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Déterrer la H.



La cité change de visage. Il est l’heure. J’enfonce mon bonnet de docker sur l’crâne, enfile ma veste et file dans la nuit. La ville est endormie, plus un bruit ne la secoue, on dirait qu’une couche de feutre s’est déposé sur les pavés, les murs, la vie. Téquila Wolf. J’hume ton air dégeulasse et tes formes crasseuse. J’observe tes allures catines, tes monts criminel et ton fond de crévoir. A chaque port son vice et son lot de violence. Le sel des pères des aïeules de ton putain de père y est pour rien, l’homme est féroce de nature.
On s’leurre pas, la guerre et l’embrouille c’est dans le sang qu’on la charrie, et c’est dans le sang qu’on la règle. Ici comme pas ailleurs : On vient y faire mourir des gens à petit feu.
J’préfèrerai encore qu’on m’ descende plutôt que d’crever de vieillesse à construire un putain de pont. Si j’te parle de ça, c’que mon contact aujourd’hui, c’est Gregas le ferrailleur, un vieux Bagneux bien au fait. Faut dire que diriger toutes les p’tites souris, touts les voleurs et touts les orphelins du coins, ça lui donnait un certain avantage sur ces concurrents. C’lui qu’on vient voir pour connaître l’passif de tel ou tel lieutenant ; Pour savoir qui t’as piqué ton marteau ? Un coup de bigo’ à Gregas, et tout s’éclair. Enfin c’que m’a dit un mec vachement plus au fait que moi, donc j’le crois. Pas de raison de me méfier, au pire en tapant dans la fourmilière j’retrouverai sans doute mon chemin vers la reine.
le bagne, c’est la galère. Non, sans rire. De hauts murs cernent des maisons toutes pareilles. Des boites ? Plutôt des cellules ; La cage à beau être spacieuse, les barreaux aux fenêtres, les sentinelles et les barbelés rayent touts doutes de l’équation. On y entre, on y sort plus. Et pourtant c’la que se cache mon contact. Il a bien réussit son coup. J’souris en voyant un gamin aux blanches pattes crapahuter vers moi. Lui il a ses entrées et ses sorties sans difficultés du bagne. Une chance pour lui d’bosser avec Gregas. Si on peut parler de chance dans cet enfer.
Le p’tit brun soutient la même allure sans problème. Ses yeux bleus sont pleins d’intelligence. Une intelligence qui le laisse coi. C’est bien, tu as rapidement compris les règles de notre jeu. J’te donnerais ni nom, ni informations, ni même un mot. Tu sais que je suis ici pour un truc précis qui n’concerne que l’mec qui te permet de te vêtir, de te nourrir et d’survivre.
Et la colère qui me gronde crispe mes traits, inclinant à m’laisser ruminer mon pétrole. Toutes ses maisons sont des prisons. Une petite étincelle. Des visages d’enfants qui m’devisagent, à moitiés masqués par la pénomre des vieux lampadaire. La ville est silence. Tout est recouvert, entièrement masqué par la neige. Mais pas la misère du bagne. Elle est là, bien visible.
Et personne ne fait rien, personne ne voit rien, personne. Il me faut une bonne dose de volonté pour me contrôler. Mon sang est de glace, et touts mes muscles se crispent. C’est comme une infection. Elle rampe là, dans votre corps, grossit puis explose. J’suis au bords de la rupture quand l’ptit garçon me montre une vieille porte cochère à moitié dans la terre.

- On est arrivé, c’est ici. Descendez les marches et frappez trois puis deux puis trois coups.
- Merci bonhomme.

J’lui pose un gros billet dans la paluche et ses yeux s’égosillent. Il a des étoiles qui pétillent et la bouche qui se décroche. Doit pas voir ça touts les jours. Et franchement, par une journée aussi merdique, rien ne vaut le sourire d’un gosse devant la monnaie. J’peux pas plus pour lui aujourd’hui, mais j’ai hâte de le voir faire face au prix de la liberté.

***



- Eh mec, tu croiras jamais ce qui m’est arrivé hier soir !  
- C’est sûr que si tu commence comme ça …
- Faux frère ! J’savais que t’étais juste interessé par mes réduction à la cantine ! Escroc ! Moi qui te prenais pour mon pote quoi.
- J’le suis j’le suis … Mais tu commences toujours tes histoires d’la même manière, un peu d'originalité que diable !
- Ouai mais c'est le genre d'histoire qu'à pas besoin de ça, c'est un faits d'hivers tu vois  …
- Bah raconte et paye un verre, vrais que ça caille.
- Hmprfgh... Et si tu m'avais couper l'envie tiens ?
- Bah j’aurais perdu cinq minutes de pause syndicale. Et tu sais à quel point j’ai horreur de ça …
- Non mais … Attends ! Attends Marcosh’tap sh’tap sh’tap Pose toi là, j’vais tout te raconter : Tu te souviens d'la vieille baraque abandonnée sur Mainstreet ?
- Oh… tu titille ma curiosité … *

La mienne aussi, tiens. J’tends l’oreille à la rumeur. Sur la p’tit place, la terrasse est à l’ombre de plusieurs bâtiments imposants. Le soleil m’tape pourtant dans l’œil et j’ai du mal à distinguer les deux types. Des fonctionnaires ou des banquiers, l’genre à se faire une vie sur celle des autres. J’ai faillis me retourner d’un bloc quand j’ai entendu l’adresse, mais j’feins de suite l’indifférence total pour contempler la vasque de la place. Un truc basique, en argile, à peine plus grosse que ma cruche journalière. Classique, on sent tout de même une force partriculière, une sorte de vieillesse séculaire te renvoyant sur les bancs de l’école, ou dans tes langes. L’impression que le monde est beaucoup plus grand et trop vieux pour toi.  
Pendant ce temps là, mon bonhomme me raconte une drôle  d’histoire … Des porte-flingue en costard dans l’obscurité ; Il se presse … Il voit des camions décharger de longues caisses en silence… Un éclair zèbre la nuit…

BANG.

Le silence succède à la fureur du coup de feu. La place est remplie de témoins, pourtant le tireur n’a pas eu peur de crier : Pour la Taupe, toquard ! Avant que le plomb ne crache son intention meurtrière. Un. Mes instincts reprennent le dessus, l’adrénaline me porte. Ma vue est brouillée, la place noire de touristes et de marchands dont la panique monte à la bouche. Deux. Tous se touchent pour savoir s’ils ne sont pas blessés quelque part, bien malgré eux, ce réflexe est conditionné depuis que la poudre à été inventée. Tous sauf deux personnes : Une petite fille plus intéressée par sa glace que par les armes à feu et un homme à la face patibulaire, entièrement rasé. Pas de sourcils, ni de chaume et encore moins de cheveux. Trois.
La terreur dévaste la place à la vasque. Les corps se heurtent et se pressent à terre ou encore vers les rues adjacentes. Tous essayent de fuir, sauf mon client. Pendant que le cahos s’installe, j’bondis, profitant de la confusion. Il est là, à dix mètres de moi. Trois pas, et j’réduis la distance de moitié, me ramassant un maximum : Je charge ce fil de pute ; L’assassin se retourne vers moi, un truc froid touche mon pied et la fille m’insulte de touts les noms. Drôles de Jurons pour une gamine. J’fais pas attention à la brunette. Ni au cris du tireur. J’dois m’en débarrasser vite fait ; S’il est aussi mauvais – va pas m’dire qu’un pro de la gâchette rate sa cible à dix mètres-  c’est que d’autres tireurs embusqués se cachent quelques part. Mon poing armé transperce sa garde qu’il avait voulue optimale ; Il ne suffit pas de savoir ou va frapper ton persécuteur, mais plutôt comment éviter de se la prendre. Brra-ko.
J’rejoins en courant mon indic’ bien malgré lui. Son pote l’a quitté, trop apeuré pour s’occuper d’un collègue de bureau. Il a du sang sur lui, mais c’est pas le sien. Ses cheveux bruns sont en désordes, sa paire de lunettes glisse de son nez rond et il se tords d’un grimace mi-figue mi-raisin. Inconsciemment son corps rase les murs.
J’attrape son bras et le regarde dans le fond des yeux.

- Cours et suis moi si tu veux vivre.

J’lui laisse pas le temps de réfléchir qu’on s’élance déjà dans un dédale de rue, une balle frôlant nos têtes et des bandits aux talons. La seule solution pour contrer le numéraire c’est de donner dans la bonne cage.



Dernière édition par Judas le Sam 17 Jan 2015 - 10:05, édité 1 fois
    Y'a comme une douce sensation de retour au bercail, en foulant la fange de Tequila Wolf. Retrouver cette ceinture de ghetto en périphérie, ces ruelles étroites, sombres, sinueuses. La population trimballe inlassablement la mine renfrognée qui sied aux gens que la vie a éduqué à la dure. Ici, tout est terne, nauséabond, ça fleure bon le malaise et les délits. J'aime bien. Rien n'a vraiment changé depuis la dernière fois. C'était y'a trois ans. Quand il a fallu réduire au silence Pescito, à néant l'organisation de son boss le volubile Al' Capuccino. Réminiscences d'une belle épopée. Y'avait un autre gars, de la partie, un bon furieux comme on en fait rarement. Un qui exsude la violence, qui sait réveiller votre nature bestiale. J'sais plus bien son nom. ... Judas, je crois. Ouais, c'est ça. On avait nettoyé la place à nous deux, férocement, sans concession. C'était bien. Sur le moment. Après, ça s'est dégradé.

    La Cour, totalement partiale, les jurés à la solde de ce petit rat de Pescito qui s'en est tiré libre comme l'air, et l'interdiction d'approcher que je me suis reçu en pleine gueule. J'ai plus le droit de croiser la route de ce type; si on me surprend dans le même comté que lui, j'peux tout bonnement finir au trou. J'ai pas apprécié, j'ai fait oui-oui de la tête devant les mecs en robe – en robe, putin, elle veut avoir l'air crédible fringuée comme ça la Justice ? - et lancé un regard sanguinolent au mafioso. Manière de lui rappeler que j'allais quand même gardé mon œil sur lui. Je laisse pas un bête bout de papier m'éconduire. Pas mon genre, non.

    Et puis, maintenant, après la pension du brave Docteur Hochman, la taule revêtirait des allures presque aguichantes. Seulement, si on me coince désormais, ce sera pas pour avoir bêtement enfreint une décision de la cour. Je traine quelques cadavres dans mon placard. Des gars qui le méritaient, mon psycho-doc en tête de file, mais la Justice, elle admet pas ça. Plutôt mourir en brave mouton que de se venger. De nos jours, il faut être une gentille victime et croiser les doigts en espérant un délibéré favorable plutôt que de corriger les torts soi-même. C'est complètement con, je cautionne pas. ... j'comprends pas comment font les gens. Ce système entier est inadapté, rongé de turpitudes. La marine, partout, est corrompue. Elle est malveillante. Quand on tombe sur les rares gars en uniforme intègres qui existent, il ne sont pas à la hauteur. Ils sont incapables. Malveillante et incapable, et pourtant, on continue de la considérer comme le symbole de la Justice dans ce monde. Comment expliquer ça ? Non, ça ne va pas. Il faut intervenir. Les gens prêts à défendre contre vents et marées le Bien remplacent les valeurs impuissantes à l'aura depuis longtemps fanée. C'est mon rôle, et la raison de ma venue ici. J'traine pas dans ce patelin merdique pour les décors de carte postale. J'ai plus de fil à la patte, l'occasion de passer la corde au cou de Pescito pour juguler définitivement ses business foireux est belle. Tout en bad spirit. Impondérable coercitif. Désagréable et incisif. Y'a que comme ça qu'on obtient des résultats.

    Jm'emmerde pas de manière pour lancer mes investigations. Si j'ai confié Lina à Ossoï et me suis assuré qu'ils m'attendent sagement en haute-ville, c'est bien pour faire mon job tranquille. J'attrape le premier couillon que je croise, je le secoue comme un prunier et récolte les fruits bien mûrs. Ceux qui le sont presque trop, ceux dont on peut extraire le plus de jus. Je veux de l'info, et je vais l'avoir. Pescito est dans le coin, je le sais de source sûre, et il s'est certainement pas reconverti en enfant de chœur. J'arpente les tavernes mal-famées, jauge la racaille qui s'y complait et avise ceux qui ont une gueule à en savoir un peu plus. Je cogne gentiment, pour la forme. Quand j'obtiens rien, je recommence, plus fort. Et alors, ça tombe comme des grêlons. De colériques giboulées. Y'a plus qu'à compiler les infos. Ouais, Pescito est ici. Premier bon point. Il se lance dans un nouveau business.


    Quel genre de business ?

    Du genre, substances illicites, apparemment. Du bon travail sous le couvert, qui dessert ici et ailleurs, tellement c'est florissant. J'aime, j'en veux plus.

    Et on peut trouver ça où ?

    Ça chiale qu'il y a une rumeur, qu'il y aurait un hangar. Mais que son adresse n'est sue que des collaborateurs. On me promet que c'est vrai.

    Un nom. Je veux un nom.
    Le ... le détrousseur ! Au Carrefour de l'Etang. Un bar pas loin !


    Et ça continue. J'ai une piste, je la remonte. Le type que je recherche ne joue pas la carte de la discrétion. L'heure est trop tardive pour ça. Il est dans son cercle à lui. Peinard. Quand il m'aperçoit, il est méfiant. Quand il me voit commencer à avoiner son petit public sans un mot, il comprend. Y'a plus que lui debout, une marée humaine assommée dans un boui-boui miteux et dévasté. Tant mieux, il faut tout démolir pour avoir une chance de rebâtir par dessus. Là, j'en suis à la première phase du processus. Il m'envoie une espèce de baffe. Qui révèle son inexpérience, inadapté aux échauffourées.

    C'était quoi, ça ?

    Krok.

    Tu as deux options. Me donner ce que je veux, ou mourir. Laisse moi te dire comment ne pas mourir.


    Je veux du scoop, il m'en donne. Intarissable. Des flots de parole, entrecoupés de hoquets de frayeur et de supplications. J'ai mon adresse, j'ai même plus. Un plan du bâtiment. Les étages, le sous-sol. Et des noms. Je prends. Plus il parle, plus j'ai une étrange impression. J'mets le nez dans une affaire taille magnum. Et y suffit de humer tout autour de soi pour s'en rendre compte : y s'trame dans l'air de la zone une très sale embrouille. Ça pue et c'est pas à cause des ordures qui trainent par terre. Plus la marque d'un réseau qui s'incruste beaucoup trop dans le décor. Exactement ce qu'il me faut. Quelque chose de bien grand, pour fêter mon retour au bercail. Un gâteau d'anniversaire grassement onctueux, bien lourd, à faire se taper une indigestion à ceux qui veulent croquer dans la galette. Des bougies rougeoyantes, dansantes, joueuses et fourbes. Les papillons s'enivrent de leur lumière hypnotique, faussement charmante, pour mieux se cramer ensuite. C'est sucré et d'autant plus dangereux. Parfait. Moi, j'vais venir battre la pâte, fouetter la crème, monter la température du four. La crasse va fondre, se liquéfier. Disparaitre.

    Je débarque.
      Le concierge du coin doit être délétère, y'a un sacrée bordel à chaque coins d'rue dans le tiequar. Y'a comme une odeur de souffre, un parfum de souffrance et un soupçon de désespoir. Sa flatte ma narine comme le terreau fertile de toute la pourriture de cette île. J'vois germer de partout des mauvaises graines, et plus j'm'enfonce vers les racines du mal, plus la vue me dégoute. Plus la gerbe me prend. On m'acceuille en petit comité, quelques gardes entourant ma personne – quoi que vu la taille, c'est plutot ma personne qui les entours comme qui dirait. On pointe sur moi un vieux revolver, qui un manche bardé de piques, qui d'une épée delestée de tout coupant sur le revers. J'crois pas que ni l'usure, ni la vétusté n'est un effet de style dans notre affaire, et quand j'présente mes paumes à la question rituel, sa commence à jazzer. Tsss. Débutants, foutus débutants.

      J'ai pas d'armes.

      Cherche pas.

      Arrête.

      BLAM.

      Ma main frappe du plat sur son crâne et la secousse lève un vent de discorde dans son crâne. Il tombe à terre, direction le monde des fraises pour quelques doux moments. J'regarde et défie mes interlocuteurs. Lentement, je porte mes doigts à ma bouche et siffle. Ils baissent un peu l'artillerie. Bon signe, j'engage le premier les négociations.


      - Bon, j'suis venu les mains vides. On y va ?

      Simple et directe. L'entente ne pourrait être plus facile. Pourtant, j'ai la sensations que cela ne sera pas partie gagnée d'avance, avec ses deux là. Probable que ce fut un miracle qu'ils se rappellent par quels bouts prendre leurs armes. Ils me fixèrent avec un regain de peur, et une once de méfiance. Un mélange qui pouvait faire mouche, surtout dans les mains de deux consanguins du blocus anonyme ; Je devais rapidement prendre une décision, si je ne voulais pas que Joe premier ne mettent feu au poudres, et ceux au sens littéral. Je vois sa main trembler et son œil semble prêt à tourner et lui avec, tant sa carcasse est fragile. Il a la peau sur les os.
      Je décide d'emprunter sa technique à un vieux camarade des galères. On a galérer dans la poussière, le feu et le sang. Il m'a sauvé comme ça, et c'est la seule manière que j'vois de regler sa sans me perdre dans le labyrinthe du sanglier. J'ai besoin de ses guides, et pour la premiere fois je fais preuve de tact dans une situation pareille.

      J'aime pas les faibles. Surtout quand ils jouent aux forts, alors que l'immensité du monde leur est inconnue. J'ai conscience de mes faiblesses, et c'est ce qui fait de moi un puissant guerrier. Le courage, ce n'est pas s'aveugler sois même en boniment. Ce n'est pas se taper le ventre et le présenter à l'ennemi en chargeant. Le courage, c'est être capable de tout pour vaincre. C'est faire des erreurs sans jamais reculer, malgré la douleur que cela t'inflige. Il y'a un monde entre un fou et un sage, encore moins entre le courage et l'inconscience.

      Je frappe de toute mes forces dans leur bric à brac de pacotille, et les deux zigotos clignent des yeux. Trop tard pour l'ascendant numérique, connard. Depuis le début c'est moi qui ai la meilleure arme ici. Je leur souris néanmoins en tirant des billets de mes manches plutôt que des gnons. De la patience, du tact et surtout beaucoup d'argent. Voilà le secret.

      - Aujourd'hui c'est votre jour de chance, amènez moi à vot' patron, on doit discuter affaire.

      ***

      On se tire dans les ruelles qui s'étirent dans tout téquila. Un réseau étroit et sinueux, que j'ai d'ja eu la chance de connaître par le passé. En m'répèrant au nez et à la barbe des tueurs à nos trousses, je dégoterais peut être un chemin jusqu'à la planque.
      Elle n'est pas très loin, bien cachée dans une impasse, une maisonnette haute et pas très large, à l'aspect des rues du quartiers sud ou nous nous trouvions. J'm'élance avec le poids presque mort de mon témoins à quatre yeux au bout du bras. Il doit avoir environ mon âge, mais nos aspects tranchent tellement -surtout dans cette situation- que j'ai l'impression d'proteger un gosse. Ses cheveux noir et rêches, dégarnis sur le coté, son nez crochus et ses lèvres charnus lui donnait l'air d'un corbeau. Il tremblait et sangloter en répétant des insanités à voix basses. Ses jambes tremblaient et ses orifices ne tarderaient bientôt plus à s'vider comme une baignoire trop pleine. Remarque que je parle au passé parce qu'a mon avis il va pas tarder à manger des salades par la racine.

      A coté de ça, vous avez un Judas en pleine forme, vif et agile, fort et majestueux. Bibi quoi. Sa fait chic et choc, comme quoi on mélange pas les briques et braques. Je lui donne de l'élan, ou plutôt j'le tire tellement fort qu'il est obligé de suivre la cadence. Plutot la fuite que d'me le traumatiser avec du sang, des tripes et des chicots. On tourne à droite, à gauche, on passe sous une arche. J'enfonce la porte d'un cabaret désaffecté. Un long couloir à carreau traverse la ruelle en longueur, jusqu'à une porte de secours. J'referme précautionneusement derrière moi. On sort par la pointe des pieds de l'autre coté, écrasant des seringues et des vieilles feuilles mortes. Quoi que dans l'obscurité je jurerais pas que c'était pas aut'chose.
      Peu importe, l'air frais fais un bien fou à mon invité, qui avait plongé dans une sorte d'apnée à l'entrée du bâtiment. Vrais que ça avait pas la gueule d'un palace, ni l'odeur de Mr propre. J'avoine un cadenas avec mon poing, et nous passons dans un petit jardin, faisant l'angle de deux maisons et de la rue principale du quartier. Une grosse artères frétillantes d'odeurs et d'sons plus mystérieux les uns que les autres. J'tends l'oreille à ce que j'crois être des coups de feu. A moins que ce ne soit les voix se bousculant, leur donnant l'air menaçantes d'un projecteur qui vous cherche dans la foule.

      N'importe, j'entre dans la batisse de droite. C'est une brasserie, on y fait de la bière. J'attrape un godet et ouvre une porte creusé dans le béton brute. Y'a de la paille partout par terre, sa craque sous les pieds et sa colle au basques. Si on nous suit, on sera facile à suivre. Qu'importe, je les attends. Judas ne craint que les escaliers. Et encore, par mauvais temps et de nuit c'est pour dire !
      Justement on descends en dessous du niveau de la terre, pour se retrouver dans des égout. J'insère la clé dans la porte en métal, et on traverse la rue par le dessous. Tranquile Emile. Tu t'appelle bien Emile non ?

      En tout cas t'as la gueule de l'emploi, sa fait chaud au cœur de voir que des gars comme toi existe encore. Parole.

      On arrive enfin à la planque, et mon bonhomme d'ja bien plat est tout dégonflé. Il souffle comme une forge, sue comme une vache, sa peau blafarde contrastant avec son costume qui le retrecit. Je pousse une lourde porte en pin. Du solide sans luette, parce que j'ouvrirais à personne. J'attends pas de visiteur, et mon ami ici présent à des choses à me raconter.

      Avec touts les détails.

      - Alors, on commence par quoi ?

      J'attrape une chaise et la retourne en l'invitant à prendre le fauteuil. Sur la table, une bouteille ambré flirte avec quelques verres. J'l'invite à se servir et ouvre mes écoutilles. Je sais qu'il nous reste moins d'une heure pour cette plongée dans les histoires du bureaucrate, après celui qui sera à la porte ne nous jouera pas du toc toc qui est là mais un air de requiem.
        ici

        Toc.Toc.Toc.

        Trois coups secs qui annoncent la fin de notre aparté. Mon ami des administrations se liquéfie sur sa chaise, tellement la sueur et d'autre substance dégueulent de sa peau. Mon sang froid n'y changera rien, il a la peur de sa vie et c'est tant mieux. Quand on a pas la paire qu'il faut, on garde ses yeux dans ses poches et on évite de ses mêler des affaires qui se passent après minuit. Après, sa témérité m'arrange bien au final, c'est grâce à lui que j'ai un créneau, des idées et pas mal de crédit surprise pour tomber sur la tronche des méchants. Merci quatre-yeux, t'es ma carte d'accès, la plus importante du jeu même si t'en as ni l'air, ni la couleur. J'inspire un grand coup en repoussant la chaise contre la table en bois. J'lui fais signe de sa cacher dans un coin de la pièce, comme par exemple derrière le poêle à bois ouai, bien vu. La chaumière est agréable, j'y passerai bien quelques heures de plus tranquille.
        Mais dehors, y'a des gens qui veulent nous déclarer la guerre. Et j'ai jamais dis non à quelques passes pour m'échauffer l'appétit. Je tourne la poignée sans regarder par le Judas, et une balle sort d'un canon anonyme pour toutes présentations. Pas de fioriture, pas de parlotte, c'est le boulot d'un professionnel. Le sang s'écoule de ma poitrine, ma vision se trouble. Je préfère sombrer dans l'inconscience. Je n’intéresse pas l'homme en noir, lunette comprise. Je n’intéresse personne pour l'instant, pour ma plus grande joie ; Parfois, la survie tiens à peu de chose. J'entends des bruits de pas près de mon oreille, et deux autres balles faire feu. L'inconnu repart comme il est arrivé et referme la porte derrière lui. Comme si rien ne s'était passé, sans remords, sans bruit. Rien plus que le silence, tandis que je sens une douleur sourde cogner à ma poitrine.

        Encore en vie.

        Jusqu'ici, tout va bien. Je suis tombé sur le ventre, empêchant aux saignements d'avoir raison de moi. Mon métabolisme hors du commun fais le reste, et je sens le métal doucement se faire rejeter jusqu'à l'entrée de la blessure, comme une valse mille fois répétée. Les tissus se reforment, les chaires se ressoudent, et mes os se solidifient. Voilà toute la beauté d'un corps humain, capable de prouesse incroyable, si l'on croit suffisamment fort en son potentiel. Bien huilé, j'ai conscience que la machine qui me sert de corps est à son âge d'or, et que je risque bientôt de connaître le déclin. Mes limites se font de plus en plus proche tandis que j'essaye de les atteindre bien malgré moi. C'est ma malédiction, le penchant négatif de ma force ... Toujours recherché la violence et les ennuis pour savoir jusqu'ou je peux aller.

        Pour l'instant, je ne me suis jamais fais défaut.

        J'espère que cela ne va pas changer, alors que j'ouvre un œil pour la première fois depuis ma mort. Une nouvelle renaissance, une nouvelle vie pour briser ceux qui profitent des autres. Cette sombre histoire me rappelle celle que l'on a eut quelques années plus tôt avec Trinita. Même logique, même ville et même scène de crime. Maintenant, c'est un squat, mais ça ne change que le fond du problème. Je regarde le plafond, imaginant un ciel étoilé et noir comme ... Noir comme la nuit enfaite. Peu importe ou t'es mon pote, je te dédicace cette victoire. Parce que j'imagine pas la défaite, ce serait partir avec des points noirs au tableau. Je regarde dans le coin en me redressant avec difficulté. Ma blessure fait encore un mal de chien, et je la vois grignoter petit à petit mes forces vitales. Un peu comme un petit virus capable d'atteindre le plus grand des mammifères, et en faire un petit toutou. En plus, vu comme c'est malsain dans l'air de cette ville immonde, je risque de choper des trucs pires encore.
        Marcus est déjà un cadavre froid quand je quitte la petite maison, sans un regard en arrière. J'ai à faire, et déjà, retrouver un guss du nom de Tomroy. C'était le seul nom qu'avait entendu le témoin, et y'a qu'une personne en ville qui peut me le retrouver. Seulement faire affaire avec lui une deuxième fois c'est une autre perd de manche. Surtout vu comment ça à tourner la dernière fois. Drôle de manière de se faire payer, quand même.

        ***

        Homme le plus important du coin ou pas, Gregas est en tout cas le plus gras parmis la plèbe qui compose sa cours. C'est un gros jambonneau sur patte, avec une chemise un poil trop petite et des plis pas franchement naturels un peu de partout. Dégoulinant comme un camembert trop fait sur chaise, on sentait le mec qui avait pas eu besoin de lever le petit doigt depuis quelques temps déjà. Vu les normes alimentaires du patelin j'ai du mal à comprendre comment il a pu terminer comme ça. Plus tard j'apprendrai que y'en a certains ici qui le sont par choix, et que le genre de Gregas pouvait aller et venir sans encombre. Pas sûr qu'il aille beaucoup plus loins que son fauteuil usé et grinçant. Il rigole en me voyant venir et e voyant la tête de ses gardes aussi.

        - Bwéahahah ... On m'en avait dit sur toi, mais j'dois t'dire que t'as l'air plus jouasse en vrais ! Bwéahahahaha ! Dis donc c'pas très bien de taper sur ses hôtes quand on est invité.

        Mise en garde. Les trente autre personnes présentent dans la pièce me regardent en faisant les gros yeux, et les gardes resserrent la prise sur leurs armes. Même pas peur. Trente contre un, c'est du gateau et j'ai les crocs.

        - Dis donc l'ferailleux, on a pas élevé les cochons ensemble, alors donne plutôt du "vous" à tes invités s'tu veux qu'on parle "éducation" que j'lâche avec la manière. J'savais pas que c'était le genre d'bouiboui ou on connait la définition du terme, l'prend pas mal...

        J'souris. Trente armes chuintent, cliquettent et se pointent sur moi. Plaisir d'offrir, joie de recevoir, qu'ils disaient. J'me lève en toisant tout le monde dans la pièce. Sa sent le sang et la sueur. Sa sens les jours de guignes ou la crasse se rebelle. Et dans ma branche on m'apelle Mr Propre.

        - Bwéahahaha ... qu'il fait encore plus fort.

        Les affaires peuvent commencer. Parce qu'ici l'éducation c'est une bonne blague. Alors blague apart ...

        - Qu'est-ce tu me veux,
        Judas ?

        - Y'a quelques temps j'suis passé par ici, t'vois la maison sur la colline ? Parait qu'il se passe des trucs louches là bas ... Et j'veux en être.
          ici
          Gregas me regarde avec ses petits yeux porcins pleins de morgue. Il me hait et me jalouse en même temps. Il se tient devant moi, et pour la première fois de sa vie, ce n'est pas lui qui a le pouvoir. Alors que toutes ses années il avait accumulé de la puissance, des richesses et des hommes, aujourd'hui je remttais en question sa sécurité. Il arrive même pas à se lever seule de sa chaise, m'apprends les deux gardes les plus costauds de tous auprès de lui. Alors il peut avoir le bras le plus long, des passes droits à la pelle et des informations, il sait qu'il doit la jouer fine avec moi. Le simple fait que je me tienne face à lui renie son autorité, ce qui le met en position de faiblesse dans nos négociations. Une faille que je compte bien explorer, malgré que cela doit être une sorte de plan du ferailleux.
          Seulement, roi de la fange, peu importe comment on la tourne, la merde reste la merde. Que tu la domine fait pas forcément de toi un puissant. Juste un opportuniste. Et dieu sait ce qui peut arriver à ce genre d'homme dans leurs carrières. Et dieu s'en moque souvent. Mon regard rouge de tueur, et son regard noir de vieille carne s'font connaissance. Il attrape difficilement une longue pipe dans le cendrier qui traîne sur la table. Son fauteuil en velours rouge couine plus qu'un chaton appelant sa mère. J'me retiens de ricanner, et m'assois en face de lui, mouvement de soulagement sur tous les visage, y compris celui du ferailleux. Il inspire puis balance comme ça, l'air de rien :

          - Ptêt bien qu j'pourrais avoir des infos, ptet bien qu'non. Tsé que y'a rien de gratis qui soit pas d'la chinoiserie ou d'la merde en boite.

          J’acquiesce de la tête. J'peux y mettre un certain prix sa veut dire, mais qu'il doit déjà clairement m'dire pour combien et m'prouver qu'elle est intéressante cette info.

          - J'te propose d'me prêter tes poings, en d'vnant mon champion contre un aut'gars. Une sale histoire d'territoire qu'est à moi d'puis des décennies. Et qu'là y'a un ptit gars qui l'veut. Y m'propose de règler sa rapidement sans perte, et t'vois bien que j'suis pas le genre de gars à salire son costume ... Qu'il dit en souriant et en tirant sur ses tresses.

          J'fais la moue. En tout cas, pas avec du sang c'est sûr. C'est bien pour ça qe j'ai l'habitude d'être torse nue. La peau à l'avantage de se nettoyer très rapidement. Et d'pas laisser de trace. Les sang, ça tâche.


          - Mouai, ptet bien que oui, ptet bien que non...

          Et là c'est à mon tour d'montrer mon jeu.


          ***

          La ville n'a pas changé, avec son derrière d'benne à ordure, et ses relents de déchets. Par là sa sent la mer, et par là sa sent la femme. Les marins ont l'habitude de dire qu'il n'y a pas de port sans quelques bons coupe gorges. Tequila wolf ne fait surtout pas exception à cette règle. Il y'a les filles aussi, l'alcool beaucoup, le jeu comme vice universel, et le vol, le meurtre ... Un pannel de tout ce que laisse le sillage de l'EMM, et celui de l'homme en général. Donnez leur un peu d'pouvoir, et sa se bat comme des chiffonniers, des chiens sans honneurs qui vendraient leurs mères pour un peu d'rhum. Pas d'bons gars, ni un bon endroit. Juste un endroit utile et bien huilé que les mouettes ont laissé décrépir. Remarque j'suis pas mieux, quand j'apperçois ce qu'est devenu le repaire d'Al. Une partie du toit part à veau l'eau, dégueulant des briques ça et là. Le toit a d'ailleurs perdu de sa couleur, comme un peu toute la propriété. Les jardins entretenus et les gazons verdoyants laissent place a la terre et aux insectes. Tout est défraîchis ou envahis de mauvaises herbes. La liane, non entretenue, avait depuis longtemps déjà rongé la batisse. Un vrai paysage d'apocalypse, avec son grillage défoncé de nombreuses fois et redressé à la va vite.
          A l'ombre de la nuit, je m'approche  à pas feutré. J'hume l'air et écoute le silence. Rien. L'indic avait raison, c'était mon trou. Apparemment lui s'était fait voir parce qu'il était resté sans bouger pendant une livraison. Mais moi j'allais directement pénétré dans les lieux sans faire d'histoire. J'connais déjà le point faible du grillage qu'ils ont cadenassé avec de grosses chaines, et m'y rends au pas de course.
          Je me demande bien la tête que fera le tueur quand il me verra encore vivant, a fortiori que je ne la connais pas, sa tronche. La porte est brinquebalante, et il ne m'est pas difficile de pénétrer les lieux.

          Une odeur me prend à la gorge, et une musique de fond m'écorche les oreilles. Ce n'est pas une musique, mais des gens qui planent et délirent en rythme. Le première étage est rempli de Junkie sur des lits ou parfois à même le seule carrément. Ils ne me voient pas et semblent paisible. Mais sa pue vraiment le renfermé, et les planches sur les fenêtres lancent une atmosphère terrible sur la pièce. Même les damiers noirs et blanc ont l'air plus sombres et froids. Je ne découvre personne d'autre et continue mon exploration sur la pointe des pieds.
          Deux choix s'offrent à moi, je peux monter dans les étages, ou bien descendre dans les caves.

          La vie est souvent bien trop cornélienne.
            Je descend, parce que c'est là que je devrais trouver les trucs les plus sombres non ? Même les chandelles lancent des ombres inquiétantes sur les murs en pierres. Ambiance cosy pour soirée coquine ? J'tombe sur de la chaire fraîche au moins un. Des filles, des tables de poker, de black jack et autres trucs qui rapportent de la flouze. Même des paris tiens, les vieilles habitudes ont la dent dure ? Je me demande qui tiens ce business. Un mec bien connu ou bien simplement un homme éclairé sur les vices de cette île ? J'allais en découvrir plus. Des paires d'yeux se détournent de moi en silence, signal de mon intégration au casino clandestin. Le plus triste dans tout ça, c'est que je fasse pas tâche dans le paysage. Je me paye une bouteille pour noyer mon malheur. Une fois que j'ai assez picolé pour être sûr d'être méchant, je me dirige vers les escaliers de services.
            La musique joue fort et la basse tape contre mon oreille.

            - Monsieur, excusez nous ... Krok fait la bouteille, en plus feutré à cause du bruit ambiant. Merci publique. Le deuxième est sur le carreau avec une simple droite, et je colle quelques baignes supplémentaire pour être sûr. Et puis pour l'sport aussi. Dire que j'ai bu rien que pour ça. Avouez c'est du gâchis ... J'déteste ça.
            Trêve de philosophie, je me dirige vers escaliers en colimaçon taille XXL qui descendent. Sans hésiter j'avance dans la nuit. Y'a même plus de chandelles ici, mais des lucioles enfermées dans des bocaux. Sa commence à puer l'homme fauve sec, et j'me cache le nez en descendant. C'est même pas la sueur, c'est tellement âcre qu'on dirait du sang, mais beaucoup trop léger pour en être. Je débarque dans un sous sol avec un plafond super haut et des colonnades. En bas y'a des mec en blanc, et d'autre mec avec des vêtements bleus. Les uns sont couché sur des lits, les autres  penchés dessus. En m'approchant je m’aperçois que ce ne sont pas des lits mais plutôt des sortes de brancard en cuir, et qu'ils sont entrain de faire des injections. Les yeux se braquent sur moi.

            - Bordel, mais qu'est-ce que foutez ici ? Commence un mec en relevant sa fraise sur la tête, et son masque du visage. Une touffe de cheveux de bruns, un air de blanc bec, se mec me dit définitivement quelque chose. J'arrive pas à le remettre à cause de l'odeur. Derrière une sorte de toile, des formes monstrueuses commencent à gigoter dans des directions .. grotesque. Un peu style géométrie non euclidienne. Je lâche les angles anodins pour le visage du scientifique. A vrais dire, il n'a pas du tout l'air d'un scientifique.

            Il me mène sur le côté et déverrouille une porte pour nous permettre d’accéder à la ...remise. On se retrouve entre deux balais et du désinfectant. Le mec en face de moi souris pour la première fois et enlève ses lunettes ... Oh bordel de dieu ...

            - Dinozzi, qu'est-ce que tu fous là ?

            Il me fait un clin d'oeil, et joint son index et son pouce en agitant les mains.

            - Béh, je travaille sur un gros chantier là ... Et toi ??

            ***

            Finalement j'ai accepté son offre, et j'me retrouve quelque part entre quatre murs et un bonhomme pas très content. Il a les cheveux dressés, la peau mal rasé et des bras épais. Il est néanmoins plutôt disproportionné des jambes, comme si la moitié du bas appartenait à un géant. Rapide, le bonhomme à des favoris qui lui font une tête de Tanuki rangers (l'équipe mythique de la chaîne entièrement dédié à l'EMM, une fiction). Je manque de m'étouffer de rire quand il enlève sa cape de catcheur et montre son costume de premier de la classe. Y'a des jours, j'aimerai pouvoir me dédoubler juste pour être pénard.  Seulement aujourd'hui j'peux pas, j'dois faire le panda. Pendant cette réflexion hautement philosophique, mon adversaire fonce comme une idole, fier comme un roc. Il vient se briser sur mes défense une première fois. Il frappe vite et fort avec ses longues jambes. Il me rattrape à chaque fois que j'bouge, si bien que je finis par ne plus bouger du tout. Je suis un lutteur à la base, j'ai quelques trucs dans mes manches.

            J'adopte une position propice à une projection, et attend patiemment en mettant coudée franche sur les ouvertures. Le Hutch s'approche comme s'il pouvait gagner. Faut dire qu'il peut m'en mettre sévère dans la tronche, mais s'il savait ce qu'il l’attendrait derrière. Il débarque et donne un coup de pied comparable à un coup de fouet, qui viens s'écraser sur mon buste. Trop tard, j'ai déjà sa jambe dans un étau que rien ne fera lâché. Pour lui, le monde devient flou. Pour moi, il devient teinté de rouge tandis que j'ai enfin attrapé ma proie. Je le fais tourner violemment, et l'écrase au sol la nuque la première. J'suis plutôt gros aussi, sa doit pas faire du bien. Essaye un peu de te relever avec ça c ... J'suis projeter en arrière par une force comparable à boulet de canon. Je manque de m'écraser contre le mur, et n'esquive pas l’atterrissage douloureux.

            Bon, on va peut être le prendre au sérieux. Je fonce.

            Un den den nous regarde, impassible (comme endormi) et pourtant faisant planer l'ombre du férailleux.

            Il fait de la capoeira, utilisant ses pieds et ses bras comme un ensemble puissant et vif à la fois. Un peu comme une araignée, mais avec moins de pattes (encore heureux !) et plus de force. Je l'aborde par le haut, surprenant sa garde basse et écrasant mon poing sur le haut de son crâne. J'entends quelque chose craquer sinistrement, et attrape son bras pour le projeter de l'autre côté de la pièce. Sans attendre je fonce avec une charge au maximum. Mon genou percute son torse et lui éclate sans doute quelque côte. Moi j'commence à souffrir des articulations. C'est pas bien de vieillir.
            Il se redresse pourtant une nouvelle fois. C'est une montagne de muscle, et c'est mieux qu'une armure dans ses conditions.

            Franchement, drôle façon de se payer.


            Dernière édition par Judas le Ven 30 Jan 2015 - 11:11, édité 1 fois
              Gauche. Droite. Gauche. Droite.
              On se tourne autours comme des abeilles autours du pot de miel. Lui il me regarde comme si j'étais son p'tit déj, et ça m'énerve. Je suis pas un encas, mais plutôt le plat principal. Il déroule sa longue patte comme si c'était du chewing-gum, et vient attraper ma nuque. Je le laisse faire. Rare son les adversaires qui aiment se frotter à moi bien longtemps. Pour le moment, il aura la chance de m'approcher et moi de tester ses capacités. S'il est à prendre au sérieux je le saurais tout de suite. On continue donc notre ballet là ou je l'ai laissé : Sa main sur ma nuque, son genoux dégainé, prêt à emboutir tout ce qui voudra plier. Sauf que je sers les dents et fait jouer mes trapèze pour contrebalancer toute sa force. Je suis comme un parpaing, un bloc qui ne ploiera jamais sous la menace ; T'as déjà essayé de tordre le béton toi ? C'est peine perdu, et mon adversaire le sait bien. Il dégaine un saut venu de l'espace, séchant ma mâchoire avec ce genoux comme un gant de boxe affuté. Je sens le choc me décoller les sinus, et reveiller mes synapses.

              J'étais trop absorbé à comprendre pourquoi Gregas m'avait demandé de faire ça. Maintenant, retour à la réalité mon grand, il va falloir te battre. Pas parce que ta survie en dépend, ni pour l'argent. Pour un monde plus sûr et un enfoiré de moins sur Tequila Wolf. Il y'a des gens qui profitent de la faiblesse des autres pour leur soutirer de l'argent. Et s'ils ne peuvent pas  payer, on les exécutent d'une balle dans la tête, ou on les fait écrouer à la place de ceux qui l'ont merité. Je suis dans une colère noire.
              Je bloque allégrement son poing d'ma patte d'ours, englobant sa petite main dans la mienne. Je sers. C'est comme une éponge trop sèche par un jour de caniar : Le tout se craquèlent, et je sens les petites bulles d'air dans ses articulations faire boom. Il me regarde et se tors de douleur. Ma victoire ? Non, cela ne suffira pas pour Gregas. Il est pas gentil, et il me paye pas pour faire l'agneau. A la limite, un loup déguisé d'une peau d'agneau. Et encore, je crois que ce combat veut faire passer un message, et comme j'ai absolument besoin de son aide ... Je vais faire les choses bien. Lui aussi semble déterminé à ne pas abandonné. Dans la petite salle aveugle et blanche, on échange des coups. Du sang gicle de nos plaies, et fait comme de la gouache sur les murs. Je lui attrape la nuque à mon tours, à la suite d'un échange de patate chaude comme on les aime. On est pas cuisto, mais ce qu'on mange là est tout aussi consistant. Mon vis-à-vis n'est pas en reste, rattrapant son retard d'experience par une rage peu commune.

              Il doit vraiment avoir une dent contre les gens qui l'entourent. Pauvre petite chose.

              Sa nuque bien en place sous l'étaut de mon bras vengeur, je l'abats contre le mur, imprimant son visage plein de sang sur le mur en face de moi. Il commence à suffoquer de plus en plus et martèle mes côtes dans l'espoir de me faire lâcher prise. Pain perdu ! Je lâcherai pas. Je lâcherai pas j'ai dis ! Aïe.
              Je sens quelque chose se fissurer en moi, et je me replie dans un coin de la pièce comme un félin échaudé. Ok, alors on s'y colle sérieusement ? Ni une ni deux, je prend appuis comme un sprinteur prêt pour le coup d'envois. Sauf que cette fois, sans coup de sifflet, je sonne ....

              - La charge.
              - Hein ?

              Qu'il à peine le temps de lâcher alors que je lui fonce dessus à toute vitesse. Ligne droite, trajectoire facile et distance nulle ? Cent pour cent de réussite assurée. Mauvaise idée de combattre avec moi dans un espace aussi restreint. Il n'y avait aucune limite d'espace, j'en aurais profité à ta place. Je lui rentre dans le lard, cassant quelques côtes et quelques dents au passage, alors que j'explose littéralement le mur et mon ennemis avec.

              Je sors des décombres fumantes avec les cheveux en pétard, et mon bonnet manquant à l'appel. J'ai le regard encore torve du choc, et l'esprit tout sonné, mais j'ai rien oublié. Ni ma promesse, ni la sienne. J'attrape rageusement l'escargophone qui couine presque et regarde bien dans ses yeux.

              - Maintenant c'est à ton tour d'honnorer tes engagements l'ferailleux, et j'te promets que si tu l'fais pas, ce sera rien ce que j'ai fais comparer à ce que tu vas endurer ! Qu'on se le tiennent pour dit, Judas c'est pas le genre de mec qu'on entube.


              ***


              - Alors tu m'dis qu'un mec à trouver une formule lui permettant d'augmenter par dix fois le rendement d'un homme ?
              - Ouai, c'est sa. La mafia de North Blue à entendu parlé d'une histoire étrange. On aurait retrouvé des corps abominables, complètement déformé et décharné dans un petit village de North. Dans les montagnes, ensevlis sous des mètres des neige. Sans doute que celui qui les avaient laissés là pensait qu'on ne les trouverait pas ... Seulement, c'est pas le cas. Du coup on m'a envoyé mener ma petite enquête, parce que ses colosses avait la marque d'un eslavagiste connu de West Blue. Et qu'on avait jamais vu rien de pareil ... Je te jure, rien que les photos étaient horribles.
              - Tu t'es infiltré en tant que scientifique et tu surveille ça depuis combien de temps du coup ?
              - Ouai, sa fait trois mois qu'ils recrutent des paires de bras pour faire des tests. Sois disant que le terrain est plus favorable ici. M'est avis que c'est surtout que cette ville est pourrie jusqu'à l'os, et qu'ils peuvent facilement dissimuler ce bizness sous le casino et les squats.  Ils piochent même parfois dans les étages supérieurs, ou y'a des zombies qui se vautrent dans le pavot ... Du coup, j'ai toujours pas trouvé qui dirigeait quoi, combien il sont ou qui les dirige. T'façon mon boulot c'est juste de ramener la formule à la maison. Depuis que je les ai mis au courant de cette drogue, les Dons sont emballés par l'idées d'en avoir ...
              - Ahahah, alors mon arrivé doit pas vraiment te servir, voir même te faire du mal ! Qu'est-ce que tu propose de faire ?
              - Mh, je pourrais toujours te mener devant notre chef d'équipe, et lui dire que tu traînais dans le coin, sa se trouve tu rencontrerai les têtes pensantes ou au moins serait envoyé directement au -3, là ou je peux pas aller ... Après, j'te fais confiance pour te libérer pendant que moi je mène mon enquête sur le qui. Avec un peu de chance, ta venue ferait déchanter les choses plus rapidement et on pourra profiter de la confusion pour tirer les marrons du feu ! Le problème c'est que tu peux pas rester caché indéfiniment, et qui si tu pars pour temporiser un peu, on va mettre en place le protocole d'évacuation avant que tu sois revenu. Faut que tu reste dans les murs, et qu'on se doute pas que tu es libre de tes mouvements.
                Alive ~

                J'ai mon nom, mon adresse et mon heure attends.

                Je sonne la chasse.

                ***

                - Monsieur, regardez ce que j'ai trouvé qui trainait dans le coin...

                La scène se passe au ralenti. On me passe les menottes et un sac sur ma tête m'empêche de voir ou l'on m'emène.

                - André, délivre moi ce colis chez Mr Le directeur !

                Des grosses mains m'attrapent et me tirent vers un escalier. J'ai des sueurs froides à son contact, et ma langue est toute râpeuse. J'humidifie mes lèvres, bien forcé de suivre André. Je trébuche sur les marches et me prend les pieds un peu dans tous les coins. La pièce suivante est bien plus fraîche que celle d'ou l'on m'a tiré. Sous mes pieds, des dalles entravent mon chemin. Je me cogne la tête au plafond. Pleins d’indications qui ne veulent rien dire, et qui m'font plus de mal que de bien. Je soupire. Tony, tu me fais passer par des épreuves qui mettent à mal mon sens de la Patience. Je sens une odeur de pourriture quand on m'fait asseoir sur un tabouret inconfortable. On repassera pour le sens de l'hospitalité, ce serait carrément se foutre de l'infirmière et des victimes en même temps. Je suppose que l'effet dramatique est soutenue pour me faire baigner dans une atmosphère de terreur. Que j'en chie dans mon froc rien qu'à ce que me l'enlève cette cagoule ! Mais vas-y fait le que j'puisse respirer un coup, de l'air ! Du vent ! Finalement, des bruits de pas claquent sèchement sur les dalles de macadam. Il arrive. Le boss final ... Ou ce quelque chose qui y ressemble. Je suis impatient de pouvoir laisser parler tout le mal que m'inspire cette institution diabolique et pernicieuse. Pour faire dans le pompeux.
                Lui aussi, il fait dans la pompe. Du genre grand luxe grande classe, je me fringue chez Chic&Choc, cuir et petit melon sur le crâne. Il a un pantalon qui s'évase par le bas et lui colle aux cuisses. Des favoris et un air foutrement disco (même si j'sais pas ce que veux dire ce mot).

                - Eh mec, c'est Disko Stoow ! Qu'est-ce que tu faisais dans son laboratoire à cette heure ou les enfants ne devraient pas sortir !? Lance-t-il comme une litanie, un collier de mot et non de perle.

                Putain dieu, je t'ai mis en colère ?

                -Ah, tu savais pas qu'en venant chez Stoow, tu allais te retrouver dans cette position pas très funky ! Pas vrais ? Qu'est-ce que tu fais là ?

                Pour toute réponse je crache par terre. La pièce est glauque, et l'atmosphère y est à peine respirable. J'applaudis pas celui qui a fait la déco.

                - Tu préfère que Stoow laisse à André l'soin de te faire cracher le morceau ? Parce que c'est disco-possiblo ! qu'il lâche en clignant de l'oeil.

                Sauf que j'ai pas encore vu André, et que mon sourire se transforme en grimace. un poing gros comme une masse d'arme vient d’aplatir ce qu'il me restait de mâchoire. J'ai l'impression qu'un cheval m'est passé sur la trogne. Un truc à t'en décongestionner un mort. Et c'est pas finis, parce que deux mains m'attrapent par la nuque pour me tordre en deux et me lancer à travers la pièce. J'ai mal mais je le montre pas. J'ai connu des jours meilleurs quand même. Pour une première rencontre, le dit André me ménage pas du tout. Et je comprend pourquoi en le regardant, tout bossu, difforme et monstrueux. Ses bras trops longs et épais pour son corps lui donne l'air d'un animal inconnu. Quelque chose de malsain suinte de lui, comme une odeur pestilentielle mais en pire. C'est l'heure pour la manière douce de faire son retour.

                - Alors, Pas mal fonky hein ! Tu vas me dire ce que tu foutais dans mon labo Ooh-yeah !?

                Je souris encore, défiant par là toutes les lois de l'échelle alimentaire. C'est quoi ce carnaval ? Deux mecs dans une pièce glauque pour m'intimider ? Et puis après quoi ? j'allais encore devoir me prendre quelques baignes avant de pouvoir me mettre au boulot, alors autant en profiter pour essayez d'en soutirer un max non ?

                Je lâche enfin un pas de terrain et délie ma langue.

                - J'te propose un jeu ... Dis-je en me relevant, la chaise étant brisée mais mes liens toujours intactes ... J'te pose une question, tu me poses une question.

                Sinon j'ai aussi je t'en colle une tu m'en colle une, mais pas sûr que tu veuille y jouer.

                  Il fait noir et sombre.
                  Il fait noir et sombre, et j'ai mal.
                  Il fait noir et sombre, les sons me reviennent troubles.
                  Il fait noir et sombre, et j'ai peur.


                  Je ne vois rien à cinq centimètres. L'odeur de sang et de boyaux m’asseyant les narines en même temps que le désinfectant. On avait essayé de couvrir l'odeur nauséabonde de la mort, mais rien ne pouvait y faire. Être prisonnier de ceux que l'on doit défaire n'apporte pas que du positif. La visite de courtoisie s'est terminée en un tour aux oubliettes. Mon nom effacé de la mémoire d'André à l'instant ou je quittais son champ de vision. La créature m'avait brisé quelques côtes, et je ne sentais plus très bien ma jambe droite. De mes plaies coule un sang qui m'appartient trop. J'avais bien tenté de me défendre, mais rien ne pouvait y faire.
                  J'étais seul, impuissant, enchaîné et brisé. J'avais perdu.

                  Toutes les prisons ne sont pas faites de mur.
                  Tous les monstres n'appartiennent pas qu'aux contes.


                  Pourtant l'espoir ne m'a pas quitté. J'ai encore une carte dans la manche, et une sacré carte. Tony est le seul au courant de ma présence ici, le seul qui puisse  et veuille y faire quelque chose néanmoins. Je levais les yeux dans la petite salle aveugle. Cela faisait vingt quatre heure que je n'avais pas vu le soleil. Ma volonté est comme déchargé, fonctionnant au rythme de l'astre diurne. Les étoiles ne pourront pas me guider ce soir. La situation est vraiment mal barrée.

                  ***

                  Tony Dinozzi ne savait pas se battre. Il 'navait jamais eu à le faire, et s'en sortait toujours sans violence. Ce n'était pas quelqu'un de très fort, et il n'avait aucun instinct combatif. Il n'avait jamais eu à se jeter dans une bataille pour un ami, ou à se servir de ses poings pour convaincre les gens. Ses dons naturels, ses infos et sa bonne gueule payaient toujours. Sauf aujourd'hui. Aujourd'hui Tony Dinozzi devrait faire face à ses responsabilités. Et cela serait soit très douloureux, soit très douloureux.

                  Le choix étant vite fait, il se concentra sur la manière de faire échapper Judas de sa geôle. Lui aussi serait la seule solution à son problème. En plus d'être son ami, peut-être qu'il aurait un troisième choix à faire, l'un de ceux qui lui plaisait toujours le plus en face d'un problème. Tony était du genre malin, diplomate et plein de tact. Élaborer une stratégie était pour lui naturel. Et il ne pouvait pas laisser Judas en dehors de l'équation. Même si les super sbires du casino avaient de grande chance de lui faire un sort, le mastodonte n'existait que pour la violence, à contrario de lui même. Il l'avait vu se relever un nombre incalculable de fois alors qu'il le croyait mort, illustrant parfaitement le concept de tomber pour mieux se relever.  

                  La première étape de son plan consistait de s'infiltrer au -3. Et c'était pas une mince affaire.

                    Pendant ce temps là, au niveau -2

                    This is #~

                    Une alarme retentie dans tout l'étage, de l'eau commence à pleuvoir des plafonds. Un système de sécurité très avancé pour ne pas perdre le résultat des expériences dans un accident idiot. Nos plus grandes forces sont aussi nos plus grandes faiblesses. Tony avait vite compris ça, et c'était contenter d'être moyen en toute circonstance, se trouvant une place à l'ombre. Seulement, ce soir, il devait faire son entrée sur la scène, se mouiller et en sortir vivant. Pour être mouiller, il ne pouvait pas l'être plus. Profitant de la cohue générale parmi le personnel (les géants n'obéissant qu'aux ordres et ne prenait aucune initiative), il assomma son supérieur, lui volant sa carte de service. Il avait sa fenêtre de tir et son sésame. Il ne restait plus qu'à faire feu.

                    Il se dirigea à pas de loup dans les escaliers, et se fondit dans les ombres de l'escaliers en colimaçon. On n'y voyait goutte. Le calme régnait dans cette aile du bâtiment. Il faisait frais, et la porte était faite de métal. Il inséra la carte dans un petit lecture doté d'un escargophone minuscule, et fit coulisser la porte. Elle semblait plutôt légère finalement. Elle servait peut être de simple moyen de dissuasion, ou bien le système prenait en charge une partie de son poids. Il décida de laisser ça au mystère ... Quand sous-daim, devant lui, se tenait un drôle de bonhomme.

                    - Hey M(y)chel, qu'est ce que tu fabriques dans l'étage de Stouw ? Fonky ! Termina-t-il en prenant une posture bizarre.

                    Rusé ou bien foncer dans le tas ? Le mec n'avait pas l'air très fort, mais les apparences pouvaient être trompeuses.

                    ***

                    Combien de temps ais-je passer dans ce trou à rat ? Je ne saurais le dire. Combien de temps perdu, d'argent gâcher et d'occasions avortées aussi. Des regrets et des remords m'assaillent, pour des choses que j'aurais dû faire, ou que je n'ai pas faite. Je regarde derrière moi, et le sillon de cadavre que draine chacun de mes voyages. Il n'arrête pas de me suivre, comme si j'étais maudis. Partout ou je passe, il y'a des hommes qui meurent.
                    Dédié sa vie à la violence n'est peut-être finalement pas la solution. Je devrais parfois réfléchir et ne peut-être laisser l'instinct au rebus. Devenir plus civilisé, et usé de tactique. Me dévouer à une cause plus juste. Des ersatz de pensées qui fusent dans mon crânent naissent et meurent aussi soudainement que des lucioles. Des feux d'artifices de tristesse, de nostalgie et de peine. Parfois une joie amère d'avoir les fers aux mains. Comme une bête. C'était finalement tout ce que j'étais, c'était finalement tout ce que je valais, et ce que j'allais devenir. Et il n'y a rien de plus dangereux qu'une bête blessée et à terre.
                    Je me met debout, bien que l'espace réduit ne me permettent pas de mouvements aisés, il me suffit d'attraper les fers assez hauts pour assurer ma prise. Je tire violement et commence mon travail de sape contre l'acier. Sa grince, sa tintambale, comme des petits carillons à une fête d'école. Le sons parvient à mon oreille joyeusement. C'est la fête, tout le monde dehors. La porte ne met pas longtemps à céder et je tombe nez à nez avec un couloir sombre et profond. D'autres portes sont creusées dans la pierre tout les dix mètres. Au vu du couloir, doit bien y'en avoir une quarantaine. Putain, les monstres sont toujours pas ceux qu'on pense. Je crache par terre et me frotte les mains. Il me reste des comptes à régler.


                    ***

                    La porte cède au troisième coup, me laissant seul dans l'obscurité d'un couloir glauque et puant. Bon, il faut dire que mon odorat c'est le top du limier, forcément cacher des relents d'intestins devient plus difficile. Il y'a des plaintes qui viennent des autres geôle, mais j'ai pas le temps de m'en occuper. Il faut m'en sortir le plus vite possible, et voir même utiliser mon atout. Un homme aux poings durs et au cœur de loup. Un sauvage, une brute de mon calibre. Faudrait voir si avec ses mésaventures du dernier tour il restera chaud pour faire exploser la fourmilière. Je passe dans la petit salle d'interrogatoire, dont je sors très rapidement et sans regarder en arrière.

                    Devant moi, un croisement. Deux directions. Aucuns indices.

                    Plouf. Plouf.

                    Je pars sur la droite à la chasse aux infos, et à une sortie éventuelle. J'en usinerai bien une moi même, mais le plan se base principalement sur la discrétion, alors tant que j'ai le choix je ferais profil bas. Le secteur devient bien plus sain, l'air respirable, et j'entendrai même un fond de musique qui balance. Après ma détention, cela me semble bien trop calme, bien trop beau pour être vrais... Ais-je vraiment réussit à m'infiltrer ? Ce mot que je ne connaissais guère avant de rencontrer quelques amis fumistes et fumeux. Incroyable. Je suis trop génial.

                    Ce complexe est une suite de porte et de pièces alambiqués, je commence à me perdre. Pourtant, il est indiqué à celui qui sait écouter. J'entends les voix beaucoup plus fortes, venant de ma droite. Attends, mais celle là ...

                    - Putain le salopard ! Que j'peux m'empêcher de sortir.

                    La porte cède au premier coup d'épaule. Il est temps de tirer au clair cette affaire, ou bien le sabre de ma vengeance terrible et sans pitié.  

                    ***

                    Tony cracha une molaire, du sang dégoulinant le long de son menton. Malgré les apparences, ce mec était fort. Tout clown qu'il était, Tony restait le moins expérimenté des deux dans ce genre d'affaires. Ils avaient commencé par discuter, l'informateur pensant pouvoir prendre par surprise le geôlier du coin, son objectif toujours en tête : libérer Judas.
                    C'est peut-être ce qui lui porta préjudices.

                    - Eh bien il y'a un incendie dans les étages supérieur m'sieur ! Commença le chineur de news de North Blue. Il faut évacuer, on m'a dit de venir vous chercher. Termina-t-il en amorçant les premiers pas vers sa victoire.

                    Les mecs à rouflaquette tombent toujours les premiers. Les mecs à rouflaquette tombent toujours les premiers. Les mecs à rouflaquette tombent toujours les premiers. Se répétait-il dans s tête tandis qu'il amorça son coup de poing. Il ne savait ni comment faire, ni à quel point le corps humain était résistant. A tout hasard il choisit la tête, puisque c'était là haut que se concentrait l'essentielle des fonctions vitales. Lorsqu'il entra en contact avec la joue de son adversaire, il retint un cri de douleur. Il retint les larmes et la peur aussi, sentant sa vessie sur le poing d'éclater. Son vis à vis lui fit un petit sourire en enlevant ses lunettes noires, dévoilant des yeux entièrement noirs et sans vie aucune.

                    - Tu vas regretter ça mon petit, FONKY ! Puis vint les trente-six chandelles.

                    A chaque coup, il répétait Stouw, glissait, Stouw, lui envoyait une grêle de coup, Stouw et ça n'en finissait plus. Il serait surement traumatisé à vie par ce mot. Le sang dégoulinait jusqu'à sa mâchoire en un mince filet semblable au cour d'une rivière. On arrête ni la crue ni le courant, et il en était de même pour son arcade sourcilière. Il prit néanmoins son courage à deux mains, et se releva une énième fois, ne pliant pas devant le criminel. Il faisait peut-être partie de la même famille, mais lui, au moins, restait honnête. Il gagnait son labeur à la sueur de son lobe temporal,  et aucun innocents ne souffraient de ses tours. L'énergumène en face de lui faisait partie d'une catégorie hautement plus détestables. Et trop de gens souffraient de ses sévices. Il lui fallait lui aussi sévir, rendre la monnaie de sa pièce au monstre en face de lui.

                    Animé par une force qu'il ne se connaissait pas, Tony frappa. Et pour la première fois, il eut l'impression de toucher son adversaire. Et pas juste l'effleurer en une légère tape réprobatrice. Alors c'était ça la clé ? Vouloir plus que pouvoir.

                    Si j'avais un marteau ~
                    Je frapperai le jour ~
                    Je frapperai la nuit ~
                    J'y mettrai tout mon cœur ~
                    Oh oui !


                      Mystère ~

                      La pièce semble vide, mais je méfie. Elle a l'air beaucoup plus grande que la plupart des autres et plongée dans l'obscurité, je n'en distingue même pas les murs. J'entends toujours les voix, mais je sais maintenant que je suis sûrement tomber sur un traquenard. Devant moi, deux escargophones répètent une conversation enregistrée à l'avance. La bande s'arrête au bout de quelques minutes et recommence ensuite en un rire hautement reconnaissable.

                      - Bwéhéhéhééh !

                      Gregas. Celui là même pour qui j'ai combattu, et qui m'a amené ici. Je sais pas pour vous, mais j'ai l'impression que sa sent le bousin. Surtout quand la conversation s'arrête soudain comme un pet dans un magasin de dentelle.

                      - Pululululu

                      ...

                      - Pulululululu

                      ...

                      - Pululu ...

                      Je décroche enfin, ayant hésité avant de le faire. Et si tout ça n'était qu'un autre piège autrement plus complexe que ce que j'avais imaginé ? La voix à l'autre bout du fil ne fait confirmer ce que je crains le plus. Qu'on m'est roulé, dupé et trainé dans l'opprobre (comme disait papa). La colère me submerge comme à son habitude. Je la chasse d'un revers de la main. J'ai besoin d'avoir les idées claires.

                      - Salut Judas ... Comment s'passe ta p'tit ballade, l'ami ?

                      - Gregas, vieux fou ! Explique toi, j'ai comme l'impression que t'es entrain de m'doubler ... ? T'oserais pas quand même ?!

                      Les moustaches de l'escargophone fretille alors qu'un nouveau rire secoue le petit animal.

                      - C'pas que tu payes pas bien, mais eux payent mieux ! Et puis tu sais, c'est le genre de gars a qui tu peux pas dire non... Alors quand on nous a rapporter des agitations parmis les secondes mains, on a surveiller la ville et les bas fonds. ET POUF ! qu'Est-ce qui apparaît ... Toi !

                      - Tu vas le regretter ...

                      - Déjà, faudrait que tu sortes vivant de cette pièce Bwéhéhéhéhé ! Allez, a la revoyure, Judas !

                      La communication se coupe alors comme un précoce en pleine course pour l'orgasme. Damn it ! Je suis dans les emmerdes jusqu'au coup, mais je suis pas le seul parce que s'ils sont au courant pour moi, comment ne pas l'être pour Tony ? Je dois le sortir de là, et vite ! Je me dirige par la porte en deux temps trois mouvements, mais je n'arrive même pas à tourner la poignée. C'est quoi ce délire !? Merde, merde, merde.

                      Soudain, un souffle roque et chaud chatouille ma nuque. Fétide. Je me retourne pour faire face à une masse de muscle en décomposition. Sa chair est tenue en place par des bandes serrées tout autours de son corps, en faisant presque une momie. J'ai à peine le temps de retenir mon souffle qu'un énorme poing gros comme un vaisseau amiral vient percuter mes côtes, en faisant craquer de nombreuses ... Sacré performance. Je me relève bien décidé à lui faire un tour ...

                      Seulement il n'est pas venu seul...

                      ...Et merde.
                        Parfois, on est libre. Parfois, on a juste l'impression de l'être. Ce n'est pas parce qu'on ne discerne pas les barreaux que la cage n'existe pas. Et partout, de tout temps, on se muselle, on se ligote, on s’enchaîne. Des idéaux, une éducation, les normes, la bonne morale. Une tripotée de faux semblants pour que chacun se sente mieux quand on se dit bonjour dans la rue. Pourtant, tout au fond, tard dans la nuit lorsqu'il rentre chez lui, l'homme s'adonne aux pires pensées. La liberté, c'est un truc qu'on nous donne et qu'on nous prend, comme l'os d'un chien que son maître regarde avec bienveillance. Tant qu'on ne dépasse pas les limites du terrain, tout va bien. C'est quand on sort de sa zone de confort que l'on commence à expérimenter la vraie liberté.
                        Celle qui peu parfois même faire peur. Celle qui vous permet l’irréalisable. Celle que craint vraiment le gouvernement. Je suis la liberté. Nous sommes liberté. Vous êtes libres, tant que vous refusez la langue de bois et l’endoctrinent qui pèse sur les peuples de ce monde. Oui, la vie sera plus dur dès l'or. Oui, les galères pleuvront comme des grêlons aussi gros que des poings. Seulement, n'est-ce pas la vivre tout simplement ? Peut-on vraiment être fier de vivre sous le joux oppresseur d'un maître à pensé déloyal et qui vous prend tout, même jusqu'à votre humanité ? Tututu. J'ai beaucoup de défaut, ma vie n'est pas parfaite, mais je suis libre de mes choix, de ma volonté et de mes actes.

                        C'est pour ça que ses monstres n'auront jamais le dessus sur moi. Comment le pourrait-il, alors que plus rien ne les rapproche de l'humanité ? J'suis dans un monde différent de vous, et jamais vous ne parviendrez plus à l'atteindre. Je ne pourrais ni raisonner ses hommes là, ni les aider. Il ne me reste plus qu'à mettre un terme à leur souffrance. Je vais y mettre un poing d'honneur, et tant qu'un souffle de vie continuera à battre en vous, je ne partirais pas. Car c'est mon devoir, et que e ne peux pas rester les bras ballants pendant qu'on continue de créer de pareille absurdités.

                        Parfois, la liberté n'est pas un bien, c'est le mal absolu. On est capable du meilleur comme du pire.

                        Moi aussi.

                        Ils sont déjà sur moi, tandis que je chasse ses pensées parasites.
                        L'espace qui nous sépare n'est qu'une foulée pour eux, démontrant par la des capacités incroyables qu'ils ont reçu. Je ne les envie pas. Tout perdre pour y gagner une force idiote et sans possibilité de retour ? Jamais. Plus jamais ça. Je ravale la bile qui brûle ma gorge, et j'esquive un gros poing qui aurait pu fendre mon crâne. Ce soir, ce serait un tango. Tu avances, je recule. Droite, gauche. Je tourne autours de mon partenaire et en change comme si de rien n'était. Les gorilles fondant sur moi comme un seul homme, maniant leurs bras comme s'ils étaient étrangers à eux même. En un quart d'heure, je suis parvenu a bout de trois des rats de laboratoire. Les deux restant me prenant toujours pour le bout de fromage providentiel. La fatigue commence à tirailler mes muscles, et je ne sens plus mon bras droit, qui pend en un angle incongru. Tant pis. Je force sur ce qui me reste, et parvient à éviter le pire. Le coup qui aurait dû faire rouler ma tête sur le sol ne fait que me casser le nez et m'ouvre une arcade sourcilière grâce au bond in extremis que mon instinct a bien fait de me dicter.

                        Je me relève devant l'air hagard des deux monstres.

                        - Geeeu geeeeeu greeeeu.

                        Pfff. Il faut vraiment en finir, je n'arrive plus à retenir ma nausée. Alors devant l'énième charge des victimes de ce réseau clandestin, je fais face en prenant le taureau par les cornes. J'applique la même stratégie que la leur, et lorsque le premier arme son poing, ma jambe se détends en une oblique parfaite. J'entends tout son râtelier geindre sous mon godillot. Pourtant il ne desserre pas le peu de dents qui lui reste et continue d'avancer sur moi. Je dois me fendre d'une roulade, et passant sous lui, le fait trébucher. Il faut dire qu'ils ne sont pas vraiment adroit, ses foutues machines de guerre. Le deuxième m'arrive droit dessus, et je ne dois qu'à un réflexe inhumain de ne pas finir écraser sous ses deux quintal. Résultat, on est tout les trois par terre, et personne n'a gagné. Elle est pas belle la vie ?

                        ***

                        Impossible ... Cet homme était un ... Monstre ... fut ce que croyait Tony comme ultime pensée.

                        ***

                        Je vomis la bile noire qui me tenait au cœur et au corps, laissant sur les pavés de la salle aveugle une p'tite partie de moi. L'odeur pestilentielle qui se dégage des corps me donne quelques indications sur les sévices qu'ils ont dû vivre. Quel humain est capable de ça, et surtout, pourquoi ? J'ai des questions plein la tête, et du sang plein la bouche. Je brise la porte d'un coup d'épaule bien sentie, et je me dirige vers la dernière porte tout au bout du couloir. Je sais pas ce qui m'attends, peut-être d'autres soldats comme eux, peut-être rien d'autre qu'un énième trou d'ombre et de portes. C'est un vrai dédale cette propriété, un gruyère dont on ne soupçonne pas l'étendu depuis l'extérieur. Si j'avais su, on aurait peut-être un peu plus visiter avec Trinita. Il aurait pû s'en sortir sans condamnation, et je serais pas seul à faire face aujourd'hui.  
                        Tant pis, on peut pas refaire le passé. Je devrais me contenter de mes maigres ressources. Avant de sortir, j'ai encore un détail à régler. Attrapant mon épaule droite avec une de mes paluches, je remet en place la petite coquine, retenant un p'tit couinement qui ferait pas très viril. Mais ça fait un mal de chien foi de pater pugilat !
                        Je pousse la dernière porte et tombe sur un spectacle étrange.

                        ***

                        Il n'y avait pas que ses yeux, sa force aussi n'avait rien d'humain. Rien de lumineux comme celle de Judas. Il n'y avait aucune chaleur comparé aux combats que donnait son vieil amis dans une cage. Là, il faisait froid, et chacun des coups qu'il recevait le faisait trembler jusqu'au fondements. Il sentait ses os souffrir, sa chaire se meurtrir et c'était ainsi tout son corps qui se révulsait sous la force peu commune qui le faisait souffrir. C'était tout bonnement impossible d'en obtenir autant, en aussi peu de temps et avec si peu de "matière". Illogique et impossible, deux mots qu'il avait bannit depuis qu'il était rentrer ici. Si on lui avait dit qu'il devait se battre pour sa vie et celle des autres, il aurait bien rit. Lui, le genre à se mettre dans ses situations de vie ou de mort ? Lui qui pariait son sang et son intégrité physique sur un coup de dé ?
                        Parce qu'il n'y avait maintenant plus qu'une très faible probabilité pour qu'il aide Judas, la seule solution pouvait venir de ce monstrueux allié. Et pour l'instant, il n'avait aucune idée de son emplacement, celui-ci pouvait même se trouver à quelques mètres qu'il ne le verrait pas, dans son état. Pourtant, un bruit dans le fond détourna son attention de la douleur, et l'espoir commençait à renaître en lui ... Toue fois, il devait faire attention aux mauvaise surprises, il en avait eu depuis le début de sa mission ... Il ferma les yeux, voyant le pied de son adversaire comme le dernier coup qui pourrait enfoncer sa volonté dans une monde de ténèbres. Pied qu'il ne sentit pas, ni qu'il revit de si tôt. Devant lui, se tenait le Pater Pugilat, son visage barbu et souriant comme s'il n'était pas ensanglanté et tous les deux dans une merde noire.

                        - Bah alors Tony, tu fais la sieste ...?

                        Il l'aida à se relever, l'esprit toujours engourdit par la douleur ... Devant lui, un mur écroulé et des gravats encore fumant.

                        - Qu'est-ce ... Qu'est-ce que tu fous là ? réussi-t-il à articuler, sachant que sa question n'avait ni queu ni tête, tout d'un coup il se reveilla de sa torpeur ... Attention, Judas tu dois faire attention à ce gars ! Termina-t-il un peu trop tard, les gravats laissant déjà s'echapper le fameux Stouw.

                        - J'ai vu ... T'en fais pas, tu t'en es bien sorti jusqu'ici, je prend le relais ... lui répondit Judas juste avant qu'il ne tombe inconscient.

                        Judas ferme les poings, les serrant au poing de blanchir ses phalanges et de faire saigner ses paumes.

                        ***

                        Je suis le mal nécessaire.
                        Je suis la veuve et l'orphelin
                        Et je n'attends qu'une ouverture pour faire sauter la roue de son ornière.
                        Qui suis-je ?


                        Dernière édition par Judas le Mer 18 Fév 2015 - 23:00, édité 1 fois
                          Pulululu Pulululu...

                          Pas de réponse.

                          Pululululu Pulululu...

                          - Mushi ? Répond la grosse voix de Gregas, un peu intriguée.
                          - Je t'avais dis de pas me doubler ... Commence un judas en sang et en pétard à l'autre bout de l'escargot... Maintenant, je viens pour toi et tes gens, et plus rien ne pourra m'arrêter.

                          Fin de la communication.
                          Derrière lui, l'ancienne demeure de Capucino flambe comme de la paille en pleine saison d'été. Derrière lui, des vies honteusement transformées prennent fin.
                          Des monstres plus que des hommes ...
                          Une sirène retentit.
                          Il est temps de partir faire payer les véritables responsables de cette cacophonie.


                          Je me dirige au pas de course dans les rues fraiches de Tequila Wolf.
                          J'suis à l'ombre, le soleil passant à ma gauche et me permettant de me diriger tranquillement.
                          J'ai laissé un ami rentrer chez lui vivant, et j'ai éliminé des marchands de mort, mais je n'ai pas l'esprit serein.
                          Des souvenirs me hantent.
                          Des batailles m'obsèdent.
                          J'ai mal au cœur et au corps, et je doute de tout.
                          J'ai vu une horreur sans nom, qui a remis en doute tous mes repères.
                          J'ai besoin de revoir ma fille et ma femme pour retrouver ma boussole.

                          Je m'aiguillonne vers les bas fond, comme un automate réglé sur une seule et unique fonction, la destruction. J'abat ma colère sur les portes, sans prendre de gants. La discrétion, c'est mainstream. Des hommes cours dans ma direction, et dans d'autres. Je colle des gnons, j'esquive des lames, je fais sauter des dents, je fais rouler des bosses. La grande vie. Toujours aussi vide. Je ne pense à rien, empreint d'une tranquillité factice qui voile mal mon malaise. Je vais faire face à un homme qui m'a trompé, utilisé deux fois, et qui est surement au centre de tout ce trafic. La colère l'emporte.

                          Des voiles de mon esprit, j'entends des cris.

                          - JE VAIS TOUT TE DIRE JE TE JURE ... AIE PUTAIN ...

                          Tout est rouge, mais un visage grossier se distingue de la cohue ambiante. J'ai les cheveux qui me collent au front, et une sensation de douleur tenaille mon épaule gauche. Une longue barre de métal y pend comme un drapeau. J'fais étendard avec la violence ambiante.

                          - C'EST LUI TOUT EST DE SA FAUTE ...

                          Mes mains me démangent, j'ai des étoiles qui volent au dessus de mes yeux. Le sang me parait presque mauve et j'ai l'impression que mes doigts sont des pinceaux. Je vais rajouter un peu de couleur dans ce monde tout noir.

                          - C'EST STRIKER JE LE JURE, C'EST PAS MOI, JE LE JURE ... qu'il pleure dans un dernier sanglot.

                          Il va rejoindre le reste du tableau.