Le Léviathan. Majestueux. Il dépassait de la mer de brume qui s'étalait sur ce versant de Drum. Deux cuirassés le jouxtaient, mais ce n'était pas cela la principale préoccupation de l'assassin. Du sommet de son promontoire, il avait une vue imprenable sur la baie et tout ce qu'elle comprenait. Il tira de sa poche une longue-vue, empruntée à ses frères quelques heures plus tôt. Il avisa le pont du navire qu'il désirait rejoindre, cherchant à identifier les différentes personne encore présentes dessus. Il dénota qu'une grande partie des officiers avait quitté le navire, ou étaient encore endormis ce qui était peu probable. Parfait. Il étudia encore quelques instants, jusqu'à apercevoir l'homme qu'il recherchait sur le pont de son navire. Il grinça des dents en l'apercevant, ressentant jusqu'au fond de ses tripes la force du Contre-Amiral. Il ne le savait pas encore, mais il avait déjà dépassé son père, et de loin. Salem n'était qu'aux premiers pas sur sa route, et il en ferait bien d'autre. Mais en cette funeste journée, il était sur la route de l'assassin. Celui-ci n'était pas suicidaire au point de l'affronter ou de le croiser. Non, il lui faudrait simplement agir vite. Il rangea précipitamment la longue-vue à sa ceinture. L'espace d'une seconde, il avait eu l'impression de croiser le regard d'Alheïri. À lui en faire frissonner l'échine. Que ce soit par la peur ou le plaisir d'un affrontement prochain, il n'aurait su le dire. Mais cette décharge d'adrénaline ne fit que le conforter dans son choix.
Il n'y avait plus de temps à perdre, ni à hésiter. Il lui faudrait déjà vérifier si tout s'était déroulé comme il l'avait prévu, et selon les dires de Mafaele. Qu'il y ait peu d'officiers visibles à bord augurait de mauvaises surprises. Son den den n'avait pas vibré depuis le début de la nuit, donc il ne se passait rien de grave pour l'heure. Parfait. Les autres n'apprécieraient peut-être pas cette initiative, mais lui la jugeait nécessaire. Ce navire était un symbole de la force du Gouvernement, et il représentait en cet instant la cible la plus facile de son pouvoir. Alleyn était souffrant, il ne serait plus un danger avant un long moment. Alors il fallait frapper maintenant. Fort, et dur. Hé hé. Il connaissait le navire par coeur. Ses forces, ses faiblesses. Là où la poudre était entreposée. La position de chaque écoutille, l'emplacement de tous les cabillots. Il n'avait qu'à fermer les yeux et le Léviathan lui apparaissait dans son ensemble. Mais il fallait avant tout décider d'un plan d'action, savoir où et quand frapper. Le gouvernail était trop proche de Salem, et il serait stupide d'y toucher. Non, ce qu'il fallait, c'était marquer le coup. Haut et fort. Détruire le grand mât ? Ou ceux d'artimon et de misaine ... Bien que colossal, le Léviathan était bâti sur le même principe que de nombreux navires. Seules changeait la matière. Il était fait de bois d'Adam et de granit marin ... mais pas partout. L'assassin avait suffisamment cheminé à l'intérieur du navire pour savoir qu'il possédait quelques failles et de maigres défauts. Défauts cependant exploitables. La coque était faite de bois massif ... lourdement protégée face aux attaques externes. Il fallait aussi prendre garde au granit marin : toute exposition pouvait se révéler fatale.
L'assassin parut se désagréger lentement, puis il se fondit dans la masse du brouillard tout en demeurant d'une couleur légèrement plus grisâtre que cette dernière. Il profita du fait que le soleil éblouissait la vigie pour se faufiler au dessus des flots. La brume masquait son avancée, d'autant plus qu'il savait exactement par où aller. Il s'arrêta à quelques centimètres de la coque, puis s'engouffra sans un bruit à travers une écoutille. Le clapet frémit légèrement. Ils n'étaient pas recouverts de granit marin, première faille. L'assassin retrouva son intégrité physique à côté d'un des canons du premier niveau du côté tribord du navire. Il s'arrêta quelques secondes, tendant l'oreille pour percevoir les moindres perturbations dans le navire. Il entendit quelques hommes discuter, plaisanter puis plus rien. Il sourit, puis observa les lieux. Rien à gauche et rien à droite. Doucement, il posa sa main gauche à terre, et un léger filet de fumée commença à s'en échapper. Suivant le contour du pont inférieur, il s'arrêta au niveau d'un amoncellement de tonneaux de poudre. Il était non loin des cuisines, et ce point donnait sur la cheminée de la cuisine. Le premier assaut devrait se révéler impressionnant et dévastateur. Et, surtout, se trouver en pleine ligne de mire vers le rivage. Penseraient-ils à une attaque des révolutionnaires, tirant profit de la brume ? Assurément, hé hé, ils pensaient la passe sous leur contrôle et ne craignaient rien de la mer. Une légère sphère de fumée commença à se dessiner au bout de l'émanation créée par l'assassin, puis il serra le poing, concentrant toute sa force dans cette action. Sans faire plus de bruit qu'une bourrasque, il apparut au centre d'un nuage de fumée, à côté d'un amoncellement de tonneaux de poudre. Quatre hommes étaient là, à surveiller la zone de distribution. Comme d'habitude ... Tirant ses lames secrètes, l'assassin perfora les deux premiers entre la cinquième et la sixième vertèbre, les empêchant de crier puis il élimina les soldats restants en claquant la nuque du plus proche et plantant sa lame sous le menton de l'autre, la faisant ressortir entre ses deux yeux. Première phase accomplie ... Il fit rouler les tonneaux un peu plus proche de la coque sans perdre de temps. Son coeur battait à tout rompre. Il perça le premier d'entre eux, et organisa rapidement la poudre qui s'en échappait. Puis il attrapa l'un des mousquet des marines morts. Il s'empara de sa petite réserve de poudre, de son amorce et de son silex. Il mit en place ces derniers et inspira un grand coup. Le plus dur restait à faire. La prochaine cible était sous le grand mât, à bâbord. Il inspira une seconde fois, lorsque des bruits de pas se firent entendre, venant du fond de la pièce. Plus de temps à perdre ! Il fit jaillir les étincelles une fois. Les pas se rapprochaient. Deux fois. Quelqu'un appela l'un des morts. Trois fois.
Filant à la vitesse du vent, l'assassin ignora les voix qui le hélèrent une fraction de seconde avant que l'explosion ne vint mettre fin à leur revendications. Il entendit une partie de la coque se fissurer et les divers dégâts occasionnés par son acte terroriste. La cuisine avait du voler en éclat et l'explosion se propager sur le pont, plus pour l'effet spectaculaire que les dégâts. Avec un peu de chance, une voile se serait enflammée ! Mais peu importait à présent. L'émanation fumeuse en laquelle s'était changé l'assassin filait à travers les cabines, se cantonnant au plafond des étages inférieurs. Il passa au dessus de bon nombre de soldats, trop préoccupés par l'explosion qui secouait leur bateau pour lever les yeux. Il arriva ainsi rapidement au niveau du second point d'attaque. Là, seulement deux hommes gardaient le tas de poudre. Les autres avaient du se précipiter plus en avant pour voir ce qu'il se passait. Bien, l'effet de surprise durait encore. Mais ce ne serait plus long. Dès la seconde explosion, ils se douteraient de ce qu'il se passait ... L'assassin élimina le premier d'un seul geste, mais il ne fut pas assez rapide pour empêcher le deuxième de crier. Un demi-cri, à vrai dire, emporté dans un gargouillis sanglant. Un soldat se présenta presque aussi tôt, mais il fut cueillit par une dague de jet entre les deux yeux. Vite, avant que d'autre n'arrivent ! Rafael perça les tonneaux, ne perdant pas de temps à les déplacer. Il se servit des réserves de poudre des marines morts pour allonger la ligne qu'il essayait de créer puis il s'empara d'un de leur fusil pour amorcer l'explosion. Deux hommes firent alors leur entrée dans la pièce, alarmés par le cri du garde. Le feu démarra dès le premier coup, mais l'un des marines stoppa son évolution d'un coup de semelle. Rageant, Rafael passa à travers eux sous forme de fumée, puis se retourna dans le même geste. Pas de panique, il existait une solution à ce genre de chose, et il avait tout prévu. Il arma son mousquet de manche et toisa les soldats d'un sourire insolent. Il aurait préféré garder cette balle pour le dernier tas, mais les circonstances ne le lui permettaient pas. Tant pis. Il fit feu sans préavis et une explosion tonitruante emporta les deux téméraires. L'assassin se détourna à temps pour ne pas souffrir de cette dernière et disparut au profit des couloirs sombres des ponts inférieurs du Léviathan.
Rafael s'efforçait de rester aussi détaché que possible, de ne pas penser à ces hommes qu'il avait côtoyé pendant de nombreux jours. Bien qu'ils fussent marines, il connaissait le prénom de bon nombre et tous n'étaient pas des hommes de mal. Beaucoup avaient fait le choix du mauvais camp et il s'en désolait, mais à ce stade c'était lui ou eux. Et le choix était toujours simple ainsi tourné. Il s'engouffra par un passage dérobé vers la cale principale, évitant ainsi la majorité des soldats qui accouraient vers le second lieu d'explosion. Cette dernière avait du fortement endommager l'emplanture du grand mat, à défaut de la détruire. La coque s'était certainement ouverte, et peut-être même une voie d'eau dans le meilleur des cas. La bordé de Carène du premier pont et du second n'avaient pas du résister. Quand à la coque ... espérions le. L'assassin, toujours sous la forme d'un nuage opaque de fumée, se faufila jusqu'à l'emplanture du mât d'artimon et remonta jusqu'au troisième pont par les interstices entre ce dernier et le bois. Arrivé là, il se retourna et reprit forme humaine. Il scruta l'obscurité puis se dirigea au pas de course vers la pièce qui tenait lieu d'armurerie au Léviathan. Il neutralisa deux hommes sur son chemin : tout reposait sur la vitesse. Dans le mouvement, il subtilisa un mousquet à l'un d'entre eux puis continua sa folle course. Il arriva rapidement à la porte. Il sauta vers elle et se mit en boule, puis s'écrasa contre le bois et vola en éclat, avant que la fumée ne passe à travers l'encadrement en bois de la porte. Il se recomposa de l'autre côté, tirant sa lame secrète hors de sa gaine. Ici aurait lieu l'explosion la plus forte, ici était entreposée la plus grosse réserve de poudre du navire, les tonneaux qui n'avaient pas leur place dans les réserves subsidiaires, dont deux avaient explosé quelques seconde plus tôt. Un sourire mesquin se dessina sur ses traits, tandis qu'il armait son mousquet et le dirigeait vers le tas de poudre. Ses contours perdirent en substance : il se préparait déjà au choc qu'engendrerait la détonation. Il inspira un grand coup et son doigt glissa sur la gâchette.
Il n'y avait plus de temps à perdre, ni à hésiter. Il lui faudrait déjà vérifier si tout s'était déroulé comme il l'avait prévu, et selon les dires de Mafaele. Qu'il y ait peu d'officiers visibles à bord augurait de mauvaises surprises. Son den den n'avait pas vibré depuis le début de la nuit, donc il ne se passait rien de grave pour l'heure. Parfait. Les autres n'apprécieraient peut-être pas cette initiative, mais lui la jugeait nécessaire. Ce navire était un symbole de la force du Gouvernement, et il représentait en cet instant la cible la plus facile de son pouvoir. Alleyn était souffrant, il ne serait plus un danger avant un long moment. Alors il fallait frapper maintenant. Fort, et dur. Hé hé. Il connaissait le navire par coeur. Ses forces, ses faiblesses. Là où la poudre était entreposée. La position de chaque écoutille, l'emplacement de tous les cabillots. Il n'avait qu'à fermer les yeux et le Léviathan lui apparaissait dans son ensemble. Mais il fallait avant tout décider d'un plan d'action, savoir où et quand frapper. Le gouvernail était trop proche de Salem, et il serait stupide d'y toucher. Non, ce qu'il fallait, c'était marquer le coup. Haut et fort. Détruire le grand mât ? Ou ceux d'artimon et de misaine ... Bien que colossal, le Léviathan était bâti sur le même principe que de nombreux navires. Seules changeait la matière. Il était fait de bois d'Adam et de granit marin ... mais pas partout. L'assassin avait suffisamment cheminé à l'intérieur du navire pour savoir qu'il possédait quelques failles et de maigres défauts. Défauts cependant exploitables. La coque était faite de bois massif ... lourdement protégée face aux attaques externes. Il fallait aussi prendre garde au granit marin : toute exposition pouvait se révéler fatale.
L'assassin parut se désagréger lentement, puis il se fondit dans la masse du brouillard tout en demeurant d'une couleur légèrement plus grisâtre que cette dernière. Il profita du fait que le soleil éblouissait la vigie pour se faufiler au dessus des flots. La brume masquait son avancée, d'autant plus qu'il savait exactement par où aller. Il s'arrêta à quelques centimètres de la coque, puis s'engouffra sans un bruit à travers une écoutille. Le clapet frémit légèrement. Ils n'étaient pas recouverts de granit marin, première faille. L'assassin retrouva son intégrité physique à côté d'un des canons du premier niveau du côté tribord du navire. Il s'arrêta quelques secondes, tendant l'oreille pour percevoir les moindres perturbations dans le navire. Il entendit quelques hommes discuter, plaisanter puis plus rien. Il sourit, puis observa les lieux. Rien à gauche et rien à droite. Doucement, il posa sa main gauche à terre, et un léger filet de fumée commença à s'en échapper. Suivant le contour du pont inférieur, il s'arrêta au niveau d'un amoncellement de tonneaux de poudre. Il était non loin des cuisines, et ce point donnait sur la cheminée de la cuisine. Le premier assaut devrait se révéler impressionnant et dévastateur. Et, surtout, se trouver en pleine ligne de mire vers le rivage. Penseraient-ils à une attaque des révolutionnaires, tirant profit de la brume ? Assurément, hé hé, ils pensaient la passe sous leur contrôle et ne craignaient rien de la mer. Une légère sphère de fumée commença à se dessiner au bout de l'émanation créée par l'assassin, puis il serra le poing, concentrant toute sa force dans cette action. Sans faire plus de bruit qu'une bourrasque, il apparut au centre d'un nuage de fumée, à côté d'un amoncellement de tonneaux de poudre. Quatre hommes étaient là, à surveiller la zone de distribution. Comme d'habitude ... Tirant ses lames secrètes, l'assassin perfora les deux premiers entre la cinquième et la sixième vertèbre, les empêchant de crier puis il élimina les soldats restants en claquant la nuque du plus proche et plantant sa lame sous le menton de l'autre, la faisant ressortir entre ses deux yeux. Première phase accomplie ... Il fit rouler les tonneaux un peu plus proche de la coque sans perdre de temps. Son coeur battait à tout rompre. Il perça le premier d'entre eux, et organisa rapidement la poudre qui s'en échappait. Puis il attrapa l'un des mousquet des marines morts. Il s'empara de sa petite réserve de poudre, de son amorce et de son silex. Il mit en place ces derniers et inspira un grand coup. Le plus dur restait à faire. La prochaine cible était sous le grand mât, à bâbord. Il inspira une seconde fois, lorsque des bruits de pas se firent entendre, venant du fond de la pièce. Plus de temps à perdre ! Il fit jaillir les étincelles une fois. Les pas se rapprochaient. Deux fois. Quelqu'un appela l'un des morts. Trois fois.
Filant à la vitesse du vent, l'assassin ignora les voix qui le hélèrent une fraction de seconde avant que l'explosion ne vint mettre fin à leur revendications. Il entendit une partie de la coque se fissurer et les divers dégâts occasionnés par son acte terroriste. La cuisine avait du voler en éclat et l'explosion se propager sur le pont, plus pour l'effet spectaculaire que les dégâts. Avec un peu de chance, une voile se serait enflammée ! Mais peu importait à présent. L'émanation fumeuse en laquelle s'était changé l'assassin filait à travers les cabines, se cantonnant au plafond des étages inférieurs. Il passa au dessus de bon nombre de soldats, trop préoccupés par l'explosion qui secouait leur bateau pour lever les yeux. Il arriva ainsi rapidement au niveau du second point d'attaque. Là, seulement deux hommes gardaient le tas de poudre. Les autres avaient du se précipiter plus en avant pour voir ce qu'il se passait. Bien, l'effet de surprise durait encore. Mais ce ne serait plus long. Dès la seconde explosion, ils se douteraient de ce qu'il se passait ... L'assassin élimina le premier d'un seul geste, mais il ne fut pas assez rapide pour empêcher le deuxième de crier. Un demi-cri, à vrai dire, emporté dans un gargouillis sanglant. Un soldat se présenta presque aussi tôt, mais il fut cueillit par une dague de jet entre les deux yeux. Vite, avant que d'autre n'arrivent ! Rafael perça les tonneaux, ne perdant pas de temps à les déplacer. Il se servit des réserves de poudre des marines morts pour allonger la ligne qu'il essayait de créer puis il s'empara d'un de leur fusil pour amorcer l'explosion. Deux hommes firent alors leur entrée dans la pièce, alarmés par le cri du garde. Le feu démarra dès le premier coup, mais l'un des marines stoppa son évolution d'un coup de semelle. Rageant, Rafael passa à travers eux sous forme de fumée, puis se retourna dans le même geste. Pas de panique, il existait une solution à ce genre de chose, et il avait tout prévu. Il arma son mousquet de manche et toisa les soldats d'un sourire insolent. Il aurait préféré garder cette balle pour le dernier tas, mais les circonstances ne le lui permettaient pas. Tant pis. Il fit feu sans préavis et une explosion tonitruante emporta les deux téméraires. L'assassin se détourna à temps pour ne pas souffrir de cette dernière et disparut au profit des couloirs sombres des ponts inférieurs du Léviathan.
Rafael s'efforçait de rester aussi détaché que possible, de ne pas penser à ces hommes qu'il avait côtoyé pendant de nombreux jours. Bien qu'ils fussent marines, il connaissait le prénom de bon nombre et tous n'étaient pas des hommes de mal. Beaucoup avaient fait le choix du mauvais camp et il s'en désolait, mais à ce stade c'était lui ou eux. Et le choix était toujours simple ainsi tourné. Il s'engouffra par un passage dérobé vers la cale principale, évitant ainsi la majorité des soldats qui accouraient vers le second lieu d'explosion. Cette dernière avait du fortement endommager l'emplanture du grand mat, à défaut de la détruire. La coque s'était certainement ouverte, et peut-être même une voie d'eau dans le meilleur des cas. La bordé de Carène du premier pont et du second n'avaient pas du résister. Quand à la coque ... espérions le. L'assassin, toujours sous la forme d'un nuage opaque de fumée, se faufila jusqu'à l'emplanture du mât d'artimon et remonta jusqu'au troisième pont par les interstices entre ce dernier et le bois. Arrivé là, il se retourna et reprit forme humaine. Il scruta l'obscurité puis se dirigea au pas de course vers la pièce qui tenait lieu d'armurerie au Léviathan. Il neutralisa deux hommes sur son chemin : tout reposait sur la vitesse. Dans le mouvement, il subtilisa un mousquet à l'un d'entre eux puis continua sa folle course. Il arriva rapidement à la porte. Il sauta vers elle et se mit en boule, puis s'écrasa contre le bois et vola en éclat, avant que la fumée ne passe à travers l'encadrement en bois de la porte. Il se recomposa de l'autre côté, tirant sa lame secrète hors de sa gaine. Ici aurait lieu l'explosion la plus forte, ici était entreposée la plus grosse réserve de poudre du navire, les tonneaux qui n'avaient pas leur place dans les réserves subsidiaires, dont deux avaient explosé quelques seconde plus tôt. Un sourire mesquin se dessina sur ses traits, tandis qu'il armait son mousquet et le dirigeait vers le tas de poudre. Ses contours perdirent en substance : il se préparait déjà au choc qu'engendrerait la détonation. Il inspira un grand coup et son doigt glissa sur la gâchette.
Dans quelques dizaines de minutes, il aurait rejoint Mafaele et se battrait aux côtés de ses frères. Et ce pendant que le plus glorieux symbole de la Marine serait la proie des flammes. Le sort en était jeté.