- Spoiler:
Peu de temps avant l’arrivée de Fenyang sur le Lady Million, un petit groupe d’hommes couverts de fourrures en était sorti, et progressaient maintenant, en pleine nuit, à travers les terres enneigées de Sakura.
Finalement, dans l’équipage, personne ne s’était vraiment mouillé pour décider de qui ferait quoi. Le froid semblait quelque peu ralentir les ardeurs. Une expédition de repérage fut organisée, menée –à son grand désespoir- par le second. Viendraient aussi Juusei, et quelques gars que le froid, la neige, et les innombrables ennemis que l’on pouvait rencontrer, n’impressionnaient pas. L’objectif était de pousser jusqu’au sommet de la montagne au centre de l’île, d’où on voyait dépasser au loin les tours d’un château, et sur laquelle on aurait certainement une bonne idée de ce qui se passait dans les environs.
La nuit était tombée rapidement, mais tout compte fait, c’était plutôt un avantage : ils avaient moins de chance de se faire remarquer. Et puis grâce à la lune, et à la clarté du sol enneigé, ils n’avaient pas trop de mal à s’orienter. Vu du bateau, le centre de l’île ne paraissait pas si loin, et l’expédition espérait être de retour dans quelques heures… Comme ils se trompaient !
Les éclaireurs étaient tous chaudement vêtus de manteaux fourrés, de gants et de bonnets arrachés à leurs victimes au campement révolutionnaire. Ils emportaient avec eux quelques provisions "en cas de pépin", et des briquets, bien qu’il y ait peu de chances qu’ils puissent allumer quoi que ce soit ici ! A leurs pieds, ils avaient chaussé des espèces de grillages ovales cerclés de bois, des "raquettes", à en croire un de leurs camarades Truand originaire de North Blue –et qui donc passait pour la référence en matière de froid, depuis leur arrivée à Drum-, qui facilitaient grandement leur progression, même si elles leur donnaient de drôles de démarches !
Après seulement quelques minutes dans la neige, Ange sentit le froid gagner de nouveau des extrémités : décidément, il n’était pas fait pour ce genre de climat ! Il sentait à peine ses doigts, et ses pieds lui donnaient l’impression d’être en bois ! Quant à son visage, habituellement grisâtre, il était recouvert de trainées rosées, en particulier au niveau du nez et des joues.
Je ne la sens pas du tout cette histoire !
Tu ne sens jamais rien, toit, de toute façon ! Il faut voir le bon côté des choses : marcher, ça réchauffe plus que de rester à grelotter dans un coin du bateau. Et tu finiras par t’habituer au climat !
Si je suivis assez longtemps pour ça ! L’île à l’air truffée de gusses armés, de révolutionnaires, ou je ne-sais-quoi…
C’est pour ça que vous êtes partis peu nombreux : sans les canons du navire pour vous épauler, vous serez plus efficaces en étant discrets.
Le groupe n’était pas très loin d’une de ces espèces de montagnes en forme de piliers géants, qui faisaient penser à des cheminées, et qui étaient implantés sur le tour de l’île à intervalles réguliers. Plus loin, à leur gauche, on pouvait apercevoir une petite ville ou un village, avec des toits recouverts de neige. Ne sachant pas qui pouvait bien l’occuper, ils l’évitèrent soigneusement.
Ce que j’espère, c’est qu’une fois là-haut on ne verra rien. D’ailleurs, j’ai déjà prévu ce qu’on dira aux autres une fois rentrés : on est montés là-haut, il y avait une jolie vue mais rien d’intéressant, alors on est redescendus. Pas mal, hein ?!
Si tu crois sincèrement que le château là-haut n’est pas truffé de soldats, alors tu es beaucoup plus optimiste que tu n’en as l’air !
Alors qu’ils marchaient, alors qu’Ange continuait de regarder la montagne, une idée inquiétante lui vint à l’esprit. Il se rapprocha de Juusei, qui marchait juste devant lui.
- Dis, la grosse montagne au milieu, tu la vois bien ? Tu n’as pas l’impression qu’elle est aussi abrupte que toutes les autres montagnes de l’île, c’est-à-dire un gros gros gros pilier ?
… on ne va pas s’amuser si on doit escalader ça !
Compassion Smith, sentinelle de la révolution de son état, était tranquillement posté à plat ventre sous un paravent recouvert de neige, une centaine de mètres plus loin. Des jumelles à la main, il surveillait le petit groupe. Après avoir longuement hésité, il se décida à tirer sur le mince fil de fer tendu à côté de sa main, qui déclencherait une série de sonnettes servant à alerter ses camarades.
Mais une question se posait alors : devait-il tirer un coup, pour annoncer "ne tirez pas, c’est des gars à nous", deux pour "des pirates", ou trois pour "vingt-deux, v’là la marine !" ; ou encore une dizaine de coups pour "vous allez vous dépêcher de venir me relever ?! J’me les gèle ici !!".
Hm, alors… un, deux, trois coups ? Une dizaine ? Bien qu’il ne les reconnaisse pas, ces types étaient habillés comme des révolutionnaires. Seulement… ils n’en avaient vraiment pas la tête ! Et puis que faisaient-ils ici, à découvert, en pleine nuit ?
Tout absorbé par ces questions, Compassion Smith n’entendit pas les pas qui se rapprochaient, étouffés par la neige. Ce n’est que lorsqu’il sentit un souffle chaud sur sa nuque qu’il sursauta. Sa première pensée fut d’abord : "mince, des marines… je suis mal.". Puis, comme l’autre derrière lui ne se manifesta pas, et continuait à lui souffler dans la nuque, il se retourna avec un sourire forcé, et dit :
- C’est toi Guy, hein ? Tu me fais une sale blague ?
Il tomba nez à nez, non pas avec son collègue Guy, mais d’un monstrueux lapin au pelage blanc qui luisait sous la lumière de la lune, et à la mine patibulaire. Ayant enfin attiré l’attention de sa proie, la bête (Doudoune, pour les intimes, mâle dominant de son groupe) dévoila ses longs crocs. Derrière lui, la dizaine de congénères qui l’accompagnaient firent de même.
Et le soldat Smith pensa : "aïe,… je suis mort…". Puis, n’ayant rien de mieux à faire, il hurla.
Finalement, dans l’équipage, personne ne s’était vraiment mouillé pour décider de qui ferait quoi. Le froid semblait quelque peu ralentir les ardeurs. Une expédition de repérage fut organisée, menée –à son grand désespoir- par le second. Viendraient aussi Juusei, et quelques gars que le froid, la neige, et les innombrables ennemis que l’on pouvait rencontrer, n’impressionnaient pas. L’objectif était de pousser jusqu’au sommet de la montagne au centre de l’île, d’où on voyait dépasser au loin les tours d’un château, et sur laquelle on aurait certainement une bonne idée de ce qui se passait dans les environs.
La nuit était tombée rapidement, mais tout compte fait, c’était plutôt un avantage : ils avaient moins de chance de se faire remarquer. Et puis grâce à la lune, et à la clarté du sol enneigé, ils n’avaient pas trop de mal à s’orienter. Vu du bateau, le centre de l’île ne paraissait pas si loin, et l’expédition espérait être de retour dans quelques heures… Comme ils se trompaient !
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Les éclaireurs étaient tous chaudement vêtus de manteaux fourrés, de gants et de bonnets arrachés à leurs victimes au campement révolutionnaire. Ils emportaient avec eux quelques provisions "en cas de pépin", et des briquets, bien qu’il y ait peu de chances qu’ils puissent allumer quoi que ce soit ici ! A leurs pieds, ils avaient chaussé des espèces de grillages ovales cerclés de bois, des "raquettes", à en croire un de leurs camarades Truand originaire de North Blue –et qui donc passait pour la référence en matière de froid, depuis leur arrivée à Drum-, qui facilitaient grandement leur progression, même si elles leur donnaient de drôles de démarches !
Après seulement quelques minutes dans la neige, Ange sentit le froid gagner de nouveau des extrémités : décidément, il n’était pas fait pour ce genre de climat ! Il sentait à peine ses doigts, et ses pieds lui donnaient l’impression d’être en bois ! Quant à son visage, habituellement grisâtre, il était recouvert de trainées rosées, en particulier au niveau du nez et des joues.
Je ne la sens pas du tout cette histoire !
Tu ne sens jamais rien, toit, de toute façon ! Il faut voir le bon côté des choses : marcher, ça réchauffe plus que de rester à grelotter dans un coin du bateau. Et tu finiras par t’habituer au climat !
Si je suivis assez longtemps pour ça ! L’île à l’air truffée de gusses armés, de révolutionnaires, ou je ne-sais-quoi…
C’est pour ça que vous êtes partis peu nombreux : sans les canons du navire pour vous épauler, vous serez plus efficaces en étant discrets.
Le groupe n’était pas très loin d’une de ces espèces de montagnes en forme de piliers géants, qui faisaient penser à des cheminées, et qui étaient implantés sur le tour de l’île à intervalles réguliers. Plus loin, à leur gauche, on pouvait apercevoir une petite ville ou un village, avec des toits recouverts de neige. Ne sachant pas qui pouvait bien l’occuper, ils l’évitèrent soigneusement.
Ce que j’espère, c’est qu’une fois là-haut on ne verra rien. D’ailleurs, j’ai déjà prévu ce qu’on dira aux autres une fois rentrés : on est montés là-haut, il y avait une jolie vue mais rien d’intéressant, alors on est redescendus. Pas mal, hein ?!
Si tu crois sincèrement que le château là-haut n’est pas truffé de soldats, alors tu es beaucoup plus optimiste que tu n’en as l’air !
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Alors qu’ils marchaient, alors qu’Ange continuait de regarder la montagne, une idée inquiétante lui vint à l’esprit. Il se rapprocha de Juusei, qui marchait juste devant lui.
- Dis, la grosse montagne au milieu, tu la vois bien ? Tu n’as pas l’impression qu’elle est aussi abrupte que toutes les autres montagnes de l’île, c’est-à-dire un gros gros gros pilier ?
… on ne va pas s’amuser si on doit escalader ça !
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Compassion Smith, sentinelle de la révolution de son état, était tranquillement posté à plat ventre sous un paravent recouvert de neige, une centaine de mètres plus loin. Des jumelles à la main, il surveillait le petit groupe. Après avoir longuement hésité, il se décida à tirer sur le mince fil de fer tendu à côté de sa main, qui déclencherait une série de sonnettes servant à alerter ses camarades.
Mais une question se posait alors : devait-il tirer un coup, pour annoncer "ne tirez pas, c’est des gars à nous", deux pour "des pirates", ou trois pour "vingt-deux, v’là la marine !" ; ou encore une dizaine de coups pour "vous allez vous dépêcher de venir me relever ?! J’me les gèle ici !!".
Hm, alors… un, deux, trois coups ? Une dizaine ? Bien qu’il ne les reconnaisse pas, ces types étaient habillés comme des révolutionnaires. Seulement… ils n’en avaient vraiment pas la tête ! Et puis que faisaient-ils ici, à découvert, en pleine nuit ?
Tout absorbé par ces questions, Compassion Smith n’entendit pas les pas qui se rapprochaient, étouffés par la neige. Ce n’est que lorsqu’il sentit un souffle chaud sur sa nuque qu’il sursauta. Sa première pensée fut d’abord : "mince, des marines… je suis mal.". Puis, comme l’autre derrière lui ne se manifesta pas, et continuait à lui souffler dans la nuque, il se retourna avec un sourire forcé, et dit :
- C’est toi Guy, hein ? Tu me fais une sale blague ?
Il tomba nez à nez, non pas avec son collègue Guy, mais d’un monstrueux lapin au pelage blanc qui luisait sous la lumière de la lune, et à la mine patibulaire. Ayant enfin attiré l’attention de sa proie, la bête (Doudoune, pour les intimes, mâle dominant de son groupe) dévoila ses longs crocs. Derrière lui, la dizaine de congénères qui l’accompagnaient firent de même.
Et le soldat Smith pensa : "aïe,… je suis mort…". Puis, n’ayant rien de mieux à faire, il hurla.