Désolé, la maison fait plus crédit.
Allez, un beau geste, quoi. Tu vas pas laisser un chic type comme moi mourir de soif.
Mourir de soif ? Nooon, je le permettrais pas. Tiens, jte paye un verre ...
Oh, merci, t'es un pote Lloyd.
... d'eau. J'veux même bien te noyer dans un seau de flotte entier, si besoin.
De ... de l'eau ... ?
Et rien d'autre.
Bwarg, au large, démon.
J'tire une sale grimace de dégoût. La fausse joie, quoi, c'est pas fair-play, ça, Lloyd. Mais Lloyd, lui, il rigole. Un rire franc, large, tout plein de gaieté. Alors j'rigole aussi, c'est bien les gens dont la bonne humeur est communicative. Ça m'fait me rappeler qu'il a pas tort. Il est quinze heures, je suis vaguement rôti même si pas trop en apparence, et j'lui tiens minablement la jambe pour me rincer le gosier même si j'ai plus un rond. Hm, ouais, c'est net; dans cette scène là, c'est moi qui tiens le rôle du mec chiant. Allez, Rik, faut s'resaisir. Trouver une solution. Le cerveau gamberge un brin, jusqu'à la fulgurance qui fait plaisir. J'tape du poing sur le bar et manque de renverser le verre à moitié rempli de mon voisin de tabouret.
Il me faut de l'oseille.
Ouaip, j'ai trouvé ça tout seul. Si, si, vraiment. Des fois, jm'épate. Lloyd me dit que c'est une sage décision, que c'est pas mal, pour changer. Parce que c'est vrai que j'suis cool, et ça l'embête de me voir picoler comme un pilier de bar cuit à point.
Tu m'embauches ? Jte fais un serveur du tonnerre, moi.
Pour que tu boives à l'œil entre deux services ? Ah, ça non.
Han, t'es rude Lloyd.
La confiance règne pas des masses, mais c'est assez normal, jlui ai donné aucune raison de voir le mec réglo qui se fait discret derrière le picolo. J'insiste pas, et jme remets à réfléchir. Ça étonne tellement Lloyd qu'il lâche son vieux chiffon et arrête d'essuyer les verres. À la place, il me refile un bon tuyau, spontanément, gratuitement.
Va donc faire un tour du côté des Docks. Ça embauche souvent, par là-bas.
Les Docks ? Tu veux dire ... un travail physique ?
Arg, l'horreur. Bosser, quoi. Fournir un effort, transpirer. Forcer. Brr. Ça me ressemble pas. Moi, j'aime, le spectacle, le magique. L'ambiance, des sourires baignés de lumière. Un cadre. Mais ça. C'est pas fait pour moi, ces choses là. Ça m'fatigue rien que d'y penser.
Hm, t'as pas un truc plus paisible, sous la main ?
Nope. Et t'es pas vraiment en position de faire le difficile, mon gars, tu crois pas ?
Maah. Ça m'chagrine de le reconnaître, mais il a bougrement raison. Il va falloir se salir les mains. J'pourrais essayer de trouver une table, et de me faire avancer l'argent pour rejoindre le jeu, mais les plans de ce genre sont rarement porteurs de bonnes choses. On finit avec des mecs pas content au cul, embauchés par ton créditeur pour te faire cracher les Berrys que t'as pas à la méthode forte. Manquerait plus qu'ça. Non, j'tiens pas mal à mon intégrité physique. Si j'veux réussir à m'barrer d'ici à temps pour les satellites au Blues Poker Tour – c'est le plus grand rendez-vous annuel de Poker des quatre océans – il va falloir se retrousser les manches. Allez, courage, Rik. Bosser, ça peut pas être si terrible. C'est qu'un mauvais moment à passer. Et puis, quand tu t'en seras sorti, ça te fera une chouette histoire à raconter. Le jour où tu as travaillé.
Bien parlé, Lloyd. Jm'en vais suivre ton conseil.
Tu vois qu'tu sais être raisonnable.
Hé Lloyd ...
Quoi ?
Tu m'en offres un dernier pour la route ? Ça donne du cœur à l'ouvrage, à c'qu'on dit.
Teh, fiche moi le camp ! La prochaine fois que tu franchis les portes de ce bar, c'est pour régler ton ardoise. Et t'avises pas de l'oublier.
Rho, tu m'connais. J'oserais pas te faire ça.
J'aime bien Lloyd. Il est cool.
Me vla dehors. Iéh, y'a de la lumière. Beaucoup trop. Vite, lunettes. Là, c'est mieux. En prime, il fait bon, ces temps-ci. Y'a une douce chaleur qui flatte la peau. Un vrai crève-cœur de devoir bosser par un temps pareil. Mais bon, faut s'faire une raison. L'avantage de ce rade, outre son gérant, c'est qu'il est pas loin des quais. J'y serai en cinq minutes, sans me presser. Jme roule une tige en marchant, craque une allumette et remonte vers le port. Y'a une sacrée agitation. Des gars qui portent des caisses, d'autres qui poncent des planches. Ça fleure bon le bois travaillé. Hm, finalement, ça sera ptetre pas si mal. J'envisage un espèce de petit contremaître grincheux, et lui demande s'il a un job pour moi. Il me répond qu'il y a toujours besoin de main d'œuvre, mais qu'il est pas sûr que je sois taillé pour l'exercice. Sans blague. Tu m'apprends un truc là, pour vrai. C'est ma demi-gueule de bois, mon super blazer ou mon physique de catcheur qui te fait penser ça ?
Jm'en vais pour tourner les talons. Le mec a pas l'air conciliant. Et après tout, on va pas insister pour se tuer la santé. Mais à ce moment là, un mastodonte rigolard se pointe et pose une énorme paluche sur l'épaule du gratte papier à la mine pincée qui semble tout d'un coup ridiculement petit à côté de lui. Ça me tire un sourire, ça mérite au moins que j'écoute ce qu'il a à dire.
On peut toujours lui trouver une utilité, à ce gars là. S'il est là, c'est qu'il en veut. Pas vrai, qut'en veux ?
C'est à moi qu'il parle. J'étais en train d'me demander combien il s'enfile de steak au pti déj, le colosse. Pas le genre de coco que t'as envie d'emmerder, pour sûr. Jlui réponds sagement.
Ah, ça ... J'peux faire quoi ?
Là, on bosse sur une grosse commande, mais y'a pas mal de trucs qui trainent, en marge de ça. Tu vois la gamine là-bas ?
La petite, là ... ?
Géhéhé, la petite, c'est cela oui. Elle, c'est Serena. Va la voir, et aide là. Si elle te chasse pas, te mange pas, te jette pas, on envisagera de te garder plus longtemps qu'un aprèm.
Hin. Ça m'va.
Cool. J'pensais qu'on allait me faire bosser dur, mais en fait. Y'a ptetre moyen de tirer au flanc savamment. Suffit de négocier ça avec "la gamine". Qui est occupée à brailler consciencieusement sur je sais pas trop qui je sais pas trop pourquoi, mais en tout cas, ils essuient une sacrée gueulante. Que j'interromps, quand bien même c'est assez drôle à voir faire.
Serena, c'est ça ? Le géant là-bas m'envoie te filer un coup d'main. Par quoi j'commence ?
Allez, un beau geste, quoi. Tu vas pas laisser un chic type comme moi mourir de soif.
Mourir de soif ? Nooon, je le permettrais pas. Tiens, jte paye un verre ...
Oh, merci, t'es un pote Lloyd.
... d'eau. J'veux même bien te noyer dans un seau de flotte entier, si besoin.
De ... de l'eau ... ?
Et rien d'autre.
Bwarg, au large, démon.
J'tire une sale grimace de dégoût. La fausse joie, quoi, c'est pas fair-play, ça, Lloyd. Mais Lloyd, lui, il rigole. Un rire franc, large, tout plein de gaieté. Alors j'rigole aussi, c'est bien les gens dont la bonne humeur est communicative. Ça m'fait me rappeler qu'il a pas tort. Il est quinze heures, je suis vaguement rôti même si pas trop en apparence, et j'lui tiens minablement la jambe pour me rincer le gosier même si j'ai plus un rond. Hm, ouais, c'est net; dans cette scène là, c'est moi qui tiens le rôle du mec chiant. Allez, Rik, faut s'resaisir. Trouver une solution. Le cerveau gamberge un brin, jusqu'à la fulgurance qui fait plaisir. J'tape du poing sur le bar et manque de renverser le verre à moitié rempli de mon voisin de tabouret.
Il me faut de l'oseille.
Ouaip, j'ai trouvé ça tout seul. Si, si, vraiment. Des fois, jm'épate. Lloyd me dit que c'est une sage décision, que c'est pas mal, pour changer. Parce que c'est vrai que j'suis cool, et ça l'embête de me voir picoler comme un pilier de bar cuit à point.
Tu m'embauches ? Jte fais un serveur du tonnerre, moi.
Pour que tu boives à l'œil entre deux services ? Ah, ça non.
Han, t'es rude Lloyd.
La confiance règne pas des masses, mais c'est assez normal, jlui ai donné aucune raison de voir le mec réglo qui se fait discret derrière le picolo. J'insiste pas, et jme remets à réfléchir. Ça étonne tellement Lloyd qu'il lâche son vieux chiffon et arrête d'essuyer les verres. À la place, il me refile un bon tuyau, spontanément, gratuitement.
Va donc faire un tour du côté des Docks. Ça embauche souvent, par là-bas.
Les Docks ? Tu veux dire ... un travail physique ?
Arg, l'horreur. Bosser, quoi. Fournir un effort, transpirer. Forcer. Brr. Ça me ressemble pas. Moi, j'aime, le spectacle, le magique. L'ambiance, des sourires baignés de lumière. Un cadre. Mais ça. C'est pas fait pour moi, ces choses là. Ça m'fatigue rien que d'y penser.
Hm, t'as pas un truc plus paisible, sous la main ?
Nope. Et t'es pas vraiment en position de faire le difficile, mon gars, tu crois pas ?
Maah. Ça m'chagrine de le reconnaître, mais il a bougrement raison. Il va falloir se salir les mains. J'pourrais essayer de trouver une table, et de me faire avancer l'argent pour rejoindre le jeu, mais les plans de ce genre sont rarement porteurs de bonnes choses. On finit avec des mecs pas content au cul, embauchés par ton créditeur pour te faire cracher les Berrys que t'as pas à la méthode forte. Manquerait plus qu'ça. Non, j'tiens pas mal à mon intégrité physique. Si j'veux réussir à m'barrer d'ici à temps pour les satellites au Blues Poker Tour – c'est le plus grand rendez-vous annuel de Poker des quatre océans – il va falloir se retrousser les manches. Allez, courage, Rik. Bosser, ça peut pas être si terrible. C'est qu'un mauvais moment à passer. Et puis, quand tu t'en seras sorti, ça te fera une chouette histoire à raconter. Le jour où tu as travaillé.
Bien parlé, Lloyd. Jm'en vais suivre ton conseil.
Tu vois qu'tu sais être raisonnable.
Hé Lloyd ...
Quoi ?
Tu m'en offres un dernier pour la route ? Ça donne du cœur à l'ouvrage, à c'qu'on dit.
Teh, fiche moi le camp ! La prochaine fois que tu franchis les portes de ce bar, c'est pour régler ton ardoise. Et t'avises pas de l'oublier.
Rho, tu m'connais. J'oserais pas te faire ça.
J'aime bien Lloyd. Il est cool.
Me vla dehors. Iéh, y'a de la lumière. Beaucoup trop. Vite, lunettes. Là, c'est mieux. En prime, il fait bon, ces temps-ci. Y'a une douce chaleur qui flatte la peau. Un vrai crève-cœur de devoir bosser par un temps pareil. Mais bon, faut s'faire une raison. L'avantage de ce rade, outre son gérant, c'est qu'il est pas loin des quais. J'y serai en cinq minutes, sans me presser. Jme roule une tige en marchant, craque une allumette et remonte vers le port. Y'a une sacrée agitation. Des gars qui portent des caisses, d'autres qui poncent des planches. Ça fleure bon le bois travaillé. Hm, finalement, ça sera ptetre pas si mal. J'envisage un espèce de petit contremaître grincheux, et lui demande s'il a un job pour moi. Il me répond qu'il y a toujours besoin de main d'œuvre, mais qu'il est pas sûr que je sois taillé pour l'exercice. Sans blague. Tu m'apprends un truc là, pour vrai. C'est ma demi-gueule de bois, mon super blazer ou mon physique de catcheur qui te fait penser ça ?
Jm'en vais pour tourner les talons. Le mec a pas l'air conciliant. Et après tout, on va pas insister pour se tuer la santé. Mais à ce moment là, un mastodonte rigolard se pointe et pose une énorme paluche sur l'épaule du gratte papier à la mine pincée qui semble tout d'un coup ridiculement petit à côté de lui. Ça me tire un sourire, ça mérite au moins que j'écoute ce qu'il a à dire.
On peut toujours lui trouver une utilité, à ce gars là. S'il est là, c'est qu'il en veut. Pas vrai, qut'en veux ?
C'est à moi qu'il parle. J'étais en train d'me demander combien il s'enfile de steak au pti déj, le colosse. Pas le genre de coco que t'as envie d'emmerder, pour sûr. Jlui réponds sagement.
Ah, ça ... J'peux faire quoi ?
Là, on bosse sur une grosse commande, mais y'a pas mal de trucs qui trainent, en marge de ça. Tu vois la gamine là-bas ?
La petite, là ... ?
Géhéhé, la petite, c'est cela oui. Elle, c'est Serena. Va la voir, et aide là. Si elle te chasse pas, te mange pas, te jette pas, on envisagera de te garder plus longtemps qu'un aprèm.
Hin. Ça m'va.
Cool. J'pensais qu'on allait me faire bosser dur, mais en fait. Y'a ptetre moyen de tirer au flanc savamment. Suffit de négocier ça avec "la gamine". Qui est occupée à brailler consciencieusement sur je sais pas trop qui je sais pas trop pourquoi, mais en tout cas, ils essuient une sacrée gueulante. Que j'interromps, quand bien même c'est assez drôle à voir faire.
Serena, c'est ça ? Le géant là-bas m'envoie te filer un coup d'main. Par quoi j'commence ?