Île inconnue, East Blue. 1615.
Une bière ambrée en main, face à la population atypique d'un bar énigmatique. Si les aventures forgeaient le caractère, les voyages se soldaient souvent en confrontations amères. L'expérience créaient les aptitudes, et on ne pouvait prétendre à sauver un monde corrompu si on en abordait pas tous ses vices. Non pas y succomber, mais les contempler. Savoir ce qui poussait les hommes à sombrer dans le vice et la haine, ce qui pouvait pousser ses semblables à faillir, à abandonner face à un régime si autoritaire. Quand est-ce que l'homme cessait d'agir comme tel pour se cantonner à son animalité ? Laissant son âme se consumer dans les affres de la dictature, dans les vilenies du Gouvernement. Il fallait une force morale à toute épreuve, mais peu de personnes s'en montraient dignes. Non, digne n'était pas le mot. Peu s'en montraient capables. Se targuer de vouloir changer les choses, alors, ce n'était que de l'orgueil. La véritable force était de le faire. Que pouvait bien changer au monde un jeune assassin ? Seul au milieu des flots, entouré par les morts. Son mentor était décédé, son héritage retrouvé. Pourtant, il se sentait bien vide au milieu de tous ces moutons. Il pouvait porter son regard n'importe où, il ne faisait que dévisager des gens qui avaient accepté la fatalité. Il avait voyagé sur les quatre blues, regardant par ses yeux ses semblables. Il avait appris bon nombre de leçons, avait fui un nombre incalculable de fois. Jamais il n'avait trahi son identité, les enseignements de la Volpe étaient puissants. Mais si ce dernier avait formé son corps et planté la graine de la révolution dans l'esprit de l'assassin, jamais il ne lui avait fait voir à quel point la situation était glauque. Pour cause, s'approcher de trop près du Gouvernement était passible de mort. Nombre de ses amis, ou du moins ils y avaient ressemblé, en avaient fait les frais. Mais pour l'heure, il avait retenu sa première leçon depuis des lustres. Un homme seul ne pourrait rien y changer.
Qu'est-ce qui était plus puissant qu'un homme ? Que de questions, peu de réponses.
L'ambiance changea soudain. Une chaise se brisa, un poing se leva. Puis ce fut le boxon, comme d'habitude à vrai dire. Il n'en était pas à la première escale dans ce bar atypique, et la faune qu'on y fréquentait était toujours fallacieuse. C'était même plus que ça, un véritable concentré des types les plus louches de toutes les latitudes. Pas que ce fussent des bandits, pas tous, mais plutôt des gars aux personnalités chatoyantes. Et filles. Ne restaient plus que les prétentions de la tenancière, de loin la plus cinglée de tous. Ce qui ne tarda pas à se faire sentir. Sortant une arme à en faire frémir plus d'un, elle troua le mur, frôlant de justesse les trouble-fêtes qui restèrent un instant interdits, morceau de mobilier en main, avant de tout lâcher et de décamper. Elle rechargea son fusil et ramena le canon sur son épaule, posant sa main gauche sur sa hanche, lâchant un clin d'oeil à l'intention de l'encapuchonné assis à trois mètres de là. Rafael baissa la tête, ignorant la jeune femme. Mes amis, je vous présente Mad.
Une bière ambrée en main, face à la population atypique d'un bar énigmatique. Si les aventures forgeaient le caractère, les voyages se soldaient souvent en confrontations amères. L'expérience créaient les aptitudes, et on ne pouvait prétendre à sauver un monde corrompu si on en abordait pas tous ses vices. Non pas y succomber, mais les contempler. Savoir ce qui poussait les hommes à sombrer dans le vice et la haine, ce qui pouvait pousser ses semblables à faillir, à abandonner face à un régime si autoritaire. Quand est-ce que l'homme cessait d'agir comme tel pour se cantonner à son animalité ? Laissant son âme se consumer dans les affres de la dictature, dans les vilenies du Gouvernement. Il fallait une force morale à toute épreuve, mais peu de personnes s'en montraient dignes. Non, digne n'était pas le mot. Peu s'en montraient capables. Se targuer de vouloir changer les choses, alors, ce n'était que de l'orgueil. La véritable force était de le faire. Que pouvait bien changer au monde un jeune assassin ? Seul au milieu des flots, entouré par les morts. Son mentor était décédé, son héritage retrouvé. Pourtant, il se sentait bien vide au milieu de tous ces moutons. Il pouvait porter son regard n'importe où, il ne faisait que dévisager des gens qui avaient accepté la fatalité. Il avait voyagé sur les quatre blues, regardant par ses yeux ses semblables. Il avait appris bon nombre de leçons, avait fui un nombre incalculable de fois. Jamais il n'avait trahi son identité, les enseignements de la Volpe étaient puissants. Mais si ce dernier avait formé son corps et planté la graine de la révolution dans l'esprit de l'assassin, jamais il ne lui avait fait voir à quel point la situation était glauque. Pour cause, s'approcher de trop près du Gouvernement était passible de mort. Nombre de ses amis, ou du moins ils y avaient ressemblé, en avaient fait les frais. Mais pour l'heure, il avait retenu sa première leçon depuis des lustres. Un homme seul ne pourrait rien y changer.
Qu'est-ce qui était plus puissant qu'un homme ? Que de questions, peu de réponses.
L'ambiance changea soudain. Une chaise se brisa, un poing se leva. Puis ce fut le boxon, comme d'habitude à vrai dire. Il n'en était pas à la première escale dans ce bar atypique, et la faune qu'on y fréquentait était toujours fallacieuse. C'était même plus que ça, un véritable concentré des types les plus louches de toutes les latitudes. Pas que ce fussent des bandits, pas tous, mais plutôt des gars aux personnalités chatoyantes. Et filles. Ne restaient plus que les prétentions de la tenancière, de loin la plus cinglée de tous. Ce qui ne tarda pas à se faire sentir. Sortant une arme à en faire frémir plus d'un, elle troua le mur, frôlant de justesse les trouble-fêtes qui restèrent un instant interdits, morceau de mobilier en main, avant de tout lâcher et de décamper. Elle rechargea son fusil et ramena le canon sur son épaule, posant sa main gauche sur sa hanche, lâchant un clin d'oeil à l'intention de l'encapuchonné assis à trois mètres de là. Rafael baissa la tête, ignorant la jeune femme. Mes amis, je vous présente Mad.
Follement ... dingue. Peut être la plus tarée de ce coin des blues. Qui elle était, personne ne le savait. Elle avait un jour débarqué et retapé cette bicoque à grand coup de clin d'oeil et d'ouvriers musculeux. Son bar se posait là, comme une fleur sur le cul d'une vache, sans grande prétention mais déjà à la croisée des chemins de bon nombre de tarés. Quoi de mieux comme endroit que ce ramassis de crétins pour entendre les rumeurs les plus vagues et les plus insensées des blues. Tout ce qui transitait par là se montrait souvent assez exotique pour éveiller bien des intérêts, et aucun endroit de cette blues ne brassait autant d'informations. Il y avait bien les tripots révolutionnaires, en fin de compte, mais même eux pouvaient être pervertis. Alors que là, tout baignait dans l'audace et le stupre. L'assassin avait bien appris sa leçon. Rien n'est vrai, tout est permis. Et ce n'était qu'ici qu'il pourrait trouver ce qui l'intéressait. Des désaxés, des mythomanes ou de pieux révolutionnaires. Rien n'était improbable, c'était là le gruau d'une nouvelle ère. Lorsque vous avez éliminé l'impossible, ce qui reste, aussi improbable soit-il, ne peut être que la vérité. Rafael porta la bière allégée, il n'était pas encore majeur, à ses lèvres et la finit d'un trait. Il en avait assez entendu et il était temps de se mettre en route. Il était question de Saint Urea, et d'une noblesse aux moeurs impitoyables. Il allait mener l'enquête et frapper fort. Pour l'heure, il allait surtout mener l'enquête sur cette famille corrompue et étudier leur cas, s'assurant qu'ils étaient bien ce que les rumeurs dépeignaient d'eux. Fastidieux travail que la collecte d'informations. Il se leva et remit de l'ordre dans ses vêtements, avant de vérifier sa bourse et de partir.
"Me dis pas que tu vas vraiment aller jusqu'à Goa pour ces conneries ?" l'interrompit la voix sucrée de Mad.
L'assassin se retourna, haussa un sourcil et posa une main sur le pommeau de son épée. Un frisson lui hérissant l'échine. Il darda vers la tenancière un regard énigmatique, qui aurait pu être effrayant avec quelques années de plus. La jeune femme baissa son canon, le ramenant sous son comptoir. Que voulait-elle ? Comment savait-elle ?
"Me la fais pas à l'envers, Rafael. T'es pas le seul à avoir des oreilles, mon chou. Tu croyais que tu pouvais passer dans mon bar sans que je te renifle le cul, assassino ?" se moqua-t-elle, lui tirant ostensiblement la langue.
La mine déconfite de l'assassin en dit long sur lui. Il resta pantois, rendu crétin par le fait de s'être fait prendre aussi facilement par la drôlesse. Il se rapprocha du comptoir, jetant un regard apeuré autour de lui. Qu'est-ce qu'elle lui faisait là ? Et devant tout ce monde ... personne n'écoutait, fort heureusement, mais c'était plus que risqué ! Il tenait au secret quant à son identité, et elle le mettait en danger. Elle ne rentrait pas dans son crédo, c'était troublant, il ne savait que faire : jamais il n'avait été confondu aussi aisément ! Bon, en même temps il débutait dans la profession, mais ce n'était pas une excuse.
"Mon minou, ça fait des lustres que je te vois rôder de ci de là. Partant dès que tu as suffisamment entendu. Puis comme par miracle, y'a d'la casse à chaque fois, avant que tu reviennes. Et pile sur les p'tites paroles qui s'échangent ici, tu vois ? Lorsqu'on planque, faut savoir varier les plaisirs." continua-t-elle, en faisant ostensiblement glisser sa main de sa gorge plantureuse à son ventre plat.
L'assassin lui fit signe de parler un peu plus bas, craignant pour la suite des événements. Il se rapprocha du comptoir, et la tentatrice se rapprocha de son oreille, se pourléchant les lèvres. Les mimiques salaces de Mad étaient connues par ici, ce qui n'attira heureusement aucun regard vers eux. Quand elle s'entichait d'une proie, ça laissait un peu de répit aux autres clients.
"T'es pas très doué, hein ? Mais il me semble que t'as souvent tapé juste, tu vois ? Tapé ... dans le fond ... c'est pas mal." conclut-elle d'un sous-entendu gras et évident.
Rafael rougit face à ce commentaire, mal habitué à ce genre de préceptes. Avoir passé une vie d'entraînement aux côtés d'un maître voleur, ça n'aidait pas à faire à ce genre de créatures. Il avait des connaissances en filature, une idée précise de son but mais certaines lacunes demeuraient : la Volpe était mort avant qu'il ne fut parfaitement formé après tout. Il lui manquait l'expérience, ce que Mad venait de mettre facilement à jour. Mais, attendez ... elle était pas en train de la lui faire à l'envers là ? Il ouvrit la bouche et déglutit, mais la situation dans laquelle le mettait la cougar le mettait mal à l'aise. Il voulut répondre mais aucun son ne sortit de sa bouche, et il resta interdit face à la féminité ... exacerbée de la demoiselle.
"Roh. J'm'étais promis de rester loin de ça, mais ton p'tit cul rebondi m'a donné envie de remettre le couvert." reprit-elle devant le manque d'assurance du gamin.
"Tu vois, remettre le couvert ..." répéta-t-elle avec un clin d'oeil qui en disait long.
"Joe la mouk ! Tiens le bar pendant que je montre un truc au boutonneux !" hurla-t--elle d'un coup, au premier gars qui passait par là, et Rafael en était sûr, c'était pas son vrai nom.
Sur ces mots, elle ramassa sa pétoire et le tira par le col avec elle, tout d'abord récalcitrant, tant par le sobriquet que la situation, il résista un peu, mais Mad fit le tour du bar et lui claqua l'arrière-train, le faisant bouger au pas de course. Mais ... bordel, c'était pas ainsi qu'on traitait un assassin ! Il se laissa faire, malgré tout. Il en apprendrait un peu plus comme ça, hein ? Et heu ... merde. Il était là pour quoi déjà ? Bordeeeeel !! Mad ferma à clef derrière eux. Elle l'avait mené dans l'arrière salle du bar, et commença à déboutonner sa veste. Rafael baissa la tête, bredouilla trois mots incohérents puis tira sur le haut de sa capuche. Maiiiiiis ! C'était un assassin en filature, pas un vulgaire gode ... lureau.
"Alors Rafou, on joue au justicier solitaire, on essaye de venger papa-maman ?" se moqua-t-elle, sa poitrine débordant un peu plus cette fois.
L'assassin leva les yeux, toute gêne disparaissant sur le coup. Un élan de colère s'empara de lui, et il dégaina sans crier gare sa lame secrète. Il adressa à la tentatrice un regard furieux, puis voulu se jeter sur elle la mettant à terre. Elle se comportait ainsi pour le perturber et mieux le mener à son petit jeu. Elle voulait le confondre, elle savait trop de choses ! Il ne pouvait la tuer, lui faire peur seulement ! Il se saisit de son col, la poussa en arrière puis se retrouva à terre, Mad assise sur lui, jambes écartée. Il sentit le contact dur du sol contre son crâne, puis un goût de sang dans la bouche. Son poignet cogna contre le sol, retenu par la main de la barmaid. Puis il manqua d'air, étouffé par la poitrine opulente de la tentatrice. Il battit des pieds, tenta de cogner des poings, mais rien à y faire ! La ... garce !
"Tu te calmes, j'arrête. Rafou." fit-elle, semblant maintenir sa prise sans grand effort.
"Bien mon petit, alors écoute moi. Je te veux aucun mal. Même si je suis une vilaine, méchante ... fille ..." lâcha-t-elle sur un ton qui laissait aucune équivoque.
Le jeune homme stoppa ses efforts, ne comprenant plus grand chose à ce qui lui arrivait. Et comment s'était-il retrouvé à terre au juste ? Il l'avait attrapée au col, puis elle avait crocheté son bras, et retourné sa prise contre lui, d'une prise qu'il ne connaissait pas.
"Bon, on va faire les présentations. Moi, c'est Mad, ex Cipher Pol. Et mon but, c'est ... d'avoir la paix, en fait. Mais toi, bah t'as l'air un poil différent des fêlés révos, et vu que t'as l'air mal parti dans la vie, j'ai bien envie de te filer un coup de pouce. Ça, et ton p'tit cul. Ah, bien ferme ..." se présenta-t-elle, tirant un regard apeuré à l'assassin.
Elle lui fit alors un signe de la tête, l'invitant à se présenter. Chose inutile car il se doutait qu'elle savait déjà beaucoup trop de choses, mais autant rentrer dans son jeu, cela lui permettrait de gagner du temps, de saisir cette femme et de savoir comment se sortir de cette situation ... inconfortable.
"Je ... je ... Heu, moi c'est Rafaelo Di Auditore. Et heu ... je suis un assassin. Et toi, à quoi tu joues ?" marmonna-t-il, semblant regagner un poil d'assurance.
"Mais tu paaaarles ! Formidable, je vais peut-être faire quelque chose de toi ... que dirais-tu de te déshabiller pour commencer ?" minauda-t-elle.
"Me ... quoi ?!" lâcha Rafael, écarquillant de nouveau les yeux.
"Et bien oui, j'vais t'entraîner mon petit. Tu vois, je trouve qu'il te manque un truc essentiel ... une bonne dose de charme et de séduction : que dirais-tu de devenir mon élève un temps ? Tu rodes dans mon bar depuis un petit moment, et j'ai eu tout le loisir de t'observer. Du coup, je me suis dit : 'Mad, t'as pris ta retraite y'a au moins, quoi, six mois -8 ans en réalité- et tu te fais chier. Tu vois ? Mais j'en avais marre des conneries des uns et des autres. Mais j't'ai vu, reluqué, et il m'a semblé que tu étais pas mal dans ton genre. Ténébreux, sculpté comme pas deux, et tu t'bats pour la cause. Celle du peuple, tu vois ? Genre t'as des principes, et j'aime ça, et d'autre choses ... Alors j'me suis dit, hey ma grande, pourquoi tu l'aiderais pas au petit ? Genre toi t'es pénarde et lui, bah il profite de ce que tu sais faire ? Et puis comme ça, il saura t'aider en natu... retour !' Un truc dans le genre quoi !" monologua l'ex CP, ne laissant pas réellement le choix à l'assassin.
"Heu ... entraînement ?" répondit-il à la folle tirade de Mad.
"Filature, collecte d'informations ... et savoir quand agir ou pas : dans l'genre, pas te compromettre inutilement, tu vois ? Enfin, la formation de base d'un Cipher Pol, dont tu sembles cruellement manquer ! Et en échange, on va essayer de remettre un peu d'ordre dans ce monde de brutes. Moi j'ai raccroché, mais ça commence à me péter les ovaires ce que je vois dans la gazette, hein mon minou ?" continua la jeune, du moins en apparence, femme.
Et la page d'une histoire se tourna ...
"Me dis pas que tu vas vraiment aller jusqu'à Goa pour ces conneries ?" l'interrompit la voix sucrée de Mad.
L'assassin se retourna, haussa un sourcil et posa une main sur le pommeau de son épée. Un frisson lui hérissant l'échine. Il darda vers la tenancière un regard énigmatique, qui aurait pu être effrayant avec quelques années de plus. La jeune femme baissa son canon, le ramenant sous son comptoir. Que voulait-elle ? Comment savait-elle ?
"Me la fais pas à l'envers, Rafael. T'es pas le seul à avoir des oreilles, mon chou. Tu croyais que tu pouvais passer dans mon bar sans que je te renifle le cul, assassino ?" se moqua-t-elle, lui tirant ostensiblement la langue.
La mine déconfite de l'assassin en dit long sur lui. Il resta pantois, rendu crétin par le fait de s'être fait prendre aussi facilement par la drôlesse. Il se rapprocha du comptoir, jetant un regard apeuré autour de lui. Qu'est-ce qu'elle lui faisait là ? Et devant tout ce monde ... personne n'écoutait, fort heureusement, mais c'était plus que risqué ! Il tenait au secret quant à son identité, et elle le mettait en danger. Elle ne rentrait pas dans son crédo, c'était troublant, il ne savait que faire : jamais il n'avait été confondu aussi aisément ! Bon, en même temps il débutait dans la profession, mais ce n'était pas une excuse.
"Mon minou, ça fait des lustres que je te vois rôder de ci de là. Partant dès que tu as suffisamment entendu. Puis comme par miracle, y'a d'la casse à chaque fois, avant que tu reviennes. Et pile sur les p'tites paroles qui s'échangent ici, tu vois ? Lorsqu'on planque, faut savoir varier les plaisirs." continua-t-elle, en faisant ostensiblement glisser sa main de sa gorge plantureuse à son ventre plat.
L'assassin lui fit signe de parler un peu plus bas, craignant pour la suite des événements. Il se rapprocha du comptoir, et la tentatrice se rapprocha de son oreille, se pourléchant les lèvres. Les mimiques salaces de Mad étaient connues par ici, ce qui n'attira heureusement aucun regard vers eux. Quand elle s'entichait d'une proie, ça laissait un peu de répit aux autres clients.
"T'es pas très doué, hein ? Mais il me semble que t'as souvent tapé juste, tu vois ? Tapé ... dans le fond ... c'est pas mal." conclut-elle d'un sous-entendu gras et évident.
Rafael rougit face à ce commentaire, mal habitué à ce genre de préceptes. Avoir passé une vie d'entraînement aux côtés d'un maître voleur, ça n'aidait pas à faire à ce genre de créatures. Il avait des connaissances en filature, une idée précise de son but mais certaines lacunes demeuraient : la Volpe était mort avant qu'il ne fut parfaitement formé après tout. Il lui manquait l'expérience, ce que Mad venait de mettre facilement à jour. Mais, attendez ... elle était pas en train de la lui faire à l'envers là ? Il ouvrit la bouche et déglutit, mais la situation dans laquelle le mettait la cougar le mettait mal à l'aise. Il voulut répondre mais aucun son ne sortit de sa bouche, et il resta interdit face à la féminité ... exacerbée de la demoiselle.
"Roh. J'm'étais promis de rester loin de ça, mais ton p'tit cul rebondi m'a donné envie de remettre le couvert." reprit-elle devant le manque d'assurance du gamin.
"Tu vois, remettre le couvert ..." répéta-t-elle avec un clin d'oeil qui en disait long.
"Joe la mouk ! Tiens le bar pendant que je montre un truc au boutonneux !" hurla-t--elle d'un coup, au premier gars qui passait par là, et Rafael en était sûr, c'était pas son vrai nom.
Sur ces mots, elle ramassa sa pétoire et le tira par le col avec elle, tout d'abord récalcitrant, tant par le sobriquet que la situation, il résista un peu, mais Mad fit le tour du bar et lui claqua l'arrière-train, le faisant bouger au pas de course. Mais ... bordel, c'était pas ainsi qu'on traitait un assassin ! Il se laissa faire, malgré tout. Il en apprendrait un peu plus comme ça, hein ? Et heu ... merde. Il était là pour quoi déjà ? Bordeeeeel !! Mad ferma à clef derrière eux. Elle l'avait mené dans l'arrière salle du bar, et commença à déboutonner sa veste. Rafael baissa la tête, bredouilla trois mots incohérents puis tira sur le haut de sa capuche. Maiiiiiis ! C'était un assassin en filature, pas un vulgaire gode ... lureau.
"Alors Rafou, on joue au justicier solitaire, on essaye de venger papa-maman ?" se moqua-t-elle, sa poitrine débordant un peu plus cette fois.
L'assassin leva les yeux, toute gêne disparaissant sur le coup. Un élan de colère s'empara de lui, et il dégaina sans crier gare sa lame secrète. Il adressa à la tentatrice un regard furieux, puis voulu se jeter sur elle la mettant à terre. Elle se comportait ainsi pour le perturber et mieux le mener à son petit jeu. Elle voulait le confondre, elle savait trop de choses ! Il ne pouvait la tuer, lui faire peur seulement ! Il se saisit de son col, la poussa en arrière puis se retrouva à terre, Mad assise sur lui, jambes écartée. Il sentit le contact dur du sol contre son crâne, puis un goût de sang dans la bouche. Son poignet cogna contre le sol, retenu par la main de la barmaid. Puis il manqua d'air, étouffé par la poitrine opulente de la tentatrice. Il battit des pieds, tenta de cogner des poings, mais rien à y faire ! La ... garce !
"Tu te calmes, j'arrête. Rafou." fit-elle, semblant maintenir sa prise sans grand effort.
"Bien mon petit, alors écoute moi. Je te veux aucun mal. Même si je suis une vilaine, méchante ... fille ..." lâcha-t-elle sur un ton qui laissait aucune équivoque.
Le jeune homme stoppa ses efforts, ne comprenant plus grand chose à ce qui lui arrivait. Et comment s'était-il retrouvé à terre au juste ? Il l'avait attrapée au col, puis elle avait crocheté son bras, et retourné sa prise contre lui, d'une prise qu'il ne connaissait pas.
"Bon, on va faire les présentations. Moi, c'est Mad, ex Cipher Pol. Et mon but, c'est ... d'avoir la paix, en fait. Mais toi, bah t'as l'air un poil différent des fêlés révos, et vu que t'as l'air mal parti dans la vie, j'ai bien envie de te filer un coup de pouce. Ça, et ton p'tit cul. Ah, bien ferme ..." se présenta-t-elle, tirant un regard apeuré à l'assassin.
Elle lui fit alors un signe de la tête, l'invitant à se présenter. Chose inutile car il se doutait qu'elle savait déjà beaucoup trop de choses, mais autant rentrer dans son jeu, cela lui permettrait de gagner du temps, de saisir cette femme et de savoir comment se sortir de cette situation ... inconfortable.
"Je ... je ... Heu, moi c'est Rafaelo Di Auditore. Et heu ... je suis un assassin. Et toi, à quoi tu joues ?" marmonna-t-il, semblant regagner un poil d'assurance.
"Mais tu paaaarles ! Formidable, je vais peut-être faire quelque chose de toi ... que dirais-tu de te déshabiller pour commencer ?" minauda-t-elle.
"Me ... quoi ?!" lâcha Rafael, écarquillant de nouveau les yeux.
"Et bien oui, j'vais t'entraîner mon petit. Tu vois, je trouve qu'il te manque un truc essentiel ... une bonne dose de charme et de séduction : que dirais-tu de devenir mon élève un temps ? Tu rodes dans mon bar depuis un petit moment, et j'ai eu tout le loisir de t'observer. Du coup, je me suis dit : 'Mad, t'as pris ta retraite y'a au moins, quoi, six mois -8 ans en réalité- et tu te fais chier. Tu vois ? Mais j'en avais marre des conneries des uns et des autres. Mais j't'ai vu, reluqué, et il m'a semblé que tu étais pas mal dans ton genre. Ténébreux, sculpté comme pas deux, et tu t'bats pour la cause. Celle du peuple, tu vois ? Genre t'as des principes, et j'aime ça, et d'autre choses ... Alors j'me suis dit, hey ma grande, pourquoi tu l'aiderais pas au petit ? Genre toi t'es pénarde et lui, bah il profite de ce que tu sais faire ? Et puis comme ça, il saura t'aider en natu... retour !' Un truc dans le genre quoi !" monologua l'ex CP, ne laissant pas réellement le choix à l'assassin.
"Heu ... entraînement ?" répondit-il à la folle tirade de Mad.
"Filature, collecte d'informations ... et savoir quand agir ou pas : dans l'genre, pas te compromettre inutilement, tu vois ? Enfin, la formation de base d'un Cipher Pol, dont tu sembles cruellement manquer ! Et en échange, on va essayer de remettre un peu d'ordre dans ce monde de brutes. Moi j'ai raccroché, mais ça commence à me péter les ovaires ce que je vois dans la gazette, hein mon minou ?" continua la jeune, du moins en apparence, femme.
Et la page d'une histoire se tourna ...
à suivre ... ici