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A Mutin, Mutin et Demi



En mer. Bordure de Belt et South Blue.


« Pourquoi vous ramenez les voiles et baissez l’étendard ? »

La rouquine au chignon me regarde d’un œil fuyant, c’est comme ça depuis que le soleil s’est levé sur la Belt et que l’on a quitté cette île de misères.

« Les Amazones ne peuvent pas circuler impunément sur les Blues, nous changeons les voiles pour nous faire passer pour un simple navire civil »

« Civil ? Zagahahaha ! Un équipage complet de femmes et deux énormes bestiaux reptiles qui tirent votre navire ! Ma jambe de bois que vous allez recevoir la visite d’un bâtiment Marine ! »

Tout en lui parlant, je la suis jusqu’à la proue du navire et, d’un coup de guillotine, elle sectionne les liens des deux reptiles.

« Attendez ici jusqu’à notre retour »

Les deux gigots marins s’enfoncent aussi sec sous la surface marine sans même un remous. On va enfin voir ces gonzesses entrain de manipuler les gréements, ce n’est pas trop tôt. Bien vite, la voile aux sigles des Amazones est changée par une grande voile bleutée, digne d’une voilure de marchands de tapis.

Une main sur le haut de la patte, je claudique jusque le centre du pont. Je pose mes fesses sur le bois d’un Kayak. Lidya, putain je me souviens de son nom, me regarde avec insistance. Je ne sais pas ce qu’il a bien pu se passer cette nuit, mais mon petit orteil me dit que ce n’était pas catho.

« Pourquoi voulais-tu prendre cet instrument d’hommes ? »

En guise de réponse, je lui lâche un large sourire, elle passe son chemin. J’avais insisté pour que l’on embarque ce kayak à bord, il était le dernier à rester aux abords du port alors que l’on embarquait depuis Lily. L’ensemble de la flotte indienne avait pris le large avant même les premiers rayons du soleil, une promesse de ne plus réclamer la terre de Rusukana en guise de pacte. Tu parles. Dans dix ans, le conflit reprend. Dans dix ans, j’aurai clamsé d’ici-là et ce n’est pas pour me déplaire. Toujours est-il que cette petite barque d’indien de 3 mètres sur 1.5 qui peut traverser Belt est un investissement réfléchi. Je me gratte la guibolle valide et je tapote mon bide poilu, j’ai foutrement bien bouffé ce matin. Une tranche de lard, une plâtré de lentilles, une marmelade de pommes et une dizaine d’œufs. Y a pas à dire, les gonzesses ça se pose là en terme de boustifailles. Encore faut-il être dans leurs bonnes grâces. Qu’il vienne celui qui ose baver que je me suis fais entretenir comme un coq en pâte ! La nouvelle année est passée sans même que je m’en rende compte sur ces foutus îles de Belt. Par ma trogne en biais, si j’avais aimé la picole, j’en aurai déblatéré des aventures dans une des tavernes malfamés des Blues !

Elles mettent le cap au Sud, plein Sud, pile aux abords du cimetière d’épaves, à un mille nautique environ. C’est là que le Fusilleurs mouille avant de filer sur Bliss pour que l’équipage se saoule et que ce vieux Baffeur y pose les fondements de sa retraite. J’ai beau avoir été le chien maudit de son équipage, j’avais les esgourdes qui pendaient quand il s’agissait de connaître les projets futurs de ce vieux loup de mer.

Il préparait sa retraite, du genre calme et isolée avec une esclave souillée pour l’entretenir. Trop vieux pour continuer, trop d’ennemis pour en dire plus à ses alliés. J’en ai su des choses, j’ai retourné le cerveau de plusieurs gars pour en déduire qu’il s’était acheté une belle baraque, un titre même à ce qu’il parait. Le genre d’identité qui ne fait pas se poser des questions aux locaux sur ce que tu pouvais faire avant. Foutrebleu ! Il a été jusque me foutre à la tête de la misérable coque de noix qui sert au ravitaillement ! Contremaitre de la seconde flotte du Baffeur ! Tu parles ! Cinq bonhommes sur un bâtiment d’une dizaine de mètres ! Le Sans-Nom ! Foi de moi, je coulerais cette épave une fois le Fusilleurs entre mes pattes ! Zagahaha.

D’un gros œil, je regarde la soixantaine de guerrières qui opèrent à bord. Pour sûr, connaissant les hommes de Jangoto, la bataille ne durera pas. Elles me feraient frémir ces femmes là, monter à l’assaut contre-elle doit-être… Sacrément bandant. Je vais aller préparer un mousquet moi… Zagahaha…


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« Bâtiment en vue capitaine ! »

Elle a de bons yeux la gueuse. Alors que je ne discerne rien d’autre que la pointe de l’horizon, elle montre du bout du doigt l’emplacement précis du bâtiment de Jangoto, à l’endroit même où j’avais misé sur la carte de la guerrière. Le cimetière d’épaves, le seul lieu où les équipages se croisent et s’évitent cent fois par jour. Le point précis où les courants de South Blue se réunissent et se chevauchent. Un type m’avait même glissé une fois que des morceaux d’épaves de Grand Line reposaient aux abords du cimetière, un vieux gâteux qui n’avait pas encore cuvé de la veille. Parbleu ! Ce renard de Jangoto a gardé ses habitudes ! Toujours aux mêmes endroits, ça te coûtera mon gars, foi de Tournebroche !

J’interpelle la rousse au chignon qui déplie sa longue-vue.

« Je répète que je ne veux pas que le Fusilleurs soit coulé et que… »

« Qu’importe les accords passés homme, je suis capitaine sur ce navire et s’ils s’opposent à nous, nous les coulerons »

« Palsambleu la rouquine ! A quoi bon avoir réglé vos conflits, si vous ne faîtes pas dans la dentelle avec les miens ?! »

« C’est une remarque sexiste homme »

« Sexis… Pour avoir employé le mot dentelle ? Ah par ma guibolle !... Faites au mieux va ! »

Le soleil commence déjà sa courbe descendante, la journée est passée vite, ça change du rythme de la Belt, ici au moins le soleil bouge progressivement. Sur la Belt, t’as cette foutue sensation qu’il fait nuit en un battement de cils.

D’une main, je range le pistolet que j’ai emprunté dans une des cabines en allant pisser. De l’autre, je tapote le pommeau d’un sabre d’abordage en acier sculpté. Je ne suis pas un bon sabreur, mais j’ai toujours su comment couper un homme et parer un coup d’estoc. La vie m’a fait moche comme un morbac, mais l’expérience m’a façonné avec plus d’esprit qu’un primate. Je m’adapte, c’est surement ça le fin mot du personnage que je suis. Je lance un regard aux guerrières qui se mettent sur le pied de guerre rien que pour ma trogne, pour sur, je m’adapte foutrement bien. Zagahaha.

Deux bateaux commencent doucement à de découper de l’horizon, je plisse le regard pour en deviner la silhouette finale. C’est bien le Fusilleurs, fier de ses cinquante mètres et de sa coque en granit. Un ancien bâtiment volé à la Marine lors des débuts du Baffeur sur South Blue, un navire qui a vécu et qui en a coulé plus qu’aucun loup de mer ne pourrait le croire. Même moi, en huit années à son bord, j’ai vu le Fusilleurs envoyer par le fond deux fois le nombre de bateaux que le Fâcheuse Destinée avait pu en couler. Si le capitaine Bylly avait été encore de ce monde, il en aurait été admiratif. Salopard de Bylly.

Une chose est certaine, la bataille ne se fera pas à coups de boulets. Non, le bâtiment des Amazones est trop grand pour Le Fusilleurs, Jangoto pensera surement que c’est un navire de commerce qui passe trop près et il ne se tiendra que sur la défensive en cas d’abordage.

Je pose ma guibolle sur la rambarde en respirant le fond de l’air marin. J’entrevois le Sans-Nom à côté du Fusilleurs, une petite chiure de mouche pittoresque. Des canons pour la forme et une voile unique qui récolte juste assez de vent pour torcher un saumon à la course. Foutrement pratique pour le ravitaillement et pour jouer à l’éclaireur, mais une bouse pour le reste.

J’ai des fourmis dans la guibolle boisée, c’est devenu rare ces temps-ci. Un grand gus m’avait expliqué que c’était le syndrome du membre fantôme, le genre de truc qui n’arrive qu’aux estropiés. Moi je pense simplement que j’ai des termites dans la jambe de bois.

On s’approche. Tu tiens ta vengeance mon vieux Tournebroche.

« Zagahaha »
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Le froid humide de la soirée qui se pointait à l'horizon était tout sauf agréable. Nikolas Baeteman se trouvait sur le pont de ce navire, le Fusilleur, essayant tant bien que mal de discerner quelque chose à travers la brume habituelle de ce coin des mers, ce lugubre croisement de courants qu'on appelle le Cimetière d'épaves. Il avait convaincu son propriétaire et capitaine de l'emmener faire un petit tour, un habituel changement d'île en attendant de trouver un équipage digne de ce nom, et qui serait à ses yeux assez fort et digne de confiance pour l'aider à accomplir l’œuvre de sa vie. Ce n'était certainement pas le cas de celui-ci: un capitaine sur le départ pour la retraite, et un équipage usé jusqu'à la moelle, tout juste bon à picoler à longueur de journée au mess du navire. Nikolas espérait juste arriver à bon port sans ennui, et pour une fois, il n'avait pas eu à dissimuler son identité: il portait donc ses vêtement personnels, son long manteau et son chapeau à plume violette.

Soudain, la vigie s’exclama:


-NAVIRE EN VUE, CAPITAINE ! CIVIL, APPAREMMENT !

L'homme en question se tenait, stoïque, à la proue de son navire, les bras croisés dans son dos. Son regard donnait une impression de fatigue extrême et d'usure, même s'il gardait une posture digne et fière. Il prit quelques secondes pour réfléchir, puis lança d'un éclat de voix impressionnant:

-TENEZ VOUS PRÊTS ! Qui sait ce qui peut arriver, sur cette foutue mer...

Alors qu'il s'éloignait, Nikolas plissa les yeux pour enfin discerner une silhouette floue, au loin, caractéristique de la présence d'au moins un navire. La voile semblait d'un bleu uni, et aucun pavillon menaçant n'apparaissait au sommet de son mât, ce qui avait du faire penser la vigie à un navire civil. mais effectivement, en cet endroit, il valait mieux prendre toute les mesures nécessaires. Nikolas prit un air grave et reboutonna son manteau pour lutter contre le froid qui montait. Il espérait ne pas être pris dans le feu d'une bataille navale ; il n'était pas vraiment sur d'avoir choisi le bon camp dans un cas comme celui là. M'enfin, il valait mieux se préparer à tout, comme l'avait dit ce bon capitaine... Nikolas se dirigea donc vers sa cabine pour vérifier ses armes et se mettre à l'abri du vent glacé.
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« Restez silencieuses guerrières ! »

Toutes couchées contre le bois du pont principale, les Amazones se tenaient prêtes à prendre le Fusilleurs par la force de l’abordage plutôt que par la poudre des canons. Bonne tactique ou pas, je dois avouer que c’était celle que je préférais, autant dire que voir mon futur bâtiment couler alors que je n’ai même pas posé un guibolle dessus, la couleuvre aurait été dur à avaler. Il n’empêche que l’on n’est même pas à une trentaine de coups de rames des enfants de chiennes d’en face que je sens mon sang bouillonner. J’entends des grosses voix gueuler vers notre navire pour savoir s’il est occupé, tu parles que Jangoto le sait qu’il est occupé. Ce qu’il sait aussi c’est que le bâtiment qui lui fait face mesure dix mètres de haut de plus et dispose de bien plus de canons. Impossible pour ce retraité de voir ce qu’il se passe à l’intérieur. Bon dieu ! S’il pouvait voir ce régiment de petites miches plaquées contre les lattes d’un ponton brillant, mon bracelet d’or qu’il en aurait des spasmes. Il caille méchamment, South Blue n’est plus ce qu’elle était. Fichues ondes gastéropodiennes. Tiens je ne sais même pas si ça se dit.

« Baisse-toi homme ! »

« Zagahaha ! Elle est bien bonne »

J’ai la tronche qui ne dépasse même pas la hauteur du bastingage, c’est à peine si le mec à la vigie d’en face me distinguera une fois les bateaux flanc contre flanc. Ca va bientôt être la fête des hommes du Baffeur, mes anciens camarades, anciennes langues de chacals qui m’ont marronnés dès qu’ils en ont eu l’occasion. Équipage à la gloire passée, capitaine tueur de Bylly, salope de Bylly, le seul qui aurait pu empocher le One Piece si l’alcool ne l’avait pas empoché avant. De tous ceux qui faisaient partis de l’équipage du Fâcheuse Destinée, il ne restait que moi à bord du bateau de cet ancêtre. Tous morts, tous coulés, tous… Presque tous en fait. La vache, il y a encore certains comptes à rendre. Mais plus tard, plus tard mon vieux Tournebroche.

« On attend encore »

J’entends ceux d’en face gueuler et manipuler leurs armes comme si j’étais encore à leur bord. J’ai la guibolle qui grince, j’ai le pommeau qui couine, j’ai le canon qui tousse, j’ai la caboche qui turbine, j’ai les paluches qui mordent, j’ai les orteils qui rongent et j’ai le sourire qui monte. Je fais peur, un homme laid le reste toujours, surtout lors des moments où il se sent bien. Je me sens bien. Parbleu, il était temps.

« On atte… »

« ZAGAHAHAHAAAA ! »

Je me balance par-dessus le bastingage, le sabre dans la main droite et un bout d’amarrage dans l’autre paluche. Je vois leur trogne, le soleil se fait dévoiler par un nuage au moment où je bondis, je n’ai l’aspect que d’une silhouette encore. Je sens la corde se raidir, ma guibolle mord profondément la chair d’un homme qui s’écrase au sol sous mon poids, je suis là les gars. Voyez vos tronches.

« C’EST LA CLOQUE ???! REVENU DES MORTS ! »

Ca gueule de partout, je fais danser le sabre dans mon autre main tout en lâchant la corde et je sectionne un bras du gueulard. Bobard qu'on l’appelait ce gus, j'ai jamais pu le sentir, une vrai tête de lard qui t'enfantait dans le dos. Une gerbe de sang gicle sur le pont en accompagnant la chute du membre.

« Depuis quand t’es autorisé à m’appeler comme ça toi ? ZAGAHAHAHAHA ! BIEN LE BONJOUR ! ZAGAHAHAHA !»

YIIIIIIIIIIIIIII
Le bras en moins, le gars ne prend même pas le temps de gueuler de douleurs, il voit débarquer une nuée de femmes sur le coin de sa prune et dans un ultime cri, il hurle sa dernière information.

« DES AMAZONES ! CLOMP !»

Un sabre fend les airs pour me transpercer, je balance un coup de guibolle dans l’arme qui se plante dans le bois dur de ma patte. Je dégaine aussi sec et ma bastos transperce le genou de celui d’en face. Mikael qui s'appelle celui-là, un petit jeune que j'avais cru de mon côté, jusqu'à ce qu'il soit le premier à me plaquer une épée contre la jugulaire. Un rapide tour d’yeux me défigure d’un large sourire. Elles envoient du gros sel en combat ces catins. Zagahaha. Où es-tu Jangoto ?
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Le vacarme qui provenait du pont tira Nikolas de sa torpeur. Ce qu'il redoutait venait d'arriver : participer à une bataille navale où il serait, de toutes façons, obligé de choisir un camp. Impossible d'essayer de s’échapper à la nage dans ce coin paumé, brumeux et glacé. Avec un soupir, il vérifia ses armes encore une fois, et tenta de monter sur le pont, un peu nerveux.

Une nervosité qui ne tarda pas à se changer en stupeur, quand, en soulevant d'un doigt le haut de son chapeau, il contempla une scène plutôt peu ordinaire: une bande de furies en petite tenue était visiblement très occupée à massacrer et démembrer l'équipage de son moyen de transport. Nikolas avait entendu parler des amazones, dans les récits d'ivrognes au coin du feu, les soirs d'hiver. Mais jamais il n'aurait pensé en croiser un jour, et surtout pas sur ce morceau des mers ; et pourtant, pas de doute possible: c'était la seule explication au spectacle macabre qui se déroulait devant ses yeux. Malgré tout, il fut rapidement tiré de sa contemplation lorsqu'un cri aigu retentit à sa gauche, un cri qui n'avait rien d'amical. Une rousse sulfureuse l'avait repéré au sortir du pont, et lui fonçait dessus à toute vitesse, sabre au clair. Dans un geste gracieux et magnifique, elle s'envola d'un saut incroyable, le bras levé au dessus de sa tête, apparemment bien décidé à pourfendre en deux le crâne de l'intéressé. Mais la main de Nikolas était déjà dans son manteau.

Il ne bougea même pas d'un sourcil. Il restait de profil, et le temps sembla se ralentir alors qu'une détonation retentit sur les parois boisée du bateau. Une fumée âcre se diffusait désormais par un trou béant dans l'habit du musicien, et la sublime créature tomba lourdement sur les planches humides, fauchée en plein vol.
*J'ai vraiment horreur de tirer sur les femmes.* pensa-t-il un court instant, avant de rapidement se décider. Rester ici, surtout après ce qu'il venait de faire, serait un acte proche du suicide. Cependant sa réflexion fut interrompue par un événement impromptu: le grand absent de la petite sauterie venait enfin de faire son apparition, à la poupe du navire. Le capitaine Jangoto se tenait là, majestueux et fier, l'arme à la main, toisant ces impudentes qui taillaient à vif dans la chair de ses hommes. Il usa de sa voix impétueuse pour crier:

"QUI VOUS A PERMIS DE POSER LE PIED SUR MON NAVIRE ?!"

Et pendant un instant, le silence se fit dans la bataille.
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Il n’a pas perdu de sa superbe l’ancien. Je n’ai pas connu beaucoup de chiens galleux qui avaient autant de force dans la voix et autant d’impact dans le ton pour stopper une soixantaine de combattants d’un coup de gueule. Cette espèce de loup de mer se meurt au fil des houles successives et je me plais pas mal à me savoir le survivant de cette race hululant. Bon dieu, ce que c’est bon d’entendre des voix qui portent jusque dans le futal. Voilà que je revois, en l’espace d’une phrase balancée entre la poudre et les lames, ce qu’était ce vieux Baffeur à l’époque de Bylly. Il y a des réflexes qui ne s’oublient pas, un capitaine, même à la préretraite, garde ce petit quelque chose de bâtard.

Écoute-toi Tournebroche ! Bordel, t’es presque entrain de lui cirer son sabre alors que le fil des lames se suspend en l’air l’espace d’un pet de truite. Je retire d’une main assurée la lame qui s’est plantée dans ma guibolle et je relâche le cou du bon à rien que j’étranglais, il tombe en crachant une bile de sang sur les lattes noircies du Fusilleurs. J’esquisse un regard à la belle rouquine en armure qui tient quatre hommes en respect de la pointe de la lame de son canon, elle en a étalé le triple de moi en à peine deux roulis de l’embarcation. Les combattants entre lesquelles je passe me toisent comme un nain des enfers, ils s’écartent en gardant un œil sur celles d’en-face, le combat est à l’arrêt aussi étrange que celui puisse paraitre. Enfin, je dis étrange, mais c’est troufions ne doivent pas être très optimistes face à des guerrières de légendes et ces mêmes femmes n’ont aucun intérêt à risquer la vie des leurs dans un combat déjà gagné.

Ma patte de bois raisonne avec force sur le pont, je plonge mon regard de charogne puante dans celui de chacun des hommes présents, je les connais tous ces fils d’impotents buveurs de rhum. Une des deux lames que je tiens se plante au sol à chaque pas en arrachant un copeau au pont principal. Je n’ai jamais besoin d’une canne, mais le simple fait de voir la pointe de celle-ci arracher une larme de bois à chaque pas me donne un sourire dantesque. Je file à la poupe, j’aperçois le tricorne de cette enflure par delà les gabaries massifs qui se dressent face à moi. Les gars s’écartent, un couloir se dessine rapidement entre les corps d’hommes gémissants et les sabres plantés. A peine quelques guerrières semblent touchées, une semble avoir reçu une bastos, voilà que je pense que le gars qu’à fait ça est pas un mauvais bougre. Je reste un mâle quand même. Marre des petits culs et du parfum. Tiens, j’aperçois une longue plume violette qui déborde d’un tricorne derrière quelques gars. Ce n’est pas un gars du Baffeur, je ne vois pas sa tronche, mais jamais aucun d’entre eux n’aurait osé afficher sa condition sociale. Putain Tournebroche, ton esprit s’égare encore. Je réfléchis trop, j’en crèverai un jour.

Voilà que le dernier gonz s’écarte et je plonge mes yeux dans ceux du Baffeur. Quatre marches me séparent de cet ancêtre du temps jadis, il est là, sa barbe toujours aussi impeccablement taillée, une main prise par sa lame et la seconde enlaçant la roue du gouvernail.

« Eh bien… Qu’avons-nous là ? Monsieur Tournebroche tout droit dégueulé des enfers qui l’ont vu naître ! »

« Voilà des mots que je te retourne l’ancien »

« … Et le chien puant que vous êtes est venu avec… Des femmes… »

Un sourire marque la face du vieux, certains hommes lancent un gloussement qu’ils étouffent aussi sec.

« Des Amazones, elles sont très attachées à leur identité, j’ai pu en faire les frais après mon marronnage sur la Belt »

Les gréements grincent, le vent se lève et les deux embarcations flanc à flanc pivotent doucement autour du point de mouillage. Il lâche la barre et pose son talon sur la première marche.

« Un marronnage dont vous êtes le seul responsable monsieur Tournebroche »

Je monte d’une marche.

« Une réponse d’un infirme encore vaillant face à un capitaine déjà pantouflant »

Il pose son second talon sur la première marche du haut.

« Vous venez réintégrer l’équipage ? Si c’est le cas, sachez qu’après un carénage et un marronnage, je suis à court de punitions pour vous La Cloque »

Le ton monte toujours quand on tape dans les surnoms. Si je monte encore d’une marche, j’aurais moins mal au cou, mais Parbleu, il ne sera pas dit que Tournebroche parle à hauteur de bourses à ses opposants.

« Je viens réquisitionner ce navire »

La grosse main du Baffeur danse dans sa barbe et je le vois finalement lâcher un rire aussi gras que moi. Malgré la tension, pas mal de gars lâche un hoquet d’étonnement ponctuait d’un petit rire. Je plante le sabre dans le pont avec suffisamment de puissance pour faire grincer les gréements. Silence.

« AHAHAHAHA ! Eh bien… Eh bien… Vous connaissez le Code aussi bien que moi pour en avoir fait les frais avec votre précédent équipage. Si vous voulez réclamer le commandement de ce navire, vous devez battre le capitaine. »

Le Code, il est aussi large que le cul d’une catin vieil homme.

« Je ne suis en aucun cas le capitaine de ces femmes, je ne suis qu’un mousse et donc pas soumis à cette règle... Vois avec la rouquine »

Je me retourne aussitôt avec un regard dur vers Lydia, la belle n’a pas bronché d’un poil, elle se moque de ce qu’il va découler, elle me couperait aussi bien la tronche que celle de Jangoto si elle n’avait pas l’honneur des femmes de Lily sur ses épaules d’acier.

« Messieurs… Fils d’ivrognes et d’autres dégénérés, vous me connaissez tous, je suis un homme de parole. Ma capitaine, ici présente, est aussi une femme d’honneur. Faites comme bon vous semble, vous êtes des pirates après tout, mais sachez que ceux qui déposeront les armes, ne mourront pas. Et Ventrebleu, je jure que les autres dégusteront comme les bâtards de leur espèce le méritent ! »


Une lame d’air me fait fléchir l’échine, la lame du Baffeur vient de passer au-dessus de ma caboche. Tout en plongeant en avant, je me retourne pour lui détourner sa lame qui revient vers moi. Mon corps touche le sol et je balaye ses jambes avec ma guibolle, il se réceptionne sur le bastingage et frappe une latte du pont de son talon, la latte bascule avec violence et me propulse dans les airs comme une serpillère. Je balance mon pied contre le poignet qui magne son sabre, son poing vient m’éclater la trogne. Je rebondis à dix pas de là au milieu des combattants. D’un revers de paume, j’essuie la bave rougeâtre qui dégouline de mes babines. Je n’arrive pas à me détourner de son regard noir, dieu seul sait ce qu’il se passe autour. Dieu seul sait ce que mes mots et mes actes ont déclenchés.

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Pour ça, la scène avait tout de l'irréel. Après l'attaque des donzelles massacreuses, voilà qu'un petit bonhomme d'une laideur repoussante, apparemment copain avec ces dernières, venait d'engager le combat avec le capitaine du navire en jurant comme un charretier. En tout cas, le calme relatif qui s'était installé sur le pont avait disparu ; de nouveau tous se mettaient sur la trogne allégrement, et si les amazones menaient la danse grâce à l'effet de surprise avant la petite discussion, désormais l'équipage de Jangoto avait pu reprendre son souffle et ses esprits, et le combat semblait un peu plus équilibré désormais.

Nikolas ne savait plus trop où se mettre ; l'issue du combat était désormais incertaine. Mais il n'eut pas le temps de réfléchir, un homme de Jangoto le saisit par l'épaule alors qu'il rêvassait, en le secouant.


"BORDEL MON GARS, FILE NOUS UN COUP DE MAIN !


-Heu... Ouais."

A peine avait il fini sa phrase que l'extrémité d'une lame lui perforait le torse et pointait méchamment vers Nikolas. L'homme, stupéfait, baissa les yeux vers sa plaie ; il ne semblait pas croire ce qui lui arrivait, et il tomba lentement, en agrippant le manteau de son interlocuteur, lui aussi bouche bée. En glissant sur le sol, il révéla une vision cauchemardesque aux yeux du musicien. La capitaine des amazones se tenait devant lui, magnifique et sanglante. Ses yeux en amande le foudroyaient du regard, si bien que Nikolas restait tétanisé devant la beauté mortelle de la créature. Mais il n'eut pas tellement le temps de prolonger sa contemplation, le sabre de l'amazone fonçant vers lui en un estoc mortel. Il esquiva de justesse en pivotant sur lui même, et le métal se ficha dans le bastingage. Il put enfin tirer son arme de son fourreau et effectua un salut d'escrime parfait, avant de tenter la négociation:

"Je ne veux pas vous tuer. Je ne suis qu'un passager de ce navire.

Les yeux de la capitaine se tournèrent alors vers le cadavre de la guerrière tuée par Nikolas quelques minutes auparavant, et retournèrent vers Nikolas, plus enragés que jamais.


-Et elle ?!

-Un simple malentendu madame, je vous l'assure."

Mais elle ne l'écoutait déjà plus, et tentait une nouvelle fois de le couper en deux de son sabre. C'est un véritable ballet dansant qui s'engagea entre les deux combattants, bien loin du combat entre le capitaine et l'espèce de monstre-nain. Les deux escrimeurs virevoltaient, chacun à leur manière , esquivant et contrant, sautant et pivotant. Nikolas n'avait en réalité aucune envie de tuer son adversaire, ce qui aurait pu déclencher une vague de rage meurtrière parmi les amazones restantes ; mais la capitaine lui donnait du fil à retordre, et bientôt il transpirait à grosses gouttes à force d'esquiver les assauts de son ennemie non voulue. Tout allait dépendre de l'issue du combat entre le nain et le capitaine, et d'ici là, il lui fallait tenir bon.
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Il m’enchaîne comme un canonnier charge ses boulets, il a beau être un vieillard, ce salopard a vécu plus de combats que moi. J’ai la patte qui traine au sol et le museau gonflé de sang. J’ai toujours eu une capacité de récupération et d’encaissement hors-du-commun, mais force est d’avouer que la plaie du sabre, qui m’a perforé le bide quelque jours plus tôt, suintait le sang. Il frappe fort de son poing et tranche juste de sa lame, à l’ancienne. Bon dieu que j’aime ça. Zagahaha.


Matrix Kick


Je bondis vers lui, mes deux jambes recroquevillées, il se décale vers la droite, tu crois que je ne peux pas frapper avec ma patte de bois Jangoto ? T’as tord, c’est même avec elle que je frappe le mieux. Le bois part à la verticale vers son menton et avant même qu’il ne touche sa peau, je sens une douleur qui me lacère les côtes sur le flanc gauche. Voilà que je retombe comme une feuille en automne sur le plancher du pont principal. Sa lame bave de mon sang.

« Voyons Monsieur Tournebroche, en huit ans à mon bord, j’ai bien compris qu’il fallait se méfier de vos faiblesses apparentes. Vous frappez avec votre jambe morte avec bien plus de tripes qu’un sourd qui tend l’oreille »

Je plante ma lame dans le bois pour me soutenir dans mon entreprise de me remettre sur pied. J’accompagne du regard une perle de sang qui roule depuis mes orteils vers les lattes crasseuses du navire. Je repousse un corps qui vient s’écraser contre moi et qui s’écroule sur le flanc, bordel de cul de manchot, voilà qu’ils se foutent sur la tronche avec plus de forces qu’avant. A peine mon regard avait-il quitté celui du Baffeur que je sens une ombre s’abattre sur moi, je lève mon sabre au-dessus de mon bandeau et c’est une gerbe d’étincelle qui jaillit. Ce vieux est partout, robuste et puissant.

« T’as vraiment rien… Kof… d’un pirate qui prend sa retraite… Kof… Zagaha.. »

La réflexion lui arrache un sourire sur le visage, saleté de démon. Pourtant au moment même où je lui écarte sa lame, je le vois manquer de s’étouffer avec sa propre salive. Mon poing part dans ses tripes et il recule d’un pas pour encaisser l’impact. Il crache une bile rougeâtre au sol avant de toussoter vivement. Putain, c’était quoi ça ? Il s’essouffle ?

Flashback

1622- Une petite île de South Blue.

« Bon dieu de bordel, ça barde dans la cabine du capitaine ! »

« C’foutu Doc’ qu’on a récupéré sur Grand’Line ! Le cap’taine y gueule dessus d’puis deux bords ! »

Le son d’un bois qui s’entrechoque avec le parquet des cales du Fusilleurs vient résonner dans les esgourdes des deux commères. Entre les parcelles d’ombres et de lumières qui découpent en tranche la pièce, les deux gus devinent la silhouette difforme de La Cloque. Le contremaître se dresse face à eux comme s’il écrasait tout de sa taille. Pourtant il n’en est rien, il arrive à peine en haut du torse des deux hommes. Il fait claquer sa langue contre son palais avant de les interpeller.

« Qu’est-ce que vous baver là vous deux »

Ce n’est même pas une question, le regard de Tournebroche balaye le fond des yeux des deux à la fois. Le plus gros bafouille dans ses moustaches et finalement fis signe à l’autre que les cales n’ont pas besoin de leur présence. La Cloque les regarde s’éloigner et vient se caler le cul sur l’acier froid d’un des canons. Il relève son menton en se grattant ses poils roux en bataille. Son bandana est détrempé par la sueur, d’un coup de paluche, il vient le resserrer. Il inspire profondément en regardant courir un rat d’un tonneau à l’autre. Silence.

« Je… Je… Suis véritablement désolé monsieur Jangoto… Mais ce n’est pa… »

Bruit d’un bois qui craque avec force. Surement un poing qui s’emballe.

« Ne vous foutez pas de ma gueule médecin de mes deux saints putains ! »

« Je… Vous … Vous m’avez retiré à mon île de Drum pour faire des analyses monsieur… Votre sang est… (Bruit d’une lame qui fend l’air)… Monsieur Jangoto ! Calmez-vous ! … Humpf… De ce fait, cela explique votre état de fati… »

« NE DIS PAS –FATIGUE- GAMIN ! »

« … Bien… Mais laissez-moi vous dire que… Votre rythme de vie n’est pas bon pour votre (Bruit sourd)… »

Silence.

Les oreilles de Tournebroche siffle, il n’a pas tout saisi, mais il se redresse sur sa patte et claudique vers l’escalier du pont principal penseur. Ce jour là, il se fit la réflexion qu’il faudra trouver un docteur plus performant.


Ventrebleu, je le vois qui crache ses poumons au fur et à mesure que la bataille gonfle. Par tous les diables des océans, j’ai l’image de ce jour qui me retape le ciboulot. Le Baffeur ne prend pas sa retraite, non, il n’a juste plus la santé. Les jours qui passent ne protègent pas les aventuriers, ils les gâtent comme un vers rongeant une pomme. Je lâche le sabre qui commence à perdre de son tranchant, il frappe le sol avec lourdeur, je crache comme un canonnier entre ma guibolle et mes quatre orteils.

« Combien de temps encore continueras-tu à te mentir l’ancêtre ? Zagahaha »

Il fait voler son chapeau en arrière et propulse la première amazone qui passait par là en plein dans ma tronche. Je suis prêt à balancer un coup de bois dans sa nouille de gonzesse quand je reçois un gros cachou qui m’envois valser dans une balustrade. Salope de rouquine, elle réceptionne sa guerrière, laissant du répit à son adversaire, une sorte de gentilhomme emplumé. Je n’ai jamais vu sa tronche à ce gars là. Civil ?

« Touche pas à un cheveu d’une de mes guerrières petit homme »

C’est franchement pas le moment de venir faire ta femme jolie rousse. Par le dieu des enfers, elle a le chic pour s’interposer à la manière d’une femme de couvent lors de la rasade de rhum de l’abbé. Alors que je suis près à lui lancer une insulte à la face, elle esquive la lame du Baffeur en penchant le crâne en avant et en une rotation elle tire une bastos dans le genou du vieux.

Les épées se suspendent en l’air et les yeux se focalisent sur le vieux capitaine qui ploie la jambe sur les lattes de son pont. Dans une prise d’impulsion puissante, je m’élance sur sa trogne et mon poing s’écrase sur sa mâchoire, je sens la lame de son arme déchirer mon épaule. Il s’écrase contre l’escalier, plié en deux, se tenant la poitrine et cherchant sa respiration comme un poisson dans la boue. Je peine à me tenir droit, le bras ruisselant de rouge.

« Zagaha… Ce n’est pas la flamme de l’aventure que tu as perdu vieil homme… C’est la flamme de la santé… L’ancienne génération se meurt… »


Animé de convulsions terribles, Jangoto se tordait et roulait sur lui-même en crachant une bile rougeâtre. Trois de ses hommes se précipitèrent vers lui pour l’aider à se relever, le vieux pirate les repoussa et s’adossa finalement contre le bastingage. Ses yeux roulaient dans ses orbites et il bavait une mousse blanchâtre. Il leva péniblement sa main qui tenait son sabre et l’abattit finalement contre les bouts qui maintenaient la grande voile. Les poulies grincèrent et la grande voile s’affaissa contre la bôme. Aussitôt les sabres tombèrent des mains des hommes du Baffeur, signe de rédition.



Zagahaha.
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Ce que j’ai mal aux côtes, aux bras et à toutes ces choses qui font de moi un petit homme. La rouquine est déjà entrain de faire ramener les guerrières blessées à bord de son navire et de piller les cales du Fusilleurs. Par tous les diables, ces femmes maîtrisent bien mieux les traditions pirates que la plupart des mécréants que j’ai croisés dans ma vie. Je marche avec l’aide de la lame d’un sabre ramassé à même le corps inconscient d’un ancien camarade. La pointe de l’arme vient meurtrit un peu plus le bois du bâtiment, cette saloperie de navire ne va pas tenir longtemps si je ne trouve pas vite un charpentier à mon bord. Zagahaha. Mon bord, voilà qui est beau. Ce vieux pantouflard maladif s’enquille une bouteille de rhum en crachant des glaviots sanguinolents à chaque fois qu’il avale une gorgée.
Je traverse le pont principal en quête d’un espace suffisamment grand pour prendre la parole, la rouquine se pose devant moi dans son armure d’acier. Je lève le cou pour la regarder dans les yeux, mes cervicales couinent.


« Je revendique la tête de ces hommes en compensation de la perte de mes guerrières, t’y vois un inconvénient petit homme ? »

D’un roulement de bille au fond de mes orbites, je contemple la misérable assistance qui tend les esgourdes.

« C’est fâcheux, je comptais recueillir ses hommes à mon bord… »

Je laisse la phrase en suspend et je fais trois pas vers la one dégagée, là où aucune guerrière n’avait sa lame sous le cou d’un pirate. D’un coup sec, j’enfonce mon sabre dans le bois du pont, elle mord avec avidité le sol boisé et j’avance de tribord vers bâbord. Une ligne parfaitement droite me sépare de l’ensemble des hommes du Baffeur. Je vois ce vieux chien reprendre progressivement son souffle, une paire de guerrières déjà entrain de serrer ses chaînes. Les hommes semblent gagner un sourire progressivement, je les entends déjà penser que cette bonne vieille Cloque est suffisamment bête pour leur sauver la mise.

« … Seulement, je ne souhaiterais prendre que ceux qui ne m’ont jamais porté atteinte. Ventrebleu ! Si un seul d’entre eux croit se reconnaître, qu’il franchisse la ligne et intègre mon équipage en qualité de… Capitaine. »


Silence.


« Cap…Capitaine… ? »

« Il est fou ?! »

La voix du Baffeur fend l’assistance, un son de chaîne bruyant accompagnant le tout.

« TOURNEBROCHE !.. Keuf... VOUS ÊTES TANT LÂCHE QUE CA ?! VOUS N’OSEZ MÊME PAS REVENDIQUER LA PLACE DE CAPITAINE APRES TOUT CE CHANTIER ?! ... kof kof... QUE LA MARQUE NOIRE S’EM… »

« QUI A DIT QUE JE NE REVENDIQUAIS PAS CETTE PLACE BANDE DE CHIENS JAUNE ?! »
Les regards des gars se croisentt sans réussir à se transmettre des réponses compréhensibles. C’est bien. Zagahaha.

« J’ai eu tout le plaisir de mûrir cette idée depuis mon marronnage. Mutinerie, Marronnage, carénage, fouet, brimades, vote, solde, Code… Beaucoup de dangers pour celui qui se trouve en haut, trop peu de qualités pour ceux qui se trouvent en bas… J’ai longtemps occupé le poste de quartier-maître et j’ai longtemps observé la vie à bord d’un bâtiment de gentilshommes de fortune, si bien que j’en suis arrivé à cette réflexion : est-il utile d’être un pirate, si ce n’est pas pour en partager toutes les largesses à rang égal ? Zagahaha ! Alors je me répéterais plus bande de borgnes, qui ose passer cette ligne sans trembler de m’avoir fait du tort ? Zagahaha ! »

« Folie… »

La voix de Jangoto se mua au silence et il continua de boire avec une soif insatiable, perdu dans ses pensées. Vieil homme.

Le son d’une botte retentit jusqu’à moi, un gars décide de faire le pas, un roux, Smith Balao qu’on l’appel ce jeunot. Il ne tremble pas le bougre, il tente sa chance, t’as raison gamin, j’ai rien à te reprocher à toi.

« Monsieur Smith ! Quel plaisir de vous voir de mon côté ! »

« Je n’ai jamais porté la main sur vous monsieur Tournebroche, c’est bien simple, je n’étais pas sur le pont lors du passage à tabac ! Héhéhé ! Capitaine donc ? Héhé »


Come On.

Sa botte crasseuse de petit fouille merde vient franchir ma ligne, le sabre vole et se plante en plein dans son poitrail. Une rivière de sang gondole jusqu’à mon orteil manquant, son corps tombe comme un boulet de fonte.

« Smith… Certes, tu ne m’as pas molesté avant l’abandon gamin… T’as juste fais partie des trente gars qu’on pas pris les armes avec moi lors de la mutinerie… »

Ils viennent de comprendre, aucun ne passera cette ligne, le Fusilleurs est mien, l’équipage est tien amazone.

« Zagahaha »
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Nikolas écoutait et regardait attentivement la scène se dérouler. Il était là, debout, une amazone menaçant sa gorge d'un sabre étincelant. Il était persuadé de finir sa vie sur ce pont ; surtout après avoir mis en rogne la capitaine des cinglées en armure. A regarder autour de lui, il ne voyait que d'autres hommes dans la même posture que lui. Et devant, cet espèce de petit bonhomme hideux et bruyant, qui sermonnait tout le monde avec l'attitude du vainqueur. Jangoto était à quelques pas devant lui, toussant encore, du sang séché sur le menton, la peau diaphane. On aurait dit qu'il allait claquer d'un instant à l'autre.

Et puis, le silence se fut, après que celui qu'on semblait nommer "la Cloque" incita qui l'osait à venir le rejoindre pour officier comme capitaine dans son équipage. Un gars s'avança, dit quelque chose. Nikolas n'écoutait pas vraiment, il réfléchissait à toute allure pour se sortir du pétrin. Il fut tiré de ses pensées par le corps de ce même type qui touchait le plancher, lourdement, transpercé par une lame en plein coeur. Visiblement, ce petit gars n'était pas très commode.

Et puis la solution apparut d'un seul coup, comme une évidence, dans l'esprit du jeune musicien. C'était risqué, certes, au vu du caractère de cochon qui lui faisait face, et cela l'obligerait sans doute à suivre ce petit bonhomme dans ses tribulations pendant un petit moment, ce dont il n'était pas très sur d'avoir envie. Mais sur le moment, il n'avait pas d'autre choix. Il mit donc son index sur la lame de l'amazone et repoussa gentiment l'arme, glissant un "Permettez ?" à sa geôlière de fortune. Celle ci hésita un instant, puis s'écarta pour le laisser passer, visiblement certaine que la Cloque allait lui aussi lui régler son compte de manière expéditive.

Nikolas marcha au milieu des amazones et des pirates, qui, au fur et à mesure de son passage, le fixaient tous à tour de rôle. La plupart ne semblaient même pas ou plus être au courant de son existence ou de sa présence, et écarquillaient les yeux. Au passage, il ramassa son chapeau à plume violette, l'épousseta de sa manche, et le remit élégamment en place sur son crâne, débouchant devant l'assemblée et faisant face au nouveau chef de ce bâtiment.

"Cher ami... Je me présente, Nikolas Baeteman. Je ne pense pas vous avoir fait du tort un jour, aussi je postule pour un poste de capitaine au sein de votre équipage."

Un large sourire, presque carnassier, trônait sur son visage, alors que tout l'océan semblait retenir son souffle.
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Voilà que ses deux bottes passent la ligne sans une once d’hésitation, il a l’allure de ceux qui ont toujours la bourse indécemment trop pleine. A bien y regarder à deux fois, sa silhouette est passée déjà devant mon champ de vision lors de cette bataille. Il n’a rien à voir avec la piraterie de l’ancien temps, il a plus l’aspect d’un nobliau, d’un gars de la ville qui n’a jamais passé plus d’une semaine sur un bâtiment à manier une rame, c’est pas un aventurier ce type là, par tous les diables de cet océan, jamais je n’accepte…

Voilà que je baisse ma tête pour regarder plus en face de moi, au niveau de son futal, je ne suis pas entrain d’évaluer ce qu’il a dans le froc, mais plutôt ce qui s’y accroche. Une lame, une épée qui dégageait une si belle droiture que plus d’un boucanier aurait tué sa chèvre de compagnie pour se l’approprier. Je connais suffisamment ce filou de Jangoto pour comprendre la motivation qu’il a eu de prendre ce gars à son bord. Tuer et voler un sang bleu pour le défausser d’une des lames les plus fines que j’ai eu l’occasion de zieuter, hormis celle de Bylly Brandson bien sur… Bâtard de Bylly.

Je le regarde une nouvelle fois dans le fond des yeux.

Si ce gars à ce genre de lame et à su tenir tête à la rouquine, c’est que tu t’ais planté Tournebroche.
Je lâche un large sourire, il n'y a vraiment qu'un pirate pour changer d'opinion comme on change de cap. A bien y penser, l'habit ne fait pas le curé et bon dieu je devrais le savoir depuis le temps qu'on me crache dans le dos.

Heureusement que je ne suis pas un escrimeur et que j’en ai rien à foutre des belles lames. Zagahaha.

Je lui attrape la main et la serre en esquissant mon plus beau sourire de belliqueux bonhomme.

« Bienvenue à bord du Fusilleurs, Capitaine Baeteman ! Zagahahaha ! »

Je me retourne aussi sec en tenant mes plaies béantes en toussotant, je lance un regard à cette rouquine du diable pour notre dernier échange. Enfin.

« Le reste est à toi et tes guerrières, laissez les à la marine ou coulez les avec suffisamment de plombs pour embrasser le cul des sirènes, j’en ai foutrement rien à foutre de ces enfants de gueuses ! Laissez l’étrange embarcation piquée aux Hommes d’Indiana sur le pont du Sans-Nom et considérez que nos dettes communes sont effacées ! »

Je tangue vers les escaliers menant au gouvernail du Fusilleurs avant de me retourner une dernière fois.

«… Merci guerrières »

Elle me tourne le dos en frappant de son épaule un pauvre gars au passage. On ne m’y reprendra pas à deux fois avec ce genre de mots. Parbleu !

« Capitaine Baeteman, je m’occupe de barrer ce bâtiment loin de cette zone maudite ! »
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Le Capitaine fraîchement promu acquiesça au propos de son nouvel ami en tirant vers le bas le bout de son chapeau. La main sur le pommeau de son épée, il se dirigea à grands pas vers le bastingage et les hauts-bancs, ravi de pouvoir aider ce rafiot à décoller de cette mer nauséabonde. Les amazones emmenaient leurs prisonniers sur leur propre navire, prisonniers visiblement peu ravis de leur sort. La chef des furies eut quand même le temps de lui jeter un dernier regard noir avant de remonter sur son bâtiment. Nikolas haussa des épaules et se mit au travail.
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Fières de leurs prisonniers, les amazones repartaient, s'affairant aux divers travaux nécessaires à la bonne route de leur transport. Sur le pont, la capitaine regardait au loin le profil du Fusilleur s'estomper à l'horizon, son ancien propriétaire souffreteux à ses pieds. Une des lieutenants s'arrêta à ses côtés.


"Etait-ce une bonne idée ? Travailler pour un homme, je trouve cela... dégradant. Surtout un homme comme lui. Qui sait ce qu'il fera avec ce navire ? S'il ne s'en sert pas contre nous dans le futur ?"

La sublime créature rousse se tourna vers elle et la regarda dans les yeux, d'un air qui voulait dire "tu as raison, mais je sais ce que j'ai fait". Mais entre deux quintes, l'homme malade à ses pieds ne put réprimer un rire.

"Haha.. kof.. ha...

-Qu'y a t-il de si drôle, homme ? Vous voilà nos esclaves, toi et tes amis !

-Croyez moi, femmes. Cette pustule ambulante qui ose se faire appeler "Capitaine" n'ira nulle part avec mon navire !


La guerrière se renfrogna.

-Que veux tu dire ? Il s'en est déjà emparé !

-Il n'était pas.. kof... question de laisser ce bateau à quelqu'un d'autre que moi... J'ai donc.. *tousse* fait le nécessaire.

Son visage maladif se fendit d'un large sourire aux dents rougies par le sang. La chef des amazones semblait commencer à comprendre. Elle se rapprocha du visage de Jangoto, visiblement très fier de son coup.

-Parles... Qu'a tu fais ?

-Un vieux tour de forban *kof* ... Une bougie de cire, traversée par une mèche à sa base. Je l'ai allumée avant le combat.

-Où va cette mèche ?! PARLES !


Le vieil homme hésita un peu, pour faire durer l'attente. Il plongeait ses yeux jaunis dans les magnifiques perles de l'amazone, toujours souriant à pleines dents.


-... Les réserves de poudre.

Et il éclata d'un rire franc, presque dément. La chef se releva brusquement, se dirigea à grand pas vers la poupe de son navire et observa la silhouette du Fusilleur. Il semblait paisible. Elle pouvait encore discerner un homme s'agiter dans les hauts bancs pour défaire les voiles, et une petite ombre à la barre. Elle le regarda, silencieuse. Rien ne se passait. L'homme bluffait peut-être. Peut-être était il juste fou, du fait de sa maladie. Où bien la mèche s'était éteinte.
Mais soudain, en une fraction de seconde, le calme environnant fut rompu. Le Fusilleur s'embrasa dans une gigantesque boule de feu, partant de la base du navire pour monter jusqu'au sommet des mats, et au delà. Jangoto riait toujours, plus hystérique que jamais. La détonation fut telle que toutes amazones s'arrêtèrent de travailler, que même les prisonniers cessèrent leurs complaintes. La capitaine regarda au loin l'épave enflammée s'enfoncer dans les abysses. Des vagues, causées par l'explosion, commencèrent à heurter le corps du navire.

-Capitaine !

La voix était celle d'une des amazones, qui l'appelait depuis le pont central. L'intéressée se détourna de cette vision infernale et revint, courant à demi, vers la source de l'appel. Le capitaine Jangoto était effondré sur le plancher du navire, livide.

L'amazone regarda quelques instants le vieil homme , pensive. La femme à ses côtés osa, après quelques secondes:


-Il faudrait le soigner, non ? Il a surement perdu beaucoup de sang...

La rouquine hocha lentement la tête, silencieuse. Puis elle repartit en trombe vers la barre de son navire, alors que deux femmes emmenaient le vieux capitaine vers l'infirmerie. Il était grand temps pour les amazones de quitter cette mer.
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