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Maggots

Le lieutenant Mavim arpentait les couloirs de la base marine située sur le Royaume de Bliss. Le son de ses bottes se heurtait aux murs et se répercutait tout au long de sa route. Encore une fois, on l'avait affecté à une équipe d'illustres inconnus, devant être formés afin d'entrer dans les sections d'élite. Il avait beau ne rien avoir à faire avec ces bêtes de guerres, on l'avait quand même choisi pour une raison qui restait obscure, si ce n'était son expérience en milieux citadins.
S'il y avait bien une chose que le lieutenant Mavim n'appréciait que très peu, c'était l'obscurité.

Arrivé sur l'une des nombreuses places de rassemblement, il fut accueilli par le son des bottes qui claquent contre le sol. Un gradé, commandant si l'on s'en tenait aux mots écrits dans son dos, se tourna vers lui. Sa tenue n'était pas très réglementaire, sous sa veste d'officier se trouvait un costume un peu trop chic pour des missions de terrain et sur sa tête siégeait un chapeau melon que Sebastian prit immédiatement en grippe.

"Lieutenant, merci de vous être joint à nous. Vous arrivez pile au bon moment. Comme je vous l'avais annoncé, vous allez pouvoir participer à ce que j'aime appeler un exercice à balles réelles durant les prochaines vingt-quatre heures."

Machinalement, la main droite du lieutenant l'éleva vers le bord de son casque en guise de salut. De ce qu'il en savait, il devrait mener des troupes qu'il ne connaissait pas pour une mission urbaine. Des informations annonçaient que des terroristes étaient en ville et tenteraient probablement une attaque sur le chantier naval de l'île.

Le commandant se tourna vers ses recrues pour continuer son laïus. Une main sur son épaule l'arrêta. Elle était rattachée au bras de Mavim, dont le regard froid lui intima le conseil de se taire. Même si cet empaffé avait gagné la confiance de ses hommes, ce n'était pas lui qui allait les conduire durant le reste de cette journée. Pastrick Couillard compris et céda sa place.

"Messieurs, et... Madame... Je suis le lieutenant régulier Mavim. Et si j'ai bien compris ce que votre instructeur attend, c'est de voir comment vous vous comportez sous les ordres de quelqu'un d'autre. Dans le cas présent, moi."

Sa voix était ferme. Son regard parcourait les rangs devant lui. Vingt-quatre heures, c'était long, et elles promettaient d'être ponctuées de nombreuses surprises.

"Premièrement, quelques règles que vous devrez suivre. Un, consommation de substances restreintes durant le service: l’alcool est totalement interdit, vous ne pourrez fumer que durant vos temps de repos. Deux, j'exige une solidarité exemplaire, pour l'assurer, chaque frais dus à des blessures ou les coûts d'éventuelles pertes seront prélevés également sur la solde de chacun, et les éventuelles récompenses seront aussi distribuées équitablement. Y compris les miennes. Enfin, j'assimile toute insubordination à une trahison. Si vous pensez qu'un ordre doit être remis en question, vous pouvez vous adresser à moi, mais je ne suis pas du genre diplomate. Vous êtes prévenus."

Sebastian parcouru une dernière fois ces soldats. Ils étaient entrainés mais pas habitués au terrain. Son but était clair: mener la mission à bien et sans perte.

"Soldats, garde à vous ! Deux premiers rangs: deux pas en avant ! Vous resterez en garnison et prêt à intervenir. Vous serez aussi de service garde cette nuit. Rompez !"

Mavim observa les quarante soldats saluer et se retirer. Ses yeux se fixèrent à nouveau sur les recrues. Son regard croisa celui de l'unique femme de la compagnie qui se trouvait à présent au premier rang.

"Vous dix ! À moi !"

Le lieutenant attendit que les marines désignés s'approchent de lui.

"Soldats, vous serez mes référents directs. Vous aurez chacun quinze hommes sous vos ordres, et vous serez chargés de faire exécuter les miens. Ce qui veut dire que vous aurez la possibilité de prendre des initiatives, mais que vous devrez faire face à vos responsabilités. Maintenant, je veux que vous vous rendiez aux chantiers navals en empruntant chacun un chemin différent et au pas de course. Vous, vous venez avec moi. Marche !"

Dans le regard de la femme résidait quelque chose en plus que dans ceux des autres recrues. C'était la raison pour laquelle il c'était assuré qu'elle le suive. Ce quelque chose pourrait peut-être sauver les fesses de toute la compagnie ou les faire cramer lentement sur les broches des révolutionnaires. Mavim était bien décidé à tirer les choses au clair afin de savoir ce qu'il pourrait en faire.
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Au loin tanguait un bâtiment à la dérive. Une vigie, postée sur les remparts de Bliss, sonna une cloche qui retentit dans tout le chantier. Il fallait s'attendre à gros, il fallait s'attendre à bien travailler. À travailler dur. Retaper le vaisseau serait sûrement ardu, voir impossible, et le commandant qui, d'une main de fer, le dirigeait, devrait sûrement abandonner ce vieil ami pour se renouveler dans du plus frais. Après tout, le bâtiment avait essuyé bien des batailles et tempêtes.
Un seigneur des mers s'était écroulé sur le pont supérieur, abattu par les balles de « La Chouette ». Une longue marque de peinture écaillée zébrait tout le côté bâbord : c'était là le dernier soupir d'un sloop pirate. Des carreaux manquaient au château arrière, comme des dents dans la bouche d'un bagarreur.
Cependant, ce qui se dressait devant, dans cette mer houleuse de ce jour brumeux, relevait du miracle. Le miracle que les hommes de Pastrik purent retrouver Bliss avant de sombrer.

Drôlement soutenu, le mât central peu droit vibrait sous le vent qui poussait péniblement le vaisseau. La coque, bien endommagée, laissait monter l'eau et malgré la distance, la vigie voyait bien le travail des petits soldats, à l'instar d'une colonie de fourmis, s'acharnaient à transporter nombre de sceaux d'eau. Et que dire de la proue, maintenant inexistante ; plus rien ne les protégeait d'une vague trop haute.
Aussitôt, comme le voulait la procédure, la vigie informa son supérieur qui, immédiatement, escargophonait le commandant Couillard.

♥♥♥♥♥♥♥

Du mât central, la sonnerie faisait écho dans les oreilles de la recrue Sarah, qui, naturellement impatiente, ne put s'empêcher de beugler.

    - Ça pulu. Hey ! ÇA pulu ! C'gros truc pulu ! BORDEL ! HEY ! ÇA PULU !
    - Ça pue ?
    - Ah, Baka, ça pulu ! Décroche bordel !
    - Décrocher quoi ? La puanteur ? Impossible, je peux juste boucher mon nez.
    - Ducon ! Décroche c'qui pulu !!
    - Décrocher... c'qui pulu... Ah ! L'escargophone ! Oui... Bien sûr. Attendez.
    - Tch.
    - Et voilà. Ça ne pulu plus.
    - RÉPONDS !!
    - Ah ouais. C'est vrai. Oui ? Ah ! Oui ! COMMANDANT, C'EST POUR VOUS !!

De la barre, Pastrik Couillard cria quelque chose tout en pointant ses oreilles, mais avec le bruit du bois grinçant et des sceaux se vidant, Old Crow comme caporal Baka n'y comprirent rien. Alors, en bon officier d'élite, Baka répondit ce qu'il devait répondre.

    - Mon commandant doit se percer les oreilles, je vous passe la plus récente recrue, un instant.
    - ...
    - Vous pouvez parler.
    - ...
    - Allo ?! Ici le sergent Klou-Hon Tauc-Tauc, troisième planche et chef du dock trente-sept, division des marteaux et vis. Quel est l'étendu des dégâts ? Allo ?!!
    - Ben... C'pas beau.
    - Vous estimeriez vos pertes à combien ? Devons-nous vous réserver le dock numéro un ?
    - Mouais. S'vous voulez.
    - O.K. ! Nous vous le réservons ! Continuez votre si bon travail et ne coulez pas !!
    *Tchak*
    - I'VIENT D'ME RACCROCHER AU NEZ, L'GAMIN OU J'RÊVE ?!!

♥♥♥♥♥♥♥

Les hommes se répartirent comme le demanda le Lieutenant Mavim. Crow, obligée, se présenta au casqué d'un air nonchalant. Lorsqu'il avait fait son apparition, seule Old Crow n'avait pas claqué ses bottes serrées — elle portait des getas. Lorsque les autres avaient salué, seule Old Crow n'avait pas levé sa main — elle avait préféré rouler les yeux et gonfler sa poitrine, ressortir les lèvres en une moue enfantine. Cependant, le ton autoritaire et le mouvement de foule l'intimidaient et elle bougeait quand même en choeur — ou avec un temps de retard.
Elle n'était pas encore habituée à la hiérarchie, peut-être ne s'y habituerait jamais. Le respect des supérieurs n'étaient pas une chose courante dans la piraterie, où on respectait avant tout les idéaux et la force. Lorsque Crow, autrefois, ordonnait, il valait mieux ne pas lui désobéir, soupe-au-lait qu'elle était.

Elle s'exécutait, toutefois.

Pastrik Couillard héla Sebastian A. Mavim. De grands pas, il s'approcha de lui. Il tâtait nerveusement un grand fusil à sa ceinture. Son regard jetait des éclairs.

    - Lieutenant Mavim ! Il n'était pas question que vous preniez directement la recrue Sarah sous vos ordres. D'autant plus, cette recrue n'est pas une marine ordinaire, elle...
    - PASTRIK ! Pour qui tu t'prends ?! Mon père ?! J't'emmerdes, Pastrik ! Si l'casque en cul d'poule veut m'amener avec lui, pis si j'veux l'suivre, j'vas l'suivre. C'CLAIR ?!
    - Tss. Sarah, je...
    - Mouais, t'fais mieux.
    - Lieutenant Mavim... Faîtes tout de même attention.

Couillard, énervé, se retourna. Il ne salua même pas Mavim. Il détestait l'insubordination de sa nouvelle recrue, et bien qu'il n'aimait pas la voir ainsi filer...
Ce serait à un autre de la gérer.
    L'altercation entre Couillard et la demoiselle avait valu un haussement de la part du sourcil de Sebastian. Il ne s'attendait pas à voir une recrue réagir de manière aussi explosive face à son supérieur. Elle faisait preuve d'une énergie étonnante, comme il l'avait supposé en la voyant. Il ne restait plus qu'à la diriger dans la bonne direction et elle ferait des merveilles.
    Et la direction qu'elle prenait était celle du port où se trouvaient les chantiers navals de Bliss. Une petite dizaine de minutes à pied les y mèneraient. Les autres groupes, en revanche, mettraient plus de temps. Mavim avait un objectif précis pour diviser ses troupes ainsi. Il décida d'en faire part à la jeune recrue. À croire qu'il était d'humeur bavarde aujourd'hui...

    "Dites, vous qui êtes en formation, vous pensez quoi, stratégiquement parlant, d'envoyer des petits groupes aux quatre coins de la ville pour se rassembler, hein ?"

    Ils arrivaient déjà aux quais. Seuls les soldats censé gardé la place habituellement étaient présents. Comme prévu, ils étaient les premiers.

    "J'vais vous dire ce que vous devriez en penser. Qu'il est probable qu'un de ces petits groupes, si des révolutionnaires sont bel et bien présent, risque fort de tomber dans une embuscade. Parce que de les disperser comme ça, ça va faire croire qu'on cherche quelqu'un, donc qu'on sait qu'ils sont là... Et forcément, ça va les stresser. Et ça risque de les pousser à se montrer."

    Et plusieurs groupes faisaient déjà leur apparition, débouchant des différentes rues ou ruelles menant à la place des quais. Chaque leader que le lieutenant avait nommé vint se présenter et faire un court rapport sur le déroulement du trajet. Aucun évènement notable jusque là, mais tous les groupes n'étaient pas encore arrivés. Quand soudain, une section d'une vingtaine d'hommes déboula devant Sebastian. Ils ne faisaient pas partie des soldats qu'on avait mit sous ses ordres. Tout de suite, un sentiment se manifesta dans ses entrailles. C'était pas prévu, c'était donc mauvais.

    "Soldat, au rapport !"


    L'homme le plus gradé de la section s'avança et salua Mavim.

    "Monsieur, nous sommes l'équipage du Bellissime, nous sommes ici pour garantir la protection des quais."

    Les yeux de Mavim s'étrécirent.

    "Pourquoi ?"

    "Monsieur, pour vous laisser une plus grand marge de manœuvre en ville pour détecter et arrêter les révolutionnaires monsieur !"

    Les yeux de Mavim ne formaient plus que deux fentes dans son visage. Il réfléchissait et fut surpris de voir sa vision devenir floue. Il rouvrit les yeux. Une des recrues en formation apparu d'une ruelle en courant. Il fonça directement vers le lieutenant.

    "Lieutenant ! Nous avons été attaqués ! Vite, nous avons besoin de renforts !"

    Voilà ce que Sebastian attendait. Il se tourna vers les recrues qu'il avait pris sous son commandement et le soldat qui avait joint ses troupes aux siennes. Le groupe qui était tombé dans une embuscade était le dernier qu'il attendait. Pour peu, il aurait cru que rien n'allait se passer. Il était temps d'agir.

    "Vous, vous savez comment vous rendre à l'embuscade. Prenez cinquante hommes et venez leur en aide. Recrue Sarah, vous en prendrez cinquante autre afin d'attaquer l'ennemi à revers. Les cinquantes derniers, vous vous occupez de sécuriser le secteur à proximité du quai."

    Une voix s'éleva parmi les soldats. Elle appartenait à l'homme dirigeant les marines du Bellissime.

    "Et vous, que faites-vous ?"

    Mavim se tourna vers le garçon. Il ne devait pas avoir la moitié de son âge.

    "Ce que j'aurai à faire. Occupez vous simplement de garder ces maudits quais. S'il arrive quoi que ce soit à un seul de ces pavés, je vous l'fait manger soldat. ROMPEZ !"

    Cent hommes, même s'ils étaient toujours en formation, était un nombre plus que suffisant pour venir à bout de l'embuscade. Mais il ne voulait pas que les attaquants s'échappent. Il espérait même que ces recrues pensent à faire des prisonniers.
    Mais quelque chose ne tournait pas rond. Il ne savait pas encore quoi, mais quelque chose clochait...
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    Oui Lieutenant ! Bien Lieutenant ! À vos ordres Lieutenant. Le parfait soldat, il aurait répondu ça. Mais ce ne fut qu'un soupir nonchalant au possible qui sortit des lèvres de la belle, qui, de son talon, pivota immédiatement avant même que Mavim ne rompe les rangs. Aussitôt, de sa mauvaise humeur naturelle, Crow s'attira une cinquantaine de gus au pif — qu'elle compta jusqu'à dix rapidement, pour abandonner, car après onze, ça devait bien faire cinquante — et se dirigea d'un pas énergique vers... Un coin de chantier.

    La belle, les mains aux poches de son pantalon noir, la chemise blanche nouée au nombril, son énorme poitrine tressautant à chaque claquement de ses getas contre le pavé, fumait la pipe. Elle l'avait ressortit de son décolleté car elle devait décompresser.
    Si Pastrik était un emmerdeur de première, le casque-en-cul-de-poule surpassait le commandant d'élite dans ce domaine. D'abord, il avait une face trop sérieuse et froide, il manquait un peu de tiédeur dans ce laid visage. Ensuite... Il avait une façon rondement pointilleuse de donner ses ordres. D'ailleurs, la recrue Sarah n'y comprenait rien, à ces ordres. C'était quoi, d'abord, une embuscade ? À revers ? Les deux seuls revers que Crow connaissait étaient le revers d'une nappe et le revers de son poing. Il y avait peut-être le verre renversé, mais Crow n'avait jamais été forte en jeux de mots. Quoique, pour insulter, elle avait un de ces chics !
    Pour ce qui était de l'embuscade, elle s'imaginait qu'elle gibelotte elle pourrait bien cuisiner avec, puisque, forcément, c'était une épice...

    Elle menait la compagnie à travers — et à revers ? — rues et ruelles, mais débouchait souvent sur des culs-de-sac. Autre qu'aux femmes, elle ne savait pas commander. Alors, d'un ordre beuglé, peu compris mais surtout incongru, la compagnie se retournait, repartait dans un mauvais sens, souvent Old Crow à son cul plutôt qu'à sa tête — c'est ça, à revers ? Difficile de se comprendre tant la marche était bruyante et complexe.
    Ils débouchèrent devant un nouveau mur. Old Crow en avait marre. Elle fulminait.

      - Hep. Toi. L'pas beau. NON, PAS TOI, TOI ! Ouais, c'ça, toi, l'pas beau. Z'êtes tous pas beaux, d'toute façon. NON, PAS VOUS TOUS, TOI BORDEL ! TOI !! Bon. Ouais. C'est ça, avance. Dis-moi. C'par où qu'il faut aller ?

    Le laidron haussa les épaules. Il semblait surpris par l'attitude de celle qui les dirigeait. Alors Crow demanda à un autre.

      - Hep. Toi. L'pas beau. NON, PAS TOI, TOI JE T'AI DÉJÀ DEMANDÉ ! TOI !! Ouais, c'ça, toi, l'pas beau. Z'êtes tous pas beaux, d'toute façon. NON, PAS VOUS TOUS, TOI BORDEL ! TOI !! Bon. Ouais. C'est ça, avance. Dis-moi. C'par où qu'il faut aller ?

    Le second laidron haussa les épaules. Il semblait tout aussi surpris par l'attitude de celle qui les dirigeait. Alors Crow demanda à un autre.

      - Hep. Toi. L'pas beau...

    ♥♥♥♥♥♥♥

    Les minutes passèrent. Difficilement, elles passèrent. Dans sa grande bêtise, Old Crow avait fait asseoir ses hommes — et les deux trois femmes qu'elle n'avait pas remarquée, avec leurs trognes masculines — et les avait, un à un cuisiné en les insultant. La direction, elle, était toujours inconnue.

    Le temps passait.

    Les hommes — et les deux trois femmes — répondaient toujours en choeur lorsque Crow les méprisait à l'ensemble et le temps passait.

    La même phrase se répétait, puisque le temps passait.

    Ça en devenait absurde, car le temps passait.

    Ailleurs, des fusils tintamarraient et des épées s'entrechoquaient, mais ici, le temps passait.


    ♥♥♥♥♥♥♥

    Les révolutionnaires avaient la belle vie, il fallait croire.
    Pour la forme, ils avaient décidés d'attaquer le chantier de Bliss, histoire de nuire aux Marines en empêchant la construction de bateaux. L'idée n'avait cependant pas complètement plu aux chefs des différentes cliques qui s'étaient liguées contre le gouvernement, surtout aux plus puissants, mais celui qui, tel un maître, orchestrait tout le plan d'aujourd'hui avait su les rallier à sa cause tous, jusqu'au dernier.
    Après tout, chaque action compte.

    Les révolutionnaires avaient la belle vie car, étonnement, ils affrontaient des ennemis bien faibles en ce jour de libération et de purification. Eux qui s'étaient préparés à faire front à une centaine de marines en renfort n'avaient vu que la moitié débarqué, et bien en surnombre, c'était même préparé pour une seconde vague plus sournoise. Mais rien ne vint.
    Aussi, le chef en charge de l'embuscade ordonna à ses seconds de ramener le petit joujou qu'ils avaient volés à un des navires en réparation, ici, à Bliss. Ses acolytes, fier de leur larcin, ne se firent pas prier et roulèrent l'énorme canon jusqu'à la fenêtre d'un entrepôt vide à quelques dizaine de mètres seulement d'où se tenait l'embuscade. Les marines s'étaient peut-être réfugiés dans un bâtiment et ripostaient peut-être efficacement, mais...
    Après tout, chaque action, aussi petite soit-elle, compte.


    ♥♥♥♥♥♥♥

      - ...C'par où qu'il faut aller ?
      *BRAHOUM*
      - Bah voilà, pas difficile d'répondre mes jolis... Hum, pas beaux.

    Old Crow tournoyait son bras, le poing très serré. Un murmure se répandait dans ses troupes qu'elle n'y faisait pas attention. C'tait quoi c't'explosion ? Un canon ? Impossible ! Les révolutionnaire sont drôlement bien foutus, tu trouves pas ? QUI A MANGÉ MON BISCUIT ?! Ça doit être le glouton là-bas. J'ai peur. S'ils ont un canon, nous, on a quoi ?
    Old Crow rugit et mit fin à toute l'agitation et attira les regards sur elle. Son poing rencontra le mur qui les bloquait. Les briques explosèrent dans un fracas épouvantable.

      - Mouais, j'aurais dû y penser plus tôt.

    Old Crow se massait l'épaule tout en s'avançant dans les débris et la poussière. Un autre murmure se répandait dans ses troupes qu'elle n'y faisait pas attention. Fortiche la m'dame ! C'était quoi, une explosion ? Impossible ! On est drôlement bien foutu de l'avoir dans nos rangs, tu trouves pas ? QUI A MANGÉ MON BISCUIT ?! *Bong* J'T'AI DIT QU'ÇA DEVAIT ÊTRE L'GLOUTON LÀ-BAS ! Génial ! Ils ont peut-être le canon, mais nous, on a les obus !!

      - Allez les gamins, on s'grouille l'arrière-train. D'foncez-moi ces murs qu'ça s'termine ! Vite, sinon l'embuscade va cramer !
      - YES M'AME !!
      - AAAAAAAAAAA REEEEEEEVEEEEEEERS !!!!


    Et ce n'est pas du tout subtile que la compagnie d'Old Crow déboucha dans la bataille !
      Les coups de feu se multiplièrent de tous les côtés de la rue, en partie couverts par les hurlements de rage de la recrue Sarah. De son côté, la main du lieutenant Mavim s'applatissait sur son visage. C'est ce qu'on appèle, en language courant, un facepalm.

      Cela faisait plus d'une demie heure que Sebastian attendait de voir débarquer les troupes censées prendre l'ennemi de flanc. À la place, elles avaient apparemment décidé de faire un petit peu de tourisme dans la ville, et après avoir constaté qu'elle était pas très bien agencée (à tort), c'est mise à la restructurer. Pas terrible du point de vue du lieutenant...
      Du toit où il était perché, le grincheux pouvait observer toute la scène. il avait repéré le bâtiment d'où les révolutionnaires tenaient la marine à distance. Il avait aussi pu observer l'entrée en scène des renforts, au beau milieu de l'allée. Heureusement pour ces soldats, la surprise des hors-la-loi qu'ils étaient censés arrêter leur avait évité de se faire descendre avant de trouver un abri ou, pour les sprinters émérites, d'atteindre le mur d'où les coups de feu provenaient.

      C'était le moment de se bouger le train. La situation devenant tendue, il était très possible que le leader de l'attaque tente de fuir. De son perchoir, Mavim avait repéré les échapatoires. Il descendit dans une ruelle quand le son commun des bottes se pressant sur les pavés se fit entendre. Rapidement, le marine se posta au coin de la rue, l'épée tirée et prêt à s'en servir. Au moment de passer devant lui, le fuyard se mangea le plat de la lame en plein sur le nez. Ses deux collaborateurs, eux, s'arrêtèrent, visiblement surpris.

      L'un d'entre leva une arme vers le soldat en armure et l'autre posa sa main dessus, lui signalant de ne pas tirer. Mavim, sa lame tendue vers la gorge de l'homme au sol et l'arbalète vers l'homme au fusil, toisa un moment les deux révolutionnaires.

      "Messieurs, je crois que nous sommes en état d'arrestation..."
      "Vous êtes en état d'arrestation..."

      "Et vous, Gérard, feriez mieux de poser votre arme."
      "Et pose ton arme toi !"

      Le révolutionnaire s'exécutionna.

      "Eh bien, nous avons l'air malins maintenant..."
      "V'savez l'air... Putain !"

      Sebastian se tourna vers le masque qui lui parlait depuis le sol. Un des deux hommes voulu en profiter pour charger le lieutenant. Il fut accueilli par une lame pas très affutée dans l'estomac.

      "Ce n'était pas une très bonne idée..."
      "J'ai connu des types plus futés. HA!"

      Et après ça, tout se passa comme sur des roulettes. Sebastian pris l'homme masqué en otage et assoma l'autre. Il entra dans le bâtiment, cigare à la bouche et prisonnier en mains alors que les révolutionnaires se faisaient gentiment mais surement mettre en échec par la marine. La vision de leur chef fait prisonnier, parce que oui, le type qui porte un masque est forcément le chef de la bande, les décida à se rendre. Cela, ou le fait que c'était ce que le masque leur conseillait de faire en syncronie avec le lieutenant, ce qui l'agaçait grandement.
      Les révolutionnaires passés sous les barreaux, Sebastian regroupa ses troupe au port, où se trouvait également le commandant Couillard. La journée était belle et il c'était visiblement déplacé pour voir comment la mission se déroulait. Les blessés était alors emmenés à l'infirmerie et le reste se mettait en rang devant les navires à quai.

      "Lieutenant, je me dois de vous féliciter ! Le nombre de révolutionnaire était supérieur à ce que nous avions prévu. Mais je vois que vous vous êtes bien débrouillés. Il vous faut une récompense... Voyons... Je sais ! je vous invite ce soir à diner. Et que madame Mavim se joigne à nous ! Ah, quelle belle soirée ce sera ! Au Gaspaccio à dix-huit heure !"

      Couillard, sans laisser le temps de répondre à Sebastian, se tourna et quitta la place de manière théatrale. Bouche bée, le lieutenant se tourna vers ses troupes. Il les observa un moment, puis hocha de la tête. Ce n'était pas grand chose, mais pour ceux qui le connaissaient, c'était l'équivalent d'un feu d'artifice. Il ordonna à une partie de ses hommes d'aider les marins du Bellissime à garder les lieux d'une autre attaque. Ensuite, il fit signe à la star de la journée, la recrue Sarah, de s'avancer vers lui.

      "Trois petites choses: c'est la dernière fois que vous aurez des hommes sous votre responsabilité; à revers signifie de côté, pas en plein au milieu du champ de bataille... et quoi encore... Ah oui: j'espère que vous avez autre chose à vous mettre, ce soir, nous dinons en compagnie du commandant Couillard. Rompez."
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      Oui Lieutenant ! Bien Lieutenant ! À vos ordres Lieutenant. Le parfait soldat, il aurait répondu ça. Mais ce ne fut qu'un soupir nonchalant au possible qui sortit des lèvres de la belle, qui, de son talon, pivota immédiatement avant même que Mavim ne rompe les rangs. C'est fou comme ça commence comme l'aut', là, plus haut.


      ♥♥♥♥♥♥♥

      Crow se précipita contre un coin de mur avant qu'une salve de balles n'atteignent sa dernière position. Le tintamarre des canons assourdissaient le champ de bataille. Heureusement, il n'y avait, contre toute vraisemblance, aucun mort. Seuls des blessés qui, de l'autre côté de la rue, les mains sur les oreilles et les faces rouges à force de crier des ordres, des conseils, des insultes et des questions, s'abritaient derrière un coin d'une chaumière chancelante, sous la fenêtre d'un immeuble troué ou tout simplement glissé contre un pan de mur. Les marines qui, un peu plus tôt, avait trouvé refuge dans un entrepôt désaffecté, n'avaient aucune chance d'attirer leurs compagnons d'armes à eux : dès lors qu'ils rechargeaient, on les canardait de plus belle. Un répis d'à peine deux à trois secondes, trop peu pour faire mouvoir quelques escadrons à l'intérieur de façon sécuritaire...

      Parfois, un silence s'installait, et d'où était venu le premier tir de canon, un ordre chutait, en échos. Armez le canon ! qu'on criait. Alors, aussitôt, les tireurs marines ne voulant pas exploser, se mettaient à tirer, et le chaos reprenait, empêchant d'agir de façon stratégique.


      ♥♥♥♥♥♥♥


      Crow était en furie. Elle avançait dans la rue, seule. Casque-en-cul-d'poule l'énervait. Il ne reconnaissait même pas ce qu'elle avait fait ! Pour UNE fois qu'elle agissait selon le commandement du sexe inférieur (le mâle), voilà comment elle était remercié ? S'il avait une bouche, ce n'était sûrement pas pour dire de gentilles choses comme : « Hey ! La grosse ! Bravo, t'es une vraie teigne ! » ou encore « Un jour, je serai une femme comme toi ! » ou en mieux « Si j'aurais une mère, ce serait toi ! »
      Bien sûr que non, Sebastian Archibald Mavim devait absolument être désagréable et la corriger.

      Le son de ses pas se répercutaient sur les murs des bâtisses alentours. Elle fumait son tabac comme une vraie locomotive, soufflant par les narines l'épaisse fumée blanche. Son regard était de feu, assez chaud pour que sa pipe ne redemande pas de feu.

        - Tch. Un revers, ch't'un revers !! Quand ch'frappe avec mon r'vers d'poing, ch'frappe pas d'côté ! Ch'con d'frapper d'côté... 'Faut frapper d'vant ! Baka!
        - Vous m'avez appelé ?
        *SBAM*


      ♥♥♥♥♥♥♥

      Old Crow soufflait. Difficile de rester calme. La moitié de ses gamins pissaient dans leurs pantalons. Cette formation ne formait que des poltrons. Elle n'oserait sûrement pas l'avouer mais elle aussi perdait son sang froid. Elle était une femme de corps à corps, qui plaquait ses jointures dans le nez de son opposant. Coincer entre les tirs ennemis et les briques qui, à chaque salve, s'effritaient légèrement sur ses épaules, la belle commençait à perdre patience et confiance. Elle ferma les yeux pour se reprendre en main mais se fut pire.
      Elle vit en rafale le champ de bataille sur le plage, le sourire de Rosianne, sa cellule, Aizen Hour qui visait dans sa cuisse, son énorme gourde de saké, Aizen Hour qui tirait dans sa cuisse, les walkyries anéanties, la balle qui pénétrait sa chair, sa fille en cellule, des balles qui pénétraient sa chair, Aizen Hour qui emprisonnait sa fille, le sang gicler, la vie la quitter, la mort la prendre ; Thunder F. Son fils. Little Crow. Sur ses épaules, à la plage, près de la baie cachée de Hook Island. Son village en feu. La mort la prendre...

      Thunder F. la prendre...

      Thunder F. égorgeant son fils... La prendre... Le feu, le sang, les larmes...

      Puis, un frisson d'espoir : un souvenir. Sa fille. Sa fille et les walkyries, ses enfants ; Adrienne.
      Mais tout pouvait se terminer, maintenant, à tout jamais, si une balle lui transperçait la poitrine...

      Puis, un frisson d'amour : une vision. Une grande table, lumineuse, dans une maison blanche. Sa maison blanche. Des gamins. Tous. Tous un et chacun : des gamins. Thunder F., Mantle Shoma, Adrienne Ramba, Rosianne, Alheïri S. Fenyang, ses walkyries, Pastrik Couillard, caporal Baka et Soldat Poivrot, Casque-en-cul-d'poule ; et tous les autres ! Ainsi que bien d'autres ! Des petits, des gros, des grands, des maigres, des laids, des beaux, des mécréants, des chiens, des bandits, mais aussi des gentils, des bons, des brutes épaisses, des nounours des bébés géants, des géants bébés, des pleunichards, des poltrons, des poissons, des chèvres, des mouettes, des longs-petits-larges-bras ; bleu, pas bleu, bleu foncé ; rouge ou marrons ; surtout des jaunes et des gris, des mauves mêmes...
      Des sans couleurs...

      Oui. Tous.
      Du plat de la paume, elle ébrécha le mur. Son corps tremblait. Les soldats à ses côtés sursautèrent. La regardèrent. Se questionnèrent...

      Old Crow... sur ses joues... coulaient... des larmes ?


      ♥♥♥♥♥♥♥

        - Tch. En plus, i'veut qu'je m'change. Ma tenue est propre. J'suis propre. C'lui laid. M'changer comment ? En blondasse ? Ghahahaha! fais-moi rire, cul-d'poule ! J'lui sauve les fesses, prochaine fois, i'va s'cogner dur, l'casqué... Baka!
        *SBAM*
        - Hein ?
        *SBAM*


      ♥♥♥♥♥♥♥

      Tears of Love.
      Ils n'eurent pas leur réponse. Pas la bonne. Les canons arrêtaient de crier. Ils n'eurent que quelques gouttes qui s'écrasaient sur leur visage. Old Crow s'élançait.

      La brute traversa en grandes pompes la rue qui la séparait de l'autre commando. Aussitôt qu'elle mit une geta dans sur le chemin, les canons crachèrent de nouveau, mais trop rapide, la cible zigzagua et évita les coups de feu. À mi-chemin, les révolutionnaires embusqués durent recharger, tandis que les marines, tous surpris de voir ainsi la belle foncer, ne pensèrent même pas à tirer à leur tour.

      Old Crow bifurqua dans un virage sec contrôlé, ses pieds marquant le pavé d'une semi-profonde trace comme s'il n'avait qu'une terre meuble. Elle bondit et roula derrière un abris — un mur détruit. Les balles ennemis s'éclatèrent contre de la pierre solide.

      Ses larmes se mêlaient à sa sueur. Les soldats à qui elle avait foutue une peur bleue ne se questionnèrent même pas, eux. Ils n'osaient même pas la dévisager, en fait, tant l'expression sur son visage était... terrifiante !
      Old Crow cillait sauvagement, un rictus mauvais sur les lèvres, essoufflée comme une combattante qui affronterait un seigneur des mers. Les pleurs, en cascade, n'aidait pas à apaiser son air guerrier et ne faisait qu'enlaidir son expression, rajoutant un côté malsain au rictus.
      La belle avait le regard embué et le coeur qui battait fort.

      Un vrai tambour de guerre !

        RRRAAAAAAAAAHHH !!!
      Elle se retourna, son énorme poitrine s'écrasant dans un bruit sourd contre le mur. Ses doigts traversèrent la pierre, comme des griffes dans de la viande. Une poussière étouffante monta. La peur se lisait dans les visages des soldats à ses côtés.
      Elle n'avait plus du tout l'apparence d'une gentille brute, mais d'une bête assoiffée de sang.
      Une veine saillante dans son cou pompait des litres de sang à un rythme effréné tandis que, lentement, d'un second cri de rage, Old Crow commençait à soulever l'abris.
      Lentement, les tirs ennemis cessaient. Les têtes sortaient. Les têtes admiraient et s'épouvantaient à la fois.

      Voilà qu'Old Crow, la figure connue de toute South Blue, réapparaissait.

      Le pan de mur s'éleva haut dans le ciel avant de retomber sur un bâtiment. Destruction immédiate.


      ♥♥♥♥♥♥♥

      Deux jeunes recrues, de la marine régulière, discutaient, près sur les quais. Cela faisait un petit moment que les troupes du Lieutenant régulier Mavim avait quitté la place, mais les deux jeunes gens avaient eu leur plein d'émotions. L'un disait à l'autre :

        - Je n'ai toujours pas compris comment on a gagné. Un moment, nous étions terrassés par l'ennemi, et celui d'après, les révolutionnaires s'alignaient devant nous pour qu'on leur passe gentiment les menottes.
        - Ah ça... C'sont eux.
        - Mmh ?
        - L'une, c'est Old Crow. La brute. Si tu viens de South Blue, tu dois connaître. Sinon, bah, maintenant, tu connais.
        - Ah oui ! Old Crow ! Quoi ? C'était elle ? Elle était pas pirate, dernièrement ?
        - Mouais... On dirait qu'elle a changé de camp. J'préfère ça, vu comment elle a réglé ça.
        - Justement, je...?
        - Force de persuasion. Elle a soulevé le mur juste à côté de moi. J'ai cru mourir de peur. Putain de folle. Mais pas autant que les révolutionnaires qui ont vu s'écrouler la bâtisse d'en face...
        - Même pas...?
        - Nop. Force de persuasion j'te dis.
        - Eh ben... Hahaha! Sacré numéro ! Je ne savais pas qu'on avait des recrues de ce style, hahaha!
        - Y'a l'autre, Mavim, aussi.
        - Mmh ?
        - Lieutenant régulier Mavim, notre instructeur. C'est lui qui a arrêté le chef de la bande, alors qu'il fuyait. Il paraît qu'ils étaient trois. Deux blessés, le chef et Mavim intactes. Il l'a pris en otage. Les petits révos ont vite compris qu'il ne pouvait plus avancer avec Old Crow devant et leur chef sous la lame de Mavim.

      Les deux comparses prirent un moment pour mieux y repenser.

        - Et leur canon. Les révos avaient bien un canon non ?
        - Disparu.
        - Envolé ?
        - Envolé.

      Les deux comparses prirent un moment pour mieux y repenser.
      Puis, l'un d'eux rigola.

        - Lieutenant Mavim. Old Crow. Ils vont pas finir d'en baver, ces révos... gniarkgniark...

      L'autre frissonna de dégoût.
      Décidément, il ne s'habituerait jamais à ce rire.