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[mi 1624] Mano à mano, Femme Vs Femme | Maya

    J'avais mal.
    Encore.
    A croire que c'est devenu un mode de définition pour moi.
    Mon bras allait se détacher de mon épaule, ça, je le savais, et l'apothicaire qui m'avait soigné (à prix d'or) avait eu beau m'assurer que rien n'était cassé, juste bien endommagé - sans blague Sherlock, qu'est-ce qui t'a mis sur la piste? peut-être cet énorme hématome noir, violet et rouge sur mon omoplate - ben moi, je restais certaaine que mon bras allait tomber.

    Mais qu'est-ce qui m'avait pris? Je ne sais pas. Difficile de dire à quel moment précis les choses avaient dérapé, mais quand elles avaient dérapé, ben... disons que je n'avais pas fait dans la demi-mesure. Déjà que ce n'était pas dans ma nature première, mais en plus, j'avais reçue de l'aide. Joseph Patchett. Alors quoi, mon coco, je te retiens. Je ne sais pas où, je ne sais pas comment, mais un jour, je danserai sur ton cadavre. Nah!

    J'avais réussi à dormir quelques heures sur une sorte de paillasse que mon "soigneur" avait bien voulu, dans son infinie bonté, me louer. Oui, tout s'achète à Dead End, même le repos. Surtout le repos, particulièrement quand il est éternel.
    Cependant, je n'avais pas la mort à l'esprit quand je me concentrai sur ma mission, maintenant que j'étais plus ou moins retapée (et que mon bras n'était pas tombé pendant la nuit). Mayaku Miso n'allait pas mourir. Pas tout de suite, ceci dit. Mon rôle consistait à l'arrêter et à la conduire à Impel Down.

    J'avais eu peur d'avoir perdue sa trace, mais ce Joseph, à défaut de s'être laissé arrêté - un manque de considération culotté! - m'avait tout de même confirmé sa présence. Certes, leur rencontre remontait un peu. En deux semaines, elle aurait pu avoir traversé déjà la moitié de Grande Line. Mais mes quelques contacts sur l'île n'avaient pas eu vent d'une blonde borgne qui embarquait sur une quelconque embarcation.

    Je n'avais donc "plus qu'à". Plus qu'à passer des jours à fouiner, poser des questions de façon plus ou moins discrète, dépenser de l'argent sans compter - l'inflation à Dead End suivait un cours qui lui était propre - et faire de mon mieux.

    VROOOOUMFFFFFF!

    Alors ça, ce n'était pas moi. Juré!
    Pendant un instant, je regardai les flammes s'élever dans le ciel de la quatrième voie, suivant les flots de fumée qui épaississaient l'atmosphère un peu bêtement, et là, je pris un risque. J'abandonnai mes recherches méthodiques - parfaitement, méthodiques. Selon moi, d'accord, mais c'est ma mission, alors zut à la fin - pour me hâter vers la source de la commotion. Appelez ça l'instinct du limier. Je reniflai ma proie.
    Car, honnêtement, de vous à moi, qui mieux qu'un agent CP peut faire autant de bruit et de dégât? Parfois, en regardant mes expériences passées, je me disais que le Gouvernement n'avait nul besoin des pirates pour être en proie au chaos. Les neuf divisions Cipher Pol à elles seules pouvaient vous détruire un monde en moins de temps nécessaire pour dire "Enies Lobbies".

    Elle était là. Une simple silhouette, dans la rue, une parmi tant d'autre. Mais je la repérai immédiatement. L'envie en moi de déclamer un truc aussi con qu'insipide du style "au nom de la loi, je t'arrête", s'arrêta net dans ma gorge. J'étais ici sous couvert plus ou moins ouvert de révolutionnaire. M'afficher comme "force de l'ordre" n'était le truc le plus intelligent à faire, et on parle de moi, ici. Je ne suis pas connue pour la pondération et surtout la justesse de mes décisions. La loose, c'est un mode de vie et c'est l'histoire de la mienne. C'est du redit, mais c'est une parole de justesse!

    Nous nous rapprochâmes l'une de l'autre d'un pas mesuré pour moi et boitillant pour elle. Bien. Elle était blessée, et à en juger de son état général, affaiblie. Moi aussi, j'allais dire, mais je pense avoir moins souffert qu'elle. Vu qu'elle était beaucoup plus expérimentée que moi, c'était un bon signe. Pour moi.
    - «Bonjour Mayaku. Je suppose que tu te doutes de ma raison ici. J'aurais aimé qu'il en soit autrement, mais tout est contre toi. Tu as trahi tes serments... pour devenir une pirate. C'était la pire injure possible et tu sais comme moi à quel point le Gouvernement Mondial est susceptible. » Je roulai des yeux, persuadée comme je l'étais de l'hypocrisie du système. Cependant, je partageai l'intransigeance de la sentence : mort aux traîtres. « Est-ce que tu vas venir avec moi de façon paisible, ou est-ce que ça va mal se passer?  »


Dernière édition par Shaïness Raven-Cooper le Sam 6 Avr 2013 - 16:40, édité 1 fois
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C'était bien Shaïness. Maintenant qu'elle la revoyait, la "cérémonie" de présentation lui revenait en tête. C'était un peu le cirque, elle devait l'admettre. Surtout à cause de Serei et son masque à gaz, évidemment. Et à Cleaner, et son "super" produit nettoyant. Mais c'était marrant. La blonde en avait gardé un bon souvenir.

Peu à peu, elle se rapprochaient. Maya semblait sereine. Comme si elle était inconsciente du danger qui guettait une pirate primée -et traître- face à une agent du gouvernement. A quelques pas l'une de l'autre, elles s'arrêtèrent. La borgne avait un léger sourire aux lèvres, comme si elle revoyait une bonne amie, perdue de vue depuis longtemps. Ce n'était pas tout à fait une bonne amie, en réalité. Pour être amies, il aurait fallu qu'elle passe un petit moment ensemble. Or, ça n'avait pas été le cas. L'instant avait été relativement court. Mais sans anicroches.


_ Bonjour Shaïness.

La blonde haussa les épaules, en réponse à la question. Ce n'était pas un assentiment. C'était plutôt que, s'il fallait en venir à user de la force, ce n'était pas un problème. Mais dans tous les cas, elle avait d'autres choses à faire ici, sur Dead End. Retrouver ses coéquipiers, déjà, avec Miel et tout. Et puis, suivre le mouvement.

_ Je suis ravie de te revoir, malgré tout. Mais je ne crois pas avoir envie de venir avec toi.

Elle esquissa un sourire désolé, en frottant machinalement ses vêtements. Une de ses main chercha aussi le couteau qu'elle avait glissé dans sa ceinture peu avant. Mais elle ne rencontra que du vide. Elle avait dû le perdre quand elle avait été projetée avec le souffle de l'explosion. Tant pis.

Sans rien laisser paraître, Maya reprit :


_ Ça faisait longtemps en tout cas. Ah, ils ont bien reçu ma démission, au QG ?

Ce fameux rapport sur les Saigneurs, envoyé par un pigeon explosif. Pauvre Cacao, d'ailleurs. Maya aurait aimé le garder auprès d'elle, mais il était l'unique moyen de faire parvenir son dernier rapport et sa démission. Heureusement, elle avait encore Miel avec elle.

_ Tu es seule ? Ou bien d'autres se sont-ils mêlés à la population pour me prendre par surprise pendant que tu me distrais ?

Extérieurement, la blonde ne montrait pas de signes d'inquiétude. Elle était fatiguée, elle le savait. Elle savait aussi que, dans ces conditions, il était peu probable qu'elle ait le dessus sur la gouvernementale si le combat s'engageait et que d'autres intervenaient. En simple duel, peut-être qu'elle pourrait rivaliser, dans son état. Elle l'espérait, parce que celle qui lui faisait face avait l'air décidé à faire son devoir. Quant à fuir... Hors de question. Maya faisait face à ses problèmes, comme une grande. De toute façon, dès qu'elle l'avait aperçue, il était devenu trop tard pour fuir, même si Maya avait envisagé cette option.

Ce n'était pas qu'elle était hyper courageuse, on quelque chose comme ça. Mais elle n'était pas lâche non plus. Et elle avait une conception assez particulière du monde. Peu importait les groupes. Marines, Pirates... Elle jugeait les gens plutôt. Toujours par rapport à elle. Égoïste, mais aussi naïf, comme point de vue.


_ Je suis désolée, mais si tu tiens à m'emmener, il va falloir se battre. Parce que Ma- J'ai des responsabilités que je ne veux pas abandonner.

Miel, notamment. Et sa réserve de chocolat, sur l'Ecume. Et, bien sûr, ses compagnons de bords. Quoique ces derniers ne soient pas une responsabilité en soi.

Se sachant affaiblie, la borgne esquissa un autre sourire désolée à Shaïness, avant de lancer le premier coup. La meilleure défense est l'attaque, alors attaquons. Elle utilisa un basique. Mais le shigan, c'est toujours efficace, normalement. Alors le poing droit de la blonde fonce vers Shaïness, visant l'épaule droite, et son index se déplia au dernier instant. Elle laissait ainsi son flanc droit à découvert, mais espérait toucher la gouvernementale pour ne pas le faire pour rien. Parce qu'il faut prendre des risques pour gagner, mais il faut aussi que ça soit payant.
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    Je n'y croyais pas. Elle avançait vers moi sans montrer peur ou réticence. Elle agissait comme si nous étions des amies, ou même ne serait-ce que des connaissances. Mais c'était à des lieues de la vérité. Je n'avais fréquenté Mayaku que par tranches d'une poignée de dizaine de minutes à la fois. Mises bout à bout, elles ne devaient former qu'au grand maximum une heure ou deux. Ce fut pourquoi je conclus qu'elle jouait un rôle, pour mieux dissimuler sa stratégie et me berner. Certes, elle ne m'avait jamais donné l'impression de quelqu'un de fondamentalement méchant, et nos rares rapports avaient été neutres à défaut d'être cordiaux. Respectueux en tous les cas. Cependant, de tous les équipages pirates, la blonde avait rejoint les Saigneurs, et leur nom n'était pas un doux euphémisme. Certains flibustiers se contentaient de naviguer en faisant la nique aux Marines, ne payant pas les taxes et vivant leurs vies dans leur coin. D'autres, comme le cas des animaux qui me concernaient, se comportaient en brutes sans cœur, foi ou loi.
    - « Je suppose qu'ils ont eu ta démission. Je ne suis pas rentrée souvent au QG ces derniers temps. Entre Joseph et toi, ce qui restait du CP5 a dû mettre les bouchées doubles pour compenser le départ de traîtres. »

    Si elle voulait faire la conversation polie, je pouvais la suivre dans son imitation de « tout va bien dans le meilleur des mondes ». Mais mes yeux parcouraient la foule, fouillant, évaluant, mémorisant.
    - « Je pourrais te retourner la même question. Où est le reste de l'équipage des Saigneurs. Dois-je m'attendre à un coup dans le dos de la part de tes nouveaux 'compagnons' et---. »

    Je n'eus pas le temps de continuer car non seulement ma « chère » interlocutrice me coupa la parole – de façon très grossière – mais en plus, elle me balança un shigan en pleine tronche. Enfin, tronche, j'exagère. Cette espèce de pouffiasse avait visé mon épaule, parce qu'elle savait parfaitement que l'articulation était un point faible à exploiter en priorité. Difficile de bouger un bras quand l'épaule est en miette. Je le savais intimement, grâce à la leçon de Joseph Patchett, cet autre traître qui n'avait pas manqué de me gratifier de l'énorme hématome et du trauma qui allait avec. Bordel de couilles, ça faisait mal. C'était comme arracher une peau qui était déjà brûlée. Enfin, je crois. Je n'ai jamais été écorchée, si ce n'était une fois par cette empotée d'esthéticienne qui m'avait presque laissée une cicatrice à vie pour avoir utiliser de la cire trop chaude en tentant de m’épiler. Autant dire que la séance s'était mal finie. Pour elle.
    Ceci dit, elle avait bien fait de ne pas s'attaquer à mon visage, parce que là, je ne garantissais plus d'être en mesure de me contenir.

    Je ne dus qu'à mes réflexes acquis durement du BAN d'avoir éviter le pire. Comme mu par lui-même, mon corps se pencha brusquement en arrière, et le coup s'enfonça dans mon bras, transperçant les chair en un éclair. Je titubai en arrière, déjà déséquilibrée que j'étais par mon esquive. Un, deux pas, et je repris mon assise, les yeux furibonds.
    - « Mais ça fait mal !!! T'es malade ou quoi ? »
    Oui, bon, pas très... j'allais dire viril. Le BAN avait détient sur moi, et pas forcément en bien sur tous les aspects. Contentons-nous donc du terme d'intimidant. Shaïness, ou comment perdre la face en deux secondes et une leçon. Je soufflai fort, pour montrer ma colère et chasser en même temps toutes les émotions annexes à notre combat qui s'engageait bien mal pour moi. Ah, si seulement je pouvais occulter la douleur par là-même. C'est beau, les rêves, c'est con, la vie...

    - « Oui, bien entendu, des responsabilités.... c'est ça, et la marmotte, hein ? » sifflai-je d'un ait mauvais. « Depuis quand tu as un sens des responsabilités, Miso ? Depuis quand tu te soucies d'abandonner ton poste ? Bizarrement, ça ne t'a pas gêné lorsque tu as attaqué le QG du CP5. Tu aurais pu envoyer ta démission tout simplement, mais non, tu as également envoyé une bombe. Est-ce que tu as seulement idée des dégâts causés ? De qui a été touché, qui est mort, à cause de toi ? »
    A vrai dire, je n'avais pas la réponse à mes propres questions. Je savais seulement que la bombe-pigeon avait fait pas mal de dégâts. Mais ce dont j'étais certaine était que seule, j'allais avoir des difficultés à faire face à Mayaku Miso. Elle était mon aînée et ma « senpaï », me surclassant en expérience et compétences. Du moins sur le côté CP. En plus, elle avait sûrement accumulé des savoirs et techniques hérités de son passage d'avec les pirates. Mais moi, j'avais pour moi, avec moi, en moi, l'entraînement du BAN. Un truc que nul autre CP n'avait. Et entraînement, pour le BAN, ce n'est pas qu'une préparation à la guerre physique, mais aussi à la guerre psychologique. Or, si j'avais un avantage sur mon adversaire, c'était bien là. Elle semblait fatiguée et je n'avais pas manqué de relever le passage au «moi», alors que Mayaku avait toujours eu un mode d'expression et d'auto-référencement assez … enfantin. Néanmoins, sa langue avait failli glissé. Non, je n'allais pas me jeter dans le combat à bras le corps, d'autant plus que je n'avais plus de bras. Enfin, je n'en avais plus qu'un. L'autre, doublement touché, pendouillait à mes côtés, membre inutile. A croire qu'elle l'avait fait exprès.

    - « Finalement, tu n'as jamais été qu'une sale gamine égoïste, et tu as beau être enfin capable de t'exprimer comme quelqu'un d'intelligent, tu resteras à jamais dans la mémoire de tous comme une folle meurtrière. Et dire que tu joues les innocentes...»
    J'avais vu une faille dans sa défense, mais le temps de reprendre position d'attaque, je décidai de ne pas exploiter cette faiblesse bien trop apparente. Ça, ça sentait le piège. Du coup, je la pris au contre-pied. Littéralement. Elle devait s'attendre à un coup de poing dans ses côtés, alors je lui écrasai le pied de ton mes forces, avant de tenter une bonne patate sur son côté aveugle. Oh, elle devait connaître ce genre de coup, car à vue de son handicap (ahah, quel humour), nul doute que la plupart de ses opposants voulurent en tirer profit. Toutefois, entre savoir et pouvoir, il y avait une différence et je comptais sur son état, et ma chance, pour lui en coller une.

    Puis, indépendamment de mon succès ou mon échec, j'avais prévu de me reculer pour prendre ma distance de sécurité préférée et déclencher mes premiers rouleaux de fils, et d'essayer de la ligoter, comptant tout de même sur un effet d'étourdissement post crochet dans la mâchoire.
    - « Je vais te capturer, et t’amener à Ennies Lobbies. Nul doute que tu seras ensuite condamnée à pourrir à Impel Down. C'est le sort de tous les pirates et même ton nouveau chef n'a pu y réchapper. Alors, ce n'est pas une raclure de traîtresse qui va être capable d'échapper à ce à quoi un vrai pirate n'a put se soustraire. Résigne-toi, tu n'as jamais été une pirate, et tu ne seras jamais plus une Cipher Pol. Tu n'appartiens nul part, si ce n'est en prison. »


Dernière édition par Shaïness Raven-Cooper le Sam 6 Avr 2013 - 16:49, édité 1 fois
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Un sourire éclaira les lèvres de Maya. Oui, ça faisait mal. C’était fait pour. Parce que la blonde savait bien, au fond d’elle, que Shaïness n’allait pas la laisser partir comme ça, sans tenter de l’arrêter. Même si elle aurait bien voulu qu’elles restent en bons termes, évidemment. Et la suite donna raison à la sociopathe.

Mais, là où Maya pensait que ça allait être un simple combat, sans parlottes inutiles si ce n’était l’introduction, Shaïness changea la donne. Elle commença à dénigrer le fait que la borgne puisse vraiment être capable d’assumer ses responsabilités. En temps normal, elle aurait ignoré ces paroles. Elle aurait fait comme si elle n’avait pas entendu. Cependant, la fatigue n’aidant pas, sa susceptibilité tiqua. Ou plutôt, elle tiqua, légèrement susceptible et sur les nerfs.

La blonde se renfrogna donc, alors qu’elle était venue en souriant vers son ancienne collègue. Non contente d’avoir atteint Maya avec ses mots, Shaïness continuait. Après s’être attaquée à son sens des responsabilité, elle la toucha en la prétendant égoïste. Et ça, ce n’était pas du tout Maya. Non. Sauf pour le chocolat. Mais le chocolat, c’est sacré, on n’y touche pas. Bon, certes, elle savait que sa bombe-pigeon n’allait pas exploser en faisant des fleurs. Ça, non. En même temps, si elle n’avait envoyé qu’une simple lettre, ils se seraient mis plus tôt à sa recherche. Parce que, le Cipher Pol, une fois qu’on y était entré, c’était pour la vie. Enfin, comme choix de carrière, il n’y avait que la Marine autrement. Des règles, toujours des règles…

« Folle » ? Non, Maya n’est pas folle. Elle ne se croit pas folle en tout cas. Elle se sait différente des autres, mais pas folle.


_ Je ne suis pas folle !

Elle proteste d’ailleurs avec véhémence, brisant sa garde.

Bien mal lui en prit. Si le fait de se faire écraser le pied ne la gêna pas outre mesure, si ce n’est que ça picota doucement, la coup à la tête de son côté borgne, par contre… L’étourdissement fut violent, pour la blonde qui ne s’y attendait pas. Elle recula de quelques pas, chancelante. Mais que la jeune femme face à elle ne se fasse pas d’illusion. Elle n’allait pas capturer Maya après quelques phrases et un p’tit coup. Loin de là.

Tout en échappant un peu maladroitement aux tentatives de Shaïness de la ligoter, Maya fronça les sourcils en entendant la suite des paroles de son ex-collègue. Serrant les poings, elle se jeta brusquement sur sa vis-à-vis.


_ Je n’irais pas à Impel Down. Et elle est une pirate ! Elle n’est plus aux bottes du gouvernement.

Elle tenta alors de « bombarde » Shaïness de coups de poings. A l’abdomen, sur son épaule blessée ou à la tête, selon l’angle qu’elle avait.

_ Je suis Maya, et je fais partie des Saigneurs.

Elle s’écarta alors, aussi soudainement qu’elle s’était jeté sur la gouvernementale. Son œil d’émeraude brillait d’un éclat déterminé, terni toutefois par la fatigue qui l’habitait. D’ailleurs, si elle avait réussi à toucher Shaïness, celle-ci aurait nettement pu ressentir le manque de puissance de la blonde.

Redressant le buste, elle se prépara ensuite à assommer son ex-collègue d’un coup de pied sur la tempe. Mais quant à savoir si elle tiendrait suffisamment debout pour lancer son pied à cette hauteur…
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    Apparemment, les patates et moi ne sommes pas copines. J'avais porté mon coup, et mon coup avait porté, mais pas suffisamment. Et ma bonne étoile avait pris des congés sans me prévenir - à se demander quand elle travaillait, cette feignasse - parce que ma tentative d'emprisonnement par lien ne fonctionna pas comme désiré. Adieu donc, l'option d'un combat rondement mené.

    A mon tour de devoir faire face à la riposte de Mayaku. La garce en avait sous le pied, et elle m'avait bien bluffé avec ses tentatives de paraître faible. Si elle était encore capable d'envoyer de tels gnons, on était pas couchées... J'esquivai du mieux que je pouvais, encaissant mon lot d'impacts. Les lèvres serrées, je contins mes cris et mon envie de partir. L'idée d'utiliser le Kami-E s'imposait, mais la nécessité de non seulement garder mon identité secrète mais aussi des coups en réserve. Chaque nouveau heurt sur mon bras blessé était une douleur intenable. Mais je restai coïte, parce que me concentrer sur le fait de ne pas parler me permettait d'ignorer plus ou moins le mini déluge qui me tombait dessus.

    Les choses sérieuses avaient commencé. Je devais faire face. Et quand le coup de pied de Maya partit, j'étais prête. J'avais bien vu que j'avais fait mouche, comme la violence de la riposte l'avait montré. Attendez, violence? Oui, bon, je dérouillais. Je n'aimais pas me faire taper, sauf s'il s'agissait de liens en soie avec un partenaire de lit - et encore! Mais par rapport à ce que mes différents instructeurs m'avaient envoyés dans les os, les coups de la blonde faisaient office de caresses... dans le monde des maso. Mais je faisais partie de ce monde de douleur, et même si je manquais d'entraînement - nul doute qu'un soldat aguerri se serait rit de ces tentatives - et même si je sentais... j'arrivais à faire avec. J'aurais des hématomes pour aller avec celui de mon bras, mais ce n'était pas aussi pire que je le pensais.

    - « Que tu aies voulu quitter le Cipher Pol et le Gouvernement, on peut le concevoir. Mais pourquoi devenir une pirate? Tu te battais pour défendre l'ordre et la paix, et maintenant, tu pilles et tu tues? Et tu en es fière? »

    Là, je mobilisai toutes mes forces et fit appeler au Tekkaï pour endurcir mes bras. Enfin, mon bras. Rooh, et puis zut. Quitte à finir manchote, autant être une manchote auréolée de gloire. J'avais encore du mal avec le Tekkaï partiel, qui consiste à ne "durcir" qu'une partie de son corps. Du coup, je dépensais trop d'énergie, mais le résultat seul comptait: je bloquai la jambe de mon adversaire. Et d'un geste décidé, aidé par le jeu de fils, je la retournai, en espérant lui casser le membre. Et même si ma manœuvre ne réussissait pas, elle était maintenant belle et bien emberlificotée, sans trop d'espoir de se défaire de son carcan.

    - « Tu n'as pas de coeur, tu n'as pas de sentiment. Tu attaques des agents qui font leur boulot, des gens qui ont sué et saigné à tes côtés, sans la moindre arrière-pensée. Et tu trahis tout ce que tu avais combattu. Combien de sang as-tu sur les mains? Combien de gens as-tu tué pour satisfaire ton goût de cruauté? ça te plait, de faire souffrir des gens qui n'ont rien demandé? Combien d'enfants es-tu prête à tuer pour être "libre"? Et tu crois vraiment que tu n'es pas folle? Parce que sinon, c'est que tu es consciente de tout le mal que tu représentes et ça prouve que tu n'es qu'une mauvaise herbe qu'on doit éradiquer! »

    Abandonnant toute idée d'utiliser mon bras blessé, je continuais à dérouler mes fils, pour tendre autour de moi tout un réseau. A croire que j'étais plus araignée que papillon, en ce moment. Qu'importe. Je pouvais être tout ce qu'on voulait, pour peu que ce combat fut fini rapidement, et en ma faveur. Comment ça, j'en demande trop? Pff, depuis quand j'attends quoi que ce fut de qui que ce fut?


Dernière édition par Shaïness Raven-Cooper le Lun 8 Avr 2013 - 21:15, édité 1 fois
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Autant les coups francs avaient porté, autant le coup de pied fut un désastre. Déjà, c'était sa cheville blessée. En plus, elle avait laissé trop de temps à Shaïness pour se préparer. Aussi, quand le coup arriva, elle était prête et le para joliment. Maya était fatiguée, ça se sentait. L'effort fourni par la pluie de coups avait encore tiré sur les réserves de la blonde. La puissance du coup de pied voulu était dérisoire, et se laissait donc facilement arrêter. Et bien entendu, la gouvernementale ne se contenta pas de bloquer l'attaque.

Ne s'attendant pas à ce que son attaque soit plus ou moins retournée contre elle, Maya n'ôta pas sa jambe assez vite. Quand son adversaire retourna sa jambe, un petit craquement retentit. Il passait inaperçu avec le bruit ambiant, mais la borgne le ressentit. Pas de mal, cependant. Un pincement franc, sans plus. Cependant, impossible de s'appuyer sur cette jambe. Elle se déroba dès que la blonde tenta de le faire. Et ces fils, il y en avait partout. Impossible de s'en dépêtrer.

Serrant les dents, l'ex-gouvernementale était également assaillie par les paroles abruptes de son ancienne collègue. Certaines la touchant plus que d'autres.


_ May... Je ne suis pas entré au Cipher Pol par conviction.

La justice... Un terme bien vaste. Celle du gouvernement n'était pas celle de Maya. Elle en avait une conception assez particulière. Et la paix ? Si paix il y a, les agents du gouvernement et les Marines n'auraient plus de boulot.

Quant à la sois-disant absence de coeur et de sentiments...


_ Bien sûr que Maya a un coeur !

Ce cri, venu du coeur justement, était celui d'un animal blessé. Certes, la blonde était une sociopathe reconnue. Certes, elle était toujours curieuse de voir de quoi était faite la vie. Certes, ça entraînait souvent des carnages. Mais hé ! Elle ne le faisait pas par pur cruauté ! Elle ressemblait juste à une éternelle enfant, curieuse de tout, sans notion de bien ou de mal.

Vacillant, et tout en gambergeant, l'ancienne Cipher Pol tentait de se dépêtrer de ces fils qui gênaient ses mouvements.


_ Je n'ai pas tué d'enfants...

Elle marmonnait, à moitié pour elle-même, et à moitié pour Shaïness. Cette accusation, elle la trouvait injuste. Elle trouvait également injuste que le boucher l'eut accusé d'avoir tué son chien. Il était déjà mort, d'abord !

Elle commençait aussi à en avoir marre de ces fils qui l'entravaient dans ses mouvements. Puisque son ex-collègue avait décidé de jouer avec, elle allait aussi y goûter. Puisant dans ses dernières forces, la blonde usa du Soru pour tourner autour de son adversaire. Elle eut un peu de mal, au début, à cause de sa jambe blessée presque inutilisable. Mais elle contourna le problème, en ignorant les pincements provoqués par l'appui sur l'os brisé et en se vautrant lamentablement dès qu'elle arrêta.

Au moins avait-elle la satisfaction d'avoir mêlé Shaïness avec elle. Mais la fatigue se faisait durement sentir à présent. Et Maya haletait. Elle se releva pourtant, dans un effort qui pourrait paraître surhumain à quelqu'un qui ressentait pleinement la douleur, et fixa sa vis-à-vis les yeux dans les yeux. Enfin, l'oeil dans les yeux. L'orbe d'émeraude reflétait parfaitement les différentes émotions qui agitaient l'esprit de la borgne. Vexation. Fatigue. Détermination. Douleur aussi. Mais plus mentale que physique. Elle était blessée que l'on puisse penser d'elle que c'était un être volontairement cruel.


_ Ell... Je ne suis peut-être pas un exemple de probité. Mais toi ? Tu es un pantin. Les fils avec lesquels tu crois jouer, c'est plutôt les fils que le gouvernement agite pour que tu agisses selon leurs voeux. Ils... Ils t'ordonnent, et tu exécutes. Sans contester. Sans réfléchir. Parce qu'ils te donnent l'impression d'être indépendante. D'être importante.

Haletante, elle réussit pourtant à formuler un discours tel qu'elle n'en avait encore jamais prononcé. Les mots lui venaient naturellement. Peut-être mettait-elle le doigt sur ce qu'elle ressentait ? Peut-être était-ce là une des raisons de son départ, bien qu'elle n'en eût pas conscience ?

_ Ils promettent monts et merveilles pour qu'on soit à leurs ordres. Au final, être tueur à gage, voleur, espion et garde du corps, ce n'est ni plus ni moins qu'être un pantin, un animal docile et obéissant. On fait quelque chose, juste pour le su-sucre.

Elle inspira profondément, et fit de grands gestes brusques. Amples. Elle espérait déséquilibrer son adversaire. Elle sautilla en arrière, empêtrée dans les fils qui entravaient ses mouvements. Si son action portait, alors qu'elle avait l'air d'une folle chassant les mouches autour d'elle, alors elle pourrait tenter d'immobiliser Shaïness par terre. Ou bien ce serait le début d'une lutte rapprochée.
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    Erreur grossière de jugement de sa part. Sûrement la fatigue et la douleur, car bien entendu, je n'avais pas manqué de repérer que j'avais touché sa jambe. Un bon point pour moi ! Yeah !
    Un autre aussi, c'est pour être spécialiste spécialisée es master dans ma spécialité. Les fils, c'est mon truc. Oooouh, dans un autre contexte, ça pourrait être mal interprété ça... bref. Grimaçant à cause de mon bras, bien que tout de même un peu handicapée, j'utilisai mon corps et mes articulations pour manipuler mes fils. Mayaku avait eu beau les entortiller, c'est moi qui les avais tendus. Et à malin, malin et demi. Moi aussi, j'avais fait mes armes au sein d'une formation Cipher Pol, et les pas de lune avaient même été la première technique que j'avais perfectionnée.

    M'élevant dans les airs... bon, d'accord, je n'ai pas non plus monté des mètres... bref... A coup de combo multi-shot et Geppo, et avec une pointe de Soru, je me libérai.
    En face de moi, mon adversaire faiblissait. Son souffle court trahissait l'état de ses réserves d'énergies, et si on additionnait une jambe, un bras, un œil... Tout cela commençait à me plaire. Je dégainai mon Wakizashii, et calculai mon coup, masquant cette petite pause « technique » par un nouvel échange :
    - « Tu ne connais rien de moi, la traitre. » fis-je d'une voix froide, glaciale, pleine de mépris. « J'ai des convictions, moi. Et j'en sais beaucoup plus sur le Gouvernement que toi. Oui, il y a des éléments pourris dans la corbeille, et ce jusqu'au sommet de la hiérarchie. Oui, la Marine et le Gouvernement n'est pas l'armée de chevaliers en armure blanche qu'ils devraient être. Pour autant, je n'ai pas fui, en prétextant je ne sais quoi. J'ai fait face, et crois-moi, je travaille dur pour faire que ce monde idéal que j'ai rêvé existe. »

    J'eus un souffle de dénigrement.
    - « Tu ne comprendras jamais, tu n'as pas d'âme. Il n'y a que l'appât du gain qui te parle. Le sacrifice pour un plus grand bien, ça ne parle pas aux égoïstes comme toi. »

    Et là, j'attaquai, avec mon seul et unique coup de réelle efficacité que j'avais développé. J'espérai en finir avec ça, mais Miss Miso était encore capable de me surprendre. Ne jamais sous-estimer l'adversaire. Je ne m'arrêterai que lorsqu'elle n'aura plus la force de se soulever de terre...

    Je me battais avec une ardeur nouvelle. J'avais devant moi l'exemple même de tout ce que je combattais, dans le gouvernement comme la révolution. C'était à cause de gens comme elle que l'institution mondiale battait de l'aile, tout en étant la raison de sa fondation. Et je savais bien que je visais haut, mais entre avoir de trop gros rêves et juste survivre sur le dos des autres... Dire qu'une pourriture comme Mayaku avait pu entrer entrer au GM... et nul doute que la mauvaise graine qu'elle était avait germé dans le lisier naturel entretenu là-bas. Un cercle bien négatif, que j'allais briser.
    Mais quelque part, j'avais grandi. Avant, en tant que jeune femme j'aurais cru pouvoir réformer Mayaku, qu'il y avait du bien en elle. En une période assez courte, j'aurais voulu l'éradiquer, effacer toute trace de son existence, du temps où j'étais révolutionnaire. Maintenant, j'allais simplement la mettre de côté, avec ses semblables d'humains. Un jour peut-être quelqu'un d'aussi passionné que moi, allait se pencher sur le sort des prisonniers d'Impel Down et faire justice dans ce lieu de perdition.

    Chacun son combat, et le mien se déroulait ici et maintenant.


    Spoiler:
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Si Maya tenait encore debout après ça, c'était par miracle. Sa résistance s'amenuisait toujours plus, et elle savait qu'elle ne tiendrait pas longtemps à ce rythme là. Elle voulait en finir rapidement, avec ce combat. Mais son adversaire n'était pas de cet avis. Loin de là. Et elle ne se laissait pas faire non plus. Toutes les tentatives de la borgne pour abréger le combat échouaient.

_ Le sacrifice...

Pour un peu, la blonde en aurait rit. Elle n'était peut-être pas saine d'esprit. Elle n'était peut-être pas des plus intelligente. Mais, malgré son attitude assez enfantine, malgré les problèmes qu'elle avait... Se sacrifier pour une bande d'égoïstes, de menteurs, de lâches, de tordus... Ce n'était pas franchement un acte qu'elle estimait héroïque. Pour elle, de toutes manière, il n'y avait pas cinquante camps. Il y avait ceux qui étaient avec elle, ceux qui la comprenaient plus ou moins. Ceux qui l'acceptaient. Et il y avait les autres. Ceux qui cherchaient à la tuer, ce genre de choses.

Elle n'eut pas le temps d'en dire plus que déjà Shaïness reprenait le combat. Elle frappa. Maya eut un ultime réflexe. Le Tekkaï. Mais, autant d'ordinaire son Tekkaï était plutôt bien maîtrisé, autant aujourd'hui c'est tout juste s'il arrêta la pleine puissance du coup. Au lieu de devenir aussi résistante que la matière la plus résistante au monde, elle recula sous l'impact. Là où le Tekkaï fut plutôt efficace, c'est que la blonde ne finit pas en un tas de viande ensanglantée. Juste des petites égratignures, un peu profonde, mais sans gravité.

S'appuyer sur sa jambe brisée fut aussi une grave erreur. Elle se déroba sous elle, et le poids de l'ex-gouvernementale la fit tomber. Heurtant durement le sol, Maya eut toutefois assez de force pour s'écarter vivement, tentant de mettre un peu d'espace entre elles deux pour avoir le temps de se relever. Peut-être avait-elle l'air pitoyable, ainsi, à se traîner sur le sol. Mais peu importait en fait. Elle se savait à bout de force. Il fallait qu'elle s'échappe. Elle et Shaïness auraient d'autres occasions de se taper dessus.


_ Ell... Je ne. Suis pas. Sans âme.

Elle tenta alors un ultime Soru pour quitter la scène. Elle ne fuyait pas. Elle effectuait juste une retraite stratégique, voulant recharger ses batteries avec un peu de chocolat.
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Tout ce qui vit, existe ou pense,
Regarde avec anxiété
S'avancer ce sombre silence
Dans cette sombre immensité
. [¤]

    Et je marchai sans faillir.
    Mon coeur battait, j'étais en vie.
    Et je sus à ce moment que j'étais incapable de donner la mort.

    Mayaku tenta de fuir, et j'eus un ricanement. Pitoyable. Cette envie de vivre, je l'avais déjà ressenti, et c'était une sensation enivrante, trop forte, presque dangereuse, offrant plus de folie que de raison. Car il n'y avait nulle logique dans la vie.
    Or, ramper en gémissant, s'accrocher pathétiquement à ces bribes de respiration, ce n'était pas vivre. C'était quelque chose d'instinctif, d'atavique. Survivre... ce n'était pas vivre. Vivre, c'était se surpasser, ne pas se contenter de ce que la vie a prévu pour nous.

    Si jamais j'avais eu un quelconque respect pour la blonde, il venait de s'évaporer comme rosée au soleil estival. Elle n'était rien, juste humaine, embrassant sa condition d'humaine. Aucune ambition, aucun rêve.

    Pour ma terre, ma famille, ma liberté, j'avançai.
    Sur les ruines de Dead End, j'allais bâtir une nation de vivants. D'hommes et femmes avec autres choses en tête que leur simple satisfaction, une nation de paix, où tous seront des personnes accomplies, n'ayant nul autre besoin que la paix.

    Pour contrer son soru, j'utilisai mes fils, au bout duquel j'avais attaché ma lame rentrée dans son fourreau. Ainsi lesté, j'avais un poids qui la frappa à l'arrière de la tête, l'assommant à moitié pour le coup. Avec un mouvement de mon corps, l'extrémité "masse d'arme" me revint en main, tandis que je saucissonnai ma proie.

    Mon bras n'était que douleur et mes poumons en feu. J'avais comme des vertiges. L'exaltation de la victoire? Je ne crois pas non. D'autant plus que je n'avais pas gagné. Il me fallait encore atteindre le vaisseau qui croisait en périphérie de l'île. Ce territoire m'était hostile et Maya pouvait encore faire des siens.
    Pour le moment, notre combat était passé inaperçu, entre l'incendie et le fait que les habitants fussent assez habitués aux bagarres. Mais quelque chose me dit que ce ne serait pas le cas pour longtemps. Nul doute que Joseph Patchett avait des yeux et des bouches en nombre dans le coin.

    La haine me donna la force de hisser la borgne sur mon épaule et de supporter la torture qu'était son poids sur mes blessures. L'autre la tenait fermement. Nous avançâmes, elle trainée-portée, cahin-caha... Je dus nous défendre à deux occasions, quand des malfrats trouvèrent que nous paraissions faibles. Nous l'étions, moi surtout, mais eux encore plus. Finalement, je fus sur la plage sur laquelle j'avais accostée. A ce moment, je ne voulais rien de plus que m'allonger et dormir.

    Mais non. Les mains tremblantes, je sors mon den-den pour contacter le navire, avec l'espoir fou que bientôt, bientôt, ça allait être fini. Moins de deux jours auparavant, tout mon être se tendait à venir sur cette île, et maintenant, je ne désirais pas moins que de ne jamais revenir ici.
    Pourtant, cette fois, je ne complais pas dans l'auto-apitoiement. Je sais déjà que je reviendrai sur Dead End, pour traquer Joseph, pour détruire cette île. Le Gouvernement n'avait besoin que d'un prétexte pour déclencher un Call Buster sur ce repaire. J'allais leur donner ce pouvoir.
    Dommage pour les innocents, les rares innocents de cette île. Ils n'avaient qu'à partir. Vivre au lieu de survivre, de plier le cou devant une pseudo fatalité. Qui veut, peux.

    Mon Geppo était laborieux. Plusieurs fois, je dégringolai de plusieurs dizaines de centimètres, à ras de l'eau, et à chaque fois, la frayeur de me noyer, moi qui avais ingéré un fruit du démon, envoyait un jet d'adrénaline suffisant pour me reprendre. Puis ce fut le pont, le bois dur sur mes genoux, le cri des Marines à mes oreilles, la sensation du fil qui s'échappait de mes mains alors que Mayaku était emmenée loin, l'odeur d'iode qui lavait la puanteur de Dead End et bientôt, la sensation de tanguage.

    J'avais sondé le fond de mon âme et y avait trouvé une résolution nouvelle.
    J'étais réellement libre de toutes prétentions morales. Je ne pourrai sauver tout le monde sans faire des sacrifices. Ce n'était pas pour autant que ma main irait librement, mais encore une fois, j'étais arrivée à une croisée de chemin et j'avais pris le chemin que je voulais.

    Aujourd'hui, c'était une belle journée pour commencer à vivre.


Puisque le juste est dans l'abîme,
Puisqu'on donne le sceptre au crime,
Puisque tous les droits sont trahis,
Puisque les plus fiers restent mornes,
Puisqu'on affiche au coin des bornes
Le déshonneur de mon pays ;

[...]

Puisque toute âme est affaiblie,
Puisqu'on rampe, puisqu'on oublie
Le vrai, le pur, le grand, le beau,
Les yeux indignés de l'histoire,
L'honneur, la loi, le droit, la gloire,
Et ceux qui sont dans le tombeau ;

Je t'aime, exil ! douleur, je t'aime !
Tristesse, sois mon diadème !
Je t'aime, altière pauvreté !
J'aime ma porte aux vents battue.
J'aime le deuil, grave statue
Qui vient s'asseoir à mon côté.

J'aime le malheur qui m'éprouve,
Et cette ombre où je vous retrouve,
Ô vous à qui mon coeur sourit,
Dignité, foi, vertu voilée,
Toi, liberté, fière exilée,
Et toi, dévouement, grand proscrit ! [¤¤]




[¤]Nuit, de Victor Hugo
[¤¤]Puisque le juste est dans l'abîme, de Victor Hugo
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La retraite stratégique de Mayaku Miso, la première qu'elle effectuait depuis le début de son périple, échoua. Dommage, pour une fois qu'elle l'effectuait. C'était aussi la première fois où elle se sentit vraiment en danger. Fatiguée, affamée, éreintée... Ce n'était pas la joie. A moitié assommée par son adversaire, elle s'effondra rapidement sur le sol. Fichus fils. Fichue Shaïness. Fichu culte de Cheik Speere.

Perdant presque conscience, la blonde ne moufta pas quand son adversaire l'entrava à nouveau de ses fils, puis la souleva de terre. Elle n'avait plus la force de bouger le petit doigt, même si elle le voulait. La seule chose qui pourrait éventuellement la faire bouger, la faire se défaire de ces fils et de Shaïness, ce serait un monceau de chocolat devant elle. Mais comme il n'y en avait pas...

Si le trajet parut long à Shaïness, il fut plutôt court pour Maya. Épuisée comme elle l'était, elle sombrait souvent dans l'inconscience. Entre sa narcolepsie habituelle, et la simple perte de conscience banale. C'est ainsi que, rapidement, elle aperçu le navire de la Marine se rapprocher. Son ex-collègue utilisait l'une des techniques du Cipher Pol pour grimper à bord. Et c'est une Maya à bout de forces que les soldats emportèrent. Une Maya qui se laissa littéralement traîner jusqu'à la cellule qui lui était attribuée. Elle n'avait pas bronché quand on lui avait passé les menottes. En fait, elle ne s'en était même pas rendue compte. Elle était dans une phase de narcolepsie à cet instant. Mais en les remarquant, elle n'eut aucune réaction.

Au final, c'était presque une Maya-zombie qui était là. Une Maya qui ne faisait pas attention à l'extérieur. Les mots de Shaïness avaient touchés une corde sensible. Elle était plus ou moins replongée dans son passé, quand Maman était encore en vie. Non, Maya n'était ni égoïste, ni sans âme. Elle était juste différente des gens ordinaires, et ça, ça en choquait pas mal.


* *
*

Le trajet jusqu'à Ennies Lobbies ne laissa pas une grande impression pour la blonde. Tantôt endormie, tantôt consciente, elle ne fit pas vraiment attention à ce qui se passait autour d'elle. Elle mangeait, quand on lui apportait une ration. Elle se lavait un peu mécaniquement, avec la bassine d'eau qui lui était quotidiennement apportée. Elle passait le reste du temps adossée contre le mur de sa cellule, en tailleur par terre. Ses mains liées ne la gênait pas outre mesure. Mais le manque de chocolat, si. Elle en rêvait parfois. Ou bien elle rêvait de Maman, de sa douceur, de sa tendresse, de son amour. Ou encore, elle rêvait de Papa. D'abord distant et injuste, puis fou et injuste, jusqu'à sa fin brutale. Ou de chocolat. Parfois, elle rêvait aussi des Saigneurs. De sa rencontre avec Tahar, puis des différentes batailles qui ont contribué à former l'équipage. Ou alors, elle rêvait de Miel. Son cher pigeon disproportionné. Elle espérait qu'il allait bien. Qu'il avait retrouvé le reste des Saigneurs. Et enfin, elle rêvait aussi de chocolat.

_ Allez, debout ! C'est l'heure de débarquer.

Combien de temps avait passé depuis qu'elle avait été amenée dans cette cellule ? Elle l'ignorait. Elle n'avait pas fait attention.

Gardant le silence, elle leva la tête pour observer le soldat qui attendait qu'elle se lève pour pour ouvrir la porte de la cellule.


_ Chocolat...

Sa voix était rendue rauque par tant de temps sans parler. Le soldat, après un instant de flottement, ricana.

_ Y a pas de chocolat pour les traîtres.

Haussant les épaules, Maya s'appuya contre le mur et glissa pour se relever. Sa jambe brisée lui posa quelques soucis techniques, mais elle les surmonta. Dès que le soldat ouvrit la cellule, un autre se précipita pour empêcher a borgne de s'enfuir. Comme si elle y avait pensé. Elle n'était pas franchement en état.

_ Ennies Lobbies. Nous y sommes. Voici la fin de ta carrière de traître.

Haussant un sourcil, Maya se laissa escorter en chancelant.
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    Le voyage fut d'un commun. Rien à part les vagues et l'horizon, et parfois un temps un peu plus sévère, mais à partir du moment où nous fûmes transvasé de la petite navette de patrouille à une véritable caravelle en bonne et due forme, Mayaku et moi, nos vies ne furent qu'ennui et repos.

    Enfin, ma vie. Je suppose que la blonde en bas passait un bien plus mauvais moment.
    Le médecin m'imposa de porter le bras en attelle pendant deux semaines et m'avertit que j'avais deux côtes cassées. C'était donc ça, cette douleur. Presque avec sadisme, j'appuyais régulièrement dessus, pour me rappeler cette sensation, jusqu'au jour où elle disparut. Mes premières côtes cassées... Tout un symbole, une étape. Je faisais partie maintenant d'un club qui avait bagarré assez fort pour subir ce genre de blessures. C'était quelque chose de plutôt banal, dans un monde militaire. Mais voilà, quelque part, c'était comme avoir perdu le pucelage de dinde. Je n'étais plus « pure et innocente ». J'avais déjà tué, mais jamais je n'avais mis ma propre personne aussi en danger. Désormais, plus personne ne pouvait me reprocher de ne pas « être » un agent du CP. J'en avais tout l’attirail.

    Je profita de la traversée jusqu'à Enies Lobby pour peaufiner mon rapport et les diverses paperasseries administratives. J'espérai avoir passé avec succès le test de ce très cher Rei Yakutsuki. Après tout, succès de la mission, pas trop de dégâts collatéraux – de toutes les façons, on s'en contre-fichait, Dead End était un trou méritant d'être passé au napalm – et des informations sur Jo Patchett, le second traître du service. Non, ça devait aller.
    Étrange, ce sentiment de « vouloir bien faire », alors que j'étais également une traitre. Qu'est-ce que j'en avais à faire, intrinsèquement, des missions CP ? Je devais juste veiller au bon déroulé général pour conserver ma couverture. Ambitieuse, je l'étais, mais pas forcément au sein du gouvernement. La seule perspective de la liberté que je pourrais gagner en tant qu'agent compétent et reconnu compétent motivait mon scrupule professionnel.
    A moins que je ne fus quelqu'un de bien, tout simplement, avec des valeurs morales, décidée à toujours donner le meilleur de moi-même, en toutes circonstances.

    Et là, j'éclatai de rire, à m'en tordre sur mon lit, les larmes perlant aux paupières, à se faire questionner le reste de l'équipage sur ma bonne santé mentale. Hé oui, méfiez-vous. J'étais une sale hyprocrite, menteuse et opportuniste. Et ambiteuse.
    Et avec des talons-aiguilles.
    Non, rien à dire, je m'aimais.

    La vue de la silhouette d'Enies Lobby finit par dissiper tout trouble en moi. Voilà, c'était la fin, pour de vrai. Si la structure m'impressionna – quel sens du show ! Non honnêtement ! Ne manquerait que des colonnes de feux et la fanfare de cors pour que le kitsch fût total – c'était plutôt le déséquilibre entre « l'âme » du lieu et sa « réalité ». Je me rappellerai toujours ce sentiment aigu de prise de conscience : ce lieu avait été profané par la corruption et le laisser-aller. Si Maya méritait largement le jugement qu'elle reçu, combien d'innocents ou de victimes des circonstance avaient été condamnées ici même, par une justice aveuglée par les préjugés, les pots-de-vins et les manigances de bas étage.

    Je discutai à mots couverts de cette parodie de justice avec un certain Enzo[**], « collègue » du Cipher Pol 9. Il avait débarqué quelques temps avant moi avec sa propre capture : une pirate du nom d'Izya. Puis ce fut le moment de repartir vers mes bureaux et mes nouvelles missions.

    Rapport : mission PLR/sec-dar/063

    L'objectif de cette mission est l'arrestation de la cible, Mayaku MISO, désignée ci-après par MM, ancien agent assermenté du Cipher Pol bureau CINQ, désignée comme traître au Gouvernement Mondial après son engagement dans l'équipage pirate des Saigneurs, alliance qui fait suite à un attentat aux locaux même du CP5.

    […]

    Il est nécessaire de noter que MM a montré une progression mentale dans son élocution et notamment le système d'auto-référencement, prouvant une évolution dans sa psychologie telle que évaluée à niveau constant depuis son entrée au CP5 jusqu'au jour de sa sortie des effectifs du Gouvernement Mondial.
    Ainsi, il est rationnel de supposer que MM était en pleine possession de tous ses moyens quand elle a déclaré, lors de son arrestation, ne pas « être à la botte du Gouvernement », de ne « pas être rentrée dans le CP par conviction » et « d'avoir fait un choix libérateur en s'engageant dans la piraterie ». Elle a cependant réfuté avoir tué des enfants.
    Sa culpabilité est prouvée et ne peut être retenu un état instable et une non-responsabilité des actes.

    […]

    Au cours de l'enquête préliminaire à l'arrestation de MM, l'agent 379 certifie avoir retrouvé la trace de Jo Patchett, ancien agent assermenté du bureau CINQ ayant déserté le service après avoir commis le meurtre de l'agent SEPAROU.
    Apparemment fort implanté dans le milieu de la pègre locale, il peut être trouvé au HIBOU de la NUIT, estaminet situé au cis […]
    L'ex-agent possède une force physique qui représente une certaine menace, étant donné qu'il a été formé aux méthodes de travail Cipher Pol: capacités d'observation et d'analyse, technique de combat, etc. De plus, l'individu présente un profil dangereux de tendance "rage meurtrière", ne sachant pas contrôler ses impulsions violentes. Cette combinaison fait de lui un élément instable, ayant clairement affiché ses sympathies mafieuses.
    Il peut être cependant source d'informations intéressantes sur les réseaux locaux, étant liés aux activités de tournois de lutte clandestins.

    [...]

    L'île de DEAD END est découpée en quartiers délimités par l'influence d'un clan de malfaiteurs sur les lieux dits. Un rapide recensement chiffre à cinq les clans principaux de moindre à grande influence ; des petits gangs satellisent autour, avec une composition aussi hétéroclite que leur espérance de vie.

    […]

    La menace présentée par la population de DEAD END en soit est minime à moyenne. Cependant, la plus grande prudence est à apporter quant au développement des mafias et l'impunité de référence à tout système légal, législatif ou judiciaire. Une activité de type « pirate » est annexe, surtout liée aux activités des chantiers navals. Il faut, dans la mesure du possible, éviter un rapprochement définitif entre l'île, les mafia et une activité pirate.

    […]

    A vue des éléments, étant donné le peu de résistance organisée, la conclusion de l'agent 379 serait de mettre l'île de DEAD END sous surveillance et d'envisager un plan d'action pour mettre terme aux exactions des différents malfaiteurs. Le potentiel de l'île serait alors mis en valeur et pourrait servir de base pivot aux missions souveraines de sécurité mondial et de maintien de l'ordre public
    .


- FIN -



[**] ce passage fera l'objet d'un RP en flash-back, quand le joueur sera plus disponible ^^.
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