Luvneel ! Plus grand royaume de North Blue, mais surtout, pays de Montblanc Norland ! Quand j'étais petit, mes parents nous lisaient l'histoire du célèbre menteur. Mon frère, ma sœur et moi écoutions paisiblement, riant aux descriptions formidables et farfelues faites par l'aventurier, le huant lorsque son mensonge était exposé.
Ça remonte à quelque temps maintenant... Mais je me souviens toujours aussi bien de l'histoire. Curieux comme ce qu'on apprend lors de la petite enfance reste gravé dans la mémoire. Et peu utile à ma situation... Deux semaines déjà que j'avais débarqué. Luvneelpraad était un bon endroit pour commencer mes recherches, mais elles n'avaient rien données. L'équipage du corbeau, ça ne disait rien à personne. J'avais donc tenté ma chance à Luvneelgraad. Nouvel échec. Par acquis de conscience, je m'étais dirigé vers TaraLuvneel, histoire de visiter toutes les villes. Mais si ni la grande ville portuaire ni la capitale ne savait où chercher, je doutais qu'une ville basée sur l'amusement puisse me renseigner...
C'est assez agréable ici, ceci dit. Les gens sont joyeux, bons vivants, la ville bruisse de rires et de cris d'enfants. Il y a toujours des tavernes ouvertes, et en plus, le temps se maintient au beau ! J'en profite pour siroter une choppe de bière en bord de mer, essayant d'oublier que mon enquête en est toujours au point zéro.
"Salut mon gars, ça te dit une partie de cache-balle ?"
Deux types sont apparus devant moi. Grands, armés d'une dague seulement (ou du moins, seul ça est visible). Les jeux d'argent sont légions aussi ici, mais on ne m'avait pas encore abordé directement, comme ça...
"Cache-balle ?"
"C'est très simple. J'ai ici cinq verres, et une balle. Je met la balle sous un des verres, puis mélange le tout. Si tu peux me dire ou est la balle, je te donne cinq fois ta mise."
"Il faut donc miser."
"Oui. 500 berries, pas grand chose ! Mais ne t'inquiètes pas, c'est tout simple."
Oui, et toi, tu fais une œuvre de charité, je m'en doute... Étonnant que tu sois venu voir un borgne. Je suis probablement considéré comme un pigeon facile... Du coup, agacé, je relève le défi.
"Ok, envoi."
Les deux hommes font un peu de place sur ma table, et celui qui parlait s'assoit en face de moi tandis que le deuxième regarde. Il pose les cinq verres, puis me montre une balle rouge qu'il place sous un des verres. Je pose sur la table un petit tas de pièces qui correspond à la mise de 500 berries. Il commence à mélanger ces derniers à toute vitesse, soulevant de temps en temps des verres, permettant à la balle de filer d'un gobelet à un autre.
Pas assez vite toutefois, je peux suivre tout ses mouvements. Cela manque même de tension par rapport à un combat ou observer les lames ou les moindres mouvements de l'adversaire est une question de survie... L'homme s'arrête finalement.
"Alors, où est la balle ?"
"Ici."
Je désigne le verre ou se trouve la balle, j'en suis sur et certain. Argent facilement gagné. L'homme soulève le verre, mais rien ne s'y trouve. Il en soulève un autre et la balle roule sur la table.
"Perdu. Désolé mon gars. Une deuxième chance ?"
Je remet 500 berries sur la table sans rien dire. La balle n'était pas sous le bon verre. Je suis sur à cent pour cent qu'elle aurait du être sous le premier, qui ne recelait rien... L'homme recommence à mélanger. Encore une fois, il est rapide, mais pas assez, je vois bien ses mouvements. Il s'arrête, et encore une fois, je me trompe... Je fais signe de recommencer, me penche légèrement en avant, main droite soutenant mon menton, main gauche sur ma cuisse, et remet de l'argent sur la table. Même scénario pour la troisième fois. D'accord... J'ai compris.
"Désolé mon gars, encore perdu. Une autre partie ? J'irais un peu moins vite, promis."
Comme si la vitesse comptait... Il y a deux balles. Les verres ont tout juste la bonne taille pour les contenir, mais ces verres... Ils sont laqués, mais c'est du bambou, et une fine couche non ? Autrement dit, ils sont légèrement souples. Si on appuie fort en prenant l'un des verres, on pince la balle à l'intérieur. En levant le verre, la balle est levée elle aussi, faisant apparaître l'illusion que le verre est vide si le pigeon n'est pas trop regardant. Surtout si on lève en même temps un deuxième verre avec une balle dedans...
Comme je ne réponds pas, les hommes semblent vouloir mettre fin à la partie. De la main gauche, j’attrape mon pistolet à la hanche.
"Bon, on arrête alors ? Désolé mon gars. Tu auras plus de chance une autre fois."
L'homme tend la main et attrape ma monnaie. D'un mouvement rapide, je lui attrape le poignet de ma main libre, puis sort mon pistolet et plaque sa main sur la table en enfonçant le canon de l'arme sur le dessus de son index.
"Qu'est-ce que..."
"Hé..."
Je renverse deux verres, et deux balles roulent sur la table. Une fraction de seconde plus tard, mon doigt se crispe sur la gâchette, la poudre explose et des cris retentissent aux alentours, et l'homme se met à hurler alors que son index tombe au sol.
"AHHHH !! MA MAIN !"
"Putain."
Le deuxième homme a dégainé sa dague. Assis, je ne suis pas vraiment en bonne position. D'un grand coup de pied, j'envoie valdinguer table, argent et le matériel des escrocs par terre. Le manipulateur est renversé au passage, et tombe au sol, ou il se roule en hurlant, tenant sa main qui pisse le sang. Je me lève instantanément et mon épée siffle en dehors de son fourreau. Le deuxième homme s'est trop approché et d'un mouvement rapide je lui fait une vilaine entaille au bras. Sa dague tombe au sol.
"Vous pensiez que ce serait facile de rouler un borgne n'est-ce pas ? "
La milice arrive alors, et j'hésite, épée en main, sur la conduite à tenir. Tenter d'expliquer la situation ? Combattre ou fuir et devenir recherché sur l'île ? Mais les témoins parlent aussitôt en ma faveur, et l'incident est clos par la milice qui embarque les deux hommes pour se faire soigner et faire un petit séjour au trou. Je range mon épée et ramasse ma monnaie. Bon, je n'ai rien gagné au final, et ai même perdu une balle et de la poudre, mauvaise affaire...
Quelques heures plus tard, je rentre à la taverne ou je loge. La nuit est tombée, et les rues sont plutôt désertes. Une situation parfaite pour une embuscade...
"Salut mon gars."
Trois types sont apparus d'une ruelle juste devant moi. J'en entends d'autres derrière. C'est une blague ? Il suffit que je pense « embuscade » pour qu'on me tombe dessus ? Et si je pense « or », je vais devenir riche ? Ah non tiens, il ne se passe rien. Comme par hasard !
"Ce n'est pas très sage de se promener ainsi tout seul."
"Je suis un grand garçon."
Des types devant et derrière, ça ne va pas. Il faut que je les ai tous de front. Mais si je m'adosse à un mur, mon amplitude et ma capacité de mouvement va en prendre un coup...
"On ne va pas discuter avec lui Toren. Ce salaud a détruit la main de Keitaro, il ne pourra plus jongler pendant des mois, s'il y arrive de nouveau un jour !"
"Ah. C'est donc une vengeance."
"Hmmm... Il nous semble que tu dois de l'argent à Keitaro. Et puis, un doigt aussi. Mais comme il y a des intérêts, on va peut-être prendre toute ta main. Ce sera splendide avec ton visage."
Les hommes rigolèrent. Curieux les jongleurs du coin, ils se reconvertissent dans l'escroquerie, le vol et l'assassinat dans leur temps libre ? Heureusement, ce sont des putains de jongleurs. Moi, j'étais soldat...
Je dégaine ma lame et fonce sur le groupe de trois devant moi d'un seul coup. Ils devaient penser que je serais tétaniser de peur devant leur nombre, car, surpris, ils réagissent lentement. Alors qu'ils en sont à lever leurs armes je suis sur eux, et ouvre largement la carotide du nommé Toren, qui s'effondre au sol en tentant désespérément de reboucher le trou avec ses mains. Choqués, ses deux proches comparses n'ont pas bougés. J'enfonce mon épée dans le ventre du premier, puis pivote en la dégageant. J'ai désormais le survivant à ma droite, et deux hommes (qui étaient sur mes arrières) en train de me foncer dessus à ma gauche.
Je fais passer l'épée dans ma main droite, et attrape mon pistolet. Une détonation, et l'un deux tombe au sol. A cette distance, je ne peux pas rater, même si j'ai encore du mal à viser avec l’œil droit. Je pare le coup de bâton que m'assène le quatrième homme, et le déstabilise d'un coup d'épaule. Il n'a pas du être dans beaucoup de combats, lui. Une fois au sol, je lui enfonce mon épée dans la gorge.
Le cinquième homme n'a toujours pas bougé.
"Un souci ? Tu ne veux pas te battre ? Dans ce cas, tire-toi."
L'homme détale sans demander son reste. Je jette un œil sur le blessé par balle à terre. Il est encore vivant, mais ne me gênera pas. Je me retourne vers le fuyard. J'attends qu'il soit à une vingtaine de mètres, puis je recharge un plomb, lève mon pistolet de la main droite, et vise soigneusement.
Quelques instants après le coup de feu, l'homme trébuche et tombe. Puis tente de se relever. PUTAIN ! Même à vingt mètres en visant le cœur je le loupe ? Avant je touchais facilement une cible à cinquante mètre avec un pistolet... C'est lamentable... De mauvaise humeur, je me rapproche de l'homme au sol juste à côté de moi. Il gémit en se tenant le flanc, poisseux d'un liquide qui paraît noir sous la lune. Je donne un coup de pied dans sa blessure et il hurle.
"Ça fait mal ?"
"Enfoiré..."
"Ah, cette voix ! Tu es celui qui ne voulais pas discuter avec moi, c'est ça ? C'est réciproque."
Sur ce, je le décapite d'un prompt coup d'épée. Puis je rejoins le fuyard qui se traîne au sol, sa jambe abîmée.
"Dis moi ce que tu sais sur l'équipage des corbeaux."
"Je ne sais rien sur eux. Pitié, je ne ferais plus rien. Je veux juste rentrer chez moi. Ma femme m'attend."
"Tu ne sais rien ? C'est bête pour ta femme."
Quelques instants plus tard, j'essuie ma lame sur le corps sans vie de l'homme. Bon. J'ai encore gâché de la poudre, je tire comme un vieillard arthritique et myope (quelle évolution depuis la quiche !), et je ne suis pas plus proche des corbeaux. Super soirée ! Au moins, l'altercation n'a attiré personne. Curieux d'ailleurs avec deux coups de feu. Mais bon, avec cinq cadavres par terre, je ferais mieux de filer...
Dix minutes plus tard, je suis dans une taverne en train de prendre un verre, quand on m'aborde encore. Autant dire que je suis dans une humeur à me faire le premier venu, et que le regard que je lance au gêneur aurait suffit à faire fuir des témoins de Jéhovah. Mais il reste là pourtant, et commence à me parler.
"Salut. J'ai vu ton combat tout à l'heure. Impressionnant comment tu t'es débarrassé de ces bons-à-rien."
J'ai donc été vu. Mais s'il vient me le dire, il ne m'a pas dénoncé. Ou pas encore, il veut peut-être de l'argent. Ville d'escrocs...
"Pour être honnête, j'ai aussi entendu ce que tu disais. L'équipage des corbeaux, c'est ça ? C'est celui qui a un pavillon avec un corbeau qui béquette un tas d'os, non ?"
"Le... oui, peut-être."
Je passe instantanément de l'agacement à l'excitation.
"Je connais quelques personnes qui sont devenus pirates sous ce drapeau. Ils ont vécu dans la ville quelque temps. Deux d'entre eux ont travaillés dans mon cirque pendant plusieurs années."
"Intéressant. Que pouvez-vous me dire sur eux."
"Pas mal de choses. En échange, j'aimerais que tu me rendes un petit service."
Et voilà ! Dès que ça devient intéressant, on veut m'arnaquer. Ceci dit, ce type avait décrit un pavillon qui ressemblait bien à celui dont on m'avait parlé à Silthe.
"Quel genre de service ?"
"Il y a un an, deux pirates ont foutus le boxon dans mon cirque. J'ai vu l'un d'eux en ville plus tôt. D'après ton combat, tu as l'air costaud. Si tu le tues pour moi, je te dis tout ce que tu veux savoir. Marché conclu ?"
C'est plutôt un marché correct. Si le type est un pirate connu, le tuer ne m'attirera pas d'ennui, et je pourrais enfin avoir des informations. En fait, un marché comme ça, c'est une chance que je ne peux pas laisser passer. Je serre la main tendu de l'homme.
"Marché conclu. Comment je trouve votre pirate ?"
"Viens avec moi."
Je suis l'homme, qui me promène dans la ville. J'espère que ce n'est pas une autre embuscade... Finalement, nous entrons dans une autre taverne.
"C'est lui, tout seul à la table là-bas."
"Le type tout en noir avec deux sabres ?"
"Lui-même."
"Ok, c'est parti."
Il me tourne le dos, je ne vais pas me faire chier à le défier en duel. Une balle dans la nuque, et puis voilà. Je prends mon revolver de la main droite, et vise. Sauf qu'un crétin hurle « attention », et que l'homme se retourne au moment ou je tire. La balle siffle, il se jette sur le côté et un mince filet de sang apparaît sur sa joue. Raté. Je dégaine mon épée. Les choses sérieuses vont commencer.
Ça remonte à quelque temps maintenant... Mais je me souviens toujours aussi bien de l'histoire. Curieux comme ce qu'on apprend lors de la petite enfance reste gravé dans la mémoire. Et peu utile à ma situation... Deux semaines déjà que j'avais débarqué. Luvneelpraad était un bon endroit pour commencer mes recherches, mais elles n'avaient rien données. L'équipage du corbeau, ça ne disait rien à personne. J'avais donc tenté ma chance à Luvneelgraad. Nouvel échec. Par acquis de conscience, je m'étais dirigé vers TaraLuvneel, histoire de visiter toutes les villes. Mais si ni la grande ville portuaire ni la capitale ne savait où chercher, je doutais qu'une ville basée sur l'amusement puisse me renseigner...
C'est assez agréable ici, ceci dit. Les gens sont joyeux, bons vivants, la ville bruisse de rires et de cris d'enfants. Il y a toujours des tavernes ouvertes, et en plus, le temps se maintient au beau ! J'en profite pour siroter une choppe de bière en bord de mer, essayant d'oublier que mon enquête en est toujours au point zéro.
"Salut mon gars, ça te dit une partie de cache-balle ?"
Deux types sont apparus devant moi. Grands, armés d'une dague seulement (ou du moins, seul ça est visible). Les jeux d'argent sont légions aussi ici, mais on ne m'avait pas encore abordé directement, comme ça...
"Cache-balle ?"
"C'est très simple. J'ai ici cinq verres, et une balle. Je met la balle sous un des verres, puis mélange le tout. Si tu peux me dire ou est la balle, je te donne cinq fois ta mise."
"Il faut donc miser."
"Oui. 500 berries, pas grand chose ! Mais ne t'inquiètes pas, c'est tout simple."
Oui, et toi, tu fais une œuvre de charité, je m'en doute... Étonnant que tu sois venu voir un borgne. Je suis probablement considéré comme un pigeon facile... Du coup, agacé, je relève le défi.
"Ok, envoi."
Les deux hommes font un peu de place sur ma table, et celui qui parlait s'assoit en face de moi tandis que le deuxième regarde. Il pose les cinq verres, puis me montre une balle rouge qu'il place sous un des verres. Je pose sur la table un petit tas de pièces qui correspond à la mise de 500 berries. Il commence à mélanger ces derniers à toute vitesse, soulevant de temps en temps des verres, permettant à la balle de filer d'un gobelet à un autre.
Pas assez vite toutefois, je peux suivre tout ses mouvements. Cela manque même de tension par rapport à un combat ou observer les lames ou les moindres mouvements de l'adversaire est une question de survie... L'homme s'arrête finalement.
"Alors, où est la balle ?"
"Ici."
Je désigne le verre ou se trouve la balle, j'en suis sur et certain. Argent facilement gagné. L'homme soulève le verre, mais rien ne s'y trouve. Il en soulève un autre et la balle roule sur la table.
"Perdu. Désolé mon gars. Une deuxième chance ?"
Je remet 500 berries sur la table sans rien dire. La balle n'était pas sous le bon verre. Je suis sur à cent pour cent qu'elle aurait du être sous le premier, qui ne recelait rien... L'homme recommence à mélanger. Encore une fois, il est rapide, mais pas assez, je vois bien ses mouvements. Il s'arrête, et encore une fois, je me trompe... Je fais signe de recommencer, me penche légèrement en avant, main droite soutenant mon menton, main gauche sur ma cuisse, et remet de l'argent sur la table. Même scénario pour la troisième fois. D'accord... J'ai compris.
"Désolé mon gars, encore perdu. Une autre partie ? J'irais un peu moins vite, promis."
Comme si la vitesse comptait... Il y a deux balles. Les verres ont tout juste la bonne taille pour les contenir, mais ces verres... Ils sont laqués, mais c'est du bambou, et une fine couche non ? Autrement dit, ils sont légèrement souples. Si on appuie fort en prenant l'un des verres, on pince la balle à l'intérieur. En levant le verre, la balle est levée elle aussi, faisant apparaître l'illusion que le verre est vide si le pigeon n'est pas trop regardant. Surtout si on lève en même temps un deuxième verre avec une balle dedans...
Comme je ne réponds pas, les hommes semblent vouloir mettre fin à la partie. De la main gauche, j’attrape mon pistolet à la hanche.
"Bon, on arrête alors ? Désolé mon gars. Tu auras plus de chance une autre fois."
L'homme tend la main et attrape ma monnaie. D'un mouvement rapide, je lui attrape le poignet de ma main libre, puis sort mon pistolet et plaque sa main sur la table en enfonçant le canon de l'arme sur le dessus de son index.
"Qu'est-ce que..."
"Hé..."
Je renverse deux verres, et deux balles roulent sur la table. Une fraction de seconde plus tard, mon doigt se crispe sur la gâchette, la poudre explose et des cris retentissent aux alentours, et l'homme se met à hurler alors que son index tombe au sol.
"AHHHH !! MA MAIN !"
"Putain."
Le deuxième homme a dégainé sa dague. Assis, je ne suis pas vraiment en bonne position. D'un grand coup de pied, j'envoie valdinguer table, argent et le matériel des escrocs par terre. Le manipulateur est renversé au passage, et tombe au sol, ou il se roule en hurlant, tenant sa main qui pisse le sang. Je me lève instantanément et mon épée siffle en dehors de son fourreau. Le deuxième homme s'est trop approché et d'un mouvement rapide je lui fait une vilaine entaille au bras. Sa dague tombe au sol.
"Vous pensiez que ce serait facile de rouler un borgne n'est-ce pas ? "
La milice arrive alors, et j'hésite, épée en main, sur la conduite à tenir. Tenter d'expliquer la situation ? Combattre ou fuir et devenir recherché sur l'île ? Mais les témoins parlent aussitôt en ma faveur, et l'incident est clos par la milice qui embarque les deux hommes pour se faire soigner et faire un petit séjour au trou. Je range mon épée et ramasse ma monnaie. Bon, je n'ai rien gagné au final, et ai même perdu une balle et de la poudre, mauvaise affaire...
Quelques heures plus tard, je rentre à la taverne ou je loge. La nuit est tombée, et les rues sont plutôt désertes. Une situation parfaite pour une embuscade...
"Salut mon gars."
Trois types sont apparus d'une ruelle juste devant moi. J'en entends d'autres derrière. C'est une blague ? Il suffit que je pense « embuscade » pour qu'on me tombe dessus ? Et si je pense « or », je vais devenir riche ? Ah non tiens, il ne se passe rien. Comme par hasard !
"Ce n'est pas très sage de se promener ainsi tout seul."
"Je suis un grand garçon."
Des types devant et derrière, ça ne va pas. Il faut que je les ai tous de front. Mais si je m'adosse à un mur, mon amplitude et ma capacité de mouvement va en prendre un coup...
"On ne va pas discuter avec lui Toren. Ce salaud a détruit la main de Keitaro, il ne pourra plus jongler pendant des mois, s'il y arrive de nouveau un jour !"
"Ah. C'est donc une vengeance."
"Hmmm... Il nous semble que tu dois de l'argent à Keitaro. Et puis, un doigt aussi. Mais comme il y a des intérêts, on va peut-être prendre toute ta main. Ce sera splendide avec ton visage."
Les hommes rigolèrent. Curieux les jongleurs du coin, ils se reconvertissent dans l'escroquerie, le vol et l'assassinat dans leur temps libre ? Heureusement, ce sont des putains de jongleurs. Moi, j'étais soldat...
Je dégaine ma lame et fonce sur le groupe de trois devant moi d'un seul coup. Ils devaient penser que je serais tétaniser de peur devant leur nombre, car, surpris, ils réagissent lentement. Alors qu'ils en sont à lever leurs armes je suis sur eux, et ouvre largement la carotide du nommé Toren, qui s'effondre au sol en tentant désespérément de reboucher le trou avec ses mains. Choqués, ses deux proches comparses n'ont pas bougés. J'enfonce mon épée dans le ventre du premier, puis pivote en la dégageant. J'ai désormais le survivant à ma droite, et deux hommes (qui étaient sur mes arrières) en train de me foncer dessus à ma gauche.
Je fais passer l'épée dans ma main droite, et attrape mon pistolet. Une détonation, et l'un deux tombe au sol. A cette distance, je ne peux pas rater, même si j'ai encore du mal à viser avec l’œil droit. Je pare le coup de bâton que m'assène le quatrième homme, et le déstabilise d'un coup d'épaule. Il n'a pas du être dans beaucoup de combats, lui. Une fois au sol, je lui enfonce mon épée dans la gorge.
Le cinquième homme n'a toujours pas bougé.
"Un souci ? Tu ne veux pas te battre ? Dans ce cas, tire-toi."
L'homme détale sans demander son reste. Je jette un œil sur le blessé par balle à terre. Il est encore vivant, mais ne me gênera pas. Je me retourne vers le fuyard. J'attends qu'il soit à une vingtaine de mètres, puis je recharge un plomb, lève mon pistolet de la main droite, et vise soigneusement.
Quelques instants après le coup de feu, l'homme trébuche et tombe. Puis tente de se relever. PUTAIN ! Même à vingt mètres en visant le cœur je le loupe ? Avant je touchais facilement une cible à cinquante mètre avec un pistolet... C'est lamentable... De mauvaise humeur, je me rapproche de l'homme au sol juste à côté de moi. Il gémit en se tenant le flanc, poisseux d'un liquide qui paraît noir sous la lune. Je donne un coup de pied dans sa blessure et il hurle.
"Ça fait mal ?"
"Enfoiré..."
"Ah, cette voix ! Tu es celui qui ne voulais pas discuter avec moi, c'est ça ? C'est réciproque."
Sur ce, je le décapite d'un prompt coup d'épée. Puis je rejoins le fuyard qui se traîne au sol, sa jambe abîmée.
"Dis moi ce que tu sais sur l'équipage des corbeaux."
"Je ne sais rien sur eux. Pitié, je ne ferais plus rien. Je veux juste rentrer chez moi. Ma femme m'attend."
"Tu ne sais rien ? C'est bête pour ta femme."
Quelques instants plus tard, j'essuie ma lame sur le corps sans vie de l'homme. Bon. J'ai encore gâché de la poudre, je tire comme un vieillard arthritique et myope (quelle évolution depuis la quiche !), et je ne suis pas plus proche des corbeaux. Super soirée ! Au moins, l'altercation n'a attiré personne. Curieux d'ailleurs avec deux coups de feu. Mais bon, avec cinq cadavres par terre, je ferais mieux de filer...
Dix minutes plus tard, je suis dans une taverne en train de prendre un verre, quand on m'aborde encore. Autant dire que je suis dans une humeur à me faire le premier venu, et que le regard que je lance au gêneur aurait suffit à faire fuir des témoins de Jéhovah. Mais il reste là pourtant, et commence à me parler.
"Salut. J'ai vu ton combat tout à l'heure. Impressionnant comment tu t'es débarrassé de ces bons-à-rien."
J'ai donc été vu. Mais s'il vient me le dire, il ne m'a pas dénoncé. Ou pas encore, il veut peut-être de l'argent. Ville d'escrocs...
"Pour être honnête, j'ai aussi entendu ce que tu disais. L'équipage des corbeaux, c'est ça ? C'est celui qui a un pavillon avec un corbeau qui béquette un tas d'os, non ?"
"Le... oui, peut-être."
Je passe instantanément de l'agacement à l'excitation.
"Je connais quelques personnes qui sont devenus pirates sous ce drapeau. Ils ont vécu dans la ville quelque temps. Deux d'entre eux ont travaillés dans mon cirque pendant plusieurs années."
"Intéressant. Que pouvez-vous me dire sur eux."
"Pas mal de choses. En échange, j'aimerais que tu me rendes un petit service."
Et voilà ! Dès que ça devient intéressant, on veut m'arnaquer. Ceci dit, ce type avait décrit un pavillon qui ressemblait bien à celui dont on m'avait parlé à Silthe.
"Quel genre de service ?"
"Il y a un an, deux pirates ont foutus le boxon dans mon cirque. J'ai vu l'un d'eux en ville plus tôt. D'après ton combat, tu as l'air costaud. Si tu le tues pour moi, je te dis tout ce que tu veux savoir. Marché conclu ?"
C'est plutôt un marché correct. Si le type est un pirate connu, le tuer ne m'attirera pas d'ennui, et je pourrais enfin avoir des informations. En fait, un marché comme ça, c'est une chance que je ne peux pas laisser passer. Je serre la main tendu de l'homme.
"Marché conclu. Comment je trouve votre pirate ?"
"Viens avec moi."
Je suis l'homme, qui me promène dans la ville. J'espère que ce n'est pas une autre embuscade... Finalement, nous entrons dans une autre taverne.
"C'est lui, tout seul à la table là-bas."
"Le type tout en noir avec deux sabres ?"
"Lui-même."
"Ok, c'est parti."
Il me tourne le dos, je ne vais pas me faire chier à le défier en duel. Une balle dans la nuque, et puis voilà. Je prends mon revolver de la main droite, et vise. Sauf qu'un crétin hurle « attention », et que l'homme se retourne au moment ou je tire. La balle siffle, il se jette sur le côté et un mince filet de sang apparaît sur sa joue. Raté. Je dégaine mon épée. Les choses sérieuses vont commencer.
Dernière édition par Yskino Haynell le Lun 25 Mar 2013 - 22:30, édité 1 fois