Jour 1
Depuis Dead End, tout était flou. Je ne me souviens de rien. M’étais-je évanoui ? Mon premier souvenir me vient de mon réveil, dans cet endroit sordide appelé Impel Down, mais je ne savais pas encore que c’était cet endroit. Comme vous devez vous en doutez, ce n’était par de gentils caresses que l’on me réveilla, mais plutôt le contact bouillant de l’eau en ébullition. Un chaudron rouge alimenté par un feu ardent qui maintenant l’eau calcinant. Pour purifier qu’ils disaient. Manquerait plus qu’à ajouter des légumes pour faire un festin… Si primitif et superstitieux. La chaleur qui purifie ? Je croyais que l’enfer était fait de flammes, et il faut passer par ce degré de température pour se purifier ? Un peu étrange comme procédé.
Mais à ce moment là, je ne pensais pas à ça. Je m’empressais plutôt de sortir de cette marmite avant d’y fondre, pour remarquer que mes vêtements avaient changés. Des habits rayés, comme ceux que portent les esclaves de Tequila Wolf. Cela faisait-il de moi un prisonnier ? Des menottes autour de mes poignets vinrent appuyer cette théorie. Mais où ? Et quand ? Je ne me souviens de rien. J’ai juste mal à la tête, et ça ne fait qu’empirer quand j’essaie de me remémorer. Un peu plus loin, je vis un homme jetait ma chemise dans le feu pour alimenter l’eau purificatrice. Ils avaient donc coupé mes habits… Ma belle chemise…
On ne me laissa pas finir mon deuil, me poussant pour que j’avance alors que je ne savais même pas où j’étais. J’ai mal à la tête, à mes jambes… Je les regarde, elles sont encore cet aspect calciné de Dead End, mais j’arrive à les utiliser, lentement mais sûrement. Aucun souci me suis-je dis, il me suffisait d’une petite injection pour que toute cette douleur s’envole. Mais mes doigts restèrent normaux, je me sentais faible. Impuissant et faible. Les menottes devaient être en granit marin. Et ils appellent ça un fruit du démon. Démon tu parles, jamais entendu parler d’un démon qui avait peur d’une roche. Malédiction, ça je suis d’accord. Mais là n’était pas la question. Je devais donc faire avec et prendre mon mal en patience.
Les hommes qui m’entouraient continuaient de me faire avancer, mais je ne faisais pas attention à ça. J’essayais de me concentrer, de me remémorer. Que s’était-il passé ? J’étais à… J’étais à Dead End. Ma tête, elle me fait mal. Mais je dois savoir… D’où viennent ces menottes ? J’étais avec… Il y avait… Tahar. Oui, il était là… Je me souviens… Je vois… un trou dans son torse… Il était affalé par terre. Nous avions perdu la bataille ? Je regarde à droite et à gauche, mais je ne vois mon capitaine nulle part. Est-il mort ? Non, Tahar ne peut pas mourir. C’est le genre de monstre qui violerait Dame la Mort pour l’avoir cherché. Mais il est où alors ? Et je suis où ?
Je reviens comme de loin, prenant peu à peu mes esprits encore brumeux. Bon, vraisemblablement j’étais prisonnier. Mais de qui ? Par qui ? Les pauvres de Dead End ? Non, comment pourraient-ils avoir du granit marin ? Mais si c’est pas eux, c’est… La tête de Pride Parama, le capitaine corsaire vint clignoter dans ma tête comme une évidence. Le gouvernement ! La marine ! Comme je m’arrêtais, surpris par cette révélation, l’un des hommes approcha sa main dans la ferme intention de me pousser en avant, mais je me décalai en lui criant de ne pas poser ses sales pattes sur moi ! Effet inverse, il me frappa ventre, me faisant cracher du sang. Un chien de la soit disant justice qui lève la main sur ma sublime ? S’il veut jouer, on va jouer. Je relève la tête dans un air de défi, prêt à lui foncer dessus, toute dent dehors, mais un deuxième garde me cogna au visage, me faisant tomber au sol. J’étais pas encore dressé qu’il disait, avant de me ruer de coups pour avoir osé tenir tête.
Les mains liées, blessé et impuissant, je n’avais d’autre choix que de les laisser faire, tentant tant bien que mal de protéger mes organes, mais avec les poignets dans le dos c’était peine perdu. Le sol fut tâché de sang, de mon sang. Mais il semblerait que le sol soit jonché de sang un peu partout ici. Trop affaibli pour me relever, ils durent me trainer sur le reste du chemin, écorchant ma peau contre les dalles de plus en plus chaudes à mesure que l’on descendait les étages. Mais les étages de quoi ? Entre deux coups j’avais pu apercevoir un étrange symbole sur l’uniforme des gardes. Sûrement un indice sur notre localisation, mais je n’avais jamais été très doué pour ça à l’école…
Dans ma tête douloureuse, et malgré ma vue un peu trouble, je comptais les étages que l’on traversait. Bizarrement, la température ambiante approchait celle de l’eau divine, mais l’un des gardes signala que cela allait vite changer. Que voulait-il dire ? Nous arrivions au 4ème étage. Plein de prisonniers travaillaient alors que la fournaise semblait prendre sa source dans les environs. C’était ici que j’allais me retrouver ? Non, l’ascenseur continua de descendre. Ce que fit aussi la température, subitement. Mon corps se mit à trembler, passer d’un extrême à l’autre comme ça, c’était un véritable choc thermique. Hormis pour les gardes qui étaient vêtus en conséquence, mais ce petit tissu rayé n’était pas adéquat pour cette situation. Je faisais une crise, mais personne ne semblait y faire attention. Les justiciers du monde ne devaient pas aider les personnes dans le besoin ? J’avais même pas assez de force pour tenir debout, je me mettais à convulser, à voir de plus en plus noir. J’essayais d’ouvrir la bouche pour dire quelque chose, mais aucun son compréhensible n’en sortit. Puis, plus rien. Le néant total.