« Dis moi, pourquoi je respire cet air ? »
Cette question, c’est pas Kawase qui me la demande dans ses bras, et pourtant mes lèvres restent closes.
J’ai été emmené. Je sais pas vraiment par où je suis passé mais dans les fonds de cale j’ai pu deviner que ça sentait pas bon. Enchaîné je le suis resté un bon moment.
Ô Dieu, si tu existes, au de lieu de dératiser mon inconscience par des sermons bien sentis, raconte moi mon histoire, raconte moi pourquoi je me retrouve dans ce merdier, pourquoi alors que je me suis résigné à plus rien attendre de cette vie tu continues à me casser les couilles. Je pense que j’ai bien envie de pleurer, mais je sais plus comment on fait. La pointe courte qui me secoue l’échine n’attend pas que je la remercie, elle me taraude le moi comme pour me montrer que l’emprise que je pouvais avoir sur les choses était aussi minime que la taille de mes noix. J’suis décidément un curieux poète.
J’ouvre les yeux. Mon visage ressent soudain le contact froid et rugueux du sol. Mes mains et mes pieds sont enchaînés. J’ai mal, les souvenirs tardent à refaire surface dans ma cervelle endolorie. Ah si, voilà, ça me revient, y m’ont battu. Violemment.
« Dis moi, pourquoi tu t’es barré ? »
Je porte la main à ma bouche pâteuse et manque de déverser mes restes de bile sur le plancher. J’ai du public autour de moi. Des mecs un tantinet grognons, globalement épuisés par la vie, cette belle salope embourgeoisée. Sonné, voilà ce qui convient là. Mon activité cérébrale, d’ordinaire intermittente voire pacifique, tambourine dangereusement dans sa coquille. Pourquoi est-ce qu’on me fait ça à moi ? Ah putain quoi, saloperie de môme !
« Dis moi, pourquoi tu l’as laissée mourir ? »
La ferme, la ferme, j’ai plus quinze ans, l’ado aujourd’hui c’est lui, qu’il vienne pas parler d’une époque où il était pas encore là. C’est sans doute sa faute si tout ça est arrivé. Ouais, sans lui, sans cette foutue grossesse, on aurait eu la belle vie, on serait reparti et on aurait parcouru le monde ensemble. À cause de lui, l’avenir s’est transformé en une longue allée bordée de ténèbres. À cause de lui, j’ai cette impuissance sourde en moi qui brûle les miettes de ma joie de vivre. Sa faute, c’était sa faute. Connard de gosse.
J’ai une envie soudaine de lui faire la peau, de le renvoyer de là où il aurait jamais dû partir. Puis je ressens la colère d’une Marisa qu’est damnée depuis un bon moment et qui veut sans doute me rappeler que Dale était un présent, pas un fardeau. Et je me roule en boule, seul dans le noir, indifférent aux autres prisonniers autour de moi.
Sa faute, c’était sa faute.
Cette question, c’est pas Kawase qui me la demande dans ses bras, et pourtant mes lèvres restent closes.
J’ai été emmené. Je sais pas vraiment par où je suis passé mais dans les fonds de cale j’ai pu deviner que ça sentait pas bon. Enchaîné je le suis resté un bon moment.
Ô Dieu, si tu existes, au de lieu de dératiser mon inconscience par des sermons bien sentis, raconte moi mon histoire, raconte moi pourquoi je me retrouve dans ce merdier, pourquoi alors que je me suis résigné à plus rien attendre de cette vie tu continues à me casser les couilles. Je pense que j’ai bien envie de pleurer, mais je sais plus comment on fait. La pointe courte qui me secoue l’échine n’attend pas que je la remercie, elle me taraude le moi comme pour me montrer que l’emprise que je pouvais avoir sur les choses était aussi minime que la taille de mes noix. J’suis décidément un curieux poète.
J’ouvre les yeux. Mon visage ressent soudain le contact froid et rugueux du sol. Mes mains et mes pieds sont enchaînés. J’ai mal, les souvenirs tardent à refaire surface dans ma cervelle endolorie. Ah si, voilà, ça me revient, y m’ont battu. Violemment.
« Dis moi, pourquoi tu t’es barré ? »
Je porte la main à ma bouche pâteuse et manque de déverser mes restes de bile sur le plancher. J’ai du public autour de moi. Des mecs un tantinet grognons, globalement épuisés par la vie, cette belle salope embourgeoisée. Sonné, voilà ce qui convient là. Mon activité cérébrale, d’ordinaire intermittente voire pacifique, tambourine dangereusement dans sa coquille. Pourquoi est-ce qu’on me fait ça à moi ? Ah putain quoi, saloperie de môme !
« Dis moi, pourquoi tu l’as laissée mourir ? »
La ferme, la ferme, j’ai plus quinze ans, l’ado aujourd’hui c’est lui, qu’il vienne pas parler d’une époque où il était pas encore là. C’est sans doute sa faute si tout ça est arrivé. Ouais, sans lui, sans cette foutue grossesse, on aurait eu la belle vie, on serait reparti et on aurait parcouru le monde ensemble. À cause de lui, l’avenir s’est transformé en une longue allée bordée de ténèbres. À cause de lui, j’ai cette impuissance sourde en moi qui brûle les miettes de ma joie de vivre. Sa faute, c’était sa faute. Connard de gosse.
J’ai une envie soudaine de lui faire la peau, de le renvoyer de là où il aurait jamais dû partir. Puis je ressens la colère d’une Marisa qu’est damnée depuis un bon moment et qui veut sans doute me rappeler que Dale était un présent, pas un fardeau. Et je me roule en boule, seul dans le noir, indifférent aux autres prisonniers autour de moi.
Sa faute, c’était sa faute.
Dernière édition par Rimbau D. Layr le Sam 11 Mai 2013 - 22:46, édité 1 fois