L'homme s'effaça devant elle en repoussant le rideau de perles grises qui masquaient l'entrée d'un chambranle auquel on avait retiré une porte trop souvent brisée. Les gonds sur les côtés en témoignaient toujours. Certaines portes avaient des vies plus agitées que d'autres. Certains hommes avaient des vies plus agitées que d'autres. Et les hommes agités, Rachel les entendait hurler, crier, huer, encourager, siffler tandis qu'elle progressait lentement dans un couloir sombre et décrépit. Un couloir dans lequel on n'aurait pu se croiser et dans lequel pourtant certaines faisaient demi-tour pour des raisons très diverses. Un haut le cœur pour l'un. Une envie pressante pour l'autre. Le nez en sang et un tesson de bouteille à l'arrière du crâne pour ce dernier. Les effluves d'alcool imprégnaient même ces murs effrités et dans ces restes de canalisations stagnaient tout sauf de l'eau. Rachel tâchait de ne pas poser son regard sur les divers coins sombres où elle s'attendait à voir surgir tout et n'importe quoi.
Un endroit glauque. Elle n'avait pas de meilleur mot pour ça. Glauque. Et encore, ce n'était pas assez fort. Un coupe-gorge. Insalubre qui plus est. Le brouhaha ambiant l'empêchait de penser convenablement. C'était le but : ne pas penser. Ceux qui avaient construit cet endroit ne voulaient pas de pensées. Juste réveiller les plus sombres pulsions et les plus anciens des instincts. La violence et la Survie.
Encore quelques pas
-On est bientôt arrivés... ?
-T'en fais pas, on y sera très vite.
Là-bas, la lumière de la libération
Des murs ne lui avaient jamais parus aussi hostiles qu'en ce jour
-Quand tu parlais d'un diner spectacle, tu n'avais vraiment que ça en tête ?
Elle n'eut pas même la force de rendre à cet homme chauve son regard empli d'animosité
-Tu verras, tu y seras bien, j'ai obtenu les meilleurs places. J'ai les meilleures relations. Et tu verras les meilleurs shows.
Ils débouchèrent dans les sous-sols de Inu-Town.
Et Rachel comprit pourquoi à la surface tout semblait si calme et paisible. Parce qu'en dessous, les hommes venaient se ressourcer grâce à la boisson et les plaisirs de la chair sanguinolente. Ils venaient de pénétrer dans cet antre insoupçonné, celui où les paroles ne sont plus le seul moyen de communiquer, où le plus respecté n'est pas celui qui a l'argent mais le plus de dents à son collier.
Son collègue venait de la mener dans l'Underground.
Un instant, elle le perdit. Il y avait tant de monde. Il y avait tant de cris. Mais dans la masse, elle le retrouva. Lui, le seul qui ne regardait pas au centre de cette pièce grande comme un pont de galion, vers cette cage morbide où deux mastodontes tout en muscles se mettaient sur la figure. S'offraient en cadeau un bon de réduction pour traverser le Styx. Et puisque l'homme qu'elle suivait était le seul à tourner le dos à cette agitation, elle se faufila entre ces hommes qui faisaient une, deux voire quatre têtes de plus qu'elle, pour le rattraper. Elle évita le crachat d'une femme aussi motivée que les autres et s'agrippa à lui comme à une bouée de sauvetage. Il se retourna. Il était grand. Certes pas autant que certains autour d'eux, mais plus qu'elle. Une bonne tête de plus, et quelle tête. Le genre de tête au regard si profond que l'on peut y lire mile projets d'avenir, mile rêves fantasques. Une magnifique tête blonde aux yeux bleus comme la mer. Il vit son trouble et la saisit par les épaules, lui rappelant pourquoi elle acceptait de supporter cette agitation à laquelle elle était si imperméable. Fermement pour ne pas la perdre dans cette marée humaine plus bruyante qu'une tempête, il la mena jusqu'à une sorte de loge où ils prirent places autour d'une table réservée spécialement pour eux. La clameur décupla alors comme l'un des deux combattants s'effondra sous les coups de son opposant. Le monde semblait fou, des billets changèrent de main et Jaz' se pencha vers elle pour l'inciter à commander à manger, lui glissant qu'elle allait aimer.
Et l'assistance explosa en cris redoublée.
L'air frais de la nuit déjà bien avancée la saisit à la gorge. Elle inspira cet air bien plus pur que celui, souillé, qu'elle avait respiré toute cette soirée, quitte à ce que le froid lui brûle la gorge. Elle arrêta lorsque des larmes lui vinrent aux yeux. Le vent. Autour d'elle, peu de mouvements, mais quelques hommes s'en retournaient à l'intérieur pour le second tournoi. Elle avait vu, connu, vécu des trucs glauques dans sa vie. Mais tant de malsain dans une seule salle, si grande soit-elle, l'avait asphyxiée. Alors elle était sortie, prétextant devoir aller aux toilettes. Et maintenant qu'elle était dehors, elle avait pris sa décision : elle n'y remettrai pas les pieds, gueule d'ange à l'intérieur ou pas.
Détournant les talons pourtant, un tumulte nouveau attira son attention non loin de là, dans une ruelle trop proche de l'Underground pour que ce qui s'y déroulait y soit totalement innocent. Par curiosité, sens du devoir et guidée par un fil d'abattement, le sergent Blacrow bifurqua de son itinéraire pour se rapprocher de la ruelle. Là, en provenaient des sons hachés, comme une discussion mouvementée, mais également des coups sourds. Une bagarre ? Entre ivrognes ou types ayant perdu gros sur les paris de la soirée... Juste un œil alors. Pour vérifier qu'aucun civil ne soit impliqué. Alors elle avança et finis par arriver en début de ladite ruelle. Pas encore au niveau du couloir de tout à l'heure, mais au moins aussi puante. Elle se découpait dans l'embouchure de la rue, et face à elle, une étrange scène.
Judas ?
Un endroit glauque. Elle n'avait pas de meilleur mot pour ça. Glauque. Et encore, ce n'était pas assez fort. Un coupe-gorge. Insalubre qui plus est. Le brouhaha ambiant l'empêchait de penser convenablement. C'était le but : ne pas penser. Ceux qui avaient construit cet endroit ne voulaient pas de pensées. Juste réveiller les plus sombres pulsions et les plus anciens des instincts. La violence et la Survie.
Encore quelques pas
-On est bientôt arrivés... ?
-T'en fais pas, on y sera très vite.
Là-bas, la lumière de la libération
Des murs ne lui avaient jamais parus aussi hostiles qu'en ce jour
-Quand tu parlais d'un diner spectacle, tu n'avais vraiment que ça en tête ?
Elle n'eut pas même la force de rendre à cet homme chauve son regard empli d'animosité
-Tu verras, tu y seras bien, j'ai obtenu les meilleurs places. J'ai les meilleures relations. Et tu verras les meilleurs shows.
Ils débouchèrent dans les sous-sols de Inu-Town.
Et Rachel comprit pourquoi à la surface tout semblait si calme et paisible. Parce qu'en dessous, les hommes venaient se ressourcer grâce à la boisson et les plaisirs de la chair sanguinolente. Ils venaient de pénétrer dans cet antre insoupçonné, celui où les paroles ne sont plus le seul moyen de communiquer, où le plus respecté n'est pas celui qui a l'argent mais le plus de dents à son collier.
Son collègue venait de la mener dans l'Underground.
Un instant, elle le perdit. Il y avait tant de monde. Il y avait tant de cris. Mais dans la masse, elle le retrouva. Lui, le seul qui ne regardait pas au centre de cette pièce grande comme un pont de galion, vers cette cage morbide où deux mastodontes tout en muscles se mettaient sur la figure. S'offraient en cadeau un bon de réduction pour traverser le Styx. Et puisque l'homme qu'elle suivait était le seul à tourner le dos à cette agitation, elle se faufila entre ces hommes qui faisaient une, deux voire quatre têtes de plus qu'elle, pour le rattraper. Elle évita le crachat d'une femme aussi motivée que les autres et s'agrippa à lui comme à une bouée de sauvetage. Il se retourna. Il était grand. Certes pas autant que certains autour d'eux, mais plus qu'elle. Une bonne tête de plus, et quelle tête. Le genre de tête au regard si profond que l'on peut y lire mile projets d'avenir, mile rêves fantasques. Une magnifique tête blonde aux yeux bleus comme la mer. Il vit son trouble et la saisit par les épaules, lui rappelant pourquoi elle acceptait de supporter cette agitation à laquelle elle était si imperméable. Fermement pour ne pas la perdre dans cette marée humaine plus bruyante qu'une tempête, il la mena jusqu'à une sorte de loge où ils prirent places autour d'une table réservée spécialement pour eux. La clameur décupla alors comme l'un des deux combattants s'effondra sous les coups de son opposant. Le monde semblait fou, des billets changèrent de main et Jaz' se pencha vers elle pour l'inciter à commander à manger, lui glissant qu'elle allait aimer.
-Et c'est la fin pour Devil Bear ! Terrassé par un Juggernaut plus motivé que jamais à affronter le Pater : Judas !
Et l'assistance explosa en cris redoublée.
*****
L'air frais de la nuit déjà bien avancée la saisit à la gorge. Elle inspira cet air bien plus pur que celui, souillé, qu'elle avait respiré toute cette soirée, quitte à ce que le froid lui brûle la gorge. Elle arrêta lorsque des larmes lui vinrent aux yeux. Le vent. Autour d'elle, peu de mouvements, mais quelques hommes s'en retournaient à l'intérieur pour le second tournoi. Elle avait vu, connu, vécu des trucs glauques dans sa vie. Mais tant de malsain dans une seule salle, si grande soit-elle, l'avait asphyxiée. Alors elle était sortie, prétextant devoir aller aux toilettes. Et maintenant qu'elle était dehors, elle avait pris sa décision : elle n'y remettrai pas les pieds, gueule d'ange à l'intérieur ou pas.
Détournant les talons pourtant, un tumulte nouveau attira son attention non loin de là, dans une ruelle trop proche de l'Underground pour que ce qui s'y déroulait y soit totalement innocent. Par curiosité, sens du devoir et guidée par un fil d'abattement, le sergent Blacrow bifurqua de son itinéraire pour se rapprocher de la ruelle. Là, en provenaient des sons hachés, comme une discussion mouvementée, mais également des coups sourds. Une bagarre ? Entre ivrognes ou types ayant perdu gros sur les paris de la soirée... Juste un œil alors. Pour vérifier qu'aucun civil ne soit impliqué. Alors elle avança et finis par arriver en début de ladite ruelle. Pas encore au niveau du couloir de tout à l'heure, mais au moins aussi puante. Elle se découpait dans l'embouchure de la rue, et face à elle, une étrange scène.
Judas ?
Dernière édition par Blacrow L. Rachel le Lun 5 Jan 2015 - 1:37, édité 1 fois