Jour -1 Avant le rassemblement des Avalons
Le visage de cette femme ne cessait de parcourir mon esprit depuis déjà plusieurs minutes et penser à autre chose m'était complètement impossible. J'étais comme envoûté par cette dame si ravissante. Mais en tant que pirate, en principe, ce genre de sensations ne font peu surface voire pas du tout. J'étais totalement désarçonné et comme enfoui dans un gouffre sans fin de pensées. A certains moments, je me demandais même si ce n'étaient pas des tourments au lieu de pensées. Je songeais, encore et encore. Je tentais de me remémorer toutes les paroles prononcées par cette femme et sa beauté inégalable. Mais je savais pourtant que j'allais la revoir bientôt. Pouvoir découvrir une nouvelle fois ce visage parfait et cette peau innocente de bébé.
Tandis que je titubais légèrement dans les rues pavées de Manshon, je sentais tous ces regards étrangers posés sur moi avec cette lueur de méfiance qui se discernait dans ceux-ci. J'avais si hâte de la revoir. De revoir ses cheveux blonds éclatants, ses yeux de chats et sa bouche toute rose parfaitement pulpeuse. Je ressentais encore sa main agripper la mienne pour me sortir de l'eau qui avait bien failli m'engloutir totalement. Et je revois encore ce sourire si unique et si sincère qu'elle m'afficha avant de repartir.
Mais mon âme infâme de pirate, d'aventurier refaisait surface et me chuchotait à l'oreille. Chuchotements qui me firent tressaillir sur place. J'entendais au fond de moi, cette voix, sale, abîmée, vieille. Pourtant je n'oubliais pas mon rang : pirate. Une vulgaire femme ne pouvait pas m'arrêter dans mes aventures rocambolesques pleines de joie, de cris, de sang et de bonheur. Mais, elle, ce n'était pas une vulgaire femme. Elle était différente. Dans ma vie, j'ai croisé énormément de demoiselles mais aucune ne m'a paru divine. Elle, elle était beaucoup plus que divine. Elle était... Inexplicable. On ne pouvait pas mesurer sa beauté, son charme, elle-même. Pour moi, c'était une dame hors du commun, ce ne l'était sans doute pas pour d'autres.
Mais les autres on s'en foutait. L'important, c'était elle. Mais comment un pirate pouvait donc se laissait envoûter de cette manière ? N'ai-je pas un cœur de pirate ? Ou un cœur tout simplement. Un cœur qui me fait tenir debout et un autre qui me fait vivre ? Un coup de foudre, c'était bel et bien la sensation qui je venais de ressentir. Une sensation que je pensais réservée aux tapettes et aux filles attendant le prince charmant. Mais c'était comme être frappé soudainement par la foudre.
Vous êtes sûrement en train de vous demander comment un pirate de ma trempe peut se laisser avoir par une paire de seins et un beau corps. Mais je ne m'étais pas laissé avoir par ceci. C'était autre chose. Que je ne connaissais pas. Peu importe, j'allais la revoir dans très peu de temps. Dans quelques heures plus précisément.
L'amour du risque.
J'arrivais finalement devant cette grande place où elle m'avait donné rendez-vous. Cette grande place était entourée par de beaux bâtiments de pierre et la foule l'animée. Je savais pourtant que cette île était infestée de terribles et puissants criminels des blues. Et j'avais découvert ceci après mon vol sur le port où j'ai réussi à amasser une belle somme d'argent. Mais pourtant nous étions en fin d'après-midi et beaucoup de personnes continuaient de gambader dans les rues. Je savais également que parmi toutes ces fameuses personnes, certaines devaient être sûrement des personnes recherchées par le gouvernement. Je balayai l'environnement d'un coup d’œil et je me mis rapidement à la recherche de cette femme.
Mais pourquoi m'avait-elle donné rendez-vous ? C'était quand même assez louche, mais je n'y prêtais guère attention. Mais surtout la plus grande question qu'il fallait se poser à ce moment-là, c'était pourquoi m'avait-elle sauvé ? Je ne lui avais pourtant rien demandé de particulier à cette ravissante demoiselle. J'essayais de la retrouver dans cet immense attroupement de personnes mais je ne voyais pas même ses cheveux éclatants.
Soudain, je sentis une main me tapoter l'épaule. Je fis rapidement volte-face et j'aperçus son visage. Ce visage si unique, toujours aussi parfait. Elle était magnifique. Je devais l'admettre. D'intenses frissons parcouraient mon corps de long en large et je savais que faire. Elle me souriait. Je craquais. Sa beauté était vraiment inégalable. Vraiment. Jamais je n'avais vu une femme d'un telle beauté. Tout à coup elle se rapprocha de moi, délicatement, puis me délivra un bisous sur ma joue droite. J'avais décidé de ne plus jamais me laver la joue droite. Je me transformais petit à petit en une véritable tomate. J'étais complètement rouge. Mais cette femme, elle était vraiment louche.
Mh, j'ai une faim de loup, on va manger ?
Euh...Ouais.
J'étais même un peu perdu dans mes paroles. Je décrochai ma bourse de ma ceinture pour la prendre dans mes mains. Elle m'indiqua un bon restaurant du coin on nous pouvions manger. C'était donc un rencart. Mh, mh. Elle me tira par la main et m'emmena devant la grande porte de ce fameux restaurant.
Putain, qu'est-ce qu'on mangeait bien ici. Tout était succulent et je ne cessais de la fixer. Elle était parfaite. Sincèrement.
Ahem. Alors euh, vous vous appelez comment ?
J'm'appelle Elizia.
Moi c'est Viald.
Je t'ai pas demandé ton nom moi.
Euh désolé.
Roh, je rigole !
Ahahaha...
Bref, qu'est-ce que tu fais ici à Manshon ?
Euh, je suis ici pour...euh...visiter la ville.
Mais oui, bien sûr.
Hein ?
Non, rien.
Mais je veux juste savoir, pourquoi vous m'avez sauvé tout à l'heure ?
J'n'allais pas laisser crever un utilisateur de fruit du démon.
Comment savez-vous que j'ai mangé un fruit du démon ?
Je ne le savais pas, mais maintenant je le sais.
Merde.
T'inquiètes pas je vais pas te vendre, même si je pourrais.
Ça m'étonnerait.
Ah oui ? Et pourquoi donc ?
Ahem, parce que je sais me défendre...
Et c'est quoi ton 'pouvoir' ?
D'après quelqu'un, le fruit des piques.
Le fruit des piques, intéressant. Tu peux faire de l'acupuncture ? HAHAHAHA.
BWAHAHAHA. Sûrement.
Essaye, sur moi.
Je n'ai pas envie d'abîmer votre joli minois.
Oh tu sais, le nombre de fois ou je l'ai abîmé.
Mais dites-moi, quel est votre métier ?
Moi ? Je suis juste une aventurière. Et toi ?
Je suis agriculteur *pirate*.
Mais oui, bien sûr.
Hein ?
Non, rien.
Nous passions notre temps à bavarder, à se connaître et à rigoler. Mais dans ces moments-là, je ne savais pas qu'elle cachait quelque chose.