C’est à une demi-heure d’ici. J’y suis dans dix minutes
" Je donnerais mon bras droit pour être ambidextre. "
Anonyme Au bout d'une petite semaine, le patron du chantier naval ne s'était toujours pas calmé du coup de poignard dans le dos que lui avait fait son ex-assistant. Il avait organisé une réunion avec tout les ouvriers pour leur expliquer la mésaventure financière du chantier et le remplacement de l'assistant par Ankou. Il en avait aussi profité pour magouiller et arnaquer ses salariés d'une partie des primes de fin d'année, prétextant une trésorerie trop légère. Les hommes étaient mécontents mais n'avaient rien fait pour protester. Le travail reprit normalement et Ankou s'appliqua avec assiduité à son travail. Il était fatiguant, pas physiquement mais moralement. Il faut dire que ce travail lui rappelait un peu trop l'usine de son père. De plus, il était obligé de se faire réveiller par le room service à sept heure du matin pour embaucher à neuf heure. Il ne s'était jamais levé aussi tôt. Mais derrière ses petits problèmes, il voyait plus grand, il voyait le travail d'infiltration qu'il menait pour une cause plus grande et plus poilue surtout. D'ailleurs en parlant de poils, il avait demandé à Jack un petit rendez-vous à la fin de la semaine pour faire le débriefing. Pour l'instant, la confiance n'était pas établie et Ankou n'avait pas accès aux données sensibles. Il se contentait de faire de la paperasse et passer de service en service sur le chantier pour prendre des notes et de draguer la petite fille du patron. Il faut dire qu'il savait y faire avec les femmes l'écrivain. C'était subtile, raffiné et léger, à milles lieux des plans dragues des ouvriers ou de l'ex contremaître. La secrétaire était aux anges, elle n'avait jamais vu quelqu'un qui lui portant autant d'attention délicate depuis des lustres. Son grand père lui par contre n'était pas du tout aux anges. Il magouillait à tout va pour rattraper ses pertes et avec le gros tournoi du nouvel an, il avait de quoi faire. Beaucoup de monde désertaient l'île pour éviter la foule qui envahissait littéralement l'île. Chaque jour, des navires chargés de touristes en manque d'adrénaline ou des flottes de pirates déboulaient pour assister au tournoi et passer un joyeux réveillon.
Il y avait donc beaucoup de boulot et rapidement, le vieux patron du déléguer et confier des détails à Ankou qui subrepticement en faisait des copies manuscrites pour les transmettre à Jack. Les documents étaient parfois très brouillons, trop pour l'être même. Faisant l'innocent, Ankou allait demander de l'aide à son patron qui lui expliquait le système de cryptage de ses données chiffrées. Les réseaux aussi remontèrent à la surface, devant le nez de l'écrivain qui pour le coup, se prenait pour un journaliste d'investigation. Il emportait discrètement des documents pour mieux les étudier à l'hôtel et les remettre à leur place le lendemain matin avant l'arriver du patron. La veille au soir du rendez-vous avec Jack, Ankou voulu planter un jalon supplémentaire dans la piste noire qu'il dévalait. Il invita la secrétaire à dîner dans un restaurant pas trop prétentieux mais assez chic pour être presque romantique. Il n'avait pas été dur de la convaincre, il y avait mit les formes et s'était même permis une petite blague. Ankou était quand même un peu mal à l'aise d'utiliser la petite fille du patron à ses fins. Il sous estimait le pouvoir néfaste des remords, comme à son habitude.
Il passa prendre la secrétaire chez elle et la conduisit au restaurant. Le service était un peu limite à son gout mais vraiment divin pour la demoiselle. Tout se déroulait à merveille, il n'attendait rien de cette soirée, il souhaitait juste faire bonne impression à la petite fille pour quelle en parle au grand père. De plus il commanda pas mal de vin ce qui eu pour effet de délier la langue de son invitée. Il accumulait maintenant depuis deux semaines des informations concrètes pour le Jack. Il ne savait pas ce qu'il comptait en faire et il comptait bien lui poser la question lors de son entrevu demain.
- Cette soirée est vraiment fabuleuse, merci Ankou pour l'invitation, ça me fait du bien après les moments difficiles des derniers jours.
- Tout le plaisir est pour moi, je dois dire que j'aime créer la jalousie autour de nous, il suffit de regarder toutes ces femmes ici et là, elles ne vous arrive pas à la cheville. Maintenant, détendez vous, vos soucis sont derrières vous, essayez de positiver et tout ira mieux.
La soirée aurait pu se poursuivre de la façon la plus charmante si un homme n'avait pas fait irruption dans le restaurant alors que l'écrivain racontait une histoire inventé de toute pièce à propos de son passé de soit disant greffier de la mafia dans un trou paumé. L'homme n'était pas inconnu de l'écrivain et pour cause, il s'agissait de l'ancien contremaître, celui qui avait aidé au vol du magot. Souvenez vous, il s'était enfuit de l'île, pensant rouler tout le monde. Hélas pour lui, il avait remarqué mais bien trop tard que sa mallette ne contenait que des fausses coupures de journaux à la place des billets. Il voulait faire faire demi tour au navire mais le capitaine ayant refusé, il du rejoindre Dead End à la nage. Seul, sans argents, sans emploi, il avait voulu retourner au chantier naval pour demander de l'aide mais il avait vu de loin la fureur du patron alors il avait rebroussé chemin. L'ex contremaître a sillonné l'île à la recherche d'Ankou pour se venger. Il faut dire que l'écrivain n'avait pas poussé son plan jusqu'au bout. Il avait prévu l'entourloupe du type mais en aucun cas la suite des événements. Quelle erreur de débutant pour notre romancier qui se retrouvait désormais en fâcheuse posture.
Le contremaître l'avait aperçu au hasard, à travers la vitre du restaurant. Il comptait bien faire cracher le magot à cet escroc puis il le surinerait. Ce n'est qu'en voyant la secrétaire, son amoureuse qu'il lui avait valu son renvoi du chantier naval à la même table que cet ordure de dandy qu'il avait tout compris. Enfin qu'il avait cru tout comprendre. En effet, le contremaître venait de créer un quiproquo dans sa tête. Pour lui, la secrétaire était la petite amie d'Ankou et ils avaient planifiés ensemble son renvoi du chantier ainsi que son implication dans le vol. On s'était servi de lui de A à Z. Furieux de sa mésaventure, en voyant les deux amoureux à cette table, il rage l'envahi. Il fonça en beuglant, lame sortie vers Ankou. Peu importe le pognon, il voulait trouer celui qui lui avait tout pris et tant qu'à faire tuer aussi la femme, pour parfaire la vengeance.
- JE VAIS VOUS BUTER BANDE D'ORDURES !!
Ankou avait aperçu le type à travers la vitre et avait compris son erreur grossière. Il pensait être fichu, que le type allait tout balancer et qu'il serait démasqué. Par chance, le contremaître voulu simplement le tuer. Hélas le pauvre gars n'avait rien prévu d'autre qu'un couteau, voyant ça, le romancier gonfla l'abdomen et se leva de table. La fille paniquée, cru que le contremaître était simplement jaloux et qu'il voulait les tuer. Elle allait tenter de lui dire quelque chose quand le bel et fier gentleman s'interposa entre les deux. Il dégaina avec agilité sa lame cachée de sa canne. D'un geste rapide il vint stopper la course du bandit en plaçant son arme devant la gorge de celui ci. Ayant plus de longe, Ankou ne pouvait qu'être vainqueur. Le contremaître dont la charge venait d'être annihilé voulu s'exprimer mais Ankou lui fit refermer la bouche en remontant la lame sous le menton. Il n'allait pas le laisser tout déballer et risquer de tout compromettre.
- Silence misérable, je ne sais pas qui vous êtes mais vos intentions sont claires. Vous allez reculer doucement vers la sortie en me faisant toujours face. A la moindre incartade, je vous occis.
Le contremaître obtempéra sous la menace de l'arme qui frottait sur sa gorge. Une fois dehors, Ankou le fit reculer dans une ruelle jouxtant la rue. Il s'assura que personne ne les avait suivi et du une nouvelle fois faire preuve d'autorité et de diplomatie.
- Imbécile, je n'avais pas prévu ton retour, maintenant que j'y pense, je trouve ça aberrant de ma part mais peu importe. Soyons clair, je peux te tuer, là, dans cette ruelle moisie au milieu des détritus. J'ai cinquante témoins qui peuvent corroborer que c'est toi qui nous a attaqué en premier. Je vais te faire une offre, tu as le choix, tu en es ou tu meurs. Je t'ai volé, mais tu avais l'intention d'en faire de même, tu as perdu, admets le et passe à autre chose. La fille avec laquelle je dîne. Je me la mets dans la poche car j'veux prendre la place du vieux, tu piges ? Je veux le chantier et je ne suis pas seul, je bosse pour du lourd, tu l'as déjà oublié ? Maintenant si tu te tiens sage, je t'épargne et je te reprend comme contremaître dès que je suis sur le trône, c'est l'affaire d'un mois. Qu'en dis tu ?
Tout ça n'était que mensonge, Ankou ne voulait simplement pas le tuer car il n'avait jamais tué qui que ce soit. De plus il ne visait pas le poste de directeur du chantier naval, il se contentait de fournir en information le Jack. Ankou laissa l'homme parler qui accepta assez rapidement. Ils discutèrent des détails et se séparèrent. Aucun des deux n'avaient confiance en l'autre mais le contremaître savait qu'Ankou le tenait à sa merci. En revenant au restaurant, Ankou s'adressa à la salle entière qui était encore agité après l'irruption du malade mentale.
- N'ayez craintes mes amis, ce maudit bougre ne supporte visiblement pas l'alcool et mon costume. Hahaha, tournée général je vous prie messieurs les serveurs. Passez une bonne soirée mes amis.
La salle remercia l'écrivain par différentes façons mais le seul remerciement qui comptait pour lui fut celui de la secrétaire qui l'embrassa sur la joue. La fin du repas fut plus calme et tout le monde regagna sa couche normalement. Le lendemain matin, Ankou rencontra comme convenu le Jack à l'hôtel.
- Bonjour Mr Callhugan, voici le dossier que vous attendez. Il regorge d'informations à propos de ce chantier naval. Bien sur il n'est pas complet, il faudrait y rester plus longtemps. D'ailleurs, pouvez vous me dire pourquoi je fais tout ça ? Pourquoi ce chantier vous permettra t-il d'atteindre le statut de capitaine corsaire ? Je veux aussi vous parler d'un problème. J'ai sous estimé quelqu'un dans l'affaire. Le contremaître est vraiment gênant et je ne suis pas sur d'avoir réussi à le convaincre et j'ai peur qu'il ne tente quelque chose. Ce qui mettrait à mal ma couverture. Qu'en pensez vous ?