Codes du règlement (2) : Ce compte est-il un DC ? : Oui. Si oui, quel @ l'a autorisé ? : Sören Hurlevent et Red.
>> Physique
Quand on me parle de mon père, je pense à un homme souriant et charmeur, des yeux rieurs et des sourcils qui accompagnent, en bien, son expression farceuse. Quelques petits boutons sur le front ici et là avec des cernes minimes qui se fondent dans la masse tant elles ne sont pas marquées. Un homme qui a vécu, oui. Son visage en témoigne, des rides naturelles qui ne font qu’ajouter de la beauté à celui-ci. Car oui, je le trouvais beau mon père. Beau, parce qu’il aimait sourire, aussi. Un sourire en coin, il ne montrait que très rarement ses dents. Quand il souriait, c’était tout ses traits qui étaient en mouvement. Les coins de ses yeux noisettes se pliaient, les bords se plissaient, ses pommettes ressortaient beaucoup. Sa joie enfantine bridait ses yeux. Beau, parce qu’il savait toujours où et comment placer son sourire. Beau parce qu’il avait le regard sincère remplit de sentiments qu’un baiser ne saurait donner.
Ce qui en a fait tomber plus d’une avant tout, c’était quand même la barbe qui décorait tout le contour de sa bouche très sèche. Pourtant, elle était loin d’être soignée, peut-être que ça lui donnait ce côté « sauvage » et « mâle » que les femmes aiment beaucoup. Elle formait d’abord un bouc avec la moustache qui rejoignait les poils du menton et un J négligé qui partait du bas des oreilles. Il l’aimait sa barbe et il avait du mal à la couper. Ma mère l’y forçait quand même, pour ne pas qu’il finisse par ressembler à un gorille.
Concernant sa coupe de cheveux, elle, elle était toujours impeccable, comme son visage. C’était ma mère qui le coiffait, il adorait qu’on touche ses cheveux et quand elle n’était pas là pour le faire, il ressentait un énorme vide vite comblé par son cigare. Car oui le cigare chez mon père était un trait physique, véritable accro au goût de son méchego, il était très rare de le voir sans. Et il n’achetait pas des crapulos à deux berrys mais des vrais fumerons SW avec une préférence pour le Smoker et le Barble Blanche. Des fois il se prenait à lui-même les faire, des cousues de qualité disait-il. Dans son regard logeait l’enfance et je me rends compte aujourd’hui, que durant la mienne, c’était lui, l’enfant…
Je n’ai pas souvenir qu’un jour il eut été gros. Pourtant, il ne se maintenait absolument pas et mangeait ce qu’il souhaitait. Il mesurait un bon mètre quatre-vingt. Élancé d’autres diraient, moi je pense qu’il était dans la normale n’étant véritablement pas musclé, j’apercevais quelque notes de gras sur son ventre. Légères certes, mais marquantes pour un homme de cette classe. Sur son torse, aucun poil, à croire que c’est seulement son visage qui avait été condamné au fléau de la pilosité monstrueuse. Globalement, ses bras et ses jambes étaient bien proportionnés, rien d’anormal. Tellement normal que ça le rendait spécial.
Mon père marchait toujours d’un pas serein, ni imposant, ni hésitant, juste serein. Il avait cette manie de mettre ses bras, croisés, derrière lui comme un petit vieux et je lui faisais souvent la remarque. Sourire en guise de réponse, une main qui vient toucher ma chevelure et même position quelques secondes plus tard. Un véritable enfant. Il n'a jamais vraiment beaucoup parlé sauf si vraiment nécessaire, à tel point qu'on le prenait régulièrement pour un muet. Il s'exprimait avec des onomatopées la plupart du temps, montrait des choses du doigt ou faisait des gestes. De toute façon, son visage était très expressif, ses yeux, ses sourcils, sa bouche. Tout ce qu'il pouvait penser se voyait très clairement sur son visage.
Imposant ? Non, pas vraiment. Juste très charismatique. Il avait le don, comme on dit. La classe aussi, à défaut de ne pas faire peur, il dégageait une aura lourde en ondes positives mais agréable tout de même. Il mettait tout son cœur aux services des autres ce qui le rendait encore plus attirant dans le sens où, sa gestuelle mettait en confiance ses connaissances et même les inconnus.
Son style vestimentaire variait, j’ai eu la chance d’avoir eu un père très intéressé par les nouvelles tendances mais rien ne pouvait faire face à son incontournable chemise à manche longue toujours déboutonnée pour montrer un peu de sa peau. Il en avait beaucoup du même genre, les teintes n’étaient pas vraiment différentes. Bleu, vert, vert, bleu. C’est vrai qu’il aimait celles qui étaient vertes. Sa couleur préférée. Puis, ça lui allait bien.
Il y avait aussi le second lui, le médecin-milicien qui s’habillait comme un soldat, donc. Mais lui avait ce béret dans tout le monde se souviendra de l’étoile rouge au centre qui lui vaut son surnom. Béret tout de même style « chapeau cible » des boutiques Al’Aklass. Et un doux regard sérieux en guise de mise en garde.
Extrait d’« Avez-vous vu mon père ? » d’Isaac Kavinsky.
>> Psychologie
« Quand tu auras un objectif, tu vivras convenablement. » est la phrase avec laquelle il m’a élevé. Se trouver un but, puis foncer. C’est ce qu’il a toujours défendu au cours de sa vie. Relativement calme, comme je l’ai dit, suffisamment souriant, mon père n’avait pas d’ennemis et il n’en était pas un. A croire que la vie lui avait ôté ces problèmes-là.
La misère des autres étaient son seul souci, oh n’allez pas croire que c’était un bénévole altruiste, non. Il était engagé dans la milice en tant que médecin et soldat. Son métier collait parfaitement à ses réflexions sur les autres malheureux. Sauver des vies pour sauver la sienne. Une opération réussie n’était pas qu’une malheureuse croix ou une autre ligne débile sur son palmarès mais avant tout pour lui, le sourire de la famille du sauvé, l’avenir de celui-ci, une autre lignée, un grand-père… Il était souvent tourmenté après ça, savoir qu’il avait dans ses mains le destin d’une personne, c’était presque un pouvoir et lui, il voulait toujours l’utiliser pour le bien évidemment… Essayez alors de l’imaginer quand il échouait, quand il ne parvenait pas à assurer l’avenir d’un homme ou d’une femme. Il se métamorphosait, devenait presque fou, il pleurait plus que les proches du concerné. Ses crises duraient quelques semaines et pendant cette tirade il ne touchait pas à ses instruments. Ses sentiments touchaient toujours les extrêmes. Il prenait trop à cœur les choses, voyait les enfants comme les siens, les habitants comme ses frères.
Un homme occupé, neutre vis-à-vis de la société et anxieux. Si j’ai dit que la fumée était un de ses traits physiques, c’est aussi un de ses traits de caractères. J’avais toujours l’impression qu’il cachait son mal, son stress derrière des sourires qui me semblaient sincères et qui l’étaient sûrement, d’ailleurs. Mais comment dire… Mon père était un homme secret mais honnête. Cherchez-en près de chez vous et vous vous apercevrez qu’il y en a pas tant. Neutre ? Parce qu'il m’a souvent dit qu’il ne considérait pas la Marine meilleure que les Pirates. Les deux extrêmes étant pour lui, essentielles pour leur survie mais aussi essentielles pour le monde. De plus, même si je trouve qu'il en avait le caractère, la Révolution ne'intéressait pas. Il s'était engagé dans la milice de Logue Town pour défendre des causes qu'il pensait justes.
Il y avait aussi ses gestes, ses paroles… D’après ma mère, il ne disait que la vérité. Ça avait d’ailleurs posé pas mal de problèmes au niveau de leur couple… Lui était d’une honnêteté sans faille. On venait lui demandé conseil tant ses mots s’avéraient justes et sa clairvoyance haute. Qualifié de sage, c'était tout le peuple qui venait se confesser à lui. Mon père n'a jamais trahit la confiance d'autrui. Il connaissait tout le peuple et lui ne savait rien de lui.
Sachant que j’étais son fils, on me saluait et me souriait à tout va. Cette popularité faisait grand bien à notre famille. Jamais il ne s’est vanté bien qu’on l’acclamait tous les jours. Serein, j’avais dit ? J’aimais beaucoup aller en balade avec lui, il décrivait si bien les odeurs, les herbes, les arbres et les fleurs. Tout ça en articulant le moins de mots possible, parfois en ne disant rien. Je comprends pourquoi ma mère était toujours si amoureuse de lui après dix neuf ans. Je l’admirais aussi, son amour était plus fort que toutes ces filles qui se dandinaient devant lui. Mon père n’a aimé qu’une seule femme et cette femme m’a donné la vie.
Peut-être pensez-vous que je n’ai pas un regard objectif à cause de la tonne de compliments que je lui fais, que je ne mets en avant que ses qualités ? Je trouve bien peu de choses à lui reprocher à part sa dépendance aux cigares SW, la fumée étant devenue sienne, il se fondait souvent dans le brouillard épais qu’elle créait dans son bureau. Lieu où il passait la plupart du temps pour lire ou écrire, ses activités préférées après s’occuper de sa famille. Il rassurait ans cesse même quand ça n’était pas nécessaire, me poussait et m’encourageait dans chacun de mes choix. Très souvent m’aidait. Comme je l’ai dit, il avait une clairvoyance hors du commun et je tiens à le souligner. C’était aussi un excellent orateur quand il parlait (ce qui était rare) une voix qui infiltrait le cerveau pour ne plus jamais en sortir. Je me rappelle très bien, elle était fluide et pas du tout rocailleuse avec dans les dernières notes, une pointe de bonheur simple. Il ne jugeait personne, bien trop bon pour ça. Bien trop bon… Ce sont les mots qui le décrivent le mieux. Mais Papa, savais-tu que la gentillesse à l’excès n’avait jamais été quelque chose de bien ?
Je peux expliquer la fuite de mon père, son malaise. J’ai parlé de but tout à l’heure, si lui en avait un, ce n’était de ne pas perdre de vue la lumière. Il avait constamment peur de sombrer dans les ténèbres. Il se forçait peut-être à être gentil, trop, pour se laver de ces craintes-là.
Extrait d’« Avez-vous vu mon père ? » d’Isaac Kavinsky.
>> Biographie
Dans le brouillard, il me tourne le dos et s’enfuit en courant pour ne jamais revenir.
- Spoiler:
Un cliché de mon père âgé de deux années, sûrement. La photo a été prise dans son île natale à West Blue, l'Archipel Verte. Une île paradisiaque parait-il, peu peuplé. On m'a raconté que jeune, il n'avait qu'une envie : s'évader pour ne plus y revenir. Malgré la beauté du paysage, les animaux sauvages et dangereux régnaient en maîtres dans les montagnes, les plaines, les forêts. Les richesses étaient grandes, certes mais il y avait beaucoup à perdre. Il réussit donc avec mes grands parents à partir et après de nombreux déménagements ils finissent au Royaume de Bliss, à South Blue. Il commença à s'intéresser à la médecine à l'âge de 15 ans en blessant au genou une petite fille sur son chemin. Je le reconnais bien là, il a du faire taire ses pleurs et essayer de la soigner puis s'y être plu. Pourquoi pas faire sourire d'autres personnes ? A Bliss, il rencontra aussi ma mère, Louise. Ils se détestaient m'a-t-elle dit mais au bout de quelques mois les soi-disant ennemis jurés étaient déjà en concubinage. Or, il voulait s'éloigner de cette vie, tout oublier pour en construire une autre avec elle. Alors, ils sont partis.
Je me souviens, et c’est rare, je sais, de son visage quand je suis né. Tu n’as donc jamais changé de sourire, hein, Papa ? Je pense, car je ne sais pas, qu’il n’a jamais été un sale type. On ne change pas du jour au lendemain et moi, je l’ai connu pour la première fois quand il avait 20 ans. Jeune père déjà médecin, il avait lui-même fait accoucher sa femme, ma mère. Il m’avait dans les bras et elle, elle a vite fait récupéré son bien, moi, parce qu’elle n’avait tout de même pas attendu si longtemps pour que ce poltron de médecin en profite plus qu’elle ! Il s’est donc exécuté en riant tout en demandant aux autres de le laisser seul avec ce qui sera sa famille, désormais. Maman et moi.
De jeunes parents, ça a toujours peur et c’est normal, mais pas eux. Il avait su trouver les mots justes pour qu’elle ne s’inquiète pas, qu’elle ait envie plus que tout au monde de nous offrir une vie de famille chaleureuse et agréable. Et ça a été le cas. Je ne pourrais jamais oser critiquer mes parents. L’éducation qu’ils m’ont donné m’ont permis d’accéder aux grandes écoles de lettres et de publier pas mal de livres qui ont été dévoré par des milliers de personnes. C’est mon père, Asen, qui m’a poussé à continuer dans la voie de la prose, qui m’a donné le courage de pouvoir me livrer sur du papier. Il a toujours été la lumière du chemin noir sur lequel je marchais.
Nous habitions East Blue, la plus connue des quatre mers mais en plus, à Logue Town, le lieu (le plus connue des quatre mers) où a été exécuté le célèbre Gol D. Roger. Vie paisible en somme, j’ai toujours été habitué à la très forte population de la ville. De plus, mon père n’aurait pas déménagé pour un berrys à cause de la fabuleuse boutique de cigare de Mister Joe qu’il chérissait et aux quelques vêtements signés Al’Aklass qu’il avait adoré porter. Pas de doute, ce gaillard a toujours été à la mode.
Puis, c’est lui qui m’a apprit à marcher, je tenais ses index avec mes deux mains, le zizi à l’air et essayais d’avancer de façon extrêmement maladroite. A chaque fois que j’étais sur le point de tomber, il me rattrapait en criant « hopla ! ». C’est un bon souvenir. Il avait fraichement 22 ans et me récitait tous les soirs des histoires extraordinaires de Suna Land ou d’homme-poissons luttant contre l’injustice humaine. J’adorai même si je ne comprenais rien, les hommes-requins étaient supers forts ! Son but étant de m’apprendre quelques mots à seulement 2 ans, mes premières articulations ont été « truite » et non pas les habituels papas et mamans… Elle était d’ailleurs très jalouse de cette fameuse truite. C’est même grâce à tous ces contes qu’il m’avait narré que je me suis passionné de littérature… Enfin. J’ai fini par marcher la même année, il était très fier et c’est là qu’il a commencé à me porter sur ses épaules, encore plus que quand je n’étais pas en capacité de faire la route tout seul... Il était comme ça, je ne l’ai de toute façon, jamais compris. De ses épaules, j’observais la ville et la vie. J’avais l’impression d’être en haut d’une très grande montagne et de pouvoir attendre le ciel en levant les bras alors quand il me reposait sur mes pattes, qu’est-ce que j’ai pu en couler des larmes. Il n’aimait pas ça que je pleure mais il avait le don, je le redis… En quelques phrases et gestes tendres de sa part et son jeune fils redevenait le petit bout de chou calme qu’il choyait tous les jours. Papa gâteau, il a toujours été très câlin avec moi, j’avais le droit à des bisous et à des gouzis-gouzis mémorables. En y repensant, il n’élevait jamais la voix pour que je me calme quand j’étais en pleine crise de mon âge parce que je voulais la sucette, il n'élevait jamais la voix tout court d'ailleurs. C’est dire comme ses actions étaient douces et convaincantes. Je vous assure, pas de chantage, rien.
Le gros de l’histoire, ce qui l’embêtait, c’était quand même la médecine. Qu’il m’ait apprit à compter et à lire, on s’en fiche un peu. Malgré le fait qu’il soit un homme avec de grandes valeurs, Papa était quand même stressé voire anxieux quand maman lui parlait de son travail. Sauver des hommes si c’était facile, ça se saurait. Mais ce qu’inquiétait ma mère, c’était l’être à quoi il ressemblait quand il n’y arrivait pas. Un homme cerné en sueur pensant qu’il mériterait de mourir pour ne pas avoir su protéger une famille de la tristesse sans fin qu’est la perte d’un proche. Ce n’était pas l’homme qu’elle avait épousé, celui-là. Alors, quand ça arrivait, la phrase que j’entendais le plus souvent c’était « ce n’est pas de ta faute. » ou « des fois tu ne peux rien faire ! ». Il faut dire qu’elle n’avait pas tort, moi aussi je ne reconnaissais plus mon père. Il devenait quelqu’un de sombre, s’enfermait pour fumer jusqu’à s’étouffer. Il s’énervait, même. Contre ma mère ou contre moi pour des raisons absurdes. Il baignait dans l’absurde, oui. Il le devenait. Mais comment lui reprocher ? S’il était comme ça c’est parce qu’il voulait faire le bien. Simplement. Comment lui reprocher ? Et puis le jour où il redevenait normal bien souvent parce qu’on avait besoin de lui d’urgence à cause d’un état critique, ma mère se voyait revivre.
Les grèves étaient tendances en 1618, les civils manifestaient pour que les pirates n’aient pas accès à l’île. Bien que protégé par le célèbre 102ème régiment d’élite, Logue Town est une ville touristique et laisse beaucoup de liberté en ce qui concerne les passages. Papa s’était engagé contre les allers et venus intempestifs, il voulait qu’on les contrôle pour la sûreté de la ville, de ses frères, de ses enfants. Cette histoire est allée tellement loin qu’à ses 34 ans, un groupe d’habitants avaient fait déborder le vase en abattant un forban. La Marine a bien sûr ignorer le drame le jugeant d'habituel jusqu’à ce que l’équipage tout entier arrive pour se venger. Les civils ont prit les choses en main, notamment les armes et mon père s’est parfaitement intégré dans la milice contre ces groupes de bandits en s’élevant en tant que chef des soins, c'est-à-dire, très haut dans l’organigramme. Voyant que le tourisme avait soudainement cessé et que les pertes du côté des civils étaient désastreuses à cause de la mini-guerre locale, la Marine s’est vue obligé d’intervenir sous ordres en aidant les soldats de mon père.
Armes sophistiquées contre armes sophistiquées c'est bien souvent synonyme de beaucoup de boulot du côté des médecins. Avec le docteur Kavinsky en tant que chef, les équipes s’en sortaient bien, les marines touchés aussi. Mais mon père avait dû faire face vers la fin de la guerre lorsqu’il a eu ses 35 ans, à un ultime patient. Un simple lieutenant de la 14ème division qui avait été touché à la rate. Pas grand chose en soit, sauf qu’avant quelqu’un avait eu l’intelligente idée de lui raconter le passé du jeune homme. Si elle n’avait pas fait ça, je n’aurais peut-être pas eu besoin de vous demander où est mon père à présent. Ah, vous vous demandez peut-être ce qu’elle lui a dit ?
« Ce jeune soldat a un avenir tout tracé ! Vingt ans tout juste déjà une femme et un enfant qui vient de naître. Il respire la joie de vivre, heureusement que l’opération est relativement facile. J’aurai eu dû mal de devoir lui extraire une balle d’un organe important… Puis, sa mère est vraiment stressé, elle a tout misé sur son fils, son père les a quitté il y a quelques mois, il ne lui reste plus que lui pour subvenir au besoin de la famille. Il a eu de la chance de tomber sur le médecin le plus compétent de tout East Blue, n’est-ce pas, docteur Kavinsky ? »
Pour un homme extrêmement sensible et impliqué, le petit discours qui se voulait rassurant et quand même qui mettait en avant les talents de mon père n’avait fait que le stresser. Il pensait à la femme, l’enfant et à la mère s’il ne parvenait pas à sauver le soldat. Pourtant, ce n’était pas une opération difficile. Mais il avait le don. Le don de s’inquiéter pour un rien. Avoir de si lourdes charges à porter le faisait devenir presque fou. Avant de commencer les soins, il avait prit une grande bouffée d’air, je le sais. Il avait pensé à sa propre famille, à son fils qui serait fier de savoir que son père avait encore fait des rassurés. Mais il a commencé à repenser à ce que le jeune médecin lui avait dit et ses mains qui étaient entrain de sectionné la balle de la rate du jeune soldat ont tremblé. Il ne savait plus ce qu’il faisait, il voyait noir si bien que la balle a dérivé sur des artères si soudainement qu’elles se sont ouvertes. Le sang a coulé… Il a coulé…
Le soldat, père, mari, fils de 20 ans à l’avenir tout tracé était mort.
Ce soir là mon père est rentré tôt. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé entre temps. J’ai entendu de ses collègues qu’il s’est évanouit les yeux ouverts vers le ciel comme s’il venait lui-même de se tuer. Et quand j’y repense… C’était peut-être vrai.
Il est monté dans son bureau pendant que ma mère essayait de savoir ce qu’il s’était passé. Il l’ignorait et a fermé la porte à clef. Nous étions restés tout deux devant la porte de son deuxième lieu de vie sans pouvoir rien faire. Après les sanglots révélés par le silence de la maison, on a entendu un cri si impressionnant que j’eus peur qu’il soit entré de se donner la mort… Alors moi, âgé de 15 ans, j’ai tout fait pour défoncer la porte et quand j’y suis parvenu, je me suis retrouvé dans un nuage d’épaisse fumée. Après quelques secondes ma vue s’était adapté à la pièce puis…
Dans le brouillard, il me tourne le dos et s’enfuit en courant pour ne jamais revenir.
Extrait d’« Avez-vous vu mon père ? » d’Isaac Kavinsky.
Journal d’un combattant.
15. Assis sur ce qui nous sert de lit, ici à Tequila Wolf, un gamin qui traînait par là a réussi à m’dégoter ce torchon. Il avait reconnu mon nom qu’il m’a dit, héhé. Kavinsky. Isaac, mon fils. J’aimerais bien lui dire que je l’ai vu, son père. Que c’est un trouillard, qu’il a fuit. Que tous ces éloges sur sa soi-disant bienveillance spirituelle, c’était des conneries. J’y pense.
16. Ici, dans cette endroit affreux. J’avais cru voir la misère dans les yeux des soldats de la milice ou de la marine, j’avais cru voir la tristesse dans le regard d’une mère qui avait perdu son fils. J’avais seulement cru.
17. Je suis un esclave, maintenant. Ce fameux soir, j’ai pété un boulon et je me suis enfermé tout seul. Je pense que ce n’est pas une coïncidence si on m’a repêché en mer pour m’foutre dans ces chambres-cellules, m’obliger à travailler 20h par jour pour que dalle. Esquisser un de mes sourires d’avant que tu décris si bien Isaac, c’est devenu difficile. Y a plus de bonheur ni de joie sincère. J’ai envie de pleurer la plupart du temps. Y a 2 ans, j'ai pris une barque pensant pouvoir expier mes fautes en me dirigeant vers l'inconnu. Mais en fait je suis tombé sur tout ce qui a de plus populaire dans ce monde, l'esclavage, la misère, la maltraitance...
18. Pourtant, le gamin me décrit comme un héros. Qu’est-ce que j’ai fait, hein ? A part condamner un soldat et une famille, même deux. La sienne et la mienne. On est mort tous les deux. Y a plus de doc’, non non, lui il a fait place à l’esclave de base qui peut faire que s’lamenter de son statut.
19. Et Louise, elle va bien ? Je l’aimerais toujours, la Louise. Comme je serais toujours aux côtés d’Isaac. J’y pense.
Hiver, 1621. T’façon ici, c’est toujours l’Hiver.
34. Le pire dans tout ça, c’est que je commence à croire que c’est la vie. C’est comme il dit dans le bouquin. « Parce qu’on peut jouer avec le destin, mais on finira tous par défiler la parade, alors il se demandait, pourquoi lutter... C’est comme ça. » Pourquoi lutter, ouais. Et cette phrase, on peut l’utiliser en toute circonstance, phrase de lâche. Mais j’ai jamais dit que j’en étais pas un. Et tu ne l’as jamais dit dans le livre non plus.
35. J’suis content de mon fils quand même, il écrit bien. Parfois, ce n’est peut-être pas bien la vérité, mais c’est joliment écrit. On pardonne toujours aux jolis mensonges.
36. Le chantier naval de Tequila Wolf… Un cimetière plutôt. J’vois mourir plus de cinq gars par jour. J’en sauve quelques uns des fois, mais on ne peut rien faire contre la faim, nous les médecins. Pas que je me considère encore comme un doc’ mais si j’peux aider la galère. Pourquoi laisser ramer tes semblables quand tu peux le faire avec eux ?
37. Ce qu’est devenu le père Asen ? Un vieux en manque. Tu les as si bien cités, mes cigares. Toujours fan des SW, toujours. Mais bon, ici ils vendent au marché noir que des Portgas, c’est le moins cher et ça réchauffe, on en a bien besoin.
38. J'ai faim, moi aussi. Dans les écrits ça se ressent pas parce que je veux pas. Des fois je divague. Je pense à des trucs comme le passé, le présent et le futur. Qu'est-ce que j'en ferais de l'avenir qu'on veut bien me donner ? Me courber devant un connard qui me demande de travailler pour leur putain de gouvernement ?
39. J'en peux plus.
40. J'en ai jamais pu, de toute façon.
Hiver, 1621. Le temps ne change pas.
84. Aujourd’hui, on se barre. Ça se chuchote dans toutes les oreilles. Grâce à un héros, j’y serais resté que deux ans. Le roi Minos, le libérateur. Deux ans.
Quand t’as des rats pour partenaires de chambre tu te rends compte à quel point ta vie est merdique. Je suis descendu de l’« organigramme » comme tu dis. On m’a brutalement jeté de la colline. Ils me le paieront un jour.
85. La vengeance ? C’est pas mon genre mais j’ai montré par le passé que j’étais capable de sortir les armes si j’étais contre les décisions des hauts placés. Alors, qu’ils aillent se faire foutre ce Gouvernement Mondial.
86. Je ne sais pas pour qui j’écris et si un jour quelqu’un lit, alors, j’laisse les bouts de papiers et ton livre là, Isaac. Tu m’en voudras pas j’espère. Je prends la poudre d’escampette au plus vite parce que c’est l’heure, là. J'ai demandé "et les gardes ?" ils m'ont répondu qu'on allait les assommer. J'ai un peu peur de ce qui se passera ce soir mais bon, au fil des mois, disons que je me suis endurci, un peu.
87. Sur les feuilles, y a des traces de pieds, des crachats, des larmes, du sang et de la pisse. Elles ont subit autant que nous. Les coups, la pression, les injures de ces fumiers de gardes. A croire qu’un peu de supériorité donne la méchanceté et l’arrogance en offres spéciales aux hommes.
88. Je jure devant mon Honneur de ne pas devenir comme ça.
89. Dis, lecteur. Je ne sais pas qui de moi ou les autres haïr le plus.
Dernier Hiver, 1622. Moi je pars mais le temps restera le même pour ceux qui restent.
>> Test RP
Brise fraiche, vents marins puis je passe à un truc que je fais souvent, l’éveil des sens. C’est quoi cette connerie, hein ? C’est ce que vous vous dites. T’es parti comme un lâche, c’est quoi cette connerie ? Je suis un chasseur, lecteur. J’ai le mental d’un combattant. Le nez, les yeux, les doigts, la langue et les oreilles sont mes armes tandis que toi tu te nourris de combats soi-disant héroïques de mecs qui n’ont rien compris et qui continuent à s’entretuer avec des haches. Jamais de ma vie je ne tuer… Ah, c’est déjà fait. Jamais de ma vie je ne renoncerai à mon humanité et ma force naturelle pour des conneries faites à l’aide du plus bel arbre d’une île quelconque. Allez-vous faire foutre, les gars. Voilà.
J’entends le chant des sirènes, les insultes des pêcheurs et les gars qui tombent ou vomissent à cause d’une poivrade où ils l’ont eues bien ronde. Au fond, rien a changé. Juste un stupide médecin s’apprêtant à tout quitter : la femme, le gosse, les amis. Dehors, mes yeux regardent au loin. Je me sens comme étranger à Logue Town. Hé, « les gens sont étranges quand tu es un étranger et leur visages semblent laids quand tu es tout seul. » La ville, elle, toujours surpeuplée m’observe d’un œil méprisant, me rejette comme un enfant mal levé et mendiant. Que je parte, que je reste, elle vivra quand même. Enragé. J’suis. Peut-être parce que je me rends compte que je ne suis rien, que je suis aussi important que les gamins, que les criminels et le chien qui aboie parce qu’il meurt de faim. Un homme, quoi. Mais un homme qui a des pouvoirs tout de même, un homme qui peut garder un autre en vie. Et il a échoué. J’ai tourné le dos à tout le monde et me suis isolé pour mieux me faire du mal. Mon fils, ma femme. Tout ce que j'ai su leur montrer, c'est le derrière de mon crâne. Mon comportement pathétique. C'est ça l'exemple qu'il doit suivre, Isaac ? Je sens que c’est ma fin, mon nez renifle tout seul et pourtant je ne pleure pas. Je n’ai jamais pleuré. C’est bon, ça va aller. Ça c’est ce que je disais au gosse quand il était triste et ça ne marchait pas souvent. Asen ? Oui ? C’est bon, ça va aller. Ah. Je comprends pourquoi ça ne marchait pas souvent. Je crache la vie, son goût m’est amer. Tiens une métaphore, ce n’est pas comme si tu te reniais toi-même, non, mais la vie et c'est ta mère. Enfin, ce n’est pas tant la vie dont je lâche le goujon mais ce qui la compose. Les joies et les peines, tous ces panels de sentiments mimés, jamais interprétés. On est dans le faux. Le goût, c’est des arômes, ce n’est pas le naturel. Je ne touche pas l’fond hein, le fond c’est pitoyable. Pour moi, ce sera le plafond et ça, ça l’est encore plus. J’suis monté tellement haut, les gens étaient tellement bas que je suis devenu un autre homme. Celui qui a prétendu pouvoir en sauver d’autres. Celui même qui les a tués ces autres. Voilà, sens éveillés.
Je disais ? Pas pour ça que je pense que je suis un sale type. J’en suis pas un. Pas pour ça que je pense que j’ai raté ma vie. Elle ne l’est pas. Je ne suis pas comme ces gars détestables qui passent plus leur temps à se poser des questions qu’à agir. « Les gens sont étranges quand tu n’es pas comme eux, les femmes semblent perverses quand elles ne veulent pas de toi » alors, moi j’agis. Et je me retrouve perdu. Disons, je me retrouve plus. Mon esprit si bien rangé jusqu’à présent s’est transformé en dédale au moment de sa mort. Ou peut-être au moment de la mienne… Plus j’y pense, plus je m’enfouis dans le labyrinthe et plus je me rapproche du port. La mer est bruyante. J’entends les chahuts des mammifère marins, ils ne veulent pas que je vienne les rejoindre. Et pourtant… Une barque là bas, des rames ici, les deux réunis avec un grand gaillard dedans, ça se déplace. Ce que je fais. Je ne peux pas aller loin de toute façon, je n’irai pas loin. Je pense.
Au fond, il n’y a pas besoin des rames. Le courant m’emporte pendant que je m’allonge littéralement sur le petit flottant. J’ai emporté mes trésors avec moi, des cigares qui viennent décorer mes bottines et un écrin d’autres variétés que j’ai calé dans ma poche intérieure. Vu le temps, vu mon humeur, ce sera des Portgas. J’prends mon coupe-cigare, l’utilise et jette le bout à la mer. Dans le calcif, j’ai un pistolet allume fumeron qu’a pour deuxième fonction d’me détruire les poumons. On entend le coup d’zippo, le gaz bleu dans la petite flamme est joli. J’ai besoin d’une minute pour l’allumer vraiment et lui, comme c’est un Portgas en à peine quelques secondes, ils se consument pour laisser place à des cendres qui ont visiblement décidé de prendre ma belle chemise verte pour logis. Tant que je suis occupé, ça ne me dérange pas. J’attends puis j’souffle, la fumée de ces cigares sent le brûlé, coïncidence avec Ace ?
Je me redresse le dos droit et les cendres s’éparpillent maintenant sur mon futal. J’prends les paumes de mes mains pour qu’elles tiennent ma tête tombante, j’les frotte contre mes tempes en appuyant vainement jusqu’à me faire mal.
Sors de ma tête, maudis pressentiment.
Sors de ma tête, souffrance naissante.
Sortez de ma tête. Les maux.
Qu’est-ce que je fais… Je fonce naïvement dans le piège que je me suis fait à moi-même, on dirait bien. Le dédale, comme j’ai dit. Je continue à le parcourir et je me dis que l’entrée était la plus sûre en fait mais j’ai envie de voir ce que toute cette connerie me réserve. J’cherche. « Les rues ne sont pas sûres, quand tu as le cafard », c’est clair. J’ai peur de mon propre esprit. Qu’est-ce que je peux bien me réserver, c’est ça la question. Je me réserve en fait, ce que je ne ferais jamais aux autres. Les autres, hein… Ils pensent que tu es étrange, et quand tu l’es : des visages surgissent de la pluie, personne ne se rappelle de ton nom. Kavinsky. C’est vrai, qui à Logue Town se souviendra de moi ?
Merde… Isaac. Qu’est-ce que je fais… Faut que je rentre, je suis con. J’ai oublié mon gosse… Isaac. J’y pense et puis je vois la sortie. Sur la porte de celle-ci, il y a marqué :
Un pas de plus, et tout s’arrête.
Isaac, t’attendras, va. Revoir ma famille dans mon état, c’est leur infliger une peine plus lourde que celle que je porte et c’est hors de question. Puis, j’ai quoi à perdre, hein ? Tu sais ce que je te dis la porte ? Que le passé peut aller se faire foutre, maintenant. Oh je sais ce que tu penses, hein. « Un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir » et c’est la même chose pour un homme ? Mais la mémoire, je l’ai perdu. Je l’ai perdu je te dis, je vous dis... Si je la franchis la porte, qu’est-ce qui se passera ? Tout s’arrêtera, c’est ça ?! Tout s’est déjà arrêté, depuis le jour où je fais semblant. De l’enfance et les joues rouges à l’Archipel Verte à l’adolescence, les poils qui poussent à Bliss. J’ai emménagé dans la ville ou tout commence et tout s’arrête, tu n’es pas la première à m’avoir averti, la porte, tu vois. Tout s’est arrêté et oui, à partir de maintenant, tout s’est arrêté. Que je l’aimais ma vie mais je l’aimais trop. Rien ne se passait. Rien ne se passe. Ah si, j’oubliais ! Des vivants, des morts. Les gens sont étranges, quand tu ne réfléchis pas comme eux, leurs visages est méprisants. C’est ça qui se passe. Et tu veux une info ? Hein, tu la veux ? Ça se passe absolument partout. Je vivais trop bien. Alors tu sais ce que j’ai à te dire, la porte ? Tu ne m'arrêteras pas. Tout s’arrêtera.
M’ayant enfumé trois-quatre Portgas, ma chemise est devenue noire. Putain. J’adore cette chemise. J’lève la tête et je vois… Ah, c’est ça le pas de plus. J’ai levé la tête et j’ai vu… le néant des océans. Brouillard, grondement marin, vue trouble mais pas tant. Quand j’y pense, j’y suis habitué à ces conneries de fumées. Je dois être à deux milles lieues de Logue Town, là. Deux milles lieues de la vie bien rangée du petit salarié lambda de la grande ville lambda d’la blue lambda. Loin de ces conneries de normalités. Et pour la première fois vous savez quoi, j’me sens vivre. D’une, parce que je m’en suis éloigné, de deux, parce que mon ventre gronde comme si je n’avais rien avalé depuis 4 jours. Et là j’regrette. Louise, ma femme, elle, elle aurait su les calmer, ces cris. Peut-être que… J’ai parlé trop vite. Et puis, ce n’est pas trop tard pour revenir en arrière… Mais j’ai l’impression de fuir dans tous les cas. Si j’avance, si je recule : je fuis. Même rester sur place serait un signe de faiblesse.
Tch. Alors qu’est-ce qu’on fait, Asen ?
Tends ta main, regarde tes doigts et y a qu’un mot à dire. Adieu.
Pouce. Adieu à tous ces gens étranges qui te regardent comme tel, qui prennent mes sourires pour des « j'vous aime, surtout restez les mêmes ». Majeur. Adieu à ces marines de merdes qui te prennent de haut, qui défendent un gouvernement qui leur tourne le dos. Index et majeur. Ah, adieu à Logue Town et ses pseudos-fanatiques de Gold… Qui pensent que le lieu de sa mort est parfait dans leurs photos en tant que décor.
Annulaire. Adieu mon fils, mon sang, ma femme, ma sainte.
Ça fait un soir que ma tête crache ma haine, à croire qu’elle est enceinte…
Le ciel est en colère contre les océans, le vent se lève en grondant les mers impulsives qui se déchaînent et s’élèvent contre lui. Vous n’êtes pas sans savoir que celui qui subit est souvent celui au cœur de la dispute, et ce con, c’est moi. Pour décorer, les éclairs apparaissent ici et là. Un point pour le ciel. Or les eaux semblent pas apprécier et prépare une tempête. Un pas de plus et tout s’arrête… C’est toute la nature qui est contre moi. Deux des éléments.
Moi qui me considérais comme le cinquième.
La tempête arrive. Hélas.
Ah, je vais me la prendre en pleine figure, hélas encore. Pas la peine de résister. Elle arrive. Serait-ce le pas ? C'est là que tout s'arrête ? Elle apparaît comme une avalanche d'émotions qui cherche à me repousser. Un capharnaüm dont la totalité du bazar vient me heurter. Que faire ? Il n'y a rien à faire. Le ressenti a toujours été plus fort que l'homme paraît-il. Cette fois-ci, c'est à moi d'en faire la conclusion. Peut-être que le ciel et les mers ne se chamaillent pas, non, peut-être que c'est moi qu'ils disputent. Ils s'apprêtent à me faire payer ce que je suis entrain de fuir. Oui, elle arrive.
...
L’éveil des sens.
J’inspire bruyamment, mes narines sont charmées par l’odeur d’une prairie. Les senteurs viennent danser dans l’antre, déesses, douces, divines. J’en sens des blanches pures qui se dandinent lentement des rouges plus agressives qui font ça sensuellement. Mes mains touchent l’herbe mi-hautes, celles-ci chatouillent mon visage, mes cheveux suivent le mouvement emporté par le vent doux. La bouche ouverte, l’air vient m’effleurer la langue. Bizarre, un goût transpirant de sueur, de souffrance… J’entends des cris… Des fouets ? Les mêmes bruits que font les chaînes des détenus de la prison de Logue Town… J’ouvre les yeux, un visage, puis cinq. Une main qui m’attrape la mèche, l’autre le bras puis en moins de deux minutes, je me retrouve menotté. Sens éveillés. La prophétie le disait bien.
Tout s’arrête.
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