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Au pays des ordures, les fumiers sont rois

Le 3 avril 1613.

-Y'a du soleil, aujourd'hui.
-Ouais. L'hiver qui se termine.
-Les rats crevés qui dégèlent.
-Les ordures qui vont chlinguer la mort.
-La pisse qui pue l'acide.
-La ferraille qui va chauffer tout ça jusqu'à ce qu'on respire plus qu'un espèce de mélange dégueulasse à base de tripes chaudes et de bouffe à tous les stades de pourriture et de digestion.

J'en peux plus, j'rigole. Frangin, t'es trop fort au jeu du tac-au-tac, faut toujours que je me marre avant d'en trouver une meilleure. Tu souris aussi, sous ta grosse barbe blonde désordonnée. T'as l'air si vieux...mais pour moi, t'es juste mon grand frère. Aimé « Nounours » du Grey T. Nounours, y'a que moi qui t'appelle comme ça. Les autres ont trop peur de toi, comme si t'allais les broyer au moindre petit écart. J'suis la seule à savoir que t'es gentil. Tu m'as expliqué qu'il fallait pas le dire, que ça te protégeait. Et que ça me protégeait aussi.

J'm'en serais doutée, quand même. J'suis encore petite, mais pas plus bête qu'une autre. Et en plus, y'avait que Vaillant pour raconter qu'ailleurs, les enfants et les adultes, c'était pas pareil.

Vaillant qu'est mort y'a deux ans.


-T'y as pensé, sœurette, hein ?
-Non, non.
-Si, si. Me mens pas.
-Il était pas très fort, au tac-au-tac, il restait jamais concentré.
-Bon sang, tais-toi, frangine. Ça nous le ramènera pas. Il est parti, 'faut faire avec. C'est à chier, mais même faire péter Goa tout entier, ça suffira pas à changer le truc.

Vrai que je t'avais promis de pas penser à lui. Mais c'est dur. J'ai compté les jours, ça fait vraiment deux ans tout pile. Il aurait eu treize ans. Petit Grand Frère Vaillant. Et puis, il aimait bien ce temps là, lui. Il en profitait pour escalader les murs bien secs.

J'viens de réaliser que c'est un peu le soleil qui l'a tué.

Nounours, j'ai besoin d'un câlin.


-Tu partiras pas, toi, hein ?
-On partira tous les deux. Mais pas par cette sortie là, on trouv'ra mieux.
Eh. L'vent souffle dans la forêt.

-Ça fait le même bruit que dans ta barbe !
-C'est qu'elle est broussailleuse.
-Pas autant que les voies du seigneur.

Quoi, j'ai dis quelque chose qui allait pas ? C'est un monsieur qui disait ça, je croyais que ça irait bien, que ça te surprendrait un peu. C'est bizarre. T'as l'air en colère.

-J'sais pas où t'as entendu ça, mais dis pas ce genre de conneries. Ça la fout mal.
-Pourquoi ?
-Parce que y'a pas de putain de voie, ni de connard de seigneur. Y'a que la broussaille merdeuse du Grey T. Et que ça me fous les boules, frangine. Les boules qu'un mec comme Joe soit en train de jouer les chefs à l'heure qu'il est, alors que le Vaillant bouffe le fer par le fil. Garde ça en tête : nous, on fera ce qu'on peut, parce que voilà, on est trop cons pour être vraiment salauds. Mais y'a pas d'justice, même cachée. Tu comprends ?
-Oui, oui, je crois. Pardon grand frère.
-C'est rien.

Toi aussi, ça t'a fait du mal qu'il meurt. Tu le montres moins, mais j'sais que t'avais tes raisons en plus des miennes. Tu avais tout pour partir. Si Vaillant avait eu le temps de grandir un peu, tu aurais pu nous laisser tous les deux. C'était clair qu'il aurait été très fort. Et puis, c'était le champion pour dégoter des trucs pas croyables. On s'en serait sorti, t'aurais pu vivre ta vie de grand.

Là, t'es obligé de rester avec moi en te faisant passer pour un méchant. On en a déjà parlé, je t'avais dit de me laisser plutôt que de te rendre si malheureux. T'as rien voulu entendre.

C'est ce que t'appelles « ton devoir ». Le fait que t'es trop con pour être un salaud, comme tu dis. Avec Vaillant, on a jamais trop su qui t'avait mis ces idées là dans la tête. Nous deux, on était presque jamais allés à Fushia. Ils aiment pas voir des enfants du Grey T. sur le marché. Ça leur rappelle un peu trop leur impuissance. Y paraît.


-Dis, t'as déjà été parlé à Joe ?
-J'sais pas qui lui a pas parlé. C'est qu'il a pris pas mal d'importance, pour une petite pédale. Pourquoi ? Il est pas encore allé t'emmerder, quand même ?

-Qui c'est que tu traites de pédale ?
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"Qui c'est que tu traites de pédale ?"

Un Roi devait toujours se ménager une entrée charismatique et le Roi Joe y tenait à ses entrée scénarisées et très classes, selon lui. Et cette fois, comme d'habitude, ce fut un bide. Le coup de la voix qui sortait de nul part c'état pourtant sensé être super classe mais le fait que Joseph dise ça du haut d'un tas d'ordures, tout de suite, ça cassait un peu l'effet. Pourtant le type qui apparaît d'un coup en haut d'une montagne d'ordures et qui vous matte de tout là haut ça en jetait... non ? Et puis il ne pouvait pas laisser passer l'insulte. C'est que Joseph était très à cheval sur l'image qu'il renvoyait. C'était d'ailleurs plutôt comique étant donné que le Roi Joe répondait à tous les critères de l'adolescent boutonneux. Il était grand et dégingandé, il avait les cheveux sales comme tout le reste du corps, son visage était parsemé de cratères et surtout il avait le regard mauvais, très mauvais. Le genre petit fouine vicieuse qui s'y entendait en coups tordus. A côté de lui, sur sa montagne d'ordures, se tenaient six ados à l'aspect louche, même selon les normes en vigueur au Grey T. Autant dire que la bande à Joseph était constituée des pires raclures du Grey T. Balafres, couteaux passés à la ceinture, traces de coups, vêtements déchirés, c'est qu'ils en avaient de l'allure les gars de Joseph. C'était sa cour à lui, le Roi des Ordures. A tout juste 17 ans il était l'un des maîtres du Grey T., pas mal pour un gosse pas vrai ? En même temps il l'avait toujours dit qu'il serait le Roi du Grey T. Comme quoi le secret c'était de désirer suffisamment fort quelque chose pour l'obtenir.

"Alors Aimé, t'as perdu ta langue hein ? T'es mort de peur c'est ça ?"
"Bwhéhéhé, c'est qu'y va s'pisser dessus l'Aimé tellement il a les choquottes."
"Bouuuuuh ! Aide moi môman, le vilain monsieur y me fait trop peur ! Hahahaha"
"Elle est mignonne sa soeur..."
"Vous croyez qu'y savent qu'y z'ont pas le droit d'être là ?"
"Ce qu'on peut s'en foutre sérieux. Y z'ont pas le droit, y z'ont pas le droit."
"Et ceux qu'ont pas le droit bah ils dégustent."
"Ouaip et à la façon Crack Joe ! Héhé."

Sans se presser le Roi Joe et ses gars descendirent de leur perchoir pour encercler le brave Aimé et la jeune Serena. A quoi bon se presser ? Tout le monde se connaissait à Grey Terminal, fuyez et vous serez retrouvé le lendemain ou le surlendemain et ce sera encore pire. A quoi bon se casser la tête à pourchasser quelqu'un quand celui-ci reviendra inlassablement au même endroit pour la simple et bonne raison que c'est le seul endroit où il puisse aller ? Et ouais, ils étaient comme ça les habitants de Grey T., de vrais rats incapable de se passer de leur fosse à purin. Mais Joseph était différent, lui c'était le Roi des Rats ! La preuve, il portait une couronne sur sa tête. Certes celle-ci tenait plus du saladier mis à l'envers que de la couronne proprement dite mais dans l'esprit du jeune Joseph, c'était le nec plus ultra en matière de majesté. Avec ses atours royaux bien évidemment. Un Roi se devait de bien s'habiller alors Joseph portait exclusivement des vêtements en provenance de la Ville Haute. Le problème c'est qu'une fois passés par la case ordures et rapiécés, ces frusques lui donnaient seulement l'aspect d'un clochard excentrique. Au fond Joseph n'était qu'un rat un peu plus gras et vicieux que les autres.

"Tu t'y crois hein Aimé ? Ça y est môssieur a de la barbe alors il pense qu'il peut jouer les caïds chez moi hein ? Vas y que j'me balade peinard avec ma soeur, tranquille. Normal quoi hein ?! Mais tu t'trompes mon gars, j'suis pas qu'un type important dans l'Terminal. J'suis le Roi ici, moi ! C'est moi que je décide qui c'est qu'a le droit de vivre ici, qui peut s'permettre de foute les pieds sur mon territoire et surtout qui doit crever ! Tu piges ? C'est moi qu'ait l'pouvoir ! Et un Roi... Bah ça a aussi de la mémoire, surtout en ce qui concerne les types qui se sont trop souvent foutus d'leur gueule."

A cette évocation le sourire que Joseph arborait précédemment se crispa. Il avait toujours du mal face au gros Nounours qu'était Aimé, surtout quand celui-ci gardait le silence. C'est qu'Aimé lui en avait flanqué des raclées par le passé. C'était un gars qui savait cogner, pas de doute là dessus. Mais tout ça, c'était le passé. Il était Roi désormais et tous ployaient le genou devant lui. Et puis surtout maintenant bah il avait des gars tout dévoués à sa cause. Tout autour d'Aimé, les gars du Roi Joe souriaient d'un air méchant comme à leur habitude. On aurait dit des hyènes qui s'excitaient à l'idée de voir se répandre le sang.

"Tu piges ?"

Comme s'ils n'avaient attendus que cette dernière apostrophe, cinq des sbires de Joseph se jetèrent sur l'Aimé. Le dernier, Schlingue comme il se faisait appeler, maîtrisa rapidement Serena. Un gars bien ce Shlingue, tordu à souhait, toujours dans les sales coups. Dommage que ce qui le fasse bander ce soient les mômes...
Nounours se débâtit comme un beau diable mais il n'y avait rien à faire. Il eut beau expédier deux des gars du Roi Joe au sol la bouche en sang, à un contre cinq la partie était bien trop inégale et il fut finalement maîtrisé.

"A genoux devant ton Roi."

Dommage pour Joseph, le respect de l'autorité du Roi des Ordures n'était pas particulièrement de mise au sein du Grey T. La seule réponse qu'il obtint d'Aimé fut un crachat en pleine figure. Il ne l'avait pas vu venir celui là et tout son visage laissa un instant paraître une surprise sincère. Mais cela ne dura qu'un instant car très vite la colère déforma les traits du jeune Joseph tandis qu'il décocha à un Aimé immobilisé la droite du siècle.

BAAAAM !!!

"Ah, ça me démangeait ! Bon, vous le mettez à genoux oui ou merde ?"

Des grognements répondirent à Joseph alors que ses gars poussaient ferme pour obliger Aimé à se mettre à genoux devant Joseph. Ah que cette vision était belle, douce et saisissante. Pour tout autre qu'Aimé, Joseph aurait sans doute appliqué une punition très personnelle. Après tout, il avait déjà cassé les os de plusieurs Marines, pirates et autres adultes qui s'étaient aventurés sur son territoire. Mais Aimé, c'était Aimé. D'une, ill ne fallait pas le sous estimer et de deux, Joseph lui réservait un chien de sa chienne. Le frapper n'était pas suffisant, il fallait le faire souffrir, l'humilier.

"Bah voilà ! Là c'est tout d'suite mieux ! Faut que t'apprennes à respecter ceux qu'y t'sont supérieurs Aimé."

BAAAM !!!

"L'Roi il aime pas non plus qu'on l'insulte t'sais... Parce qu'jsuis pas une pédale !"

BIIIM !!! BAAAM !!!

"Pis l'Roi y veut aussi qu'on lui paye sa dîme... Bah ouais, pourquoi tu crois qu'je suis là hein ? C'pour qu'tu raques Aimé. T'es pas v'nu filer ta part et ça c'est mal..."
"Très mal."
"Carrément con ouais..."
"T'as vu ? Tout l'monde l'dit que c'est pas bien d'pas payer c'que tu dois à ton Roi. Si tu payes pas ta dîme tu sais qu'tu pourras pas continuer à vivre à Grey T. Et tu veux pas ça pas vrai ? Même moi j'veux pas ça !"
"Ah bon ? Mais j'croyais que..."
"Ta gueule Freddy, ta gueule... Hum... Qu'est ce que je disais moi déjà ? Ah ouais... Je te connais Aimé. J'sais que t'es un mec qu'en a autant dans l'pantalon que dans la caboche. Un gars comme toi y trouvera bien un moyen d'me payer mon dû pas vrai ? Tout c'qui te faut c'est une bonne motivation pas vrai ? Un truc qui t'poussera à t'dépasser. T'as une idée de ce dont j'cause pas vrai ? Ouais... T'es un mec malin toi."

Ce fut avec une lenteur calculée que Joseph tourna sa tête dans la direction de la jeune soeur d'Aimé, Serena. Pas encore 10 ans mais déjà mignonne la gamine et visiblement au goût de Joseph si on en croyait son sourire carnassier alors qu'il la couvait du regard. Il lui sourit de toutes ses dents. Quelques gouttes du sang d'Aimé tombèrent lentement de ses mains.

"Je t'avais bien dit qu'un jour tout serait à moi. Même toi ma p'tite catin."
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-Frangin, bordel, frangin, relève toi !

J'l'entends qui ignore la peur, et le Joe, et aussi ses petites bravades de branquignole sûr de sa force. J'suis sûr que le con a attendu le moment, le seul moment où je pouvais pas le rétamer.
Je l'ai pas dit à la P'tite Flamme, parce que pour elle, j'sais qui faut que j'paraisse toujours fort. J'suis son frère, son protecteur, c'est pas d'la merde. J'ai pas l'droit de pleurer sur mon sort, parce que ça s'rait presque une trahison. Envers elle et envers moi, et aussi envers le destin que j'ai commencé à rêver et à construire. Loin du Grey T. Et de son enculé de roi qui se croit supérieur avec sa gamelle en alu' sur le coin de sa face de fumier.

Ouais, maint'nant j'en suis sûr. Si l'a viré aussi crade, c'est pas d'la faute à sa solitude. C'est dans son sang, il est pourri jusqu'au tronc. D'ailleurs, c'est ce qui se lit sur tous ses gestes, ses décisions, son acné à gerber. Limite j'me sens agressé par le pus qu'a l'air de d'mander qu'à sortir de chacune de ses pustules.

Enfin, vrai que j'ai mangé. Dur de penser autre chose qu'à des injures, j'ai de la lave qui me brûle le corps. Mais j'ai plus les commandes. J'l'ai pas dit à la frangine. Mais la dernière fois que j'suis allé à Fushia, les bandits des montagnes m'ont planté. Comme des manches, alors j'ai survécu, mais quand même. On a beau être un putain d'ours, quand on saigne, on saigne.

Quand j'pense que cette bande de couilles molles m'ont rouvert ma plaie, et que les jarter d'mon échine, ça m'servira à rien d'autre qu'à crever, et à laisser la P'tite Flamme dans des sales mains, j'ai comme un truc qui m'serre le bide. J'avais jamais connu, mais j'en ai suffisamment entendu parler pour savoir.
J'vais abandonner. Le fric que j'avais ramassé à la sueur de ma gueule, mon honneur, et ma dignité de mec qui en veut.

Et l'pire, c'est qu'j'espère même pas qu'il laissera la frangine tranquille, ou qu'il tiendra ses engagements. Si m'restait quelqu'chose à parier, j'parierais qu'il connait même pas l'sens du mot.


-...

Ouais, pour une fois, j'ferme ma gueule. Les saloperies, elles sont là, dans ma caboche. T'auras rien d'plus de moi qu'mon mépris, Joe.

* * *

J'ai le cœur qui va partir, s'envoler très très loin du Grey T., si il continue à battre comme ça. La peur, j'ai l'habitude, mais là, c'est pas ça, c'est pas le mot. « Terreur », je crois. D'abord, il y a eu ce grand qui sent le cadavre de rat, et puis maintenant, c'est Joe. J'aime pas comment ils me regardent. C'est comme si j'étais un sac, comme s'ils voulaient me vider, m'avaler, ne plus rien me laisser qui soit à moi.
J'pense à Grand Frère comme je m'accroche à la seule idée claire que j'ai, là, tout de suite. J'ai envie de leur casser les dents, mais moi, je peux pas. Alors je hurle, je gueule, j'appelle à l'aide.

Être une gamine, c'est horrible.

Pourquoi est-ce qu'il s'est fait battre comme ça ? Il avait jamais perdu, c'était le meilleur de tous ! Les gars de Joe font pas la moitié de sa taille, et ils sont que deux sur lui ! Il en avait rétamé deux autres...

Grand frère, relève-toi. S'il te plait, me laisse pas.

J'vois que tu fais l'effort, ça y est. L'ours grogne, t'as envoyé balader les deux gars. Trop fort... Mais moi, j'sens qu'on me prend, qu'on me met quelque chose de froid et de coupant contre la gorge.

J'ai la tête et le cœur qui vont exploser. Ça serait bien, ça tuerait Joe et le grand qui pue. Et tu pourrais partir, j'arrêterais de m'en vouloir de te retenir, alors que t'as tout pour toi.

Mais rien ne se passe, de tout ça. J'suis obligée de te voir balancer le mouchoir dans lequel tu mettais toutes nos économies. Cracher au sol, en essayant de pas trop montrer la grande tâche rouge qui s'étale sous ta vieille chemise bleue.


-Le v'là, ton fric, Joe. Maintenant, lâche-la, et tire toi.

T'essaies de garder ton côté grande bête qui fait peur. Ça se voit pas, si on te connaît pas. Mais j'vois que tu trembles, que tu luttes. Comment ils ont pu te faire si mal ? Ils avaient même pas de couteaux... enfin, je crois pas. T'as du sang dans ta barbe, partout sur les yeux et le front. T'as l'air d'un de ces guerriers du nord dont tu me parlais, le soir, pour m'en dormir.

Derrière moi, ça rigole. Non, retire tes sales pattes de là ! Grand frère !


-Bwéhéhé, r'gardez les gars, j'crois qu'le boss vient d'avoir une idée...
-Ta gueule, Freddy.
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Quand votre vie se trouve à la merci d'un autre, priez pour que ce soit un salopard. Un salaud aime entendre le son de sa voix, il tient à tout prix à expliquer son comportement, ses motivations, son plan infaillible de conquête du monde. Un bon vous tuera sans un mot et sans attendre.

Heureusement pour Aimé et la jeune Serena, même enfant Joseph était déjà un salopard fini. Le genre qui pouvait s'écouter discourir pendant des heures. Coup de bol pas vrai ? Dommage que le Roi Joe ait une haine aussi tenace contre le brave nounours. On pourra pas dire qu'il l'avait pas senti venir, qui aurait cru un seul instant que ce sale mioche de Joseph avait une parole digne de foi ? Il ne daigna même pas répondre à la supplique d'Aimé, pas plus qu'il ne regarda le mouchoir. Ses yeux restaient fixés sur Nounours.

"Bobby ?"

A l'évocation de son nom, l'un des sbires de Joseph, le nez toujours en sang, se pencha pour ramasser le mouchoir. Les protagonistes de ce drame du quart monde pouvaient l'entendre compter à voix haute avec application et difficulté. C'était lent, terriblement lent. Joseph avait il choisi Bobby exprès pour faire durer ? Possible. Le Roi Joe observait avec une joie toute malsaine la tâche de sang grossir sous la chemise de nounours. Il l'avait enfin à sa merci, oh que ce moment allait durer.

"Y'a euuuh genre douze mille berrys."

"Douze mille berrys ? Pfff... Dis voir Aimé... Ça te semble suffisant à toi ce genre de paiement ? Hein ?! Tu penses vraiment que ça va me satisfaire ?! Mais c'est que t'es complètement à l'ouest !"

Joseph lorgna en direction de Shlingue, celui-ci répondit pas un ricanement plus bestial qu'humain. Le puant n'avait pas perdu son temps, sa récompense à lui se trouvait entre ses mains. Si petite, si fragile, si... désirable. Les doigts crasseux de Shlingue s'aventuraient déjà sous les vêtements de la jeune Serena et ce juste sous les yeux de ce cher nounours. Pauvres nounours... Il tenta bien de se débattre mais les gars de Joseph, désormais à quatre pour l'immobiliser, tenaient bon.

Le Roi Joe jubilait, sa joie se lisait sur son visage lorsqu'il tira brutalement sur les cheveux d'Aimé pour le forcer à le regarder. Son sourire, comme le reste de sa personne, était en train de glisser lentement dans la démence. Payer, Nounours allait payer au centuple les humiliations que le pauvre petit Joseph avait subi. Il allait payer pour tous les autres et après plus personne n'oserait défier le Roi Joe !

"J'en ai rien à foutre de ton fric Aimé. Ce que je veux c'est que tu souffres comme t'as jamais souffert. Oh j'sais que t'en as bavé mais crois moi, j'peux me montrer très imaginatif quand y s'agit d'faire souffrir... Pis quand j'dis ça, je parle pas que physiquement qu'on s'entende bien. Cela dit... J'ai rien contre !"

Et biim. Joe envoya un coup bien violent en plein dans la blessure d'Aimé. Celui-ci se tordit de douleur, maintenu plus ou moins droit par les acolytes de Joseph. Toujours apporter le plus grand soin au choix des sbires. Leurs compétences particulières peuvent s'avérer très utiles à l'occasion. La preuve en images.

"Mais l'mieux ça reste la torture 'syco logique. Genre, au hasard, voir Shlingue s'amuser avec ta soeur juste sous tes yeux."

Une nouvelle fois Aimé rua dans les brancards, faisant valdinguer une des racailles qui l'immobilisait. Joseph soupira et asséna un nouveau coup en plein sur la blessure, immobilisant le frère de l'année. Il prit une profonde inspiration tout en cherchant dans ses poches. Lorsqu'il s'adressa de nouveau à Aimé, il tenait entre ses mains un surin bien crade, le genre à vous refiler trois hépatites et le tétanos en une seule coupure. Le pire ? Le sourire démentiel de Joseph avait encore enflé, le sale gosse n'était plus que sourire.

"Où j'en étais ? Ah oui... Shlingue s'ferait un plaisir de jouer avec ta soeur. C'est qu'il pourrait p'tet lui apprendre deux ou trois trucs... Oh j'me doute que t'as déjà du lui en enseigner des tas pas vrai ? Héhé. Sers à rien de s'énerver comme ça Aimé. Nan... T'sais quoi ? On va jouer à un jeu ! Ouais ça c'est une bonne idée. Comme ça tu pourras pas dire que j'suis pas un roi cool."

"J'vais t'planter Aimé. J'vais te découper des morceaux en prenant bien mon temps. Et t'sais quoi ? Je gagne si tu résistes ou qu'tu gueules. Si j'gagne, Shlingue f'ra son affaire à la p'tite. Si tu crèves sans moufter... Bah t'as gagné et Shlingue la laisse peinard. J'suis sympa hein ?"


Comme pour ponctuer sa phrase, Joseph enfonça sa lame lentement dans la blessure d'Aimé, retournant le surin au fond de la plaie avec une lenteur calculée. Nounours serrait les dents, Shlingue rongeait son frein et Joseph... Bah Joseph kiffait son moment.
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-Grand frère !

Le Joe m'plante comme un âne. Bordel, c'que ça fait mal... j'vais finir par l'admettre, même si j'continue à jouer mon rôle de brute. J'ai peur. Ça me sert le ventre, mille fois plus que les coups, mille fois plus que d'voir la frangine s'faire...

Par les couilles de Sheitan, j'vais te le faire bouffer, ton surin, Joe ! J'vais t'faire manger tes propres tripes avec du sel de Fushia ! Tu m'diras quel goût ça a et j'me garderai la part du roi ! Le foie, j'te l'arracherai, je l'cramerai sous tes yeux. Comme j'ai cramé le frangin quand il est mort, la dignité en moins ! Et j... j... k... fff...

J'ai la cervelle en feu, les neurones qui s'alignent plus bien. J'ai l'cœur fort et il pompe trop de trucs, manière de m'faire supporter la torture plus longtemps. La douleur, ça d'vient obsédant. J'me répète mon seul espoir comme un proverbe. Ces trucs en rimes qui sortaient des bouches propres des vieux de Fushia. Pas gueuler... pas gueuler, s'accrocher à la toute p'tite chance que la sœurette s'fasse pas manger toute crue. Respecter c'qu'aurait fait Vaillant. Vaillant...

Nouveau coup dans les pec'. Le roi s'amuse. J'vais crever, j'ai peur. J'ai peur du vide, j'sais pas pourquoi. J'détestais ma vie, pourtant. J'suis né dans un trou à merde, j'suis une merde. Tellement qu'j'ai même pas le courage d'faire face à mes derniers instants. J'gueule pas, toujours pas. Mais je m'demande si c'est pas parce que c'est gravé au fer rouge dans mes veines : Aimé, il est codé pour pas gueuler quand on l'frappe. Il est codé pour être un dur.

Mais Aimé, en vrai, c't'une lopette. La sœurette est plus courageuse. Vaillant était...
Mmff... j'vois blanc, d'un coup. M'a crevé les yeux ? J'crois pas. Trop content que j'puisse voir au cas où j'perdrais à son jeu. Ou que j'vois tout court, c'est lui qui pose les règles et je l'sais. J'aurais été plus brave, plus fort... j'aurais eu moins peur... on s'serait déjà barré à Fushia. On s'serait tous fait une place. Tu serais vivant, frangin. Mais j'ai cané. J'ai cané parce que j'savais qu'ça s'rait plus dur de nous en sortir tous les trois là-bas que moi tout seul. J'suis un lâche. Je l'sais, Vaillant. Toi, t'as donné ta vie pour une robe. Moi, j'ai fait que m'lancer dans des trafics qui m'ont endurci, mais jamais j'ai risqué ma vie. J'ai pris des coups, j'suis dev'nu moche. J'donne des cauchemars aux p'tites de Fushia.  Et pourtant, j'suis prudent. J'me suis préservé une place au chaud, j'peux partir n'importe quand maint'nant. Pardon, Vaillant. Mais j'veux plus, j'peux plus voir tout ça, ça me rend fou. J'veux faire ma vie, j'veux avoir une femme et des enfants, j'veux avoir ma chance, accomplir mes projets, me poser quelque part et oublier le Grey T. Oublier ton sourire et ta poitrine qui respirait plus. Oublier la frangine, oublier que j'suis qu'un lâche, et que j'aurais cent fois mérité la mort là où toi, t'aurais mérité d'vivre cent ans ! Et loin d'ici !

Loin... d'ici. Ra... ah...


-Grand frère !

J'lève une mirette. L'aut' commence à déconner, j'ai un coquart. Un moche. Shlingue est trop près d'la frangine. J'vois pas où il a mis ses minettes. Sales petites mains fouineuses, deux araignées roses qui se promènent là où elles devraient pas. Connard de Joe ! Connard d'enculé de fils de pute ! Rejeton d'ventre à merde ! Tiens ta parole de vermine ! Tiens la !

-...

Même pas le courage de d'mander pardon à la frangine. J'veux pas crever, pas après avoir fait tout ça... mon trou à Fushia... l'éducation du frangin, celle de la sœurette... tous ces efforts pour pas m'faire bouffer par l'esprit du Grey T. Mais si j'crève pas... j'pourrais pas vivre avec ça, j'aurais pas le courage non plus. Voir mes filles, si j'en ai, et penser à la P'tite Flamme. Penser qu'j'aurais pu au moins la sauver, si j'avais pas eu si peur de crever.

En fait, il a dit quoi ? Pas résister et pas brailler... j'ai pas résisté. Braillé, non plus. J'ai les lèvres comme soudées au chalumeau, on m'arracherait pas un grognement. J'vois plus que du blanc, puis du noir, et du sang. Le mien. J'sens qu'un coup me fait rouler en base du tas d'ordures. Réflexe du montagnard, mes mains se placent où il faut, quand il faut. Et j'suis debout, y'a dix mètres entre Joe et moi. C'est ma chance, ma seule putain de chance...

Alors j'la prends. Il a pas parlé de c'qui f'rait si j'me barre. Alors j'cours, et j'vois comment c'est vrai qu'la peur donne des ailes.

Je vole, et même pas je m'retourne. Là aussi, j'aurais trop peur de m'arrêter et d'écouter tes hurlements...

Pardon, frangine. Tu méritais mieux qu'un type comme moi pour faire office de frère. On me court après ? Ouais, mais j'éclate la tête du Bobby sur le premier morceau de tôle qui s'amène. Et je vole, je vole, je vole... jusqu'au mont Corbo. Jusqu'à Fushia. Jusqu'à ma nouvelle vie.

Une vie de lâche et de sous-merde. Mais une vie quand même.
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Quand votre vie est entre les mains d'un autre, vous feriez mieux de prier pour qu'il s'agisse d'un salopard. Les salopards aiment s'entendre parler, ils tiennent absolument à expliquer à leurs futures victimes leurs plans machiavéliques, à moins qu'ils ne souhaitent se lamenter sur le Destin qui les a fait naître si méchants. Bref, ils blablattent et offrent une chance à la victime de s'en sortir. Priez pour que ce soit un salo, un bon vous tuera sans un mot.

Heureusement pour Aimé, Joseph était un salopard de premier ordre et le genre de petite enflure qui adorait entendre le son de sa voix à ses oreilles. Alors il cause et il frappe. Il tchatche et il découpe. Crack Joe se fait plaisir et varie ses coups. Il est tant à son plaisir qu'il tarde à réagir quand le gros nounours se met à détaler. Bobby aussi aurait du tarder à réagir, ses réflexes lui ont coûté la vie. Si l'enfer existe, il doit être en train d'y rôtir à petit feu mais ça tout le monde s'en fout pour l'instant et le Roi Joe le premier. Il est trop absorbé par le spectacle ô combien distrayant de nounours s'enfuyant au loin.

"Hahahaha ! Il a fuit ! J'arrive pas à y croire, c'est trop beau pour être vrai, Aimé s'est enfuit comme la dernière des lopettes. Bwhahaha."

"C'est ça, vas y fuis ! Tu sais ce qui t'arrivera si on revoit ta face de lâche par ici, Aimé !!!"

C'est le visage orné d'un sourire éblouissant de bonheur que Joseph se retourna vers le reste de sa bande de lascars. Il était au summum du plaisir, tout était parfait, il lui restait même une petite distraction avec laquelle s'amuser. La gamine l'avait toujours fasciné. Elle avait ce petit quelque chose au fond des yeux qui attirait Joseph. C'est pourquoi son regard inquisiteur s'aventura une nouvelle fois sur le visage en larmes de la petite Serena. Il prit le temps d'apprécier ces traits déformés par la tristesse et la douleur. Pauvre enfant, son grand frère venait de l'abandonner, elle était désormais seule au monde dans l'enfer sur terre, le Grey Terminal. Il était temps de lui offrir une leçon de vie façon Joe.

"Tu souffres pas vrai hein ? Ca te fout la haine que ton frangin t'ait planté là hein ? T'as la rage contre moi hein ? Tu t'dis que c'est ma faute ou une connerie comme ça j'le sais, j'le vois à ton regard. Mais j'vais te dire la vérité ma p'tite, c'est pas à moi que tu devrais en vouloir c'est à ton grand frère adoré qui tenait pas à toi. Ouais, y t'aimait pas. C'est triste à dire mais c'est ça. Parce que maintenant qu'il t'a abandonné, j'me demande ce que je vais bien pouvoir faire de toi... "

"Il a perdu... Elle est à moi. T'avais dit qu'elle serait à moi Joe alors laisse la moi. Elle a la peau si douce..."

Les mains invasives de Shlingues continuent leur sombre besogne, s'aventurant à chaque fois un peu plus avant sur le corps de la jeune fille. Devant lui, le Roi autoproclamé du Grey Terminal reste stoïque. Seul son ton laisse deviner qu'il a pété un câble, problèmes de nerfs. Il est excessivement poli.

"Oh pardon Shlingue. Je suis désolé de t'avoir oublié. Tu ne m'en veux pas hein ? Qu'est ce que tu voulais que je fasse ? Que je te donne la fille c'est ça ?"

Une droite vole, envoyant la tête du puant en arrière, le reste du corps suivant le même chemin dans la foulée.

"C'est moi qui suis l'Roi ! J'fais que c'que je veux. Et là c'que j'veux, c'est la gosse. Si tu la touches à nouveau, j'te bute, pigé ? Maintenant va récupérer les affaires de Bobby."

Humilié, l'immonde puant s'éloigne la mâchoire en sang. Joseph était un Roi tyrannique qui ne supportait pas les contrariétés. A moins qu'il en ait tout simplement soupé de voir Shlingue s'amuser avec Serena. Après tout, les Rois avaient le droit de cuissage non ? Une nouvelle fois Joe s'adressa à la gamine de tout son haut.

"J'vais t'révéler un secret ma p'tite catin. Maintenant que t'es à moi et rien qu'à moi j'peux bien t'le dire. Dans ce monde pourri y'a qu'une putain de personne sur qui tu peux compter et c'est toi même. Pour t'en sortir faut qu'tu grimpes plus haut qu'les autres et qu'tu cognes dur. Personne viendra t'sauver si t'es dans la merde. Ça tombe bien tu me diras, t'as plus personne... à part moi. J'te montre mon royaume ?"
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J'comprends pas.

J'veux dire, je savais bien que grand frère, il voulait pas rester. Qu'il pouvait partir, qu'il avait déjà un peu un pied dehors. De toutes façons, on le disait déjà avec Vaillant : Aimé, il nous aime pas assez pour supporter tout ça avec nous. Il finira par partir. Mais toi, petit grand frère, tu devais être là toujours. Tu peux pas savoir comment j'aimerais que tu sois là, maintenant, entre moi et Joe. J'ai moins peur qu'avec l'autre, mais je sais que c'est pas un frère et qu'il est méchant. Alors, c'est un danger sur le Grey T. Faudrait que je parte, mais j'ai nulle part où aller ! Je peux pas traverser la montagne toute seule pour aller à Fushia. Et faire quoi, là-bas, faire quoi ? Vendre des trucs que je peux pas porter parce que dans le Grey T., tout est toujours trop lourd ? Mendier, alors que grand frère nous l'a toujours interdit ? Mais il est parti, maintenant... il est parti, et je peux plus traverser la montagne...

De toutes façons, il nous prenait jamais avec lui, parce quand on était là, il vendait moins bien, et on souffrait tous de la faim et de la fatigue au final.

Puis pourquoi il veut me montrer son royaume ? Son royaume, son royaume, c'est le Grey T. ! J'connais par cœur ! Puis d'abord, c'est pas vraiment rien qu'à lui ! Les docks, on s'en approche jamais, c'est plein de pirates super forts qui tuent tout ce qui leur plait pas... on arrive à leur vendre ou à leur échanger des trucs, des fois, mais bon. Ça, c'était surtout parce qu'Aimé, il fait adulte, et il fait peur.

Il faisait peur. Joe, il a pas eu peur assez longtemps. Fallait attendre encore trois ou quatre ans, que je sois un peu plus grande, qu'on puisse partir... c'était ce qu'on avait toujours dit ! Qu'on partirait quand on serait tous capables de se défendre ! C'est même pour ça qu'on a essayé d'être différents, de pas faire comme les autres ! De jamais tuer, de jamais faire du mal alors qu'on nous avait rien fait ! De pas mendier à Fushia, de pas voler, de travailler à chercher des trucs lourds et qui coupent dans la décharge pour les vendre « honnêtement », il disait ça, Aimé ! On a vraiment essayé d'être autre chose que les autres du Grey T. ! Parce qu'on voulait partir, qu'on devait partir !

J'veux pas voir ton royaume, Joe ! J'veux voir le monde du dehors, j'veux partir d'ici ! J'veux plus voir ta gueule, j'veux retrouver Aimé, puis Vaillant, aussi ! J'veux plus vivre ici, j'veux m'en aller très loin et plus jamais revenir !


-J'savais bien qu'il voulait partir ! C'est c'qu'on voulait tous les trois, et alors ? C'est pas normal de vouloir partir ? T'es qu'un connard, Joe ! Tu vois pas que ton royaume, c'est juste les poubelles et la merde d'un vrai royaume plein de sales fils de catin dedans ? C'est quoi, le problème ? Et puis toi, d'abord, pourquoi tu pars pas ? Hein, c'est parce qu'en fait, t'as pas envie ? T'es même pas assez fort pour vivre dehors ! T'es le roi de rien du tout ! De rien du tout du tout du tout !

C'est tout drôle, j'ai les mains qui tremblent, je crie sans m'en rendre vraiment compte. Et puis, dans le ventre, ça me brûle très fort. J'ai... j'ai envie de le frapper, et c'est ce que je fais. Je cogne sur son ventre avec mes poings, ça fait mal. Mais pas autant que le soir où je m'étais cassé la main sur la tôle après la mort du frangin.

Je tape plus fort, je continue de crier. Il bouge même pas. On dirait qu'il rigole. Alors, je tape plus bas, avec le pied. Et là, il rigole plus du tout, il... se couche par terre ?

C'est un piège ? Ou un jeu ? Non, pas un jeu, pas possible, pas avec lui. Regard à droite, et à gauche aussi. Y'a ses copains qui me voient. Le grand qui pue qui revient. J'peux pas fuir. Alors j'me cache derrière Joe qui se relève, comme si j'avais rien fait. En même temps, j'sais pas trop c'que j'ai fait. Ou alors, il faisait semblant de pas avoir mal au début, et il est pas si fort que ça ? Ou p'têtre que j'ai des pouvoirs ?

Non, non, j'en ai pas. Grand frère le disait toujours au moins une fois pas jour : y'a pas de miracles dans le Grey T.
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La gamine avait du caractère à revendre. Là où une autre se serait effondrée en larmes après le départ de son frère, celle-ci avait laissé parler sa colère et sa frustration. C'était comique de voir cette petite gamine frapper de ses poings menus le grand Joe. C'était hilarant de la voir l'insulter et essayer de lui faire mal. Le Roi et ses hommes riaient de bon coeur devant ce spectacle désespérant. Plus la môme criait et plus ils riaient.

Ils auraient pu continuer à se fendre la poire pendant un moment si la jeune Serena, mue sans doute par un instinct primaire, n'avait envoyé son pied frapper dans les valseuses de Joseph. Pour le coup ça avait stoppé son rire directement. Son regard s'était voilé et il tomba lentement à terre tandis qu'un juron essayait vainement de franchir ses lèvres.

Shlingue était revenu avec les frusques de Bobby. Autour de Joseph et Serena, le petit groupe de raclures observaient avec attention la réaction de leur Boss. A l'exception du puant, tous avaient un sourire goguenard au coin des lèvres. Qu'allait faire Joseph ? Sûrement quelque chose d'amusant... pour eux. Le Roi autoproclamé du Grey Terminal se retourna avec une lenteur calculée pour une nouvelle fois dominée la gosse de toute sa taille.

"Alalala ma p'tite Serena... J'viens d'te dire quoi ? Qu'personne viendrait t'sauver si t'étais dans la merde. Et là, la merde, tu viens d'sauter d'dans à pieds joints. Maintenant va falloir que je t'apprenne le respect qu'on doit à ses ainés j'crois bien... Je t'ai dit, le Roi il aime pas qu'on l'insulte..."

Le Roi des ordures poussa un soupir bien trop profond et trop surjoué pour être crédible. Autour de lui, tous ses hommes ricanèrent... sauf Shlingue. Lui était trop occupée à fixer la nuque de Joseph, semblant évaluer ses chances d'y planter un surin sans être réduit en bouillie.

"Primo... On ne traite pas son Roi de connard !"

Shlack ! D'un revers de la main parfaitement maîtrisé, Joseph venait de rougir la joue de la jeune Serena. Ca devait faire mal... Mais toujours moins qu'une droite. Ca ne se faisait pas d'utiliser ses poings sur une gosse...

"Deuzio... Ici, c'est moi le plus fort ! Y'a pas plus fort que moi sur toute cette putain d'île ! Je pars d'ici quand j'veux et si j'veux !"

Shlack ! Une nouvelle fois la tête de Serena se souleva, après le revers venait la claque sonore et douloureuse. Le contact de la peau sur la peau parut résonner aux alentours. Les séides du Roi se marraient mais pas lui. Il observait les yeux de sa victime, y cherchant sans doute une trace de peur, de panique ou des larmes provoquées par la souffrance. Pourquoi est ce qu'elle avait ce putain de regard alors ? C'était quoi cette lumière de merde ? Il ne le supportait pas...

"Et troizio... Apprends à connaître ta putain de place !"

Un nouveau revers s'abattit sur la gamine. Joe s'arrêta un instant pour l'observer. Il allait devoir faire plus que ces coups de femmellette pour la briser et lui faire comprendre la triste réalité. Avec une lenteur calculée, il fit craquer ses phalanges puis il frappa sa paume gauche avec son poing droit. Dans le genre, je te mets la pression. Il se posait là.

"Ce royaume c'est à moi ! Ce sont p'tet que des poubelles mais c'est moi qui règne dessus ! Moi et personne d'autre ! Ici c'est moi qui tient le haut du pavé ! Tu piges gamine ? Le plus important, c'est le pouvoir et c'est moi qui l'ai ! Pourquoi je partirai heiiiin ?! J'en ai rien à cirer des nobles et d'leur ville de connards ! Ici c'est moi qui décide qui vit et qui meurt ! C'est moi l'grand manitou, j'suis plus important que Dieu pour les paumés du Grey T ! Si y payent pas leurs respects à Dieu, y s'passera rien mais y savent que si y m'payent pas leur dîme, on les r'trouvera morts !"

Le jeune Joseph termina son speech en décochant une droite dans les ratiches de la gamine. Oh il n'y était pas allé à fond mais cette fois elle fut projetée au sol et dût bien avoir mal. Le Roi s'approcha de sa victime avec lenteur, essayant de faire naître la terreur en elle. Toujours s'assurer d'avoir le soleil dans le dos pour ce genre de chose, ça en jettait un max. Il allait prendre sa dernière revanche sur Aimé grâce à elle. Il en ferait sa chose soumise.

"T'as pigé gamine ? L'seul moyen pour toi d'quitter le Grey T. c'est les pieds devant. T'as qu'deux choix là. Tu m'sers ou tu meurs. Ceux qu'y bossent pour moi s'en tirent mieux que les autres t'sais... Si tu refuses... P'tet bien qu'jte laisserai à Shlingue et y s'ra pas aussi doux que moi... Alors ?"


Dernière édition par Joseph Patchett le Lun 30 Sep 2013 - 12:49, édité 1 fois
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Les coups ? J'ai pas peur de ça. Quand Aimé partait, on devait se défendre tout seuls avec Vaillant. Quand il était là, il pouvait me protéger, un peu, mais après... lui, il disait qu'en ville haute, on tapait jamais sur les enfants. Même quand ils criaient et qu'ils faisaient des caprices. Mais dans le Grey T., la vérité, c'est qu'on est pas des enfants très longtemps. J'ai dix ans. Joe, il est plus vieux que ça, et c'est un garçon alors il est plus fort. J'sais ce que ça veut dire. Quand y'en a un plus fort d'un côté qui veut quelque chose de quelqu'un de plus faible, il l'a. Sauf qu'il aura rien du tout de moi. S'il me cogne assez fort, je mourrais. Exactement comme Vaillant. Et je le retrouverais, en plus. Pourquoi j'aurais peur de mourir ? J'serais pas la première. Et grand frère le saura jamais... je manquerai à personne.

Alors non, j'ai pas peur de toi, Joe. Pas peur de tes coups, même si j'ai mal et que ça me fait pleurer parce que tu as tapé dans mon nez. Et tu seras jamais mon roi, parce que le Grey T., c'est même pas un vrai royaume ! Et t'es peut-être assez fort pour en partir, mais t'es trop bête pour comprendre que c'est mieux ailleurs !

Mais par contre, j'veux pas que tu laisses l'autre s'approcher... lui, il me tuera pas, mais je veux pas qu'il me touche. J'sais pas trop pourquoi, c'est là, c'est dans mon ventre et ça me fait peur. S'il me touche, j'ai l'impression que ça sera pire que tout. J'ai pas de mots pour ça, je recule juste. Et j'essuie le sang qui tombe de ma bouche. Je tremble de partout, j'ai la joue qui gonfle. Sous mes doigts, c'est comme un os qui pousse et qui fait mal. J'suis pas une p'tite catin. Je veux pas, je veux pas tout perdre. Et ça, on le perd pas si on fait rien que mourir. La dignité, il disait, Vaillant.


-Non... non, pas lui.

J'vois bien que t'es pas content. Parce que tu voulais me faire peur pour montrer que tu peux tout avoir et tout prendre, mais c'est pas de toi que j'ai peur. Toi, tu peux juste me tuer. T'es un connard, mais t'es pas bizarre. Pas autant que lui. Y paraît même que tu donnais à manger aux plus pauvres quand t'étais petit... et mourir, je m'en fiche. Si j'suis pas d'jà partie, c'est parce que Vaillant voulait que je vive pour deux. Mais je préfère lui désobéir un peu que le trahir en faisant un truc qu'il aurait jamais voulu faire.

Baisser la tête.


-Ouais, j'préfère quitter le Grey T. ! Même si faut mourir pour y arriver ! Qu'est-ce que tu crois ? Qu'j'ai peur de mourir ? Alors qu'tu m'dis que j'ai rien d'autre à faire qu'à rester là et à t'obéir ? Ben mourir, alors, ça vaut cent mille fois mieux !

Je souffle. Comme y fait froid et que j'ai chaud, ça fait de la buée. D'habitude, ça m'amuse, mais là, ça me donne du courage. Je me suis toujours dit que cette fumée là, c'était la preuve que j'pouvais être plus forte que l'hiver. Faire du chaud plus fort que son froid. Je respire à fond.

-Y'a que ton copain qui me fait peur ! Puis de toutes façons, j'ai jamais rien fait pour les gens qui me faisaient peur, d'abord. T'as pas compris, Joe ? Je préfère mourir !

Y'a comme un silence qui s'installe. Ma joue fait vraiment très mal, j'suis fatiguée et j'ai du mal à parler. Mais ça monte de mon ventre, c'est comme si c'était plus vraiment moi qui pensait. Vaillant. Il est toujours là, il veut toujours que je vive. Je souris comme je peux.

-Mais si c'est un genre d'alliance que tu me proposes... le temps que j'sois assez grande pour partir toute seule... et que tu me protèges, aussi... contre lui. Tous ceux qui lui ressemblent. Alors j'veux bien bosser avec toi.

Oui, frangin, bien vu. T'as toujours été plus intelligent, toi. De toutes façons, si y veut pas et qui me lâche l'autre dessus, j'irais me jeter à la mer. Il aura rien gagné, comme ça. J'serais même pas vraiment morte à cause de lui, il aura pas ce plaisir là.

J'ai dit qu'on était pas des enfants très longtemps, dans le Grey T. ?
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Le jeune Roi auto proclamé des ordures était soumis à une avalanche de sentiments confus, diffus et opposés. Il était à la fois admiratif, déstabilisé et en colère. Le pire était sans doute qu'elle ait plus peur de Shlingue que de lui, ça le foutait en rogne. Ok niveau olfactif, le puant avait l'avantage mais Crack Joe était le Roi tout de même ! Tout le monde devait craindre son souverain. C'était comme ça que les choses fonctionnaient! Mais pas elle... Elle n'avait pas peur de lui. Elle préférerait mourir qu'elle disait… Et le pire, c’est qu’elle semblait sincère. La petite Serena avait de la volonté à revendre, le jeune Joseph ne s'était pas trompé sur la signification de cette petite étincelle au fond de son regard. C'était une battante, une dure à cuire. Ça lui faisait mal de l'admettre mais il n'arriverait pas à la briser mentalement par des coups physiques, il ne pourrait pas la soumettre par la force. Il pourrait la détruire, lui casser tous les os un à un mais la soumettre ? Jamais.

Il savait ce qu'il devait faire désormais, il le savait... S'il voulait prendre sa dernière revanche sur Aimé et capturer cette putain de lumière, il devait saisir cette perche qu'elle lui tendait. Alors pourquoi est-ce que son poing tremblait ? Pourquoi est-ce qu'à chaque fois qu'il observait le visage tuméfié de la gamine, il voyait cette putain de lumière qui le narguait ? Pourquoi avait-il une si folle envie de la détruire, de la briser en morceaux jusqu'à ce qu'elle cesse de le fixer de la sorte. Il le pouvait et elle le savait alors pourquoi s’obstinait-elle ? C'était quoi cette volonté de pauvre naïve qui ignorait tout du monde ? Lui aussi avait eu ce regard par le passé. Lui aussi pensait que sa volonté suffirait à balayer tous les obstacles... Jusqu'à ce jour funeste où Bill...

Nan, pas le temps pour la nostalgie. Ses gars l'observaient en silence. Ils étaient pareils à des hyènes qui flairaient l'odeur du sang. Il faut dire qu’ils connaissaient bien leur Roi. Après une provocation pareille, la tête de la gamine allait être réduite en morceaux et on retrouverait son cadavre dans une fosse d'aisance. Ils attendaient le spectacle désormais. Il était le Roi, il devait faire un choix.

"Alors comme ça j'te fais moins peur que lui heiiiin ? Tssssk. Ça m’fait chier de l’admettre mais j’me dis que t’as pas raison. Après tout, y t'ferait bien pire que moi... Shlingue a toujours eu des goûts particulièrement tordus, pas vrai Shlingue que t'es un tordu hein ?"

Les sbires de Joseph ricanèrent tandis que le dénommé Shlingue rongeait son frein en silence, n’osant répondre. Il ne pouvait s'opposer à Joe et il le savait. Pourtant ce n’était pas l'envie qui lui manquait et ça le Crack le savait, tout comme il savait que Shlingue n'oserait rien faire contre lui. Et cet état de fait l'excitait au plus haut point le Joseph. Et ouais, mine de rien c'était un fin psychologue l'ami Crack.

De nouveau le Roi se retourna vers la gosse. Il l'observa un instant, ferma son poing et le leva une nouvelle fois dans sa direction, il arma une droite et une grosse. Allait-il lui décrocher la tête d'un coup de poing ? Non... Il fixait son regard. La gosse ne cilla pas, pas même une seconde. Le poing retomba et un large sourire, un brin forcé, apparut sur le visage de Joseph.

"T'as gagné gamine ! Ce sera un genre d'alliance comme tu dis. Tu bosses avec moi et j'te protègerai. C'est c'que fait un Roi non ? Il protège ses sujets. Tant que tu bosseras pour moi personne s'en prendra à toi."

Derrière le Roi boutonneux, des paroles échangées à voix basses fusèrent. Le désaccord pointait déjà le bout de son nez et Crack Joe allait devoir y remédier fissa. En tabassant un de ses gars ? Naaaan, un Shlingue qui cherchait à le planter ça suffisait comme ça. Il y avait bien mieux comme tâche à confier à une gosse de même pas 10 piges quand on vivait dans le terminal. Il allait devoir leur offrir du sang pour les calmer et ça tombait bien, il savait exactement comment s’y prendre.

"Mais t’sais, pour devenir mon alliée ma grande, va falloir qu’tu passes l’initiation… "

Derrière Joseph, les murmures cessèrent. Une initiation ? Pour une gosse si jeune ? Visiblement la perspective les enchantaient tous… sauf Shlingue. Shlingue voulait la gamine pour lui tout seul alors il tirait la gueule.

"Héhé… Mais c’est que c’est une sacrément bonne idée ça. "
"Un peu que c’est une bonne idée ! On va bien s’fendre la poire tiens ! "
"Au moins on s’fera pas fendre le crâne héhé. "
"L’initiation ? Ah ouais, tu veux lui faire tu…"
"Ta gueule Freddy, sérieusement, ta gueule…"

Tout sourire Joseph fit signe à Serena de le suivre. Il ne vérifia pas qu’elle le faisait, il savait qu’elle le ferait. Elle n’avait pas d’autre choix, c’était soit le suivre et rester en sécurité à côté de lui ou prendre le risque de fuir et s’exposer au puant qui fermait la marche.


Le petit groupe ne voyagea pas bien longtemps, les distances étaient toujours très courtes au sein du Terminal. Ils s’étaient arrêtés non loin d’une pile d’ordures qui n’était en rien différente des autres. A son pied se trouvait une masure à demi dissimulée dans les ordures et devant, leur tournant l'dos tout occupé qu'il était à farfouiller dans les déchets, un homme salement vêtu et passablement dégarni. Sans se départir de son sourire, Joseph se retourna vers Serena.

"L’initiation c’est simple. Tu vois l'type là bas ? Bah tu vas aller le planter. T’fais ça comme tu veux. T’as pas b’soin de savoir son nom, t’as pas b’soin de savoir pourquoi y doit mourir non plus. Tu l’fais c’est tout. Si tu l’butes pas, tu s’ras pas mon associée et Shlingue te récupérera j’peux te le jurer. Si tu l’fais, personne dans l’terminal pourra plus jamais lever la main sur toi sans que j’le casse en deux après.  On est d’accord ? "

Faire commettre un meurtre par une gosse de même pas dix ans. Joseph pouvait être sacrément tordu quand il voulait mais avec ça il la détruirait plus qu’il ne l’aurait jamais fait avec ses poings. On vous a déjà dit qu’on était pas longtemps des enfants dans le Grey T. ? Il était temps que Serena l’apprenne à la dure.
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C'est le vieux pivé... personne connait son nom, mais il a le nez rouge, et toujours deux bouteilles qui sortent par-dessus la ceinture de son pantalon déchiré. Tout le monde le connait à la manière du Grey T. Sans lui avoir jamais parlé. Mais de toutes façons, le vieux pivé, il parle pas. Il claque des dents, il sait faire que ça. On l'aimait pas beaucoup, avec Vaillant. Il nous faisait souvent peur en traînant ses souliers collants de graisse et d'huile de moteur juste devant la cabane. Une fois, on l'avait menacé avec un couteau pour qu'il s'en aille. Et puis... c'était vraiment bizarre. Le vieux pivé, il a eu des grosses larmes, et ils est parti en courant.

… le tuer ? Grand frère disait qu'on était pas des assassins... mais il disait aussi qu'on avait un truc qu'on était les seuls du Grey T. à l'avoir pour de vrai. La dignité. J'regarde Joe. J'sens mes yeux qui brûlent, mais c'est plus la même chose que tout à l'heure. Il me tuera pas. Il a compris que ça m'était égal de mourir. Pourquoi est-ce qu'il a besoin de faire ça, alors ? Pourquoi tu me l'as pas dit, ça, frangin ?

J'regarde le vieux. J'essaye de pas entendre Schlingue, derrière moi. J'ai un truc qui me prends le ventre quand je pense à lui, c'est plus fort que la peur, plus fort que la peine et que la tristesse. J'ai mon poing qui se sert autour du manche du couteau. Des échardes me rentrent même sous la peau. J'veux pas le tuer, il m'a rien fait... pourquoi tu veux le tuer, Joe ? On tue pour une bonne raison, normalement, non ?


-Non.

Une voix dans ma tête, toute froide, avec une haleine qui sent le métal et la gerbe. C'est le Grey T. Y'a plus que lui, maintenant, j'peux plus faire comme s'il était pas là pour remplir le vide... Vaillant... aide moi, j'veux pas l'écouter ! Bouche moi les oreilles, comme quand tu faisais quand y'avait du tonnerre et que le vent arrachait la tôle, la nuit !

-On tue parce que tuer, ça aide à évacuer le trop plein. Ça fait de la place. Ça nettoie la crasse des plus faibles. Seuls les plus forts survivent. Si tu ne tues pas, tu refuses de t'élever. C'est normal que tout le monde se mette à s'essuyer les pieds sur toi... à baiser ta vertu et à chier sur ta vie.

Et si je pense pas pareil ?

-Tu crèves. Et pire que ça, gamine.

J'lève les yeux sur les poubelles. J'entends plus la voix. J'sens qu'on me pousse, que ça ricane derrière. Je pose mon pied sur la montagne d'ordures, mais il tremble trop. J'suis obligée d'appuyer mes deux mains sur mes jambes. J'ai trop peur. Aimé disait toujours que quand on se met à entendre des voix qu'existent pas, c'est qu'on devient fou... est-ce que je deviens folle ? J'veux pas !

Joe se marre, ses potes font pareil. J'rougis. J'devrais pas faire ça... j'ai l'impression qu'Aimé me regarde, a tout fait exprès pour voir si je tiendrai le coup. Mais non, c'est pas une blague, c'est pour de vrai. Aimé aurait jamais fait ça ! Il voulait juste partir, et maintenant, il reviendra plus. Comme Vaillant ! J'suis seule, putain, tu comprends, ça, l'vieux pivé ? Arrête de me regarder ! Arrête de pleurer comme ça, t'es pas le plus triste, toi, on te donne le droit de mourir ! Moi, j'peux que te tuer, et me tuer un peu aussi avec. J'crois que c'est comme ça.


-Aller !

Je tape, mais j'me rappelle trop tard que j'sais pas vraiment comment faire... il gueule, avec mon couteau qui lui a à peine éraflé l'épaule. J'vois sa langue coupée y'a des années de ça qui siffle à-travers ses dents, quand il me chope à la gorge. J'tombe à genoux. Ah. Finalement, j'vais mourir ? C'est pas si facile que je le pensais... Vaillant... toi aussi, t'as connu cette main dure comme le vieux cuir, et qui sent la pisse et l'acier, et qui fait mal en t'appuyant si fort sous le menton que tu peux plus respirer ? J'ferme les yeux, j'ai l'impression qu'ils voudraient sortir. J'sens que j'suis rouge. Ma tête tourne. J'entends plus rien, rien que les cris de haine du Grey T., la voix de Vaillant dont j'me souviens, sa main chaude sur la mienne les soirs d'hiver, le rire d'Aimé quand il nous ramenait du chocolat et des tas de bonnes choses de Fushia...

Et puis un espèce de noir rassurant, un peu chaud. Tout mon corps m'fait mal, ça a pas l'air si horrible là-dedans. Mais j'sens qu'on m'arrache à tout ça. J'revois clair. Je tousse. On me remet debout. Y'a deux des gars de Joe qui tiennent le vieux... on me dit d'attaquer encore.

J'vois à peine quand mon couteau entaille de nouveau la peau du type. C'est super dur... et j'aime vraiment pas, c'est comme si je m'arrachais des bouts. Ça m'fait mal aussi. Il gargouille, il gueule encore. Je m'énerve, j'sens les larmes couler le long de mes joues. J'tape comme j'ai fait sur Joe tout à l'heure, avec une arme en plus. Mais ça fait rien, il saigne juste de partout. Et moi, c'est comme si je saignais aussi. J'ai mal, j'ai les mains toutes rouges et visqueuses. J'transpire. J'comprends à peine c'que j'étais en train d'essayer de faire. Et puis, j'sais bien que c'est trop pour moi. J'ai pas l'habitude. J'avais toujours quelqu'un pour me protéger...

J'tombe sur les genoux. J'suis plus capable de bouger tellement je tremble. Et le vieux pivé, il est toujours debout... il sens fort la pisse, aussi... comme tout le reste.

T'as gagné, Joe. Mais un jour, j'me vengerai. Le Grey T. m'apprendra.
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Le Roi autoproclamé du Grey T. était fier de lui. Faire passer l'Initiation à la gosse était une très bonne idée. Ses gars voulaient du sang, il allait leur en donner. Serena avait de la volonté à revendre, elle avait sa "dignité" comme elle disait. Et bien le Roi Joe allait tout lui ôter et ça commençait par ce qui lui restait d'humanité en butant le vieux fou. C'était un parasite, un rebut totalement inutile qui refusait de payer sa dîme au Roi et ça, quand on vivait sur les "terres" du Roi Joe, c'était un crime passible de mort.

La petite Serena était morte de trouille, elle tremblait comme une feuille. Le surin qu'elle tenait dans sa main paraissait énorme et terriblement dangereux. Le spectacle était particulièrement comique aux yeux de la bande à Joseph. Ils ricanaient, se poussaient du coude et montraient le vieux pivé du doigt. Le Roi entendit même l'un d'eux proposer de prendre les paris. Serena s'arrêta et tangua, allait elle renoncer ? Il ne faudrait surtout pas qu'elle abandonne, ça ferait mal à Joseph de devoir la laisser à Shlingue. Alors le Roi intervint et fit signe à un de ses gars de la pousser histoire de lui forcer la main.

La gamine se décida enfin à frapper mais ce ne fut qu'un unique coup maladroit. Le vieux s'accrochait à la vie et se défendit avec l'énergie du désespoir. Bon... A la réflexion il y avait peut être une bonne raison qui faisait qu'on initiait pas des gosses de l'âge de Serena. Ils manquaient de la force nécessaire pour tuer un homme. Alors on devait les aider. Joe était un Roi miséricordieux. D'un geste blasé de la main il fit signe à deux de ses séides d'immobiliser le vieux pivé avant qu'il n'enlève toute vie à Serena. Il était trop tôt pour ça... Joe ne la laisserait pas mourir avant qu'elle ne se soit soumise entièrement.

La gosse se releva et frappa de nouveau. Brave petite. C'est bien de se laisser aller, d'écouter les murmures des Ordures. C'est ce qu'il faut faire pour survivre et prospérer. Elle frappait sans s'arrêter, le surin entaillant la chair du vieux pivé en de multiple endroits. Comme en réponse à ces coups, le vieux gueulait autant qu'il pouvait mais il était incapable de se défaire de l'emprise des hommes des Joseph alors il prenait coup sur coup jusqu'à... Jusqu'à ce que Serena tombe à genoux et se mette à trembler de partout et chialer comme une madeleine.  A tel point que le surin lui échappa des doigts. Le vieux était il mort ? Le Roi Joe s'approcha lentement pour vérifier ce qu'il en était et la réponse le frappa immédiatement. Le vieux était toujours vivant. Ses yeux fous bougeaient dans toutes les directions à la recherche d'une échappatoire qui n'existait pas. Il allait falloir les lui clore à tout jamais.

Le Roi s'accroupit à côté de Serena, histoire d'être d'avantage à sa hauteur. Il passa son bras autour des épaules tremblantes de la fillette, dans un geste qui pouvait passer pour apaisant, puis il lui parla. D'une voix basse, à peine plus qu'un murmure.

"Serena ma petite... Le vieux est encore vivant... Tu sais ce que je t'avais dit pourtant. S'il meurt pas, tu deviens pas mon associée. Et si t'es pas mon associée, j'peux pas te protéger de Shlingue et de tous ceux comme lui. J'suis sûr que c'est pas ce que tu veux, pas vrai ? Evidemment, personne n'a envie d'finir entre les mains d'un sale type comme Shlingue."

Le roi laissa échapper un soupir très exagéré et secoua la tête comme pour chasser une pensée nocive. Joseph surjouait sa tristesse, il avait toujours aimé se mettre en scène. Dommage qu'il ne dispose d'aucun talent. Cela dit, Serena était suffisamment secouée pour ne pas s'en rendre compte.

"T'as pas envie toi non plus pas vrai ? Allé, j'vais te montrer comment je peux être misé... miséri... sympa comme Roi. T'as montré que t'en avais en plantant le vieux comme je t'avais demandé mais il est pas mort. Alors tu sais quoi, maintenant j'vais te montrer comment faut s'y prendre. Comme ça, tu auras réussi ton initiation."

Joseph fit signe aux deux gars qui tenaient le pivé de le mettre à genoux. Le vieux tenta de résister mais rien n'y fit. Ses bourreaux le forcèrent à s'agenouiller pour affronter la mort. Joseph ramassa le surin tombé à terre et se redressa lentement, remettant Serena sur ses guibolles dans le même mouvement. La gosse tremblait toujours, le Roi Joe devait quasiment la tenir à bouts de bras pour éviter qu'elle ne s'effondre. Avec douceur et même une certaine tendresse, le roi boutonneux plaça l'arme au creux de la petite main d'enfant, refermant le poing de celle-ci dessus. Il prit délicatement la main de la gosse, la faisant bouger comme s'il s'agissait de celle d'une marionnette. Lentement, il approcha leurs deux mains et la lame de la gorge offerte du vieux pivé. Les yeux de celui-ci étaient braqué sur la pointe de métal, ses glapissements se faisaient entendre, plus forts encore mais Joseph n'en avait cure. Celui-ci était tout à son entreprise de déshumanisation. Il voulait voir sa volonté disparaître. Il voulait la voir se soumettre et cela n'allait pas tarder, il le sentait. Il observait les yeux de Serena. Il observait le changement qui était en train s'y opérer et ce qu'il voyait le réjouissait au plus au point. Un sourire cruel apparut sur le visage de Joseph alors qu'il adoptait un ton professoral.

"Tu vois ma grande, si tu frappes dans le gras, il sentira quasiment rien. C'est résistant un humain, faut pas croire. Si tu veux le tuer, faut frapper à la gorge. Ne détourne pas les yeux. Tu vois... Juste ici !"

D'une main, Joseph immobilisa le menton de Serena, la forçant à faire face à la mort qu'elle allait offrir au vieillard. Puis le Roi poussa la main de Serena en avant, la faisant enfoncer le surin dans la gorge du vieux au niveau de la carotide du vieil homme. Le sang du vieux les éclaboussa et recouvrit leurs mains mais Joseph n'a pas encore finit. Enserrant toujours la main de Serena, il lui fit décrire une trajectoire horizontale, achevant par là d'ouvrir la gorge du vieux pivé dont le sang coulait désormais à flots sur leurs mains réunis.

"Regarde le mourir. Regarde j'te dis ! C'est ton premier Serena alors tu vas r'garder la vie le quitter jusqu'au dernier instant."

L'agonie du vieillard parut durer une éternité. Quand ses gargouillis cessèrent enfin, Joseph relâcha le menton et la main de Serena. Celle-ci tenait toujours le couteau recouvert de sang. Si elle avait cessé de trembler, on aurait dit que quelque chose s'était brisé à l'intérieur d'elle. La petite lumière au fond de son regard qui avait tant contrarié Joseph semblait s'être enfin éteinte. Ah... Le Roi aussi se souvenait de son premier mort, plus rien n'avait été comme avant suite à ça.

"Tu peux garde le surin, Tueuse, ça t'fera un chouette souvenir. Sois la bienvenue dans ma bande. A partir de maintenant, comme promis, j'te protègerai de Shlingue et de tous les autres connards dans son genre."

*Dommage pour toi qu'il n'y ait personne pour te protéger de moi.*
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