Là où tout commence ...

Assis sur un toit, un homme observait paisiblement l’océan, s’étendant à perte de vue. Il profitait des premiers rayons de lumière de la journée, et admirait le réveil de la ville. Partout en dessous de lui, les humains s’éveillaient et s’affairaient, comme un mécanisme bien huilé. Les rues, vides et inhospitalières se remplissaient de monde, et la rumeur de la cité s’élevait peu à peu. Rafaelo profitait de ces quelques instants de calme pour se ressourcer et se détendre, il y avait longtemps qu’il n’avait pu profiter ainsi que quelques instants de libre. C’était … reposant. Il soupira longuement puis s’allongea sur les tuiles. Tournant la tête sur sa droite, il aperçut le QG de la Marine de Loguetown. Bientôt il devrait se remettre au travail, car sa tâche était loin d’être finie. Une série infinie de meurtres, il était le bras gauche de la justice mais celle-ci n’était pas reconnue par tous. Il s’efforçait de faire en sorte que sa justice ne soit pas arbitraire, mais par moment, cela restait ardu. On pouvait avoir l’impression que l’ensemble de la Marine et du gouvernement était corrompu mais comment le prouver ? Il fallait procéder au cas par cas et remonter à la source du problème, petit à petit. Tant pis pour ceux qui se dresseraient sur son chemin.

Seuls les Révolutionnaires donnaient l’impression d’être de son avis, sans pour autant encourager une purge totale du système. Ils désiraient instaurer un régime différent, plus juste peut être. Il n’en avait cure. Son but restait la vengeance et le bienfait des autres arrivait seulement en seconde position, trait que son père n’aurait peut être pas aimer retrouver chez ses enfants mais peut importe, il ne connaissait de lui que ce que l’on voulait bien lui en dire, et remonter vingt-quatre ans en arrière ne servait à rien. Laissant les premiers rayons du Soleil le réchauffer, Rafaelo ferma les yeux, attendant avec patience l’heure où la foule serait suffisamment dense pour qu’il puisse s’y faufiler. La Marine était omniprésente en ces lieux, alors mieux valait ne pas attirer l’attention. Surtout qu’en combat singulier, il n’était pas aussi efficace qu’un bon bretteur. Tout résidait dans la diversion et l’art du bluff. Ce n’était pas une manière lâche de se battre, car quelque part, seul le résultat importait. Que ce soit par la force ou la ruse, la mort était donnée quoi qu’il arrive, alors pourquoi s’en faire ? L’assassin n’avait aucune répugnance à agir ainsi, c’était son crédo et il agissait selon ses convictions. Passer au fil de l’épée une famille entière, n’était-ce pas ça la lâcheté ? Tuer des innocents sans hésiter, verser un sang pur. Quant à ceux qui se mettaient du côté de la Marine, ils avaient fait leur choix, alors il n’y avait aucun remord à y avoir.

Le jeune homme se laissa glisser du toit et, s’aidant des reliefs du mur, atterrit dans la foule. Deux-trois personnes le regardèrent, interloqués, puis détournèrent leur regard : ils avaient autre chose à faire que de se préoccuper d’un fanfaron. L’assassin se fraya alors un chemin jusqu’au marché, glissant comme un poisson dans l’eau entre les humains affairés. Son chemin fut alors interrompu par la course d’un enfant, qui lui rentra dedans. Rafaelo recula d’un pas, tandis que le gamin tomba au sol, trois pommes s’échappant de ses bras. Il se releva rapidement et tenta de rassembler ses biens lorsqu’un homme, vêtu d’un tablier blanc crasseux voulu pousser l’assassin, qui se trouvait entre l’enfant et lui.

« Petit chapardeur ! Je te tiens !! Rends-moi tout de suite ces pommes ou je te tranche la main ! »
hurla le bedonnant personnage.

Rafaelo ne se laissa pas pousser par le marchand. Il attrapa la main qui cherchait à le pousser de là et toisa le personnage. Il fit un pas sur le côté, se mettant ostensiblement entre l’enfant en lui. Le gamin était vêtu de haillons et on pouvait apercevoir ses côtes saillantes à travers les trous de ses habits.

« Quoi ? Tu veux te rendre complice d’un vol, étranger ? »
menaça le marchand, armant son poing.

L’assassin ne se fit pas prier. Il avança d’un pas et frappa du plat de la main dans le plexus solaire du commerçant. Lui coupant le souffle, il continua son avancée et le frappa rapidement au niveau de l’oreille droite, perturbant son équilibre. Il lui crocheta la jambe avec son pied droit puis atteignit sa carotide du tranchant de sa main droite. L’homme tomba alors en arrière, inconscient. Les badauds formaient à présent un cercle autour de l’assassin. Celui-ci s’avança vers le gamin, qui recula, terrifié. Il attrapa une pomme.

« Tiens. Prends-la et assure-toi de ne plus jamais te faire prendre, petit. »
fit-il, en lui remettant le fruit.

L’enfant l’attrapa au vol puis s’enfuit sans demander son reste. Tout en souriant, Rafaelo ouvrit sa bourse et en sortit quelques berrys. Il les lança au marchand qui revenait peu à peu à lui, puis s’enfonça tranquillement entre les spectateurs, qui s’écartèrent pour le laisser passer, à moitié terrifiés.
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    La bouche tordue vers l’avant, et les sourcils froncés, ponctuaient la moue désapprobatrice que l’officier avait. Et pour cause, une missive envoyée depuis Marineford. L’ordre avait été sans appel. Lui Alheïri Fenyang, promu lieutenant-colonel depuis plus d’un moment, devait maintenant chercher à se constituer quelconque flotte, ou à en faire partie d’une. Les bruits concernant ses navigations solitaires, avaient courus dans toute la marine, jusqu’à ce qu’enfin, un officier haut gradé l’apprenne. C’était sans compter sans son empressement, d’aller raconter l’histoire à l’amiral en chef Kenpachi. Les réactions furent immédiates, et sa mission à Logue Town rallongée. Maintenant, celui-ci allait devoir se coltiner maintes et maintes marins. D’une part, tout ceci n’était pas si mal pour un flemmard notoire comme lui, mais de l’autre, attribuer des responsabilités à ce personnage, était comme l’enterrer six pieds sous terre. C’était merdique. Vraiment merdique. A tel point qu’il n’avait même pas pu dormir la veille. Les cernes qui parsemaient son visage lui donnaient une apparence zombiesque à en faire fuir plus d’une personne. Paradoxalement, et aussi bizarre que cela se présentait, sa mine faisait éclater de rire, les différentes personnes qu’il croisait dans la rue. Sa renommée était ascendante. Partout dans Logue Town, on le connaissait. D’ailleurs, sa physionomie entière, et sa veste d’officier de la marine, ne passaient pas inaperçue. Tout en riant, on le saluait respectueusement. Lui, complètement courbé, et usant de son bâton de combat pour marcher, élevait la main, et mimait un signe fluet en guise de salutations, la bouche ouverte, et la langue pendue à l’air libre ; comme s’il s’agissait d’un homme déshydraté en plein désert, composé d’un nombre faramineux de dunes de sables. Il avait perdu la notion du temps et de l’espace, s’aventurant inconsciemment dans les ruelles de la ville. Le courage pour se forcer à dormir, n’y était pas. Il avait besoin d’autres choses. De l’alcool par exemple. Et Dieu merci, se dressait à perte de vue, un petit bistrot malfamé certainement capable de lui fournir l’eau de vie nécessaire. Tant que le rhum y était, peu importe la marque, ou même la qualité. L’officier n’était pas trieur. Cette boisson qu’il vénérait tant, au risque de doubler parfois sa dulcinée, avait un minimum de saveur esquisse. Rien qu’à l’idée de s’taper une bouteille, ce dernier commença à baver affreusement comme un chien enragé, les yeux pleins d’étoiles. Un pas effectué, le deuxième, et c’était une poussière conséquente qui s’élevait derrière lui, tant sa course singulière était folle…

    Il arriva au seuil de la porte d’entrée en quelques secondes, l’ouvrit prestement, et s’étonna automatiquement de voir que de si bonne heure, il n’y avait personne. En même temps, l’endroit ne donnait vraiment pas envie de s’y attarder, tant l’atmosphère était quelque peu morne. Mais là, ce n’était encore que les premières impressions, et lui demander de faire marche arrière n’était pas chose envisageable. Vraiment pas. Le comptoir était tout aussi désert. Une petite clochette avait pourtant tinté, annonçant son arrivée dans le local. Les premières secondes qui suivirent étaient silencieuses. Des bruissements de pas, virent rapidement casser cet élan de monotonie, jusqu’à l’apparition d’une silhouette, qui lui semblait agréable à l’œil. Et ma foi, son instinct ne s’était pas trompé. Ses yeux assombris se transformèrent soudainement en cœur, tandis qu’il ouvrit grandement sa gueule qui alla se heurter sur le parquet poussiéreux, comme on les voyait dans les animes. Devant lui, se dressait une jeune femme à la poitrine gigantesquement proéminente, munie d’un tablier fleuri qui allait très bien avec sa taille de guêpe. Son cœur battait à la chamade. Son visage était angélique, et son sourire divin. Contradictoirement à la salle qui n’était pas vraiment accueillante. Peu importait. Il avait même oublié ce fait, et sa bague au doigt qui attestait de son statut social. Tout en bougeant son bassin façon Okama, Salem arriva bientôt au comptoir, et ne se gêna point pour reluquer les seins de la femme qui moulaient affreusement bien son haut. Et tandis qu’il matait, elle semblait rougir fortement, et finit par formuler une petite phrase polie qui s’excusait de l’état des lieux, vu leur ouverture récente. Lui n’en avait cure. Comme un gogole, il ne faisait qu’agiter sa tête à chacun de ses dires, sans vraiment prononcer ne serait ce qu’une lettre. Finalement, ce n’est que quelques minutes après, qu’il réussit à formuler sa demande de rhum, chose qu’elle se hâta de lui servir, avant d’aller s’occuper du nettoyage de la salle.

    Son air était dorénavant normal, et la discussion complètement alimenté, entre la barmaid et Salem. Il n’y avait aucun thème précis. D’ailleurs, celle-ci lui expliqua le pourquoi de l’absence d’éventuels buveurs. Rares étaient les chômeurs ici, et de ce fait, tous étaient en travaux. Ce n’était qu’à midi que les bars se remplissaient entièrement, à en craquer. Drôle de ville. Salem depuis son arrivée, et cela faisait une semaine, venait pour la première fois de mettre pied dans un bar de la cité. Il savourait tranquillement son rhum en écoutant sa belle interlocutrice qui lui racontait les petites anecdotes de la ville, quand soudain se fit entendre une grosse voix. Le balai de la jeune fille, lui échappa des mains, et celle-ci se hâta dehors, l’air interpelée. Salem, lui, arqua un sourcil et poussa sa curiosité jusqu’au bout. Le mieux était d’aller jeter un coup d’œil, et les affaires publiques relevaient de celle de la marine. Rapidement, il réajusta sa veste d’officier, sa bouteille en main, et rejoignit la jeune donzelle avant de suivre son regard. Là, s’tenait trois éléments, et instinctivement, il fit tilt de ce qui se passait. De ces trois personnes pourtant, sortait du lot, un individu. Ténébreux aux premiers abords. M’enfin bref, l’important n’était pas. Pendant que la scène virait au drame, lui s’assit en plein milieu du chemin, sous le regard interrogateur de certaines personnes. Ses armes étaient accrochées à son dos, sa bouteille dans sa main droite. Alors que le gosse s’attelait à fuir, il se stoppa net, et regardait l’officier avec terreur, qui malgré sa position assise, le dépassait de taille.

    • Eh bien eh bien… Tu sais que le vol est puni non, p’tit… ?

    Alors que certaines personnes s’écartaient de derrière le p’tit, Salem de son regard serein, amalgame du sérieux et du sinistre, commença à observer l’homme qui s’avançait. Son regard s’avéra furtif vers le marchand affalé par terre, et les quelques berrys près de son corps. Ce genre d’altruistes, existait encore dans ce monde pourri… ? C’était de bon augure à priori.

    • Rentre avec cette demoiselle. Elle te fournira à manger, c’est moi qui paye…

    Salem de sa main gauche désigna la barmaid de la main gauche, et aussitôt, le petit muni de pommes, en pleurs se hâta de la rejoindre. Ce n’est que lorsqu’ils furent rentrés dans le bar, que l’officier porta la bouteille à sa bouche, histoire de boire le contenu goulument. Il vida la moitié de la bouteille, et la déposa avec véhémence par terre, ses prunelles vertes plantés une seconde plus tard sur le bienfaiteur de l’autre rejeton…

    • Hey toi… T’sais pas que t’attaquer comme ça, à un honnête citoyen, est un crime ? Quand bien même t’as payé… Tu incites indirectement cet enfant, à recommencer le vol. Arrêter un pauvre garçon, c’pas mon trip, mais toi par contre, tu vas devoir me suivre bien gentiment… disait-il d’un ton relativement calme, et d’un sourire dont il avait le secret.

    Il ne faisait pas son boulot. Il ne faisait qu'exercer sa justice, et n’avait pas cette véritable intention de l'incarcérer. La suite pour lui, elle promettait fortement...


Dernière édition par Alheïri S. Fenyang le Jeu 03 Fév 2011, 21:44, édité 1 fois
    Un frisson parcouru l’échine de l’assassin. Alors qu’il laissait le commerçant affalé dans la poussière derrière lui, un homme de forte stature l’observait, assis. Même dans cette position, il le dominait, tant il était imposant. À en juger par sa taille apparente, il devait faire dans les deux mètres, voir plus. Tant qu’il restait dans cette position, il serait difficile de le savoir. Quoi qu’il en soit, Rafaelo pouvait aisément rentrer deux fois dans cet homme. Il l’étudia d’un œil expert lorsque celui-ci s’adressa à l’enfant, prêt à intervenir si la situation dégénérait. Il reprit l’enfant sur son acte, mais ne témoigna nulle volonté de l’incarcérer. La main de l’assassin se crispa un instant sur le pommeau de son arme, caché sous sa demi-cape. Tuer un homme de la Marine, là, devant tout le monde ne le dérangeait pas, mais on était à Loguetown, et la ville était blindée de soldats. Il aurait bien du mal à en sortir et, qui plus est, à y retourner. D’autant plus que le Marine n’avait pas encore mis sa menace à exécution. Caché sous sa capuche, l’assassin s’orienta vers la taverne que le Marine indiquait à l’enfant, il n’échapperait pas, à coup sûr, à un petit interrogatoire, alors autant essayer de s’en tirer diplomatiquement cette fois. Tuer n’était pas solution à tout. Certes, cela mettait un terme à bien des débats, mais le plus souvent, le chaos engendré par cet acte mettait en péril la pérennité d’un système. Tant qu’il s’agissait de l’influence du gouvernement, il y avait un but, mais en cet instant, il ne parviendrait qu’à se faire détester de la population. Loguetown n’était pas persécutée par la Marine, il n’y gagnerait donc absolument rien. Il ne faisait que profiter des failles d’un système pour y établir de profondes brèches en faisant des exemples. La main gauche de la justice, en somme, qui jugeait tous les êtres avec une même équité.

    Lorsque le soldat lui emboita le pas, Rafaelo inspira un grand coup, puis soupira longuement. Le gamin s’en sortirait indemne. La réaction du Marine le fit néanmoins sourire, il avait tout simplement cherché à faire peur à l’enfant afin de contrebalancer l’influence de l’assassin. De ce fait, ce qui resterait en mémoire du gamin serait le pardon du Marine, et non pas le sauvetage de l’assassin. Dans cet état d’émotivité, il ne pouvait en être qu’ainsi. Finement joué, mais ce n’était pas en impressionnant un gamin qu’on s’assurait le soutien d’un peuple. Par contre, ce type semblait respecté dans le coin, les gens lui souriaient et le respectaient en même temps. Rien qu’à voir la façon dont le gamin lui avait obéi, et surtout la peur qu’il avait éprouvé. Un gradé, certainement. Alors qu’il s’adressa à lui, Rafaelo se stoppa à sa hauteur et risqua un petit regard sur son ennemi, il ne fallait pas oublier qu’il s’agissait d’un Marine. Une veste d’officier un peu usée, la médaille Alakys. Il s’agissait donc d’un Lieutenant-Colonel. Lui, n’était pas arrivé là par de frauduleuses actions. À sa carrure, et ses armes bien évidentes, il était certain qu’il s’était hissé à ce niveau par des nombreux faits d’arme. Déjà, il remontait un peu plus dans l’estime de l’assassin. Il ne se gêna donc pas à le dévisager de haut en bas, une nouvelle fois.

    « Cet homme m’a bousculé, et qui plus est cherchait à maltraiter cet enfant. Je n’ai fait que mon devoir de citoyen. » répondit-il, avare de paroles.

    Le choix de ses termes était quelque peu hypocrite, mais au fond, que pouvait-on lui reprocher ? D’avoir mis à terre un marchand un peu trop véhément ? Soit, le gamin était un voleur, et alors ? La faute à qui si tous ne pouvaient pas manger à leur faim en cette ville ? Les pauvres étaient le ciment de la Révolution, mais pourtant les Révolutionnaires ne cherchaient pas à les cultiver en masse, ils étaient la résultante des actions du gouvernement.

    « J’encourageai seulement cet enfant à survivre, car chaque vie vaut la peine d’être vécue, défendue. Il est beaucoup plus facile de détruire que de créer, ou de préserver. » continua-t-il, cherchant à amener le Marine à considérer son propre point de vue, et à ne pas se référer seulement à celui de ceux qui manient les lois.

    « Quant à moi, je n’ai aucune raison de vous suivre. Je n’ai blessé personne, et ai simplement défendu une vie. Est-ce passible de quoi que ce soit dans votre monde, Lieutenant-colonel ? » termina l’assassin, un sourire malicieux sur les lèvres.

    Acteur merveilleux, il ne laissait rien transparaître de ses émotions, jouant son rôle d’altruiste au cœur noble. Il n’aimait pas le pouvoir des forts sur les faibles, c’était là la seule raison qui pouvait le pousser à commettre de tels actes. Ça, et le fait de pouvoir montrer à tous qu’il était possible de lutter au quotidien, et de changer de monde pourri. Le faire de l’intérieur était voué à un échec probant. Mais quitte à devenir l’objet de toute haine, il ferait cela pour que plus personne ne soit sujet à la tragédie dans laquelle il avait grandi. Se tenant droit devant le Marine, il pouvait le fixer droit dans les yeux, tant celui-ci était grand. Bien que son propre visage soit en partie masqué par sa capuche, Rafaelo se doutait qu’il puisse instant étudier ses traits. Il conserva donc son sourire amusé mais s’efforça de ne pas trahir la haine des Marines qui parcourait chaque fibre de son corps. Cependant, plus il observait cet homme, et plus elle semblait refouler. Les Marines intègres étaient chose rare en ce monde. Presque amusante en fait. Mais intègre ou pas, il avait choisi d’adhérer à un système que l’assassin rejetait violemment. De ce fait, si jamais il se dressait en travers de sa route, il se ferait une joie de l’éconduire. Ils avaient tout deux fait leur choix, il n’y avait donc que deux façon de poursuivre. En douceur … ou par les armes.
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      Ce n’est que lorsqu’il finit d’argumenter ses dires, que Salem regardait l’atmosphère derrière son nouvel interlocuteur. Le marchand de fruit ramassa pathétiquement ses piécettes, et se mit péniblement debout, en soutenant le lieutenant-colonel de signes vigoureux des bras. Finalement, celui-ci semblait ne pas aussi amoché comme il l’avait laissé paraitre auparavant, affalé sur le sol. Tout en mimant une grimace de la bouche, Salem se mit à curer ses narines à l’aide de son auriculaire gauche. Le sens de l’éthique ? Il s’en fichait éperdument. D’ailleurs, presque tous les témoins de la scène, étaient obnubilés par la conversation qui se déroulait entre le défenseur de la veuve et l’orphelin, et Salem. Comment pouvaient-ils voir ce qu’il faisait lui ? Ce gars vêtu de blanc, était un peu bizarre comme mec, fallait avouer. Ne pas voir son faciès entièrement, ne faisait que rajouter au moment précis, un soupçon de suspens. En gros, il ne savait pas à qui il avait affaire. Sa tête était peut être connue, et sans doute cachait-il cette dernière pour ne pas avoir de problèmes avec la marine. De ce fait, il était sans doute chanceux. Parce que même s’il s’agissait d’un pirate ultra-dangereux, l’ordre de le capturer n’avait pas été donné à Alheïri. C’était complètement suffisant, pour qu’il ne bouge le moindre pouce. Le but était surtout d’afficher sa plastique pour les pirates qui voulaient évoluer à grand Line, histoire s’enfuient du coin. C’était surtout l’essentiel. L’ascendance de ces forbans n’était pas de bon augure, et chaque jour, Logue Town en accueillait davantage. C’était désolant. M’enfin, c’était aussi le cours de la vie. En repensant d’ailleurs, au cas du mec à la carrure bien atypique, qui était en face de lui, Alheï fronça les sourcils. Il avait bien suivit tous les mouvements qu’il avait exécutés. Précis, dextres, puissants, et peu ordinaires dans le monde barbare des pirates. Pour ces derniers, le mot d’ordre était du rentre dedans, tandis que pour l’individu c’était plutôt classe, raffiné, ne ressemblant à aucune forme folklorique. Qui plus est, son interlocuteur s’avérait sagace, calme, et l’héritier des Fenyang s’était plût de l’écouter, sans broncher ne serait ce qu’une seule fois pour le contredire. Il n’en avait pour l’instant pas l’envie. L’ambiance commençait à être tendue. On sentait la sueur perler à flot, sur le visage de certains, tandis que d’autres déglutissaient à peine de vue. Tous étaient crispés. Le combat dans les mœurs semblait inévitable et électrique. Pourtant, Salem ne voyait pas les choses comme ça. A première vue, le mec qu’il abordait, semblait assez diplomate. C’était bien. C’était plus que bien même. Habituellement, et lorsqu’il lançait ce genre de phrases, comme quoi il allait incarcérer, les gens prenaient la poudre d’escampette. En même temps, c’était normal. Il comprenait ces personnes. Lui non plus n’aimerait pas faire face à un géant de dix mètres, doté d’une force herculéenne. Cependant, il ne pouvait pas les laisser s’échapper, surtout qu’ils avaient commis un délit, qu’il soit minime ou non. Ce cas présent étant pourtant une première. Habituellement, il était trop paresseux pour se targuer de tester quelconque personne. Là, c’était autre chose…

      • Pourquoi voulait-il « maltraiter » l’enfant s’il vous a volontairement bousculé ? Qu’est ce que cet enfant a-t-il pu bien lui faire ? Vous le saviez non… Sinon… Pourquoi lui avoir jeté quelques berry’s ? Pour vous, la détresse suffit-elle à justifier le vol ? Il faut automatiquement qu’un enfant vole un pauvre citoyen qui effectue son boulot, tout simplement parce que la vie vaut-la peine d’être vécue ? Pour finir par être pirate, et continuer à voler ? Celui qui vole une pièce, est capable plus tard de voler des millions…

      Salem dans un sourire, souleva sa bouteille de rhum, et l’enfila cul sec. Il aimait boire. Ca l’excitait vraiment. Au point où ses joues prirent une jolie teinte rosie. Il rejeta sa tête en arrière, et ne se gêna point pour observer la voute céleste, comme si de rien n’était. Ah le ciel… Que ne donnerait-il pas pour devenir un oiseau, et parcourir le monde de fond en comble, de par la voie aérienne. Etre libre comme l’air. Subir positivement la nature, et n’avoir jamais de compte à ne rendre à personne. Y’avait que ça de vrai, sans doute. Et ses esprits s’embrumèrent un tantinet, jusqu’à revenir rapidement à la réalité des choses. Il aurait bien aimé être la mouette qui représentait la marine, mais il était un genre humain. Qui avait ses défauts, comme ses qualités, et qui devait faire des choix fatidiques en fonction du monde extérieur, et de lui-même ; choix même qui auraient des impacts sur son entourage direct. Choix qui pouvaient être bons comme mauvais. Ne disait-on pas que l’erreur était humaine ? Encore des pensées philosophiques connes qui avaient pourtant tout leur sens. C’est tout en soupirant qu’il regarda le mec en arquant un sourcil, et en gardant son sourire par la suite. Qu’il était courage, et philanthrope. Pourtant, le doute sur sa nature, obligeait l’héritier des Fenyang à pousser le bouchon encore un peu plus loin. Serait-il apte à prôner les valeurs morales qui rythmaient son existence, même en croisant le fer ? Le lieutenant ne le savait pas, et ne voulait pas le savoir à ses propres dépends si ce n’était jamais, quoique.... Néanmoins, il allait faire exprès. Et on allait bien voir ce que ça allait donner…

      • Défendu un voleur plutôt… Même si l’acte en lui-même relevait d’une espérance à la survie, le vol reste un vol… Et en tant que marine, je ne puis permettre de laisser passer cela. Tu choisis d’aider un voleur. Tu seras arrêté pour complicité de vol… Coopères, et tout ira bien…

      Salem se leva lentement, jusqu’à dominer toutes les personnes présentes, de sa taille. Il pencha sa tête vers son épaule gauche, puis vers son épaule droite, histoire de faire craquer son cou, puis sortit des menottes banales de sa poche. Une fois cela fait, il soupira de lassitude, et s’amusa à sourire, en s’avançant vers le mec en blanc…

      • Ne tente aucun geste brusque s’il te plaît. Cela sera nous sera bénéfique à tout les deux…
      L’assassin n’aimait pas la tournure que prenait la discussion. Plus il resterait de temps à palabrer ainsi, et plus il augmentait ses risques de se faire finalement attraper par la Marine. Plus cela durait, et plus il sentait la tension monter. Ce gars, assis là, nonchalant, savait apparemment y faire. Il tournait autour du pot, cherchant un quelconque prétexte pour imposer son point de vue. À ce rythme, ils finiraient par en revenir au point de départ, sauf si le Marine se décidait à aller au fond de sa pensée. Peu importe, Rafaelo se savait dans son droit. Il avait immobilisé un homme qui courait après un enfant, il pouvait plaider à l’assistance à personne en danger. Le marchand ne conserverait aucune séquelle, mis à part une profonde blessure dans son amour propre. S’être fait mis à terre par un inconnu en seulement quelques secondes, il y avait de quoi ravaler son ego. Mais le jour où les marchands deviendraient des experts dans la suppression d’individus … le monde serait en grand danger. Qui plus est, n’avait-il pas payé son du au commerçant ? Celui-ci n’avait pas pipé mot quant au prix de ses produits, dans ce cas, le prix donné devait largement compenser la gêne occasionnée. Une seule inconnue entrait dans l’équation, la morale de ce soldat. À en juger par son air détaché et le taux d’alcool qu’il venait d’ingurgiter, il prenait cela à la légère. Il se basait certainement sur le simple fait que l’assassin ne désire pas montrer son visage pour conjecturer sur sa pseudo criminalité. Certes, Rafaelo n’avait pas envie d’être identifié de la Marine, mais de toute manière, ce n’était pas son visage qui risquait de le faire prendre. Ni même son nom, quoi que la réputation de Césare risquait de lui nuire à cet égard. Non, masquer son visage n’était qu’une habitude. On ne tuait pas à visage découvert, mais il s’assurait, cependant, à ce que le mort emporte sa vision dans l’au-delà. Ainsi, personne ne pouvait relier meurtres … et Rafaelo. Il offrit donc un sourire chargé de sous-entendus au Lieutenant-colonel et découvrit son visage. Était-ce donc cela qui le dérangeait à ce point ?

      « Et bien, voilà mon visage Je ne suis pas un criminel Lieutenant-colonel. »
      se présenta-t-il, omettant délibérément son nom : si le Marine le voulait, il n’aurait qu’à le demander.

      « Je suppose que votre inconvenance résultait de ce manquement de ma personne. Il n’y a rien de plus criminel que quelqu’un masquant son visage, n’est-ce pas, Lieutenant-colonel ? » railla malicieusement l’assassin.

      Puisque, au grand jamais, il n’y avait eu de prime sur sa tête et encore moins son nom, qui restait enfoui dans les tréfonds de l’Histoire, en toute logique personne ne pouvait le reconnaître. Et même, dans ses alliés, ils étaient peu nombreux à l’avoir déjà vu dans toute sa splendeur, s’il était possible de parler ainsi.

      « Et j’ai laissé compensation au marchand, dix berrys pour une simple pomme, est-ce trop peu ? Cette accusation de vol est donc infondée. » argumenta-t-il, levant une main pour stopper le Marine dans sa tentative d’arrestation.

      « J’ai agi dans l’urgence et ait d’abord pensé à sauver un enfant en danger. Une analyse tardive de la situation m’a obligé à débourser quelques berrys pour sauvegarder l’enfant et la pérennité de l’étal de ce commerçant, voyez-vous ? Nous ne pouvons tous être aussi sagaces que la Marine en chaque instant. Errare humnum est. » continua-t-il, sur un ton un peu plus moqueur.

      Il manquait certes de tact dans ses allusions au comportement du Lieutenant-colonel, mais en l’attisant ainsi il risquait de provoquer sa colère. Que ferait le peuple alors, dans ces conditions ? Aider ce Marine qui venait de l’agresser sous l’effet de l’alcool, ou s’indignerait-elle en silence, fragilisant l’opinion publique envers la Marine ? Ah, Rafaelo n’en espérait pas tant, mais il finirait par amener ce Marine là où il le voulait, et pas l’inverse.

      « Comparer le vol d’une pomme à celui de millions de berrys. Vous n’avez pas peur des raccourcis, Lieutenant-colonel. La détresse justifie mon intervention, pour protéger cet enfant. Aurait-il été un simple voleur que je l’aurai laissé aller se faire pendre, ou un pirate, comme vous aimez. »
      continua-t-il, cherchant aussi à amener la foule qui se rassemblait à suivre son idée.

      Un murmure parcouru la foule, qui semblait percevoir la morale du discours de Rafaelo. Certains se mettaient même à hocher la tête. Il en tira un petit sourire amusé.

      « Et vous ? Qu’avez-vous fait de ce ‘voleur’, comme vous l’appelez ? Vous lui offrez gîte et couvert. Ne serait-ce pas un crime plus grand que le mien d’offrir asile à un criminel ? Conspiration contre le gouvernement, ou, appelons un chat un chat : recel de malfaiteur ? Alors qu’ai-je fait sinon payer la caution de cet enfant à la société ? Je vous le demande Lieutenant-colonel. »
      lança-t-il, en une malicieuse petite pique.

      Certains autour de lui se mettaient à chuchoter de plus en plus fort pour couvrir le brouhaha ambiant. Le Marine ne s’en serait pas mêlé, tout aurait été pour le mieux, mais le fait qu’il ait pris le gamin en pitié allait lui jouer des tours. Rafaelo prenait cependant des gants pour ne pas entacher directement la probité de cet homme. Un frisson de rage lui parcouru l’échine. Comme toujours, cette organisation prônait ses lois sans les respecter et en faisait subir les conséquences à ceux qui ne cherchaient qu’à améliorer les choses, ceux qui se dressaient en travers de leur route. L’assassin était seulement heureux que ce jour là, ce soit tombé sur lui car en d’autres circonstances, il n’aurait rien pu faire pour semer le doute dans tant d’esprits. Merci, Lieutenant-colonel.

      « Alors, je vous le demande, que ferez-vous de ces menottes ? Allez-vous les infliger à un citoyen qui n’aspirait qu’à bien agir ou allez-vous vous rendre compte de l’absurdité de votre menace ? En voulant me prendre au piège, vous vous êtes rendu compte d’un délit plus grand que ma simple intervention dans cette affaire. Oh, mais peut-être la Marine est-elle au dessus des lois ? » lâcha-t-il, désinvolte.

      Cette fois, ce fut une grande majorité des badauds qui hochèrent de la tête. Ainsi donc, il y avait encore dans Loguetown des personnes qui n’acceptaient pas totalement le règne de la Marine ? C’était peu probable, mais, au moins, le passage de l’assassin ne resterait pas inaperçu.

      « Tout ceci peut encore bien finir. Je n’ai aucune envie d’être la cible d’une bavure pour la simple raison d’avoir affaire à un Marine dans un état d’ébriété avancé et bafouant la loi à son avantage. N’est-ce pas, Lieutenant-colonel ? » termina-t-il, malicieux au possible.

      Il ne laissait plus beaucoup de choix au Marine. Soit celui-ci abdiquait et avouait sa faute à l’opinion publique, ce qui en revenait presque à cracher sur le nom de la Marine. Soit il poursuivait sa démarche et il ne ferait ainsi que confirmer les dires de l’assassin. Bien entendu, celui-ci n’avait aucune envie de se laisser passer les menottes au poignet, mais il était certain que si la situation tournait en sa défaveur, il pourrait prendre la poudre d’escampette sans que la population ne le gène dans sa retraite. Ne venait-il pas d’agir pour leur bien et réclamait son innocence avec diplomatie ? Le fait qu’il laisse le choix au Marine venait de contrebalancer l’équilibre des pouvoirs entre le Marine et lui. L’assassin venait de renverser le couvert de la loi à son avantage, et ce contre un agent de ces propres lois. La suite serait … intéressante.

      Dura lex, sed lex.
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        Pourquoi s’était-il brusqué de la sorte ? Ou mieux. Pourquoi était-il traumatisé de la sorte au point d’avoir levé la capuche qui dissimulait son faciès ? Salem n’en avait cure, franchement. Mais sa désinvolture semblait avoir troublé ce personnage au plus profond de son être, pour que celui-ci s’empresse de mettre à jour son visage jusqu’ici masqué. Son étonnement n’avait été visible que par le simple tic qu’il avait presque tous les jours, quand il s’hasardait à se poser une question existentielle, soit hausser un sourcil. C’était tout. Rien n’avait véritablement changé dans sa contenance, si ce n’est aussi son avancée. Aux dires de son interlocuteur, Salem s’était tout simplement arrêté, tenant fermement ses menottes. Il y avait quelque chose de remarquable chez cet être pourtant, lui qui était incontestablement différent des autres individus qui les entouraient, aussi lambda les uns que les autres : Sa témérité à défendre les valeurs morales que lui avaient inculqués la vie en elle-même. Et même si ce sentiment n’était point réciproque, Salem l’affectionnait déjà. Le respecter était chose encré en lui. Tant qu’il n’était pas un forban de passage, bien évidemment. Pourtant, il y avait problèmes dans ses paroles, mais l’officier se tut pour lui laisser le loisir d’écouler le flot de ses longues paroles justificatives, et bien fondées. Qui plus est, cet inconnu, au détriment de Salem, gagnait les faveurs de la foule tout autour d’eux. Lentement, le lieutenant-colonel se mit à les zyeuter, et captait la plupart des états d’âmes évidentes. Si certains pesaient pour les paroles du supposé honnête citoyen, d’autres les réfutaient complètement, comme ces personnes, qui étaient partis soutenir l’autre marchand, qui commençait à tituber, apparemment toujours sonné par les coups encaissés. Les indécis étaient peu nombreux. Parmi lesquels la jeune barmaid, qui était revenue près d’une fenêtre, regarder ce qui se passait. Ses mains croisées devant son opulente poitrine attestait de son inquiétude, quand à la dégénération de la situation, qui semblait prochaine. Salem tourna exclusivement sa tête vers elle, et lui rendit son regard. Son air était pataud. Puis cinq secondes plus tard, il finit par lui sourire, et suivit avec amusement la pointe de rougissement qu’elle eut aux joues. Il reporta ensuite attention, envers ses menottes, puis redressa sa face, pour la diriger sur son interlocuteur du moment. Son air était espiègle. Un peu trop même. Comme ci l’agent qui lui faisait face, semblait ne plus avoir d’alternatives, autres que celles de converger vers sa position du moment. Salem l’admirait. Intérieurement, c’était le cas, mais, les cartes qui lui restaient en mains, lui permettait d’influencer l’équilibre de cette balance en or, qui penchait malencontreusement, et éphémèrement en sa défaveur. S’il devait y avoir des hostilités, il était clair que c’était lui qui allait les ouvrir. La tournure de ces évènements prenait un tournant délicieusement intéressant. Il s’en délectait presque. Si lui, malgré le poids des responsabilités que lui incombait son haut grade, réussissait à garder dans son cœur et dans son âme, la fervente volonté de défendre la justice droite, équitable, et égale pour tous ; il voulait alors bien voir, si le cas se répétait chez un citoyen qui ne devait compte à personne, et qui était libre de faire sa vie. C’était bien beau de crier haut et fort qu’on prônait la justice, certes, mais l’assumer tout autant, c’était autre chose…

        Cela faisait bientôt une minute, qu’il avait imposé un véritable blanc dans toute l’assemblée. Comme bourdonnements, l’on n’entendait que l’épanouissement des autres quartiers voisins, qui semblaient un tant soit peu éveillés et actifs. Il eut un éternuement dans la foulée, mais rien d’autre ne vint déboussoler le cours des choses. Salem, de son regard laxiste, observait toujours les traits du bon monsieur, qu’il put rapidement détailler minutieusement. Finalement, il soupira, et rangea sa paire de menottes là où elle était, sous l’émerveillement de ceux qui soutenaient l’autre malabar en face de lui. La majorité en tout cas. Des hypocrites pour certains, se disait-il intérieurement. Comment ne pas se prendre d’affection pour un enfant en détresse, qui constituait à lui tout seul, l’un des espoirs d’un meilleur futur pour ce monde dépravé ? En même temps, il ne pouvait pas leur lancer totalement la pierre, puisque la question suivante, était de savoir, si ces mêmes personnes, avaient un jour, rencontrés cet enfant qui sombrait dans le malheur et dans les entrailles des ruelles de cette ville… En repensant d’ailleurs au centre de leurs palabres verbaux, le petit devait certainement se gaver avec le plat qui lui avait été offert de bonne grâce. Le petit… Mais oui bien sur ! S’il était au centre de tout cela, il allait sans dire, que c’était la personne la plus apte à déloquer cette altercation qui prenait un ton formel, et un peu monotone. Discuter de la sorte à n’en plus finir, et à en créer une polémique, c’était pas vraiment son trip. Argumenter dorénavant ne servait plus à rien, sans aucun doute, et Salem se voyait même obliger de chercher la petite bête, là où il ne fallait pas. Sans doute allait-il faire appel à tous ses réflexes endormis depuis plus d’une semaine. Les armes n’était pas forcement à dégainer, mais les gestes si. C’est alors que pour conclure, l’héritier des Fenyang tenait à faire parts de ses points de vue aux airs objectifs. Oui. Il jouait la comédie, et tout ceci n’était point subjectif. Il réagissait comme un marin. Et il n’avait pas peur des retombées fatidiques. S’il devait mourir aujourd’hui, son cœur serait en paix, car il avait, au fur à mesure que les secondes s’écoulaient, la ferme conviction qu’il y avait des gens bien dans ce monde…

        • Tes paroles sont bien belles. Mais néanmoins, bien trop désintéressés. Dans un monde pourri… Comment faire la part des choses ? La justice vraie n’hésite pas, ne tergiverse pas, et moi je suis un représentant de cette justice absolue. Quand bien même tu as payé les pommes, l’action d’avant démontre qu’il s’agissait d’un vol. L’on ne regardera pas le fait qu’il défendait sa vie, où la détresse que tu évoques, mais bien le comportement qu’il eût en égard de la marchandise de cet honnête commerçant. Si l’on réfléchit correctement, il aurait bien pu le demander gentiment non ? Mais au lien de cela, il a préféré la facilité. Y’a des gosses dans son cas qui travaillent dur pour gagner le strict minimum d’une journée. C’est terrible, c’est cruel, mais c’est comme ça, et on n’y peut « presque » rien…

        Salem marqua une pause de son ironie voilée, où il s’attela à fouiller dans la poche de sa chemise, sous la veste d’officiers qu’il avait accrochée à ses épaules. Il en retira une clope, et la fourra dans son bec, avant de ressortir de la poche de son pantalon, un briquet. Ne s’attendant pas vraiment à une réponse, il prit son temps pour l’allumer, et savoura sa première bouffée, avant de renchérir…

        • Quand à ton faciès, je m’en fiche éperdument. Tu fais ce que tu veux. Il est vrai aussi que j’ai pensé au fait que tu sois un criminel, mais cela date du passé, soit, il y’a quelques bonnes minutes. Par contre, pour ton raisonnement qui eut suivit ta toute première phrase, j’te ferais la confidence que je connais maintes officiers qui camouflent leurs faciès. Pas besoin de cacher son minois pour se faire cataloguer de forbans par ma personne…

        Salem marqua une autre courte pause. C’est pendant ce temps qu’il agença son bras de libre en arrière. Avant de retirer un long bâton en bois, sous un effrayamment effectif dans le rassemblement de personnes. Dès lors, il se retourna en direction de la taverne, et commença doucement à marcher…

        • Peur des raccourcis ? Moi ? Eh bien eh bien… Tu viens de le voir non ? Un vol aussi minime soit-il, reste un vol. Et je me dois en tant qu’autorité de l’exercer. Mais tu viens de me rappeler, là, que je ne fais pas bien mon boulot. J’aurais voulu épargner le petit, pour pas que tes efforts soient vains, mais finalement, j’vais l’arrêter, lui aussi. S’il ne coopère pas, je le tuerais. Tu as le temps de fuir, t’sais. Mais si je te rattrape toi aussi… T’es un homme mort…

        Pour ne pas trahir sa mise en scène, Salem avait opté pour le sourire sournois, et le tapotement du bâton sur son épaule. Son avancée forçait l’écartement de certaines personnes, et maintenant… Adviendra que pourra…

        La justice, la justice. Quelle est-elle donc ? Rafaelo n’en avait qu’une seule : la sienne. Elle s’élevait au dessus des lois, au dessus de l’essence de la vie même. Sa justice, c’était la mort. L’oubli absolu, le pardon inexorable. La paix où tous trouvaient leur égalité. À la manière du passeur, il était le gardien du Styx et n’offrait le voyage qu’à ceux qui se montraient digne de son pardon, en guise de paiement. Les autres mourraient dans leur corruption et ce carcan étouffant de malignité les engloutissait à jamais. Tel était le châtiment de l’assassin. Juste, impartial. Méritant.

        Ce Marine prônait des valeurs que Rafaelo ne pouvait même pas imaginer comprendre. Des choses qu’il considérait comme criminelles dans le simple sens de les appliquer. Il lui était venu à l’idée que le Marine puisse avoir le choix de châtier l’enfant, mais jamais il ne l’aurait cru réduit à cette extrémité. C’était aller à l’encontre même de la logique des choses. Cet homme s’était assis là, avait pris l’enfant sous son aile un instant puis il choisissait de l’abandonner à la mort pour la simple raison que l’assassin venait de lui prouvait qu’il bafouait la loi en le protégeant ainsi ? C’était absurde, personne ne pouvait être aussi lunatique. Mais il reconnaissait bien là une manœuvre empreinte de bassesse. Une manœuvre propre au gouvernement. L’enfant le gênait, il était donc prêt à le supprimer, que ce soit définitif ou non ? La main de l’assassin glissa du pommeau au fourreau de son arme. Il décala la lame de façon à ce qu’elle sorte de quelques centimètres de son fourreau. Le geste n’était pas agressif, mais le son ne laissait procurer rien de bon. Alors que le silence s’était fait, ce simple bruit résonnait comme un glas. Le Marine le percevrait à coup sûr car c’était là l’intention de l’assassin. Stopper sa marche, réfléchir et vite. Césare l’aurait déjà tué et même, la foule l’aurait fait pour lui. Devrait-il s’enfoncer sur cette voie-là ? Non. Il ne salirait pas les mains d’innocents. L’enfant était déjà menacé par ses paroles, il refusait d’impliquer d’autres personnes. Non, il ne ferait que semer la graine dans leur esprit. La graine que le gouvernement ne les considère pas. Que leur liberté est feinte et leur vie ne tient qu’à un fil. Susurrer l’insécurité, encourager les initiatives. Lever une armée de volonté prompte à le supporter lui, l’assassin. Rien n’est vrai, tout est permis.

        « Observez. Observez les méthodes vindicatives de la Marine, car c’est en cet homme qu’elle parle. Ce qu’elle vous demande d’une main, elle vous l’arrache de l’autre. Nul n’est épargné par son jugement funeste.

        Sachez qu’il n’y a de facilité que celle de se plier à une loi, aussi malsaine soit-elle. Cet enfant s’est levé contre l’oppression. Laquelle me direz-vous ? La misère. Oui, la misère. C’est en elle que se personnifie les actes de cet homme qui ne sait que répandre le sang et l’alcool. »
        accusa-t-il, animé par une rage sourde.

        Tous ceux qui l’écoutaient étaient bouche bée. Il avait eu le courage de clamer haut et fort ses pensées et, qui plus est face à un gradé de la Marine. Il aurait du mal à s’en sortir cette fois, mais jamais il ne pourrait bafouer ses principes en l’honneur d’un quelconque danger. Même si sa vie était en jeu, il continuerait à embrasser sa liberté avec autant d’ardeur. Ecartant les bras, Rafaelo invita la foule à contempler l’ignominie des actes du Lieutenant-colonel.

        « La loi encourage-t-elle la mort d’un enfant ? Ne devrait-elle pas encourager le pardon et la compréhension ? Peut être. Mais ce n’est pas elle qui verse le sang. Non. Ce sont ceux qui disent parler en son nom ! »
        continua-t-il, rassemblant de plus en plus de monde.

        La foule était muette de stupeur, l’assassin n’avait pas encore donné l’estoc final.

        « Ainsi, devrais-je payer mon geste par la mort ? Quel est mon crime, sinon la pitié ? Et le meurtre d’un enfant, n’est-ce pas là la pire des abominations ? Rien ne peut autant être synonyme d’espoir qu’un enfant. Cette homme est prêt à tuer cet espoir, à tuer votre futur.

        Voilà donc ce à quoi vous vous pliez, mes amis. N’en avez-vous pas assez ? Moi, oui. »
        acheva-t-il, se mettant de profil.

        Les murmures se firent alors de plus en plus bruyants, jusqu’à ce qu’un homme ne crie dans la foule.
        « Il a raison ! » Ce fut comme un départ de feu, la masse populaire s’agita soudainement et comme un seul homme elle hurla. Souriant, l’assassin leva cependant la main. Sa mise en scène, aussi théâtrale soit-elle, ne justifiait pas la mort de ces braves gens. Il avait compté sur l’effet de foule pour que l’ensemble de la population se range de son côté. En groupe, les humains agissaient fondamentalement différemment. C’était amusant. Le silence se fit, alors qu’il demandait à nouveau la parole. Non, alors qu’il l’imposait à ceux qui n’avaient à présent plus d’yeux que pour ce ‘héros populaire’.

        « Le peuple est le fondement d’une civilisation, mes amis. Alors, selon vous, qui doit décider ? Cet homme, ou vous tous ? » lâcha-t-il, dardant un regard de braise sur le dos du Marine, et le désignant d’un geste aussi désinvolte que haineux.


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          Un pas. Deux pas. Trois pas. Un sifflement. Celui que tout bretteur pouvait entendre, lorsqu’il coulissait sa lame du fourreau qui le protégeait. La dégaine d’une épée quelconque était tout aussi un art, que celui de trancher vigoureusement une matière. Il le savait. Il s’arrêta de marcher tranquillement. Le son produit par le geste de son ancien interlocuteur, était à titre préventif. Il l’avait clairement deviné et de ce fait, ses lèvres s’étiraient maintenant, un sourire bon, plus sain que celui qu’il avait effectué précédemment. Ses yeux reluquaient la porte, où la barmaid n’y était plus. Elle devait certainement consoler l’enfant. C’était mieux ainsi. Quand bien même il jouait la comédie, depuis le moment où il avait menacé le bienfaiteur de l’avorton, il ne voulait pas qu’elle le voit ainsi. Sa mine avait été bien trop monstrueuse. Son entreprenante avancée vers le bistro aussi. En fait, il s’attendait vraiment à ce que l’autre bondisse sur lui, ou prenne la poudre d’escampette. Pourtant, son geste était simple. Mettre en garde l’officier. Et cela avait marché, puisque ce dernier s’était arrêté. Malgré le fait qu’il avait emboité le pas, ses sens étaient aux aguets, et le bruit d’une lame dégainée, prête à l’emploi, était différente que celle qu’il avait perçu tout à l’heure. Des questions concernant les méthodes de combat de l’autre gars fuselèrent dans sa tête. Et ces dites méthodes, ressemblaient trait pour trait à ceux d’un assassin, et d’un chasseur de primes. M’enfin, là n’était pas le plus important pour l’instant. Qu’il était simple citoyen ou non, cela ne regardait pas vraiment l’officier qui avait l’intime conviction qu’il n’avait pas affaire à un pirate indésirable. Le plus important, était maintenant de faire face à cette population qu’il avait soulevée grâce à l’éloquence qui était facilitateur des origines de ses actions. A bas les armes ! Plus haut les mots, et les révoltes d’abord ! L’union faisait la force. Tel étaient ses slogans, pour défendre les causes les plus nobles d’une population qui s’avérait un brin opprimé. Il est vrai que la marine établissait son règne, d’une main de fer inébranlable à travers tous les océans de cette Terre, mais quand même... L’heure des oppositions n’était même pas de mise. Et ces autres gars, il ne les comprenait guère. La gouvernance des marins dans cette ville n’était même pas despotique, au point de vouloir se rebeller contre un simple acte. Mais il leur tirait le chapeau. A leur place, il aurait sans doute fait pareil. Cependant, leurs cris véhéments, et soudains semblaient cacher quelque chose contre les marins de cette ville. C’était bizarre. Il allait faire enquête. Ville qui aux premiers abords, semblait pourtant pleine de vie… A moins que ce ne soit l’atrocité de son jugement, qui enfin interpelé plus d’une personne. Dans ce cas là, pourquoi n’avaient-ils pas eux même arrêtés le marchand de pommes, en le couvrant d’excuses, et en payant la dette ? N’avaient-ils pas les tripes pour faire face à un vieux bourru à armes égales, et qui d’ailleurs, n’avait même pas la force adéquate pour frapper l’un deux… ? Il eut fallu un seul homme pour qu’à l’unisson, ils puissent tous se lever, tout d’un coup, vaillants ? Quels étaient ces personnes ? Des hypocrites ? Et qu’adviendrait-il s’il tuait ce mec à leur tête ? Ils fuiraient ? Tss… Les humains étaient tous pareils… Enfin, pas tous, mais là, ça avait l’art de le révulser…

          C’est lentement que Salem se retourna, tandis que la fumée de la cigarette brouillait un peu la vue, qu’on avait de son faciès. Mais lorsque de sa main de libre, il retira la cigarette à moitié consommé d’entre ses deux lèvres, une personne alla même jusqu’à perdre l’équilibre et tomber sur ses fesses, avant de déglutir. Ses yeux étaient complètement assassins. Plus sinistre que sa mine, tu mourrais. Il avait même pincés ses lèvres de sorte à ce que son visage puisse effrayer n’importe quel monstre marin en sa présence. Et sa fureur, elle, était ascendante. Quel était ce peuple dépourvu de valeurs morales ? En même temps, il était bien trop aguerri pour en être étonné. Partout ailleurs, la vie était presque semblable aux réalités qu’il voyait là, de ses propres yeux. S’il n’était pas d’une grande ouverture d’esprit, il y aurait fort longtemps que chaque personne qui se trouvait en sa présence, aurait eu les boyaux à l’air libre. Mais il se contrôlait, il se contrôlait. Lui n’allait pas oser crier pour revendiquer quoi que ce soit. Le calme était à l’origine de bien de choses. Aussi, remit-il silencieusement sa clope dans entre ses lèvres, histoire d’en tirer une taffe conséquente. Quelle merveille. Ses débuts dans la cigarette et dans l’alcool remontaient à quand déjà ? Il ne s’en souvenait plus vraiment. Sans doute lorsqu’il s’était jugé apte à essayer ces choses qui rendaient à ses yeux, tout homme véritablement viril. Quelle bêtise. Ces emmerdes le tuaient à petit feu. Et a femme n’hésitait pas à lui passer un savon sur ce plan, quand elle le pouvait. Pour finir, Salem baissa un peu sa tête vers le bas, et regarda les dalles qui formaient le sol de ces quelques rues marchandes. Il retira une nouvelle fois sa clope, et tapota le mégot de son pouce, histoire de se débarrasser de la cendre encore embrasée. Certaines personnes le regardaient toujours perplexes, mais pour la plupart, il s’agissait purement et simplement d’une crainte à n’en point douter. Sa renommée était quand même notable, quand on savait qu’il pouvait rivaliser avec un géant d’Elbaf, niveau force brute. Lorsqu’il redressa sa tête une énième fois, Salem à l’aide de ses doigts commença à faire tournoyer son bâton dans une vitesse exponentielle. Une personne s’attela déjà à prendre ses pieds au cou, dans un cri effroyable. La transpiration effective était à son comble. Il garda son sourire, et décida d’une chose intérieurement. Retranscrire sa colère naissante, dans la peau du lieutenant-colonel véreux qu’il incarnait, là. Pour lui, sa popularité n’avait point d’importance. Il voulait œuvrer véritablement pour la paix. Et ainsi, tester ce mec qui se disait justicier, même s’il n’en avait nullement le droit.

          • C’est bon là, c’est fini, ça y est ? Vous parlez de pitié, de pardon, de compréhension, de lois malsaines, et c’est pourtant sous ces lois que vous vivez tranquillement. Vous êtes hypocrites ou quoi ? Ou tous simplement cons ? Depuis quand la marine abuse elle des lois dans cette ville, ou partout ailleurs ?

          Le marchand récemment agressé cria comme pour montrer son approbation, et ses partenaires également. Il valait la moitié de ceux qui s’étaient dressés derrière le mec masqué. Salem comme pour affirmer ses dires tapa dur sur le sol à l’aide son bâton,, ce qui provoqua un gros bruit et impact assourdissant. Les oiseaux aux alentours s’envolèrent dans un bruissement unique de battements d’ailes. Les esprits étaient embrouillés…

          • Un vol reste un vol, point barre. Ce petit s’il continue à voler, deviendra un grand « bandit », et s’attèlera un jour sans doute, à tuer vos enfants. Et qui pleurera à votre place, dites-moi… ? C’est bien beau les initiatives contre la marine, mais ne lui tournez pas le dos alors qu’elle vous évite des calamités comme les attentas, les guerres, et j’en passe… Et vous êtes très bien placés pour le savoir non ? N’est ce pas cette ville qui donne l’accès à grand line, eldorado des pirates ? N’est ce pas ces derniers qui abondent dans votre ville ? N’est ce pas nous, marines, qui vous assurent protection chaque jour ? Personne n’échappe à son jugement, et même le grand Gol D. Roger n’y a pas survécu, pour preuve… Mais je ne vais pas vous raconter l’histoire non, vous qui voyez chaque jour le poteau où il fut exécuté…

          Des pleurs, et des retraits s’effectuèrent. Tristes mais conscients, les âmes faibles s’en allèrent. Salem, stoïque, après avoir reluqué toute la foule dans son discours, braqua enfin ses yeux vers son l’homme déclencheur de toute cette foule. Ils allaient jouer cartes sur table, maintenant qu’ils n’étaient plus que deux…

          • Complicité de vol… Trouble à l’ordre public… Ca sent vachement le révolutionnaire, m’enfin… Ton compte est bon. Je m’occuperais de l’enfant, une fois que j’en aurais fini avec toi. Les gênes de ton genre, on les garde pas en prison, mais on les supprimes…

          Sans s’en rendre compte, Salem avait évoqué le mot « révolutionnaire »… Mais bien sur, lui ne croyait qu’avoir devant ses yeux, un homme bon qui réussissait son épreuve avec brio… Aussi, se mit-il à avancer vers lui, en maniant son bâton, comme dernièrement. Ça promettait vraiment…
          Un frisson parcouru l’échine de l’assassin lorsque le mot révolutionnaire fut employé. Tss, son comportement n’était certes pas exemplaire et pouvait à juste titre faire couler sa couverture. Voilà donc ce qu’il récoltait pour avoir seulement voulu aider un enfant ? Pour avoir voulu faire justice soi-même. La Marine n’était pas corrompue, non, elle était simplement étouffante. Impossible de se départir de ces lois extrémistes cherchant à assujettir tous ceux qui pouvaient les suivre. Rafaelo n’appelait pas son action « faire justice », non, il avait simplement rétabli un équilibre entre deux factions opposées. Il avait aidé en payant de sa propre personne, et cette aide était à présent propice à le faire croupir en prison. La situation avait tourné en sa faveur un léger moment, celui où les voix contestataires s’étaient enfouies dans la masse et l’opinion publique avait été manipulée par son engouement et ses propos. S’il avait pris le Marine pour un simple soldat exécutant les ordres, il s’était bien leurré. Celui-ci avait joué son petit jeu quelques secondes pour ramener l’équilibre dans les voix. L’assassin s’étonnait seulement qu’autant de personnes soient derrière lui, certainement pour son acte de bravoure et son courage. S’il dégainait maintenant ses armes de révolutionnaire, il en serait fini de lui. Il devait continuer à jouer sur la fibre émotive de cette foule, et la tourner non pas contre la Marine, ce qui venait de lui valoir un cuisant échec, mais vers cet homme seul. Il valait mieux se rattraper et changer de stratégie avant qu’en effet, la population se souvienne que la Marine englobait autre chose que le comportement de cet homme. Il faudrait la jouer très finement, et ne pas avoir à se battre.

          Il y avait un bémol à son plan. Son échec lui avait valu un réel chef d’accusation. Trouble de l’ordre public. Peut-être pouvait-il jouer sur cela, à présent qu’il risquait sa vie, réellement ? Il trouvait que ce Marine était de plus en plus acerbe dans ses propos, et vindicatif aussi. Il était vraiment prêt à le supprimer, lui et l’enfant. Qu’il s’attaque à lui ne le dérangeait pas, il aurait juste à s’éclipser dans la foule pour le perturber quelques secondes, mais l’enfant … ça, jamais il ne le laisserait faire. Rafaelo glissa sa main droite dans son dos et se saisit d’une bombe fumigène qu’il laissa caché sous sa demi-cape. Le geste pouvait avoir l’air menaçant ainsi, mais l’attitude du Marine ne l’en rendait-il pas nécessaire ?

          « Voilà donc comment la Marine traite ceux qui ont l’audace de lui expliquer ce qu’ils pensent ? Quel est mon crime, sinon celui là ? Ais-je fait autre chose que payer à manger à cet enfant, ais-je fait autre chose qu’agir selon ce que mon cœur me dictait ? Oui, j’ai fait autre chose, en effet. Je n’ai pas accepté de voir le sang d’un enfant couler. Si c’est cela mon crime, alors je le confesse, haut … et fort ! » répondit-il, saluant le Marine d’une courbette narquoise.

          « Et le sort qui m’échoit est la mort. Mais, dois-je aussi l’accepter ? Si je tire mon arme, je serai taxé de pirate, hors la loi, ennemi de vous tous. Pourchassé pour ne pas avoir voulu mourir en l’honneur d’un autre meurtre. » continua-t-il.

          Les esprits étaient embrouillés. Trop de choses se passaient devant leurs yeux, et comme le disait l’adage, l’intelligence du groupe se mesurait à celle du moins futé, divisée par le nombre de personnes. Rafaelo ne pouvait même plus compter sur l’engouement de la foule, ils étaient tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, oscillant sans cesse entre les personnages de ce drame grandeur nature. L’assassin ne reculait pas devant le Marine, bien décidé à ne pas lui laisser un seul pouce de terrain. Il ne pouvait pas même fuir, car cela désignait sa défaite, et la mort de l’enfant. Ne s’offrait que peu de choix à lui. Soit il se jouait du Marine et secourait l’enfant en un temps record, soit il le tuait. Aucun de ces choix ne lui plaisait. Il l’humilierait sur le champ et l’obligerait à ramper devant lui. Hors de question que cet homme ne bafoue son honneur.

          « Ainsi, je ne tirerai pas mon épée. J’espère seulement que l’alcool que vous aimez tant ingurgiter ne court-circuite pas vos paroles, Lieutenant-colonel. Votre stature semble vous donner des prérogatives que vous seul croyez avoir. Vous vous faites juge et exécuteur, et semblez ainsi oublier la chaîne du pouvoir dans laquelle vous n’êtes qu’un maillon. »
          fit-il, adressant un regard noir au Marine.

          La foule était à présent spectatrice. La tension était retombée entre les deux protagonistes et tous suivaient les événements bouche bée. L’assassin voyait mal comment les citoyens pouvaient à présent réagir en faveur de l’un ou de l’autre.

          « Alors, que ferez-vous ? Seriez-vous prêt à tuer deux innocents ? Ou rangerez-vous votre arme afin de constater qu’il n’y avait pas même lieu de la tirer, sinon celui d’argumenter dans mon sens ? »
          nargua l’assassin, prêt à toute utilisation de sa bombe fumigène.
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            Au mouvement de son interlocuteur, Salem se bloquait net, et arrêta de penser inutilement. Enfin, ceci n’allait pas être pour longtemps. Il fronça ses sourcils, et plongea ses mirettes de jade sur la main droite du mec, derrière son dos. Il pouvait cacher plusieurs choses. Cela partait d’une simple arme blanche, jusqu’à une bombe véritable, mais tel qu’il le cernait petit à petit, la dernière supposition n’était certainement pas de son style. Cela causerait beaucoup trop de nombreux dégâts, et pas des moindres, vu qu’il restait encore quelques personnes parsemées autour du lieu où se déroulait la scène, entre les deux. Mais l’homme n’était-il pas capable de tout faire pour conserver sa liberté, dans un monde qui semblait réellement passionnant ? Et puis nan ! Zut et re-zut. Il ne le pouvait pas. Il restait le gamin derrière, et Alheïri jouait tellement bien la comédie, qu’il ne pouvait se permettre de l’abandonner ici. De plus, celui-ci se tuait à prôner cette manifestation pacifique, lui qui n’avait pas pourtant hésité à utiliser la force contre ce marchand. La situation relevait donc d’une fuite certaine, suite à une diversion qui se voulait presque évidente. Un déclic intérieur, et prompt fit sourire l'officier. Il n’avait pas tort en même temps. S’attaquer à un marine haut gradé, c’était s’assurer un futur assez compromis. Et pour un mec qui semblait se la couler douce, cela ne semblait même pas envisageable. Enfin bref, s’il ne voulait pas se battre, pour une raison que le lieutenant-colonel n’avait pas vu telle quelle, alors, il ne se battrait point. Quelle preuve y’avait t-il à chercher encore ? Ce mec était bon, et il œuvrait semblablement à un altruiste, pour ne pas dire qu’il en était un. C’était bien. C’était assez admirable. Il respectait sa manière de concevoir les choses, malgré les réalités cruelles de ce bas monde. Mais même s’il avait de la chance, ici, avec un Salem qui était en plus de s’avérer flemmard, laxiste ; il n’en allait pas de même pour les autres officiers. Certains étaient catégoriques comme le comportement faussé de Salem. On ne pouvait pas leur en vouloir en même temps. La parcelle d’un moindre mal était à déraciner, à détruire. Un mot d’ordre que Salem ne pouvait malheureusement pas réprimer du fait de sa position inférieure à celles de certains officiers. D’autres étaient complètement diaboliques, mauvais, et n’hésitaient pas à le faire voir. Ces derniers étaient généralement des lâches qui aimaient envoyer maintes soldats à la besogne, plutôt que de se bousiller la gueule. Enfin… Bref. Tout ça pour dire que le monde était fait de toutes personnalités, et même que la marine n’y faisait pas exception. Il espérait seulement qu’il ne tombe pas sur un autre homme de ce genre, en auquel cas, il aurait déjà été exécuté. Ce qui serait fort dommage… Sans doute une grande perte pour l’humanité…

            • Tu parles trop… T'as la langue trop pendue, et tu m'énerves connard !

            C’était sa dernière provocation. Histoire de ne pas trop perdre la face, devant une population véritablement perplexe, Salem voulait s’expliquer, mais pas ici. Il n’allait tout de même pas dévoiler ses idéaux devant tout un tas de personnes. La chose s’ébruiterait sans aucun doute, et il n’avait nullement l’envie de voir son amiral en chef le rappeler à l’ordre. Oh que non ! Les murs avaient des oreilles, et il détestait ça. Aussi, arrêta t-il de faire tournoyer son bâton après sa phrase provocatrice. Il arqua fortement un sourcil, et fit un gros sourire de sanguinaire dépravé. Il fallait lui donner l’image de cet officier qui avait maintenant dépassé le stade du raisonnable. En gros, le gars qui était prêt à tout pour arriver à ses fins, soit étancher sa soif de sang. Lentement, très lentement, Salem rangea son arme derrière son dos. Une nouvelle fois. Il conserva son sourire qui ne lui allait point, lui qui avait cette face douce qui attestait même de sa sérénité perpétuelle ; et commença à reculer de quelques pas, comme un officier qui commençait à se dérober. En fait, il n’avait même plus considéré le geste de la main menaçante de l’autre gars. Il n’y accordait même plus tellement d’importance, si ce n’est qu’il l’avait oublié en quelques secondes, tête en l’air qu’il était. Certains civils ne comprenaient pas ce qui se passait, et le regardaient de manière dubitative. Le malabar, lui, sentait ces regards pesants, en plus d’une goute de sueur qui perla le long de sa tempe, jusqu’à aller s’écraser au sol. Il semblait être en mauvaise posture. Et puis soudainement, soit lorsqu’on s’y attendit le moins, Salem fit un bon prodigieux en l’air, avant de faire plusieurs saltos arrières. En quelques secondes seulement, il était arrivé tout juste en face de la porte du bar. Là, il sortit prestement son sabre, le passa devant sa face, ou plutôt sa langue qu’il fit pendre, en mimant une scène obscène. Sans perdre une seconde de plus, Salem pénétra rapidement dans le bar, sous quelques cris d’effrois, et ferma la porte à clé. C’est à ce moment qu’il rangea son arme, et fit volt face. Il vit le garçon se gaver avidement, pendant qu’était prêt de lui, la jeune barmaid. Celle-ci s’étonna un instant, de par son regard qui la trahissait, mais l’officier la rassura, en rangeant son arme.

            • Rien de grave, ne vous en faites pas… Le petit va bien ?

            • Oh oui ! répondit-elle spontanément, en souriant, Il vient de vider sa deuxième assiette, que déjà, il en demande une quatrième, alors qu’il n’a même pas fini sa troisième !

            • T’as l’air de te gaver toi… C’est bien !

            Salem s’était déjà assis à côté de lui, et caressait sa tête, alors que celui-ci lui prononçait un merci, la bouche pleine. Tout en sortant sa bourse, il régla l’addition auprès de la barmaid qui ne prit que la moitié de la somme en prétextant qu’elle voulait aider aussi, lorsqu’un grand bruit vint perturber ce petit moment de quiétude. La porte du bar vola tout bonnement, et termina sa chute en s’écrasant à quelques mètres du comptoir, où étaient assis le groupe des trois personnes. Apparemment, quelqu’un était de mauvaise humeur, et il pouvait s’agir de n’importe qui. Enfin, toujours est-il que Salem qui avait rangé ses armes, tourna tranquillement sa tête pour regarder l’auteur de cette action, sous les cris de la jeune fille, et du petit enfant; tout deux effrayés. Il s’agissait peut être de…

            [Pourrave, j'sais, désolé... >>]
            [hrp : pas du tout ! par contre, ça sonne un peu comme une fin, donc libre à toi de rp pour continuer ou conclure, à moins que cette conclusion t'aille ^^]

            La situation commençait à échapper au contrôle de l’assassin. Il ne désirait absolument pas se battre, mais que faire ? Cet homme le provoquait en tout sens, et il ne pouvait se permettre de le laisser emporter cette partie : cela signifierait la mort du gamin et, à fortiori, la sienne. Un frisson glacé lui parcourut l’échine lorsqu’il croisa le regard de ce sale type. Sa bouche se déforma en une moue de colère, et ses prunelles océans étaient parcourues de flammes haineuses. Il agitait sans cesse ses doigts, trop près de commettre une erreur. Chaque fibre de son corps hurlait au carnage, à la mort de ce scélérat. Que son sang imbibe les pavés, et que son dernier souffle lui assure un pardon inégalé. Il s’avança d’un pas vers lui, sa main droite caressant doucement la bombe fumigène. Il n’en avait que deux, il se devait donc de les utiliser avec parcimonie, mais si c’était là la seule voie pour que les civils ne soient pas blessés, il le ferait sans hésiter. S’il menait une révolution, c’était bien pour aider ses semblables, non pas pour les impliquer dans ses échauffourées, du moins autant que faire se peut. S’il supprimait une personne bonne, ou qui était innocente, il ne fallait s’en prendre qu’à ceux qui la contrôlaient : les fanatiques de la Marine pêchaient bien souvent par excès de zèle alors qu’ils croyaient défendre un régime juste. Ils n’étaient que les victimes de cette guerre, alors que les cibles réelles de l’assassin étaient seulement des grains de sable, censé faire sauter la roue crantée de la Marine, qui avançait inexorablement en écrasant tout sur son passage, hors de sa ornière. Rafaelo inspira profondément, afin de reprendre le contrôle de ses émotions.

            Ses pensées fusaient à une telle vitesse qu’il en avait le vertige. Il passait en revue toutes les situations, une par une, et n’y voyait là que des moyens de gagner du temps. Il ne pouvait tuer en public cet homme car cela déclencherait une panique générale : il était quand même un Lieutenant-colonel de la Marine. Il en résulterait forcément beaucoup de morts. Une erreur à ne pas commettre. Les provocations de ce soûlard étaient puériles, et le flegme de l’assassin le mettait à l’abri d’une quelconque envie de rabattre le caquet de cet impudent. Plusieurs fois l’assassin voulu se prêter au jeu, mais plus le temps avançait, plus sa maturité l’emportait. Il défendait une cause trop importante pour que son ego n’entre dans l’équation en ce moment précis, surtout que les insultes se faisaient de plus en plus décousues. Certainement l’effet de l’alcool. Ce gars réfléchissait pourtant bien, car il n’avait pas omis un seul détail du discours de l’assassin lors des précédentes altercations, mais là, c’était tout simplement imbécile de sa part de penser faire agir Rafaelo avec ces propos. À moins que cela ne soit qu’une mise en garde ?

            « Et la vérité dérange, apparemment. »
            commenta simplement l’assassin en hochant la tête.

            Sa conclusion sembla ordonner quelque peu l’esprit des citadins, car la plupart fermèrent leur bouche muette de surprise quant à l’affrontement, ou de stupidité. De nouveau, il soupira, resserrant sa prise sur sa bombe fumigène. La situation aboutissait à un cul de sac évident. Il avait cependant remarqué le petit regard inquiet que lui avait lancé le Marine lorsqu’il avait ramené sa main derrière lui. Et ça l’avait arrêté. Avait-il eu peur ? Serait-ce là la chance qu’il cherchait ? Non, c’était trop tard pour en tenir compte, le blocage était certainement du au fait qu’il était trop saoul pour réfléchir correctement. Un soldat tel que lui ne pouvait certainement pas aller jusqu’à un tel niveau de réflexion. Décidément, la Marine était de plus en plus pathétique, sans compter les divers propos de cet individu.

            C’est alors que l’inattendu se produisit. Le Lieutenant-colonel se déroba. Il recula de quelques pas, que l’assassin mit à profit pour ranger sa bombe, discrètement et prendre un air triomphant. Il leva le menton, méprisant envers cette créature horrifiante. Soudain, alors que l’Auditore pensait sa victoire acquise le Marine, fléchissant ses genoux, prit une impulsion titanesque et s’envola littéralement jusqu’à la porte de l’auberge. On était bien loin de la subtilité et de la finesse des assassins mais il atterrit sans mal devant la porte de celle-ci avec un air malsain sur son odieux visage. Le choc résonna dans toute la place, où un silence de mort régnait. Il était d’ailleurs étonnant qu’aucun Marine ne se soit encore précipité par ici. Il fallait certainement attribuer cela au fait que le marché était plutôt éloigné du port, et que le bruit qu’il dégageait n’était pas bien différent de celui d’une foule hurlant et pestant.

            Rafaelo, par pur réflexe, saisit trois dagues de lancer à sa ceinture et les rabattit sous son poignet afin de les masquer. Un nouveau frisson de rage parcourut son échine, alors que le Marine le toisait depuis la taverne. Son comportement écœura l’assassin qui entama alors une marche vengeresse vers le bâtiment. Le soldat en profita pour entrer dans le bâtiment, avec une mine qui en disait long. Une nouvelle haine animait à présent l’Auditore : le môme était en danger ! D’un geste, il rabattit sa capuche sur sa tête et il se mit à marcher de plus en plus vite. De sa main libre, il fit signe aux hommes de le suivre. Le Marine avait fermé à clef, il aurait besoin de soutien et ne l’obtiendrait pas en claquant des doigts.

            « Il va le tuer, bon sang ! Si vous êtes avec moi, enfoncez la porte de cette auberge, faites diversion puis assurez-vous de fuir aussi loin que vous le pourrez ! Contez seulement aux autres habitants, aux voyageurs et à tous ceux qui vous croiserez cette histoire, et soyez sûrs que cela ne se reproduise jamais ! » hurla-t-il, à tous ceux qui l’écoutaient.

            « Levez-vous, éveillez-vous ! Contemplez donc et surtout, veillez à protéger tout ce que vous chérissez car c’est ce qui volera en poussières, à jamais, dans ce monde dirigé par la Marine ! Un enfant, un enfant ! Je ne peux pas regarder et me contenter de baisser les yeux, comme jadis ! Aujourd’hui, je suis un homme … libre ! Demain, je pourrai me regarder dans une glace, sans avoir honte ! Et vous ?! » termina-t-il, constatant que qu’une bonne partie des gens présents hochaient la tête, commençaient à hurler à l’encontre de cet homme, et de la Marine en général, qui laissait de tels créatures marcher dans ses rangs.

            L’assassin acquiesça puis continua sa marche, et se mit à courir au bout de quelques mètres, adressant un nouveau signe à ceux qui le suivaient. N’ayant pas la puissance que le Marine, il mit plus de temps à parcourir la maigre distance le séparant de la taverne. De sa main gauche, il saisit trois nouvelles dagues et les envoya aussi tôt à travers la fenêtre de la bâtisse, tandis que quatre hommes, d’allure plutôt dégingandée se ruaient sur la porte, la faisant frémir au premier impact. L’assassin bondit à travers la fenêtre en ce même instant, tout en attrapant de nouveau sa bombe fumigène. La foule s’était écartée sur son passage, certains des larmes aux yeux, d’autres avec un encouragement pour ce héros fortuit ou encore abasourdis. L’assassin ne leur demandait pas de le suivre, mais il était certain qu’en agissant ainsi, il le faisait pour leur bien. Il les intimait à se secouer, à réagir quant à cette menace représentée par la Marine ! Il roula à travers la pièce, sans même se blesser sur un morceau de verre. Une fraction de seconde plus tôt, la porte avait volé en éclat, et les quatre hommes avaient dégainé leurs poings face au Marine, qui était paisiblement assis là, à caresser la tête de l’enfant. Fort de ses expériences, l’assassin ne flanchât pas un seul instant. Il lança ses trois dagues d’une seule main, de façon experte. Elles se fichèrent entre le Lieutenant-colonel et l’enfant, lui intimant une large distance de sécurité. Il ne préférait pas blesser un gradé … pour l’instant. Il devait lui faire expier ses fautes avant de l’achever. Il racla alors sa bombe contre sa cuissarde et l’envoya exploser aux pieds du Marine, ce qui eut pour effet de plonger la salle entière dans une épaisse zone de fumée. Retenant sa respiration, l’assassin enleva l’enfant de son siège, qui émit un hoquet d’incompréhension, puis l’enveloppa de ses bras avant de s’enfuir pas le chemin qu’il avait pris précédemment. Il hurla aux hommes qui lui avaient porté assistance de prendre leurs jambes à leur cou, alors qu’il s’enfonçait dans la foule. Tous, sans exception, le regardèrent passer, béats. La foule se referma cependant sur lui comme un seul homme, ne laissant aucune trace de son passage. Seule une étrange fumée s’échappait de la taverne, ainsi que quatre individus qui se noyaient eux aussi dans la marée humaine. La place de marché était de plus en plus remplie, et alors qu’une vingtaine d’individus s’étaient intéressés au débat quelques minutes plus tôt, ils étaient bien plus nombreux à présent ! Assez pour cacher l’assassin, une véritable foule en somme. Laissant le Lieutenant-colonel suffoquer dans la fumée générée par la bombe fumigène, Rafaelo s’engouffra dans une ruelle sordide afin de reprendre quelques instants son souffle. Le petit, dans ses bras, pleurait à chaudes larmes.

            « Doucement, petit. Il te voulait du mal, je suis désolé d’avoir été aussi violent. Mais maintenant, tout va bien, d'accord ? » lui chuchota-t-il, afin de le calmer quelque peu.

            Aussi innocent que jeune, l’enfant, qui ne comprenait pas réellement ce qu’il se passait, hocha la tête puis hoqueta encore quelques secondes avant de se calmer, serrant fortement l’assassin contre lui. Rafaelo lui caressa la tête, affectueusement avant de le changer de position dans ses bras, afin qu’il soit plus confortable à porter. Il ne lui restait plus qu’à le déposer en sécurité et à trouver une nouvelle tenue afin de passer inaperçu. Il prendrait cependant bien garde à faire payer chaque menace à ce Marine. Oh, ça oui, il le retrouverait et lui ferait cracher tous ses péchés et expier ses fautes. Il le tuerait pour avoir seulement osé attenter à la vie de cet enfant.

            Ce fut sur ces sombres pensées que l’assassin s’enfonça dans les ténèbres, ces péripéties lui octroyant une nouvelle raison de haïr la Marine, et le gouvernement dans son ensemble.
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              …La population ! Et franchement dit, Salem ne s’attendait pas à elle. Il avait bien cru qu’il s’agissait de son interlocuteur, mais jamais, au grand jamais, il ne pouvait penser qu’un jour, les habitants de Logue Town feraient face à un marine. Et il n’y avait pas qu’eux. Sans vraiment s’en rendre compte, quelqu’un cassa la fenêtre, et ce ne fut qu’un instant plus tard, soit une seconde trop tard, qu’il vit de qui il s’agissait. Moins rapide que les émeutiers, dont leur leadeur, Salem vit arriver trois yatagans. Il écarquilla grandement les yeux, dégaina son épée promptement, et dégagea l’une d’elle qui prenait une très mauvaise direction, soit vers la barmaid qui avait enfouie son visage dans ses mains, et qui n’avait rien vu à la scène. Son action pourtant, le déséquilibra du siège où il était assis. Et ce n’est que lorsqu’il reprit un brin d’équilibre pendant sa chute que s’ajouta le clou du spectacle : Un fumigène. Un bruissement assourdissant retentit dans toute la pièce. Et autant dire que quand bien même Alheïri était un marine haut gradé, il ne put rien faire concrètement. La fumée se propagea dans la salle à moitié détruite à une vitesse exponentielle. Sur le champ, lui ne s’inquiétait pas de sa propre peau, mais bien de celle de la jeune femme et de l’enfant. C’est donc avec témérité, et sous tes toussotements grotesques et intempestifs, qu’il osa ouvrir un œil. C’est là, et malgré les larmes que cet œil commençait à débiter fortement, qu’il put apercevoir toute la scène. Il voulut bouger, il voulut saisir cet homme, mais son nez s’enfumait et ses oreilles s’enfumaient incroyablement. Les picotements étaient désagréables. Ses sens étaient totalement engourdis. Et, d’un effort complètement surhumain, chose que lui même eut du mal à réaliser, Salem bougea rapidement, et sauta par-dessus le comptoir. D’un tour de main, il récupéra la barmaid malencontreusement évanouie par tout ce qui s’était passé, et s’évertua à sortir de ce trou perdue qu’on semblait dératiser. A quelques mètres de la baraque, il posa la fille à même le sol, tomba à genoux à ses côtés, et commença à tousser des masses. Lorsqu’il retrouvait peu à peu ses esprits, Salem ne jeta qu’un bref coup d’œil embué aux alentours, mais ne vit plus ceux qu’ils voulaient distinguer. Envolés. Ils étaient presque envolés dans la nature. Pas de bol ! Finalement, il avait réussit à joindre l’acte à la parole ce mec. Cela prouvait sa grande foi basée sur la justice. Un petit sourire se forma sur ses lèvres, avant qu’il ne les pose sur celles de la barmaid inconsciente, histoire de lui faire du bouche à bouche. Exercice qui ma foi, s’avérait loin d’être déplaisant. Au bout de quelques temps, elle finit par reprendre conscience, et le lieutenant-colonel s’avachit sur la dalle automatiquement. La fumée provoquée par le fumigène autour d’eux se dissipait. Un synonyme même d’ennui. Car, se tenait devant eux, une multitude de citoyens, armées jusqu’aux dents… Le bol hein ?

              L’un d’eux se mit à parler d’une voix forte, en accusant et en prévenant le marine. C’était un lynchage à proprement parler. Ils n’avaient pas peur du reste de la marine, et d’ailleurs, certains soutenaient de mourir pour cette cause, si il le fallait. Des extrémistes soudains qui étaient prêts à tout, sans aucun doute. Sans pour autant avoir voulu les narguer, Salem fouilla dans l’une des poches de sa veste, et retira une clope qu’il agença dans son bec. Il souriait légèrement. C’était fou de voir comment ce mec pouvait un facteur d’aliénation, population même qui voyait presque tous les jours, quelques enfants désœuvrés, avoir comme pour dernière demeure, un coin d’une ruelle quelconque. En même temps, qui était-il pour les juger… ? Dieu ? Certainement pas. Il n’incarnait pas le mot parfait. Aussi alluma-il par la suite, sa clope à l’aide d’un briquet noir presque vide, sous les yeux interrogateurs de la jeune femme, haineux pour ses adversaires. Que croyaient-ils ? Qu’il allait se laisser faire ? Qu’il allait se justifier pour une chose que seuls quelques hommes érudits pouvaient comprendre ? Non ! Bien sur que non ! Qu’ils viennent tous, autant qu’ils sont. En tant qu’homme et marine, Salem ne fuyait jamais un combat, pour ne pas dire qu’il n’avait nullement peur d’eux. Le nombre de personnes avait beau être faramineux, rien ne l’ébranlait actuellement. Il avait fait une bonne action, doublée subtilement. Celle de nourrir un enfant affamé, et celle de s’assurer d’une mentalité convenable au bon développement de ce monde pourri et corrompu, qui avait besoin d’un changement véritable. C’est par ce genre d’idéologies qu’elle pouvait avancer. Oui, ça sentait bon ! Ca sentait l’aventure, et une nouvelle ère était proche. Il pouvait le sentir au plus profond de lui-même. Au plus profond de son être. C’est alors que l’incroyable arriva. Alors que son bar était détruit cause de lui, alors qu’elle s’était même évanouie, et alors que les gens s’avançaient vers la carrure imposante de Salem, même assis, la barmaid avec courage, et sincérité leur barra le chemin, en se pointant devant Salem qui pu jauger son gros derrière bien rebondi. Ses mains étaient écartées horizontalement, et ses paumes étaient ouvertes, pour prouver sa bonne fois. Les gens ne comprirent pas vraiment pourquoi elle s’interposait, mais par respect pour sa personne, s’arrêtèrent. Moment qui lui profita puisqu’elle commença à crier l’innocence du marine. Salem qui n’était habitué à ce genre d’aide écarquilla les yeux d’effroi en regardant son dos. Il voulut la faire taire, mais sa conscience l’obligea à rester cloitré au sol. Au bout de cinq minutes de cris féminins, c’était des larmes qui coulaient, des armes qui tombaient. Elle leur avait expliqué ce qu’elle savait, notamment son geste et sa préoccupation pour l’enfant. Tout était clair dans l’esprit des gens, enfin presque du moins. Ce marine voulait faire forme dehors. Au cas où des collègues qui avaient tous vus. Pour beaucoup, tel était la version des choses. Et Alheïri n’allait pas démentir, vu qu’il gardait son idéologie, et la vraie motivation de ses actions pour lui seul. Une minorité restait tout de même perplexe, et ça, il le voyait bien. Pour enfin terminer ce moment fort, et riche en émotions, la barmaid se retourna, s’inclina, et prononça un merci, avant que d’autres fassent de même. Vous en voyez vous, des marins qui se préoccupaient des civils, de la sorte ? De quoi arracher des sanglots de pleurs à un poissonnier. Puis, c’étaient des cris, de l’allégresse. Une saveur festive s’installa peu de temps après, autour de ce bar bousillé. La barmaid qui se dénommait Leila, fit une tournée gratuite pour tout le monde, avec ses réserves. Et Salem était le plus gâté. Son cœur n’était pourtant pas focalisé sur l’alcool. Accoudé à un reste du mur, le lieutenant-colonel repensait au gosse qu’il verrait peut être un jour dans un coin de la rie. Enfin, il ne fallait pas forcement compter là-dessus. La ville de Logue Town était immense, mais ne disait-on pas que le monde était petit ? Il mima un faible sourire, après s’être assuré par le biais d’un mini-Den-den-mushi, qu’un bataillon venait l’aider à la réparation du bar. Une chose cependant, était sure. Il allait revoir ce mec qui se disait justicier, et lui rendrait les trois dagues qu’il avait oubliées. Il espérait aussi que le petit n’ait rien dit de bien à son propos. Cela ne ferait que pimenter leur prochaine rencontre…


              FIN