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Tomber est permis ; se relever est ordonné. | Jo

    Ça y était. C'était l'instant T, le moment M. Là, tapie en plein milieu de l'horizon, la masse de Dead End, avec ses côtes écorchées et ses contours torturés, fantomatique charognard posé sur les eaux comme une hyène dans la plaine. Trop facilement oublié, alors que le regard glissait sans y prêter attention, mais tellement dangereux. Le coin pullulait de racailles et autres mafias, et je me doutais pas que les pirates s'en donnassent à cœur-joie.

    Je contemplais l'île qui se parait petit à petit de lueurs tremblotantes alors que la nuit tombait et que les habitants allumaient leurs lampes. Ma destination. Cela faisait près de quatre-vingt dix heures que tout mon être se tendait vers cet instant, et maintenant, je découvrais que ce n'était qu'une étape. Même pas. Tout juste un commencement.

    Un demi-commencement, en fait, puisque tout débutait près d'une semaine de ça. J'étais de retour du BAN, dans mon QG favori. Par la Barbe du Grand Roi.... J'en étais donc arrivée à considérer le CP5 comme un endroit de paix et de stabilité. Qu'était donc devenue ma vie. Je me le demandais bien, et j'avais décidé de remédier à ce coup de blues bien passager en me livrant à mon activité professionnelle préférée : les archives.
    Oui, c'est sûr que dit comme ça, ce n'était super glamour. Même pas du tout. Mais entre traîner avec les allumés qui agissent en tant qu'agents du Cipher Pol et aller fouiner des infos et des secrets bien juteux et scandaleux, le choix ne se posait pas longtemps.
    Sauf que mon plan s'écroula quand Yakutsuki Rei, leader soit-disant charismatique, me fit mander dans son bureau. Oh, vu comme ça, de loin, il ne paie pas de mine, le chef. Sauf que c'est toujours le plus gentil le plus fourbe et c'était là une des très bonnes leçons que le BAN m'avait inculquée. Alors oui, je me méfiais de mon boss. Être aussi.... lui... c'était louche. A ce stade, ce n'était plus anguille sous roche, mais baleineau sous gravillon.

    - «  Ah, Raven-Cooper. Vous pouvez vous asseoir. »
    - « Oui, Monsieur » Et je joignis geste à l'invitation, qui n'en avait que le nom. Ordre était la réalité des choses.
    - « Cela faisait longtemps que nous n'avions pas eu le temps d'échanger. Vous avez eu un emploi du temps chargé ces derniers temps. » Ah oui, vraiment ? Je n'avais pas remarqué. Ah lala, je devenais paranoïaque. Si ça se trouvait, Rei ne cherchait qu'à se renseigner sur mon bien-être général, en bon chef qu'il était. Enfin... bon chef... Depuis mon arrivée dans les rangs des CP, l'unité numéro 5 s'était faite remarquer par une rotation du personnel spécialement élevée, même pour nous. Et ça, c'était sans regarder dans le détail le taux de mortalité du groupe.
    - « J'ai fait de mon mieux, Monsieur. Nous savons tous les deux que j'avais beaucoup à prouver. » Bon, on n'allait pas y revenir encore, mais le fait resterait toujours que j'étais partie avec un sacré handicap, que je ne m'étais en plus pas pressée de surmonter. Mais ça, c'était avant. Avant que je réalisasse ce qu'était la vie et le combat contenu dans chaque jour, chaque heure, chaque souffle.
    - « En effet, et vous semblez avoir le chic pour relever la barre à chaque fois. A croire que vous ne savez pas rester tranquille en place. » Là, je haussai un sourcil. Etait-ce un compliment, un reproche ou une simple constatation ? Impossible à dire avec Rei. L'univers semblait se refléter dans ses yeux, comme s'il n'était qu'un miroir de pure innocence. Ouais, c'est ça, et moi, je suis la fille de Gold D. Roger. « Vous avez demandé un entraînement BAN. Vous avez eu un entraînement BAN. De ce fait, je demande un agent terrain hors pair, et croyez-moi, je vais avoir un agent terrain hors pair. » Hum, apparemment, nous étions passés aux choses sérieuses. En avant Guingamp !
    - « … Quel sera le but de ma prochaine mission ? » Je tentai de garder un ton calme, froid et pro, mais le doute perçait clairement. Je sentais le coup-fourré et nous savions tous les deux que je ne pouvais m'y soustraire.

    Et voilà comment Rei me vendit l'honneur de cette mission. Et quelle mission. Un petit rien, un pas grand chose. Juste appréhender Mayaku, ex-camarade Cipher Pol qui se la jouait fille de l'air. Enfin, camarade, camarade. De mon point de vue, ce n'était pas les sentiments qui m'étouffaient. A vrai dire, je n'en avais rien à battre, de Mayaku. Elle ne m'avait pas laissé une impression impérissable. Elle m'indifférait au plus haut point.
    Cependant, elle était une traître. Ah oui, ça m'allait bien de critiquer, mais moi, j'avais trahi pour une bonne cause. In fine, je me retrouvais à croire à nouveau au principe fondateur du gouvernement. Alors que mon infortunée compagne de rang, elle, avait trahi par égoïsme. Si encore elle était passée révolutionnaire, j'aurais compris. Mais pirate ? Quelle grandeur, quel destin à ne vivre que pour mourir et faire mourir ?

    Les rapports de la Marine étaient pourtant formels. Elle avait été repérée plusieurs fois au sein des Saigneurs, une flotte pirate de très mauvais aloi. Il avait fallu la puissance et toute la détermination de Pride, le Captaine-Corsaire, pour mettre fin aux exactions de ces mécréants. Et encore ! Si leur chef était désormais en prison, les têtes de l'hydre repoussaient aussi vite. A nous, piétaille, bleusaille et autre -aille, de finir le ménage. Et j'avais récolté de la corvée « Maya ». De part sa maîtrise du Rokushiki, elle se posait en adversaire redoutable. Seul un autre initié à cet art pouvait l'affronter. Très étrangement, le choix s'était porté sur moi. Comme quoi, on peut être gradé et très con. BAN ou pas BAN, je n'ai juste pas la tête de l'emploi.

    Tout ça pour dire que voilà, j'étais là, devant Dead End, à attendre qu'il fît suffisamment nuit pour aborder ce caillot infecte et infâme de pus purulent; là, après très exactement quatre-vingt-trois heures, dix minutes et peut-être six secondes après avoir posé le pied sur le premier navire qui me faisait traverser la moitié du globe, à la poursuite d'une femme sans cœur ou âme. Près de quatre jours à jongler entre les navettes maritimes, à voyager entre cargo de ravitaillement, et caisses de munition, à passer d'une vedette à un long courrier, d'un trois-mats à une barque, par saut de puce à saute-mouton, d'une aire de patrouille à une autre, me posant parfois dans une base le temps de quelques cuillerées de soupes durement méritées et d'une poignée d'heures de sommeil toujours trop agité (le sommeil) ou courtes (les heures).
    J'étais sale, assez puante et mes pieds me faisaient mal. Pourtant, c'était maintenant que tout commençait.

    Avec une mission d’infiltration. Hors de question de débarquer à Dead End avec armes et fracas, en uniforme CP. Traître peut-être, mais pas suicidaire non plus. Hé non, me voilà obligée de me faire passer pour une « comme-eux », une raclure, un individu qui avait à faire et affaire dans le coin. Bon, j'avais joué de bon cœur le jeu, et comme bien entendu cela devait correspondre à mon masque, j'avais déballé mon meilleur acte de l'ancienne reine du bal qui se résignait, pour la Patrie et l'Honneur, à endosser des fringues sans marque, sans tag, mais avec taches et fracas. J'avais aussi dû oublier mes stilettos et ça, pas besoin de la scène 3 « et entra le héros » pour que j'en fusse toute retournée. Mes talons, c'était moi, ma marque, ma carte de visite. Et c'était bien pour ça que j'avais mal aux jambes. Je toisais le monde depuis la hauteur d'au moins six centimètres de plus depuis mes quatorze ans. Les rares fois où mes plantes de pieds touchaient terre, c'était dans mon bain !

    Ceci dit, je ne m’inquiétais pas pour un quelconque personnage de couverture. A Dead End, j'allais enfin être qui de droit, et laisser tomber les peaux. J'allais être une révolutionnaire, en quête d'info. Et dire que c'était dans ce bourbier que j'allais me révéler. Ignoble et innommable ironie ! Pour un peu, j'en rirais. Mais la vie et moi n'avions pas le même sens de l'humour.

    Le temps était venu. Avec un dernier hochement de tête envers le capitaine du patrouilleur rapide qui avait jeté l'ancre à distance raisonnable, au plus proche du danger sans être en danger lui-même, j'assurai ma prise sur la bandoulière de la sacoche qui contenait mes rares possessions nécessaires pour cette mission – notamment un escargophone régulier pour les recontacter pour être extraite de cette île une fois ma cible capturée ou éliminée – je me jetai dans le vide où je me livrai à un exercice de Geppo pour franchir la distance jusqu'à la rive. D'où la nécessité d'opérer dans le noir, durant une nuit sans lune ou à défaut couverte. Dans le cas présent, des nuages lourds roulaient en d'épais moutons violacés. Quelque part, je souhaitais la pluie, qui aurait l'avantage de pousser les gens à se réfugier dans les bars ou chez eux, couvrant encore plus mon arrivée. Bon, être mouillée ne m'arrangeait pas, d'autant plus que cela allait faire boucler mes cheveux. Mais à la guerre comme à la guerre.

    Justement, je resserrai les liens de ma capuche juste avant de me laisser glisser à terre. Pour autant que je pus en juger, j'étais sur place, et ce de manière totalement inaperçue. Il fallait dire que la plage aux gros galets vaseux ne devait pas attirer grand monde, de jour comme encore moins de nuit. Avec un dernier soupir pour me souhaiter bon courage, j'attaquai la remontée depuis le rivage jusqu'au cœur des terres, en direction de la première ville, histoire de commencer à poser discrètement des questions sur les Saigneurs et une certaine petite blonde.

    Cela se révélait presque plus facile que prévu. Le coin fourmillait de types ayant assisté en personne aux derniers instants des Pirates. Mouais. J'étais bonne payeuse, j'acceptai volontiers de payer une bière ou deux selon la qualité des info. Au bout de deux heures, je savais qu'ils étaient là... mais pas là... Plusieurs membres auraient été vus ici ou là, généralement pas les mêmes et ce sans aucune cohérence. Juste génial. Je venais de perdre mon temps et à trop poser de questions, j'allais me faire repérer.
    Je décidai donc de prendre mon mal en patience et m'installai dans un coin de la salle du miteux estaminet où je me trouvai, une boisson de nature inconnue – et qu'elle le reste ! - devant moi, à méditer les choses et à laisser le temps au temps... Qui sait ?


Dernière édition par Shaïness Raven-Cooper le Mar 12 Mar 2013 - 21:24, édité 1 fois
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Miteux estaminet, non mais oh, on parle du Hibou de Nuit là ! Un peu de respect s'il vous plait ! Elle en a des bonnes l'agent double en prada. Double salaire, doubles emmerdes mais surtout elle se la jouait un peu trop niveau standing. Fallait voir à pas prendre de haut le Hibou de Nuit. C'était un établissement du Clan Python tout ce qu'il y avait de plus officiel et qui trempait donc, de façon tout à fait officielle, dans le jeu et la prostitution. La bière n'y était peut être pas excellente mais au moins l'ambiance en salle était calme, selon les standard en vigueur sur Dead End. Certes il y avait des couteaux, pistolets et autres sabres bien en évidence sur les tables, surtout celles où de l'argent était aussi posé, mais le volume sonore restait supportable. Et surtout il n'y avait pas eu la moindre bagarre depuis le changement de propriétaire. Un type bien ce nouveau proprio, il s'occupait lui même de mettre les gêneurs à la porte et il hésitait pas à offrir des coups à boire aux habitués ou aux sbires du Clan qui venaient finir leurs journées dans son rad'. Vous l'avez deviné, l'heureux propriétaire des lieux n'est autre que le fort sympathique Joseph Patchett, Champion du Clan Python de son état.

D'ailleurs observez bien, tas de soiffards, Crack Joe est descendu dans l'arène euuuh dans la salle ! Il est vrai qu'il passait désormais plus de temps à gérer son rade qu'à échanger des gnons dans les arènes mais c'est que ça en demandait du travail que d'être patron ! C'était pas à la portée du premier venu ! Et puis c'était pas comme si depuis sa rencontre avec Jack Calhugan il avait eu beaucoup de temps à lui. Que dal' ! Le pauvre Joseph avait été débordé. S'acheter la fidélité des porte flingues, en éliminer d'autres, lancer des rumeurs, en récupérer. Le Hibou de Nuit était déjà son QG avant maintenant c'était devenu le coeur de toutes les magouilles des Saigneurs version Jack sur Dead End. Autant dire que y'avait du monde qui passait et que des tas de liasses de billets changeaient de poche. De plus, Joseph était bien évidemment le premier informé des récits de comptoir. En même temps, le temps de trajet entre le comptoir et son bureau n'excédait pas les deux minutes.




C'était ce même trajet que la Fouine, un des plus fidèles sbire de Crack Joe, venait de franchir au pas de course quelques instants plus tôt. Comme à son habitude, il avait déboulé dans le bureau de ce brave Joseph sans prévenir. Coup d'bol, celui-ci était là, occupé à frapper dans le sac de sable qu'il avait installé exprès pour pas se rouiller. La vie à Dead End l'avait affaibli et il se devait d'être au top pour Jack. Pas moyen qu'il lui fasse faux bond, pas moyen ! Il avait trop connu la défaite ses derniers temps.

"M'sieu Patchett, M'sieu Patchett ! J'ai appris un truc qui va carrément trop vous intéresser !"

Le malfrat marqua une pause, semblant guetter une réaction de son Champion de supérieur. Une invitation à continuer, une question, n'importe quoi. Mais non, Crack Joe continuait à frapper dans le sac de sable tranquillement. La Fouine hésita encore un instant puis reprit la parole et balança sa réplique à la vitesse d'une mitrailleuse. Il devait sentir venir le gros pourboire pour l'info qu'il ramenait.

"J'ai fait comme v'zavez dit. J'ai tendu l'oreille et tout et tout. Pis là, j'lai repéré ! C'était dans c'troquet près du chantier là, la tortue j'sais plus quoi. Bref, l'était là la gonzesse, plutôt mignonne hein, j'lui aurais bien fait sa fête même si elle sait pas s'habiller si v'voyez c'que j'veux dire."

Baam, baam, baam. Les coups continuaient de pleuvoir sur le sac de sable avec la régularité d'un métronome.

"Bref, j'me sentais chaud pour la draguer et tout mais alors que j'allais lui montrer comment qu'je suis trop classe. Bam, la vlà qui commence à poser des questions à son voisin d'comptoir sur les Saigneurs. Alors pour sûr que les gens y lui ont causé des Saigneurs. L'Tahar, l'Jack, l'Scott, l'Maya, toute la clique y est passé. Moi j'étais curieux alors j'lais suivi discrétos quand elle s'est cassée. L'a été dans un s'cond rade et elle a recommencé ! Les même questions encore ! Pis là, v'savez la meilleure ? Elle a r'fait l'coup dans c'rade si ! J'crois bien qu'elle a fait l'tour des établissements des trois clans. Alors Boss, ça mérite pas une p'tite prime ça ?"

BAAAM !

Joseph venait de terminer son entrainement. Un Kraaak des familles avait fait voltiger le sac de sable qui était allé s'encastrer dans le mur. Au vu des traces ce n'était pas la première fois que cela arrivait. Le Champion attrapa sa serviette et s'épongea le front avant de tourner son regard sur la Fouine qui l'observait, les yeux illuminés par le B de Berry.

"Tu as entièrement raison, ça mérite une prime. D'mande à Jasper de t'servir tout ce que tu veux. C'est la maison qui offre. Ce soir tu manges, picoles et tringles à l'oeil la Fouine. Par contre ton info là, t'vas te la garder pour toi 'k ? T'sais bien que j'aime pas que les aut' soient au courant de c'que je trafique et qu'si tu me doubles... Bah tu sais ce qui est arrivé au vieil Archi pas vrai ?"

Le visage de la Fouine passa par toutes les expressions possibles durant le petit speech du Champion. De la joie lorsque celui-ci lui annonça qu'il allait toucher une prime au bonheur même quand il apprit qu'il allait pouvoir s'envoyer en l'air sans payer, à la peur quand Crack Joe lui rappela ce qu'il risquait s'il ne tenait pas sa langue. Mais la Fouine savait ce que c'était que de bosser pour Joseph Patchett, il avait l'habitude, alors il hocha la tête sans mot dire.

"Bien... Maintenant tu m'laisses le temps d'me laver et d'enfiler un costard propre puis on va descendre la voir cette p'tite curieuse. J'espère qu'elle est aussi mignonne que tu l'as laissé supposé."




Ce fut ainsi que Joseph Patchett descendit dans la grande salle de son établissement, le fidèle la Fouine sur les talons. L'agent Raven Cooper était une experte, jouer double jeu au sein du Cipher Pol demandait de la maîtrise. Elle s'aperçut sûrement que la Fouine la désigna, discrètement, d'un coup de menton. Mais pas le temps de filer, l'ami Joseph arrivait déjà à sa table.

"Bien le bonsoir ma p'tite dame. Bienvenue au Hibou de Nuit ! C'est pas tous les jours qu'on voit débarquer de beaux p'tits lots dans vot' genre ici. En tout cas pas sans calibre. Hahaha, comme s'il existait une seule personne à Dead End qui s'baladait sans arme hein ? Z'êtes arrivé avec l'un des navires de la Faypher c'est ça ? Bien l'genre du vieux d'avoir une fille pareille sur ses rafiots."

Sans laisser le temps à son interlocutrice de réagir, Crack Joe s'installa à sa table et fit signe à un des serveurs de venir.

"Hey oh, t'as foutu quoi là sérieusement ? T'as osé refiler de la pisse d'âne à c'te dame ? T'es pas bien toi ? Rapporte nous tout de suite deux verres d'notre meilleur pinard !"

Le serveur cligna des paupières, abasourdi par la demande. Il faillit dire quelque chose mais le regard que lui lança son patron l'incita à obéir sans demander son reste. Moins d'une minute plus tard il était de retour, deux verres de vin posés sur son plateau qu'il déposa prestement sur la table. Joseph s'empara du sien et commença à boire avant de s'arrêter soudain. Comme si quelque chose venait de titiller sa mémoire.

"Oh pardon, je manque à tous mes devoirs, j'ai oublié de me présenter. Joseph Patchett, Champion du Clan Python et gérant de cet établissement. Puis je savoir à qui ai-je l'honneur ?"

Et le blond d'enchaîner avec un sourire colgate total. C'est qu'il était plutôt séduisant avec son costume de bonne facture. Il était sacrément plus impressionnant que toutes les raclures de Dead End et ce côté mauvais garçon avec son nez cassé. Comment une femme pourrait elle y résister ?
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    Je commençais à sérieusement m'impatienter quand les choses se débloquèrent. Voilà plus d'une heure que j'avais repéré une silhouette aussi peu ragoûtante que discrète, qui me suivait de bars en bars. Si dans un premier temps j'avais jubilé à l'idée d'avoir réussi à attirer l'attention de quelqu'un, je commençais à me demander si ce n'était autre chose que mes questions qui avait poussé l'individu à me prendre en chasse. Comme il avait disparu à mon entrée dans ce qui semblait s'appeler le « hibou de nuit » - comme si un hibou pouvait être de jour... - j'avais misé sur son retour rapide avec des « gens ». Des gens intéresses par mes questions. Alors j'avais pris mon mal en patience et j'attendis. Mais le temps passa et j'en venais à me demander si mon ombre n'avait pas simplement pris peur en voyant où j'avais mes les pieds. Peut-être appartenait-il à l'un des gangs opposés à celui qui gérait la place ? Qu'importe.

    Je passai le temps en examinant la pièce où je me trouvai et à prendre mentalement des notes sur le comportement de la population locale. Bien que j'eusse pris le soin de sélectionner des habits neutres - un pantalon de toile solide dans les tons bleu foncé et un gros pull à capuche gris – je détonnais encore dans l'environnement. Trop propre, trop droite, pas assez courbée sur mes secrets et mon passé. Mouais... Bah, ça allait avec mon personnage, mais qui sait si un jour je n'aurais pas à disparaître pour de bon dans une ville telle que Dead End.

    Enfin quelqu'un m'aborda. Son visage me rappelait quelque chose, mais je n'eus pas le temps d'approfondir mes recherches sur le « où je l'avais déjà vu, celui-ci », que la partie commençait.
    - « Bonsoir. Merci de votre accueil. Et non, je ne suis pas arrivée avec la Faypher. » Ça ne servait à rien de mentir. D'autant plus qu'il devait déjà connaître la réponse à sa question. Ce n'était pour ça que j'allais toutefois lui donner la réelle information. Pas tant qu'il ne me le demandait pas directement. Je lui souris avec amabilité et surtout évaporation, papillonnant des cils comme une gourde. Je faisais très bien la gourde, quand je le voulais. J'occupais le reste du temps en faisant tourner le vin dans mon verre, sans en boire une goutte. Pas avant que mon interlocuteur n'en eusse bu une bonne goulée et m'eusse prouver être encore en vie après trente minutes d'ingestion. Poison ou mauvaise qualité, qu'importe, je m'en méfiais.

    Puis je posais le verre un peu durement sur la table en entendant son nom. Joseph Pratchett. Évidemment. Maintenant qu'il me le disait, je remettais sa tronche : sur les posters « wanted » internes, dédiés aux traîtres des sections CP. Celle de mon interlocuteur était spécialement importante pour mon service, puisqu'il avait été notre compagnon. Tout comme Mayaku. Et là, la coincidence était bien trop grande à mon goût. Deux traites CP, c'était rare. Mais deux traîtres du même CP, sur la même île ? Naaaan, juste... non.

    Je ne pouvais reprendre mon geste qui avait trahi ma surprise et quelque part mon déclic. Je savais aussi que je ne pouvais pas prendre Jo à la légère. Si la mémoire me manquait à ce moment sur les états de services et les caractéristiques propres à l'ancien agent, je me doutais que j'avais en face de moi un combattant aguerri, sûrement adepte du rokushiki. Un homme dangereux, d'autant plus qu'il était à même de me reconnaître. J'avais été agent en formation alors qu'il était encore en service, et sa défection du CP 5 n'avait précédé ma nomination que de quelques semaines.
    - « Je ne pensais pas vous rencontrer. Votre nom est connu ici sur Dead End, et même un peu plus loin. Mais je ne savais pas que vous aviez abandonné l'arène. Je suis Jade. »

    C'était mon quatrième prénom. Les probabilités qu'il ne connût frôlait le zéro absolu. Toujours souriante et calme, je me penchai vers lui, pour lui parler à voix basse, comme si j'allais lui confier un secret.
    - « Je suis contente d'être tombée sur vous. Peut-être accepteriez-vous de m'aider ? Je pense pouvoir affirmer que vous savez déjà pourquoi je suis ici. Ça serait injurieux de penser que le Chef du Clan Python ne connût pas le moindre geste de l'actualité de son territoire, n'est-ce pas. Alors, seriez-vous en mesure de m'indiquer où se trouvent certaines personnes qui ont récemment résidé parmi vous ? Peut-être sont-elles encore ici ?  »
    Je regrettais de ne pas avoir mes stilettos ou mon décoté habituels. A en croire ses dires, j'étais à son goût, et je n'aurais eu aucun cas de conscience à flirter avec lui pour lui soutirer quelques renseignements. Son attitude laissait également penser qu'il se sentait en confiance vis à vis de la populace féminine. Je pouvais confirmer qu'il y avait plus moche à tous les coins de rues, pour peu qu'on aimât ce genre d'homme.

    Mon regard se fit plus malicieux, brillant à l'idée de taquiner la faiblesse apparente de Jo. J'appuyais ma joue contre mon poing, coude sur la table, pour lui jeter une œillade de biche à travers mes cils. Si ça se trouvait, il me tendait un piège, tentant de me séduire pour me prendre à défaut. Bah, je pouvais lui rendre la pareille, donnant l'idée de succomber à son charme for-cé-ment ir-ré-sis-ti-ble . Au pire, il verrait à travers mon jeu et nous ferions chou blanc de chacun de notre côté.
    - « Mais je me demande si nous ne devrions pas continuer cette conversation dans un endroit moins... fréquenté. Certaines de vos indications sont peut-être confidentielles... »
    Je voulais surtout m'éloigner de ses gorilles et copains de bande qui devaient patrouiller dans le secteur. Si les choses devaient dégénérer, j'avais plus de chance de pouvoir m'en sortir si je restais en face à face avec le traître, que si tous me tomber dessus. « Je vous promets de bien me tenir... »
    Et je fis une petite moue boudeuse, avec un zeste de sourire à l'embrasure des lèvres. S'il voulait se la jouer coq de combat, je pouvais me la jouer poule de boudoir.
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A malin, malin et demi. Si Shaïness savait parfaitement jouer les potiches, Joseph savait très bien se faire passer pour plus bête qu'il n'était. Jouer les mâles dominants, feindre l'aveuglement, laisser croire que les papillonnements de cils l'affectaient, ça il savait faire. Bon, il devait admettre que la fille, Jade, était plutôt mignonne, il n'avait donc pas à se forcer pour jouer son rôle. Si elle pensait le manipuler, cela ne serait que plus facile de la faire tomber dans son piège. D'ailleurs Joseph avait marqué les premiers points sans trop de difficulté. Si la femme s'était montré suspicieuse, à ne pas vouloir boire son verre avant que lui ait descendu le sien, elle avait commis une erreur de taille. La drogue n'était pas dans le vin lui même, elle avait été ajouté directement dans le verre. Brave serveur. Oh pas de poison, c'était bien trop brutal, il fallait qu'elle vive pour répondre à ses questions. Le "meilleur pinard" était un somnifère pour cheval qui devrait l'assommer rapidement. En plus vu le goût atroce du vin, celui-ci était quasiment indétectable au goût.

Et oui il était comme ça Joseph, un grand adepte des coups de pute. En même temps une mignonnette qui débarquait toute seule et qui posait des questions sur les Saigneurs c'était sacrément louche. En plus elle n'était pas stupide, elle n'avait pas essayé de cacher ce qu'elle cherchait, en tout cas pas totalement. Une seule possibilité, elle avait repéré la Fouine. De plus elle avait mal réagit quand il s'était présenté. Oh elle avait bien tenté de le cacher mais sa réaction avait été trop vive pour être honnête. Il n'était pourtant pas si connu que ça tout de même... Chacun des éléments s'ajoutait aux autres et le tableau ne plaisait pas à l'ex-agent Patchett. Agent du Cipher Pol ? Pirate ambitieuse ? Peu important, il saurait le fin mot de toute cette histoire. Il protégerait les arrières de Jack. Maintenant, tout ce qu'il fallait c'était donner le change à la mignonne le temps que la drogue fasse effet alors Joseph offrit son plus beau sourire à la jeune femme.

"Le Chef du Clan Python ? Moi ? Ralala ma mignonne mais c'est que vos informations sont carrément foireuses. Le Boss c'est Sir Montgomery, je ne suis qu'un humble Champion..."

Pas si humble que ça bien sûr mais bon, ça ne faisait jamais de mal de le dire. Pas humble et surtout carrément flippant. Il reluquait la jeune femme comme il l'aurait fait d'un morceau de viande sur un étal. A moins qu'il ne soit en train de l'évaluer, aller savoir. Son sourire carnassier n'aidait pas à le rendre rassurant, loin de là. On aurait dit qu'il contemplait son prochain repas.

"Mais je suis un Champion plutôt connu ouais. Et p'tet bien que je suis aussi suffisamment informé pour pouvoir vous aider à trouver les personnes que vous cherchez. Cela dit, il en faut des tripes pour chercher des morts... Surtout des types morts de cet acabit là. En règle général quand on dérange un type qui veut pas l'être, ça se finit mal."

Joseph marqua une pause un instant, il continuait à observer la jeune femme tout en décomptant les minutes dans sa tête. Sauf à avoir un métabolisme surhumain, elle allait se sentir défaillir rapidement. Après il n'aurait qu'à l'emmener dans une des chambres et là hum... Une chose à la fois Joseph, une chose à la fois. Il n'était pas un Redhorn que diable, il pouvait contrôler ses pensées lubriques ! Rah mais c'est que ses oeillades allaient le rendre dingue et c'est qu'elle lui faisait carrément du rentre dedans en plus. Crack Joe dû faire un gros effort de volonté pour maintenir sa voix sur une tonalité calme.

"Hum... Continuer dans un endroit moins exposé est une idée, oui. Mais avant cela, il nous faut discuter du paiement. Car si, et je dis bien si, je dispose des informations que vous recherchez, comment comptez vous me rémunérer ? Pareil renseignement vaudrait son pesant d'or."

Voilà, là c'était mieux. Elle voulait l'isoler de ses gars, qui étaient présent en nombre dans la salle, normal c'était son établissement. Pour ça, elle tentait de se servir de son corps comme d'une arme. C'était malin mais Joseph ne se laissait pas faire. Il avait tout intérêt à ramener le sujet sur l'aspect financier de la chose. Ne pas parler de rémunération aurait été étonnant voir stupide. Seul un idiot laisserait son entrejambe dicter sa conduite et Joseph n'était pas idiot... enfin pas à ce point là.

"Oh vous pourriez sans doute payer en nature, je ne dis pas que ça ne vaudrait pas le coup, mais je préfère la monnaie sonnante et trébuchante. Si vous êtes déjà venue à Dead End, vous n'ignorez pas qu'ici tout se paye... d'avance. Ce détail réglé, je me ferai un plaisir de répondre à toutes vos questions pour peu que j'en connaisse la réponse."

Le sourire de Joseph s'élargit encore. L'enfant de salo souriait désormais à s'en décrocher la mâchoire, content qu'il était de sa petite menace voilée. Les sens affutées de l'agent Raven-Cooper repéraient sans difficulté les membres du Clan dans la salle, tous avaient les regards braqués, plus ou moins discrètement, sur leur table.
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    Contrairement aux attentes de Jo, je ne succombai pas à la drogue. Pas immédiatement, en tous les cas. Je n'avais fait que manipuler le verre et tremper mes lèvres dans le liquide carmin. Si l'odeur était infecte, le goût en était tout aussi détestable, et j'étais habituée à bien mieux. Ce n'était que par pure politesse que j'avalai une petite gorgée. Cependant, vu la dose glissée dans mon verre, ce n'était qu'une question de temps avant que je m'écroulasse. Mais bien entendu, je ne le savais pas, et je mis sur la retombée de l'adrénaline qui m'avait fouetté le sang à l'arrivée de Jo, la vague de lassitude qui remontait depuis mes pieds. Oui, j'étais comme ça, quand j'avais sommeil, mes pieds devenaient froids.

    Je m'en souciai guère, sur l'instant. J'avais plus pressé à faire. Ma langue avait fourché et la faute que j'avais commise sur son statut pouvait m'être fatale. Je devais me rattraper, d'autant plus que la conversation prenait un ton mi-figue, mi-raisin.
    - « Ainsi, être champion, ce n'est pas être chef ? Hum, nos infos n'étaient pas à jour, apparemment. Mais c'est dur d'être « à jour » quand on travaille depuis l'ombre... » J'espérais qu'il comprît l'allusion à la révolution. « Toutes mes excuses à Sir Montgomery, mais je suis contente de voir que vous pourrez m'aider. Car si nos infos sur vous ne sont pas forcément exactes, les bruits de couloirs font état de Saigneurs bel et bien en vie. Après tout, la notion de « mort » est très particulière, ici à Dead End... »

    Je me levai, ajustant ma capuche pour garder un minimum d'intimité – mes cheveux roses étaient un petit peu... flag... - lui faisant signe de m'accompagner. Un peu au hasard, je me dirigeai dans la direction d'où il était apparu. Si je me trompais, nul doute de Jo me corrigerait.
    Je n'avais pas trop aimé les œillades noires qu'il cachait sous le regard luxurieux qu'il m'avait dédié. Je savais que j'avais affaire avec un truand, et un traître par dessus le marché. Bien entendu, qu'il était méfiant et tordu. Cependant, il y avait un je-ne-sais-quoi en lui qui me poussait à la prudence. Pourtant, je me surpris à cligner des yeux. Un reflet des lampes avait dessiné des motifs sur le mur et pendant quelques secondes, j'avais été comme fascinée par ces jeux d'ombre. Maudit fruit du papillon. J'avais beaucoup de mal à lutter contre les effets secondaires quand j'étais fatiguée ou stressée. Or, en les circonstances présentes, j'étais les deux. Je me forçai à me focaliser, secouant la tête.
    - « Tout est à vendre dans ce monde, y compris la liberté, à mon plus grand regret...  » Si avec ça, il ne faisait pas le lien ne serait-ce qu'infime, avec le mouvement lancé par Dragon D. Monkey, c'était qu'il s'était pris un coup de trop dans la patate. « Mais je connais les règles et je pense avoir suffisamment d'arguments pour que nos deux parties trouvent un terrain d'entente pour une collaboration momentanée. Ou pas, nous pourrions être amenés à nous revoir. Dead End offre des potentialités non négligeables qui intéressent mes associés. Tenez, je vais vous payer avec une première information. Je recherche certains Saigneurs pour leur faire une offre d'emploi. Maintenant que leur capitaine Tahar est hors circuit, peut-être que les ombres des souterrains pourraient tenter certains pirates de changer de voie... »

    Je m'arrêtai dans un des recoins du Hibou, faisant apparaître une bourse dans ma main. Comme j'avais déjà payé plusieurs fois lors de ma tournée précédente, elle était moins gonflée qu'auparavant.
    - « Vous savez déjà que j'ai les moyens de ma politique RH. Vos hommes ont forcément dû vous rapporter que je ne rechignais pas à dépenser quelques berrys. Sinon, je vous conseille de les virer et de les remplacer. Si vous voulez, je connais deux-trois personnes qui seraient enchantées de venir travailler pour vous. Après tout, nous sommes plus ou moins du même bord, non ? Il faut bien s'entre-aider, entre voisins... »

    Mon sourire se transforma en petit bâillement. Décidément, le sort était contre moi. Peut-être aurais-je dû remettre à plus tard mon enquête, au lieu de la débuter dès que j'avais débarqué.
    - « Excusez-moi, la journée n'a pas été de tout repos. Dead End est un défi à bien des niveaux. »
    J'aurai dû avoir un déclic, à ce moment donné. Cette fatigue n'était pas normale. Lors de mon entraînement au BAN, il m'était arrivé de rester plus de quarante-huit heures sans dormir, si ce n'était des siestes de cinq minutes. Même si mon voyage jusqu'à l'île n'avait pas été top confort, je ne devrais pas être aussi éreintée. Mais mon esprit se faisait lent, et naturellement, j'en conclus encore une fois à un effet de mon fruit. Je papillonnais, désormais. Des cils, mais aussi des pensées. Si j'avais encore du mal à maîtriser les tenants et aboutissants de ces nouveaux pouvoirs, les contrariétés, ça, pas de problème, je les connaissais.
    Cependant, un inconvénient pouvait se révéler pratique, selon les situations. Vu que mon esprit glissait de plus en plus vers un état de somnolence à peine éveillée, mes corps prit le dessus et agit par instinct. Etant donné l'environnement hostile et mon désir d'obtenir de Jo des réponses les plus précises et rapides possible, mon fruit enclencha automatiquement une nuée de phéromones de sympathie. Je n'en avais pas conscience. Mon univers tendait à se résumer à un grog bien chaud et l'envie d'effacer le sourire carnassier de Pratchett à coup de talons-aiguilles dans le trouffion. Ah, et si on pouvait avoir des bougies parfumées... ça, je ne savais pas d'où ça venait, mais oui, des p'tites bougies seraient sympathiques. Ça mettrait une meilleure ambiance dans ce trou pouilleux...


    Spoiler:
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Contrairement aux espérances de Joseph, sa proie ne tourna pas de l'oeil dans la minute, ni même dans les deux minutes. C'était à tout le moins désappointant. Le pire étant qu'elle prenait les devants maintenant. La grande salle ne lui convenant pas, les deux larrons remontèrent à l'étage d'où Joseph provenait. Là tout n'était que couloirs et portes de derrière lesquelles quelques grognements et autres gémissements étouffés émanaient. On était là à l'étage des artistes, c'était ici que les professionnelles avaient leurs quartiers. Joseph laissa la jeune femme avancer jusqu'à un des recoins de l'étage, elle avait décidément une passion pour les ombres. Etait ce là la raison qui avait amené Jade à quitter la grande salle ? Voulait elle se rapprocher de ses consoeurs ? Ah mais ça n'allait pas le faire du tout ça, Joseph avait bien stipulé qu'il souhaitait être payé en deniers sonnants et trébuchants. Voilà maintenant qu'il commençait à dérailler, c'était le coup des cheveux roses ça. Il se surprenait à avoir des pensées à tout le moins lubrique quand tout son esprit devrait être concentrée sur la conversation, retorse, qui était en train d'avoir lieu. La jeune femme ne manquait pas de courage ni de toupet, Joseph devait lui reconnaitre ça. Débarquer sur Dead End, seule, pour venir recruter les Saigneurs survivants ? Elle en avait dans le pantalon. Mais ce n'était jamais une bonne chose de marcher sur les plates bandes d'autrui.

"Révolutionnaire hein ? Et depuis quand les révolutionnaires viennent ils recruter des gibiers de potence comme les Saigneurs heiiiin ? On est pas du même bord ma mignonne. Vos idéaux de justice, ici, on s'en tamponne pas mal le coquillart. Et je pense pas que des sanguinaires comme les Saigneurs en aient grand chose à foutre aussi..."

Joseph observait toujours la jeune femme d'un air suspicieux mais son regard fixait la bourse dans sa main. Reste dans ton rôle Joseph, reste dans ton rôle, s'enjoignait il mentalement. Un vrai lascar n'en aurait qu'après l'argent alors c'était ce qu'il devait faire. Ce fut d'un coup de patte expert, alors que Jade baillait, que Joseph s'empara de la bourse. Il était rapide le bougre, c'était à peine si sa main avait été visible. Son sourire s'élargit encore, si si c'était possible, tandis qu'il faisait rebondir la bourse dans la paume de sa main, tachant d'en évaluer le poids et la contenance.

"Mmm... J'sais pas si y'a assez là dedans pour ce que vous demandez ma mignonne... J'veux dire, ici les révolutionnaires, on les aime pas trop. Le Gouvernement fout pas les pieds à Dead End, ils ont pas les couilles pour ça, mais dès qu'il y a un révolutionnaire dans l'histoire... Paf ! Ca crée des problèmes. Vous êtes trop contestataires vous aut'. Alors autant j'vois clairement l'intérêt que vous autres auriez à vous installer ici, autant j'vois pas ce que nous autres de Dead End on y gagnerait. Là avec c'que vous venez de me donner, y'a tout juste assez pour que j'vous laisse repartir en vie..."

Oui, oui, "donner". La preuve, la bourse de Shaïness venait de disparaitre à l'intérieur de sa veste. Il ne manquait décidément pas d'air ce Joseph. Vas y que je te gratte de la thune tant que je peux et que je te menace en même temps pour essayer d'obtenir une rallonge. En même temps il était en position de force, une femme seule, déjà droguée. Il pouvait bien jouer le jeu encore un peu, il serait toujours temps de devenir méchant plus tard. Chacun des bâillements de la jeune femme le rapprochait un peu plus de son but. Plus il l'observait et plus Crack Joe se convainquait qu'il devrait avant tout l'amener dans une des chambres pour son plaisir personnel. Le reste passerait après. Qu'elle soit révolutionnaire ou pas, il s'en moquait. Elle posait trop de questions, elle devait être éliminée. La révolution n'avait rien à faire sur Dead End. L'idéologie c'était mauvais pour les affaires. Après s'il pouvait gagner du fric et prendre du bon temps au passage, autant en profiter non ? Au pire, si Montgomery venait râler au sujet de cette fille, il pourrait toujours prétendre qu'elle était du Cipher Pol ou de la Marine. Non... Il avait raison d'agir ainsi, les curieux devaient être éliminés. La protection de Jack et des Saigneurs était à ce prix. Une chance que Joseph ne rechignasse nullement à le payer.

"Si vous m'filez pas d'avantage ma mignonne, j'vais d'voir prévenir les aut' gangs qu'une révolutionnaire a décidé d'mettre les pieds dans leur business. Y risquent de pas aimer ça à l'Underground, l'vieux Patine c'est pas un rigolo c'est moi qui vous le dit. Si vous trouvez que Dead End c'est un défi, z'avez encore rien vu. L'Underground y l'organise des évènements spéciaux avec des minettes dans ton genre. Ca fait toujours salle comble héhé. Alors ce fric, ça vient ?"

Ce fut à cet instant qu'une étrange odeur serait parvenue aux narines de Joseph si celui-ci avait eut un sens de l'odorat en état de fonctionner. La morve qui coulait lentement de sa narine dénotait sans nul doute possible son état. Le boxeur était enrhumé ! S'il avait le nez bouché, il ne risquait pas de ressentir les phéromones ! Pauvre Shaïness, sa défense automatique n'avait pas marché. Quel dommage que les narines de Crack Joe ne fonctionnent pas. C'était là une Réellement Etrange Défense. Coup de bol pour Joseph cela dit. A croire qu'il y avait quelqu'un qui veillait sur lui là haut. La Déesse de la Chance l'avait elle enfin prit en pitié ? Le côté positif de la chose était que Joseph ne s'était rendu compte de rien. Il aurait sans doute très mal réagit s'il avait eu conscience qu'un utilisateur de fruit du démon s'en prenait à lui. Mais là pour le coup, il se contenta d'éternuer bruyamment et, en bon sale qu'il était, de s'essuyer le nez avec sa main. Il comptait bien mener sa petite entreprise de rançonnage jusqu'au bout.

"Parce que t'es gentille ma mignonne mais si tu me files pas plus qu'un peu d'argent d'poche, je risque pas de pouvoir t'aider..."
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[HRP : les phéromones sont à 99% inodores, donc même avec un nez clair, tu n'aurais rien senti ^^. Point culture fini:p]

    Je n'en finissais plus de bailler. Si avant, je papillonnais des cils pour convaincre, il était désormais question de rester éveillée. Et là, il y eut un tilt dans ma tête. Je ne pouvais pas être aussi fatiguée. J'avais tenu quatre-huit heures à l'épreuve de survie du BAN sans dormir et sans manger... le voyage avait été certes éprouvant, mais pas à ce point. Il n'y avait qu'une conclusion logique, et le fait qu'elle ne m'eût pas sautée aux yeux avant était une preuve en soi-même : droguée, j'avais été droguée.
    Sacrebleu ! Mon sang n'en fit qu'un tour. C'était un manque de considération absolument odieux. J'étais Shaïness Raven-Cooper et je n'étais pas droguable. Je pouvais et voulais bien être beaucoup de choses, mais certainement droguable. Nan mais oh !

    L'ire fulgura dans mes veines et alimenta le brasier qui emporta toute trace de léthargie en moi. Je baissais les cils encore une fois, pour dissimuler l'éclat nouveau dans mes pupilles, et je me pris même au jeu. A con, con et demi et le petit Jo ne savait pas du tout dans quoi il s'était lancé. Ignorant le dégoût qui me levait le cœur devant son peu de manière – les mouchoirs, invention du siècle ! - je baillais encore une fois et fit mine de tituber un peu, me rapprochant de lui, me lovant de toutes mes courbes contre le... le quoi d'ailleurs ? Qui était-il ? Sûrement pas un pirate. Ce pied-tendre n'avait jamais eu l'esprit d'équipe. Il avait été un CP un jour, mais tout comme moi, ce n'était pas spécialement la fibre patriotique qui l'enflammait. Alors, comment un type comme lui finissait à pourrir sur Dead End ? Etait-ce vraiment le mieux auquel il pusse prétendre ? Et par comparaison...à quoi pourrais-je prétendre si jamais ma couverture CP devait sauter ? Mes liens avec la révolution avaient toujours été distants, du fait même de ma nature d'agent double. Et à bien y réfléchir, seul Rafael Auditore – et Mandrake – me connaissaient comme révolutionnaire. En gros, j'étais un peu à la traîne de ce côté. A pondérer...

    Et pourquoi est-ce que je pensais à ça, moi, à ce moment précis de ma mission ? Concentre-toi, ma fille, allez du nerf !!! Ne serait-ce du self-respect. Ne pas se faire avoir par Jo Patchett. Juste une question d'amour-propre.
    Toute collée contre lui, je murmurai – pas la peine de monter le ton étant donné les circonstances – mon doigt glissant le long de sa boutonnière.
    - « Il ne faut pas vous inquiéter, mes partenaires n'ont pas envie de vous faire concurrence dans vos domaines d'activités. C'est juste que Dead End est la plaque tournante de beaucoup d'information. Quand à nos problèmes de bourse... »

    Mon autre main s'empara aussi soudainement que durement d'une partie de son anatomie en « double » rapport avec le sujet en cours. Mon doigt à sa veste se fit poigne un peu plus sévère et mon regard perdit tout côté évaporé :
    - « Alors, mon mignon, désolé de te le dire, mais c'est toi qui est un peu léger, si tu vois ce que je veux dire. On n'est pas là pour discuter de l’idéologie de la Révolution, ou de sa stratégie envers les Saigneurs. On veut leur parler et ça ne te concerne pas, mon tout-beau. Je te paie pour une info et il y a parfaitement le prix pour ce que je te demande. Alors, tes menaces, tes événements spéciaux et autre... tu peux te les mettre où je pense. »

    Je resserrai encore un peu ma prise, et ce qui était déjà inconfortable devint carrément douloureux. Pas à en hurler – je voulais de la discrétion – mais juste assez pour faire grincer des dents et gagner facilement un octave. Puis je lui soufflai à l'oreille, posant mes lèvres sur son lobe, le suçotant l'espace d'un instant.
    - « Pour le reste, mon mignon, sache que tu n'es pas mon type. » Et je mordis, presque jusqu'au sang.  « Tout ce que je veux, c'est mes infos et je te conseille de ne pas avoir les yeux plus gros que le ventre. T'es pas à la hauteur. »

    Je me doutais que mon attitude n'allait pas lui plaire, surtout qu'il devrait se rendre compte que sa drogue n'agissait pas totalement comme prévu. En fait, pas du tout, mais ça, j'espérai qu'il était aussi long à la comprenette que niais dans ses menaces. Non que je les eusse pris par dessus la jambe. Dead End était un réel guêpier et oui, je risquai gros. Mais à trop parler du grand méchant loup, la menace devenait du vent. S'il avait vraiment voulu me faire peur, il m'aurait assommé pour de bon et je me serais réveillée dans une cellule au fond des loges d'une arène... ou sur un marché aux esclaves.
    Quant à sa demande... il n'aurait pas un centime de berry de plus. Pas avant d'avoir eu une information viable. Oui, bon, il pouvait me sortir bien des choses et je ne pourrais savoir le vrai du faux. Cependant, il n'avait pas intérêt à me sortir un truc loufoque, j'en connaissais suffisamment sur le coin pour ne pas avaler des sornettes. J'étais en mesure de faire une petite rallonge, mais mes moyens n'étaient pas illimités. J'avais bien gardé une petite cagnotte perso, pour l'après. Après quoi ? Je ne savais pas trop, mais je me doutais que tout n'était pas petits z'oiseaux et poneys-arc-en-ciel. Les chances pour que Jo fût réellement de chez vraiment utile ? Nan, je n'y croyais pas. Ou alors, j'avais une chance... ce qui était rare, très rare. Trop même...
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Joseph n'avait jamais vraiment aimé les femmes fortes. Il les préférait, et de très loin, faibles et soumises à sa volonté. C'était ainsi qu'il percevait l'organisation du monde, lui au dessus, elles en dessous. Quand une femme avait le toupet de résister, il la corrigeait et cette Jade allait devoir être remise dans le droit chemin illico presto. Primo elle avait l'audace de ne pas succomber à la drogue et deuzio elle tentait de le dominer, lui ! C'était totalement inconcevable qu'une faible femme comme elle puisse avoir le dessus sur le grand Crack Joe. Lui, pas à la hauteur ? C'était la provocation de trop. Joseph ne se laisserait pas faire, oh ça non. Il était bien trop fort pour ça. Il était... Il était un peu coincé là quand même.

"Ah... Je vois... Vous êtes une femme à poigne. Non mais c'est bien, c'est utile pour les affaires d'avoir... de la poigne."

D'un tour de main la révolutionnaire avait encore accentué la pression sur les parties intimes de Joseph. Voilà ce qui arrivait quand on s'autorisait des traits d'humour ex-agent Patchett, on courrait le risque que la personne en face n'apprécie pas.

"Non mais faut pas mal le prendre... Vous prenez le problème à pleines mains, c'est une initiative louable. Hey non ! Serre pas plus, c'est bon j'vais parler ! C'est que j'y tiens à mes bijoux d'famille moi..."

Même avec une voix ayant grimpée d'un octave, Joseph "Crack" Patchett ne pouvait s'empêcher de faire de l'humour. C'était soit ça soit exploser immédiatement le crâne de cette fille pour lui faire payer son insulte. Attitude qui risquerait de lui coûter ses valseuses et mine de rien il y tenait alors, une fois n'est pas coutume, il allait falloir transiger et lâcher du lest. Après tout ce n'était pas comme s'il était détenteur d'informations sensibles ou autres et hormis Jack, il n'avait aucune affinité particulière pour les autres Saigneur.Ses parties sensibles toujours bien au creux de la main de l'agent Raven-Cooper, le Champion n'en menait pas large... pour l'instant. Donnez lui seulement une demi opportunité et il lui ferait passer l'envie de jouer avec lui.

"Pas besoin de s'mettre dans des états pareils... J'sais que y'a trois des Saigneurs qu'ont débarqué sur l'île. Mayaku Miso, Walters Scott et Michaela Hope. Scott et Hope ont disparu sitôt arrivé, y'a gros à parier qu'les clans les ont recruté. Par contre j'sais d'source sure que la Miso s'trouve dans l'quartier de Culpucier. C'est l'trou du cul d'Dead End, t'as qu'à suivre l'odeur, tu peux pas louper ! Je t'ai dit tout c'que je savais alors lâche m..."

Ce fut à cet instant que des voix provinrent de l'escalier. Plusieurs personnes montaient et les échos de leurs voix se rapprochaient dangereusement. Ce fut à ce moment là que Jade commit une toute petite et pourtant fatale erreur. Rien qu'un instant, elle détourna la tête par réflexe, sa paranoïa lui soufflant à l'oreille que les voix étaient celles d'hommes en armes venus la prendre à revers. A l'instant même où sa tête se tournait, Joseph passa à l'action. En même temps il était sous pression le garçon. Dès que la femme avait posé sa main sur lui, il avait voulu la tuer. Lui briser tous les os un à un, l'entendre hurler à chaque nouveau craquement. Mais il ne pouvait pas craquer, il ne devait pas s'il tenait à sa virilité. Alors il avait attendu qu'une occasion se présente et maintenant ça y était, enfin il agissait. Et quelle action ce fut ! Ce n'était sûrement pas un de ces beaux mouvements sortis tout droit des manuels de boxe. Que nenni ! C'était là de la baston de rue dans sa forme la plus pure mais attention, on parle de bagarre de haut niveau là. Un bon vieux trois coups en un pour bien faire bobo.

Coup de tête: Shaïness encaissa un coup de boule imprévisible et lâcha, contrainte et forcée, les si précieux bijoux. Balayette: Sans perdre un instant Joseph enchaîna avec un chassé impeccable de la jambe gaucha qui faucha les guibolles de la pimbèche. Manchette: Bon techniquement c'était un direct, un Kraak même, mais dans le monde de la Bagarre, utiliser les armes de la Boxe ça ne se faisait pas alors on appellera ça une Manchette. Manchette qui, alors que la grognasse partait à la renverse, vint hâter son trajet vers le sol. Et ouais, il avait de la coordination à revendre le Joseph pour parvenir à aligner coup de tête, balayette et droite descendante à la suite. Il avait aussi de la suite dans les idées d'ailleurs. Sans laisser à sa victime le temps de réagir, Crack Joe apposa violemment sa chaussure sur l'épaule de la demoiselle, appuyant de tout son poids dessus comme s'il voulait lui briser l'articulation. Un brave gars ce Crack Joe et qui n'en avait rien à faire des cris. La preuve, le malheureux couple alcoolo-prostitué qui venait d'arriver à l'étage décampa sans demander sans reste. Ne restait plus dans le couloir désert que Jade, allongée au sol et un Joseph victorieux. A en juger par le très large sourire qui illuminait son visage, on pouvait déduire sans trop de risque que ses pensées à l'égard de la demoiselle n'étaient pas spécialement amicales. D'ailleurs il pressa encore un peu du talon, histoire de pouvoir se réjouir de voir la belle grimacer de douleur.

"Alors ma mignonne, qui c'est qui a eu les yeux plus gros que le ventre là hein ? Mais t'as raison sur un point. Les menaces c'est pas digne de moi. On a pas besoin des services de l'Undergroud pour t'offrir une souffrance qui t'fera amèrement regretter de m'avoir fait douiller comme ça, pas vrai ? On peut s'débrouiller tout seul comme des grands pas vrai ? Maintenant il ne reste plus qu'un détail à régler, quel os vais je te briser en premier... Une préférence... Jade ?"
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    Enfoiré !
    C'était le premier mot qui me venait à l'esprit alors que je luttai pour ne pas couiner comme la gonzesse que j'étais. Mais ça fait maaaaal, ton truc. D'ailleurs, sonnée par son coup de boule, et à bout de souffle par l'enchaînement qui me plaqua à terre, je lui fis part de mes sentiments :
    - « Enfoiré ! » crachotai-je à son encontre, tentant avec mon autre main de faire bouger son pied de mon épaule. Et je ne voulais même pas imaginer l'état de crasse du sol sur lequel je me retrouvais allongée. Hé oui, on est une dame ou on ne l'est pas, et en toute circonstance, une dame se soucie des apparences et de l'hygiène. J'allais devoir dépenser une petite fortune pour récurer mes cheveux. Et ça, ça me rendait folle de rage.
    Autant dire que ma rage ne valait que pouic par rapport à la force d'âne bâté de l'autre crétin amphibien. Mes tentatives de faire ne serait-ce que frémir la masse de muscles qu'était sa jambe se soldaient par un pathétique échec. Pff, être une femme, parfois, ça a des inconvénients...

    Le truc, avec la douleur, c'est qu'elle finit par anesthésier. A force d'avoir mal, au bout d'un moment, on ne sent plus rien. Et la douleur devient un grand vide calme. Mon esprit était étonnamment clair et j'étais comme étrangère à mon corps. Au lieu de lutter contre la souffrance, je l'embrassai, je la faisais mienne. Je souffre donc je suis. Une preuve que si j'avais encore les capacités de ressentir, et la possibilité de me lamenter sur mon triste sort – ai-je dit que cela faisait un mal de chien ? - c'était que j'avais encore des possibilités de me battre, pour que je concentrasse mes ressources à bon escient.

    Je bénis l'entraînement du BAN. Sans la dureté de mes instructeurs, je serais restée misérable et pathétique petite crevure en train de pleurnicher le nom de ma mère à la plus grande satisfaction de Joseph. Là, non, je gardais les idées plus ou moins nettes, et surtout, je puisais dans ma détermination une volonté de me battre, de compter sur moi, de réussir même.

    Puisqu'au niveau physique, c'était David contre Goliath – attendez, ce n'est pas David qui a gagné ? Mais c'était quoi, cette parabole à la con ? - j'allais tenter l'approche psychologique. Z'allez pas me dire que le Jojo, il était fin philosophe. Il n'était peut-être pas irrémédiablement abruti, mais ce n'était pas un génie non plus. De toutes les façons, je n'avais rien à perdre. Si je n'agissais pas, j'allais perdre mon bras et bien plus encore.
    - « Comment ça, je t'ai fait douiller ? Ben mon mignon, t'as eu bobo aux coucougnettes ? Moi, une simple femme, une lamentable révolutionnaire, j'ai fait mal au grand et valereux Joseph Patchett ? Mais comment est-ce possible ? Dis-moi, ne serais-tu pas un peu chochotte, sur les bords, mon biquet ? Enfin, peut-être devrais-je « ma biche », hum ? »

    Mais quelle répartie ! Ça volait haut, à Dead End. Pitié, dites-moi que le mauvais goût n'était pas contagieux. Cependant, à Rome, fais comme les Romains et hourrah pour le dialogue tiré d'une série B. Ceci dit, dans les séries B, la z'héroïne finit toujours sauvée par le z'héros. Ouais ben, vive le féminisme ! Puisqu'on parlait de faire « tous seuls comme des grands », j'allais me dépatouiller avec les moyens du bords.

    Mon arme naturelle ? Mes talons. Dommage, je n'avais pas. La seconde ? Mes faux-ongles. Idem, abonnés absents. Un singulier manque de goût. Dead End pouvait être un trou de mécréants, mais l'île pouvait aussi bien être un trou de mécréants avec classe. Les mécréants, pas le trou, qui ont la classe. Sinon, ça devient tendancieux...
    Le principal était que j'avais eu une idée de contre-attaque – sisi, je vous jure, une idée ! Et joignant le geste au principe, j’écrasai mon poing libre sur le mollet de Jo, à répétition, jusqu'à en éclater la peau de mes phalanges, et lorsque là, j'eus mal pour de bon, je sortis mes doigts pour les enfoncer dans les nerfs et tendons. Ah, que n'avais ma lame à portée de main. J'aurais aimé pouvoir lui trancher le talon d'Achille et handicaper à vie le grand zozo. Jo le boiteux, ça sonnait bien, j'trouve. Enfin, je dis ça, je dis rien.

    Au bout d'un moment, même l'ancien CP flancha. Mine ne rien, je m'acharnai et tout costaud inébranlable qu'il était, il n'était pas immunisé à la douleur surtout celle qui s'emparait de ses nerfs. Il trembla un peu, et se fut suffisant pour que la pression sur mon épaule diminua. La douleur reprit ses droits, se transmettant à mes propres nerfs – ce que ça pouvait être, des nerfs ! - en un feu brûlant qui m'arracha un gémissement. Etant donné que nous étions à l'étage des plaisirs charnels, il n'éveilla aucune suspicion. On avait entendu bien pire dans le coin.

    Je profitai du léger tremblement pour pousser mon avantage, déséquilibrant Jo alors que je faisais levier de tout mon poids. Purée, le concept de régime, il connaissait, le balourd ?
    Le combat se figea dans le temps, presque au ralenti. Je n'entendais que les battements affolés de mon cœur qui résonnaient à mes oreilles, et cette lutte silencieux se solda enfin par une titubante en arrière de la part de mon adversaire. Un grand fracas s'en suivit : était-il tombé à terre ou juste le long de la cloison ? Je ne savais pas, et franchement, je n'avais pas envie de savoir.
    Je profitai juste de l'occasion pour ramasser ce qui me restait de bras et me relever, mettant une bonne distance entre nous. En une occasion similaire, je n'aurai pas hésiter à pousser mon avantage, à le basculer à terre et à le menacer jusqu'à obtenir un sauve-conduit, mais le blond en face avait supériorité de muscle : le corps-à-corps, c'était son truc. Rien qu'à voir la patate qu'il m'avait mise ! Au contraire, j'étais une attaquante – ouais, bon, même moi je ricane, mais z'aller voi, ça allait venir! - de longue distance. Je tâtonnais donc pour avoir ma lame à portée de main – la bonne – et j'armai mes dévideurs, prête à en faire usage si nécessaire. Derrière moi, le couloir qui donnait vers la salle, et encore plus bas, la sortie.
    - « Pas de chance, on dirait. Mes os resteront entiers, et si tu me laisses tranquille, ta dignité. Je n'aurais aucun intérêt à aller raconter ce qui c'est passé ici, si ce n'est que j'ai eu mon info, et toi, ton or. Le reste ? Un échange amical comme on le fait chez vous. Tu m'as testé, je t'ai testé, on a fait match nul et tout va bien. Pas la peine de faire une histoire de nos techniques de marchandages, hum ? »
    J'espérai que ça suffirait à calmer ses ardeurs et qu'au pire des cas, si non, il se souviendrait que je m'étais targuée d'être de la révolution. Si en général, les pirates et autres truands et les insurgés s'ignoraient et au mieux collaboraient contre l'ennemi commun, les rares fois où les deux camps s'opposaient avaient connu une triste et sombre conclusion.

    Si le combat s'éternisait, j'avais encore pour moi mes techniques de Cipher Pol et mes capacités du Fruit. Mais je ne voulais dévoiler ni les unes ni les autres. Les premières pour garder mon identité et contre-identité, les secondes parce que personne n'était au courant, pas même mes chefs au CP. Certes, les rumeurs de Dead End touchant Joseph Patchett n'étaient pas informations de capitale importance, mais savait-on jamais ? C'est fourbe, une rumette.
    Non, je voulais que le combat s'en tint ici, pour tout compte.
    Mais est-ce que mon opposant partageait mon opinion ?
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Les arguments de la fameuse Jade étaient sensés et cohérents. Joseph avait eu son or, elle avait eu ses informations. S'il la laissait filer, son honneur restait sauf. Crack Joe avait donc tout intérêt à écouter ses arguments et à se calmer. Il n'avait rien à gagner à continuer d'avantage. Un homme rationnel se serait arrêté là, il n'aurait pas poussé plus loin l'affrontement mais Joseph n'était pas rationnel. Il ne raisonnait pas en terme d'avantages comparés ou de bénéfices potentiels. Tout ce qu'il voyait c'était que cette Jade l'avait défié, qu'elle l'avait humilié et qu'elle pensait s'en tirer sans se faire briser le moindre os ? C'était impensable qu'il laisse une telle chose se produire.

Lentement le boxeur se redressa, il avait bien failli finir les quatre fers en l'air et, prenant tout son temps, il contempla la femme à l'autre bout du couloir. Elle était forte, rien à dire là dessus. Sa droite descendante en aurait envoyé plus d'un ad patres et malgré ça elle avait eu la force de se battre et de le faire basculer à la renverse ? Plus... Il en voulait plus... Il voulait continuer à s'amuser avec elle, c'était si... divertissant. Il voulait la frapper jusqu'à ce qu'elle crache du sang, jusqu'à ce qu'elle le supplie de mettre un terme à ses souffrances. Oui, c'était ça qu'il voulait et son sourire cannibale le dévoilait clairement à son adversaire. Joseph aurait fait un très mauvais joueur de Poker. Lentement, très lentement, il avança sur la révolutionnaire. Un pas après l'autre, il progressait vers sa proie. Derrière elle un couloir menant à un escalier donnant sur la salle principale. Sur les côtés des portes donnaient sur des chambres où les employées de Crack Joe exerçaient leurs talents. De son côté Jade empoignait ses dévidoirs à fil, se préparant à répondre à toute attaque.

"Ma... dignité restera tranquille ? Je ne crois pas non... Pas après que tu m'aies montré tes... techniques de marchandage. Ma dignité ne sera restaurée que lorsque je t'aurai brisé. Tu m'as trop insulté pour t'en tirer ainsi. Il n'y a pas moyen que je te laisse repartir d'ici indemne. Un match nul n'est pas satisfaisant pour moi. Oh et à ta place je ne descendrai pas dans la salle principale. Ce sont mes hommes qui sont en bas et crois moi, ils ne te laisseront pas passer tranquillement. Alors si tu veux bien ma belle, continuons à jouer. Je me demande combien de Kraaks tu vas pouvoir encaisser..."

Joseph avait beaucoup appris de son affrontement avec Jack, notamment qu'une bonne diversion servait toujours et qu'avoir un flingue sur soit n'était jamais superflu. Il était à peine à quelques mètres de la jeune femme quand il accéléra soudain dans sa direction d'un Daaash surpuissant, sa blessure au mollet ne semblait pas l'handicaper le moins du monde. La révolutionnaire réagit sans perdre de temps et se servit de ses dévidoirs pour projeter ses fils sur Joseph et tenter de le stopper mais c'était comme tenter d'arrêter un tank. C'est tout juste si l'attaque de la jeune femme le ralentit, les fils mordaient sa chair mais il n'en avait cure. "Mords ma chair si tu veux, en retour je te briserai les os" et déjà, sa droite était levée bien haute. C'était un coup téléphoné, impossible que Jade encaisse un truc pareil, elle allait l'éviter et enfoncer sa lame dans la gorge du boxeur... Ou pas. La main gauche du Champion attira l'attention de l'agent double, qu'y tenait il ? Un revolver et la balle fusa. L'aurait elle vu une demi seconde plus tard et s'en était fini de sa carrière de serial shoppeuse. Mais là elle parvint à dévier la balle grâce à sa lame, ce n'était décidément pas une petite joueuse. Malheureusement pour elle, Joseph avait anticipé cette action, le coup de feu n'était qu'une diversion et désormais il arrivait sur l'agente révolutionnaire la droite toujours brandie pour un Kraaak qui s'annonçait très violent. La révolutionnaire fut une fois de plus au rendez vous et son bras se leva en opposition, près à dévier le coup... qui ne vint jamais.

Et oui, Joseph était le genre d'homme à aimer les poupées russes. Une feinte qui cache une autre feinte, ça c'était sympathique. La droite se stoppa en plein mouvement alors que le Boxeur était désormais à portée de frappe, il était à moins de trente centimètres de la jeune femme quand il lança un mouvement tournant des hanches qui ne pouvait annoncer qu'une seule chose: un Liver Blow ! Et c'est bien ce qui frappa la pauvre Jade. Le crochet au foie lui coupa la respiration mais Joseph ne la laissa pas reprendre son souffle. Alors que la jeune femme basculait en avant, Crack Joe se replaça face à elle pour lui décocher un uppercut si violent qu'il secoua son cerveau. Là c'était le K.O. technique, les jambes, ainsi que les autres membres, de son adversaire cessèrent de lui obéir alors qu'elle finissait au sol. Il fallait à un individu normal au moins 20 secondes pour se remettre d'un choc au cerveau pareil, pour elle, ce serait l'affaire de 10 secondes mais elles allaient être terriblement longues. Le sourire tout content de Joseph alors qu'il s'accroupissait devant sa victime pour mettre son visage à sa hauteur le disait clairement. Il entendait la faire souffrir d'avantage encore et ce serait sûrement la cause de sa perte.

"J'ai jamais été très porté sur les échanges amicaux. Que veux tu, la violence c'est mon rayon et maintenant... On va s'amuser un peu toi et moi tu veux bien ?"

A ces mots, Joseph s'empara de sa main droite inerte et sans cesser un seul instant de regard la belle Jade, il lui brisa l'index d'un coup sec. Et dire qu'elle avait encore neuf autres doigts à casser sans compter tous ces os qui n'attendaient que lui. Ô joie !
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    J'aurais pu hurler. En fait, j'aurai dû.
    Mon corps était à l'agonie, peu habitué à ces violences soudaines. Quand je me maltraitais lors d'un entraînement, c'était à coup d'épreuve d'endurance, pas dans ces douleurs vives, ravageuses, qui vous emportaient comme les déferlantes d'un tsunami.
    Mais ça lui aurait fait trop plaisir, à l'autre décérèbré du bulbe, et s'il y avait une chose dans tout l'univers qui était plus forte que tout en moi, plus que la douleur, plus que la frénésie du brushing, plus que l'achat compulsif de la énième paire de stilettos, c'était bien ma volonté de contrarier. Que voulez-vous, j'étais née pour faire chier mon monde. On a les talents qu'on peut, après tout.

    Je serrais les dents, secouée de convulsions et je fus étonnée du détachement dont j'étais capable malgré les coups pris. C'était presque comme si le liver blow de Jo m'avait plongée dans un état second où tout mon cerveau travaillait à réfléchir, pour occulter les signaux reçus par le reste de mon corps. Mais il fut une alarme qui passa à travers et je sus à ce moment que je tenais ma vengeance.
    Ne faisant absolument rien pour maîtriser le haut-le-coeur qui me soulevait l'estomac – tu m'étonnes, t'as vu la patate qu'il m'a mise, l'autre dégénéré? - je me soulevais juste ce qu'il fallait pour vomir allègrement sur les genoux de mon tortionnaire. Tiens, tu l'as pas volé ! Dans les dents... enfin, sur les jambes, mais nous n'allons pas chipoter sur les détails non plus.

    Ma fierté ainsi redorée – non, je ne vais pas m'attarder sur la contradiction que j'avais retrouvée ma dignité en dégobillant tripes et boyaux – je trouvais le courage de me redresser.
    - « P-p-p... » Ma gorge était desséchée, et sur mes lèvres, le goût métallique du sang. Je m'étais mordue profondément pour étouffer mes cris de douleur. Humectant difficilement ma bouche, je coassais toute ma haine. « Puceau, va !» Oui, j'ai un sens de la répartie étrangement proportionné. Ah, on ne peut pas tout avoir non plus ! « C'est tout ce que tu sais faire ? »

    Soudainement, je tirai à moi la main et le bras qui étaient comme des étaux sur mon poignet, et je plantai dans la chair mes dents, les enfonçant de toutes mes forces, au-delà du sang. J'avais des instincts de louve et si j'avais pu trancher tendons et veines, jusqu'à l'os, je l'aurais fait.
    Jo me relâcha. Sûrement plus sous le coup de la surprise que de la douleur. Qu'importe. Je crachai au sol un glaviot d'hémoglobine et de reste d'intestin macéré et je lui fis un doigt d'honneur.
    - « T'as pas cassé le bon, 'spèce de pétasse!!! »


    Et là, je ne sais pas ce qu'il m'a pris.
    Je plaide l'insanité temporaire.
    Peut-être à cause des vertiges qui menaçaient de me faire redescendre sur mon popotin dans la nano-seconde ? Ou de la peur qui tordait mes entrailles, redoublée alors que j'entendais des pas de course dans l'escalier, la détonation du pistolet de Jo n'ayant malheureusement pas été perdue dans le brouhaha ambiant – bien entendu, c'est le bordel tout le temps, mais ça, ils l'entendent... Sur l'étage, il planait cependant un silence de mort, et ainsi le craquement résonna comme un tambour – en tous les cas, il résonna ainsi dans ma tête.

    Il faut dire que je venais d’abattre mon front sur l'arrête de son nez.

    Alors, je vais vous dire : les coups de boule, c'est peut-être super badass et ultraclass comme mouvements, mais qu'est-ce que ça fait mal, ces conneries-là ! Je ne pensais pas que ça serait à ce point, et sur le coup, je crus que j'allais m'évanouir. Mais les appels en provenance des escaliers m'électrisèrent.

    Je me redressai définitivement et là, je fis un choix des plus cornéliens. Plus que quelques secondes, et deux options juteuses s'offraient à moi : je pouvais me pencher et récupérer ma bourse, que je voyais, là, petit relief dans le repli de sa poche. J'aurais ainsi la satisfaction de l'avoir arnaqué en beauté, à avoir le beurre et l'argent du beurre. Mais je décidai qu'il y aurait un truc qui l’enragerait encore plus. Et ça, c'était bien.

    Je pris mon élan et je lui assénai un coup de pied fouetté dans les familiales, et je pense que mon sourire sadique devait être juste hideux à voir. Parfois, ça fait du bien d'être une saloperie intégrale.
    - « Mange donc ça, ma minette. Comme ça, tu auras une bonne raison de pleurnicher. Les bourses ou la vie, qu'on dit. Puceau et maintenant eunuque, avec mes compliments, bichette. »

    Me rattrapant au mur, je titubai jusqu'à la porte la plus proche, que j'ouvris en grand et je traversai la chambre sans prêter garde au couple qui se terrait sur le lit, l'homme se cachant très courageusement derrière la prostituée. Je visai la fenêtre, commençai par m'empaffer le mur à côté, fis une superbe combinaison de rebondi-glissé jusqu'à l'embrasure, pour enfin me laisser avaler par les ténèbres de la ruelle en bas.
    Là, le regret poignant de ne pas avoir une bombe pour faire une sortie « en beauté » me déchira, mais j'étais plus préoccupée par ma réception pour réellement faire quelque chose. Mine de rien, je venais de me jeter dans le vide depuis le premier étage...

    En d'autres circonstances, j'aurais gérée. Mais en d'autres circonstances, je n'ai pas l'épaule en miette, un doigt pété et l'estomac en train de faire de la salsa, sans parler d'un mal de tête phénoménal. Je m'essayai au Geppo, et si l'échec fut mémorable, il ne fut pas critique, et au lieu de me fracasser la tête sur les pavés inégaux de la rue du Maure-qui-Trompe [**], je fis à moitié pendue par mes propres fils que j'avais tendu autour de moi en un sursaut salvateur. Bon, je commençai par étouffer, puis à me retrouver tête en bas en une parodie du cochon pendu, avant d’atterrir à terre en un spectaculaire plat. Bon, j'avais évité la flaque de liquide indéfini et indéfinissable.
    Grelottant de froid, l'adrénaline manquant à tous ses devoirs, je m'enfonçai dans les replis de l'espace-temps que restera Dead End.



    [**] Nom de rue réelle, dans Nancy Vieille Ville
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Elle avait fuit. C'en était fini de l'intermède déplaisant que Jade la révolutionnaire avait représenté. La relation de l'agente révolutionnaire et du truand avait été brève mais intense. Pensez donc ! A peine s'étaient ils rencontrés qu'ils prenaient déjà une chambre ensemble, ou peu s'en faut. Les manières de la révolutionnaire laissaient particulièrement à désirer, oser priver Crack Joe de son plaisir ? Quelle abjecte personne ! Lui qui était si heureux n'avait pas pu profiter à fond de son bonheur. Qu'étaient ces deux, trois coups et ce doigt brisé quand il avait tout un corps à démolir morceau par morceau ? Rien du tout...

Mais il avait été surpris, ah ça oui. Le coup de boule, il ne l'avait pas vu venir. Est ce qu'il lui avait fait mal ? Que nenni, Joseph était habitué à se faire casser le nez. Par contre son honneur et sa virilité avaient pris un sacré coup. Le malheureux Champion s'était vu vomir sur les genoux, un noirsacé tout neuf ! Et pire encore, Jade l'avait insulté à maintes reprises et s'était même offert le luxe de lui faire remonter ses bijoux de famille jusqu'à sa gorge. Ah ça elle savait y faire quand il s'agissait de jouer avec des bourses. Joseph avait su admirer le talent de la professionnel. Il tenait à peine debout sur ses jambes, son pantalon souillé en évidence témoignait de son échec, quand ses hommes arrivèrent à l'étage, alertés par le bruit du coup de feu. Leurs regards allèrent de leur boss à la porte ouverte et par delà, la fenêtre tout aussi ouverte. Ils n'osaient pas dire à haute voix ce que tous pensaient en leur fort intérieur, Crack Joe avait laissé filer la fille. Ce genre de pensées particulièrement séditieuses devaient être éliminés à la racine et pour mener cette tâche à bien, rien de tel que quelques ordres lancés d'une voix impérieuse... ou qui se voulait telle.

"Qu'est ce que vous foutez là à m'regardez ? Z'avez jamais vu un mec avec de la gerbe sur son futal ?! Et vous voyez pas qu'elle a foutu l'camp la catin ?! Mais poursuivez la bande de demeurés ! A ses trousses ! Un million de berrys pour celui qui me ramènera son cadavre, deux millions si elle est suffisamment vivante pour hurler. Allez bande de crétins et faites passer le mot ! Prévenez les docks, cette garce ne doit quitter cette île vivante !"

Les porte-flingues de Joseph s'entre regardèrent. Ils semblaient hésiter et c'était compréhensible. Les premières phrases de Crack Joe avaient été prononcées aisément une octave au dessus de leur niveau habituel, ça aurait embrouillé plus d'un sbire. Mais la prime sur la tête de la mystérieuse jeune femme couplée aux regards durs que le Champion lança à ses hommes vinrent à bout des derniers doutes et les hommes firent rapidement demi tour laissant Joseph seul dans le couloir avec son pantalon souillé. Celui-ci prit quelques instants pour souffler un grand coup et essayer de se calmer. Se concentrer sur une chose à la fois, penser aux outrages qu'il ferait subir à la révolutionnaire quand il la retrouvera et ne pas craquer. Exploser le crâne d'un de ses propres hommes contre le mur pour passer ses nerfs n'allait pas l'aider. Il devait rester zeeeeeen.

Une fois un rapidement changement vestimentaire effectué et une coquille enfilée pour protéger ses joyaux, Joseph était fin prêt pour retourner chasser dans les rues de Dead End. Sa meute sur les talons, fou ce que 2 millions de Berrys peuvent accomplir auprès des plus pauvres, il avalait la distance, son esprit concentré sur une seule chose : retrouver Jade. Il y parviendrait, qu'elle soit morte ou vive. Une humiliation pareille ne saurait rester impunie, elle paiera le prix fort pour ses actes. Le traitera-t-elle encore de puceau quand il lui aura cassé tous les os ? Sûrement... Il faudrait voir à lui couper la langue dans ce cas... Mais alors il ne pourrait pas jouir de ses hurlements... Cruel dilemme pour Crack Joe... Il aurait tout le temps de le résoudre car alors qu'il investit le quartier de Culpucier avec ses hommes, la révolutionnaire est déjà loin. Shaïness 1 - 0 Joseph.
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