Avant.
Noir.
Trou noir.
Puis son.
Balancier de la houle.
Puis rien.
On l’agrippe par la guibolle, on le traine contre les lattes d’un pont impeccablement propre. Ca marque un pont propre.
Dans sa vie, il n’en avait pas connu beaucoup des ponts propres, une fois quand une lame d’eau avait emporté deux hommes avec elle, le pont avait été quasi-propre. Là, impeccable, à croire qu’il avait été récuré par une bonne femme. Marrant. Enfin il pensait impeccable, mais il ne pouvait pas l’attester, il le ressentait au contact de sa peau contre le bois.
D’ailleurs il ne voyait pas grand chose et lorsqu’il avait voulu grommeler aucun son n’était sorti. Il avait été ligoté par une corde sacrément bien nouée à l’intérieur d’un sac de jute doublé et bâillonné par autre chose qu’une paire de chaussettes.
Ca raccroche le dos. Plus du bois, surement des cailloux ou des guêpes. Des cailloux.
Jusqu’où on aller s’en servir comme balai ?
C’est dur. De la pierre ou des carapaces de tortues. De la pierre, évidemment. Les carapaces de tortues c’est plus sphérique au contact. Encore une histoire de comptoirs ça, un type prétendait que son cousin par alliance avec la mère de son gendre avait été condamné par son capitaine à être ligoté sur le dos d’une tortue de mer pendant une semaine. Le bougre s’en était tiré avec une virgule à la place de la colonne vertébrale. A moins que ca n’était un cousin direct.
« Passez par la petite porte, inutile de créer un mouvement de foule, le jour ne va pas tarder à se lever »
« Bien »
C’est quoi ces voix de femelles ? Bigre de dieu, des femmes qui le trainaient par la gambette, cette fois-ci il s’était vraiment mis plus bas que terre. A n’en pas douter, les amazones étaient tombées sur son corps sur la plage de l’île purgatoire. Bonne nouvelle relative, certains prétendaient que les femmes amazones étaient pires qu’une trentaine de gros bras dans une rhumerie. Soudain l’étreinte foutrement virile lâcha sa patte de bois et des bras le redressèrent avant qu’un poing ne le fasse se courber à genoux.
« Grmpf… »
« Homme, tu vas passer la matinée en cage »
« T’aurais dû l’laisser clamser sur l’grain Lydia »
« Tu connais nos lois Libéria, si un homme survit à Rusukana, il est jugé »
« C’même pas nous qui l’y avons foutu… Saloperie d’homme »
Une porte grinça avant de se fermer avec force et la serrure tourna deux fois avant de laisser place à des bruits de pas qui s’éloignent. Silence.
Même pas une rasade de flotte, même pas un truc à se mettre derrière la cravate, un os à grailler ou même un rayon de lumière. Scab s’écroula sur le côté, il crevait de chaud sous ce sac et en plus il commençait à ne plus sentir sa jambe droite à cause de la corde. Ou bien parce qu’elle n’existait plus depuis plus de dix piges. Toujours ce foutu silence, juste sa respiration qui raisonnait jusque dans ses mirettes.
Intense ces quelques derniers jours, bien plus souvent emprisonné que libre. Et puis cette fatigue… usante… Foutue mutinerie…
Noir.
Trou noir.
Puis son.
Balancier de la houle.
Puis rien.
On l’agrippe par la guibolle, on le traine contre les lattes d’un pont impeccablement propre. Ca marque un pont propre.
Dans sa vie, il n’en avait pas connu beaucoup des ponts propres, une fois quand une lame d’eau avait emporté deux hommes avec elle, le pont avait été quasi-propre. Là, impeccable, à croire qu’il avait été récuré par une bonne femme. Marrant. Enfin il pensait impeccable, mais il ne pouvait pas l’attester, il le ressentait au contact de sa peau contre le bois.
D’ailleurs il ne voyait pas grand chose et lorsqu’il avait voulu grommeler aucun son n’était sorti. Il avait été ligoté par une corde sacrément bien nouée à l’intérieur d’un sac de jute doublé et bâillonné par autre chose qu’une paire de chaussettes.
Ca raccroche le dos. Plus du bois, surement des cailloux ou des guêpes. Des cailloux.
Jusqu’où on aller s’en servir comme balai ?
C’est dur. De la pierre ou des carapaces de tortues. De la pierre, évidemment. Les carapaces de tortues c’est plus sphérique au contact. Encore une histoire de comptoirs ça, un type prétendait que son cousin par alliance avec la mère de son gendre avait été condamné par son capitaine à être ligoté sur le dos d’une tortue de mer pendant une semaine. Le bougre s’en était tiré avec une virgule à la place de la colonne vertébrale. A moins que ca n’était un cousin direct.
« Passez par la petite porte, inutile de créer un mouvement de foule, le jour ne va pas tarder à se lever »
« Bien »
C’est quoi ces voix de femelles ? Bigre de dieu, des femmes qui le trainaient par la gambette, cette fois-ci il s’était vraiment mis plus bas que terre. A n’en pas douter, les amazones étaient tombées sur son corps sur la plage de l’île purgatoire. Bonne nouvelle relative, certains prétendaient que les femmes amazones étaient pires qu’une trentaine de gros bras dans une rhumerie. Soudain l’étreinte foutrement virile lâcha sa patte de bois et des bras le redressèrent avant qu’un poing ne le fasse se courber à genoux.
« Grmpf… »
« Homme, tu vas passer la matinée en cage »
« T’aurais dû l’laisser clamser sur l’grain Lydia »
« Tu connais nos lois Libéria, si un homme survit à Rusukana, il est jugé »
« C’même pas nous qui l’y avons foutu… Saloperie d’homme »
Une porte grinça avant de se fermer avec force et la serrure tourna deux fois avant de laisser place à des bruits de pas qui s’éloignent. Silence.
Même pas une rasade de flotte, même pas un truc à se mettre derrière la cravate, un os à grailler ou même un rayon de lumière. Scab s’écroula sur le côté, il crevait de chaud sous ce sac et en plus il commençait à ne plus sentir sa jambe droite à cause de la corde. Ou bien parce qu’elle n’existait plus depuis plus de dix piges. Toujours ce foutu silence, juste sa respiration qui raisonnait jusque dans ses mirettes.
Intense ces quelques derniers jours, bien plus souvent emprisonné que libre. Et puis cette fatigue… usante… Foutue mutinerie…
ZZzzZZ
« Il dort ? »
Un coup sec dans les bourses de Scab lui fit quitter ses mauvais rêves.
« Grmpf ! »
« Plus maintenant »
Toutes amazones qu’elles étaient, elles connaissaient bien l’anatomie masculine les bougresses. Et voilà qu’on le traînait de nouveau, bon dieu qu’il puait la sueur et l’urine dans son sac de jute. Il n’avait rien bu en trois jours et avait eu envie de pisser, le corps est mal conçu. Encore une journée et c’était un numéro deux, le ventre vide.
« Il sent aussi mauvais qu’un bouc »
« Rosalia a dit qu’il en avait même l’aspect »
Bougresse.
« Mémé sera là ? »
« Oui, elles sont toujours ensemble ces derniers temps, il se trame des choses mauvaises dans les mers agitées ces derniers temps »
« C’est Mémé qui te l’a dis ? »
« Non, c’est une constatation c’est tout »
Ca glissait beaucoup mieux, surement une sorte de carrelage, c’est bien le carrelage.
Scab avait toujours eu les mirettes qui traînaient là où elles ne devaient pas. On l’emmenait voir une vieille et une autre, surement deux belles têtes bien pensantes d’Amazon Lily. Tant que ce n’était pas l’impératrice ou une femme de ce genre. Il en circulait des histoires sur son sujet, même que la langue de Tournebroche avait pas mal de fois tourné pour narrer des légendes sur son sujet. Comme quoi elle était si belle et bien faite qu’aucun homme n’aurait été assez endurant pour ne serait-ce qu’avoir le temps d’armer avant de dégoupiller. Ou encore qu’elle avait tué plus d’hommes à six ans qu’un vieux flibustier sur la retraite. Enfin, ces histoires, il les avait lui-même entendu de la bouche d’un illustre inconnu. Peut être même qu’elle n’existait pas la gueuse.
Deux grincements successifs lui firent comprendre qu’il avait passé une sorte de sas, des chuchotements s’amenuisèrent soudainement et bientôt on le redressa sur sa jambe une nouvelle fois. Cette fois-ci il contracta son bide, pas deux fois la même chose, pas à lui. Un violent coup lui percuta le crâne. Bougresses. Il tomba à genoux.
D’un coup sec on lui ôta le sac de jute qui lui collait presque à la peau. Une lumière aveuglante lui bousilla la vue l’espace de quelques secondes.