J’ouvre les yeux péniblement. Très peu de luminosité autour de moi, mes côtes me font mal. Ma bouche est sèche comme une vieille prostituée et ma tunique est à moitié déchirée. Grosse bosse sur la tête, cheveux en bataille, regard vaseux, le réveil est difficile.
Autour de moi, je distingue quelques cages. À ma droite un type recroquevillé sur sa paillasse crasseuse. À ma gauche, un gros dormeur ou un gros cadavre. En face, pas grand chose, un long couloir horizontal qui longe un mur en brique sombre. Et dans le fond, comme un grésillement de ruche, le son d’un amas d’insectes étouffé par la matière. On crie là bas, on scande des noms, on hurle sa rage et son excitation.
Je me masse les tempes. Un morceau de pain rassis et un verre d’eau tiédasse sont posés non loin de ma couche. Maigre repas, mais les rats qui gambadent un peu partout doivent penser que c’est déjà pas mal.
Une question avant toute chose : qu’est-ce que je fous là !? Je me souviens...l’escale sur Loguetown, la poursuite de Glenn, la mort de Shane. Y’avait Dale avec moi, on allait se barrer. Une sale soirée sur les quais, de la bière. Beaucoup. Ah putain impossible de recoller les morceaux.
« Tiens tiens, on est réveillé. »
Un type. Grand, costaud, chauve, avec les tatouages de celui qui en a une moyenne mais qui veut passer pour un étalon.
« Je suis où ?
- Shhh, doucement. Y’a des règles ici, tu parles quand je le permets. Moi les nouveaux, je les cajole s’ils sont respectueux. »
Moment d’hébètement. Le mec porte une sacrée moustache. Et de quoi il me parle ?
« Bordel qu’est-ce que... »
Douleur. Une douleur sévère, qui traverse les nerfs, qui éprouve l’échine. On vient de passer un espèce de bâton assez long par les barreaux. Et à son contact, c’est tout le corps qui implore le pardon.
« Mieux. Je sais que c’est difficile au début, mais tu dois t’y faire. Quand tu auras tout compris je ferai en sorte que ton séjour ici soit plus agréable. Moi c’est Abraham, je suis chargé de te garder en assez bonne forme pour que tu puisses participer à ce qui se fait à côté. »
Je veux balancer une centaine d’insultes, vomir mon indignation à la barbe et à la moustache de ce pédéraste du dimanche. Mais la raison est parfois plus importante, et je dois garder des forces pour comprendre au moins ce qui se passe ici. Il me fait un signe joyeux, comme s’il était content, et consent à me laisser poser une question.
« Où on est ?
- Un petit îlot à quelques miles de Loguetown. Tranquille en apparence, mais les gens d’ici appellent cet endroit Le Purgatoire. Tu devrais le savoir non? »
J’ai même pas envie de demander pourquoi. Le Macho man me regarde avec un mélange de jubilation et de tendresse. Il doit aimer ça, les hommes libres perdus dans les limbes.
« Écoute, tu n’as pas de Talking à faire aujourd’hui alors pour que tu comprennes mieux je vais te faire voir tout ça en tant que spectateur. »
Il ouvre la serrure, en ayant au préalable pris soin de me cramer les neurones avec son machin, me menotte et m’emmène. Celui à ma gauche ne bouge toujours pas mais ronfle à présent comme un ogre de Barback. On traverse le couloir, et je vois défiler un nombre certain de prisonniers attendant leur heure le mieux possible. Je n’ai pas le temps de réfléchir, mais comment diable ai-je fait pour me retrouver dans cette merde ? Sur le chemin, mon geôlier me fait la conversation.
« On t’a pris parce que ton dernier exploit a titillé notre intérêt. Et t’as bien le profil de celui qui parle peu mais qui en a gros sous le champignon. Les affaires des uns font les malheurs des autres apparemment. Quoi que... p’tet bien que tu vas t’y plaire ici. »
Et après avoir passé deux larges portes je comprends soudain l’origine des étranges sons que j’entendais.
Des gradins, une salle immense. Et au centre, un terrain de sable. Des bras sont levés, une foule de damnés conjure les deux êtres au milieu qui tentent de survivre en remportant un âpre combat.
« Voilà un Talking, une bataille entre les combattants. Ici on extériorise nos sentiments, on crie aussi fort que l'on peut. Ici sont regroupés ceux qui sont morts depuis un bon moment. Bienvenue étranger. Bienvenue au Talking Dead, la rédemption des âmes maudites. »
J’en reste sans voix. Sur le terrain, des créatures semblables à des serpents sur deux pattes participent aux joutes en narguant ou en blessant les deux participants. Quel est le principe ? Survivre sans doute. Un rassemblement immonde de psychopathes venus pour voir du sang et des larmes.
« Bon dieu. »
Je viens de regarder avec plus d’attention l’arène. Aux prises avec un colosse poilu, le buste transpirant et la chair meurtrie, je vois Dale qui tente de rester en vie quelques minutes de plus dans cet enfer.
Autour de moi, je distingue quelques cages. À ma droite un type recroquevillé sur sa paillasse crasseuse. À ma gauche, un gros dormeur ou un gros cadavre. En face, pas grand chose, un long couloir horizontal qui longe un mur en brique sombre. Et dans le fond, comme un grésillement de ruche, le son d’un amas d’insectes étouffé par la matière. On crie là bas, on scande des noms, on hurle sa rage et son excitation.
Je me masse les tempes. Un morceau de pain rassis et un verre d’eau tiédasse sont posés non loin de ma couche. Maigre repas, mais les rats qui gambadent un peu partout doivent penser que c’est déjà pas mal.
Une question avant toute chose : qu’est-ce que je fous là !? Je me souviens...l’escale sur Loguetown, la poursuite de Glenn, la mort de Shane. Y’avait Dale avec moi, on allait se barrer. Une sale soirée sur les quais, de la bière. Beaucoup. Ah putain impossible de recoller les morceaux.
« Tiens tiens, on est réveillé. »
Un type. Grand, costaud, chauve, avec les tatouages de celui qui en a une moyenne mais qui veut passer pour un étalon.
« Je suis où ?
- Shhh, doucement. Y’a des règles ici, tu parles quand je le permets. Moi les nouveaux, je les cajole s’ils sont respectueux. »
Moment d’hébètement. Le mec porte une sacrée moustache. Et de quoi il me parle ?
« Bordel qu’est-ce que... »
Douleur. Une douleur sévère, qui traverse les nerfs, qui éprouve l’échine. On vient de passer un espèce de bâton assez long par les barreaux. Et à son contact, c’est tout le corps qui implore le pardon.
« Mieux. Je sais que c’est difficile au début, mais tu dois t’y faire. Quand tu auras tout compris je ferai en sorte que ton séjour ici soit plus agréable. Moi c’est Abraham, je suis chargé de te garder en assez bonne forme pour que tu puisses participer à ce qui se fait à côté. »
Je veux balancer une centaine d’insultes, vomir mon indignation à la barbe et à la moustache de ce pédéraste du dimanche. Mais la raison est parfois plus importante, et je dois garder des forces pour comprendre au moins ce qui se passe ici. Il me fait un signe joyeux, comme s’il était content, et consent à me laisser poser une question.
« Où on est ?
- Un petit îlot à quelques miles de Loguetown. Tranquille en apparence, mais les gens d’ici appellent cet endroit Le Purgatoire. Tu devrais le savoir non? »
J’ai même pas envie de demander pourquoi. Le Macho man me regarde avec un mélange de jubilation et de tendresse. Il doit aimer ça, les hommes libres perdus dans les limbes.
« Écoute, tu n’as pas de Talking à faire aujourd’hui alors pour que tu comprennes mieux je vais te faire voir tout ça en tant que spectateur. »
Il ouvre la serrure, en ayant au préalable pris soin de me cramer les neurones avec son machin, me menotte et m’emmène. Celui à ma gauche ne bouge toujours pas mais ronfle à présent comme un ogre de Barback. On traverse le couloir, et je vois défiler un nombre certain de prisonniers attendant leur heure le mieux possible. Je n’ai pas le temps de réfléchir, mais comment diable ai-je fait pour me retrouver dans cette merde ? Sur le chemin, mon geôlier me fait la conversation.
« On t’a pris parce que ton dernier exploit a titillé notre intérêt. Et t’as bien le profil de celui qui parle peu mais qui en a gros sous le champignon. Les affaires des uns font les malheurs des autres apparemment. Quoi que... p’tet bien que tu vas t’y plaire ici. »
Et après avoir passé deux larges portes je comprends soudain l’origine des étranges sons que j’entendais.
Des gradins, une salle immense. Et au centre, un terrain de sable. Des bras sont levés, une foule de damnés conjure les deux êtres au milieu qui tentent de survivre en remportant un âpre combat.
« Voilà un Talking, une bataille entre les combattants. Ici on extériorise nos sentiments, on crie aussi fort que l'on peut. Ici sont regroupés ceux qui sont morts depuis un bon moment. Bienvenue étranger. Bienvenue au Talking Dead, la rédemption des âmes maudites. »
J’en reste sans voix. Sur le terrain, des créatures semblables à des serpents sur deux pattes participent aux joutes en narguant ou en blessant les deux participants. Quel est le principe ? Survivre sans doute. Un rassemblement immonde de psychopathes venus pour voir du sang et des larmes.
« Bon dieu. »
Je viens de regarder avec plus d’attention l’arène. Aux prises avec un colosse poilu, le buste transpirant et la chair meurtrie, je vois Dale qui tente de rester en vie quelques minutes de plus dans cet enfer.
Dernière édition par Rimbau D. Layr le Mar 25 Juin 2013 - 13:09, édité 3 fois