Le niveau 5 d'Impel Down
L'enfer glacé...
Glace à perte de vue, froide, coupante, hostile... Tellement gelée qu'elle semble brulante au contact, tellement coupante qu'elle est par endroit rougie du sang de ceux qui l'ont touché. Il fait si froid ici que le moindre contact avec un objet métallique vous soude instantanément à lui, obligeant le malheureux qui a fait un geste trop brusque à s'arracher la peau pour se libérer. Si froid que la maigre bouffée de chaleur qui s'échappe de la bouche des prisonniers finit gelée avant même d'avoir pu réchauffer les mains des malheureux enfermés ici. Si froid qu'on ne peut dormir ou s’arrêter de bouger bien longtemps sous peine de se transformer en une statue de givre, aussi morte et fragile que toutes celles qui ornent les cellules les plus anciennes et que le moindre effleurement peut briser comme du verre. Si froid qu'on a les membres si engourdis qu'on a l'impression qu'ils n'existent plus, que les mains et les pieds ne sont plus que des blocs insensibles qui pourrait tout aussi bien appartenir à quelqu'un d'autre... Si froid que les larmes de désespoir que versent les détenus qui arrivent gèlent à l'instant même ou elles quittent le regard...
L'enfer glacé...
Pas de matons ici... Rien d'humains, rien de familier... Les seuls mouvements dehors sont ceux que provoquent ce vent lancinant qui rabat la neige par paquet dans les cellules, changeant sans cesse de direction pour continuer à tourmenter les rares ayant trouvé une parcelle de chaleur à protéger...
Le vent... Le vent et les loups...
Les loups ne bougent pas pendant la journée... Mais on les entend... Sans cesses leurs hurlements résonnent dans la plaine, donnant l'impression qu'ils sont toujours la, tout proches, prêts à happer le moindre morceau de chair égaré hors de sa cellule... Ils vous broient les tripes, serrent le cœur des plus courageux dans une main glacée, et sapent la résistance des plus coriaces de la même façon que la mer érode inlassablement les plus hautes falaises...
Et la nuit, quand les hurlements cessent. C'est encore pire. Car alors ils sont la. Trottinements de pattes furtives qui grattent la glace, yeux rouges et affamés surgissant du noir... Et parfois un cri de terreur et de douleur mêlé qui s’éteint aussi vite qu'il surgit... Car les loups ne sont pas des gardiens, ce sont des fauves. Et malheur au prisonnier imprudent qui s'endort ou laisse trainer un membre trop prés des barreaux...
Celui la aura de la chance s'il meurt rapidement... D'autres ne feront que perdre un membre et gèleront lentement sur place...
Glace...
Souffrance...
Peur...
Mort...
Rien d'autre n'existe ici...
Et pourtant...
Au milieu de la nuit marche une forme. Il n'est pas dit comment elle est arrivé ici, elle est juste la. A l'endroit ou un instant auparavant il n'y avait rien. Et elle marche librement dans la neige... Malgré les fourrures qui la recouvrent ce n'est pas un loup, mais bien une silhouette humaine qui traverse la plaine en direction des cellules posées au milieu du niveau.
Elle avance et les loups la sentent immédiatement. Ce niveau est le leur et aucune présence ne saurait leur échapper, traqueurs infatigables, tueurs efficaces, mangeurs d'hommes... Les loups s’arrêtent, hument l'air, et se dispersent... Laissant la silhouette libre de continuer sa route sans encombre...
Jusqu'aux cellules ou les rares qui n'essayent pas de dormir perçoivent soudain cette vision sans précédents...
Dehors, quelqu'un marche...
Oh, jingle bells, jingle bells, jingle all the way!
Oh, what fun it is to ride in a one-horse open sleigh.
Oh, what fun it is to ride in a one-horse open sleigh.
Et chante ?