Motarasu Idai-sa
Pseudonyme : Pied-thaï Age: 19 ans Sexe : Homme Race : Humain Métier : Travailleur en carrière Groupe : Révolutionnaires Déjà un équipage : Aucun pour l’heure… But : Apporter la révolution aux îles aliénées. Fruit du démon ou Aptitude pour la suite : Fruit du Transport Équipements : Pic et coin, outils indispensables pour le travail et tellement plus… Codes du règlement (2) : Parrain : Rydd Steiner Ce compte est-il un DC ? : Non Si oui, quel @ l'a autorisé ? : Sans objet… |
>> Physique
Complexe question que la description. Idai-sa dirait de lui qu’il est maigrichon et par bien trop lisse pour espérer attirer l’attention, non que cela lui déplaise d’ailleurs, mais je crois, moi, qu’un observateur averti peut saisir toute l’obscurité de son caractère rien qu’à travers son physique.
S’il s’était agi d’examiner en détail le moindre trait de son visage, nul doute que beaucoup seraient passé à côté de l’originalité de son caractère, eu égard au vert délavé de ses yeux et à ses traits banals à souhait, mais paradoxalement, et c’est ce que je vais faire avec vous maintenant, si l’on examine son entier, on découvre un garçon dans la fleur de l’âge qui peine à ne pas laisser transparaître la rage sourde qui gronde en lui.
Comme construit autour d’une dynamique de recherche de lumière, un mauvais plaisantin pourrait dire de lui qu’il est comme un tournesol qui aurait poussé trop vite : grand, certes, mais maigre à souhait et prompt à se coucher au premier typhon ou aux premiers signes de mousson. Cette métaphore florale mise à part, Idai-sa peut véritablement être considéré comme un homme grand, à défaut d’un grand homme. Hélas, la malnutrition, couplée à un travail harassant dans les carrières de fer, ont fait du garçon un individu déformé, paraissant déjà s’affaisser sous le poids des années, comble du ridicule pour un adolescent de cet âge. D’autres diront, et j’en fais partie, que si son corps est grand, c’est qu’il a dû se développer rapidement pour ne pas imploser, et que s’il est si maigre, c’est qu’il s’est affuté pour ressembler à la lame qu’il veut devenir… Quant au dos vouté… Et bien les carrières n’ont pas dû aider.
Quand on connaît le garçon aussi bien que moi, qui le fait naître en l’évoquant, on note chez lui une culture de la banalité. Banalité des propos, bien que j’y reviendrais, banalité vestimentaire, manteau usé et écharpe grise quand il fait fête et tenue de travail le reste du temps (traduire : la plupart du temps), banalité des traits et banalité de la démarche. Bien sûr, qui dit « culture » de la banalité dit nature toute autre, et chassez le naturel... Ainsi, la démarche mal-assurée du garçon traduit une anxiété anormale pour un individu lambda, et il a peine à feindre la gaucherie qui lui permettrait de justifier celle-ci. En outre, si ses traits sont banals à première vue, ses yeux mornes surplombant son nez crochu sont capables du plus perçant des regards, et sans nul doute celui-ci suffit à relever le terne de sa peau et l’absence de couleur de ses lèvres.
En somme, prenez garde si vous croisez ce garçon, et ne vous laissez pas leurrer. Montrez-vous observateurs et rusés si vous voulez caresser l’espoir de l’approcher.
>> Psychologie
Dissipons d’emblée un doute : il ne sera pas question de parler de bipolarité pour évoquer notre ami commun. La bipolarité, c’est la coexistence agressive entre deux personnalités qui s’opposent et s’affrontent à intervalles réguliers pour le contrôle de la personne humaine. Non, ici, nous parlerons simplement de façade pour désigner cette opposition entre l’être et le paraître.
Mais commençons par l’origine : peu d’éléments, paraît-il, caractérisent aussi bien un individu que son propre nom. Si l’esthétique de « Motarasu Idai-sa » laisse à désirer, c’est son père qui a choisi ce prénom et a fait du garçon le porteur d’un espoir dépassant complètement ce dernier encore aujourd’hui, à l’orée de ses vingt ans. « Apporter la grandeur », où comment imprimer un dessein mégalomaniaque dans un nouveau-né et lui apporter des rêves de révolution.
Quittons cependant le champ de la prédestination, et, à mon avis, des commérages de rombières, pour nous arrêter un instant sur ce qui fait l’essence de la personnalité du garçon : son sens de la justice. Il est très difficile d’aborder cette question auprès de lui sans qu’il se raidisse et se brusque, voire nous brusque. Car s’il est un sujet qu’il ne vaut mieux pas aborder auprès d’Idai-sa, c’est celui du juste et de l’injuste. Totalement hermétique à toute idée de changement dans son système de valeur, il a depuis longtemps arrêté son choix sur celles qu’il considère être à l’origine de l’idée de justice et celles qu’il considère comme étant en contradiction totale avec celle-ci. Commençons par ce qui doit être défendu : la liberté, dans son sens le plus absolu, et l’amour, de quelque nature qu’il soit. La première doit être défendue car sans elle, aucune véritable justice n’est possible : tout acte de préservation de la liberté est juste. Le second élément, plus surprenant, se comprend selon la maxime suivante : tout acte effectué pour protéger l’être aimé (ascendant, descendant, conjoint ou autre) est juste. C’est au regard de ces deux éléments que toute la psychologie de l’adolescent peut être déclinée : instinct de protection surdéveloppé et élan révolutionnaire.
Pour Idai-sa, tout agent ou partisan du gouvernement est un ennemi de la justice, qu’il convient au mieux de libérer de son propre aveuglement, au pire de sa propre vie. Aucun moyen ne doit être écarté dans la quête à laquelle se destine le garçon, et à cet égard, celui-ci n’est franchement pas regardant : la liberté au-dessus de tout, même de la violence.
N’allez pas vous imaginer pour autant que le jeune homme est une brute, imposant ses vues par la force autant que faire se peut. En réalité, ce serait même plutôt l’inverse. Peu porté sur le combat, il est convaincu que la révolution ne peut venir que de l’intérieur des hommes et qu’il faut, pour être un bon révolutionnaire, d’abord faire preuve d’empathie et de persuasion, voire de ruse, avant d’user des moyens plus extrêmes comme l’attentat et le meurtre, lesquelles tâches sont en général déléguées à d’autres. Calculateur, joueur de go donc fin stratège, le révolutionnaire en herbe sait exploiter les ressources à sa disposition et tirer le meilleur de son environnement.
Idai-sa est donc un garçon charmant et serviable, sans faux-semblant à ce niveau, qui entretient simplement une haine de l’aliénation et du gouvernement qui peut le pousser à commettre tout type d’actes qu’il juge utile à la libération du peuple.
>> Biographie
Complexe question que la description. Idai-sa dirait de lui qu’il est maigrichon et par bien trop lisse pour espérer attirer l’attention, non que cela lui déplaise d’ailleurs, mais je crois, moi, qu’un observateur averti peut saisir toute l’obscurité de son caractère rien qu’à travers son physique.
S’il s’était agi d’examiner en détail le moindre trait de son visage, nul doute que beaucoup seraient passé à côté de l’originalité de son caractère, eu égard au vert délavé de ses yeux et à ses traits banals à souhait, mais paradoxalement, et c’est ce que je vais faire avec vous maintenant, si l’on examine son entier, on découvre un garçon dans la fleur de l’âge qui peine à ne pas laisser transparaître la rage sourde qui gronde en lui.
Comme construit autour d’une dynamique de recherche de lumière, un mauvais plaisantin pourrait dire de lui qu’il est comme un tournesol qui aurait poussé trop vite : grand, certes, mais maigre à souhait et prompt à se coucher au premier typhon ou aux premiers signes de mousson. Cette métaphore florale mise à part, Idai-sa peut véritablement être considéré comme un homme grand, à défaut d’un grand homme. Hélas, la malnutrition, couplée à un travail harassant dans les carrières de fer, ont fait du garçon un individu déformé, paraissant déjà s’affaisser sous le poids des années, comble du ridicule pour un adolescent de cet âge. D’autres diront, et j’en fais partie, que si son corps est grand, c’est qu’il a dû se développer rapidement pour ne pas imploser, et que s’il est si maigre, c’est qu’il s’est affuté pour ressembler à la lame qu’il veut devenir… Quant au dos vouté… Et bien les carrières n’ont pas dû aider.
Quand on connaît le garçon aussi bien que moi, qui le fait naître en l’évoquant, on note chez lui une culture de la banalité. Banalité des propos, bien que j’y reviendrais, banalité vestimentaire, manteau usé et écharpe grise quand il fait fête et tenue de travail le reste du temps (traduire : la plupart du temps), banalité des traits et banalité de la démarche. Bien sûr, qui dit « culture » de la banalité dit nature toute autre, et chassez le naturel... Ainsi, la démarche mal-assurée du garçon traduit une anxiété anormale pour un individu lambda, et il a peine à feindre la gaucherie qui lui permettrait de justifier celle-ci. En outre, si ses traits sont banals à première vue, ses yeux mornes surplombant son nez crochu sont capables du plus perçant des regards, et sans nul doute celui-ci suffit à relever le terne de sa peau et l’absence de couleur de ses lèvres.
En somme, prenez garde si vous croisez ce garçon, et ne vous laissez pas leurrer. Montrez-vous observateurs et rusés si vous voulez caresser l’espoir de l’approcher.
>> Psychologie
Dissipons d’emblée un doute : il ne sera pas question de parler de bipolarité pour évoquer notre ami commun. La bipolarité, c’est la coexistence agressive entre deux personnalités qui s’opposent et s’affrontent à intervalles réguliers pour le contrôle de la personne humaine. Non, ici, nous parlerons simplement de façade pour désigner cette opposition entre l’être et le paraître.
Mais commençons par l’origine : peu d’éléments, paraît-il, caractérisent aussi bien un individu que son propre nom. Si l’esthétique de « Motarasu Idai-sa » laisse à désirer, c’est son père qui a choisi ce prénom et a fait du garçon le porteur d’un espoir dépassant complètement ce dernier encore aujourd’hui, à l’orée de ses vingt ans. « Apporter la grandeur », où comment imprimer un dessein mégalomaniaque dans un nouveau-né et lui apporter des rêves de révolution.
Quittons cependant le champ de la prédestination, et, à mon avis, des commérages de rombières, pour nous arrêter un instant sur ce qui fait l’essence de la personnalité du garçon : son sens de la justice. Il est très difficile d’aborder cette question auprès de lui sans qu’il se raidisse et se brusque, voire nous brusque. Car s’il est un sujet qu’il ne vaut mieux pas aborder auprès d’Idai-sa, c’est celui du juste et de l’injuste. Totalement hermétique à toute idée de changement dans son système de valeur, il a depuis longtemps arrêté son choix sur celles qu’il considère être à l’origine de l’idée de justice et celles qu’il considère comme étant en contradiction totale avec celle-ci. Commençons par ce qui doit être défendu : la liberté, dans son sens le plus absolu, et l’amour, de quelque nature qu’il soit. La première doit être défendue car sans elle, aucune véritable justice n’est possible : tout acte de préservation de la liberté est juste. Le second élément, plus surprenant, se comprend selon la maxime suivante : tout acte effectué pour protéger l’être aimé (ascendant, descendant, conjoint ou autre) est juste. C’est au regard de ces deux éléments que toute la psychologie de l’adolescent peut être déclinée : instinct de protection surdéveloppé et élan révolutionnaire.
Pour Idai-sa, tout agent ou partisan du gouvernement est un ennemi de la justice, qu’il convient au mieux de libérer de son propre aveuglement, au pire de sa propre vie. Aucun moyen ne doit être écarté dans la quête à laquelle se destine le garçon, et à cet égard, celui-ci n’est franchement pas regardant : la liberté au-dessus de tout, même de la violence.
N’allez pas vous imaginer pour autant que le jeune homme est une brute, imposant ses vues par la force autant que faire se peut. En réalité, ce serait même plutôt l’inverse. Peu porté sur le combat, il est convaincu que la révolution ne peut venir que de l’intérieur des hommes et qu’il faut, pour être un bon révolutionnaire, d’abord faire preuve d’empathie et de persuasion, voire de ruse, avant d’user des moyens plus extrêmes comme l’attentat et le meurtre, lesquelles tâches sont en général déléguées à d’autres. Calculateur, joueur de go donc fin stratège, le révolutionnaire en herbe sait exploiter les ressources à sa disposition et tirer le meilleur de son environnement.
Idai-sa est donc un garçon charmant et serviable, sans faux-semblant à ce niveau, qui entretient simplement une haine de l’aliénation et du gouvernement qui peut le pousser à commettre tout type d’actes qu’il juge utile à la libération du peuple.
>> Biographie
« - Démon ! »
Une utilisation du coin plus tard, le crâne du marine se fendillait comme un vieux tronc, laissant Idai-sa poursuivre sa route après l’avoir fait basculé dans la mer, la tête bourdonnante.
On dit souvent qu’on ne naît pas révolutionnaire, on le devient, mais dans le cas de notre ami, il semble qu’il faut remonter loin dans le passé pour trouver une époque où cette pensée n’occupait pas son esprit.
« - Areuh ? »
Enfin… Pas si loin en tout cas…
« - Maman, qu’est-ce qu’il faut faire pour entrer dans la Révolution ? »
La pauvre Keïra manqua de s’étouffer, et c’est sans doute ce qui serait arrivé si un réflexe bienheureux ne l’avait pas conduite à se servir de la chaise sur laquelle elle était assise pour tapoter son dos et expulser l’assassine pomme de terre coincée dans sa trachée.
« - Qu’est-ce que tu dis ?
- Bah, papa, il a bien fait la révolution ? Bah comment on fait pour faire pareil ?
- Je sais que tu veux le retrouver, mais tu l’as très peu connu et…
- Mais non ! T’y es pas du tout m’man ! Je te demande pas où est papa ou s’il est vivant, je veux juste savoir où c’est qu’on devient révolutionnaire ! »
Ah, si seulement il avait pu lui demander d’où venait la bouteille de lait…
« - Mais enfin Idai, tu n’y penses pas ? Révolutionnaire c’est illégal, dangereux et il faut être complétement fou !
- Non mais ça d’accord… Mais on fait comment ? »
Cette conversation occupa de ses sept ans à ses treize ans la plupart des conversations du garçon avec sa mère. Si officiellement le sort de son père ne l’intéressait pas, il faut admettre qu’une part de l’enfant qu’il était rêvait en secret de le retrouver, de découvrir ce qui lui était arrivé et même de le sauver si cela était nécessaire.
Bien sûr, sa mère savait, elle, ce qui était arrivé à son révolutionnaire de mari, et c’était un sort peu enviable. Il avait été exécuté par la marine locale et jeté dans la fosse commune sans autre forme de procès. La cellule de Las Camp avait eu des difficultés structurelles et s’était réfugiée dans des actions violentes et nombreuses, déchaînant la colère des marines locaux, et c’est principalement lui, le bras droit du chef de cellule, qui en avait subi les ires. C’est pourtant l’instinct de préservation maternel qui fit de Reïka une menteuse éhontée. Evidemment, celle-ci ne pouvait pas préserver éternellement son fils de la vérité, et celle-ci se révéla en quelque sorte à lui lorsque vint l’heure de travailler.
« - Mais enfin, tu n’y penses pas ! »
Décidemment, ses expressions ne se renouvelaient guère.
« - Maman, tu sais comme moi qu’on ne tiendra pas l’année si je ne travaille pas… La couture c’est bien, mais ça paie à peine la protection de la Matrone… Si je ne travaille pas, on ne mangera pas, c’est aussi simple que ça. A moins que tu préfères que je me lance dans les opérations illicites ? »
Ce gosse était une plaie… Une plaie attentive et généreuse mais une plaie tout de même.
« - Fort bien, fais ce que tu veux… M’enfin quand même, les carrières de minerai, c’est pas un peu dur pour commencer ?
- J’ai la morphologie d’un enfant et la taille de certains adultes, j’y serais bien payé parce qu’ils ont besoin de moi… Je vois pas bien ce que je pourrais te dire de plus… »
Si en travaillant Idai-sa comprit le sort qui avait été réservé à son père par le passé, il n’en dit jamais rien à sa mère, ne serait-ce que par respect pour elle et son amour. Pourtant, les rafles menées par la marine contre les travailleurs de la carrière soupçonnés de comploter contre le gouvernement mondial et le traitement qui leur était infligé suffirent bien vite à le convaincre du sort funeste qu’avait dû connaître son géniteur. Loin d’entamer sa détermination, cela ne fit que substituer à la part enfantine de lui une part obtuse, rendant impossible tout retour en arrière.
Toujours est-il que lui et sa mère vécurent effectivement quelques années de faste, placés sous la protection des hommes de Singh, toujours prête à garantir une rentrée d’argent, et mangeant à satiété. Les collègues du garçon l’appréciaient et ses patrons également, ce qui faisait de lui un employé modèle, suffisamment insubordonné pour qu’aucune jalousie ne naisse vis-à-vis des autres travailleurs mais aussi suffisamment sociable pour qu’il ne vienne jamais à l’esprit des chefs de la carrière de le sanctionner. Mais cette vie ne pouvait pas convenir à un futur révolutionnaire.
« - Mais enfin tu n’y penses pas ! »
Décidemment…
« - Comment vais-je faire si tu t’en vas ? On est pas bien tous les deux ? Tu veux vraiment me quitter ?
- Maman… J’ai réfléchi avant de venir te voir. Il faut de toute façon que je parte, je ne peux pas me satisfaire d’une vie d’aliéné, soumis au bon vouloir du gouvernement qui n’a absolument aucune idée de la réalité de cette cité et qui ne pense qu’à son propre confort. Je t’en prie, tu dois me laisser partir, sinon je vais dépérir et mourir. »
La mère d’Idai-sa éclata en sanglots. Le garçon, attendri, ajouta :
« - Bon, ce soir les collègues ont dit qu’on allait à l’auberge de la falaise, on en reparle quand je rentre, d’accord ? »
Reïka parvint à acquiescer entre deux larmes séchées, et le jeune homme se dirigea donc vers le lieu de débauche que ses coéquipiers avaient choisi.
L’auberge de la falaise avait cela de particulier qu’elle était, comme son nom l’indique, plantée au sommet d’une falaise, à l’endroit même où, dit-on, une pirate et un marine s’étaient jetés de crainte que leur amour ne les détruise. Idai avait toujours trouvé que cette histoire était stupide : empêcher la destruction de deux vies avec un suicide collectif… Bien bien bien… Quoi qu’il en soit, l’auberge jouissait de cette réputation romantique, et il fallait bien avouer que le cadre et la vue y contribuaient grandement. En entrant, la graine de révolutionnaire avisa la table qui avait été attribuée à leur corporation mais ne put s’empêcher de remarquer que, quelques tables plus loin, une bande de marines, visiblement éméchés, causaient un raffut dont l’établissement déjà bondé et bruyant se serait bien passé. Comme pour s’en convaincre lui-même, il murmura :
« - Boarf, tout le monde est égal ici, les marines ont le droit à du répit aussi… »
Le garcon rejoignit sa table et se mêla bien vite à la conversation de ses amis de la carrière, rejoignant le flot de pensées grivoises et alcoolisées.
« - Messieurs, si vous voulez bien vous diriger vers la sortie…
- Hoahein ? »
C’était un des plus vieux collègues d’Idai qui avait parlé, ou, l’alcool étant passé par là, avait essayé de parler.
« - Les hommes de la marine à côté disent que vous êtes une nuisance et que vous troublez l’ordre public en vous conduisant, je cite, comme du bétail.
- Du bétail ! Il vont voir ce qu’il en pense le bétail ! »
Un geste obscène plus tard, trois hommes de la marine passaient les fers, sans plus de résistance de sa part, à l’homme aviné à l’origine de l’offense. L’un d’eux adressa un sourire au garçon avant de lancer dans un élan moralisateur :
« - Ne traîne pas trop avec des gens comme ça, ou tu deviendras comme eux, et crois-moi ce n’est pas très enviable ! Partez, toi et tes amis avant que ça ne dégénère : celui-là va passer quelques heures en geôle.»
Alors qu’ils se dirigeaient vers la sortie, le tenancier, visiblement contrit par la disparition d’un éventuel bénéfice prit soin de chuchoter :
« - Désolé encore hein, ils sont là les mardis, mais n’hésitez pas à revenir le reste de la semaine, nous serons toujours ouverts pour vous. Vous ne m’en voulez pas hein ? »
Idai-sa lui adressa son plus beau sourire avant de se diriger chez lui où sa mère l’attendait. Alors qu’elle allait ouvrir la bouche, il annonça posément :
« - Je reste encore un an. Pendant cette année, on va tâcher de trouver une solution alternative. »
Une crise de sanglot de plus pour Keïra, signe de soulagement cette fois-ci, et le garçon se dirigea vers sa chambre où il passa la nuit la plus courte de sa vie.
Tous les jours suivants, à la différence de ses collègues qui évitèrent dès lors soigneusement l’établissement, et pendant sept mois, il se rendit à l’auberge de la falaise, évitant soigneusement les mardis. Il tacha d’y faire la conversation à un maximum de personne, et principalement aux habitués. S’il n’était lui-même pas consommateur, le tenancier finit cependant par accepter la présence de ce garçon qui, s’il ne participait pas à son chiffre d’affaires, était une animation plaisante pour nombre de clients et clientes, personnes âgées, travailleurs et autres. En sept mois, Idai-sa eut le temps de se faire connaître de tous, et de se lier d’amitié avec beaucoup. Dès qu’il eut effectivement construit un réseau de relations au sein de l’auberge, développant ainsi l’activité de sa mère, au terme du septième mois, il entreprit de s’y rendre tous les jours, mardis compris.
Il était évident pour le garçon que les marines ne se rappelleraient plus de lui sept mois après avoir emmené son collaborateur aux geôles pour une bagatelle. De plus, seul, il attirait peu l’attention. Il occupa son temps à déterminer le schéma de l’équipe de marines qui se rendait ici pour boire chaque semaine, et il établit une sorte de profil psychologique de chacun d’eux, en se basant notamment sur les bribes de conversation qu’il tâchait de saisir quand il déambulait de table en table pour rejoindre ses différentes connaissances. Le plan du garçon devait durer un an, et c’est effectivement ce qui se produisit. Arrivé presque au terme du cinquième mois d’observation des marines, Idai-sa pensait avoir compris comment ceux-ci fonctionnaient entre eux. Il était temps d’apporter la révolution à cette auberge.
Convaincre ses collègues de retourner boire à l’auberge de la falaise fut plus facile qu’il l’aurait cru, et il prit soin d’entretenir l’animosité latente de ses collègues vis-à-vis des marines qui les avaient tant gênés la dernière fois. Tout était en place, et il ne restait plus au garçon qu’à être l’élément déclencheur d’une petite révolution.
Himitsu, le secret, quel bon choix de nom pour celui qui était visiblement le mouton noir d l’équipe de marines du mardi. Personne ne lui faisait confiance, même pour le choix des boissons, et son avis était très souvent négligé. C’était la cible qu’il fallait viser impérativement. Le choix de la table, stratégique, apparut évident aux yeux du révolutionnaire qui en choisit une proche de celle des marines. Il commanda lui-même à boire, de l’alcool fort de préférence, attendant patiemment que celui-ci fasse son effet sur ses collègues et que les marines se sentent obligés d’intervenir. Cela ne tarda d’ailleurs pas.
« - Messieurs, je vous prie de bien vouloir sortir… »
Le discours était rodé, et la conclusion fut approximativement la même, avec comme seule différence notable la personne à l’origine du geste obscène (et pour cause puisque le précédent avait perdu un bras suite à un micro-éboulement). Sur les cinq marines présents, contre six d’habitude, trois se dirigèrent vers l’homme, mais cette fois-ci ses collègues firent mine de protester. Outre le fait qu’un quatrième marine rejoignit ses comparses, c’est surtout la montée de tension qui fit bientôt visible. C’était le moment d’agir. Se glissant discrètement à côté du dernier marine assis, dont l’identité était bien évidemment prévisible, Idai-sa sortit rapidement la lame de ce dernier de son fourreau pour s’entailler vigoureusement l’avant-bras avant de relâcher la lame et de se mettre à hurler. Les regards de tous ne tardèrent pas à se diriger vers la table excentrée où l’action venait de se dérouler pour découvrir un garçon visiblement blessé au bras à côté d’un marine totalement hébété qui répétait :
« - Mais il l’a fait tout seul ! »
Evidemment, il est aisé de comprendre ce qui se déroula ensuite. Tous ceux qui connaissaient le garçon, et cela représentait beaucoup de personnes compte-tenu de l’activité de celui-ci sur l’année qui venait de s’écouler, se dressèrent comme un seul homme, et les cinq marines se sentirent d’un coup bien seuls. La tension monta encore, d’autant qu’aucun des quatre marines au cœur de l’auberge ne voulaient prendre la responsabilité des actions de celui des leurs qu’ils appréciaient le moins. L’un d’eux ne tarderait pas, ou du moins Idai-sa l’imaginait, à saisir son sabre. Ce serait le déclenchement d’une opération révolutionnaire indécelable et terriblement plus efficace que tous les attentats que prônait la Révolution centrale. Il ne restait plus au garçon qu’à sortir de l’auberge pour limiter les difficultés, et c’est ce qu’il fit promptement au moment où les hostilités commençaient.
Sur le sentier de la falaise, il prit conscience d’une faille dans sa tactique à l’instant où une voix l’appelait :
« - Eh ! Jeune homme ! Ca va ? »
Idai-sa tourna la tête pour découvrir le sixième marine.
« - Euh oui, ça va, je me suis coupé en tombant…
- Tu permets que je regarde ? Je suis médecin de la marine, il faudrait pas que ça s’infecte. T’as de la chance que j’ai été en retard pour me rendre à l’auberge, sans ça je n’aurais pas vu les tâches de sang et je n’aurais certainement pas dévié de la route qui m’aurait mené à un godet frais ! »
Le garçon était pris à la gorge, il devait laisser l’homme s’approcher et prier pour qu’une opportunité se présente, quelle qu’elle soit. Il découvrit son avant-bras.
« - Alors voyons ça… Dis-moi, tu es tombé sur un sabre ? Pas de chance quand même… Bon, finis les mensonges alors, qui t’a entaillé ? »
Les doigts du jeune homme arpentaient avidement sa poche jusqu’à ce qu’ils entourent le trésor tant convoité : outil de travail ou pas, un coup de coin et c’était fini pour le médecin. Restait à savoir s’il ne valait pas mieux mentir. Un meurtre, c’était plus qu’il ne l’imaginait quand il avait mis en place ce plan. Mais le médecin l’avait vu quitter les lieux. Il n’aurait aucune difficulté à étayer les dires d’Himitsu, et il était donc probable que la meilleure solution soit…
« - En tout cas, si tu t’es battu, tu es sacrément maladroit, c’est pas un sens normal pour une blessure… »
Tchack ! Le coin entailla la chair du marine au front. Si l’instinct de survie ne l’avait pas fait se reculer, c’était sa tempe.
« - Démon ! »
Une utilisation du coin plus tard, le crâne du marine se fendillait comme un vieux tronc, laissant Idai-sa poursuivre sa route après l’avoir fait basculé dans la mer, la tête bourdonnante.
Cela faisait un an, et cette fois-ci, il n’allait vraiment pas être possible de rester…
Une utilisation du coin plus tard, le crâne du marine se fendillait comme un vieux tronc, laissant Idai-sa poursuivre sa route après l’avoir fait basculé dans la mer, la tête bourdonnante.
On dit souvent qu’on ne naît pas révolutionnaire, on le devient, mais dans le cas de notre ami, il semble qu’il faut remonter loin dans le passé pour trouver une époque où cette pensée n’occupait pas son esprit.
« - Areuh ? »
Enfin… Pas si loin en tout cas…
« - Maman, qu’est-ce qu’il faut faire pour entrer dans la Révolution ? »
La pauvre Keïra manqua de s’étouffer, et c’est sans doute ce qui serait arrivé si un réflexe bienheureux ne l’avait pas conduite à se servir de la chaise sur laquelle elle était assise pour tapoter son dos et expulser l’assassine pomme de terre coincée dans sa trachée.
« - Qu’est-ce que tu dis ?
- Bah, papa, il a bien fait la révolution ? Bah comment on fait pour faire pareil ?
- Je sais que tu veux le retrouver, mais tu l’as très peu connu et…
- Mais non ! T’y es pas du tout m’man ! Je te demande pas où est papa ou s’il est vivant, je veux juste savoir où c’est qu’on devient révolutionnaire ! »
Ah, si seulement il avait pu lui demander d’où venait la bouteille de lait…
« - Mais enfin Idai, tu n’y penses pas ? Révolutionnaire c’est illégal, dangereux et il faut être complétement fou !
- Non mais ça d’accord… Mais on fait comment ? »
Cette conversation occupa de ses sept ans à ses treize ans la plupart des conversations du garçon avec sa mère. Si officiellement le sort de son père ne l’intéressait pas, il faut admettre qu’une part de l’enfant qu’il était rêvait en secret de le retrouver, de découvrir ce qui lui était arrivé et même de le sauver si cela était nécessaire.
Bien sûr, sa mère savait, elle, ce qui était arrivé à son révolutionnaire de mari, et c’était un sort peu enviable. Il avait été exécuté par la marine locale et jeté dans la fosse commune sans autre forme de procès. La cellule de Las Camp avait eu des difficultés structurelles et s’était réfugiée dans des actions violentes et nombreuses, déchaînant la colère des marines locaux, et c’est principalement lui, le bras droit du chef de cellule, qui en avait subi les ires. C’est pourtant l’instinct de préservation maternel qui fit de Reïka une menteuse éhontée. Evidemment, celle-ci ne pouvait pas préserver éternellement son fils de la vérité, et celle-ci se révéla en quelque sorte à lui lorsque vint l’heure de travailler.
« - Mais enfin, tu n’y penses pas ! »
Décidemment, ses expressions ne se renouvelaient guère.
« - Maman, tu sais comme moi qu’on ne tiendra pas l’année si je ne travaille pas… La couture c’est bien, mais ça paie à peine la protection de la Matrone… Si je ne travaille pas, on ne mangera pas, c’est aussi simple que ça. A moins que tu préfères que je me lance dans les opérations illicites ? »
Ce gosse était une plaie… Une plaie attentive et généreuse mais une plaie tout de même.
« - Fort bien, fais ce que tu veux… M’enfin quand même, les carrières de minerai, c’est pas un peu dur pour commencer ?
- J’ai la morphologie d’un enfant et la taille de certains adultes, j’y serais bien payé parce qu’ils ont besoin de moi… Je vois pas bien ce que je pourrais te dire de plus… »
Si en travaillant Idai-sa comprit le sort qui avait été réservé à son père par le passé, il n’en dit jamais rien à sa mère, ne serait-ce que par respect pour elle et son amour. Pourtant, les rafles menées par la marine contre les travailleurs de la carrière soupçonnés de comploter contre le gouvernement mondial et le traitement qui leur était infligé suffirent bien vite à le convaincre du sort funeste qu’avait dû connaître son géniteur. Loin d’entamer sa détermination, cela ne fit que substituer à la part enfantine de lui une part obtuse, rendant impossible tout retour en arrière.
Toujours est-il que lui et sa mère vécurent effectivement quelques années de faste, placés sous la protection des hommes de Singh, toujours prête à garantir une rentrée d’argent, et mangeant à satiété. Les collègues du garçon l’appréciaient et ses patrons également, ce qui faisait de lui un employé modèle, suffisamment insubordonné pour qu’aucune jalousie ne naisse vis-à-vis des autres travailleurs mais aussi suffisamment sociable pour qu’il ne vienne jamais à l’esprit des chefs de la carrière de le sanctionner. Mais cette vie ne pouvait pas convenir à un futur révolutionnaire.
« - Mais enfin tu n’y penses pas ! »
Décidemment…
« - Comment vais-je faire si tu t’en vas ? On est pas bien tous les deux ? Tu veux vraiment me quitter ?
- Maman… J’ai réfléchi avant de venir te voir. Il faut de toute façon que je parte, je ne peux pas me satisfaire d’une vie d’aliéné, soumis au bon vouloir du gouvernement qui n’a absolument aucune idée de la réalité de cette cité et qui ne pense qu’à son propre confort. Je t’en prie, tu dois me laisser partir, sinon je vais dépérir et mourir. »
La mère d’Idai-sa éclata en sanglots. Le garçon, attendri, ajouta :
« - Bon, ce soir les collègues ont dit qu’on allait à l’auberge de la falaise, on en reparle quand je rentre, d’accord ? »
Reïka parvint à acquiescer entre deux larmes séchées, et le jeune homme se dirigea donc vers le lieu de débauche que ses coéquipiers avaient choisi.
L’auberge de la falaise avait cela de particulier qu’elle était, comme son nom l’indique, plantée au sommet d’une falaise, à l’endroit même où, dit-on, une pirate et un marine s’étaient jetés de crainte que leur amour ne les détruise. Idai avait toujours trouvé que cette histoire était stupide : empêcher la destruction de deux vies avec un suicide collectif… Bien bien bien… Quoi qu’il en soit, l’auberge jouissait de cette réputation romantique, et il fallait bien avouer que le cadre et la vue y contribuaient grandement. En entrant, la graine de révolutionnaire avisa la table qui avait été attribuée à leur corporation mais ne put s’empêcher de remarquer que, quelques tables plus loin, une bande de marines, visiblement éméchés, causaient un raffut dont l’établissement déjà bondé et bruyant se serait bien passé. Comme pour s’en convaincre lui-même, il murmura :
« - Boarf, tout le monde est égal ici, les marines ont le droit à du répit aussi… »
Le garcon rejoignit sa table et se mêla bien vite à la conversation de ses amis de la carrière, rejoignant le flot de pensées grivoises et alcoolisées.
« - Messieurs, si vous voulez bien vous diriger vers la sortie…
- Hoahein ? »
C’était un des plus vieux collègues d’Idai qui avait parlé, ou, l’alcool étant passé par là, avait essayé de parler.
« - Les hommes de la marine à côté disent que vous êtes une nuisance et que vous troublez l’ordre public en vous conduisant, je cite, comme du bétail.
- Du bétail ! Il vont voir ce qu’il en pense le bétail ! »
Un geste obscène plus tard, trois hommes de la marine passaient les fers, sans plus de résistance de sa part, à l’homme aviné à l’origine de l’offense. L’un d’eux adressa un sourire au garçon avant de lancer dans un élan moralisateur :
« - Ne traîne pas trop avec des gens comme ça, ou tu deviendras comme eux, et crois-moi ce n’est pas très enviable ! Partez, toi et tes amis avant que ça ne dégénère : celui-là va passer quelques heures en geôle.»
Alors qu’ils se dirigeaient vers la sortie, le tenancier, visiblement contrit par la disparition d’un éventuel bénéfice prit soin de chuchoter :
« - Désolé encore hein, ils sont là les mardis, mais n’hésitez pas à revenir le reste de la semaine, nous serons toujours ouverts pour vous. Vous ne m’en voulez pas hein ? »
Idai-sa lui adressa son plus beau sourire avant de se diriger chez lui où sa mère l’attendait. Alors qu’elle allait ouvrir la bouche, il annonça posément :
« - Je reste encore un an. Pendant cette année, on va tâcher de trouver une solution alternative. »
Une crise de sanglot de plus pour Keïra, signe de soulagement cette fois-ci, et le garçon se dirigea vers sa chambre où il passa la nuit la plus courte de sa vie.
Tous les jours suivants, à la différence de ses collègues qui évitèrent dès lors soigneusement l’établissement, et pendant sept mois, il se rendit à l’auberge de la falaise, évitant soigneusement les mardis. Il tacha d’y faire la conversation à un maximum de personne, et principalement aux habitués. S’il n’était lui-même pas consommateur, le tenancier finit cependant par accepter la présence de ce garçon qui, s’il ne participait pas à son chiffre d’affaires, était une animation plaisante pour nombre de clients et clientes, personnes âgées, travailleurs et autres. En sept mois, Idai-sa eut le temps de se faire connaître de tous, et de se lier d’amitié avec beaucoup. Dès qu’il eut effectivement construit un réseau de relations au sein de l’auberge, développant ainsi l’activité de sa mère, au terme du septième mois, il entreprit de s’y rendre tous les jours, mardis compris.
Il était évident pour le garçon que les marines ne se rappelleraient plus de lui sept mois après avoir emmené son collaborateur aux geôles pour une bagatelle. De plus, seul, il attirait peu l’attention. Il occupa son temps à déterminer le schéma de l’équipe de marines qui se rendait ici pour boire chaque semaine, et il établit une sorte de profil psychologique de chacun d’eux, en se basant notamment sur les bribes de conversation qu’il tâchait de saisir quand il déambulait de table en table pour rejoindre ses différentes connaissances. Le plan du garçon devait durer un an, et c’est effectivement ce qui se produisit. Arrivé presque au terme du cinquième mois d’observation des marines, Idai-sa pensait avoir compris comment ceux-ci fonctionnaient entre eux. Il était temps d’apporter la révolution à cette auberge.
Convaincre ses collègues de retourner boire à l’auberge de la falaise fut plus facile qu’il l’aurait cru, et il prit soin d’entretenir l’animosité latente de ses collègues vis-à-vis des marines qui les avaient tant gênés la dernière fois. Tout était en place, et il ne restait plus au garçon qu’à être l’élément déclencheur d’une petite révolution.
Himitsu, le secret, quel bon choix de nom pour celui qui était visiblement le mouton noir d l’équipe de marines du mardi. Personne ne lui faisait confiance, même pour le choix des boissons, et son avis était très souvent négligé. C’était la cible qu’il fallait viser impérativement. Le choix de la table, stratégique, apparut évident aux yeux du révolutionnaire qui en choisit une proche de celle des marines. Il commanda lui-même à boire, de l’alcool fort de préférence, attendant patiemment que celui-ci fasse son effet sur ses collègues et que les marines se sentent obligés d’intervenir. Cela ne tarda d’ailleurs pas.
« - Messieurs, je vous prie de bien vouloir sortir… »
Le discours était rodé, et la conclusion fut approximativement la même, avec comme seule différence notable la personne à l’origine du geste obscène (et pour cause puisque le précédent avait perdu un bras suite à un micro-éboulement). Sur les cinq marines présents, contre six d’habitude, trois se dirigèrent vers l’homme, mais cette fois-ci ses collègues firent mine de protester. Outre le fait qu’un quatrième marine rejoignit ses comparses, c’est surtout la montée de tension qui fit bientôt visible. C’était le moment d’agir. Se glissant discrètement à côté du dernier marine assis, dont l’identité était bien évidemment prévisible, Idai-sa sortit rapidement la lame de ce dernier de son fourreau pour s’entailler vigoureusement l’avant-bras avant de relâcher la lame et de se mettre à hurler. Les regards de tous ne tardèrent pas à se diriger vers la table excentrée où l’action venait de se dérouler pour découvrir un garçon visiblement blessé au bras à côté d’un marine totalement hébété qui répétait :
« - Mais il l’a fait tout seul ! »
Evidemment, il est aisé de comprendre ce qui se déroula ensuite. Tous ceux qui connaissaient le garçon, et cela représentait beaucoup de personnes compte-tenu de l’activité de celui-ci sur l’année qui venait de s’écouler, se dressèrent comme un seul homme, et les cinq marines se sentirent d’un coup bien seuls. La tension monta encore, d’autant qu’aucun des quatre marines au cœur de l’auberge ne voulaient prendre la responsabilité des actions de celui des leurs qu’ils appréciaient le moins. L’un d’eux ne tarderait pas, ou du moins Idai-sa l’imaginait, à saisir son sabre. Ce serait le déclenchement d’une opération révolutionnaire indécelable et terriblement plus efficace que tous les attentats que prônait la Révolution centrale. Il ne restait plus au garçon qu’à sortir de l’auberge pour limiter les difficultés, et c’est ce qu’il fit promptement au moment où les hostilités commençaient.
Sur le sentier de la falaise, il prit conscience d’une faille dans sa tactique à l’instant où une voix l’appelait :
« - Eh ! Jeune homme ! Ca va ? »
Idai-sa tourna la tête pour découvrir le sixième marine.
« - Euh oui, ça va, je me suis coupé en tombant…
- Tu permets que je regarde ? Je suis médecin de la marine, il faudrait pas que ça s’infecte. T’as de la chance que j’ai été en retard pour me rendre à l’auberge, sans ça je n’aurais pas vu les tâches de sang et je n’aurais certainement pas dévié de la route qui m’aurait mené à un godet frais ! »
Le garçon était pris à la gorge, il devait laisser l’homme s’approcher et prier pour qu’une opportunité se présente, quelle qu’elle soit. Il découvrit son avant-bras.
« - Alors voyons ça… Dis-moi, tu es tombé sur un sabre ? Pas de chance quand même… Bon, finis les mensonges alors, qui t’a entaillé ? »
Les doigts du jeune homme arpentaient avidement sa poche jusqu’à ce qu’ils entourent le trésor tant convoité : outil de travail ou pas, un coup de coin et c’était fini pour le médecin. Restait à savoir s’il ne valait pas mieux mentir. Un meurtre, c’était plus qu’il ne l’imaginait quand il avait mis en place ce plan. Mais le médecin l’avait vu quitter les lieux. Il n’aurait aucune difficulté à étayer les dires d’Himitsu, et il était donc probable que la meilleure solution soit…
« - En tout cas, si tu t’es battu, tu es sacrément maladroit, c’est pas un sens normal pour une blessure… »
Tchack ! Le coin entailla la chair du marine au front. Si l’instinct de survie ne l’avait pas fait se reculer, c’était sa tempe.
« - Démon ! »
Une utilisation du coin plus tard, le crâne du marine se fendillait comme un vieux tronc, laissant Idai-sa poursuivre sa route après l’avoir fait basculé dans la mer, la tête bourdonnante.
Cela faisait un an, et cette fois-ci, il n’allait vraiment pas être possible de rester…
>> Test RP
Le retour à la maison, ou en tout cas à cet endroit paisible qu’il cesserait bientôt d’appeler « foyer », se fit dans la douleur. Ses tempes battaient, et son cœur semblait décider à arracher sa peau et les entrailles qui s’y logeaient. Plus encore, il semblait au garçon que la nature dans son ensemble retenait son souffle à son passage, de peur d’être frappée à son tour. Plus un bruit ne filtrait à travers les oreilles du meurtrier qu’était devenu le jeune homme… Ou peut-être y’en avait-il quand même un : le doute.
Ne vous méprenez pas, le doute est bien un bruit, un murmure assourdissant à vous rendre aveugle et faire pleurer de mépris pour soi-même. Il est la lame froide qui se glisse dans l’espace intercostal avec la ferme intention de vous épargner mais qui risque néanmoins à chaque instant de faire basculer votre vie vers le froid et la mort.
Le froid environnant, induit par le vent qui soufflait par rafales sur les falaises, n’aidait justement pas Idai-sa à s’éloigner du vide dans lequel il était plongé, et les minutes parurent des heures avant qu’il ne se glisse dans son lit, évitant soigneusement de réveiller sa mère. Un seul souci lui paraissait suffisant pour cette nuit.
La dernière parole du marine sonnait comme un avertissement dans son crâne : démon. Etait-ce ce qu’il était devenu en le tuant ? Avait-il perdu son humanité à l’instant où il avait abattu son bras ? Pourquoi continuait-il à justifier son action si elle était si anormale ? Révolutionnaire, lui ? Révolutionnaire de fait, était-ce seulement possible ? Si certains scientifiques loufoques avaient pu affirmer que fumer tuait, lui pouvait affirmer au moins la chose suivante : l’introspection aussi.
Ce qu’il savait de lui en cet instant, c’est qu’il n’aimait pas plus la violence qu’auparavant, et que sa détermination à faire de ce monde une terre de justice et de liberté n’était pas ébranlée. Alors qu’est ce qui avait changé ? D’abord, il y avait le fait qu’il avait pris de lui-même une vie et qu’il devrait donc nécessairement s’impliquer dans la révolution. Ensuite, il y avait la réponse à la question de l’utilité de la mort d’autrui qu’il avait tranchée : il était nécessaire ici de le tuer pour se couvrir et ainsi permettre à tous ceux qu’il délivrerait postérieurement du joug gouvernemental de connaître la félicité, se répéta-t-il longuement. Et puis enfin, il y avait un dernier élément, peut-être le plus important…
Des éclats de voix retentirent. Cela provenait de l’entrée, à côté de la chambre de sa mère. Intrigué et inquiet pour cette dernière, Idai-sa franchit rapidement le couloir qui séparait sa propre chambre de l’entrée pour finalement découvrir une scène totalement surréaliste. Étonnamment, c’est seulement à cet instant que les mots de sa mère prirent une tournure compréhensible :
« - … ssez-le tranquille, c’est un charmant garçon, il n’aurait pas fait ça. Maintenant, décarrez ! »
Trois marines, c’était trop ou trop peu. Trop car s’il s’était agi d’une visite de courtoisie ou d’une patrouille anodine, même à cette heure pourtant tardive, un seul homme se serait présenté. Trop peu, car s’il s’était agi d’une enquête officielle diligentée suite à la mort du médecin, et en admettant que les pistes remontent jusqu’à lui, ce qui manifestement, et à son grand désarroi, était le cas, une bonne dizaine de marines auraient déjà envahi la maison qu’occupaient sa mère et lui. En bref, cela ne laissait qu’une hypothèse plausible, celle des marines enragés venus chercher querelle suite aux dommages subis dans la bagarre de l’auberge mais aussi et surtout venus venger leur camarade mort de ses mains. Si le lieu de l’affrontement avait été tout autre, le garçon n’aurait sans doute eu aucun remord à exécuter chacun d’entre eux ou à les piéger de la façon qui lui aurait sis, mais la configuration était tout autre, et sa mère était impliquée. En réalité, « impliquée » était un doux euphémisme, car le tromblon qui reposait entre ses mains tremblotantes faisait d’elle une véritable actrice de la scène qui était en train de se dérouler. Une actrice dangereuse.
« - Détends-toi mamie, ou nous emploierons la force contre toi !
- Et toi détends-toi gamin avant que mon doigt ne glisse malencontreusement sur la gâchette et ne t’expédie vers les grands fonds ! »
Il fallait admettre, elle se débrouillait bien.
« - Vous avez déjà eu mon mari, vous n’emmènerez pas mon fils !
- Alors la pancarte devant la porte ne mentait pas ? Motarasu, ce nom m’évoque de mauvais souvenirs ! Mon père est mort dans un attentat orchestré par cette enflure !
- Insulte sa mémoire une fois de plus et le trou que je ferais dans ton bide sera plus grand encore que celui que tu as dans le crâne !
- Himitsu ci-présent… »
Bordel, il s’appelait vraiment comme ça finalement ?
« - … est le fils de celui qui a vengé mon père en abattant cette raclure comme le gibier qu’il était ! »
Décidemment, Las Camp était petite… Ne manquait plus qu’une histoire d’adultère pour compléter le tableau du vaudeville un peu tragi-comique.
« - Himitsu, comme ce beau jeune homme ? »
Ah non hein !
« - J’ai failli l’avoir avant qu’il n’ait mon mari mais il m’a filé entre les pattes ! »
Bon, pour résumer, les révolutionnaires manquaient dans l’ensemble cruellement d’intelligence et (« - Pardon maman ») la mère d’Idai-sa ne faisait pas vraiment mieux que ses congénères dans cette affaire.
« - Et bien ça nous fera deux révolutionnaires pour le prix d’un, saisissez-vous d’elle ! »
*Blang*
Alors le trou dans le cerveau du marine était si imposant que ça ?
*Blam* *Crac*
Non parce qu’il fallait bien que le jeune homme intervienne, et quoi de mieux pour cela que deux coups de maillet, son principal outil de travail, derrière la tête ?
*Clac*
Himitsu avait pris son courage à deux mains, fermé la porte et tourné les talons. Le QG n’était pas si loin, et le garçon devait le rattraper avant qu’il ne l’atteigne. Comprenant la situation, la mère d’Idai-sa décrocha un sabre du mur pour lui tendre avant qu’il n’emprunte lui-même la porte.
« - Tiens, et venge ton père tant que tu y es… »
Bon, ça se tentait. Les années de carrière avaient aiguisé les sens du garçon mais aussi renforcé ses bras et jambes, et il ne fallut pas longtemps avant qu’il ne plaque vigoureusement le marine au détour d’une ruelle sombre des bas-fonds. C’était une zone contrôlée par la Matrone, et nul doute qu’une exécution de marine y passerait sinon inaperçue, en tout cas invisible pour les représentants de l’ordre non-corrompus. Un coup de sabre échangé et déjà le soldat cédait, laissant Idai-sa transpercer sa chair et son estomac. Quelques ablutions sanguines plus tard, un cadavre reposait sur le sol froid de la nuit lascampienne, et il ne fallut au garçon que peu de temps pour faire rouler le cadavre encore chaud vers un égout des bas-fonds. Non, vraiment, tuer n’était pas un problème si c’était pour les bonnes raisons.
Les marines invalidés dans la bagarre et qui songeraient peut-être demain à le rechercher lui ainsi que leurs compagnons ne trouveraient plus une trace du garçon, et ce n’est pas sa mère qui irait raconter à qui que ce soit que son fils était devenu un vrai révolutionnaire, suivant les traces de son défunt mari. Elle avait compris qu’elle ne le verrait plus avant longtemps, mais cela importait peu : le monde avait besoin de lui.
Motarasu Idai-sa disparut dans la nuit, et on n’aurait su dire s’il avait fondu en elle ou s’il avait épousé le vide.
Le retour à la maison, ou en tout cas à cet endroit paisible qu’il cesserait bientôt d’appeler « foyer », se fit dans la douleur. Ses tempes battaient, et son cœur semblait décider à arracher sa peau et les entrailles qui s’y logeaient. Plus encore, il semblait au garçon que la nature dans son ensemble retenait son souffle à son passage, de peur d’être frappée à son tour. Plus un bruit ne filtrait à travers les oreilles du meurtrier qu’était devenu le jeune homme… Ou peut-être y’en avait-il quand même un : le doute.
Ne vous méprenez pas, le doute est bien un bruit, un murmure assourdissant à vous rendre aveugle et faire pleurer de mépris pour soi-même. Il est la lame froide qui se glisse dans l’espace intercostal avec la ferme intention de vous épargner mais qui risque néanmoins à chaque instant de faire basculer votre vie vers le froid et la mort.
Le froid environnant, induit par le vent qui soufflait par rafales sur les falaises, n’aidait justement pas Idai-sa à s’éloigner du vide dans lequel il était plongé, et les minutes parurent des heures avant qu’il ne se glisse dans son lit, évitant soigneusement de réveiller sa mère. Un seul souci lui paraissait suffisant pour cette nuit.
La dernière parole du marine sonnait comme un avertissement dans son crâne : démon. Etait-ce ce qu’il était devenu en le tuant ? Avait-il perdu son humanité à l’instant où il avait abattu son bras ? Pourquoi continuait-il à justifier son action si elle était si anormale ? Révolutionnaire, lui ? Révolutionnaire de fait, était-ce seulement possible ? Si certains scientifiques loufoques avaient pu affirmer que fumer tuait, lui pouvait affirmer au moins la chose suivante : l’introspection aussi.
Ce qu’il savait de lui en cet instant, c’est qu’il n’aimait pas plus la violence qu’auparavant, et que sa détermination à faire de ce monde une terre de justice et de liberté n’était pas ébranlée. Alors qu’est ce qui avait changé ? D’abord, il y avait le fait qu’il avait pris de lui-même une vie et qu’il devrait donc nécessairement s’impliquer dans la révolution. Ensuite, il y avait la réponse à la question de l’utilité de la mort d’autrui qu’il avait tranchée : il était nécessaire ici de le tuer pour se couvrir et ainsi permettre à tous ceux qu’il délivrerait postérieurement du joug gouvernemental de connaître la félicité, se répéta-t-il longuement. Et puis enfin, il y avait un dernier élément, peut-être le plus important…
Des éclats de voix retentirent. Cela provenait de l’entrée, à côté de la chambre de sa mère. Intrigué et inquiet pour cette dernière, Idai-sa franchit rapidement le couloir qui séparait sa propre chambre de l’entrée pour finalement découvrir une scène totalement surréaliste. Étonnamment, c’est seulement à cet instant que les mots de sa mère prirent une tournure compréhensible :
« - … ssez-le tranquille, c’est un charmant garçon, il n’aurait pas fait ça. Maintenant, décarrez ! »
Trois marines, c’était trop ou trop peu. Trop car s’il s’était agi d’une visite de courtoisie ou d’une patrouille anodine, même à cette heure pourtant tardive, un seul homme se serait présenté. Trop peu, car s’il s’était agi d’une enquête officielle diligentée suite à la mort du médecin, et en admettant que les pistes remontent jusqu’à lui, ce qui manifestement, et à son grand désarroi, était le cas, une bonne dizaine de marines auraient déjà envahi la maison qu’occupaient sa mère et lui. En bref, cela ne laissait qu’une hypothèse plausible, celle des marines enragés venus chercher querelle suite aux dommages subis dans la bagarre de l’auberge mais aussi et surtout venus venger leur camarade mort de ses mains. Si le lieu de l’affrontement avait été tout autre, le garçon n’aurait sans doute eu aucun remord à exécuter chacun d’entre eux ou à les piéger de la façon qui lui aurait sis, mais la configuration était tout autre, et sa mère était impliquée. En réalité, « impliquée » était un doux euphémisme, car le tromblon qui reposait entre ses mains tremblotantes faisait d’elle une véritable actrice de la scène qui était en train de se dérouler. Une actrice dangereuse.
« - Détends-toi mamie, ou nous emploierons la force contre toi !
- Et toi détends-toi gamin avant que mon doigt ne glisse malencontreusement sur la gâchette et ne t’expédie vers les grands fonds ! »
Il fallait admettre, elle se débrouillait bien.
« - Vous avez déjà eu mon mari, vous n’emmènerez pas mon fils !
- Alors la pancarte devant la porte ne mentait pas ? Motarasu, ce nom m’évoque de mauvais souvenirs ! Mon père est mort dans un attentat orchestré par cette enflure !
- Insulte sa mémoire une fois de plus et le trou que je ferais dans ton bide sera plus grand encore que celui que tu as dans le crâne !
- Himitsu ci-présent… »
Bordel, il s’appelait vraiment comme ça finalement ?
« - … est le fils de celui qui a vengé mon père en abattant cette raclure comme le gibier qu’il était ! »
Décidemment, Las Camp était petite… Ne manquait plus qu’une histoire d’adultère pour compléter le tableau du vaudeville un peu tragi-comique.
« - Himitsu, comme ce beau jeune homme ? »
Ah non hein !
« - J’ai failli l’avoir avant qu’il n’ait mon mari mais il m’a filé entre les pattes ! »
Bon, pour résumer, les révolutionnaires manquaient dans l’ensemble cruellement d’intelligence et (« - Pardon maman ») la mère d’Idai-sa ne faisait pas vraiment mieux que ses congénères dans cette affaire.
« - Et bien ça nous fera deux révolutionnaires pour le prix d’un, saisissez-vous d’elle ! »
*Blang*
Alors le trou dans le cerveau du marine était si imposant que ça ?
*Blam* *Crac*
Non parce qu’il fallait bien que le jeune homme intervienne, et quoi de mieux pour cela que deux coups de maillet, son principal outil de travail, derrière la tête ?
*Clac*
Himitsu avait pris son courage à deux mains, fermé la porte et tourné les talons. Le QG n’était pas si loin, et le garçon devait le rattraper avant qu’il ne l’atteigne. Comprenant la situation, la mère d’Idai-sa décrocha un sabre du mur pour lui tendre avant qu’il n’emprunte lui-même la porte.
« - Tiens, et venge ton père tant que tu y es… »
Bon, ça se tentait. Les années de carrière avaient aiguisé les sens du garçon mais aussi renforcé ses bras et jambes, et il ne fallut pas longtemps avant qu’il ne plaque vigoureusement le marine au détour d’une ruelle sombre des bas-fonds. C’était une zone contrôlée par la Matrone, et nul doute qu’une exécution de marine y passerait sinon inaperçue, en tout cas invisible pour les représentants de l’ordre non-corrompus. Un coup de sabre échangé et déjà le soldat cédait, laissant Idai-sa transpercer sa chair et son estomac. Quelques ablutions sanguines plus tard, un cadavre reposait sur le sol froid de la nuit lascampienne, et il ne fallut au garçon que peu de temps pour faire rouler le cadavre encore chaud vers un égout des bas-fonds. Non, vraiment, tuer n’était pas un problème si c’était pour les bonnes raisons.
Les marines invalidés dans la bagarre et qui songeraient peut-être demain à le rechercher lui ainsi que leurs compagnons ne trouveraient plus une trace du garçon, et ce n’est pas sa mère qui irait raconter à qui que ce soit que son fils était devenu un vrai révolutionnaire, suivant les traces de son défunt mari. Elle avait compris qu’elle ne le verrait plus avant longtemps, mais cela importait peu : le monde avait besoin de lui.
Motarasu Idai-sa disparut dans la nuit, et on n’aurait su dire s’il avait fondu en elle ou s’il avait épousé le vide.
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Informations IRL
- Prénom : Nicolas
Age : 21 ans
Aime : Le go, la musique et la justice.
N'aime pas : Ce que j’estime injuste, le bruit gratuit.
Personnage préféré de One Piece : Laboon.
Caractère : (définissez vous en quelques mots) Plus exigeant envers moi-même qu’envers les autres, un sens aigu de la justice et une envie de convivialité.
Fais du RP depuis : Sept ans.
Disponibilité : (en jours par semaine, c'est bien sur, approximatif) Un à deux jours par semaine.
Comment avez vous connu le forum ? Par l’intermédiaire d’un pote de fac.
Dernière édition par Motarasu Idai-sa le Mer 30 Jan 2013 - 15:47, édité 3 fois