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Cinquième Chapitre; Un imprévu de taille, seconde partie.

Les ténèbres. Simplement les ténèbres qui englobent toute chose, toute pensée, toute volonté. Plus aucun sentiment, plus aucune réflexion, plus aucune matière sur laquelle s’apitoyer. Seulement le noir qui englobe tout et à la fois rien, car rien ne subsiste dans le noir. Ce noir, je le connais, ou pense pouvoir y associer une reconnaissance possible. Parce que le noir fait partie de moi, chaque jour je le côtoie, l’utilise. Je vais jusqu’à me laisser dominer par lui pour arriver à mes fins, mais parfois j’en perds le contrôle. L’humain est imparfait, voilà pourquoi il doit apprendre de ses erreurs. Il doit apprendre à recalculer les données, à analyser des situations pour mieux s’y adapter. Même chose avec les ténèbres dirait-on. Même chose avec le mal qui gangrène l’univers philosopherait-on. Voilà pourquoi, moi aussi je dois apprendre à maîtriser ce mal, à le canaliser pour surpasser les obstacles que le destin s’acharne à mettre au travers de ma route. Mais cette fois, le noir est là. Et je ne peux rien y faire. Alors j’attends. Je patiente dans le calme et la sérénité du vide. Avec rien à réfléchir, rien à ressentir. Seulement le vide. Bien sûr, je sais que tout cela est anormal, mon organisme me le cri, le hurle. Mais malgré cela, rien n’y fait. Seule l’absence de tout persiste. Depuis combien de temps cela dure? Bonne question. Et pourtant j’ai l’impression que ces abstraites questions ont une réponse toute proche, qui n’attend qu’à être découverte.

Alors une lumière éclaire le gouffre noir de mon esprit.

Diffuse, faible. Mais assez lumineuse pour faire s’évaporer le brouillard qui nimbe mon esprit. Les réponses, je sais alors où les trouver. Les émotions, elles me reviennent dans une forte vague qui assaille mon corps dans un puissant choc. Fatigue, désespoir, confiance, colère et fierté déferlent dans un entrelacs de chocs nerveux dans mon esprit. Les ténèbres qui me semblaient si inhospitaliers se dissipent alors que la lumière grossit. Une partie de moi me revient, comme si elle m’avait quitté durant mon long voyage au pays de l’inconscience. Dark est là, sa présence mauvaise me rassure. Me conforte dans l’aise d’un besoin de meurtre et de violence rassasié. IL peut répondre à mes questions, je le sens. Mais mes questions, elles, ont déjà trouvé réponse. Je suis mort, probablement. En un éclair la tempête me revient, le sang, les morts, le pilier, Drum. Staline. Je revois, sans toutefois ressentir une quelconque douleur, les immenses poings du géant s’abattre avec violence et haine sur mon pauvre corps brisé. Je me revois perdre conscience et me glisser lentement vers la mort par la force des coups. Je me revois mourir, puis m’envoler dans la tempête, comme aspiré par le destin qui rageusement cri victoire sur ma vie. Mais il fallait bien croire que ce farouche adversaire avait à nouveau perdu. Il en fallait plus pour vaincre Double Face.

« Rebienvenue parmi nous Os’. »

Je tente de répondre, mais rien ne se passe. Je suis en paix, la quiétude baigne mon corps, mais toutefois ai-je contrôle sur celui-ci? La lumière est désormais dominante et en vient à m’éblouir. Je ne peux que subir en l’absence de force pour fermer mes pupilles.

Et alors mon contact avec le monde physique me revient. Se raffermit. Mais peut-être aurais-je préféré qu’il reste lointain. Comme transpercé mille fois par le sabre de Morvak. Comme piétiné autant de fois par Staline, je me réveille complètement. Réalise l’état de déchéance de mon corps mutilé, brisé, violé et agonisant. Mon être entier hurle au secours alors que toutes les souffrances accumulées depuis le début de mon voyage sur Grand Line se succèdent pour venir accomplir la sale besogne de mon ennemi le Destin. Le Destin qui, malheureux d’avoir perdu à nouveau son duel pour ma vie, me le fait chèrement payer. Mon corps se tord sous la douleur. Ma gorge ne peut se retenir de pousser un râle plaintif qui se répercute en écho dans ma tête, mais aussi autour de moi. Enfin mes pupilles se ferment, mais c’est pour mieux supporter la douleur cette fois. Je convulse, continue de pleurer, de gémir, de grogner et de hurler durant de longues minutes. Autour de moi ça s’agite. Mais je n’en ai cure. Je souffre. Déshonoré plutôt que mort. Staline a doublement gagné.

Puis le calme.

Mon être se repose. Mes yeux accueillent de nouveau la vive lumière. Derrière celle-ci se profilent les reliefs flous d’une paroi rocheuse. Ce qui me semble être des fils électriques s’y accrochent, partent dan tout les sens pour aliment d’autres sources probables. Les mouvements perçus plus tôt autour de moi ont cessé. Seul des silhouettes indescriptibles se tiennent toujours près de moi. Visiblement, je suis couché. Je n’ai pas la force de bouger, aussi ne fais-je que tourner les yeux avec flegme pour tenter de mieux discerner ceux à qui j’ai affaire. Visiblement je suis dans une grotte alimentée en électricité et habitée. Et par-dessus le marché je suis vivant. Alors se définissent les traits des hommes qui m’entourent. Et mes lèvres peinent à bouger pour dire deux simples syllabes.

-Merci.
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    -Merci de quoi hein ? La seule chose qu'il faudrait guérir chez vous autres officiers c'est votre héroïsme à la con. Et ça c'est bien au delà de mes possibilités.

    Le type qui se penche sur toi en essuyant ses gants tachés de sang a le regard dur et blasé de ceux qui ont vu suffisamment de choses moches pour n'étre plus impressionné par quoi que ce soit. Le genre à pouvoir déjeuner sans problèmes a coté d'un type ouvert et les tripes à l'air. Il Retire ses gants et t’ausculte le visage en quelques gestes précis, professionnels...

    Cinquième Chapitre; Un imprévu de taille, seconde partie.  Concept-medic-by-chemicalalia_imagesia-com_3r2x_large

    -Votre fruit vous a sauvé la vie. Mais il a aussi failli vous tuer... J'ai du utiliser une scie à métaux pour vous amputer les jambes, et ça a été si long que vous avez bien failli vous vider de votre sang avant que je finisse...

    Il te faut une longue seconde pour que les paroles du type se frayent un chemin jusqu’à ton cerveau... Et puis... Quoi ? ce taré t'as amputé LES jambes ! Nooooon !

    Malgré la douleur qui te donne l'impression qu'on vient de te planter une lame chauffée au rouge dans le dos tu te redresses d'un bond dans ton lit, tendant une main tremblante et couverte de bandages vers le bras qui recouvre le bas du lit...

    -Non je déconne, c'était pour rire... Mais avec vos conneries c'est quand même pas passé loin... Franchement, qu'est ce qui vous est passé par la tête de venir jouer les héros solitaires en pleine base révo ? De mon temps on ne lobotomisait que les soldats, pas les officiers...

    Je suis numéro 4. Vous pouvez m’appeler Doc...
    Je regarde Doc. Balaye du regard son accoutrement. Sarreau, gants de caoutchouc couverts de sang, petites lunettes posées sur le bout du nez et instruments de médecines me mettent la puce à l’oreille. L’homme est un médecin, et pas n’importe lequel, un membre des Toubibs 20. Le numéro 4 même. Mes muscles endoloris me picotent et un grand frisson parcourt mon corps en entier alors que mes articulations s’activent de nouveau. Le sang recircule plus vigoureusement dans mes membres couverts de bandages et de pansements. Seul ma cage thoracique remise en place avec difficulté me fait toujours affreusement souffrir à chaque inspiration. Ce sont les risques du métier dirait-on, moi je dirais plutôt que c’est l’acharnement du Destin qui me met dans un tel état. L’acharnement du Destin ou ma tendance à lui tenir tête? Je n’en sais rien, mais ce que je sais, c’est que Double Face est immortel. Mes jambes réactivées se tendent, puis se jettent au bas de la table d’opération couverte de sang elle aussi. En fait, tout autour de moi est couvert du liquide vermillon. Une poche du même liquide écoule tranquillement le liquide vital dans mon bras droit depuis un tuyau transparent. Les jambes pendantes, assis sur la table d’opération, je jette un regard désabusé vers le numéro 4. Je ne comprends pas pourquoi, mon être entier me met sur mes gardes malgré ma faiblesse imminente. Je ne comprends pas pourquoi lui. Pourquoi moi. Pourquoi nous. Je ne comprends pas les efforts, les considère, mais ne les entends pas. Je ne comprends pas pourquoi tant de temps et d’énergie ont été mis en œuvre pour me sauver. Je devrais être mort. Et pourtant l’homme me refuse un simple merci.

    Mes yeux hagards attrapent ses deux pupilles bien encastrées sous ses fins sourcils. Son regard est dur, mais habile, il semble constamment analyser l’environnement comme toujours près à agir. Peu importe ce qu’agir peut représenter dans les circonstances de l’instant. Car je le sais déjà, l’homme ne peut m’avoir sauvé par bonté de cœur. Personne ne le ferait. Non. Il a un motif, voilà ce à quoi mon organisme me met en garde contre. Un motif, une raison, un but. Rien ne devrait le pousser à sauver Double Face. Lui et tous ceux de sa caste. Alors les questions se bousculent à nouveau vers ma bouche qui reste close. Trop éreinté pour parler, trop brisé. Alors, le silence s’impose. Moi, pris avec mes propres questions que je n’ose poser. Lui à nettoyer avec minutie ses instruments médicaux. Mon bras droit plâtré remue. Dark veut frapper, déjà. Bien enfermé dans un plâtre comme pharaon dans sarcophage, le coup ne vient pas. Dark n’a pas confiance, ça se remarque très vite dans ce genre de situation. Mais j’impose ma pensée. Puis soudainement, le vase déborde, l’eau s’écoule, mes lèvres s’ouvrent pour laisser cascader un flot de paroles. Ma voix fatiguée porte peu.

    -Pourquoi?... Où? ...Comment? ...Qui?

    Quatre questions fondamentales à ma compréhension de l’enjeu. Une partie de moi s’évertue toujours à me mettre en garde, les réponses se doivent d’être claires et convenables. Qui sait si Dark ne pouvait pas garder en lui un soupçon de force malgré les innombrables blessures parsemant mon corps? Le pourquoi, je me l’étais déjà justifié à moi-même. On attend quelque chose de moi par ce sauvetage. C’est une condition inévitable au maintient de ma vie. Ne reste qu’à savoir quoi.

    Où? Où sommes-nous? Quelle heure est-il? Combien de temps s’est écoulé depuis le début de ma convalescence? Je devais impérativement être au courant de la situation sur l’île. La Révolution était beaucoup plus nombreuse que prévu, la situation s’était-elle renversée en sa faveur? Je me fais du sang d’encre pour Salem et les quelques hommes du Léviathan qui n’on pas une aversion constante envers moi. Les seuls à me considérer un tant soit peu comme un héros. Sinon, ma position à moi me semblait présentement assez claire. J’étais dans une grotte, rien de plus. Une grotte chauffée, cela dit. Une grotte alimentée en énergie, cela dit. Une grotte où s’étaient réfugiés un ou plusieurs membres des Toubibs 20, cela dit. Une grotte où on m’avait soigné de bon cœur, cela dit. Un espoir pour la Marine, au final. La pièce dans laquelle je me trouve semble petite et donne sur une continuation de la grotte. Mon manteau déchiqueté de Lieutenant-colonel est accroché avec mes vêtements à un crochet cloué à la paroi. Mes bottes et mon fusil de poignet y sont aussi.

    Comment? Comment m’a-t-on sortit des griffes de Staline? Comment ai-je pu échapper à la mort? Au Destin? Comment m’a-t-on guérit? Je connais mes capacités de régénération accrues, mais doute que celles-ci fassent tout le travail. J’ai affaire à un médecin de calibre comme jamais vu.

    Qui? En effet, qui êtes-vous? Numéro 4, certes. Doc, certes. Un des Toubibs 20, certes. Peut-être y en a-t-il d’autres dans cette grotte, certes. Mais que faites-vous réfugié ici? Quels sont les motifs de mon sauvetage, quels objectifs servez-vous?

    Voilà en quoi consistent les quatre questions lourdes de sens et de généralité posées plus tôt.
    Et y répondre ne doit pas résulter de l’impossible pour un homme capable de soutenir les prunelles glauque de Double Face, ni pour un homme capable de l’extirper des griffes du Destin.

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      -J'ai dit que vous alliez survivre, mais ce n'est valable que si vous arrêtez de jouer les inconscients et que vous obéissez au médecin qui essaye de vous sauver la vie malgré vos efforts pour en finir...

      L'index de numéro 4 vient se planter au milieu de ton sternum, un simple contact qui te fait si mal que tu as du mal a te retenir de gémir et que tu t'effondres en arrière sur ton lit avec l'impression qu'on vient de te compresser entre deux matelas de clous...

      -Ici y'a personne d'autre que moi à impressionner. Alors évitez de vous donner du mal a jouer les gros durs et restez couché ou je vous assomme pour vous attacher au lit...

      Pendant que tu t'efforces de trouver la position qui te fais le moins mal, le doc continue son boulot. Tu n'y connais pas grand chose, mais si tu juges de sa compétence au nombre de trucs qu'il fait et que tu ne comprends pas, il doit être très compétent. Il t'installe une perfusion, la goutte, rajoute de l'antirouille, te fait un prélèvement sanguin qu'il analyse en le faisant changer de couleur... Et le tout de façon automatique pour continuer à parler...

      -Je vous ai récupéré quand on vous a balancé par dessus bord. Le pilier est truffé de galerie troglodytes creusés y'a des lustres par les locaux. Et les tunnels ne manquent pas de coins d'observations discret. Alors quand vous avez lancé votre opération kamikaze j'étais au premiéres loges... J'ai eu qu'a tendre la main pour vous éviter d'aller vous écraser en bas...

      Pourquoi ? Je suis médecin. C'est pas à moi de juger de votre aptitude à la survie. Moi je soigne. Et que vous soyez un marine suicidaire n'y change rien... Je vous remets sur pied, libre a vous de retourner vous faire tuer ensuite...

      De toute façon, z'avez pas trop le choix. Z'étes surement le dernier marines en vie dans le coin. Depuis quinze jours que vous êtes allongés la les révos ont tout nettoyés...

      ...

      Quoi ? Non je déconne. C'était pour rire...Il s'est passé qu'une poignée d'heure depuis votre séance de vol libre... Et pour l'instant tout est calme à part la tempête. Les révos attendent surement les renforts que vous avez appelés. Et vu le temps ils vont attendre jusqu'au matin...

      Vous faites pas d'allergies particulières ? Tenez mangez moi ça...Oui sans mâcher...
      Je me tords de douleur sur le plateau opératoire couvert de sang. Des milliards de picotements percent mon corps et lacèrent mes muscles alors que j’ai l’impression qu’on enfonce mon sternum à coup de marteau. Comme assommé, je gigote telle une larve dans l’espoir d’échapper à la terrible douleur que m’a imposé Doc. Lui pendant ce temps, passe outre mes grognements qui accompagnent malgré moi la souffrance à laquelle je suis en proie pour m’ausculter une nouvelle fois. Visiblement, ici, c’est Doc qui parle, et moi je reste au lit et j’écoute. Une inquiétude me prend alors. Combien de temps devrai-je rester au lit? Combien de temps avant que les forces révolutionnaires n’écrasent les Rhinos Storms? Mon cerveau toujours en pleine réflexion malgré la douleur dut mettre un terme à ses inquiétudes pour écouter avec un peu plus d’attention Numéro 4 qui tout en me manipulant explique la situation et ses motifs.

      « T’es allergique? Depuis quand? »
      -Allergique aux mensonges, à l’adversité et à l’injustice. Mais rien d’alimentaire non.

      J’avalai avec difficulté l’infect médicament tout en terminant d’écouter le docteur qui termine son examen. Couvert d’antirouille et mieux installé sur la table d’opération qui a gagné en confort, je me laisse bien callé sous une douillette tout juste étendue sur moi et laisse la souffrance provoquée plus tôt par le Doc s’évanoui peu à peu. Les yeux clos, je pose une nouvelle question à mon interlocuteur.

      -Vous m’avez sauvé pour rien? Juste pour me sauver? Vous n’attendez rien en retour?

      Oui. Malgré les réponses, je ne suis pas satisfait. Ou plutôt je suis toujours méfiant, je ne peux m’en empêcher. C’est comme ça depuis toujours. Depuis l’asile. Depuis le début de ma carrière de Marine. Le silence s’installe, soit il réfléchit, soit je ne parle pas assez fort. Avec amertume, je retombe dans mes réflexions. Double Face a perdu un nouveau duel, la Révolution est au courant des manœuvres de la Marine par ma faute. L’est évident que l’entreprise est mise en grand danger. Ça sent la rétrogradation, ça sent la court martiale, ça sent un Double Face qui a foutu en l’air une carrière qui reprenait des couleurs et de la fringance. Je soupire. Repense à ce que m’a dit le Doc qui garde le silence en désinfectant son matériel.
      -Vous en avez contre la Révolution? Pourquoi avez-vous échappé à la surveillance des Révolutionnaires? Je croyais qu’ils gardaient le Roi et les Toubibs 20 sous verrous.

      Je réfléchis au réseau de galeries mentionné par Numéro 4. Si je guéris assez vite, il me serait possible d’en informer l’existence au reste de l’équipage pour pouvoir prendre les troupes du pilier à revers. Ainsi Salem pourrait me pardonner ma bévue. Voilà une bonne idée. Mais avant je devais guérir, et rien ne m’indiquait combien de temps il me serait nécessaire pour y arriver.

      -Combien de temps me serait-il nécessaire pour guérir? Lui demande-je alors.

      Mes yeux glauques s’ouvrent faiblement. Il s’est désormais rapproché de la porte, ou du moins de l’ouverture dans la pierre qui occupe cette tâche. J’espère qu’il se fera plus loquace. Quel est son camp dans toute cette histoire? Ai-je touché une corde sensible et l’ai-je monté contre moi? Non. Il doit bien m’avoir sauvé pour une raison certaine. Personne ne sauve Double Face sans un motif précis.

      Mes pensées divergent vers Lilou, Enzo, Stark, Cross, Gabriel, Mihai et Salem. Ont-ils rencontré les mêmes problèmes que moi? Ou suis-je purement et simplement la pauvre victime du Destin? Comme à l’habitude. Puis-je réellement trouver un allier chez Numéro 4 dont l’attitude me pousse à être méfiant. Il semble neutre. Ne servant que sa profession et non un idéal en particulier. J’espère le contraire. Mais pour l’instant je ne peux agir qu’oralement. Mes yeux se referment à nouveau. Je tente d’insuffler en moi une légère vague du pouvoir maudit dont j’ai hérité sur Little Garden et qui m’est devenu si familier. Une sensation timide, mais présente de froid glisse paisiblement le long de mon bras, s’écoule dans mes veines et mes muscles. Mais s’estompe d’un coup. Je suis encore trop faible pour tenter quoi que ce soit. Peut-être suis-je trop méfiant malgré tout. Mais le Doc m’inspire de la méfiance. C’est viscéral, mais insurmontable.
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        -Attendre quoi en retour ? Vous allez m'offrir une médaille ? Faites donc, j'ai une boite pleine de bouts de fer dans ce genre la...

        Un traitement contre la révolution ? Je soigne les affections du corps humain, pas celles du Gouvernement Mondial. Et ce n'est pas à moi de définir qui de la révolution ou de la marine lui est le plus nocif... Ne faites pas cette tête. Je ne suis pas plus de leur coté que je ne de suis du votre...

        Il a un rire sec et sans joie...

        -Ce qui veut dire que j'ai autant de chance de me faire descendre par un camp que par l'autre. Formidable non ? C'est le propre des jeunes gens et des fanatiques de ne pas voir les nuances. Toujours à penser blanc ou noir alors que tout n'est que gris...

        Il hausse les épaules et commence à récupérer les outils ensanglantés pour les plonger un par un dans un bac d'alcool ou il se met à les nettoyer méticuleusement.

        -J'ai échappé aux révolutionnaires parce que je ne suis pas quelqu'un qui apprécie d’être retenu contre son gré. Et que j'ai les moyens de m'assurer que ça n'arrive pas. Je ne suis pas qu'un pauvre médecin sans défenses...

        Il abandonne son nettoyage et ôte ses gants pour prendre une boite à pilules avant de revenir vers toi.

        -Vous serez parfaitement remis dans trois mois, mais évidemment ce n'est pas vraiment ça la question hein? Vous êtes tous les mêmes... Deux jours. Dans deux jours vous serez de nouveau apte à servir de viande froide pour la boucherie...

        Avant que tu n’aie pu répondre il lève la main pour te faire signe de te taire...

        -Ce n'est pas possible Doc je dois faire mon devoir, les autres m'attendent et je peux pas les laisser tomber... L'unité dépend de moi... Je dois être la pour l'assaut... Vous fatiguez pas je connais le refrain... Tenez...

        Dans la boite trois pilules noires...

        -Le coup de fouet du mort. Une pilule par jour pour dépasser vos limites et vous retrouver comme si vous n'étiez pas passé sous un géant, pendant vingt quatre heures, plus besoin de nourriture ou de sommeil... Puis le trou noir ou la deuxième pilule...

        Et si vous en arrivez à prendre la troisième. Soyez sur que ce soit pour quelque chose qui en vaille la peine. Parce qu'a coté de la descente qui vous attendra, votre séance ici aura un gout de douceur...
        Décidemment, l’espoir renait malgré mes soupçons. Doc est peut-être un éternel indécis. Un homme un peu amer cela dit, mais il doit avoir ses raisons. Et je ne peux aller à l’encontre de ses principes. Au moins il consent à m’apporter son aide. Je me relève calmement malgré ses recommandations, mes yeux glauques le recouvrent d’un regard légèrement compatissant. Je saisi d’une main lasse la boîte contenant les trois pilules. Mes yeux les caressent. Grâce à eux je serais en mesure de continuer à œuvrer dans le but de sauver Drum. Des effets secondaires? Je n’y crois pas réellement. J’ai su encaisser toute ma vie de terribles assauts. Ce n’est pas un simple médicament qui peut venir à bout de moi. Le Destin lui-même a trop de fois essayé par des moyens beaucoup plus radicaux. J’ai confiance. J’ai confiance peu importe les effets nocifs dont me parle Numéro 4. J’ai confiance peu importe les tempêtes qui balaient l’île. J’ai confiance peu importe les montagnes de révolutionnaires armés jusqu’aux dents que j’ai à affronter. J’ai confiance peu importe l’avenir. Parce que ça m’arrive, des fois, comme ça, d’avoir confiance.

        -Sache, Doc, que moi non plus je n’ai pas choisis mon camp. Que moi aussi j’ai des idéaux. Des objectifs et des hobbies. Vous sauvez les gens grâce à votre médecine. Vous avez la chance d’être un héros connu à travers Grand Line. Je veux la même chose, je rêve de la même chose. D’être aimé de tous. D’être considéré comme un héros. Et j’ai besoin de soutient de gens comme vous pour y arriver. Pour qu’un jour le Panda Déchaîné m’accueille dans sa « rubrique des héros ». Pour qu’un jour j’ai ma place au même niveau que des génies prometteurs comme l’Amiral Fenyang. Mais le seul moyen à ma disposition pour arriver à accomplir un tel objectif, c’est de tuer. Je joue blanc mais profite du noir, sans mauvais jeu de mots. Certes, je suis Lieutenant-Colonel de la Marine, mais à quoi bon? Quels exploits ai-je accompli à part de mettre sous verrous une bande de pirates? J’…


        J’arrête ma tirade en réalisant que je développe pour rien. Que j’ai trop parlé et cela pour rien. Que mes affaires n’intéressent pas le chirurgien que j’ai soudainement pris pour un psychologue. Pourtant, je me sens mieux. Dark, lui, reste silencieux. Me laisse vivre un peu sans qu’il ne brouille continuellement mes pensées. Je le remercie silencieusement alors que je me mets sur mes deux pieds. Mes jambes tremblent un peu sous mon poids, sont légèrement insécurisées mais tiennent bon. Je vois bien que Doc tique lorsqu’il me voit faire. Mais je m’empresse aussitôt de lui expliquer les raisons de ma désobéissance à l’égard de ses conditions cités plus tôt.

        -J’aimerais bien visiter les galeries. Je sais que mon état est pitoyable. Mais je préfèrerais d’abord avoir une idée d’où je me trouve. De plus, si possible, espionner les révolutionnaires et possiblement en apprendre sur leurs plans me seraient utile à un très haut point. De plus, s’il m’était possible de mettre au point une stratégie pour prendre les révos à revers en infiltrant mes troupes par ici, je serais heureux de pouvoir saisir une telle opportunité. S’il te plaît Doc.

        Je faiblis et m’appui tant bien que mal sur le plateau opératoire. Je fourre le pot contenant les trois pilules dans ma poche. Pas maintenant. Ma langue s’est déliée, la méfiance que j’éprouvais tout à l’heure pour Numéro 4 s’est envolée. Faut croire que l’homme avait su gagner ma confiance. Je le regarde dans un visage qui mélange imploration et incitation à la confiance. Je prends support sur un plateau monté sur roulettes sur lequel sont disposées des instruments chirurgicaux. Je déambule de quelques pas dans la pièce, appuyé sur le plateau. Mon pas se fait plus assuré, sécurisé.

        -Tu vois, je peux utiliser ce truc comme marchette pour te suivre.

        Je me frotte le visage pour me tenir éveillé puis passe la main dans mes cheveux. Je souris à Doc qui ferme les yeux et soupire, appuyé contre le cadre de la porte. Oui. Double Face renait... Du moins, je le pensais, après un pas à l'extérieur de ma chambre, je m'affale pitoyablement au sol en geignant de douleur. Ma jambe refuse de répondre à mon corps, les seuls signaux qu'elle ose envoyer sont douleur et souffrance. Deux amis qui ne font pas bon ménage au sein d'un même organisme. En tremblotant, je tend mon bras brisé vers la poche de mon pantalon dans laquelle j'ai glissé plus tôt le petit contenant de pilule. Me résigne à en avaler une après une triste considération. Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour renaître...
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          -Un héros mort reste un mort...

          Tu croques dans la pilule et tu as subitement l'impression qu'on vient de te déverser du métal fondu dans la bouche... Heureusement ça ne dure qu'une seconde et la sensation de brulure s'estompe pour faire place à une chaleur bienfaisante qui irradie dans ton corps tout entier... Envolé la fatigue, disparu la douleur lancinante qui te transperçait à chaque mouvement... Les plaies et les bosses sont toujours la mais tu te sens bizarrement au mieux de ta forme. Bien mieux que depuis longtemps. Pour un peu tu remonterais tout de suite combattre le géant...

          Enfin non, pas tout de suite quand même...

          -Personne ne devient grand en tuant des gens. Connu et terrifiant oui, mais pas grand, jamais...

          Le doc t'aide à te relever mais tu n'as plus besoin de personne. Au moins pour une journée à priori...

          Et pendant la demi heure qui suit il te fait découvrir son domaine. Un domaine d'ombres et de couloirs étroits et poussiéreux dans les profondeurs du pilier central. Des couloirs sombres et poussiéreux qui en de nombreux endroit offrent au voyeur prudent un point de vue impeccable sur les agissements des révos installés juste au dessus.. Par endroit, il y a même du son...
          Couloirs. Couloirs et tunnels. Couloirs, tunnels et fausses cloisons. Fausses cloisons, couloirs, tunnels, puis escaliers. Éclairés par de faibles lumières tamisées provenant de torches accrochées aux murs, nous déambulons dans les innombrables boyaux qui composent l’intérieur que j’aurais cru si compact du pilier. Pilier sur lequel repose une base Révo’ dite imprenable, mais ma mission personnellement attitrée servira à prouver le contraire. Me dis-je. Sur les talons de Numéro 4, nous gravissons un escalier menant à une fourche –bien entendu souterraine- toujours faiblement éclairée. Avec assurance je prends plaisir à poser mes pieds vigoureusement sur les marches et le plancher rocheux et mal taillé avec vigueur, toujours émerveillé par les puissants effets réparateurs du médicament du Médecin. L’insoutenable chaleur salvatrice qui s’était échappée de la pilule m’avait remise sur pied en un temps record, encore je me retiens de ne pas en prendre une seconde pour pouvoir à nouveau expérimenter le sentiment de force émanant de la violente drogue. En fait, c’est encore à peine si je ne me contiens pas pour remonter détruire Staline, le château et toute l’entreprise révo. Mais bon, parfois il faut savoir suivre les plans, et les plans, jusqu’à maintenant, je ne les ai pas suivis. Alors aussi bien se contenter d’une insubordination militaire plutôt qu’une insubordination vis-à-vis d’un narrateur.

          « Tiens tu fais de l’humour c’est nouveau. »
          -C’la pilule qui doit me rendre comme ça.

          Doc vire à droite. Je suis ses pas. À droite, gauche, puis à gauche et enfin à droite. C’est un cul-de-sac. Malgré cela je ne suis pas étonné, ce n’est pas la première fois qu’on tombe sur un de ceux-ci. La plupart du temps ils servent de fausses cloisons aménagées pour espionner des conversations à l’intérieur de pièces au sommet du pilier. Que Numéro 4 m’avait expliqué. La plupart des pièces explorées plutôt étaient vides, normal en pleine nuit. Mais celle-ci, celle-ci semble couver une activité certaine. Discussion entre révos? Pratique de tir? Otages ligotés? Qui sait? Je vais bientôt le découvrir. Je note un trou mural typique pour écouter et entendre à la fois, digne des meilleurs clichés. Mais ce que je note d’autre, c’est la paroi en question. Faites de large pierres blanches ressemblant à s’y m’éprendre à de la neige ou de la glace, elle est froide et particulièrement solide au touché. Une paroi que j’ai déjà vue plus tôt. La paroi du château de Drum. L’endroit où j’ai perdu face à Staline, la cible de l’entreprise des Rhinos sur l’île. Une pièce de choix lorsqu’il est question d’espionner. Une pièce de choix quand il s’agît de récolter des informations pouvant mener à la victoire. Une pièce de choix lorsqu’on veut devenir un héros.

          Les paroles de Doc me reviennent. « Ce n’est pas en tuant que l’on devient un héros. »

          Voilà une nouvelle façon de le devenir. Ainsi pourrais-je faire avancer ma situation précaire.

          Soudainement incertain par le poids sur mes épaules de la mission que je m’attribut moi-même, je tourne le regard vers Doc qui attend en retrait, l’air désintéressé des affaires militaires dont je m’incombe. Ce dernier me fait signe de tendre l’oreille, d’écouter les secrets qui pullulent la forteresse. Alors je m’approche, appose mes mains sur la fausse paroi, appui presque tendrement mon oreille sur la minuscule cavité donnant sur la pièce de l’autre côté de la fausse cloison, et stoppe ma respiration dans l’espoir de capter un maximum de son.

          Ça jase fort, la bas, ça questionne, ça charge des armes, ça parle de chapeau. De chapeau?!! Interloqué, je relève la tête, plisse un oeil et l'insert dans la légère cavité, tous mes sens en alerte, pour avoir une vue d'ensemble de la situation. Et là mes poings se serrent. Faut croire que j'suis pas le seul à avoir la capacité légendaire de me gourrer lamentablement. Non. Mihai aussi est là, sans chapeau, tout nu dans une couverture, certes, mais il est là.

          -Doc.
          -...
          -Doc?!
          -Parle moins fort.
          -Comment je fais pour aller là?
          • https://www.onepiece-requiem.net/t3486-fiche-de-double-face
          • https://www.onepiece-requiem.net/t3227-oswald-double-face-jenkins-t-as-un-probleme-avec-lui