De tous les instructeurs du BAN, le plus « normal » restait Bobby Hoobermind. Normal comme ne ressemblait ou n'agissant pas comme une machine à tuer. Il était fort, sans aucun doute, et un seul regard laissait facilement supposer qu'il l'était plus que la moyenne. Il était intelligent aussi, et c'était cette lueur qui semblait se diffuser à son être. Quand il marchait, il ne donnait pas l'impression d'un tank ou d'un tigre assoiffé de sang. Plutôt d'un homme décidé qui vous jugeait d'un seul coup d'oeil et dont le cerveau était capable d'analyse et d'associations quasi instantanées.
En d'autres circonstances, c'était ce genre de compagnie que je recherchais et j'aurais réellement adoré pourvoir le fréquenter plus en avant, pour confronter mes idées aux siennes et nous perdre dans ses interminables joutes de mots et d'arguments, quel que fut le sujet. Bobby était capable de défendre une position avec le plus grand brio un jour, pour uniquement détruire son argumentaire en prenant la position opposée le lendemain.
Ce qui forçait l'admiration – et l'envie – chez moi faisait aussi de lui mon pire ennemi. S'il y avait une personne capable de voir au-delà de mon identité d'agent Cipher Pol, au-delà des mes différents masques qui s'empilaient et s'interposaient, jusqu'à mon engagement révolutionnaire, c'était lui.
Autant dire que je m'en méfiai comme de la peste, et alors que je faisais un maximum d'effort dans les autres classes – maintenant que j'avais survécu à leur satané épreuve de survie – je me faisais discrète, très discrète... pas trop non plus, parce que je savais que ça, c'était le meilleur moyen de me faire remarquer.
Mais difficile de berner des vieux loups de mer qui avaient l'habitude de voir des troupeaux défiler entre leurs mains, année après année. Il ne me restait plus qu'une poignée de jours avant mon départ, non, mon retour, retour vers une vie « normale » d'agent CP. Ça et un grand pomponage en bonne et due forme. Bref, la liberté m'ouvrait déjà ses bras quand le sol se déroba devant moi. Le Sergent Instructeur m'interpella, soit disant à propos d'un argument que j'avais avancé lors de la dernière discussion sur un texte de loi. Mais je savais bien qu'il tentait de m'asticoter. Il savait que je savais. Je savais qu'il savait que je savais. En un mot comme dans un autre, j'étais dans la merde absolue. Comment, pourquoi, ce type avait-il eu des soupçons à mon encontre ? Aucune idée. Car pour moi, ce n'était que des soupçons. Je ne voyais pas pour quel autre motif Hoobermind viendrait me parler.
Ça ne pouvait pas être pour mon savoir, vu qu'il me dépassait, déclassait largement. Je n'imaginais pas plus qu'il pouvait avoir déceler plus de potentiel en moi que je ne lui en montrais, et qu'il voulait savoir exactement ce que je cachais derrière mon masque de poupée. Le « pourquoi » ne le préoccupait pas plus que ça. En fait, il pensait connaître la solution : une femme, notamment une « dame » issue de bonne famille, était généralement victime d'un lavage de cerveau selon lequel elle n'était qu'une jument reproductrice. Pour lui, je souffrais donc d'un manque de confiance en moi, que j'avais partiellement levé en venant ici, au BAN, mais que je n'arrivais pas à surmonter entièrement. C'était gentil de sa part, de s'inquiéter ainsi.
Extrêmement ennuyant aussi, parce que je ne pouvais plus me réfugier dans le rôle de l'adorable idiote qui ne savait vrai-ment pas de quoi on parlait. J'appris cette leçon de la façon la plus expéditionnaire possible. « Puisque que j'avais envie de jouer les dindons, que j'aille donc glousser devant le chef, histoire de lui expliquer pourquoi je prends l'instruction du BAN par dessus la jambe, et que sans bonne explication de ma part, il n'allait pas mettre une bonne appréciation à mon dossier ».
Comme quoi, on peut être intelligent, et être un sale con en même temps.
Je fus donc reçue quelques temps après cela par Kaiser Jugo, dit Prométhée, Commandant du BAN. O joie, bonheur. Déjà que je ne lui avais pas fait spécifiquement bonne impression pendant notre première entrevue – il y avait de quoi, ceci dit, vu mon dossier et le forcing que j'avais fait pour être reçue dans cette formation – voilà maintenant qu'un de ses plus fidèles « copains » m'accusait de ne pas m'investir.
- « Bonsoir Commandant. » Je saluai d'une voix calme et posée, tentant de prendre une attitude neutre. Avec un peu de chance, il aurait autre chose de plus urgent à faire et je m'en tendrais dite pour une beuglante de trois minutes. Après, s'il me sommait de m'expliquer, je devais avouer que je n'avais pas encore trouvé de ligne de défense qui se tenait. Est-ce que cette fois, j'aurais de la chance ?
En d'autres circonstances, c'était ce genre de compagnie que je recherchais et j'aurais réellement adoré pourvoir le fréquenter plus en avant, pour confronter mes idées aux siennes et nous perdre dans ses interminables joutes de mots et d'arguments, quel que fut le sujet. Bobby était capable de défendre une position avec le plus grand brio un jour, pour uniquement détruire son argumentaire en prenant la position opposée le lendemain.
Ce qui forçait l'admiration – et l'envie – chez moi faisait aussi de lui mon pire ennemi. S'il y avait une personne capable de voir au-delà de mon identité d'agent Cipher Pol, au-delà des mes différents masques qui s'empilaient et s'interposaient, jusqu'à mon engagement révolutionnaire, c'était lui.
Autant dire que je m'en méfiai comme de la peste, et alors que je faisais un maximum d'effort dans les autres classes – maintenant que j'avais survécu à leur satané épreuve de survie – je me faisais discrète, très discrète... pas trop non plus, parce que je savais que ça, c'était le meilleur moyen de me faire remarquer.
Mais difficile de berner des vieux loups de mer qui avaient l'habitude de voir des troupeaux défiler entre leurs mains, année après année. Il ne me restait plus qu'une poignée de jours avant mon départ, non, mon retour, retour vers une vie « normale » d'agent CP. Ça et un grand pomponage en bonne et due forme. Bref, la liberté m'ouvrait déjà ses bras quand le sol se déroba devant moi. Le Sergent Instructeur m'interpella, soit disant à propos d'un argument que j'avais avancé lors de la dernière discussion sur un texte de loi. Mais je savais bien qu'il tentait de m'asticoter. Il savait que je savais. Je savais qu'il savait que je savais. En un mot comme dans un autre, j'étais dans la merde absolue. Comment, pourquoi, ce type avait-il eu des soupçons à mon encontre ? Aucune idée. Car pour moi, ce n'était que des soupçons. Je ne voyais pas pour quel autre motif Hoobermind viendrait me parler.
Ça ne pouvait pas être pour mon savoir, vu qu'il me dépassait, déclassait largement. Je n'imaginais pas plus qu'il pouvait avoir déceler plus de potentiel en moi que je ne lui en montrais, et qu'il voulait savoir exactement ce que je cachais derrière mon masque de poupée. Le « pourquoi » ne le préoccupait pas plus que ça. En fait, il pensait connaître la solution : une femme, notamment une « dame » issue de bonne famille, était généralement victime d'un lavage de cerveau selon lequel elle n'était qu'une jument reproductrice. Pour lui, je souffrais donc d'un manque de confiance en moi, que j'avais partiellement levé en venant ici, au BAN, mais que je n'arrivais pas à surmonter entièrement. C'était gentil de sa part, de s'inquiéter ainsi.
Extrêmement ennuyant aussi, parce que je ne pouvais plus me réfugier dans le rôle de l'adorable idiote qui ne savait vrai-ment pas de quoi on parlait. J'appris cette leçon de la façon la plus expéditionnaire possible. « Puisque que j'avais envie de jouer les dindons, que j'aille donc glousser devant le chef, histoire de lui expliquer pourquoi je prends l'instruction du BAN par dessus la jambe, et que sans bonne explication de ma part, il n'allait pas mettre une bonne appréciation à mon dossier ».
Comme quoi, on peut être intelligent, et être un sale con en même temps.
Je fus donc reçue quelques temps après cela par Kaiser Jugo, dit Prométhée, Commandant du BAN. O joie, bonheur. Déjà que je ne lui avais pas fait spécifiquement bonne impression pendant notre première entrevue – il y avait de quoi, ceci dit, vu mon dossier et le forcing que j'avais fait pour être reçue dans cette formation – voilà maintenant qu'un de ses plus fidèles « copains » m'accusait de ne pas m'investir.
- « Bonsoir Commandant. » Je saluai d'une voix calme et posée, tentant de prendre une attitude neutre. Avec un peu de chance, il aurait autre chose de plus urgent à faire et je m'en tendrais dite pour une beuglante de trois minutes. Après, s'il me sommait de m'expliquer, je devais avouer que je n'avais pas encore trouvé de ligne de défense qui se tenait. Est-ce que cette fois, j'aurais de la chance ?