Le soleil dardait ses derniers rayons sur la mer de South Blue en une rafraichissante journée de printemps. Un petit vaisseau de transport de la Marine voguait à son rythme à quelques encablures du Quartier Général de la Marine. A son bord, une dizaine de Marines de tous horizons impatients d’accoster. Parmi ces derniers, une sous-officier, la Commandante Tendo, ne semblait pas partager leur enthousiasme. Hikari se tenait sur le pont, adossée au mat, et laissait la douce brise printanière souffler sur son visage. Habillée en civil, un attirail qu’elle préférait de loin à la sobriété de l’uniforme, la femme paraissait soucieuse, perdue dans ses pensées. Quelques jours plus tôt, elle avait pris la mer en direction du QG pour y recevoir sa nouvelle affectation, après l’annonce de la dissolution de son précédent équipage. La Marine expérimentée avait servi la même personne et sur le même bateau pendant presque douze ans et ce depuis son incorporation dans la Marine. Elle devait littéralement tout à ses précédents camarades et au glorieux navire qui les avait transporté toutes ces années. La période de transition qu’elle vivait en ce moment était un moment particulièrement important dans sa vie, aussi bien au niveau personnel que professionnel d’ailleurs. Hikari n’était plus la jeune femme timide et rêveuse qui avait fuit son île natale. Son rêve était devenu une réalité. Elle vivait sa vie comme elle l’entendait et avait finalement l’impression d’avoir trouvé sa place dans l’ordre des choses. Alors qu’elle ressassait les derniers évènements, le transporteur arriva finalement à bon port. Les Marines à bord s’empressèrent de prendre leur paquetage et mirent pied à terre, accueillis par d’autres qui faisaient le chemin inverse. Hikari attendit son tour, se composa un visage de circonstance et se fraya un chemin à travers la foule. Elle se dirigea de suite d’un pas décidé vers le quartier des officiers, son unique bagage sur l’épaule. Il était finalement temps de passer à autre chose.
Pour un QG de la Marine, la forteresse était relativement petite. Rien à voir avec ce qui se faisait sur Grand Line. La bâtisse aurait même tenu dans le sous-sol de l’aile sud-est de Marie-Joie… Modeste donc mais il est vrai que les Blues n’étaient pas le repère des criminels de grande envergure. Les dangers dont devaient faire face les Marines étaient somme toute limités et consistaient principalement en l’arrestation de pirates débutants et le règlement de quelques querelles civiles. Ajoutez un soupçon d’activité révolutionnaire et vous obtenez un ensemble pas vraiment excitant pour la majeure partie des Marines qui cherchaient un défi à leur mesure. Pour en revenir au design du QG, il consistait en un imposant baraquement surplombé d’une tour faisant office de donjon et de phare. Le tout entièrement bâtit en pierre claire extrêmement tape-à-l’œil. Pas de quoi casser trois pattes à un canard, ni à un architecte d’ailleurs. Hikari n’y prêta même pas attention. Elle marchait depuis dix bonnes minutes et s’apprêtait à pénétrer dans le QG lorsqu’un Marine l’interpella. Elle remarqua tout de suite ses galons de Sergent :
« Madaaaaame ! Les civils ne sont pas admis dans l’enceinte du quartier général sans autorisation. Je vais vous raccompagner au port et de là vous pourrez prendre le chemin de la ville. Après vous, Madame. »
Hikari aurait trouvé le Marine courtois s’il ne l’avait pas appelé Madame. Ses traits se durcirent et une veine saillit sur son front, une énorme veine. Qu’il la prenne pour une civile passe encore mais pour un vieille, hors de question ! Hikari déposa son sac au sol, l’ouvrit, et sortit la veste réglementaire de l’uniforme de la Marine. Elle l’endossa lentement, fixant le grouillot d’un regard aussi tranchant que l’acier. En apercevant les épaulettes d’Hikari, le Marine devint blême. Profitant de son petit effet, elle en profita pour lui répondre sur un ton sec et cassant :
« Sergent, je suis la Commandante Tendo. Je veux voir le responsable de cette base. »
Le Marine répondit par l’affirmative, se présenta sous le nom de Zeis et s’empressa de lui montrer le chemin. Hikari lui emboita le pas, enlevant sa veste par la même occasion. Observer le vrai caractère d’une personne s’avérait bien plus efficace lorsqu’elle masquait sa véritable identité. Ils pénétrèrent dans les baraquements et la Commandante fut conduite au bureau du responsable. Sur la plaque elle put lire : « Sous-lieutenant Ahou Mura ». Outre le nom qui incitait à la moquerie, Hikari s’étonna qu’un Sous-lieutenant commande un QG de la Marine. Elle ne fit aucune remarque et suivit le Sergent à l’intérieur du bureau.
La pièce était richement décorée, trop richement décorée. Le mobilier était de très belle facture et les finitions, en métaux précieux, scintillaient de mille feux. Un gigantesque lustre en ce qui s’apparentait à du cristal donnait à la pièce un standing digne d’un monarque. Hikari s’attendait à ce que son occupant soit une sorte de dandy, héritier d’une famille riche du coin. La réalité en était tout autre. Assis sur un imposant fauteuil, se tenait un homme de petite stature au physique ingrat et au gout vestimentaire quelconque. Son regard allait des somptueuses décorations au Sous-lieutenant qui semblait absorbé par son travail. Le Sergent annonça la visiteuse pour attirer son attention :
« Sous-lieutenant Ahou, désolé de vous interrompre. Je vous présente la Comman… »
Le Marine n’eut pas le temps de finir sa phrase. Son supérieur se leva brusquement de sa chaise et l’interrompit de la main. Il se plaça face à Hikari, qui le dominait quasiment d’une tête et évalua brièvement la belle. Il hocha de la tête d’un air entendu et s’exprima d’un ton sûr :
« Vous devez être l’Adjudant-chef Tanaka ! J’ai vu votre CV et il est impressionnant. Bizarrement je croyais que vos yeux étaient noirs. Assurément la faute d’un scribouillard débutant. » fit-il en cherchant le fameux document dans un tas de paperasse. Il mit finalement la main dessus et compara la photo avec Hikari. Le Sergent voulut protester et avouer à son supérieur la méprise mais la Commandante l’empêcha d’un clin d’œil subtil et surtout d’un regard de prédateur qui lui glaça les veines. Elle prenait étrangement beaucoup de plaisir à cette situation. Surtout en imaginant le futur de ce sous-officier incapable.
Photo sur le CV de l'Adjudant Tanaka
« Effectivement vos yeux sont noirs et la coiffure est différente. Je ferais rétrograder l’incapable qui s’est trompé. Vous pouvez disposer. Le Sergent Zeis vous assignera à vos nouvelles fonctions demain. »
Hikari esquissa une parodie de salut réglementaire et quitta prestement la pièce, le Sergent à ses basques. Ce dernier tenta de s’excuser du traitement inapproprié qu’elle venait de subir mais Hikari n’y prêta aucune attention. Elle voulait manger et se reposer dans un lit confortable, le voyage avait été long et pénible. Elle se chargerait de remettre le Sous-lieutenant à sa place le lendemain et prendrait connaissance de sa nouvelle affectation par la même occasion.
La Commandante se réveilla aux aurores au son du clairon. Elle mit une bonne heure pour se préparer et se dirigea vers la cantine, déserte à cette heure la. La plupart des Marines étant déjà sur le pied de guerre. Elle prit un copieux petit-déjeuner dans le calme et se prépara mentalement à ses obligations de jour. Hikari se dirigea ensuite vers le bureau du Sous-lieutenant Ahou mais le Sergent l’intercepta avant qu’elle n’y parvienne. Visiblement toujours troublé par les évènements de la veille, il parla d’une voix hésitante, soutenant le regard sévère de son interlocutrice :
« Commandante Tendo, permettez moi de réitérer mes excuses pour l’incident d’hier mais surtout de vous expliquez de quoi il retourne. Le Sous-lieutenant Ahou n’est pas le commandant de cette base mais son second. Le Lieutenant Tanaka étant actuellement à Marie-Joie pour y soumettre son rapport annuel sur l’activité de South Blue. Il devrait revenir d’un jour à l’autre. »
« Et en quoi est-ce mon problème Sergent ? Cet Ahou m’a tout l’air d’un incapable et votre Lieutenant est un imbécile de l’avoir gardé sous ses ordres. Tout me porte à croire qu’on a réuni en ce lieu les pires rebus de la Marine. Normal me direz-vous vu le peu d’activité criminelle dans cette partie du monde. Sur ce, laissez moi passer. »
« Mada… Commandante Tendo ! Ne mettez pas tout le monde dans le même panier je vous prie. Il y a beaucoup de Marines compétents dans cette base et notamment notre chef ! C’est que… qu’il y a… des circonstances. Le Lieutenant Tanaka a ses raisons. S’il vous plait, attendez au moins son retour avant de châtier le Sous-lieutenant Ahou. Si vous ne pouvez pas attendre, permettez moi de vous menez au bureau du Lieutenant. Peut être y trouverez vous ce que vous cherchez. »
Hikari haussa les épaules et soupira. Décidément ce Marine était un bon orateur à défaut d’avoir le charisme adéquat. Quelque chose se tramait dans cette base mais ce n’était pas la raison de sa visite. Elle céda à la demande impertinente du Sergent Zeis et lui fit un bref signe de la main, lui intimant de la guider. Le Sergent courba la tête avant de s’élancer dans un couloir. Après quelques minutes, il désigna une porte qu’il ouvrit aussitôt. Après un salut réglementaire, il laissa Hikari seule. Elle se mit aussitôt en quête du papier notifiant sa nouvelle affectation. Le soleil était à son zénith lorsqu’elle trouva finalement son bonheur dans une montagne de paperasse administrative. Une sorte de chaos dans lequel seul son auteur était capable de s’y retrouver. Elle lut une bonne partie du papier en diagonale, esquivant par là même les banalités d’usage et apprit qu’elle était dorénavant affectée au service du Colonel Alheïri S. Fenyang qui officiait sur les Blues. Un petit bout de papier avec la mention « F-142 » était agrafé au dos du document. Hikari regarda autour d’elle et remarqua que c’était le nom des imposants casiers qui remplissaient un pan de mur entier. Elle ouvrit le casier en question et y découvrit un escargophone qu’elle s’empressa de mettre dans sa poche. La Commandante remit le document en place dans la pile et ce faisant, fit tomber un classeur par terre. Lorsqu’elle le ramassa elle put lire « Missions urgentes ». Curieuse, Hikari feuilleta quelques pages et son visage devint cramoisi. Il s’agissait là du listing des missions prioritaires assignées à la base et certaines remontaient à plus d’une semaine ! Ivre de colère, la Commandante, quitta le bureau du Lieutenant Tanaka, le dossier en question sous le bras et se dirigea vers celui de son second. Elle n’allait pas laisser passer cette histoire !
Malheureusement ou heureusement d’ailleurs, c’est encore le Sergent Zeis qui croisa sa route. Mais cette fois-ci Hikari était dans une toute autre disposition. Le Sergent s’en aperçu rapidement, ainsi que du fameux dossier, mais ne chercha pas à s’esquiver. La Commandante se défoula sur lui :
« Bande d’incapables ! C’est quoi ce merdier ! Ces missions sont prioritaires pour une bonne raison. Des innocents crèvent et personne ne bouge le petit doigt ! Je vais tous vous dézinguer moi ça va pas trainer. Vous aller récurer des chiottes jusqu’à ce que vos mains saignent! Toi le débile, amène-moi à l’autre con. Et que ça saute ! »
Le Sergent semblait tétaniser par la colère d’Hikari au point qu’il ne pouvait même plus parler. De peur d’être frapper voire torturer ou exécuter sur place, il déglutit pour s’éclaircir la voix et laissa filtrer quelques mots :
« Je vous en prie Commandante, calmez-vous. Je ne savais pas. Personne ne savait. Ce n’est pas de notre ressort. »
« Ferme la trou-du-cul ! Je t’ai donné un ordre ! Et ne me dis pas que c’est ta loyauté envers ce fameux Lieutenant Tanaka qui t’empêche d’y obéir. La hiérarchie ne représente rien pour toi ? Tu veux retourner à la vie civile ? Non ? Alors magne-toi ! »
« Commandante Tendo ! Si je dois être rétrogradé voire être expulsé de la Marine pour vous avoir désobéit et bien soit. C’est un prix que je suis prêt à payer. Je vous implore, ne faite rien au Sous-lieutenant Ahou. Je ferais n’importe quoi. »
Hikari jura et se retint de frapper son interlocuteur. Ca l’énervait au plus haut point que les gens lui résistent. Elle avait fait tellement de chemin depuis ses classes. Ce n’était plus une gamine incapable de se faire entendre ! En dépit de cela, le Sergent Zeis lui résistait et montrait une détermination sans failles et un esprit de sacrifice qui finalement lui rappelait les siens. La raison pour laquelle il protégeait le Sous-lieutenant devait être d’une importance capitale. Après quelques secondes de réflexion, elle évacua sa colère en frappant le mur de toutes ses forces. Le poignet en sang, elle prit une grande inspiration et fixa son interlocuteur une lueur d’entendement dans le regard.
« Sergent Zeis, votre loyauté est admirable. Si vous mettez tant de zèle à couvrir un incapable comme Ahou c’est que vous devez avoir une bonne raison. Votre supérieur a de la chance de vous compter dans ses rangs. Personnellement je m’en contrefiche mais je me dois d’agir. » fit-elle en empoignant une page dans le dossier, un rare sourire aux lèvres.
« Sergent, affrétez moi un navire et qu’un équipage se tienne prêt à embarquer. Nous partons dans la demi-heure. »
Pour un QG de la Marine, la forteresse était relativement petite. Rien à voir avec ce qui se faisait sur Grand Line. La bâtisse aurait même tenu dans le sous-sol de l’aile sud-est de Marie-Joie… Modeste donc mais il est vrai que les Blues n’étaient pas le repère des criminels de grande envergure. Les dangers dont devaient faire face les Marines étaient somme toute limités et consistaient principalement en l’arrestation de pirates débutants et le règlement de quelques querelles civiles. Ajoutez un soupçon d’activité révolutionnaire et vous obtenez un ensemble pas vraiment excitant pour la majeure partie des Marines qui cherchaient un défi à leur mesure. Pour en revenir au design du QG, il consistait en un imposant baraquement surplombé d’une tour faisant office de donjon et de phare. Le tout entièrement bâtit en pierre claire extrêmement tape-à-l’œil. Pas de quoi casser trois pattes à un canard, ni à un architecte d’ailleurs. Hikari n’y prêta même pas attention. Elle marchait depuis dix bonnes minutes et s’apprêtait à pénétrer dans le QG lorsqu’un Marine l’interpella. Elle remarqua tout de suite ses galons de Sergent :
« Madaaaaame ! Les civils ne sont pas admis dans l’enceinte du quartier général sans autorisation. Je vais vous raccompagner au port et de là vous pourrez prendre le chemin de la ville. Après vous, Madame. »
Hikari aurait trouvé le Marine courtois s’il ne l’avait pas appelé Madame. Ses traits se durcirent et une veine saillit sur son front, une énorme veine. Qu’il la prenne pour une civile passe encore mais pour un vieille, hors de question ! Hikari déposa son sac au sol, l’ouvrit, et sortit la veste réglementaire de l’uniforme de la Marine. Elle l’endossa lentement, fixant le grouillot d’un regard aussi tranchant que l’acier. En apercevant les épaulettes d’Hikari, le Marine devint blême. Profitant de son petit effet, elle en profita pour lui répondre sur un ton sec et cassant :
« Sergent, je suis la Commandante Tendo. Je veux voir le responsable de cette base. »
Le Marine répondit par l’affirmative, se présenta sous le nom de Zeis et s’empressa de lui montrer le chemin. Hikari lui emboita le pas, enlevant sa veste par la même occasion. Observer le vrai caractère d’une personne s’avérait bien plus efficace lorsqu’elle masquait sa véritable identité. Ils pénétrèrent dans les baraquements et la Commandante fut conduite au bureau du responsable. Sur la plaque elle put lire : « Sous-lieutenant Ahou Mura ». Outre le nom qui incitait à la moquerie, Hikari s’étonna qu’un Sous-lieutenant commande un QG de la Marine. Elle ne fit aucune remarque et suivit le Sergent à l’intérieur du bureau.
La pièce était richement décorée, trop richement décorée. Le mobilier était de très belle facture et les finitions, en métaux précieux, scintillaient de mille feux. Un gigantesque lustre en ce qui s’apparentait à du cristal donnait à la pièce un standing digne d’un monarque. Hikari s’attendait à ce que son occupant soit une sorte de dandy, héritier d’une famille riche du coin. La réalité en était tout autre. Assis sur un imposant fauteuil, se tenait un homme de petite stature au physique ingrat et au gout vestimentaire quelconque. Son regard allait des somptueuses décorations au Sous-lieutenant qui semblait absorbé par son travail. Le Sergent annonça la visiteuse pour attirer son attention :
« Sous-lieutenant Ahou, désolé de vous interrompre. Je vous présente la Comman… »
Le Marine n’eut pas le temps de finir sa phrase. Son supérieur se leva brusquement de sa chaise et l’interrompit de la main. Il se plaça face à Hikari, qui le dominait quasiment d’une tête et évalua brièvement la belle. Il hocha de la tête d’un air entendu et s’exprima d’un ton sûr :
« Vous devez être l’Adjudant-chef Tanaka ! J’ai vu votre CV et il est impressionnant. Bizarrement je croyais que vos yeux étaient noirs. Assurément la faute d’un scribouillard débutant. » fit-il en cherchant le fameux document dans un tas de paperasse. Il mit finalement la main dessus et compara la photo avec Hikari. Le Sergent voulut protester et avouer à son supérieur la méprise mais la Commandante l’empêcha d’un clin d’œil subtil et surtout d’un regard de prédateur qui lui glaça les veines. Elle prenait étrangement beaucoup de plaisir à cette situation. Surtout en imaginant le futur de ce sous-officier incapable.
Photo sur le CV de l'Adjudant Tanaka
« Effectivement vos yeux sont noirs et la coiffure est différente. Je ferais rétrograder l’incapable qui s’est trompé. Vous pouvez disposer. Le Sergent Zeis vous assignera à vos nouvelles fonctions demain. »
Hikari esquissa une parodie de salut réglementaire et quitta prestement la pièce, le Sergent à ses basques. Ce dernier tenta de s’excuser du traitement inapproprié qu’elle venait de subir mais Hikari n’y prêta aucune attention. Elle voulait manger et se reposer dans un lit confortable, le voyage avait été long et pénible. Elle se chargerait de remettre le Sous-lieutenant à sa place le lendemain et prendrait connaissance de sa nouvelle affectation par la même occasion.
La Commandante se réveilla aux aurores au son du clairon. Elle mit une bonne heure pour se préparer et se dirigea vers la cantine, déserte à cette heure la. La plupart des Marines étant déjà sur le pied de guerre. Elle prit un copieux petit-déjeuner dans le calme et se prépara mentalement à ses obligations de jour. Hikari se dirigea ensuite vers le bureau du Sous-lieutenant Ahou mais le Sergent l’intercepta avant qu’elle n’y parvienne. Visiblement toujours troublé par les évènements de la veille, il parla d’une voix hésitante, soutenant le regard sévère de son interlocutrice :
« Commandante Tendo, permettez moi de réitérer mes excuses pour l’incident d’hier mais surtout de vous expliquez de quoi il retourne. Le Sous-lieutenant Ahou n’est pas le commandant de cette base mais son second. Le Lieutenant Tanaka étant actuellement à Marie-Joie pour y soumettre son rapport annuel sur l’activité de South Blue. Il devrait revenir d’un jour à l’autre. »
« Et en quoi est-ce mon problème Sergent ? Cet Ahou m’a tout l’air d’un incapable et votre Lieutenant est un imbécile de l’avoir gardé sous ses ordres. Tout me porte à croire qu’on a réuni en ce lieu les pires rebus de la Marine. Normal me direz-vous vu le peu d’activité criminelle dans cette partie du monde. Sur ce, laissez moi passer. »
« Mada… Commandante Tendo ! Ne mettez pas tout le monde dans le même panier je vous prie. Il y a beaucoup de Marines compétents dans cette base et notamment notre chef ! C’est que… qu’il y a… des circonstances. Le Lieutenant Tanaka a ses raisons. S’il vous plait, attendez au moins son retour avant de châtier le Sous-lieutenant Ahou. Si vous ne pouvez pas attendre, permettez moi de vous menez au bureau du Lieutenant. Peut être y trouverez vous ce que vous cherchez. »
Hikari haussa les épaules et soupira. Décidément ce Marine était un bon orateur à défaut d’avoir le charisme adéquat. Quelque chose se tramait dans cette base mais ce n’était pas la raison de sa visite. Elle céda à la demande impertinente du Sergent Zeis et lui fit un bref signe de la main, lui intimant de la guider. Le Sergent courba la tête avant de s’élancer dans un couloir. Après quelques minutes, il désigna une porte qu’il ouvrit aussitôt. Après un salut réglementaire, il laissa Hikari seule. Elle se mit aussitôt en quête du papier notifiant sa nouvelle affectation. Le soleil était à son zénith lorsqu’elle trouva finalement son bonheur dans une montagne de paperasse administrative. Une sorte de chaos dans lequel seul son auteur était capable de s’y retrouver. Elle lut une bonne partie du papier en diagonale, esquivant par là même les banalités d’usage et apprit qu’elle était dorénavant affectée au service du Colonel Alheïri S. Fenyang qui officiait sur les Blues. Un petit bout de papier avec la mention « F-142 » était agrafé au dos du document. Hikari regarda autour d’elle et remarqua que c’était le nom des imposants casiers qui remplissaient un pan de mur entier. Elle ouvrit le casier en question et y découvrit un escargophone qu’elle s’empressa de mettre dans sa poche. La Commandante remit le document en place dans la pile et ce faisant, fit tomber un classeur par terre. Lorsqu’elle le ramassa elle put lire « Missions urgentes ». Curieuse, Hikari feuilleta quelques pages et son visage devint cramoisi. Il s’agissait là du listing des missions prioritaires assignées à la base et certaines remontaient à plus d’une semaine ! Ivre de colère, la Commandante, quitta le bureau du Lieutenant Tanaka, le dossier en question sous le bras et se dirigea vers celui de son second. Elle n’allait pas laisser passer cette histoire !
Malheureusement ou heureusement d’ailleurs, c’est encore le Sergent Zeis qui croisa sa route. Mais cette fois-ci Hikari était dans une toute autre disposition. Le Sergent s’en aperçu rapidement, ainsi que du fameux dossier, mais ne chercha pas à s’esquiver. La Commandante se défoula sur lui :
« Bande d’incapables ! C’est quoi ce merdier ! Ces missions sont prioritaires pour une bonne raison. Des innocents crèvent et personne ne bouge le petit doigt ! Je vais tous vous dézinguer moi ça va pas trainer. Vous aller récurer des chiottes jusqu’à ce que vos mains saignent! Toi le débile, amène-moi à l’autre con. Et que ça saute ! »
Le Sergent semblait tétaniser par la colère d’Hikari au point qu’il ne pouvait même plus parler. De peur d’être frapper voire torturer ou exécuter sur place, il déglutit pour s’éclaircir la voix et laissa filtrer quelques mots :
« Je vous en prie Commandante, calmez-vous. Je ne savais pas. Personne ne savait. Ce n’est pas de notre ressort. »
« Ferme la trou-du-cul ! Je t’ai donné un ordre ! Et ne me dis pas que c’est ta loyauté envers ce fameux Lieutenant Tanaka qui t’empêche d’y obéir. La hiérarchie ne représente rien pour toi ? Tu veux retourner à la vie civile ? Non ? Alors magne-toi ! »
« Commandante Tendo ! Si je dois être rétrogradé voire être expulsé de la Marine pour vous avoir désobéit et bien soit. C’est un prix que je suis prêt à payer. Je vous implore, ne faite rien au Sous-lieutenant Ahou. Je ferais n’importe quoi. »
Hikari jura et se retint de frapper son interlocuteur. Ca l’énervait au plus haut point que les gens lui résistent. Elle avait fait tellement de chemin depuis ses classes. Ce n’était plus une gamine incapable de se faire entendre ! En dépit de cela, le Sergent Zeis lui résistait et montrait une détermination sans failles et un esprit de sacrifice qui finalement lui rappelait les siens. La raison pour laquelle il protégeait le Sous-lieutenant devait être d’une importance capitale. Après quelques secondes de réflexion, elle évacua sa colère en frappant le mur de toutes ses forces. Le poignet en sang, elle prit une grande inspiration et fixa son interlocuteur une lueur d’entendement dans le regard.
« Sergent Zeis, votre loyauté est admirable. Si vous mettez tant de zèle à couvrir un incapable comme Ahou c’est que vous devez avoir une bonne raison. Votre supérieur a de la chance de vous compter dans ses rangs. Personnellement je m’en contrefiche mais je me dois d’agir. » fit-elle en empoignant une page dans le dossier, un rare sourire aux lèvres.
« Sergent, affrétez moi un navire et qu’un équipage se tienne prêt à embarquer. Nous partons dans la demi-heure. »
Dernière édition par Tendo Hikari le Dim 13 Fév 2011 - 23:39, édité 2 fois