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Monopoly à Dead End [1624]

Precedently :

Après être arrivé sur Dead End un peu par hasard, Joseph apprend au détour d'une bagarre de Taverne que l'île est dirigé par trois clans. Ces clans ont chacun plusieurs Champions très puissant à leur service pour faire régner leur loi sur l'île. Baston, prestige et argent facile, il n'en fallait pas plus pour que l'ex-agent du CP5 Joseph Patchett se laisse tenter. Après 10 ans passés dans la pénombre, il avait envie d'être sous le feu des projecteurs. Ses débuts à Dead End ont été prometteurs, après un combat intense face au 6e Champion du Clan Python, Ze Samuraï, Crack Joe avait enfin obtenu le titre tant convoité. Les choses sérieuses allaient pouvoir commencer.



Cela faisait plusieurs jours que Crack Joe avait vaincu Ze Samuraï. Le combat avait été éprouvant et il profita de son argent durement gagné pour faire plusieurs choses. Petit a, se payer la plus belle fille qu'il avait pu trouver. Petit b, se faire soigner, le toubib avait eu la main lourde sur les points de suture et il avait désormais une belle cicatrice en travers du torse mais bon, sous la chemise ça se voyait pas trop. Petit c, se racheter des costumes. Ça n'avait pas été facile de se dégoter de belles fringues sur cette île, surtout quand on était alité. Et oui, le doc' avait été particulièrement exigeant à se propos. "Pas d'épuisement ou de mouvements brusques sinon vous allez faire péter vos points de suture !" Cause toujours Doc'. Joseph Patchett était un rebelle, un vrai. C'était un fou dans sa tête qui ne respectait rien ni personne et surtout pas les prescriptions médicales.

Il avait donc passé plusieurs jours au Goret qui Chante, la chambre était offerte par la maison, la moitié du temps à picoler, l'autre moitié à démontrer à sa catin combien il pouvait être un amant exceptionnel. Résultat des courses, le shopping avait été laissé au petit personnel. Celui-ci avait quand même réussi à mettre la main sur un costard style grand luxe, un Noirsaché que ça s'appellait soit disant. Toujours est il qu'une fois le costume repassé Joseph se sentit redevenir lui même.

"Hey Léna ! Mais oui ma chérie, oui je sais que tu ne t'appelles pas Héléna. Mais arrêtes de crier, c'était juste une blague. Mais.... Mais je te jure... Mais... Oh mais tu vas la fermer deux secondes oui ! Le Boss m'a convoqué alors tu peux te barrer. Sois là quand je reviendrai."

Et baam,vas y que je te claque la porte comme un malpropre. Joseph Patchett était vraiment de sale humeur, il faut dire que cette mignonne petite blondinette avait réussi à le rendre tout chose. Une fois la porte fermée elle vous faisait de ces trucs... C'était à vous rendre dingue. Mais le mieux c'était son dévouement à son égard, quand elle piquait pas ses crises de jalousie, c'était limite si elle lui servait pas du Maître.

*Rah c'est pas vrai... Ces bonnes femmes, vous passez quelques jours avec elles et elles veulent plus vous lâcher. Pire, elles deviennent totalement parano... Des vrais malades j'vous jure...*

C'est encore le matin, y'a pas foule dans la salle principale du Goret qui Chante. Le barman faisait ce que tout bon barman est sensé faire dans une salle déserte, il astiquait les verres de son bar. Il le faisait d'ailleurs avec une énergie particulière, certains pourraient y voir un truc louche, pour Joseph ça prouvait seulement que le type aimait son métier.

"Je sors Butchie, j'vais voir le Boss. Si Léna est pas là quand je reviens, je te tue. Ok ?"

Et vas y qu'il te sort ça avec un grand sourire de sociopathe. Ça sonnait peut être comme une plaisanterie mais vu la tête qu'il adressait au barman, il était on ne peut plus sérieux, pas de doute là dessus. Mais le barman n'a pas l'air de s'en faire particulièrement, c'est sûrement pas la première fois que Crack Joe lui tient ce genre de discours. Les Champions de Clan sont connus pour leurs égos sur-dimensionnés et celui là ne faisait pas exception. C'est donc tout tranquillement, et en sifflotant s'il vous plait, que le Champion sortit dans les rues crasseuses de Dead End.



Le Borgia's Palace, un des plus grands casinos de Dead End et QG officiel du Clan Python. Visuellement le bâtiment en jetait ou pour être plus exact, il avait du en jeter. Tout ce que Crack Joe voyait en regardant le Borgia's Palace c'était une ombre d'une gloire passée. Le bâtiment était immense mais paraissait à la limite de l'abandon, il y avait des lézardes sur les murs, certaines fenêtres brisées n'avaient pas été remplacées. Les fins de mois étaient difficile pour tout le monde, même les parrains visiblement...

L'intérieur du casino donnait à peu près la même impression. C'était spacieux, il y avait de nombreuses machines à sous mais pourtant les clients se faisaient rares. De plus, l'endroit aurait mérité d'avoir facilement le double de membres du personnel. Trop peu de gros muscles donnaient l'air faible. Plus Joseph observait l'endroit, plus il lui semblait qu'il s'était trompé de Clan. Il avait visiblement obtenu son titre dans le mauvais clan, celui-ci puait la faiblesse à plein nez. Ah quel désespoir... Même quand il pensait être enfin sur la bonne voie, le Destin lui jouait un coup tordu. Saloperie de Destin, toujours prêt à faire tourner ce cher Joseph en bourrique. Mais là c'était pas le moment de se plaindre, les loubards à l'entrée avaient laissé passer Joseph, celui-ci s'était rapidement rendu vers ce qui ressemblait à l’ascenseur privé du Boss. Comment l'avait il repéré ? Facile ! Il y avait écrit "Ascenseur Privé de Sir Montgomery" au dessus et deux types tout en muscles et smoking se tenaient devant. Tout cela était tout simplement trop simple pour un ex agent du Cipher Pol.

"Salut les molosses, j'viens voir le Patron. C'est au dernier étage c'est ça ? Merci !"

Avant que les deux gardes n'aient le temps de réagir, Joseph est déjà dans l'ascenseur. Il leur adresse un petit salut de la main tandis que les portes se referment. Direction le dernier étage et le bureau du Boss.

Comme tout Parrain qui se respecte, Sir Montgomery a décidé d'installer son bureau au dernier étage de son casino et il a bien évidemment réquisitionné la totalité de l'étage pour lui et ses proches. Durant ses longues années de service au sein du Cipher Pol, Crack Joe avait eu l'occasion de voir de nombreux bureaux de Boss de plus ou moins grande envergure, il pensait donc avoir tout vu, mais il se trompait lourdement. Le bureau de Sir Montgomery était de loin le plus excentrique qu'il ait jamais vu. Peintures abstraites sur les murs, statues "modernes" dans tous les coins, plantes exotiques, bibelots divers à l'utilité douteuse, tout ce qui se faisait de plus bizarre et de plus excentrique semblait être réuni dans cette pièce. Face à lui, assis dans un immense fauteuil tenant plus du trône qu'autre chose, le Boss, Sir Montgomery qui caressait d'une main distraite un petit chat que d'aucun n'aurait hésité à décrire comme étant "kro meugnon". Aux côtés du Parrain à la moustache improbable (vous en connaissez beaucoup vous des moustaches qui font des cercles ?) se trouvaient un homme en armure de la tête aux pieds ainsi qu'une cage en granit marin dans laquelle un lapin au regard mauvais tournait en rond. Faut dire ce qui est, niveau style le Clan Python s'y connaissait.

"Entre, entre. Sois le bienvenu mon nouveau Champion. Prends un siège, Joseph Patchett, nous avons à parler business."
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Niveau parlotte, The Boss était imbattable. Une fois lancé, Sir Montgomery était un véritable moulin à paroles qui ne cessait de discourir de sa voix chantante. Et blablabla l'Underground Gang, et blablabla les champions, et blablabla le racket, et blablabla les docks, etc, etc... Cela n'en finissait plus. Ce ne fut qu'au bout d'une heure que The Boss se décida enfin à marquer une pause pour s'offrir une gorgée d'eau, il faut dire qu'après un monologue pareil, plus d'un homme aurait la gorge sèche. De son côté, l'ex-agent Patchett faisait travailler sa mémoire à vitesse grand V. Il lui fallait enregistrer, classifier et cataloguer les différentes informations fournies par le Boss. Qui fourgue quoi, à qui et comment; quelles sont les relations entre les différents gangs; qui sont les champions de l'île (très important pour Joseph qui se cherchait déjà une nouvelle cible). En une heure de temps The Boss lui avait dressé une vue d'ensemble de la situation géopolitique sur Dead End. Tout son exposé, pour Joseph, pouvait être résumé en deux phrases:

*Cette île est le pays de cocagne des pirates. C'est un vrai petit coin de paradis.*

La liste d'opportunités se déroulait sous les yeux de Joseph, son esprit carburait à plein régime tandis qu'il tentait tant bien que mal de mettre de l'ordre dans ses plans. Il devait absolument rester calme s'il voulait que tout se passe bien. Ne pas inquiéter le Boss, être un bon Champion, casser des crânes et, tout en douceur, avancer ses pions. C'était ça la bonne façon de procéder.

"... 'tends Patchett ? Allo ? Y'a quelqu'un ?"

Clak, clak. Qu'est ce que c'était encore que ce bordel ? Ah mince... Joseph s'était encore laissé allé à rêver éveillé, ça lui arrivait de plus souvent ces derniers temps. Le Boss en était réduit à claquer des doigts sous son nez pour tenter de capter à nouveau son attention et, à en croire les frissonnements de sa moustache, ça ne lui plaisait pas d'être ignoré.

"C'est bon ça va, t'es de nouveau avec nous Patchett ? Bon... Pour te faire payer ton manque de respect à l'écart de ton Boss, je devrais te faire tuer sur le champ... Mais je suis un parrain miséricordieux aussi je vais plutôt te confier une mission. Accomplie la et tu seras riche, échoues et tu mourras. Oui je sais, ça fait très théâtral mais il faut bien que j'insiste sur l'enjeu non ?"

Le boss se permet d'adresser un sourire espiègle à l'adresse de son nouveau champion. Tout en parlant, il caresse d'une main distraite le chat lové au creux de ses bras.

"Bon... Le Hibou de Nuit est un de ces tripots typique de Dead End. Alcool, jeux, prostitution, le Hibou de Nuit et son proprio touchent à tout. Le proprio c'est Archi l'gripsou. Un vieux rapace qui vendrait sa mère pour une poignée de berries. Il se trouve qu'Archi a récemment décidé de... renégocier le contrat qui l'unissait au Clan Python. Môssieu Archi estime qu'il est à même de se protéger tout seul ! Môssieu Archi refuse de payer la taxe que je lui ai demandé ! Môssieu Archi..."

Crack

Plus le Boss parlait d'Archi et plus il s'énervait. A mesure qu'il s'excitait, la façon dont il "caressait" le chat devenait de plus en plus violente. Le pauvre animal avait beau se débattre, rien n'y faisait. Sir Montgomery était le plus fort et de loin. Le résultat, tristement prévisible, ne tarda pas à arriver. Dans un dernier accès de colère à l'égard de "Môssieu Archi", Sir Montgomery tordit la tête du pauvre animal, les yeux de celui-ci sautèrent hors de son crâne tels deux bouchons de champagne. A cette vision d'horreur, le visage du parrain se liquéfia.

"Meru-chaaaaaaaan ! Meru-chaaaaaaaaan ! Archi devra aussi payer pour ta mort !"

Ah là pour le coup le Boss avait l'air traumatisé mais cela ne dura qu'un instant. Son visage redevint vite dur comme de la pierre. On ne devenait pas Parrain à Dead End si on était pas capable de passer outre les petites contrariétés personnelles comme la mort d'un animal de compagnie. Surtout si on l'avait soit même tué dans un accès de colère.

"Joseph, mon brave petit, tu vas aller expliquer clairement à Archi qu'il n'a que deux choix. Nous laisser son tripot et partir de l'île ou nous laisser son tripot et mourir. Bien évidemment dans les deux cas tu le tues et j'espère bien que tu feras un exemple de ce vieux fou. Un truc original et bien visible qui fasse clairement passer le message qu'on ne se moque pas impunément du Clan Python. Comme Archi aurait engagé des gros bras pour l'aider, on a prévu quelques gars pour t'aider. Ils t'attendent au sous-sol. Si tu réussis à accomplir cette tâche, tu deviendras le nouveau gérant du Hibou de Nuit. Une belle promotion pas vrai ? Maintenant va, mon nouveau Champion."

Aussitôt dit, aussitôt fait. Crack Joe ne s'attarda pas d'avantage, il sentait que le côté loufoque du Boss était déjà en train de déteindre sur lui. Il récupéra la liste que le chevalier en armure lui tendait et se dirigea rapidement vers l'ascenseur. Au cours de la descente il prit conscience des informations marquées sur la liste. Les noms des membres de sa fine équipe étaient indiqués, ainsi que des informations concernant le Hibou de Nuit lui même et son proprio. Il avait aussi un mot du Boss lui autorisant l'accès aux réserves du Clan s'il en éprouvait le besoin. Braves petits. Un vieil homme à expulser ce n'était rien pour quelqu'un qui comme Joseph avait déjà combattu des révolutionnaires. Il allait massacrer l'ancêtre vite fait bien fait et à lui le Hibou de Nuit. Il avait toujours voulu être un patron ou en tout cas il le voulait sérieusement depuis une lointaine mission à Hinu Town. Ce rêve était désormais à sa portée. Maintenant à lui d'en faire une réalité.

"Allé les moules, debout là dedans ! Moi c'est Joseph Patchett, Sixième Champion de Sir Montgomery. Le premier qui file pas droit je lui explose le crâne. Des questions ?"

Un vrai discours de meneur d'hommes, Crack Joe savait y faire pour se faire apprécier de ses gars. Les sept individus présents, dans la salle indiquée sur la liste, le regardaient avec des yeux globuleux l'air de se demander s'il était réellement sérieux. Pas de doute, il l'était. Un des nouveaux sbires de Joseph murmurait à son voisin sur un ton de conspirateur que le nouveau Champion avait littéralement retourné la tête de l'ancien. Un vrai truc de dingue ! Une fois que l'information eut circulé parmi les présents, l'assemblée se trouva d'un coup beaucoup plus calme. C'est une chose de savoir que son supérieur est taré, c'en est une autre de savoir qu'il peut vous tordre le cou sans effort.

"Pas de question, c'est tant mieux ! Bon... On va faire l'appel les gars, histoire que je repère bien qui est qui..."

"Mickey les doigts de fée ? Johnny Belle Gueule ? Mario Boom-Boom, Les frères Z ? Ah oui... Z1, Z2 et Z3... Non mais les gars, faut vous trouver d'autres noms sérieusement..."

Des raclures de caniveau, des malfrats de bas étage. Voilà ce qu'on lui avait donné... Mickey les doigts de fée était un cambrioleur avec un don pour le crochetage, pas vraiment un monsieur muscle. Johnny Belle Gueule faisait rouler ses muscles de culturiste sous sa chemise pour se donner un genre. Mario Boom Boom jonglait avec ses "grenades" maison sans se soucier des risques qu'il courrait. Les frères Z décrochaient le pompom, des triplés très fier d'être habillés exactement de la même manière et d'utiliser exactement le même fusil. Ces nazes... Minute... Il restait encore un nom sur la liste, le gros qui s'empiffrait sans s'arrêter depuis l'entrée de Joseph dans la pièce, le tas de saindoux qui paraissait plus intéressé par son poulet que par son nouveau supérieur.

"Euuuuh... Transpire-man ?"

"Chomp... Chomp... Moui, j'chuis là. Che finis mon cache croute et charrive. Chomp".

"Bob, mon grand... Si tu ne lèves pas les yeux de ton repas dans les trois secondes, je te garantie que tu mangeras de la soupe jusqu'à la fin de tes jours. Un... Deux..."

Comme par magie le gros bob trouva soudainement moins d'intérêt à son assiette. Son visage porcin était désormais tourné vers Crack Joe qui frémit rien qu'en le regardant. Penser qu'un type pareil puisse être Champion de Clan. Qui aurait cru que le 7e Champion du Clan Python, Bob Reynolds, l'homme aux pouvoirs du Démon soit un obèse. Comment un type pareil pouvait il combattre ? Peu importe comment il le regardait, Joseph ne parvenait pas à l'imaginer en combattant. Peut être que son pouvoir rattrapait le tout... Après tout, tous les fruits du démons sont supposés donner des pouvoirs hors norme à leurs possesseurs non ?

"Dis voir Bob..."

"Transpire-man !"

"Oui pardon, Transpi... Heiiiin ?"

"Transpire-man ! C'est comme ça que je veux qu'on m'appelle. Transpire-man du Clan Python, le protecteur de la bonne chère, le défenseur des cuisiniers, l’invincible... Transpire-man ! Il est pas super classe mon surnom ? J'ai mis très très longtemps à le trouver en plus, c'était dur de trouver un nom qui fasse classe et qui aille avec mon pouvoir..."

*Ok... Maintenant j'ai peur... Je sens venir la blague d'envergure cosmique. J'ai enfin un possesseur de fruit du démon sous mes ordres et il faut que je tombe sur ça ? Qu'est ce que ça va être son pouvoir... Le fruit de la Graisse ? Je la sens pas cette histoire...*

"Ok Bouboule... C'est quoi ton pouvoir ?"

"Héhé, Transpire-man va te faire une petite démonstration. Sois pas effrayé par ma toute puissance !"

La scène qui suivit restera à tout jamais gravée dans la mémoire de Joseph comme une des plus atroces auxquelles il ait jamais assisté. Et pourtant il en avait vu des choses ignobles dans sa vie. L'état du terrain de Baseball après l'entraînement de l'Agent Red, un QG révolutionnaire après le passage des Steel Guts, les oeuvres du Boucher de West Blue. En toute honnêteté, il pensait sincèrement que plus rien ne pourrait le choquer. Mais ça, c'était au delà de tout ce qu'il avait pu imaginer dans ses pires cauchemars. C'était une véritable torture pour tous les sens de Joseph. Niveau sonore, on avait Transpire-man qui imitait le cri du phoque en période de reproduction, à moins qu'il ne s'agisse de son cri de guerre ce qui n'aurait guère été mieux. Niveau visuel, l'épaisse couche de sueur visible à l'oeil nu qui l'entourait désormais avait de quoi retourner plus d'un estomac. Gluante et informe, elle recouvrait totalement le gras Bob. Du point de vue olfactif, l'odeur dégagée par les litres de sueurs de Transpire-man était tout simplement répugnante. Imaginez un vestiaire de joueurs de Rugby, une bonne quarantaine. Multipliez par 10 et vous aurez une assez bonne idée de la puanteur qui se dégageait de Bob. Son pouvoir était tout simplement immonde. C'était tellement répugnant que c'en devenait démoniaque mais son utilité pour le combat restait à tout le moins douteuse. Le pire dans tout ça c'est que Bob Reynolds aka Transpire-Man souriait d'un air satisfait. Il était fier de lui ! Ses camarades par contre n'en menaient pas large. Ils s'étaient tous bouchés le nez à l'instant où le numéro de Bob avait commencé. Tous sauf Johnny Belle Gueule qui n'avait pas réagi assez vite et qui venait de répandre le contenu de son estomac au sol histoire d'améliorer encore un peu l'odeur au sein de la pièce.

*Ok... Je suis pas dans la merde moi...*


Dernière édition par Joseph Patchett le Ven 8 Fév 2013 - 20:57, édité 1 fois
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Le soir venu, la petite troupe avançait avec une discrétion toute relative dans les rues de Dead End. Pour l'ancien agent du Cipher Pol, cette approche était tout sauf conventionnelle. Cela étant dit, ses équipiers du jour n'avaient rien de conventionnels non plus. Travailler pour les gangs ne présentait pas les même avantages que ceux qu'offrait le Gouvernement Mondial. Pas de commandos d'élite pour l'aider, pas de troupes de la Marine en renfort si l'opération déconnait. Mine de rien il se sentait un peu déstabilisé. Pour Joseph, cela revenait à pratiquer le trapèze au dessus d'un gouffre et sans filet de sécurité. Bon ok ce n'était pas sa première fois non plus, les agents du CP5 étaient formés à agir en solo mais il n'empêchait que ce n'était pas pour autant très agréable. Il avait passé la moitié de la journée à leur expliquer son plan pour prendre le contrôle du hibou de nuit. Le plan était relativement simple, en une heure tout aurait pu être bouclé, mais il avait fallu le répéter encore et encore. Que cela soit clairement dit, aucun des membres de la "Team Patchett" n'avait inventé le fil à couper le beurre. Niveau intellect la moyenne était affligeante. L'ex Agent du Cipher Pol ne pouvait que prier tous les Dieux qu'il connaissait que le plan se déroule sans anicroches.

"Bon les gars, chacun se souvient de ce qu'il a à faire pas vrai ? Pas de gaffes et ce soir c'est moi qui vous offre vos ribaudes..."

"Et ma bouffe alors ?!"

"Et ta bouffe Bob, oui, et ta bouffe... Allé les gars c'est parti."

Les truands hochèrent la tête en signe d'assentiment puis se séparèrent dans les ruelles. Avec autant de discrétion que cela leur était possible ils se déployèrent autour du Hibou de Nuit. La bâtisse était illuminée, à l'intérieur l'activité semblait battre son plein. Les "civils" de Dead End (comprenez les pirates, truands, loubards et autres raclures non affiliés aux trois clans) devaient encore faire confiance à l'établissement d'Archi. Ce soir la fine équipe de Crack Joe allait leur offrir un spectacle hors norme pour fêter la dernière soirée d'Archi au Hibou de Nuit.

Mickey les doigts de fée et le Gros Bob devaient faire le tour du bâtiment pour verrouiller toutes les sorties secondaires et les fenêtres. Ca c'était le job de Mickey, Bob était uniquement là pour veiller à ce que personne l'embête pendant que Doigts de fée enfermait tout ce joli monde à l'intérieur. Une fois le petit tour finit, Gros Bob devait revenir à la porte principale. Mario Boom Boom avait préparé des petites grenades maison, la version fumigène et s'affairait à les répartir en trois tas égaux. L'idée était simple, faire mentir le vieil adage selon lequel il n'y avait pas de fumée sans feu. De bons gros fumigènes créeraient sans faute la panique à l'intérieur de l'établissement, une diversion idéale pour Crack Joe si la nécessité s'en faisait sentir.


Après quelques minutes, les truands revinrent tous au point d'origine. La première phase de l'opération s'était bien déroulée, pas de bêtise à signaler, tout était au poil. Mario Boom Boom, Johnny Belle Gueule et Mickey les Doigts de fée prirent chacun plusieurs grenades fumigènes et se dispersèrent une nouvelle fois autour du bâtiment, hors de vue des fenêtres mais pas bien loin pour autant. C'est qu'ils passeraient presque pour des pro ces cons là ! Les frères Z avaient astiqués leurs gros joujoux, ils étaient prêt. Leur ordre de mission était simple, pas tirer sur les fuyards au début puis entrer et tout mitrailler. Le gros du boulot allait être confié aux deux champions du clan, logique non ? Si Transpire-Man ne semblait pas avoir besoin de s'équiper, Crack Joe, pour sa part, pris la peine d'enfiler ses gants de combat ainsi que de récupérer une grenade miniature, à peine plus qu'un pétard, créée par Boom Boom.

*Bon j'ai rien oublié moi ? Costard : ok, chapeau : ok, gants : ok, bombes, ok, portes et fenêtres : ok. Bon, en avant pour le spectacle alors !*

Après ce dernier petit check-up mental, Crack Joe et Transpire-Man, les Champions de Sir Montgomery, franchirent la porte du Hibou de Nuit d'une poussée violente et bien virile, autant essayer de s'offrir une entrée charismatique non ? Ce soir, les poissons du port allaient sans doute festoyer comme des rois une fois encore.

"Arrrrrrchiiiiii ? T'es là mon vieux ? C'est l'collecteur d'impôts !"
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Alors que tu entres en compagnie du gros porc, tout le monde cesse de parler. Chacun se retourne et pose un regard hargneux bien soulevé par une mine morose sur toi et ton compère. Le clan Python n’est pas apprécié par le milieu, tu t’en doutes. Même le pianiste dans le coin a cessé sa musique de belle atmosphère pour se retourner et vous fixer avec inquiétude. Pour bien engrosser le gros cliché dégoulinant qui s’installe sur la scène, le barman, tablier, moustache et favoris tout peignés, termine de sécher un verre avec un vieux chiffon qu’il pause lestement sur son épaule. Le verre qu’il tient va rejoindre ses semblables dans une étagère adjacente au bar. Celui-ci s’appui sur le comptoir, une de ses mains va sous ce dernier pour toucher un objet. Faut vraiment être un con dans le genre du Gros Bob pour pas comprendre qu’un double-canon bien chargé repose sous le bar.

Alors tu cris. Tu attire l’attention de tous les malfrats de la place. Tu te jettes avec brio dans la gueule du loup. Alors le barman se retire, alors tu réalises la putain de bourde que signifiait entrer dans le hibou de nuit. Des cuisines, ou de c’qui se trouve derrière le bar, tu perçois la voix d’Archi qui te hurle bien fort :

-TU DIRAS À TON POV’ CONNARD DE MONTGOMERY QU’IL AILLE SE FAIRE FOUTRE!! ET PIS SON CHAT AVEC LUI!!

Alors, tu apprends âprement où sont passés les impôts probablement dues à ton Boss. Monté sur roulette, le barman apparaît dans l’encablure de la porte, bien caché derrière douze longs tubes qui se mettent à tourner dans une rotation continuelle, le tout perpétré par un claquement incessant qui s’accélère. S’accélère comme la vitesse de rotation des tubes. Et alors le gatling crache la mort partout dans la grande salle du bar. Alors l’entièreté de la clientèle s’engouffre par la porte, bloquant la sortie l’instant où la mitrailleuse balaie la salle d’une salve mortelle et continue.

Il se trouve cool l’ex-Cipher Pol hein? Et ben il va comprendre qu’à Dead End, c’est pas jojo, même dans un bon vieux bar.
    Abrité derrière une table retournée, l'ex-agent du Cipher Pol n°5 tachait, une fois n'est pas coutume, de se faire tout petit. A côté de lui, le gros Bob, allongé par terre pour essayer de réduire la surface exposée aux balles. Tout autour d'eux, ça canardait. Il avait du bol d'avoir de bons réflexes quand même. Sauter à terre à l'instant même où la gatling commence à tourner, retourner une table et rameuter le gros Bob, le tout en quelques secondes à peine. Il avait plutôt bien joué le coup. Mais celui qui avait fait les choses vraiment en grand, c'était le vieux Archi. Il fallait lui reconnaître ça, le vieux avait de la ressource. Le barman sur roulettes avec sa gatling c'était pas de la rigolade. La Mort frappait au hasard dans la grande salle, les clients se précipitaient vers la seule sorte libre et Joseph lui, marmonnait dans sa barbe métaphorique.

    "Faites des plans qu'y disaient. Avec des bons plans rien ne peut vous arriver. Appliquez les bonnes vieilles recettes du Cipher Pol et tout se passera bien. Ça marche à 100% soit disant. Tu parles d'une arnaque ! Je fais comment pour me barrer moi maintenant hein ?!"

    Peu importe comment il observait la situation, le plan avait sacrément merdé. Ca lui apprendrait à vouloir la jouer à la sauce Cipher Pol. Limiter les dégâts tu parles ! Grâce à son idée géniale de bloquer les fenêtres et autres issues secondaires, la seule issue viable était désormais bloquée de chez bloquée par une véritable marée humaine (un peu plombée d'ailleurs). Ah bien joué Joseph, t'as fait fort là. Et ton super plan maintenant t'en fais quoi hein ? Les Z sont à l'extérieur comme des cons, que ça mitraille à l'intérieur doit pas les choquer plus que ça. Johnny "Belle Gueule" et Mario "Boom Boom" attendaient le signal pour balancer leurs fumigènes. Ouais à part que les seuls idiots qui se les prendraient dans la tronche ça allaient être Bob et lui. Mais c'était un risque à prendre, ça pouvait se tenter. Il pouvait... Snif... Snif...

    "Oh mais c'est quoi cette odeur ?!"

    "Euuuuuh c'est moi ça... Quand je stresse, je transpire moi et pas qu'un peu..."

    "Magnifique... Je suppose que ton "super pouvoir" ne peut pas nous sortir de là hein ? Bien sûr que non, pourquoi je m'emmerde à demander moi hein ?"

    "Hey j'veux pas mourir moi !"

    Bah ouais, le Barman mitraillait toujours la pièce et la protection précaire derrière laquelle les deux Champions s'abritaient n'allait pas faire long feu. Il y avait déjà un bon gros paquet de trous dedans et si ça continuait c'était leur peau à eux qui allait être trouée. Pas le choix, quand faut y'aller faut y'aller. Il ne pourrait pas se tirer d'ici indemne. Alors à ce compte là, autant remplir sa mission et faire regretter son attitude à Archi.

    "Hey Tavernier, v'la un cadeau pour toi !"

    Et zou, on lui balance la grenade miniature prévue pour le signal à la tronche. Bon évidemment un lancer à l'aveuglette depuis une planque comme celle de Joseph, c'était évident qu'il n'allait pas faire un Head Shot. Le lancer est un peu court et l'explosif vient terminé sa course aux pieds du Barman ou plutôt au niveau de ses roulettes, enfin vous avez saisi l'idée. L'explosion est formidable, un bang bien sonore qui fait vriller les tympans des présents sans pour autant interrompre la salve mortelle. Mais maintenant que le Signal a été donné, les choses se mettent en branle.

    Première réaction: des grenades fumigènes tombent dans la salle principale, dans les cuisines et un peu dans toutes les pièces avec fenêtres situées au rez de chaussée. Ça fait des tas de psssshhhhtttt ainsi que beaucoup de fumée. La fumée ça pique les yeux et ça empêche de respirer correctement, surtout quand on s'y attend pas. Coup de bol pour les deux Champions, eux ils s'y attendaient et ils ont donc sagement couvert leurs visages. Bah ouais c'était un peu le plan de Crack Joe quand même, un poil amendé mais quand même.

    Deuxième réaction: à l'extérieur ça commence à canarder aussi, les Z tentent de se frayer un passage vers l'intérieur à coups de flingue. Pas dit que ça marche mais c'est sympa d'essayer et pis ça fait monter leur compteur de victimes.

    Troisième réaction: le Joseph passe à l'action. Bah ouais, le barman aux favoris doit avoir les yeux tout humides maintenant, saura pas où viser pis il y voit rien. C'est donc le moment d'utiliser l'Arme Secrète: Gros Bob himself. Toujours bien planqué derrière son abri de fortune, Crack Joe adresse un sourire dépourvu de toute joie à son compagnon d'infortune. Le gros Bob est repliée en boule dans une parodie de position foetale. Parfait pour Joseph. BIM ! Sans crier gare, Crack Joe frappe de toutes ses forces en plein dans le gras et la couche de sueur de son allié ! Bon, c'est sur que ça fait mal au Bob mais l'objectif est atteint: il roule ! Le mieux c'est qu'il roule vite en plus. Bah ouais, le gros tas a des couches de graisses pour le protéger et sa "protection en sueur" qui amortit ou dévie les coups. Vu comment il transpire comme un boeuf, elle doit être optimale là. La preuve, il a plus ou moins bien encaissé le coup de Joseph et il sue tellement maintenant qu'il crée des flaques sur son passage. Il devrait aisément pouvoir encaisser quelques balles non ? Pis de toutes façons, maintenant, il était lancé. BAAM, la table derrière laquelle ils se cachaient explose. Tac Tac Tac Tac, la gatling continue son balayage aveugle. Et roule Gros Bob, roule droit sur la gatling à roulettes et son artilleur.

    *Allé, fais moi un strike mon gros !*


    Dernière édition par Joseph Patchett le Ven 8 Fév 2013 - 21:44, édité 1 fois
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    La fumée s’écarte sous le passage du monstre dégoulinant de sueur qui fait craquer le parquet en roulant directement vers le gatling qui sème la destruction dans le bar. Un harcelant bruit de squik-squik se fait entendre à chaque rotation du gros corps gras de Bob. Corps qui disparait à tes yeux dans l’écran de fumée que t’as balancé un peu plus tôt.
    Et v’là c’que tu manques des yeux, mais ce que tes oreilles, elles, captent. Le gros Bob en mode boule de bowling lustrée fonce à toute allure sur le barman, beaucoup trop tard pour que celui-ci ne puisse riposter. Et le gatling de se renverser sous le poids du gros tas. Et le barman de rejeter le contenu de son estomac sous l’odeur nauséabonde dégagée par ton nouveau pote. Strike!

    C’que tu n’avais pas prévu, mais qu’là tu constates avec la disparition de la brume de ton pétard. C’est que Transpire-man, devenu trop glissant par les effets dégueulasses de son stress, a r’bondit sur le gatling désormais hors d’état. Normalement cela n’aurait pas été un problème, si seulement le gros tas avait pu freiner sa course. Car, en effet, celui-ci prenait maintenant une vitesse ridicule et frappait tout les murs en criant. Ouaip, la salle vide de monde était désormais un putain de jeu de billard grandeur nature. Et ça aussi ça n’aurait pas sut de causer problème, si seulement ce cher Archi ne s’était pas mêlé de la partie lui aussi.
    Prompt à dégager l’chemin qui mène à l’arrière de l’établissement, le barman avait tiré son gatling sur le côté pour laisser son boss prendre le relai. Mais d’une tout autre manière. Par le cadre de porte un bruit de roulement te vient aux tympans, et là tu comprends que ce salaud d’Archi vendrait chèrement sa peau. Une dizaine de tonneaux de bières dévalent dans la grande salle, tout bouchon ouvert et suivent anarchiquement le même principe de billard que le gros Bob. Rapidement, sol est couvert de bière, et les tonneaux eux, sèment le bordel dans ce qui l’était déjà. D’autres barils se rapprochent par les cuisines, tu peux les entendre. Entendre ça, mais aussi les pas précipités d’un homme à l’étage, juste au dessus de ta tête.
    Le barman lui, a sortit son double-canons et tire comme une bête partout dans la salle, sa mine patibulaire et anormalement livide laissant aisément comprendre que son état de santé depuis qu’il a rencontré de trop près transpire-man a légèrement baissé. Et le gros lui, roule toujours dans l’alcool et sa sueur dont les odeurs mélangées créent un combo insoutenable qui rend l’atmosphère de la pièce irrespirable.

    Et là c’est le moment où tu te prends à espérer que tous les bars du coin ne soient pas aussi tarés que celui-ci. Juste comme ça.
      Opération boule de bowling : réussie ! Si Joseph s'écoutait, il hurlerait sa joie. Un lancé aussi parfait ce n'était tout de même pas rien. Manque de bol pour l'ex agent du Cipher Pol, la Boule Bob semblait décidée à passer du bowling au billard. Le voilà qui revenait droit sur lui en hurlant, de panique sans doute. Et hop, Crack Joe effectua un petit saut de côté pour se mettre hors de la trajectoire du gros Bob. La boule folle allait devoir être stoppé rapidement sans quoi le Hibou de Nuit risquait fort bien d'appartenir au passé. Et il n'y avait aucune chance pour que Joseph laisse cela arriver, il allait enfin être un bourgeois un vrai, un rentier, un putain de proprio qui se vautrait dans le luxe et le stupre. Pas moyen qu'un barman à favori, un vieux radin ou un gros tas dégoulinant de sueur s'interposent entre lui et son objectif immédiat.

      Bon ça c'était pour la théorie, maintenant restait à la mettre en pratique et ça c'était une autre histoire. Depuis le première étage, dont l'entrée se situait derrière le bar, Archi balançait des tonneaux de bières qui dévalaient l'escalier à toute blinde. Comme si le Gros Bob seul ne suffisait pas, voilà que maintenant ça rebondissait dans tous les sens. Ils avaient vraiment décidé de le foutre en rogne. Déjà qu'il devait faire de gros efforts pour ne pas suffoquer à cause de l'odeur. Malgré son masque improvisé il sentait le mélange de sueur et de bière qui lui titillait les narines. Mais ça il s'en moquait. La volonté c'était tout ce qui comptait. Il n'y avait pas moyen qu'il rate sa première mission, pas moyen ! Il devait les mettre hors d'état de nuire à SON établissement et fissa.

      Tout d'abord, s'occuper du barman. Il commençait à le saouler copieusement à faire des trous dans les murs de SON bar. Vu l'état du sol courir aurait été trop risqué. Restait que la voix des airs. Sautant de tonneaux en débris de mobilier, Joseph fut sur son adversaire en moins de temps qu'il en faut pour le dire. Le barman, livide, était tellement occupé à canarder à l'aveugle à travers ses larmes qu'il ne vit que trop tard ce qui lui tombait littéralement dessus. Qu'est ce qui tombait ? Un poing. Derrière ce poing, un bras. Et derrière ce bras un Joseph bien furax qui donna tout ce qu'il avait pour exploser le crâne de sa victime.

      KRAAAK !

      La droite du boxeur toucha sa cible. Le coup n'était pas très régulier mais seul le résultat comptait. Ici le résultat c'était un barman avec le visage tellement enfoncé dans son crâne que la trace du poing de l'ex-agent était clairement visible.

      *Un problème de réglé. Au tour du gros maintenant.*

      Les rebonds des tonneaux et du gros Bob sur les murs pouvaient sembler anarchique aux yeux des pécores de base mais pour quelqu'un du calibre de Joseph Patchett, c'était du gâteau. Sans le barman fou qui tirait dans tous les coins, anticiper la trajectoire du gros bob était un jeu d'enfant. Tout ce qu'il avait à faire c'était de l'intercepter et de lui envoyer une grosse droite pour le faire sortir du bar par la grande porte. Vu la vitesse du gros bob et la tonne de sueur qu'il avait accumulé comme protection, il ne ressentirait quasiment rien. Avec un peu de bol il irait s'encastrer dans le mur d'en face, au pire il rebondirait ailleurs et parviendrait plus facilement à s'arrêter. Dans tous les cas il ne serait plus dans les pattes de Joseph.

      "Désolé mon gros, c'est pas contre toi mais faut que tu sortes prendre l'air."

      D'un saut de gazelle, après avoir pris appui sur un des restes du mobilier encore partiellement debout, Joseph vint se placer au contact du gros Bob. Pas le temps de dire ouf qu'il lui envoyait une mandale tout en puissance en plein dans le gras. Sa main se retrouva immédiatement recouverte d'une épaisse couche de sueur peu ragoûtante. Mais les détails ne comptaient pas. L'essentiel c'était que le Gros Bob venait d'être éjecté vers la sortie. Sortie qu'il élargit quelque peu, la porte explosa sur son passage et l'entrée du Hibou de Nuit avait désormais une forme vaguement circulaire.

      Le gros envoyé à l'extérieur, le risque de destruction n°1 du bâtiment était écarté. Il ne restait plus à Crack Joe qu'à monter à l'étage régler son compte à Archi. Pas en reste, le vieux fou continuait de faire dévaler des tonneaux via l'escalier. Grimper à l'étage en sautant de tonneau en tonneau : facile pour Joseph. On dirait une de ses épreuves que le Baron Takeshi adorait faire passer à ses sujets. Le Cipher Pol s'en était inspiré pour son programme d'entrainement, il aurait pu le faire les yeux fermés. Et hop je saute, et hop je grimpe. Le boxeur s'était, pour l'occasion, transformé en un acrobate à la petite semaine. Une fois le dernier obstacle franchit, le Boxeur pénétra d'un saut à l'étage supérieur.

      "Archiiiii, devine qui c'est ? C'est la Mort qui vient te chercher !"

      Règle n°13 du Manuel du Parfait petit Agent : toujours se réserver une entrée charismatique (et lyrique si possible). Vu son aspect particulièrement crasseux et la sueur qui dégoulinait de son avant bras, l'effet était un peu loupé. Dommage que les goûts de Joseph en matière d'entrées soient si douteux...


      Dernière édition par Joseph Patchett le Ven 8 Fév 2013 - 22:30, édité 1 fois
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      Archi a une tronche de salaud. Petit. Pas trapu, juste petit. Petit et maigrelet. Tu lui donnes la cinquantaine, l’absence de cheveux sur le haut de son crâne t’aide un peu à l’estimation. Il a un visage dénudé de poils, des yeux fuyants cachés derrière de grosses lunettes bien épaisses. En fait, il est tellement frêle que tu te demandes comment il a fait pour pousser les tonneaux de bière. Des rides plissent son front et son menton, ses joues sont émaciées et son sourire semble mal assuré lorsqu’il te voit surgir des cuisines. En fait, tu crois même qu’il aurait hurlé de peur s’il n’avait pas tenu un flingue directement braqué vers ta bouille.
      Mais ça –tu dois t’en douter depuis tout à l’heure- ce n’est que la pointe de l’iceberg. Commençons donc par une brève description d’la place.


      C’est un des deux étages réservés aux chambres des clients. Partout les portes sont closes, et tu devines facilement que les chambres doivent être vides. Personne ne serait resté ici après le bordel fait en bas. Tout est en bois, les poutres, les murs, le plancher. Tout. Et là tu devines où je veux en venir. Mais patiente encore un peu mon p’tit Crack. Le couloir fait un crochet vers la gauche à peu près cinq mètres plus loin de là où tu te trouves. Et c’est bien là que se trouve Archi. Pourtant quelque chose d’autre attire ton attention. Le sol semble visqueux, poisseux, il reflète aisément la lumière qui vient d’en bas dans la pénombre de l’étage. Ce même sol dégage même une odeur que tu connais. Une odeur qui ne présage rien de bon lorsque dans un bruit d’écorchement tu vois une allumette s’embraser dans la main non-armée d’Archi. Tu as deviné ce qui est au sol? Oui? Allez dis-le bien fort! Plus fort je n’entends pas! De l’huile? Du goudron? Du carburant? De la résine? Ouais c’est bien un de ces trucs là! Bien joué mon p’tit Joseph! Ah et euh… Bonne chance surtout.

      -OUAIS BONNE CHANCE CONNARD!!!
      Parce que quand le vieux Archi lance l’allumette dans les airs vers le liquide qui recouvre le sol et s’enfui les jambes à son cou, tu comprends que la chance tu vas en avoir besoin. Ouaip, comme un vrai capitaine pirate, ce connard d’Archi avait décidé de couler avec son navire. Tu le veux son navire? Dommage, l’allumette risque de te l’enlever…
        L'ex-agent du CP5 Joseph Patchett était présentement fortement désappointé. Ce vieux rapace d'Archi venait, pour la deuxième fois, d'oser répondre à une de ses entrées charismatiques. Sérieusement, il avait l'air de quoi lui après ? Quand on balançait un truc du style "c'est la mort qui vient te chercher", on n'attendait pas de réponse. A la limite on pouvait accepter des supplications mais se faire traiter de connard, et à deux reprises en plus, ça c'était déstabilisant. Après dans la vie, il fallait savoir hiérarchiser ses priorités. La déception ressentie par ce brave Crack Joe suite à son entrée ratée allait devoir attendre car, face à lui, le vieil Archi avait décidé de faire partir le Hibou de Nuit en fumée et eux avec. Pour le Champion, ce n'était décidément pas quelque chose à l'ordre du jour. Mais que pouvait il bien y faire ?

        Arrêt sur image.

        Un couloir qui fait un coude au bout de cinq mètres environ. De chaque côté, avant le coude, se trouvait une porte close. Au bout du couloir, ce vieil enfoiré rabougri d'Archi venait de lancer une allumette dans les airs. Grâce à la magie de l'arrêt sur image celle-ci paraissait immobile. Au sol du carburant. Aucun doute là dessus, l'odeur était trop forte pour qu'une méprise soit possible. Le carburant partait en trainée depuis le bout du couloir jusqu'à l'escalier d'où venait de déboucher Joseph. Si on rajoutait la tonne d'alcool déversée dans ledit escalier et la salle en contrebas, on avait donc un joli brasier en prévision. Face à ce spectacle, un homme seul, Joseph Patchett, The Man Himself, se tenait droit comme un i face à l'imminente catastrophe. Dans sa tête ça carburait à toute vitesse. Que faire dans pareille situation ? Quels étaient les conseils donnés par le Manuel du Parfait Petit Agent (que Joseph utilisait toujours en dépit de son départ du Cipher Pol) ? Pourquoi est ce que le Destin s'acharnait sur lui de la sorte ?

        Tic, Tac, Tic, Tac. Le temps reprit ses droits et l'allumette s'éleva lentement dans les airs en tournoyant sur elle même. Pas le temps de réfléchir, il devait foncer. Après tout, c'était tout ce qu'il savait faire, foncer. Jour après jour il avait travaillé ses accélérations, ses orteils étaient recouverts d'une telle couche de corne qu'il aurait sans doute pu marcher sur des braises. Un ring de boxe mesurait trois mètres sur trois. Il faisait 4 mètres vingt en diagonale. Il était capable de parcourir cette distance en moins d'une demi seconde, il le savait, il l'avait déjà fait. Tout ce qu'il fallait c'était prendre de bons appuis et... CHARGER !

        "DAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAASSSSSSSSSSSSSSSSSHHHHHHHHHHHHHHHHHHH"

        Et un départ canon, un ! Joseph venait de démarrer comme une fusée. Le sol était recouvert d'essence ? Rien à faire, il avançait. L'allumette amorçait sa descente et menaçait de le prendre de vitesse ? Rien à faire, il avançait encore. Plus vite, plus fort, encore et encore. C'est sûr qu'il irait sûrement plus vite s'il ne gueulait pas le nom de sa technique mais, visiblement il aimait s'afficher.

        *J'vais l'avoir, j'vais l'avoir. Tomb'ra pas, tomb'ra pas ! Tomb'raaaaa paaaas ! J'vais l'avoiiiiiirrrrr*

        Franchir les quelques mètres en moins d'une seconde : pas de problèmes pour Joseph. Tendre la main pour tenter d'attraper l'allumette au vol : pas de problèmes pour Joseph. Attraper ladite allumette au vol : problème. Bah oui, à trop se concentrer sur l'allumette, le brave truand avait oublié un détail important, le sol glissait quand même un max. Décidément d'humeur artistique, Joseph se mit en devoir d'exécuter une figure de cirque parfaite. La jambe gauche qui part en l'air toute seule, suivie de près par la droite avant que le propriétaire des jambes susnommées ne se retrouve les quatre fer en l'air. Echec critique pour le Crack.

        *Aaaaaah ! Je l'ai pas eu ! Je l'ai pas eu !!! J'vais mourir cramer, je le sais, je le sens. J'ai déjà chaud, mes vêtements se mettent déjà à bruler !*

        "AAAAAAH ! Au feu ! A moi !"

        *Attends voir... J'sens rien en fait...*


        Prudemment, Joseph entrouvrit un oeil. Le sol autour de lui n'était pas en flammes et lui même ne brulait pas. Reprenant lentement confiance en lui, il cessa de gigoter dans tous les sens pour échapper à des flammes imaginaires. C'est le moment où tout le monde se demande, Crack Joe le premier, où a bien pu passer l'allumette. Qu'avait dit Archi déjà ? "Bonne chance connard" ? A croire qu'il avait attiré l'attention de la Déesse sur ce brave Joseph. En effet, quel coup de veine incroyable que celui qui venait de se produire. Alors qu'il perdait son équilibre et que tout semblait perdu pour lui comme pour le Hibou de Nuit, l'inimaginable se produisit. L'allumette n'avait pas été proprement attrapé par le Champion. Que nenni ! Elle avait été shooté au loin, tout à fait involontairement, lors de la cabriole. Résultat des courses : l'allumette mortelle achevait de se consumer paisiblement sur un bout de parquet qui n'avait pas été recouvert d'essence, bah ouais, ce vieux filou n'en avait pas répandu sur son chemin de fuite. Ca c'était un coup de bol, un vrai. Pour une fois, il avait une chance de cocu. Il devra penser à questionner Léna à ce sujet une fois de retour mais dans l'immédiat, il fallait surtout remercier cette catin versatile de Déesse de la Chance.

        "Merci à toi, Ô fiéfée salope, d'avoir daigné m'éviter de crever cramé comme un vulgaire bifteck."

        Fin de la séquence spirituel, retour à la traque. Le désormais fort sali Joseph Patchett se redressa en contemplant le désastre. Un petit bilan vestimentaire s'imposait pour lui qui tenait tout particulièrement à son apparence. Non content de puer la transpiration, merci Bob, son sublime Noirsacé tout neuf était désormais imbibé d'essence et donc totalement ruiné. Il était temps pour Crack Joe de tomber la veste. Une fois en chemise, pas encore imbibée de quoique ce soit heureusement, le brigand put reprendre sa traque. Archi avait fuit certes, mais il n'avait pas pu aller bien loin. Sauf à ce qu'il ait envie de sauter par une des fenêtres, il serait monté à l'étage du dessus. Cette fois, il n'échapperait pas à Joseph. Motivé comme jamais, celui-ci avala la distance et les marches qui le séparaient de sa cible. Et tout du long il gueulait pour que ce brave Archi sache qu'il arrivait. Fragile comme il semblait l'être, ça le ferait peut être mourir de peur.

        "Archiiiiiii ! T'as voulu me faire cramer mon salaud ? Tu pensais m'avoir hein ?! Bah t'sais quoi ? T'as raté ton coup ! Maintenant j'vais te présenter ma facture, moi. Et elle va être salée ! Autant te le dire tout de suite, ta mort sera lente et très douloureuse !"

        Arrivé au deuxième étage, c'est un Joseph furibard qui fit son entrée.
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        La fieffée salope?! Non mais tu te prends pour qui connard?! Tu t’crois en droit de te foutre de la gueule de Dame Fortune? De Lady Destiny? De Miss Luck? De LA Déesse de la Chance? Du Destin lui-même?! Ça va bien faire non! Voilà! Tu m’as mis en colère avec tes insultes de salops qu’est déjà disparu d’la couchette un lendemain de veille. Non là sérieux tu dépasses les bornes.

        Pour la peine j’vais t’y faire goûter.

        T’es fâché? T’en a marre? Bah t’as demandé qu’un méchant vienne foutre le boxon dans ton rp alors t’assumes hein! Et là c’est Dame Fortune elle-même qui s’en charge! Ça t’apprendra bien à me traiter de salope…

        Tu gueules bien fort. C’est chiant. Alors on va commencer par te couper les cordes vocales pour plus avoir à t’entendre. Ou peut-être les bijoux de famille… Qui sait?

        Tu débarques bien en colère au dernier étage. C’est un grenier. En bois comme le reste du bâtiment. Tu t’attendais à quoi? Un bunker? Mais non. Tout de même.

        Une bonne centaine de barils de poudre à canon sont empilés les uns sur les autres, près à être embrasés par le tir d’Archi qui appui vigoureusement sur la gâchette de son fusil.
        Non. C’était une blague. Y’a rien de tout ça. En fait.

        Partout sont entreposés divers stockages d’ingrédients, d’alcools et de matériaux nécessaires au bon fonctionnement d’une auberge. Ça c’est réel.

        Mais aussi sont entreposés deux fiers à bras gros comme trois gorilles qui brandissent des grosses matraques et qui bloquent un passage bourré de chausse-trappes vers un Archi qui s’apprête à sortir du bâtiment par une fenêtre qui donne sur la ruelle.

        Les deux brutes sont-elles au courant que leur boss a tenté de les brûler vif un peu plus tôt? T’en sait rien. Mais tu sais que ce ne sera pas une partie de plaisir que de fendre la tronche des deux idiots dont tu peines à voir la tête tellement ils sont énormes.

        J’me suis pas forcé? C’est tout? Bah on rouille avec le temps tu sais. Et puis t’es un ancien cp ça devrait pas te causer problème. Parce que selon le guide du parfait petit cp et « nyanyanyah et blablablabla… »

        Et puis. Allé. Essaie donc d’en frapper un pour voir? Le coup résonne jusque dans ton épaule non? Il a pas l’air d’avoir mal le mec version armoire-à-glace? Bon. Maintenant t’en a deux des comme ça. Bonne chance.

        Fieffée salope… T’en ferai des fieffées salopes moi…
          Pauvre Joseph Patchett... Alors qu'il pensait avoir touché le fond avec le coup de l’allumette, voilà qu'il creusait encore ! Il avait, enfin, atteint le dernier étage du Hibou de Nuit mais devant lui de Archi, point il n'y avait. Ou plutôt si, mais vu l'empressement qu'il mettait à sortir par la fenêtre, il ne resterait pas longtemps sous les combles à profiter de la dernière joyeuseté que la Déesse de la Chance avait réservé à son jouet favori. Bien sûr, Archi savait ce qu'il loupait, un chemin piégé et deux gorilles modèle King Size. Charge au Champion de se dépêtrer de ce marasme.

          Regard au colosse de gauche, regard au colosse de droite. Que du muscle sur facilement 2m50 de haut, une matraque de la taille d'un bâton de combat en main et surtout, surtout, un regard qui respirait l'intelligence. On sentait que les deux costaux étaient de grands intellectuels, le genre capable de suivre seulement un ordre à la fois. A en juger par l'allure menaçante qu'ils affichaient en levant leurs matraques, l'ordre devait être quelque chose du style "frapper tout ce qui entrera dans cette pièce". L'un d'eux arma son coup et balança son gourdin vers le bas. Heureusement qu'ils étaient très lent... Il ne restait plus qu'à espérer pour Joseph qu'ils fussent aussi stupides qu'ils le paraissaient. Au lieu de frapper ou d'esquiver, Crack Joe leva les bras en l'air et leur montra ses paumes, comme s'il se rendait. Sur son visage, un franc sourire, il allait tenter de faire ami-ami avec les deux brutes, de les apprivoiser en somme. Advienne que pourra...

          "Non, surtout, n'abaisse pas cette matraque ! Parce que si tu l'abaisses... Voilà ce qui va se passer ! Alors que tu t'attendais à écraser un simple cloporte, tu te rendras vite compte que celui face à toi n'est pas n'importe qui mais bien un des Champions de Dead End. Tu te diras "oh mais moi les Champions je m'en tamponne" et tu auras tort ! Parce que à l'instant où tu bougeras cette matraque... Tu tomberas à terre et tu te tordras de douleur ! Oui, les Dieux te puniront car ils estimeront que tu as entaché la roue karmesque par tes actions envers celui qui t'a sauvé de la mort par le feu. Oui, tu as bien entendu, le feu ! Ce vieil enfoiré d'Archi a tenté de vous griller vif, comme son rade."
          "Alors les gars... On va pas se battre pas vrai ?"

          Le ton avait été endiablé, on aurait dit un fou. Il gesticulait et décrivait de grands moulinets avec ses bras que les colosses suivaient des yeux. Ils avaient l'air complètement paumés, à se demander s'ils avaient pigé ne serait ce que la moitié de ce qu'il venait de leur dire. Marchera, marchera pas ? Autant qu'il puisse en juger, les deux gorilles king size réfléchissaient et ça carburait dur dans leurs caboches.

          "M'sieu Archi l'a dit d'laisser passer personne."

          "Mais Roger, tu l'as entendu non ? M'sieu Archi il a essayé de nous cramer."

          "M'en fiche ! Les ordres c'sont les ordres !"

          Le dénommé Roger choisit donc la solution de facilité : frapper. Sa matraque s'abaissa telle une massue en direction de Joseph quand soudain un craquement retentit dans les combles. L'instant d'après, Roger tombait de toute sa masse au sol, ses mains plaquées sur ses parties intimes. Et ouais, un bon coup de pied dans les valseuses ça faisait toujours son petit effet. Joseph adressa un grand sourire au deuxième colosse. Celui-ci est pour ainsi dire tétanisé. La prophétie démente du Champion venait de se vérifier. Pas moyen qu'il se batte contre un type pareil, il était peut être bête mais pas complètement fou.

          "Je l'avais prévenu qu'il finirait au sol à se tordre de douleur s'il essayait de me frapper... Il a pas voulu m'écouter, tant pis pour lui."

          Sans perdre d'avantage de temps, Crack Joe enjamba le corps de Roger et se dirigea d'un pas rapide vers la fenêtre. Hop, hop, il évita soigneusement de mettre les pieds sur les chausses trappes et une fois arrivé au niveau de l'ouverture, se retourna pour regarder le deuxième gorille.

          "Pour info, le Clan Python prend le contrôle de cet établissement. Et c'est moi, Joseph Patchett, qui gérerai ce rade à compter de demain. Pointez vous à l'heure, on aura besoin de videurs !"

          Bah quoi ? On allait tout de même pas gâcher une main d'oeuvre de qualité ! Les bons exécutants se faisaient si rare de nos jours. Mais pas le temps de faire des plans sur la comète, Joseph devait se dépêcher. Ce vieux salopard d'Archi avait pris de l'avance sur lui. Combien exactement ? Difficile à dire. Deux minutes environ, peut être même plus. C'est donc fort logiquement en toute hâte que Joseph se dépêcha de franchir la fenêtre donnant sur le toit de l'immeuble voisin, il devrait penser à la faire verrouiller. De son perchoir, l'ex-agent du Cipher Pol tâcha de repérer la silhouette maigrelette de ce salopard d'Archi. Là ! Il était sur le toit voisin et progressait de toit en toit avec une difficulté visible. Le rapace avait du espérer pouvoir en descendre aisément mais il n'était qu'un vieux grincheux dont l'arrêt de mort avait déjà été prononcé.

          "AAAAAARRRCHIIIIIIIIII ! Il est temps de payer ta dette au Clan Python !"

          La gueulante poussée par Joseph, la quatrième depuis son arrivée au Hibou de Nuit, fit se retourner Archi. Le petit père manqua de peu de tomber du toit tant il fut surpris. Il ne resta pas comme deux ronds de flanc bien longtemps, d'une main tremblante il tira son arme et entreprit de trouer la peau au champion. A-t-on vraiment besoin de préciser qu'il n'y parvint pas ? Le pauvre n'avait rien d'un soldat entraîné et son adresse au pistolet était pour ainsi dire nulle. De toutes façons, ce n'était pas comme s'il aurait eu plus de chance. Crack Joe était sur le point de relâcher la pression accumulée et ça allait faire mal. D'un Daaassshhh puissant, il franchit l'espace les séparant en quelques secondes. Un revers de la main et le flingue tombait dans la ruelle, plusieurs mètres plus bas. Ne restaient plus que lui même et Archi. Le-dit Archi qui fut prestement soulevé par le col et maintenu au dessus du sol d'une main ferme par un Joseph tout sourire. Son regard était mauvais, illuminé qu'il était par cette petite lueur qui désignait les fous et les assassins. Son sourire était large et carnassier. Sa voix, chaude comme le blizzard, faisait trembler le petit homme.

          "Tu m'as fait suer Archi, tu le sais ça ? Mais oui, suis-je bête... Evidemment que tu le sais. Après tout, tu as même essayé de me faire cramer pas vrai ? Quoi ? Tu as peur ? Mais il ne faut pas voyons... Le Boss veut que tu aies une mort spectaculaire. Moi je voudrais que tu souffres longtemps... Tu as une préférence Archi ?"

          "Allez vous faire foutre toi et ton connard de Boss !"

          "Mauvaise réponse !"

          Sans cesser de tenir le mort en sursis à bout de bras, Crack Joe saisit la mâchoire de sa victime de son autre main. Puis il serra encore et encore jusqu'à ce que dans un craquement retentissant, celle-ci soit brisée. Archi aurait voulu hurler mais il ne le pouvait plus, il en était physiquement empêché par la poigne du Champion. Ne restait plus qu'à mettre en scène sa mort. Dans les ruelles alentours, et devant le Hibou de Nuit, des gens étaient rassemblés. Joseph reconnaissait son petit groupe de nervis ainsi que quelques pirates de Dead End. Bien, bien... Un public lui était nécessaire pour accomplir pleinement sa mission. Le Boss avait été clair "un truc original et bien visible" qui fasse clairement passé le message qu'on ne se moquait pas impunément du Clan Python. Fort heureusement, Joseph pouvait se montrer très imaginatif quand il s'agissait de tuer de façon "originale et visible". Et là, il savait exactement quoi faire pour qu'on parle un bon moment du sort que le Clan Python, et son Champion, avaient réservé au vieil Archi.

          "Bonsoir Dead End ! Merci d'être venus aussi nombreux pour assister à ce tout nouveau spectacle qui vous est gracieusement offert par le Clan Python. Ce soir, vous allez assister à la mort en direct d'Archi le Gripsou ! Cet infâme personnage a cru qu'il pouvait flouer le Clan de son dû. Il a eu tort ! Moi, Joseph Patchett, 6e Champion du Clan ait été chargé d'appliquer la sentence. Je vous offre donc une mort... explosive !"

          A ces mots, Joseph relâcha sa pression sur Archi qui, en bonne raclure qu'il était, en profita pour lui cracher une poignée de dents au visage. Dernier affront fait par un mort qui s'ignorait. Tout en maintenant Archi en l'air, le Champion farfouilla dans ses poches. Pas facile quand on a qu'une seule main de libre. Heureusement pour lui il trouva rapidement ce qu'il cherchait. Grenade miniature n°2 ! Règle n°18 du Manuel du Parfait Petit Agent: toujours prévoir son matériel en double, ça peut servir. Comme quoi il avait bien fait de le garder ce manuel. L'objet de ses désirs maintenant au creux de sa main, Crack Joe adressa un sourire sans joie au malheureux Archi avant d'allumer la grenade et de la lui enfoncer, de force et bien profondément, dans ce qui restait de sa bouche. Un coup d'oeil à la ruelle pour jauger la hauteur et hop, il lança Archi en l'air au dessus de la rue.

          *Quatre... Trois... Deux... Un...*

          BOOM !


          La tête de feu Archi explosa, laissant retomber au sol des morceaux de cervelle, de boîte crânienne et d'autres morceaux. L'explosion n'était que peu puissante, le cadavre n'avait pas volé en morceaux, seule la tête avait explosée mais c'était déjà pas mal. Pas mal du tout même, encore un acte de gloire à mettre au crédit de Joe Patchett. Malgré l'obstination de son précédent propriétaire, le Hibou de Nuit venait de changer de mains. Joseph était très content, non seulement il montait dans la hiérarchie sociale mais en plus il avait fait pleuvoir du sang. C'était une très bonne soirée au final. Décidément en grande forme, le Champion leva les bras au ciel dans un geste qui n'était pas sans rappeler sa "pose de vainqueur" suite à la mort de Ze Samuraï.

          "Alors Dead End, satisfait ?!"
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