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[Indiana Tem] Un pirate dans la prairie.


[Indiana Tem] Un pirate dans la prairie. Villageindien


Indiana Tem. Terre sauvage et pauvre en hautes verdures, une vaste plaine d’herbes grasses et de rivières serpentines où coule la plus claire des eaux douces. La nature y est paisible à moins qu’on ne la dérange, mais les seuls habitants ne chassent que pour l’honneur et la faim. Les esprits sont traités avec respect et chacun des hommes de cette patrie sait faire preuve de force et d’intelligence. Aucunes femmes, juste des hommes, vieux et jeunes adultes fiers et en communion avec la nature de leur île.

Un long, un très long camp recouvert d’habitations en toiles, des peaux de bêtes séchées se suspendaient à des tiges de bois et de la fumée s’échappait d’un feu encore alimenté malgré le soleil assommant. Des hommes aux muscles saillants et au corps recouvert de peintures multicolores frappaient le bois d’un arbre rouge pour en découper d’imposantes planches, des carcasses d’un bétail cornu se faisaient soigneusement découpées par les mains agiles de quelques guerriers herculéens. Une terre de force, une terre d’esprit, une terre d’hommes.

Non loin d’une rivière riche en saumon, un imposant tipi, car c’est comme cela que les habitations se nommaient, abritait le plus laid des hommes. Scab Tournebroche semblait encore lutter contre les démons de son passé, il remuait ses babines à chaque inspiration et toussait lorsqu’il expirait enfin. Auprès de lui, un vieil homme au chef recouvert de plumes ronflait alors que ses yeux restaient grands ouverts. Soudain, la main du pirate agrippa la peau de bête qui le recouvrait.




Bon dieu, mon esprit me fait chavirer à chacun de mes souffles. Je n’arrive pas à distinguer mes rêves de ma réalité, je ne sais si je vis ou si je me meurs. Je me suis fait piquer par une mouche, je me suis évanoui comme une chèvre et je respire plus fort qu’un porc. Un zoo vit en moi. Je l’entends, mon souffle, il raisonne dans ma caboche comme si elle était une voile qui se gonflait à mesure que le vent hurlait. J’ai le souvenir d’avoir eu la sensation de crever, j’ai cette odeur de mort dans la bouche, la même que quand je me suis fait couper la guibolle. Un arrière-gout de sang amer mélangé à la chaleur désagréable de la pisse, je ne souhaite même pas à mon pire ennemi d’avoir cette aura mortelle qui baigne dans sa bouche. Je ne le souhaite même pas à l’un de ses grands du gouvernement cachés derrière un bureau ou un escargophone.

Bordel, voilà que je n’arrive pas à ouvrir les paupières. Il y a bien une odeur, une odeur de tabac. J’ai jamais beaucoup fumé, une chique de temps en temps pour calmer la sensation de tournis lorsqu’on revient sur le plancher des vaches après plusieurs semaines de navigation. Là, c’était un tabac que mon sens olfactif ne reconnaissait pas, pas une merde de North Blue, plutôt une bonne herbe bien locale qu’on te refile sous le manteau dans les tavernes de connaisseurs.

Tiens ! Je sens qu’on m’ouvre la bouche et qu’on m’y care un truc dedans. Machinalement, je mords dedans, je n’ai pas trop la possibilité de faire autre chose de toutes manières, mon corps refuse de bouger ou alors c’est mon esprit qui refuse de reprendre son rôle de pilote. Comme si mes pensées n’avaient plus mon crâne pour trône, mais qu’elles se mouvaient jusque dans ma patte de bois. Tu parles d’un monde, le gars qui pense avec sa guibolle.

La vache, c’est mauvais, ca crépite sur ma langue et un liquide coule abondamment dans ma glotte à chaque coup de chicots. Je vais gerber. Je vais tout rendre d’une minute à l’autre. Comment on peut faire un truc aussi…

BWEEEERG

« Bouerg… Palsambleu que c’est mauvais… hum ? »

Voilà qu’en une fraction de seconde, mon esprit vient reposer son cul là où il faut. Je me retrouve sur le flanc gauche et la gueule bien ouverte, un filet de bave me reliant directement avec une quiche verdâtre sur le sol. Tout en passant ma main au coin des lèvres, je lance un regard sévère à un vieux bonhomme recouvert d’un chapeau de plumes impressionnant qui tapote une longue pipe sur son genou. Il sourit en malaxant une substance verte dans le creux d’un bol en bois.

« Racine de Ficelle de Lune… Hoho… Une plante qui rendrait la vue à un sourd »

« Où suis-je vieil homme ? »

« Importante qu’est cette question, autant que sa réponse »

« Quoi ? »

« Je vais vous répondre »

« … »

« … »

Bordel.

« Tu es… ZZZzz zzZZ »

« Il se paye ma tronche ? »

Je chope ma quiche que je lui envoie en pleine tronche. Faut pas déconner.

« … Sur Indiana Tem ! Oh… Il pleut ? »

Tout en s’essuyant avec une broderie, il se relève en craquant ses lombaires. Sa parure de plumes descendait jusqu’au sol, son corps était recouvert de peintures multicolores et ses rides semblaient danser dans le creux de son visage. Il me toise en pointant mon bide du regard.

« Un mouche femelle de Rusukana, mortelle si l’on présente des carences alimentaires telles que les vôtres…»

Femelle ? J’aurais du m’en douter. Elles ne me lâcheront pas les garces. Je regarde mon ventre bedonnant qui ne trahissait plus aucune piqure ou infection. Ma bedaine grogne et je la tapote du plat de la main.

« J’ai peu mangé ces temps-ci grand-père»

Puis, il me lance un regard vers le bas du lit.

« Je n ‘ai rien pu faire pour votre jambe… »

La vache ! J’ai perdu l’autre guibolle ? Oh putain, Scab Tournebroche, le pirate avec un tronc sur troncs. Ma réputation n’est pas encore faite, foi de moi, que je me retrouve déjà plus diminué qu’un clébard de Tortuga. D’une main certaine, j’arrache la couverture qui me cachait le bas du corps. Quedal. Enfin, toujours la patte en bois, mais l’autre était toujours là, l’orteil toujours absent. Quedal quoi.

« Pas beau à voir hein ? Mes herbes n’ont rien pu y faire… Ho Ho… »

« Très drôle papy »

« Ho Ho ! Bon… Si vous avez faim, le repas est prêt dehors… Ho Ho… »

Sur ceux, il sort en soulevant une peau de bête. Je me retrouve seul dans une sorte de pièce ronde, les murs sont recouverts de peaux et un petit rond à la pointe du plafond témoigne de la faible clarté extérieure.

Indiana Tem, c’est ce qu’il a dit ? Un foutu ange m’a pris sous son aile ou alors c’est le diable qui a peur de vite se lasser de ma tronche. Sacré Tournebroche, t’es encore tombé sur ce que tu cherchais tout en sombrant dans le monde des vapes. Je ne veux même pas savoir combien de temps j’ai pioncé, je ne m’en remettrais pas. Impotent va.

D’un coup de poigne, j’agrippe mon jean à la hauteur de mon genou droit et je bascule pour me retrouver sur ma jambe. J’ai la dalle. A l’extérieur, l’ambiance semblait être rythmée par des percussions et une bonne odeur de graillon me titillait le pif. J’ai la dalle, assurément. D’un revers de paume, je sors de ma cabane en peaux et déboule au milieu d’une fête au clair de lune et à la lumière d’un grand brasier.

Je viens de mettre un temps mort dans la fougue locale, les bonhommes me fixent avec curiosité et les mains qui frappaient les instruments locaux se stoppèrent en l’air. Ils sont grimés de la tête aux pieds et des corps taillés dans des rocs, des gaillards de compètes aux tronches taciturnes. L’atmosphère est palpable, je vais m’en prendre une encore une fois, je sens que le scénario des Amazones tortionnaires va se répéter avec ces loufoques maquillés. Putain, vaut mieux que je choisisse mes mots.

« Un problème avec ma trogne les primates ? »

Ce n’était pas encore les meilleurs. Je serre le poing et ferme ma gueule, ils vont me saucer les plumés.


YUHUHUHUHUHUUUUUU !


Voilà qu’ils sautent en l’air et les percussions reprennent avec fougue, les faces souriantes et les corps dansant. L’un d’eux marche vers moi et me tend un bol de bouffe fumante, la main amicale m’indiquant un coussin près des percussions.

« Mange ami, tu dois avoir faim comme l’oisillon qui tombe du nid une nuit de printemps glaciale »



Parbleu... Remarque, c’est pas faux.


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Le bras tendu, je reprends pour la douzième fois de la bouillie fumante forte en viande. Je crois bien que j’aurais bouffé de ce truc sur la tête d’un pouilleux et entre les cuisses d’une septuagénaire. Bon dieu que je crève de faim !

L’ambiance autour du grand feu est toujours aussi intense, les bougres dansent bien et avec une force plus digne que les catins de South Blue. La plupart de ceux qui mangent me regardent du coin de l’œil et me pointent du doigt, je dois être encore le centre de toutes les discutions, c’est derniers temps, c’est monnaie courante. Les ombres des guerriers dansent sur les toiles des habitations locales, certaines braises volent si hauts qu’elles se perdent dans la clarté lunaire. A une dizaine de pas de moi, je remarque un imposant bonhomme aux bras tatoués et à la force tranquille, un meneur, pas de doutes là-dessus.

Je suce mes doigts pleins de gras avant de me tapoter la bedaine en lâchant un rôt qui eu le mérite faire lâcher un sourire d’approbation aux mangeurs des environs. Tout en chopant une branche en bois pour me curer les chicots, j’observe en silence. Maintenant que je fais plus rien, ils vont bien venir me casser la tronche ou m’harceler de questions. Je suis un étranger qui débarque de nulle part, c’est légitime qu’ils viennent me mettre la pression, savoir mes intentions, un truc du genre. Quand t’es un nouveau sur un bâtiment pirate, t’es la cible des autres. Là, c’est clair mon bon Tournebroche qu’ils ne vont pas te lâcher, le grand chef là haut va se lever et me prendre pour cible pour me remettre à ma place. Patience Tournebroche.

Voilà qu’il se lève, belle bête le bonhomme. L’ambiance autour du feu se calme aussi sec, les percussions perdent en volume et les bruits de bouches se font moindres. C’est mon quart d’heure interrogatoire qui commence. Si je devais prêcher le vrai, je dirais que je viens mettre fin à un conflit qui n’est pas encore lancé, que je viens ici de la part de femmes qui ne bougent pas leurs miches eux-mêmes. Glorieux. Le chef fend les danseurs pour se positionner face à moi, si c’est un type comme ça que je dois me faire, il va mieux la jouer finaux vieille branche. Il me regarde de la guibolle au front, je lui renvoie le regard tout en me redressant sur ma jambe.

« Il est tard, nous allons nous coucher »

Interrogatoire merdique s’il en est.

« Vous ne voulez pas savoir qui je suis ? »

« Qui tu es ? Un homme. Il ne nous en faut pas plus, tu as ton histoire, nous avons la nôtre. A ta guise si tu veux nous en parler, mais demain. Là, il est tard et la lune sert à panser la fatigue. »

Sur ceux, il me tourne le dos après un bref salut de la main et il s’enfonce dans un impressionnant tipi. La centaine de mecs qui papillonnaient près du grand brasier font de même et en moins de temps qu’il n’en faut pour le voir, je me retrouve seul avec le vieux guérisseur de tout à l’heure, les yeux perdus dans la chaleur des braises.

« Tu ne vas pas dormir l’ancien ? »

« Je ne dors jamais »

« Il vous arrive souvent de recevoir des étrangers ici ? »

ZZZzzZZ

Voilà qu’il ronfle comme une souche, foutu vieillard. Je balance le bout de bois dans les braises ou d’immenses flammes dansent encore et je m’avance dans la faible lumière lunaire pour rejoindre ma couche. Palsambleu… Je pionce encore une fois et promis, j’arrête.

« T’as un rythme de nourrisson ces temps-ci vieille Cloque »

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« Ahahaha ! »


« Frappe-le ! »

« Les griffes ! Les griffes ! »

J’ai encore la trogne dans le pâté, les cris ont eu le mérite de me réveiller avant qu’on l’on me tue. Visiblement, ils s’apprêtent à me saigner dans mon sommeil. J’ouvre les yeux avec difficulté pour juger de la scène qui doit se passer sous ma cabane de peaux.

Quedal.

C’est vachement mal isolé leur truc, on entend les cris et les déplacements d’airs d’un combat qui semble se passer à l’extérieur. Le son de la foule qui encourage le combat me rappelle l’ambiance folle de la veille, ils sont fous ces indiens comme qui dirait. D’un revers de main, je m’extirpe de ma couverture et je claudique vers la sortie. Le soleil inonde ma poire, je plisse les yeux en tirant la gueule. Putain de rayons meurtriers, Calm Belt est une sorcière aigrie aux allures de princesse. Je sens une main qui se pose sur mon épaule, un homme d’une trentaine de piges aux cheveux longs, aux yeux rieurs et à la peau tannée par le soleil. Je ne tombe pas amoureux, mais il n’est pas le plus laid des enfants de Mars que j’ai pu croiser dans ma chienne de vie. Je ne suis pas le plus beau des modèles d’ailleurs. D’ailleurs à bien y regarder, c’est l même gars qui me passait la bouffe hier et qu’i m’avait invité à m’asseoir.

« Viens frère, c’est un spectacle à ne pas manquer tout comme les rayons qui baignent les vertes prairies de notre terre»

Parbleu ! Qu’est-ce qu’ils ont tous à être sympa dans cette région ? On se croirait sur un navire de marchants qui repart à vide après une vente mémorable. Mon vieux Tournebroche, il s’en est joué de peu pour que tu tombes entre les mains de ces indiens plutôt qu’entre ceux des Amazones la première fois. Il en aurait mieux valut ainsi d’ailleurs.

Tel un nain parmi les géants, je me faufile entre les corps foutrement bien galbés en suivant la peau rouge et je déboule aux abords d’un cercle d’indiens d’une dizaine de mètres de diamètres où se déroule en son sein le plus saugrenu des combats.

L’un d’eux faisait face à une monstruosité de force et de bestialité, un ours aux traits d’humain, une bête brune, aux griffes noires et aux épaules larges. Un foutu Zoan à n’en pas douter. Je ne suis pas bien calé avec ces engeances de fruits exotiques, mais je mise ma jambe saine que c’est un fruit du démon.

« Observe, la force de l'esprit de l’ours coule dans ses veines et inonde son esprit, c’est beau ! »

Dans le mille, un fruit d’ours, même si je suis pas bien sur qu’on dise comme ça. La bête envoyait ses coups de pattes vers un homme qui compte parmi les plus agiles que j’ai pu observer. Ses cheveux volent au vent à chaque roulade qu’il entreprend pour esquiver les attaques de l’hybride. Le combat était à sens unique, le sol n’était plus que terre et poussière, mais l’indien ne souffrait toujours pas d’une seule marque de blessures. Face à une telle force, cela tient du prodige. J’ai beau tiré la gueule en ce moment même, je suis sur le cul. Des types comme ça, j’en veux bien cent sur le pont d’un navire avant un abordage. Enfin, sur le pont d’un bateau qui m’appartient. Pas fou.

Soudain l’indien tente un coup de poing vers la trogne du bestiau, couillonné comme attitude, mais elle se révèle couronnée de succès. Ses phalanges claquent dans l’air quant elles touchent la mâchoire adverses. Un bruit d’admiration s’élève dans la foule, des perles en verres s’échangent dans la foulée entre chaque spectateur.

« Vous faites quoi ? »

Le peau rouge aux cheveux longs enfourna une poignée de perles dans sa tunique.

« On a parié sur le nombre de coups qu’il arriverait à décocher à Apa »

« Apa ? C’est ce monstre ? »

« Oui, Apa Loosa, notre chef »

Chef ? Ce monstre est le type d’hier soir ?

Tournebroche, tu es mort. Au diable les Amazones et leur plan foireux, au diable la vengeance sur Jangoto et au diable mes idées de pactisassions avec des femelles. Il faut être un fieffé imbécile proche de la sénilité pour accepter ce genre d’arrangement. Jamais je n’ai reculé face au danger, jamais un coup ne m’a fait peur, mais là, oui là…. C’est pure folie.

Pile au moment où je bave ces quelques pensées éclairs dans mon esprit, le chef se mue en un ours à l’apparence complète et fond sur sa cible en écrasant son torse contre le sol à l’aide de ses deux pattes avant. La gueule dégoulinante de baves et les chicots en avant, l’indien était à sa merci.

Une salve de rires puissants vient mettre fin à la tension qui flotte au centre du cercle. De nouveaux, des perles passent de mains en mains.

« Hia hia hia… Encore perdu ! J’avais parié sur deux coups de poings ! »

L’ours redevient humain, l’imposante carcasse du chef relève avec un large sourire le corps du guerrier battu. Après une étreinte fraternelle, je vois l regard d’Apa qui tombe sur moi. Bordel.

« Étranger à la jambe de bois, sais-tu te battre ? »

« Palsambleu ! J’ai eu l’occasion à maintes reprises de croiser le poing »

« Les Hommes se doivent de savoir se battre, c’est une fierté et un honneur que de mêler sa force à celle d’un autre ! »


YIIIIIIIIKAKAKAKAKA !

Les poings des guerriers s’élèvent de toutes parts et il m’invite à prendre place au milieu du cercle. Une coutume locale qu’ils partagent avec les Amazones, je déteste les histoires qui se répètent. Bien qu’il me semble ne pas risquer ma vie ici… En fait, c’est les histoires avec les femmes que je déteste.

« J’affronte qui ? Ta pomme ? »

« SI tu le souhaites ou n’importe lequel de mes guerriers ! Ce sera un honneur pour tous, homme à la patte de bois ! »

D’un rapide tour d’horizon, j’observe les molosses de ce peuple. Ils ont tous une bonne trogne à savoir mettre des beignes, tous ? Non, la belle gueule de tout à l’heure semble plus raffinée. Surement la vache maigre du troupeau. J’ai le nez creux pour jauger les combattants. Foi de moi !

« Lui »

« Jo ? Bon choix, c’est le meilleur de tous ! Force et honneur ! »

Et Merde.
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La sueur embaume cette arène improvisée, une puanteur typiquement masculine que j’ai pas piffré depuis un petit bout de temps. Le guerrier se place face à moi, le corps droit et les paumes plaquées contre ses hanches. Du coin de l’œil, je vois des billes de verres qui sortent des tuniques comme si les cours de la bille s’enflammaient sur les taux de la bourse indienne. Visiblement, je dois être à soixante contre un. Ils ne savent pas qui est Tournebroche, m’en vais leur montrer de quel bois je me chauffe. D’une impulsion puissante de ma patte de bois dans le sable, je pars comme une flèche vers le gusse.

SLIDE

Je glisse pied en avant pour le faucher, mais c’est rien d’autre qu’une nappe de poussière qui se fait balayer. Mon opposant, lui, à sauter bien au-dessus de ma guibolle et son genou menace de m’emplâtrer le poitrail. Je roule sur la droite quand son pied se tend et m’écrase l’arcade avec puissance.
Je suis là, le sang coulant à flot contre ma tempe. J’ai la caboche qui me renvoie des flashs noirs et je peux pratiquement ne pas bouger d’un pouce. Un coup comme ça, c’est un coup parfait pour envoyer un combattant dans les vapes. Comment a-t-il vu venir mon coup en glissade ? Comment savait-il que j’esquiverais de ce côté ? Putain, la crampe que je viens de me prendre.

Péniblement, je me relève en cachant mon œil gauche de la main, les billes changent de mains une nouvelle fois. Cette fois-ci, je le touche. Il est à trois pas de moi, j’avale la distance qui nous sépare en un saut et je me suspends un instant en l’air, les jambes écartés et j’envois mon coup.

Matrix Kick

La jambe de bois se voit aussitôt stoppée par la main adverse et il me soulève au-dessus de lui avant de m’aplatir face contre terre. Neuf fois sur dix, un combattant qui reçoit mon coup de panard pense que la jambe qui va donner le coup est celle qui dispose encore d’un pied. Lui, il n’a même pas hésité une seconde. Résultat, je mange encore de la poussière. Aussi sec, je me relève et je balaye de sol avec ma guibolle, il lève le pied pour esquiver et je vois son poing fendre les airs, d’un coup de menton arrière je m’écarte du coup. Profitant de l’élan, je décide de lui envoyer un coup de boule en pleine face rouge. Seulement, à l’instant où j’articule mon cou pour renvoyer la force vers l’avant, je vois la main qui guidait le poing précédent s’ouvrir. Elle gobe ma trogne comme une tartine compacte de la confiture et je me fais propulser une nouvelle fois au sol. Bordel.

« Palsambleu… Keuf… Tu anticipes mes coups »

« Pas toi ? »

« Qu’est-ce… EVIDEMMENT QUE NON ! »

Silence général.

« Mais t’es faible comme une truite sans eau »

Tournebroche, il est temps de causer avec ta dignité.

Le rire puissant d’Apa Loosa raisonne dans l’air et celui des guerriers se mêle au sien dans la lignée. D’une claque vigoureuse entre mes omoplates, alors que ma trogne bouffe encore des grains, il m’invite à le suivre.

« Pour un homme qui n’entend pas encore les esprits du combat, tu te débrouilles bien ! HAHAHA ! »

« Les esprits du… »

« Nous anticipons les choses, c’est un pouvoir, il viendra un jour aussi en toi homme à la jambe de bois. Ne pose pas trop de questions. »

Anticiper ? La belle chose ! Petit à petit, les raisons qui m’ont mené dans ces plaines touffues me semblent bien irréalisables. A quoi bon tenter quoi que ce soit contre des hommes qui me traitent avec amitié et qui font preuves de talents combatifs plus proches des cieux que du plancher des vaches. Surtout que rien de ce que j’ai pu voir dans le coin témoigne réellement de l’animosité qu’ils ont envers la race des Femelles d’Amazon Lily. Bon, il n’y a pas l’ombre d’une gonzesse dans les environs, mais n’empêche. Ils doivent se taper dans l’os ces bougres là.

« Nous allons parler toi et moi avec l’ancien Shaman, viens homme à la jambe de bois »

« Tournebroche »

« Oui, nous mangerons après»

Head shot Dignité.
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L’épaisse fumée qui embaumait le tipi du Shaman était plus odorante que les parfums des salons précieux de West Blue. Scab venait de rentrer dans l’impressionnante demeure d’une vingtaine de mètres carrés tout en emboitant le pas au géant Apa Loosa. Une silhouette de plumes se distinguait avec peine et le bruit de ronflement puissant témoignait bien de son propriétaire, le vieux s’était endormi avec une imposante pipe dans le bec. Tournebroche prit place à sa gauche tandis qu’Apa s’assit en face dans un silence solennel.

J’ai la plus grande des curiosités pour ce peuple. Ils sont moins bruyants qu’un équipage de gentilshommes de fortunes dans une taverne et pourtant ils débordent de bien plus d’énergies. Je persiste et je signe, si ces bonshommes apprenaient à tirer une grande voile, ils renverseraient les pires équipages des quatre mers. Mise à part ce vieux. Faut toujours un vieux.

« Il dort là hein ? »

« Il médite »

« Non, il dort sur la pipe »

« Il fume le calumet avec les esprits »

J’attrape le bout de la pipe et la retire de ses lèvres, un filet de bave rejoint directement l’engin et l’instrument en bois. Oui, l’engin, c’est l’ancien.

« hmm ? »

« Il dort peut être »

D’un coup de paume sur l’épaule de l’ancêtre, le grand chef l’extirpe du pays des esprits songeurs. Tout en déblayant sa bouche de la bave qui s’y était accumulée, il leva les mains vers moi, les paumes en l’air.

« Ô étranger ! Je t’invite à fumer le calumet de la sagesse avec nous et ainsi parler ! »

Silence.

« Elle est déjà dans mes mains la pipe l’ancien »

« Tu es rapide »

Il est allumé ce type. Il faut toujours des vieux allumés partout. Je porte le calumet à ma trogne et d’une taffe qui en impose, je tire dessus. Le tabac rougit aussi fort qu’une pine d’huître et après cinq secondes d’inspirations, je recrache le tout. Je ne suis pas un fumeur, pas un buveur non plus, mais j’aime à montrer que je ne suis pas un… Oula Parbleu…

« Il tape votre truc »

« Feuilles de Totem, puissant »

« Palsambleu »

Voilà que le monde tourne, c’est pas un tabac des Blues ça. C’est assez puissant pour assommer un bœuf et assez riche en saveur pour le cuisiner sur place. J’attrape la bretelle en cuir de mon veston pour ne pas tomber sur le dos. C’est complètement débile de faire ça, ca m’empêchera pas de tomber si je dois me casser la tronche, mais sur le coup ça ma paru une bonne idée. La vache, je digresse ça y’est. Tournebroche, t’es ivre de tabac.

Le grand chef vient de tirer sur le calumet à son tour, tout en lâchant une boule de fumée, il regarde l’ancien.

« Qu’en est-il de la volonté des esprits ? »

« Ils veulent que l’on attende encore… Hmmm… La venue de l’étranger à la jambe de bois est un bon signe pour nous, c’est pour bientôt»

Boarf, faut que je boive un truc moi. Une coupelle de flottes, hop, discrètement dans le bec pendant qu’ils causent.

« J’ai concocté une coupelle de spermes de bisons pour invoquer les esprits, je les interrogerai tout à l’heure »

Pour le coup, c’est tellement dégueulasse que je viens de retomber aussi sec de mon ivresse sensitive. La gorgée passe mal, je n’ai foutrement, non, aucunement, voilà, la certitude de ce qu’est un bison, mais j’ai tout intérêt d’oublier vite ce passage de ma vie.

-Sblouf-

Voilà, c’est oublié.

« … Alors nous t’écoutons »

Parbleu, ils m’ont parlé, j’ai rien suivi.

« Eh bien quoi ? Je n’entend rien avec toute cette fumée »

Silence.

« JE DISAIS, QUE SAIS-TU DES DÉMONS ?! »

Les démons ? Les femmes surement. On est sur la même longueur d’onde.

« Moi et mon équipage avons été happé par un équipage de femmes non-loin de Rusukana, elles m’ont laissé pour mort sur l’île où vous m’avez vraisemblablement extirpé »

L’œil plus gros qu’une pastèque, je le toise de côté. Des histoires aux mensonges, le pas est court.

« Hmmm… Je vois… Ces femmes sont les Amazones, elles vivent sur une île non-loin de la terre sacrée Rusukana »

Certes.

« Il y a peu, nous nous sommes aperçu qu’elles foulaient de leur pieds de femelles la terre de nos ancêtre depuis le versant Nord… Véhiculant mort et maladie sur leur passage »

« Typique des femmes ça »

« Nous sommes en guerre contre ces mauvais esprits et nous marcherons sur leurs doubles bosses ! »

Sur ceux, le géant s’enfila une nouvelle taffe qui consuma en une latte l’intégralité du calumet.

« Dîtes voir… »

Une idée germe dans ma trogne, je n’ai pas forcément besoin de ces femmes pour rejoindre les blues. Pas besoin d’elles pour étaler Jangoto. Juste d’une poignée d’hommes et d’une rasade de poudres. Mais bien sur…

« Si je marche sur cette île de catins avec vous… Vous me rendriez un service ? »

« Les hommes sont solidaires entre eux, parles »

« Je souhaite retrouver mon équipage rescapé en dehors de Belt »

« Que les esprits en soient témoin, nous ferons notre possible »

Bingo.

« Alors une fois que vos esprits seront prêt, nous marcherons sur ses salopes ! ZAGAHAHAHA ! En attendant, j'ai une de ces pâteuses moi...»

Revirement de situation. La Cloque change son fusil d'épaule.
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Une semaine plus tard, sur la grande plaine.


« La force de cette plante qui pousse malgré les affres de cette terre, c’est beau »

« Mais bouge de là ! »

SLIDE

D’une glissade ponctuée d’un plat de la plante du pied, je propulse Jo à une paire de mètres tout en protégeant ma trogne. Je sens les sabots de la bête me frôler le bout du pif, écrasé comme il est autant dire que ce n’est pas passé loin. Putain d’indien, il s’extasie sur une fleur en plein milieu d’une chasse. La carrure de ces bestiaux est impressionnante, je commence à capter pourquoi ces gusses à plumes sont plus puissants que les bons à rien des Blues. Putain, je suis des Blues. Jo m’a raconté qu’ils ne deviennent des hommes qu’en tuant leur premier bison, je connais une paire de bons à rien dont j’ai été contremaître qui seraient restés une paire de temps puceau.

« Homme au pied unique, où est ton cheval ? »

« Je l’ai laissé s’en aller, pas besoin de ça pour marcher Foutrebleu ! »

« Soit, mais t’es deux fois plus petit que ta proie maintenant »

« Zagahaha »

Saloperie de canasson, j’avais l’impression d’être un marin dans un dirigeable. Chacun sa place, les marins dans l’eau, les alpinistes sur les cailloux et les cavaliers sur les bourrins. D’un coup d’œil, je toise le grand Apa qui s’élance du haut d’un cheval monstrueux vers un cornu qui charge. Voilà qu’il se redresse sur sa monture et au moment où sont cheval change de direction pour esquiver le bison, Apa saute sur le dos de l’animal. D’un coup de cornes, la bête tente de se débarrasser du gros parasite qui occupe sa partie dorsale. Le couple est lancé à pleine bourre vers ma tronche, je sers le poing et d’un mouvement sec, j’enfonce ma guibolle dans la terre. Qu’ils y viennent.

Crac.

D’un geste certain, les bras du grand chef venaient de tordre le cou de l’animal qui glissa dans une nappe de poussières jusqu’à mon pied. J’ai droit à la dernière expiration putride du bestiau pile dans mon museau. Même couchée, il est plus grand que moi l’engin, foutue mère.

YIPIIIIIPIIII !

Plusieurs guerriers se rapprochent de la carcasse du monstre en saluant le courage d’Apa tandis que celui-ci remonte sur son cheval.

« A toi maintenant petit homme »

Comme pour ponctuer sa phrase, il pointe du regard un nuage de poussières qui se rapproche à une vitesse folle, la terre tremble et j’escalade la carcasse pour mieux voir ce qui se pointe à cent mètres de là.

« Palsambleu »

Pas loin d’une centaine de bestiaux similaires au premier, certains chevaux s’emballent si bien que leur cavalier préfèrent mettre pied à terre, les fusils et les sabres scintillent sous les rayons du soleil. Bordel, j’ai l’air d’un gosse qui se retrouve dans une taverne après s’être trompé de maison. Tournebroche, tu deviens une vraie femelle qui se met à geindre dès que les soucis pointent ! Mauvaise habitude que tu vas me faire le plaisir d’oublier !

« Qu’ils viennent les cocus poilus »

Une nouvelle fois, je plante ma guibolle. Elle s’enfonce dans le crâne du bison qui me sert de marchepied, d’un geste certain je resserre le nœud de mon bandana bleu et je crache une glaire à un bon mètre devant moi. La Cloque passe aux choses sérieuses. Dire que ces face de peaux rouges anticipent tout et qu’ils ne sont pas foutus d’anticiper une charge de bisons. J’interpelle Jo qui contemple toujours sa plante.

« Vous saviez qu’ils débouleraient ? »

« Non, mais maintenant je sais que tu vas te briser un orteil »

« Qu’est-ce que… »

SBOWAAM

Le crâne d’une des bêtes me percute en plein dans le bide, avant même que je ne puisse souffler, je sens un second crâne qui me fauche sur le flanc gauche. Je m’envole de biais à une dizaine de mètres, la tête la première vers une caillasse imposante. Pas le choix si je veux éviter un sacré traumatisme, j’élance mon cou de bœuf vers l’arrière pour tourner dans les airs et je tends mon pied en avant pour amortir l’impact.

Crac.

Il m’en manquait déjà six, voilà que j’en avais un septième qui faisait la tronche.

« La vache »

« Non, bison »

Humour de peaux rouges.

Celui qui m’avait emplâtré le flanc fonçait une nouvelle fois vers moi, je prends appui sur le rocher et me propulse vers lui, guibolle la première, le bois de ma patte s’enfonce dans son museau et lui arrache une narine. J’atterris dans son dos, l’enflure me lance une ruade qui j’esquive en reculant mon crâne. D’un coup de jambe, je viens lui faucher les deux pattes avant tandis que ceux à l'arrière étaient encore en l’air. La bête mangea la poussière et je sentis mon corps se soulevait du sol. Les cornes d’un nouveau bison venait de se prendre dans mon calecif et je faisais office de bélier au milieu des indiens.

« Place ! Place ! Estropié en mouvement ! »

Les hommes sautaient à tribord et bâbord et certains délaissaient même leurs chevaux pour préférer l’esquive pédestre. Me voilà avec les miches posées sur la trogne d’un bovin de cinq cents kilos qui avale les mètres aussi vite qu’une lame de fond. D’une main je cherche à me défaire de cette salope d’affaire et de l’autre je le torgnole dans les chicots.

Vlam

Il change de direction et vire à tribord dès que mon poing frappe son oreille gauche, par acquis de conscience, je frappe à droite, il vire à bâbord. Un gouvernail Parbleu !

« Zagahahaha »

Après une trentaine de coups et quelques jeux de la jambe, je venais d’étaler une dizaine de ses compères. Ma monture commençait à plus ou moins faire la sourde oreille, la bave aux babines et le sang à la poire. Soudain, le bison à la narine arrachée se posa face à moi et mon bison. Une sorte d’ultime confrontation, l’ensemble du troupeau s’était résilié à former un cercle autour. Autant dire que si la confrontation tournait à mon avantage, la charge vengeresse allait assurément m’écrabouiller moi et ma future défunte monture. Soit !

« Tu vas bouffer de ma patte mon gros ! YAH ! »

D’un coup de poing vigoureux, je frappe le centre du crâne de mon destrier qui, au lieu de charger, s’écroule raide mort. Bordel.

En face, ça charge. Bordel.

Et me voilà, comme un nouveau né encore relié à son cordon ombilical et faisant face à un prédateur dégueulé des enfers. Bordel.

D’un coup de rein, je me retourne face au cadavre, le tissu de mon futal me retourne les couilles, j’attrape le défunt bestiau par les cornes et je sens les veines de mon cou prêtent à exploser. Foi de Tournebroche, il ne sera pas dit que je crèverais de la corne d’une vache.

Bison.

Ta gueule.

GNIAAAAAAAA

La dépouille se soulève du sol et je me propulse en arrière, elle me passe au-dessus de la tronche et vient s’écraser sur le bison défiguré en bout de course. Tournebroche 1. Bisons… Bientôt 60…
L’aplatissage dans les règles avait soulevé un putain de rideau de granules de terre, mais nuls doutes que j’allais déguster quand les bovins découvriront le clou du spectacle. Allongé sur le dos et le tissu de mon froc arraché, j’attends le séisme de sabots qui se fait attendre. Mais c’est la main d’Apa qui me relève du sol.

« Beau combat, Tu es un homme maintenant ! YIIIIIIIIIIII »

YIIIIIIIIIIIIIIIII

Une salve de cris s’élève et je découvre à mesure que la poussière retombe que la soixantaine de bisons qui formaient le cercle n’étaient plus que des dépouilles.

« Ça en fait de la barbaque Zagahaha… »

« Et nous en aurons besoin pour être fort ! »

C’était trop beau, le vieux qui débarque. Il venait de faire taire l’ensemble des guerriers. Il tenait dans le creux de ses mains deux boules ensanglantées qu’il triturait de gauche à droite.

« LES ESPRITS ONT PARLÉ ! DEMAIN ! NOUS PARTONS AU-DELA DE RUSUKANA POUR MARCHER SUR LE PEUPLE DES FEMMES ! »

YIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII

Aussi sec, il balance les deux boules de sang et s’en retourne vers le campement suivit par les cavaliers transfigurés par l’imminence du combat. Tu parles d’une apparition, il a le chic pour apparaitre quand on ne l’attend pas ce sénile là. Enfin bon… La bataille approche mon vieux Tournebroche, les mutineries ne me réussissent pas, mais je place tout dans celle-là. Un pacte passé avec des femmes ne vaut rien. Un pacte passé avec des hommes ne vaut peut être pas plus. Une semaine que j’observe cette tribu, une semaine que je comprends une chose : porter un coup à Apa, ne serait-ce qu’un seul, signerait la fin de Tournebroche.

Tout en rêvassant, je saisis les deux boules ensanglantées et les observe.

« Dis moi Jo, il les voit où ses esprits l’ancien ? »

« Il ne voit pas, il ressent. »

« Dans des boules de sang ? »

« Non, dans les testicules de bisons »

Bordel.
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