y avoir des accessoires utiles pour un acteur en devenir. Et en fouillant dans une malle ou deux (l'histoire n'est pas très précise sur ce détail), il trouva ce qu'il lui fallait... Le parfait déguisement. Il l'enfila en une seconde dans un tourbillon digne de Tex Avery, et...


« Tadaaaaaaaam ! Alors... Édifiant, non ?»


Mais le canard, les passagers incrédules et surtout Lilou... Ils restèrent tous perplexe devant le tablier de cuistot qu'il venait d'enfiler par-dessus son costume noir.


« Eh ben quoi ? C'est pas un super costume de chimiste fou? Y'a rien de plus effrayant qu'un chimiste, normalement. Qu'il soit fou ou pas, d'ailleurs.»


Mais rien n'y fit. Il n'était visiblement pas assez convaincant. Alors il se retourna dans la malle qui contenait un nombre et surtout un volume d'ustensiles divers bien trop grand par rapport à son propre volume. Mais encore une fois, c'est un détail narratif peu important pour la suite. Les quelques prisonniers sautillèrent pour éviter les louches, sacs de farine, rouleau à pâtisserie et autres couteaux balancés par Kyoshi avant qu'il ne trouve ce qu'il lui fallait. Un nouveau tourbillon plus tard, un pot en verre à la main avec une étiquette rouge (c'est toujours signe qu'il y a de la tomate dedans, si le pot a une étiquette de cette couleur)...


« Tadaaaaaaaam... Encore mieux non ? Les tâches de sang sur tablier, ça fait définitivement craignos, non ? Vraiment, toujours pas ?»


Il eu l'air quelque peu penaud devant la nouvelle réaction unanime avant de lâcher un grand « MEEEEEEERDE !». Une tâche sur son précieux costume, celui qui faisait presque son identité propre... Une belle tâche luisante... Même sur du noir, la sauce tomate, ça se voit, et ça ne part pas. C'est ma maman qui l'a dit. Et sa défunte mère avait du lui dire aussi, au physicien. Ça ne l'avançait pas dans sa quête de crédibilité pensait-il, mais quand il enleva son veston et sa chemise et qu'il commença à les frotter énergiquement avec un chiffon humide qui traînait là par le plus heureux de hasard, un des gars lambda s'écria :


« Voilà ! Torse-poil-sans-poil avec le tablier plein de sang, le chapeau qui fait cloche et le sang plein la gueule... Ben oui, tourbillonner pour faire des tâches de sauce tomate sur un tablier, c'est prendre le risque de s'en foutre plein partout... J'appelle ça du Darwinisme, moi... Ben, là, ça commence à claquer. Vous enlèveriez pas votre pantalon en plus ? Ça augmenterait l'effet pervers.

- Eeeeh ! Pas ça, nan ! J'ai ma dign... Quoi ? Il faut vraiment ?»


Visiblement, tout le monde approuvait. Le sang monta aux joues de l'homme alors qu'il enlevait son froc et qu'apparaissait un caleçon avec des cœurs dessus. Sans aucun doute son caleçon de soirée. Et quand on ne distingua plus les taches de sauce sur son visage, il baissa la tête en se cachant derrière son chapeau, se tourna face à l'assemblée qui d'un coup se mit à hurler, à courir en tout sens, à frapper à la porte pour essayer de sortir... Déguisement de pervers chimiste psychopathe : check...


*


Et pendant ce temps dehors... Une dizaine de pédalos de rechange avait rappliqué. Le pauvre PNJ avait été laissé sur le carreau lorsque l'agent était monté dans un autre pédalo.


« Plus viiiite, je vous dis ! Vous êtes encore plus mauvais que le PNJ précédent !

- Mais on est pas des PNJs ! On a une âme, vous savez ! On ne peut pas nous crever comme des fourmis parce qu'on a que dix dorikis. C'est pas juste ! Et vous savez que le syndicat des PNJs en détresse ne vous laissera pas faire.

- Numéro deux, je vous rappelle que je suis dans la même mouise que vous et que si notre cible a un doriki en plus que moi, je risque d'y passer !

- Ah oui, tiens...

- Alors, plus viiiiite !»


Et il se remit à tirer sur Gertrude qui s'était confectionné un bouclier en pâte à pizza. Et alors commencèrent à s'élever les cris depuis la cabine où se trouvaient les otages.


« Numéro deux, des vies d'innocents sont en jeu ! Ces révolutionnaires semblent ne pas avoir de limite. RACLURES DE RÉVOS ! QUELLES SONT VOS REVENDICATIONS ?!»


Et il se remit à tirer de plus belle sur Gertrude qui envoyait maintenant de la mozzarella brûlante en direction des assaillants.


*


À l'intérieur, les choses se calmèrent petit-à-petit, ce qui permit d'entendre la question de l'agent. C'était le signal, il fallait faire bonne impression dès le départ. Une bouteille de curaçao, deux bocaux, un peu de jus de tomate... Ça faisait un peu comme de fioles avec des potions de couleurs vives. Parfait. Sans lui demander son avis, Kyoshi enserra de son bras sans main la rouquine, essoufflée d'avoir couru dans tous les sens. Les lames venaient lui chatouiller la joue. Et le physicien sortit la tête par la fenêtre en affichant au mieux qu'il tenait la demoiselle en otage et en levant bien haut ses bocaux supposés ressembler à des fioles.


« Mouahahahaha. MOUAHAHAHAHAHA ! JE SUIS LE GRAND KABE YOSHI ! CRAIGNEZ-MOI !

- Chef, je crois qu'il se prend pour un dinosaure vert... Il est complètement fou ce révo!

- MOUAHAHAHAHAHA ! CRAIGNEZ LA REVOLUTION ! Alors... Première revendicatiooon... ACCEPTEZ TOUTES NOS REVENDICATIOOOONS !

- Ah ben ça se pose comme revendication, ça...

- Silence numéro deux... Moi j'écoute ce qu'il a à nous dire, vous, vous pédalez et vous repoussez les attaques de Gertrude !

- Deuxième revendicatiooon... Je veux... Je veux quoi au juste ? Ah oui... Je veux que vous abandonniez toute poursuite contre moi... ET TROISIÈME REVENDICATIOOOON, J'AI PAS FINI ! Je veux que le Gouvernement Mondial abdique !

- Un gouvernement, ça peut abdiquer, chef ?

- Bien sûr que non, numéro deux... C'est un physicien fou, il ne sait pas ce qu'il dit.

- JE SUIS CHIMISTE ! BANDE DE FIOLES A BOUSE ! ET SI VOUS VOUS EXÉCUTEZ PAS, LA ROUSSE, ELLE Y PASSE DANS MES EXPÉRIENCES ! ET LE CANARD AVEC ! VOUS AVEZ UNE HEURE !

- Damn... Il est exigeant ce révolutionnaire...

- Chef, j'crois qu'il est amoureux, il n'en fera rien.

- Allez savoir ce qu'un psychopathe physicien peut faire à une femme qu'il aime. Peut-être qu'il a un pilori à quatre trous.

- Ouch... Et il sert à quoi le quatrième trou ?

- Pas la moindre idée, mais ça doit être le summum de la torture. Alors ne prenons pas de risque... »


Kyoshi rentra sa tête à l'intérieur et relâcha la petite, le visage de nouveau rouge pivoine. Il bégaya en demandant s'il avait été convaincant...
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Nous voilà bien numéro deux.
Nous sommes faits.
Il va tuer cette rouquine d'une façon horriblement monstrueuse, et je ne sais pas quoi faire.
Vous n'avez pas un code d'urgence pour sauver des rousses ?
Il y a bien le code 3615 Allo, mais ça ne la sauvera pas vu que c'est un numéro surtaxé pour se faire livrer chinois.
Ciel, c'est terrible ! Appelez vos chefs !
Ils m'ont déjà donné carte blanche, mais je ne suis pas sûr que faire abdiquer le gouvernement fasse partie de mes accréditations
Nous n'allons quand même pas le laisser gagner !
Je crains que si. Il va falloir négocier.

*

T'es peut-être allé un peu loin. Abdiquer le gouvernement... ça ne passera jamais.

J'étais particulièrement dubitative. Pas par son interprétation, ça... Non. Elle était bonne. Perplexe pourtant qu'elle ait marché. Trop bien peut-être. Quand je le regardai comme ça, tout penaud dans son caleçon à cœurs, il était pour moi improbable et impensable que quelqu'un puisse sérieusement le prendre au sérieux. Mais ses demandes étaient reines et dehors, les gens s'agitaient sur leurs pédalos pour organiser une réunion de crise.

Tu devrais demander autre chose...
Couac ! Bwakwakwak.
Vrai que s'il revient maintenant sur ses exigences, il perd en crédibilité...
Bwaak kwak...
J'admets. C'est déjà miraculeux qu'on le prenne au sérieux...
Bwak ?
Ça doit être le caleçon. Une arme de persuasion, le caleçon.
Monsieur le Grand Yoshi Kabe... Nous souhaiterions négocier s'il vous plait !
On a du bol d'être tombé sur une tanche, si tu veux mon avis...
Kwak.
Nous allons vous transmettre un dendenmoshi pour permettre une meilleure communication, s'il vous plait... Ne lui faites pas de mal !

Dix minutes plus tard, un escargophone arriva sur un pédalo dérivant. Bee se chargea de le récupérer, le ramenant à l'intérieur du navire pour le poser sur une table. Gertrude et Jean-René veillant soigneusement que rien ne soit tenté pour libérer les otages sournoisement. Je regardai l'appareil se mettre à sonner pour nous joindre. Kyoshi, lui, se terrait dans un coin, visiblement dépassé par les proportions que prenaient les évènements.

Moshi Moshi ?
Ici l'agent Anrad Painury, ne raccrochez pas s'il vous plait ! Nous recherchons une solution pacifiste pour que tout le monde s'en sorte à bon compte.
D'accord...
Visiblement, vous n'êtes pas Yoshi Kabe. Puis-je l'avoir ?
Il dit qu'il ne veut pas vous parler. Que vous passerez par moi.
Bon, le livre du « bon négociateur du Cipher Pol » dit que je dois céder aux premières exigences dans la conversation pour gagner la confiance de mon vis à vis. Je respecte.
Il dit qu'il vous a déjà donné ses exigences, qu'il ne veut pas vous parler, et que vous perdez votre temps.
Je sais. Néanmoins, je ne peux faire abdiquer le gouvernement aussi facilement, il ne voudrait pas autre chose à la place ?
Il dit que non.
Enfin... Quelques millions de berries, des pizzas, de la bière, je ne sais pas moi !
Il dit que non.
Mais enfin ! Quel révolutionnaire digne de ce nom refuserait une pizza avec une bière ! C'est contre nature. Ils pensent aux otages qui ont peut-être soif ou faim ?!
Il dit qu'on est pris en otage dans un bateau à pizza... Qu'on ne risque pas d'avoir faim ou soif.
Mince ! J'ai été eu, j'aurais pu voir une brèche en vous apportant à manger.
Si vous dites tous vos plans à haute voix, il ne vous fera jamais confiance. Et moi je dis que vous êtes débiles, faites ce qu'il dit ou il nous tuera, mon canard et moi !
Hé ho, ne soyez pas insultante, je fais ce que je peux. Je vous promets...
Lilou.
Lilou, je vous promets de tout faire pour vous sauver des griffes de ce monstre ! S'en prendre à une rousse, c'est inhumain, et il paiera pour ses crimes ! Vous, n'hésitez pas à jouer sur ses sentiments, il est amoureux de vous... Apitoyez-le !
Il nous entend.
MEEEEERDE ! Mon plan est découvert... Ce révolutionnaire est vraiment trop fort !
Chef, j'ai un plan...
Oh putain...
Attendez deux secondes...
...
...
...
OH MON DIEU, MAIS C'EST GENIAL ! Lilou, vous êtes toujours là ?!
Oui, oui.
Dites à Yoshi Kabe exactement ces mots-là : MOI AUSSI J'AI DES EXIGENCES, MON BON YOSHI ! ALORS SI TU RAMENES PAS LES OTAGES ET LES PLANS IMMEDIATEMENT, JE TUE TOUS LES PNJ PRESENTS ICI ! ET JE N'HESITERAI PAS A TOUS LES MASSACRER !
Hiii, au secours, au secours, nous allons mourir. Cet agent du Cipher Pol est devenu fou !...
Fuyez pauvre fous ! Pédalez pour vos viiiiieees !
ET NOUS VOULONS UNE PIZZA AVEC ! SANS OLIVES ! ET NE TENTEZ PAS DE GLISSER UN JE NE SAIS QUOI DE CHIMISTE DEDANS, JE LE SAURAIS ET LA... MA COLERE SE DECHAINERA !
Euh... Vous êtes sérieux... ?
OUI, TRES ! TU ES EU, REVOLUTIONNAIRE ! HAHAHA ! TU NE LAISSERAIS PAS DE PAUVRES PNJ INNOCENTS QUI N'ONT RIEN DEMANDE A PERSONNE SE FAIRE TRUCIDER ! TU AS UNE HEURE, YOSHI KABE ! APRES QUOI JE NE REPONDS PLUS DE RIEN !

Gotcha.

Il a dit...

Je marquai une pause, regardant le pauvre Révolutionnaire.

Enfin, tu as entendu.
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Le plan de l'agent Cipher Pol avait une lacune. Une terrible lacune. Il allait bien vite s'en rendre compte. En fait, probablement au moment même où il voyait tous les pédalos de secours s'en aller, couverts de sauce tomate. Et s'il ne comprit pas sur le moment, il comprit lorsque son propre PNJ chauffeur sauta du pédalo en marche. Forcément, quand on menace les gens qui sont nécessaire à la bonne marche d'une opération, elle finit par couler. Et déjà, le pauvre agent se faisait distancer dans la course poursuite par le rythme effréné du navire aussi rapide que trente pédalos. Mais il ne lui fallut pas bien longtemps pour se ressaisir.


« Ô rage, Ô désespoir, Ô joueur ennemi... N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? Voir ma chair à canon déguerpir du navire, s'en aller, me laissant au vil félon pour périr... »


Pendant ce temps, Gertrude continuait de houspiller son pauvre mari pour qu'il sorte la pizza du four au plus vite. Ce qu'il fit, bien évidemment. Et de ses mains calleuses, elle empoigna ladite pizza, se retourna vers l'agent dorénavant en train de pédaler. Il eut un instant d'hésitation.


« Euuuh... Je veux bien qu'elle soit dans une boite, ça m'a...

- EEET MON CUL, TU L'VEUX DANS UNE BOÎTE AUSSI, CORBEAU ?! »


Devant bien tenir la barre pour ne pas dériver – et ne lui dites pas que depuis le début de la course, les pizzaïolos ne tenaient aucune barre – il n'eut d'autre solution que de se prendre la pizza en pleine face. Headshot, comme on dit dans le jargon des lanceurs de pizzas invétérés. Beaucoup moins dans celui des lanceurs de pizzas invertébrés.


« HEAAADSHOT ! »


Qu'est-c'que j'disais...


« J'AVAIS DEMANDÉ SANS OLIVES ! REMBOURSÉ !

- Dites, vous voudriez faire gréve avec ça ? Non, parce que avec vous, les gens payés par l'argent public, on sait bien qu'un tel affront mérite une gréve sauvage.

- Maintenant que vous le dites... »


*


Et pendant ce temps, dans la soute toujours bien fermée de la coque de noix, la stupéfaction continuait de gagner en importance. La plupart des otages commençaient à être persuadés qu'ils rêvaient. Certains de ceux-là, de ce fait, avaient commencé à déstresser abusivement et jouaient maintenant au poker.

En fait, même parmi les otages qui ne pensaient pas rêver, plus personne n'était vraiment sur les nerfs. Ça papotait à gauche et à droite, ça regardait le paysage de l'autre côté... Oui, le paysage consistait en une étendue d'eau calme. Mais soit. Chacun est intéressé par ce qu'il désire. Finalement, le seul qui restait quelque peu stressé, c'était le physicien. Déjà parce qu'il était toujours en caleçon, et ensuite parce que Lilou était toujours face à lui, à chercher une solution.

Et alors qu'ils continuaient de s'interroger sur la suite à adopter, du côté de la table de poker, ou plutôt du plancher de poker, l'un des perdants se tourna vers la fameuse malle et s'exclama bien vite :


« Eh les gars, regardez, un bon vieux vin rouge qui tâche !»


Et à nouveau le temps parut ralentir lorsque tout le monde se retourna vers le pauvre homme, il avait déjà ouvert la bouteille et versait déjà l'incroyable breuvage dans un verre. Et lorsque les gens commencèrent à courir vers lui, à s'élancer les bras en avant pour l'empêcher de commettre l'irréparable, il était trop tard. Les premières gouttes coulaient dans sa bouche. Il eut à peine le temps de prendre ces quelques millilitres, et pour le moment, personne ne savait si ça allait juste le faire souffrir plus longtemps ou le sauver. Mais le brave eut tout de même la conscience d'esprit de poser son verre et la bouteille précautionneusement sur le plancher avant de commencer à être animé de spasmes, de sentir la gorge en hurlant à la mort.

Pendant cinq minutes, tout le monde s'affola. Et au dehors, l'agent se demandait ce qu'il pouvait bien se passer à l'intérieur. Cela ne l'empêchait pas bien sûr de déguster sa pizza d'une main. Gertrude et Jean-René, par contre, tentaient vainement de réparer le canon à pizza, qui n'avait en réalité pas plus d'utilité que la paluche de la mégère. À part d'être plus classe.

Après cinq minutes pourtant, une étincelle parcourut l'esprit de Kyoshi. Un instant de pragmatisme éclairé dans son petit cerveau. Chose rare s'il en était. Et alors que le PNJ malheureux, appelons-le Johnny, parce que franchement pour oser boire un vin rouge de pizzeria, faut au moins s'appeler Johnny... Et alors que Johnny recrachait de l'eau qu'on lui faisait avaler puis recracher pour essayer de le sauver, Kyoshi s'approcha du verre et de la bouteille. Des gouttes commencèrent à perler sur son front lorsqu'il essaya de verser le contenu du verre dans son contenant originel... Finalement, il abandonna. Il restait sans doute bien assez de vin dans la bouteille. Un laijolais de ville nouveau, semblait-il.

La jeune rouquine avait-elle compris ? Et Bee, son canard... Avait-il compris, lui aussi ? Sans doute. Il étaient balèzes tout de même. Le manchot les regarda de l'air désolé de celui qui s'apprête à commettre une atrocité, mais qui y est forcé. Il sortit la tête, et s'adressa à l'agent qui, revigoré par la pizza qu'il continuait de manger, s'était à nouveau rapproché.


« Mouhahahaha ! Vous ne ferez plus long feu. Votre plan est tombé à l'eau, et...

- Comment ?!

- Ben oui, vos PNJs sont partis.

- Damn!

- Et donc, comme je disais... Votre plan est tombé à l'eau, mouahahaha !

- Joli trait d'esprit... Tombé à l'eau, alors qu'ils se sont vraiment j...

- NE M'INTERROMPEZ PAS ! Je suis le grand Yoshi Kabe ! Et je tiens dans ma main... LE VIN-ROUGE-QUI-TÂCHE-DE-PIZZERIA ! Mouahahaa...

- Haaaaaaaaan! Noooooon, pas ça ! Vous n'oseriez pas ?! Le meurtre par vin-rouge-qui-tâche-de-pizzeria a été classé en septième position dans le classement officiel des meurtres les plus impardonnable par l'OICMI...

- La quoi ?!

- Ben l'Organisation Internationale Contre les Meurtres Impardonnables.

- Je vous rappelle que je suis un révolutionnaire. Par contre, c'est un nom très naze. Mais bref... Puisque vous ne cédez pas à mes exigences... Prenez garde !»


Et lorsqu'il lança la bouteille, tout le monde retint son souffle, même les deux cyborgs, c'est pour dire. Seul la victime se débattit, enfourna sa dernière portion de pizza entière en bouche, se leva se pelotonna dans un coin de son pédalo et regarda avec horreur la bouteille s'écraser sur le plastique de son embarcation et éclabousser sa veste. Il s'improvisa transformiste et enleva tous ses vêtements en un instant. Et mieux valait qu'il ne fît pas en deux instants, c'eut été trop tard. Déjà sa veste se désagrégeait sous l'effet de l'acide.Et il regardait avec horreur et impuissance le plastique du plancher du pédalo fondre à grande vitesse. Bientôt, l'eau s'engouffra. Lentement d'abord, puis bien vite, il apparut évident que c'était la fin de la course poursuite lorsque l'engin disparut sous la surface, laissant le CP sur place.


« Vous avez gagné une bataille... Mais vous ne vous rendez pas compte... Ouaaah, ça brûle ! Même l'océan ne dissout pas suffisamment votre vin pour le rendre inoffensif ! Mais vous ne vous rendez pas compte, vous venez de me donner un nouvel avantage...

- Lilou, qu'est-c'qu'il raconte, là ?

- J'étais le nageur le plus rapide de ma promotion au Cipher Pol ! Hahaha... Je vous aurai, révolutionnaires, je vous aurai !»


Sortiraient-ils un jour de cette course poursuite ? Difficile à dire, mais déjà Gertrude et Jean-René versait de la sauce tomate derrière le navire pour épaissir l'eau et ralentir la progression de leur poursuivant...[/color][/color]
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Comment on en est arrivé là, au fait ?
C’est une très bonne question… En fait, le Révolutionnaire a obtenu des plans de la part de la révolution, plans qui ont été dérobé à la Marine. L’agent, là, il est en mission pour retrouver ces plans et arrêter le révolutionnaire. Nous, on est là, parce qu’on est des civils…
Ouais, et les civils sont toujours pris entre deux feux.
Dommage collatéral quoi…
C’est ça. Pas de bol.
Et ces plans, ils sont ou, en fait ?
Juste là.
Pourquoi on ne s’en débarrasse pas alors ?
Ouais, c’est à cause d’eux qu’on en est là, on aura peut-être une chance de s’en sortir entier sans eux.
Sans eux, nos chances augmentent statistiquement de trente pour cent... Qu’est-ce que vous en dites ?
On s’en débarrasse.
Comment ?
J’ai une idée.

Je me relevai pour m’approche en catimini de Jean-René qui avait fort à faire pour accélérer la cadence du navire. Suant à grosse goutte, il allait et venait vers sa réserve de bois pour faire grossir le foyer dans sa cheminée, sous les ordres de son tyran de femme qui déversait tout son stock de sauce tomate à la flotte.

Jean-René ?
Suis occupé là !
Je sais. Tenez, c’est pour alimenter le feu.
Ah ! Merci !

L’homme fourra les papiers dans la cheminée sans vérifier de quoi il en retournait et repartit dans son train-train quotidien.

Voilà.

Les otages saluèrent mon geste, satisfaits.

*

Si le tenace agent du Cipher Pol avait eu une note plutôt médiocre à ses examens dans la catégorie « pédalo », il était en effet le meilleur lorsqu’il s’agissait de nager. Et de loin. Elancé et puissant, ses mouvements de bras et de jambes eurent raison de tous les subterfuges pour le ralentir, et ce fut devant la mine décomposé du terrible mais pas trop Kyoshi Okabe et de Gertrude que la main rouge sang de l’homme apparut sur la balustrade.

L’agent arriva tant bien que mal à grimper sur la chaloupe, s’effondra au sol en haletant. Recouvert de rouge, les yeux révulsés par la fatigue et l’épuisement, il donnait l’air d’être sorti tout droit d’une BD de Zombie, prêt à dévorer l’ensemble des convives pour satisfaire son appétit vorace. Mais il n’en fut rien : Il pointa son doigt tremblant de fatigue vers le Révolutionnaire et lâcha entre deux souffles rauques :

Haaa… Haaaa… Je vous tiens et je vous arrête maudit révolutionnaire… Ne tentez plus… De pirouette scénaristique, s’il vous plait…

Il se redressa difficilement. L’ensemble des otages s’aligna non loin comme pour participer à un spectacle de rue, et salua la performance grandiloquente de l’agent secret : Il avait tout de même drôlement bien nagé. Quelques applaudissements et commentaires fusèrent au sein de la foule, on demanda même de lui faire une médaille en pâte à pizza.

Libérez les otages et… rendez-moi ces plans ! Et je vous promets de vous éviter la peine de mort… Haaaa…
Pour les plans, on ne les a plus.
Kwakwak.

Il y eut un silence sur la chaloupe. Jean-René et Gertrude se retournèrent vers moi, tandis que l’agent secret m’interrogea du regard. Kyoshi, quant à lui, chercha sur lui ou il avait bien pu mettre les dits plans.

Comment ça « on ne les a plus » ?
Oui. Jean-René les a brulés.
QUOI ?!
Hein ?
QUOI ?!
Il avait besoin d’alimenter son foyer alors…
Mais !
JEAN-RENE ?!
Mais ma mie, je n’ai rien fait je te jure…
En fait, nous avons voté avec les otages et avons considéré que ces plans étaient la source de tous nos problèmes, donc nous nous en sommes débarrassés. Ainsi, il n’y a plus de raison de nous pourchasser ni de prendre des gens en otage…
Ah oui, c’est censé ce que vous dites. Ah non mais je suis d’accord, j’arrête de vous chasser, désolé pour le dérangement.
Vous voulez un verre d’eau pour vous remettre ?
Volontiers.

Je repartis pour aller chercher de quoi étancher la soif d’Anrad. L’homme avait l’air serein, installé contre la rambarde en reprenant son souffle. Les otages, quant à eux, étaient prêts à célébrer la victoire comme il se devait : En dévorant des pizzas gratuitement fournis par Gertrude et Jean-René. L’agent secret quant à lui parla de tout et de rien le temps de se faire servir, complimentant l’efficacité du vin de table qu’il souhaitait utiliser désormais comme arme dans ses missions. On lui en fit venir une qu’on lui offrit gratuitement et la conversation continua sans que personne ne se méfie.

Tenez.
AHAH !
KWAK !

Mais rien ne se passa encore comme prévu évidemment, et à peine avais-je tendu le verre d’eau qu’Anrad me saisit par le poignet en me bondissant à moitié dessus, me menaçant avec la bouteille de vin qu’on lui avait donné tantôt :

Je déconnais ! Faudrait voir à pas me prendre pour un con ! Vous êtes que des civils, par définition, pas très fût-fût ! Alors on arrête de déconner ou la rouquine y passe ! Répondez à toutes mes exigences !
Et merde…
Je veux les plans, une pizza, que Yoshi Kabe se passe lui-même les menottes et que la révolution ABDIQUE !

Et pas d’entourloupe, je suis pas révolutionnaire moi, j’exécuterai la rouquine sans remords !


Dernière édition par Lilou B. Jacob le Ven 3 Jan 2014 - 18:57, édité 1 fois
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Gagner du temps. Gagner du temps pour trouver une idée. C'était là la priorité numéro un de Kyoshi, à cet instant précis. Et cela ne reflète pas du tout le fait que l'écrivain n'avait pas la moindre idée de comment les sortir tous de ce pétrin. Non, non, non...

Et pour gagner du temps, il fallait obéir aux premières exigences de l'agent. Pour ce qui était de la pizza, sur un hochement de tête du scientifique, Jean-René commença à s'en charger sous les engueulades permanentes de son épouse. De son côté, Kyoshi prétexta avoir oublié les plans dans la cuisine lors d'une discussion avec Gertrude. Accompagné de la mégère, il s'y dirigea avec un coup d'œil inquiet vers Lilou.

Il fallut peu de temps au binôme pour trouver un grand set de table premier pris sans le moindre ornement. Une grande feuille de papier, en somme. Et autant il manquait cruellement de pragmatisme pour faire un bon ingénieur, autant la mémoire du physicien lui permettait largement de refaire des plans qui, certes, n'auraient pas grand rapport avec les originaux, mais qui pourraient probablement berner l'œil inexpérimenté d'un agent gouvernemental. Il lui fallut deux minutes pour tracer des lignes dans tous les sens en annotant une bonne part d'entre elles de signes cabalistiques et en comblant les espaces libres avec des formules ou des valeurs de grandeurs physiques. Et pendant ces deux minutes, il eut le temps de trouver la faille à exploiter. Résultat non-garanti, mais c'était la seule issue qu'il voyait à l'impasse dans laquelle il avait fourré Lilou.

Lorsqu'ils revinrent vers leur ennemi, la pizzaïolo et le chapeauté eurent l'étrange vision de Jean-René posant une pizza sur le bord d'une table et d'Anrad s'agenouillant tout en maintenant fermement Lilou d'un bras et la mortelle bouteille de sa deuxième main. Avec une dextérité hors du commun, l'agent parvint à rouler la pizza avec sa bouche et à en mordre une première bouchée avant de se relever.


« J'echpère que fouch êtes raijonaable ? Scronch, scronch...

- Voici les plans demandé, il m'a fallu un peu de temps pour remettre la main dessus, mais ce sont bien eux... »


D'un geste, il lança le set de table roulé vers la table où se trouvait la pizza. D'une dextérité de plus en plus impressionnante, le gouvernemental se raccroupit, mangea une autre bouchée de la pizza, et utilisa son menton et sa langue pour dérouler les plans et y jeter un bref regard avant de reporter son attention sur ses ennemis.


« Ch'est donc là ma deujième refendicachion... »


Il accomplit ensuite une espèce de danse improbable en sautillant et en tortillant du cul jusqu'à ce que... Jusqu'à ce qu'une paire de menottes à fourrure rose tombe par l'une des jambes. Il poussa les menottes du pied et s'adressa au révolutionnaire.


« J'ai toujours une paire cachée. On ne chait jamais. Feuillez enfiler chela, monchieur Kabe.

- Mmmh... Vous êtes sûr ? Je peux vous demander à quoi elles servent hab... Bon, bon... Ok. Par contre, si j'étais vous j'éviterai tout de même de trop amocher cette demoiselle.

- Comment chela ?

- Et bien... Je pense que vos supérieurs auraient bien du mal à vous pardonner d'avoir tué le docteur Vegapunk ! »


Quel ne fut pas l'étonnement de l'ensemble des otages et d'Anrad lors de cette annonce. Et heureusement qu'il n'avait pas de vue sur le visage de la rouquine qui fut sans doute aussi stupéfaite que les autres.


« Vous bluffez, Martoni !

- Peut-être bien... Mais prendrez-vous le risque ? Moi, le grand Yoshi Kabe, ait été dépêché sur Hinu Town à sa recherche par ma propre section révolutionnaire qui m'a chargé de le trouver et de le capturer. Ces pizzaïolos appartiennent à une autre section révolutionnaire et avaient reçu la même mission. Cette gente dame vient de ma le confirmer alors que nous cherchions les plans. Nous n'étions jusqu'ici pas sûr de cela, surpris que Vegapunk soit une femme, mais il se trouve que trop d'éléments concordent... Et nous en sommes dorénavant sûrs.

- Quels jéléments ?

- Regardez ce méca-canard... Qui d'autre que Vegapunk aurait pu bien construire un robot si parfait ? Je vous le demande. La révolution la veut vivante, c'est pourquoi je me rends à vous. Je ne peux me permettre d'être responsable de sa mort. »


L'agent sembla réfléchir un long moment, s'accroupissant à nouveau pour manger un nouveau bout de pizza.


« Si j'étais vous, je ne mangerai pas deux pizzas entières... Vous allez avoir mal au ventre...

- Chilenche... Chi dites frai...

- Ce n'est pas une question de fraîcheur, deux pizzas, c'est beaucoup...

- Chilenche !! Chi dites frai, fous ne ferez rien contre moi chi je la tiens en otache. Déjolé docteur, je fais che que je peux pour m'en sortir et vous en sortir auchi. La chituation est compliquée, révoluchionnaire, mais vous n'avez toujours pas fait abdiquer la révoluchion. J'attends !

- Je n'ai pas ce pouvoir, mais vous n'avez pas vraiment le pouvoir non plus. Que dites vous de laisser en paix le docteur Végapunk, et de repartir avec moi et les plans ? Ce serait déjà pas mal. Et votre pizza en plus... »


Le révo décrocha son faux poing et le rangea dans sa veste avant de se passer les menottes autour des deux poignets... La supercherie allait elle fonctionner ? L'agent hésita un instant avant de saisir, le physicien et de lâcher la jeune fille.


« Bien... Faijons donc ainchi. Ma michion était chimplement de récupérer les plans. La gloire pour plus tard. Fous, les pijaïolos, ne tentez pas de fous en prendre au docteur. Docteur, je peux fous fournir une echcorte jusqu’à un lieu chûr, si vous le déjirez... »
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Je ne vous laisserais pas faire !

Tout allait enfin se finir, sur une note presque heureuse quoiqu’étrange. Mais Jean-René en décida totalement autrement, frustré par la tournure que prenaient les choses. Frustré de cette possible victoire du Cipher Pol sur les représentants de la Révolution ici présents. Alors que tout ça touchait à sa fin et que j’étais sur le point de reprendre mon souffle comme ma liberté, Jean-René brandit en l’air une petite bouteille pleine d’une solution rouge sang, le regard perçant, les lèvres retroussées montrant sa colère :

Jean-René ?
Qu’est-che que… gloups !
Oh. My. God.

Gertrude avait l’air affolé. Moi, je cherchai à déterminer le liquide qu’il tenait entre les mains en menaçant dangereusement l’assemblée. Anrad ne savait pas s’il devait mettre ses menaces à exécutions ou pas, mais devant le visage furibond du propriétaire de la pizzeria flottante, il était sur ses gardes. La femme-cyborg s’interposa, levant les bras en l’air :

Pose cette bouteille de Tabasco immédiatement !
Du Tabasco ?! Encore une terrible arme ! Maudit Révolutionnaire !
Jamais ! Je ne laisserais pas le gouvernement s’en tirer à si bon compte !
Je déconne pas, je vais le buter !
C’est quoi encore ces conneries ?
Kwak…
Je déteste le gouvernement parce qu’il a fait tuer ma mère ! C’est pour ça que je suis devenu un cyborg révolutionnaire !
C’est quoi cette mauvaise excuse ?! Non mais qui sort des conneries pareilles ?!
Mais qu’est-ce que tu racontes comme bêtises encore ?
Vous êtes tellement méchants ! C’est de votre faute si je suis ce que je suis !
Posez cette bouteille immédiatement !
Jamais ! Quand elle touchera le sol, tout explosera !
Chéri, mon p’tit doudou, tes parents sont toujours en vie… Ils coulent des jours heureux à Orange… On est allés les voir au dernier noël…
Ah ! Je me disais bien aussi…
Non mais qu’ils sont cons…
Bon, je vais faire ça au nom de la liberté alors !
Kwak…
FUYEZ PAUVRES FOUS !!!

Tous les otages présents retinrent leur souffle, moi compris. Jean-René lèva haut la main, dans un mouvement souple et large, ralentis par le suspense pesant sur le navire et ses occupants. Anrad devina ce qui allait se passer. Il le devina rien qu’en voyant la lueur folle dans les yeux de son adversaire. Et alors que le mouvement continuait sa route, il n’eut qu’un seul réflexe : balancer Kyoshi par-dessus bord pour bondir en hurlant…

NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOO…

…D’un saut prodigieux, lui ayant valu la médaille « des sauts prodigieux » en 1615 lors de ses examens à l’université. Tous les otages suivirent la petite flasque des yeux qui continua sa lancée. Elle tournait noblement en l'air, passant devant les yeux de chaque convives, un à un. Enfin, les autres réagirent en comprenant ce qu’il allait advenir d'eux.

…OOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOO…

Tous les civils présents sautèrent en arrière, prêts à se mettre à l’eau. Gertrude attrapa son mari pour le coller à terre et le protéger grâce à son renfort métallique dorsal anti-émeute. Libre de mes mouvements, je pris la même direction que les autres, Bee sur mes talons. Et Anrad continua son bond prodigieux, terminant finalement sa course le premier…

…OOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON !!!!

… Dans la mer pour fuir les lieux.

TOUT LE MONDE A COUVEEERT !
AAAAAAAAH !


La fiole ne brisa pas au contact du parquet. Elle roula plutôt sur le sol en suivant le mouvement de la mer avant de s’arrêter au pied d’une chaise renversée. Le verre se fissura, laissant s’échapper quelques goûtes du liquide que l’on pensait tous « instable ». Il ne se passa rien, le temps que l'un deux soupire de soulagement, quand soudainement, une vive lumière nous aveugla tous, un choc nous renvoya à la réalité et à la flotte plus vite que prévu, avant de fendre en quatre morceaux distincts la chaloupe des cyborgs…


Dernière édition par Lilou B. Jacob le Ven 3 Jan 2014 - 19:38, édité 1 fois
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