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Mutin.

Rusukana.

L’estafette du Baffeur était déjà loin quand Scab ouvrit son premier œil. Sa petite silhouette ressemblait à un rocher perdu sur une immensité de grains de sables, la plage de l’île sur laquelle on l’avait boulé était aussi longue que son passé de pirate. Il se redressa tant bien que mal en frottant sa main sur sa barbe pleine d’algues où de petits cailloux de sang séché s’agrippaient avec dureté. Il avait passé un sale quart d’heure entre les mains de son ancien équipage. Les bougres l’avaient molesté sans faire dans le détail alors qu’il était ligoté au grand mât. Certains en avaient même eu une trique, c’était certain, peu d’hommes avaient eu l’occasion de se venger ainsi de leur ancien contremaître.

La mutinerie était la seule chose à laquelle il avait pensé pour remuer les miches de cet ancêtre de jangoto, mais à dire vrai, Scab n’avait pas véritablement réfléchi à la suite des événements. Il aurait sans doute été propulsé au rang de capitaine, chose qu’il avait toujours pris soin d’éviter, il aurait dû passer tous les anciens fidèles du Baffeur sous la quille et ensuite voguer sur Grand Line pour se faire de l’oseille. Peu glorieux quant on ne sait pas quoi faire du pain gagné de la pointe de la lame.

Alors voilà où il en était à trop magouiller, l’horrible bedonnant qu’il était avait voulu jouer au plus fin avec un ancêtre. Evidemment que Jangoto l’avait toujours eu à l’œil et évidemment que la seconde flotte dont il avait presque la charge n’était qu’un appât pour lui faire faire le mauvais pas. Avec une guibolle en moins, le mauvais pas était vite fait.

La Cloque resserra dans geste sec le bandeau bleu qui entamait le haut de son crâne. Il s’était redressé, le menton relevé pour observer les hauts palmiers qui composaient la lisière de la forêt. Il avait la mâchoire de cotée, il avait du mal à l’entrouvrir pour respirer. Il était déjà laid en temps normal, difficile d’imaginer le gaspi avec une gueule de travers. De sa main droite, il prit son menton et l’amena vers le bas en décrivant une virgule, l’os craqua et se remboîta bien en face. Pas mieux pour la tronche du gars, mais bien meilleur pour respirer. Sa patte de bois frappa une planche, ou plutôt un cylindre en bois. Tout en retirant le sable de l’objet, il réprima un juron en comprenant que c’était là le manche d’un vieux pistolet à poudre. Pas vraiment un moyen de défense, mais plutôt un bon moyen pour passer l’arme à gauche. Tu parles, c’était le comble de l’humiliation que de penser qu’il se flinguerait, lui qui avait toujours trouvé moyen de s’en sortir. Cent fois il aurait dû mourir et voilà qu’on lui propose de se régler son compte. Indécent.

Savoir sur quelle île on l’avait déposé constituait le premier point important. Tout en tenant son genou droit par le jean, il boitilla dans le sable en direction de l’océan. Pas un zef, pas une vague et un soleil de plomb. Il prit une poigne de sable et lâcha le tout. Les grains retombèrent aussi sec au sol. Non, pas un poil de zef. C’est mauvais pour tout dire. Il se gratta la barbe une nouvelle fois en réprimant un glaviot. Deux endroit sur cette terre étaient à ce point dépourvu de houles, Calm belt et les nonnes. Bien que l’hypothèse de se trouver entre les cuisses d’une religieuse n’aurait pas déplu à Scab, il tourna le talon vers la jungle en maudissant sa bêtise. Il aurait mieux valu qu’il repose six pieds sous terre plutôt que un pied sur cette terre.

Il avait glissé le canon de l’arme dans son froc en jean et il s’était aventuré d’un revers de la main dans l’épaisse broussaille. Sa patte boisée se coinçait de temps à autre dans les ronces rougeâtres qui composaient sa route, il avait arraché une épaisse branche dont il se servait pour ouvrir sa voie. Son bide poilu et bedonnant présentait de larges escarres dont la plupart était dû aux herbes aiguisées de la végétation locale. Une grosse heure lui avait fallu avant de quitter la partie épaisse de cette jungle et de débouler dans des endroits moins encombrés. Une heure, c’est aussi le temps qu’il lui fallu avant de tomber sur son premier signe de vie humaine. Enfin, c’est vite dit que de parler d’une vie quand on fait face à un crâne parfaitement blanchi par le temps. Tournebroche plia guibolle à terre et retourna d’une main les lianes qui couraient le long de la dépouille, ses doigts enlacèrent le pommeau d’un sabre. Il le tira vivement de sous terre et afficha un rictus de frustration. Certes, le pommeau avait de la gueule, mais avec une lame, c’est toujours plus utile. Surtout que vu la qualité des incrustations présentes dans le manche, la lame ne devait pas être au rabais. Le truc qui l’avait faite sauter devait être balaise ou au minimum résistant.

D’ailleurs, Scab tourna un tantinet sa caboche et il ne vit qu’un trou noir à l’odeur putride plutôt que la verdure luxuriante des environs. D’un saut arrière, il évita la rivière de dents qui menaçait de le croquer. Sa bouille de molosse se fripa à la manière d’un pruneau quand il eu la jouissance de la pleine observation de son opposant.


Spoiler:


Impressionnante saloperie au camouflage naturel et à l’allure presque plus écœurante que celle de La Cloque. Tournebroche était sur le cul, à trois pas d’un croco à la dent dure. La mâchoire s’ouvrit une nouvelle fois bien largement avant de se refermer sur le bâton dont Scab se servait pour débroussailler, il ne fallut qu’un mouvement de tête puissant pour fendre la brindille. Notre personnage rampa sur le dos en envoyant des coups de lattes dans la nouille de l’animal qui continuait d’avancer en claquant des dents. Puis un nouveau coup de molaires agrippa la patte en bois de l’homme et il lâcha un large sourire.

« Tu n'es pas tombé sur un os vieux père... Oh non... »

PSSHH PAN


La bastos partit en libérant une fumée noire plus épaisse que la flore d’une fille de joie en plein hiver. Le bestiau se contenta de mourir sur place, sans secousses ou autres choses du genre.

On pouvait faire beaucoup de choses d’une unique balle, ce n’est pas à Tournebroche qu’il fallait l’apprendre. Cependant, la vie valait mieux que la réflexion.
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« Foutre con »


Une détonation n’attire rien d’autres que les ennuis, déjà sur un bâtiment pirate, alors que le bruit est monnaie courante, on s’arrête au moindre bruit d’un chien qui claque. Alors dans une jungle, cela parait évident. Bougre d’imbécile… Et laid avec ça.

Mutin. Bete10

Le félin sombre descendait avec les babines dégoulinant de baves en direction de sa proie, ses griffes lacéraient le bois de l’arbre qui lui servait d’accroche. Tournebroche était sur pied, proche de la dépouille à la gueule béante de son précédent opposant. L’air qui sortait de sa bouche dénuée de chicots créait un sifflotement qu’il peinait quelques fois à réprimer tant il avait pris l’habitude de respirer ainsi. Scab fit tomber son arme, maintenant aussi efficace qu’une bûche de bois, puis il se courba légèrement en avant en attendant que le gros chat décide d’imposer son rythme.


Dans un bond puissant, la panthère transcenda l’air en direction de La Cloque et ses dents blanches n’avaient qu’une seule cible : le peu de crâne qui dépassait de ce tronc graisseux. De ces deux mains, Scab chopa la gueule du défunt lézard et l’ouvrit bien grande au-dessus de lui. L’assaillant se fit prendre en étau par la mâchoire au niveau des flancs et Tournebroche amena la bête au sol et compressant de ses bras galbés les deux parties composant la mâchoire du croco. Une gerbe de sang perlait au sol alors que la panthère beuglait comme un chat à qui l'on écrase la queue. Les yeux de Scab étaient plus gonflés que deux burnes de singes et finalement le félin cessa de se débattre et sombra dans le silence. Glissant le long du corps verdâtre et froid, l’ancien contremaître posa son cul à terre en inspectant les alentours. Déjà le bruit d’un bois qui craque se faisait entendre et des nués d’oiseaux décollés apeurés aussi bien du Nord qu’au Sud. Presque dans un murmure, il expira bruyamment.

« Rusukana, le purgatoire d’Amazon Lily… Sans nuls doutes »

Calm belt n’était pas une partie des océans qu’il avait souvent arpenté. Il fallait une coque en granit marin ou des anges gardiens pour traverser cette eau infestée, mais à bord du bateau de Jangoto, il avait eu l’occasion de s’y frotter à deux reprises. Le navire du Baffeur avait appartenu à la Marine et c’était grâce à lui que ce flibustier de capitaine avait pu partir sur la route de tous les périls aussi souvent. Toujours est-il que le carnet de bord du Fusilleurs faisait mention d’une île de Belt où les hommes s’aventurant au pays mythique des Amazones étaient jetés en pâture aux bêtes de Rusukana. C’était le cas de Scab, l’étape de la vision des tétons en moins.

Le sol vibra si fort qu’un arbre rongé par les insectes tomba au sol à dix pieds de là. Plissant son regard de molosse, il distingua un nuage de poussières et des envols de perroquets multiples plein Sud. Tournebroche se leva et clopina jusqu’à la mare d’où son premier compagnon avait sans doute émergé. Il arracha une tige de roseau et l’enfourna dans sa mouille. C’était un mec de South Blue qui lui avait raconté cette histoire pour respirer sous l’eau, c’est important les histoires à bord d’un bâtiment, ca permet de rire gras et de faire montre de sa culture. La Cloque était douée pour les histoires, il savait les narrer si bien que plus d’un se vanter d’en avoir vécu la plupart après qu’il leur ait raconté. Il frappa l’eau de sa première guibolle, celle en bois, aussitôt elle se fit agripper par une chose, petite. Il leva la patte et observa avec un rictus de déception le petit carnassier à nageoires qui s’était empressé de le becter. Dans un glaviot blanchâtre, il recracha son roseau et abandonna son idée. Il prit alors le chemin de l’Est en forçant l’allure.

Soudain sa guibolle, la vraie, glissa dans un trou alors qu’il venait d’apercevoir la première tronche de ses assaillants titanesques : grisâtres et terriblement bien encornés.

Le trou n’était en faite qu’une pente abrupte qui lui fit dévaler bien plus de distances qu’il n’en aurait fait en une heure de marche claudicante. Il roulait sur lui-même à la manière d’un rondin et plusieurs fois sa caboche heurta des pierres, ses tempes pissaient le sang et de nombreuses plaies s’étaient rouvertes quand il cessa enfin de glisser.

« Palsambleu… Kof… »

Il se redressa avec peine tout en recrachant les feuilles mortes qui encombraient sa large bouche et il fit un rapide état de lieux. Toujours le même putain de paysage, mais cette fois-ci il était vraiment paumé.
Foutre dieu, il aurait pu rester sur la plage à se dessécher plutôt qu’entreprendre une expédition sans aucun but. Toujours pas de but, toujours la même chose. Devenir riche, sans but. Continuer de naviguer, sans but. Survivre n’est pas un but en soi, mais une condition évidente pour s’en fixer. Toujours était-il qu’il avait passé sa vie comme contremaître pour ne pas avoir à se fixer lui-même des buts et qu’aujourd’hui encore, à l’aube de la mort, il s’était aventuré en territoire hostile sans but. Il y a un mot qui a été inventé par les Hommes pour ce type de personnes : Imbécile.

« Et dire que tu te plais à te penser malin Tournebroche »

Il fit craquer ses lombaires tout en essuyant le sang qui perlait de sa lèvre à l’aide de sa main. Un grincement de porte vint fendre ses oreilles, dans un bruit de gorge sinistre, il cracha un glaviot sanguin au pied d’un arbre centenaire comme pour remercier la sainte providence. Une putain de bicoque abandonnée.

Mutin. Cabane10
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Pas plus grande qu’une cabine de second, mais au moins un toit au-dessus de la caboche et visiblement un peu de compagnie. Scab ferma la porte et observa le squelette de ce qui devait être un boucanier au vu de ses friches. Il le devinait à la plume rouge qui dépassait encore de son tricorne poussiéreux. La dépouille était semi-allongée dans un coin de la cabane, la tête penchée sur le côté droit et la main serrant encore un sabre contre sa poitrine, à la manière d’un homme qui enlaçait sa lame pour la dernière fois. D’un coup de jambe de bois, Scab cassa le poignet osseux et saisit le sabre qui avait boulé à son pied. Une piètre lame rouillée et émoussée à bien des endroits, le bougre n’avait même pas un pistolet ou un mousquet digne de ce nom. Un coffre, enfin plutôt une boite faite de planches esquintées, demeurait dans le coin opposé proche d’une petite table basse et d’un tabouret renversé. Le pirate avait vraisemblablement boulé de son assise jusqu’à sa position actuelle. Tournebroche ouvrit la boite du bout du sabre, trop souvent il avait eu l’occasion de voir un homme se faire sauter la main par un coffre piégé ou encore piquer le doigt par un scorpion trop heureux d’être libéré. Mais là rien, pas même une pièce. Quoi que à bien y regarder, il vit une boule de fonte de pas plus de trois centimètres de diamètre. Une balle de mousquet, pas un récent, mais un vieux genre de carabine, du même gabarie que certains vieux flibustiers utilisent encore par nostalgie. Du même type que le pistolet à poudre qu’on lui avait laissé et qu’il avait négligemment fait choir plus loin. Tiens, encore une connerie.

« Si tu conservais une balle l’ami, tu conservais une arme »

Il agrippa la boite et l’a décolla du sol, il lâcha les quatre planches sur les osselets et afficha l’esquisse d’un sourire. Un vieux machin, une pétoire certes, mais un machin qui marchait assurément. Le genre d’armes que tu n’utilisais pas en mer du fait de sa portée, mais une foi sur terre, tu ne le quittais jamais. Long d’une soixante de centimètres, Scab avait mis la main sur un tromblon et son sac de poudre noire accroché au manche.

« Viens là mon joli Gazahaha »

La balle n’avait en faite aucun foutu rapport avec l’arme, maintes fois Tournebroche avait pu tirer avec ce genre d’antiquité et jamais il ne l’avait chargé avec du plomb. La particularité était que tout rechargement se faisait par l’avant, l’encolure du canon était telle que même les cailloux pouvaient se faire propulser.

Baladant son regard sur la petite table, il prit en main une lettre, vraisemblablement écrite de la main du mort.

« Jour 27,
Plus que quatre avant de finir ma peine, je ne sais pas si je tiendrais, mon cœur s’emballe de plus en plus vite depuis que ce serpent ma piqué à travers ma botte. Les amazones passent tous les trente jours, je ne louperais pas ma_____ »

La feuille finissait ainsi, naturellement Scab plongea ses yeux sur son pied gauche, plus nu qu’un vers de terre. Il fit frétiller ses quatre doigts en plissant ses yeux.

« Si une même une botte ne l’a pas sauvé, je ne vois pas l’utilité de se chausser »

D’autres papiers étaient plus ou moins griffonnés sur la table, Tournebroche prit l’un d’eux qui était glissé sous le cul d’une bouteille vide.

« Jour 3,
Enfin mis un doigt sur la date, 4 janvier 1619. Il m’a fallu quelques temps avant de calculer depuis quel jour je m’étais fait capturer. C’est stupide, mais c’est important d’être certain du jour, c’est rassurant »

Reposant la feuille, Scab posa ses miches sur le tabouret qu’il venait de redresser. Tout en entortillant les poils roux de sa barbe, il commença une réfléxion sur le jour qu’il était. La mutinerie s’était déroulée le 28 du mois et il s’était déroulé deux jours depuis son abandon. La journée de demain allait donc être la troisième, ce qui nous emmenait à la fin du trente et au début d’un nouveau mois.

« Que les sirènes me noient, c’est pour demain »

La nouvelle l’avait moins étonnée que sa rapidité à faire le lien entre les inepties des lettres du mort et sa rapidité de calculs. Pour sur que ce squelette avait dis vrai sur l’importance de connaitre les dates.

Tournebroche lâcha un regard entre les interstices lumineux que la cabane présentait et il entrouvrit la porte pour envoyer valser les morceaux d’os au-dehors. Il referma aussi sec et prit la bouteille dans la main avant de la déposer au sol. Il recouvrit l’objet en verre du tricorne du pirate et d’un coup sec de guibolle en bois, il cassa le verre en morceaux. Il gava avec précaution la bouche du tromblon avec de la poudre noire et enfourna une poignée de verre pilé à l’intérieur. Puis, il se posa sur son cul véreux dans le coin opposé à la porte, le canon vers le haut et il tira son bandana devant les yeux. Le soleil avait déjà décliné dangereusement et Scab avait prit bien trop de risques inconsidérés pour une première journée d’exil.

ZZZzzZZ Palsambleu ZZZzzzZ
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La lumière pénétrait abondamment les fentes que présentait le bois dans lequel était construite la cabane. Replaçant son foulard bleu sur ses quelques cheveux roux, La Cloque se gratta son gros ventre poilu. Il se faisait terriblement faim et peut être terriblement tard. Il n’était pas homme à beaucoup dormir, mais les récentes activités de la veille avaient quelques peu eu raison de sa vitalité et puis les plaies encore rouges de sa peau témoignaient de son piteux état.

Tout en restant allongé, il poussa la porte en bois du bout de son tromblon. Le grincement perça la tranquillité apparente et des bruits de fougères qui s’entrechoquent se firent entendre. Tout en s’aidant du fer rouillé du sabre, il se mit sur son pied et après un dernier crachat contre la porte au bois mordu par la verdure, il entreprit de retrouver la plage d’où il n’aurait jamais dû bouger d’un poil.

Le fond de l’air était frais et l’humidité du coin ne laissait pas une seule hypothèse valide quant à la localisation d’une telle île. Perdue au milieu de la Belt. Par contre, sa faune valait bien celle des bas-fonds marins. La guibolle de Scab écrasait les quelques branchages et de temps à autres elle s’enlisait dans la boue quelques secondes avant qu’il ne puisse l’en extirper. Le sabre frappait de sa lame son genou gauche tandis que le tromblon reposait sur son épaule. Il mordillait une branche qu’il avait arraché à un arbre comme si la sève allait calmer sa sensation de faim, encore une histoire qu’un gars avait bavé. Une belle connerie et si Scab l’avait eu devant lui aujourd’hui, il lui aurait fait bouffer toute la jungle. Soudain une fougère bougea, il se tourna pour faire face au danger. Mea culpa, ce n’était pas une fougère, mais un bosquet d’arbres, rapport à la taille du feuillage. La seule différence est qu’un simple perroquet peut faire bouger une fougère, pour un arbre, fallait déjà qu’il pèse son poids le bestiau.

« Viens là gamin »

BOWAAAAAAAAAR

Les défenses du bestiau fendirent les arbres à la base, un monstre gris comme ceux de la veille, suffisamment lourd pour couler un galion d’un coup saut, si tant est qu’il puisse sauter. Faire une ruade tout au plus.

Le nez de la bête, ou le sexe, disons le nez, balaya le sol devant lui dans un mouvement puissant qui obligea Scab à sauter plus haut qu’il n’aimait le faire. Chose étonnante, Tournebroche n’aimait pas sauter, c’était humiliant selon lui, il avait pourtant une belle détente pour un estropié l’animal. Bref, le coup passa bien bas et c’est à la réception qu’il se bouffa une des défenses d’ivoire de la bête. Pas la pointe, mais d’un mouvement de menton, elle avait plaqué sa corne buccale contre le gros bide à vif de La Cloque. Le contremaître vola et s’éclata contre un arbre qui raisonna vivement avant de craquer et se fendre. Il cracha une gerbe de sang qu’il balaya d’un revers de la main, son cou de bœuf se rida un peu plus quand il le fit craquer et il se redressa en pointant sa pétoire. Le pachyderme chargea une nouvelle fois, cette fois-ci Scab pressa la détente et le marteau choqua une pierre à feu qui embrasa la poudre. Une grosse seconde, c’est le temps qu’il faut à ce genre d’arme pour faire feu et c’est le temps qu’il fallu effectivement à Scab pour cribler de verres le crâne de son adversaire. L’éléphant, donnons lui un nom, s’écroula dans sa charge et se stoppa au pied de notre presque nain. Presque nain, disons presque homme, ou pas-nain de justesse, c’est mieux. Une goutte de sang perla de son oreille droite, c’était du bruyant ces calibres là.

« Palsambleu Zagahaha »

Pour sur que le bruit allait faire rappliquer, tout en hâtant sa jambe morte, il rempota le tromblon d’une rasade de poudre et y enfila une poignée de caillasses ramassées à même le sol terreux de l’île. Avant même qu’il ne finisse de recharger, il fit face au reste de la troupe des encornés. Les plus gros, ou les patriarches. Sans même faire dans la semonce, il envoya la charge dans un nuage de fumée. Une fois l’épais nuage dissipé, il se retrouva comme le dernier des imbéciles face à des pachydermes criblés d’impacts ensanglantés, mais loin d’être mortels.

Si ce jour là, Scab avait eu trois jambes, il n’aurait pas eu à faire cela. Il se serait contenté de fuir. Mais ce jour là, il n’en avait qu’une.

Dans un cri que beaucoup avait eu l’occasion d’entendre lorsqu’il montait à l’abordage, Tournebroche fonça en laissant tomber sa pétoire et en brandissant sa rapière rouillée. La trompe d’une des bêtes l’enlaça alors qu’il tentait de l’entailler et le serra avec tant de forces que le contremaître s’en mordit la lèvre de ses deux chicots. Dans un ultime geste, il leva haut sa lame et l’enfonça dans la chair du pif géant. Dans un barrissement cacophonique, la bête le fit voltiger à plusieurs mètres de là. Sa carcasse rebondit plusieurs fois avant de se stopper, alors que ses bras amorçaient une pompe pour le relever, la patte d’un des bestiau lui écrasa le dos. Scab avait l’impression de revivre un nouveau carénage, il tendit son bras au maximum pour attraper sa lame qu’il avait laissé choir dans son vol plané. Ses doigt finirent par enlacer le pommeau de son arme et il planta aussi sec le vieux morceau d’acier dans la patte de la bête dans un mouvement à l’aveuglette. L’étreinte se libéra suffisamment pour le laisser rouler sur le côté et ainsi lui assurer quelques secondes de respiration.

« Kof… »

Un des pachydermes fonçait vers notre homme en balayant de ses énormes défenses les arbres sur son passage. Les grandes tiges boisée se couchaient sous son poids, écrasés par les défenses, et se dépliaient une fois la pression passée à la manière d’immenses catapultes naturelles.

« Je jure que je vous crèverais tous un jour foutu bestiaux... Bon dieu, j'espère foutrement que t'existes, toi ou un apôtre... »

La charge coucha la cime d’un arbre sur lui et quand l’éléphant relâcha la pression, l’arbre se déplia et Scab n’était plus là.


Plus tard.



« Capitaine ! »
« Oui Rosalie ? »
« Nous en avons retrouvé un sur la plage, inconscient mais bien vivant »
« Un de ces voyeurs à donc survécu »
« Le problème est qu’il ne faisait pas parti des hommes que nous avions condamné »
« … »
« Que faisons-nous de lui ? »
« Comment est-il ? »
« Dans un sale état ou simplement laid »
« Mémé jugera de son avenir, mettez le à fond de cale »
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