- Cela faisait longtemps qu'il n'avait plus fait d'exercice.
Il devait être prudent. Et discret. Heureusement, il ne croisa personne avant de sortir. Ni même dans les couloirs, qu'à l'acceuil. Un signe du destin ? Peut-être était-il vraiment temps pour lui d'agir ? Il avait reconnu le code sans aucune joie la nuit dernière. Cela ne pouvait signifier qu'une chose : Rafaelo était en danger ! Ne relâchant pas son attention, il se coula sur l'île comme un rêve. Ondula à travers les arbres et la forêt comme un serpent.
Son entrainement -le premier, le vrai, pas celui qui avait fait de lui un chien sans cervelle- revenait progressivement. Une saccade par-ci, un mouvement par là. Des conseils en pagaille. Une experience durement acquise dans les bas-fonds, sans aucun filin de surêté ou professeur pour le guider. Il était prêt. Remontant à travers la montagne, il s'arrêta près d'un gros rocher. En fit le tour. Découvrit la croix qui était ouvragée et commença à creuser.
Du trou ressortirent deux sacs, l'un blanc et l'autre rouge très saumoné. Fugitivement, le commandant se demanda si les escargophones avaient un sexe. Très fugitivement. Il brancha l'un sur l'autre et composa le numéro d'urgence.
Une sonnerie : "Pululu Pululu Pululu"
Deux, et une voix féminine.
- Eh, mon petit papillon en sucre ! Tu as des nouvelles pour moi ? Des problèmes ?
Il redoutait le pire, mais ne montrait toujours que le meilleure. Sa manière à lui de bouter le destin dans ses quinzes mètres. Aucune place à la chance, il n'y aurait après cet entretiens que des conjectures et des plans, minutieux et absolument imprévisibles.
Parce que la surprise, c'est le nerf de la guerre.Le code rouge n'avait pas été lancé pour une pécadille.
Il connaissait son frère par coeur.