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Tango Funèbre

Ahh !

The night is darkening round me,


Révolte. Vol.

Dolores crie mais Dolores plane.
Dolores crie mais Dolores chute.

Tout est si rapide, tout semble si léger.

A peine une brindille qu’un vent aura fait décoller et qui désormais retombe.

Dolores. Douleurs. Douleur.


The wild winds coldly blow ;


Dents serrées, nom haï. Yeux injectés.

Sang sur bleu, le fard disparaît sous le grenat. Palette brouillée sous la main levée.

Larmes.

Elles se heurtent à un mur de rire. Le monde n’est pas bon. Le monde est Mal.

Et elle, et elle aussi.

Incapable.


But a tyrant spell has bound me,


Aahhh…

And I cannot, cannot go.


Inerte. Morte peut-être.

Les jambes sous la main s’en vont. Des bottes au travers du voile qui s’abat.

Entravée.


The giant trees are bending


Pourquoi ? Pourquoi Dolores ?

Pourquoi n’arrives-tu plus ?


Their bare boughs weighed with snow ;


Morte, non pas encore.

Un souffle dans sa gorge, un souffle sur ses lèvres. Un souffle dans la neige.

Flocons noirs. Etoiles virevoltantes.

Voltige, vertige.

Inconscience.


The storm is fast descending,


Oui j’ai changé d’avis. Fallait pas naîtr’ jolie.

And yet I cannot go.


Echec total.

Les anges, ils ne passent plus.

La colère, elle monte encore.

La douleur, elle ne s’en va plus.

La noirceur.


Clouds beyond clouds above me,


La souffrance des cheveux tirés.

Dolores glisse, Dolores subit.

Pourquoi ? Pourquoi ça ne marche plus ?


Wastes beyond wastes below ;


C’est ça, pas de débat. On va bien s’amuser.

But nothing drear can move me :


Trop de doigts sur la gorge et des mains partout. Des voix dans la tête et.
Des pensées qui agonisent après le sursaut quand il l’a saisie.

Il n’y a plus de légèreté.

Il n’y a plus de volonté.

Même ici. Même ailleurs.

Si peu de gens et pourtant.

C’est si difficile ces derniers temps.

Et ce serait si simple.

Et ce serait si simple d’abandonner.

I will not, cannot go.



(The Night Is Darkening Round Me, par Emily Brontë)
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Spoiler:

Un paysage. Noirceur sur désolation.
Une ville dans une blue.
Le blues pour ces gens.
Des gens blessés dans leur chair.
Pour seul compagnon : le vent, sifflant entre les cahutes.
Un village ? Non. Un cimetière.
Un vent de souffrance.
Et le regard au loin : que sera le prochain ?

Un village ?
Moins que ça. Une ruine.
Déserté.
Dans les ombres, davantage d'ombres.
L'obscurité des rescapés.

Être une main secourable ? Une épaule sur laquelle se reposer ?
Même le bon vouloir est parfois inefficace.
Quelques regards. Des jugements. De la haine ?
Non. De l'interrogation.

Est-ce là leur prochain tourment ?

De la peur.

Des grimaces.

Des regards fuyants.

Ne pas abandonner. Ne pas perdre la foi.
Au bout du chemin, il y a toujours un espoir.





Le prochain ? Il arrive à point.
Anodin, mais malicieux.
La pluie. Fine et glacial.
S'immisçant dans les failles des vêtements.
Et dans les failles de leurs détresses

Un gémissement ?

Un tour du regard.

S'approcher du bruit. Les volets qui claquent.
La porte qui se ferme.
Le cœur qui se ferme.
Tu n'es pas la bienvenue.

Essayer.
Encore et toujours.
Essayer.


Une ombre mouvante.
Rampante.

Humaine ?
Un doute dans le regard.
Souffrante.
Un doute très volatile.

Une main secourable. La dernière d'une longue série.
La refuser ?

Pas encore.
Sous la pluie, les décisions sont hâtives.

Ce sera la première à réussir.

Se saisir d'elle. L'envelopper dans des bras.
La chaleur humaine.
Porter la main à son front.
La bienveillance.

Une fièvre ?
Un délire.

Un réconfort pour être sauvé.
Un toit pour être protégé.

Ne crains rien. Je m'occupe de toi.

L'emmener à l'abri. Quelque part.
N'importe où.

Mais pas ici.
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Paisible. Tellement.

Précieux.

Au creux des vagues. Entre deux lames.

Cet instant où vomir ne vient plus.

Cet instant où il ne vient plus.

Il dort. Là.

Il dort à côté. Oh, si proche.

Juste à côté.

Sa bave sur ses lèvres et dans sa barbe.

Sur le goulot de la bouteille vide.

L’alcool salvateur, qui l’a assommé avant.

Avant.

Frissons.


I would liken you


Ce bruit ?

A-t-il bougé ? Pitié.

Que ?

Hngh !


To a night without stars


Ne crains rien. Je m'occupe de toi.

Were it not for your eyes.


Est-ce possible ?

I would liken you


Chaud. Des mains chaudes dans la pluie.

A travers le tissu.

Une voix claire derrière les ombres.

Se laisser porter.

De l’air, du mouvement. Céleste.

Courir dans ces bras. Dans ces bras forts.

Et cette paix. Cette paix qu’apporte la bonté.


To a sleep without dreams


Un murmure.

Si douce mélopée sans les apparences.

Et quelles apparences pourraient la tromper ? Elle est aveugle.

Evanouie sans l’être.

Se laisser porter.

Jusqu’ailleurs. Jusque là-bas à l’abri.

A l’autre abri.


Were it not for your songs.


Cet autre abri.

M…

Ces autres visages.

Stupeur, partagée.

Oh non ! Il va nous trouver !

Visages d’enfants.

Ah ! Pourquoi vous êtes venues ?
Il va nous manger !

D’enfants peureux.

D’enfants perdus.

D’enfants cachés.

Trouver la force.

Trouver. Aller bien. Aller mieux.

Merci.

Infiniment. Merci à toi, inconnue à l’humeur si pure.

Puiser dans cette lumière que tu irradies.

Attendez !

Serrer les dents. Retenir ce rictus.

Retenir les enfants.

Attendez, ne fuyez pas !

Les aider. Aider tout le monde.

Aider pour s’aider soi.



(Quiet Girl, par Langston Hughes)
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Encore des gouttes ; le ciel est noir
Elle tombe là où ça fait mal.
La peau nue.
Des petites meurtrissures glaciales.

Le froid entraîne la fièvre.
Ce n'est pas pour rien que c'est un mal.

Le remède est l'abri
Et il est simple à trouver.
Les ténèbres restent à la porte.
En son sein réside la lumière.

Un peu de feu.
Un peu de chaleur.

Les mains palpent avec habilité.
Trouver le mal qui n'est pas que pluie.
Elle est déjà paisible.
Son sourire est communicant.



Tout n'est jamais comme prévu.

Les éléments redoublent de violence.
Les ténèbres veulent entrer.

Mais les flammes veillent.

Vacillantes.

Et elle souffre à nouveau de son mal inconnu.

Incompréhension galopante
Comme les ombres au travers de la fenêtre.
Le dehors semble vide d'êtres humains.
L'instinct dit le contraire.

Des mots dans le silence
Des questions dans mon silence.

Qui est elle ?
Que veut-elle ?

A qui ? A quoi ?

Un sentiment d'impuissance.
Et pourtant si puissant.

Chuchoter des interrogations
Qui ne trouve pas leur sens.

À nouveau, les ombres
Une nouvelle victime ?
Voire pluriel.

Sait-elle pour les autres ?
Serait-ce cela ?

Une promesse murmurée.
Une petite absence.

Sous la pluie. Ouvrir les yeux.
Voir dans le noir.
Apercevoir les ombres.
Entendre un cri.

Le cri.
Juvénile.

Les bruits de courses.
Un bref sentiment de danger.

Épiée.

S'élancer dans la nuit.
Espérer tenir sa promesse.

Tout le monde se doit d'être aidé.
Pour elle.
Pour eux.
Pour moi.
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Envolés les enfants, envolée la sauveuse,
Dolores la solitaire revient à ce qu’elle est.
Seule, dans cet abri aux mille fissures.

Fragile abri, fragile comme les fétus qu’il abrite,
Et les filets d’eau, petites cascades,
Tombent d’entre les tuiles désassorties.


Death is a fisherman, the world we see

Dehors le monde, dehors les passions.
Des cris étouffés, des bruits de boue
Qui claque sous les semelles.

Des glissades, des bois qui craquent,
Et le vent qui hurle soudain.
Les portes s’éventrent et se déversent,
Mais il fait toujours froid dans la grange.


His fish-pond is, and we the fishes be;

Alors comme ça, toi, tu croyais m’échapper ?

His net some general sickness; howe'er he

Le monde est Mal, le Mal est monde.
Le Mal est là, partout.
Puissant, trop. Bras ouverts,
Il va cueillir sa proie du jour,
Et la manger sans retard,
Pour calmer ses yeux bouffis,
Qui ne peuvent voir que l’amer et le noir,
Et ne supportent la lumière.


Is not so kind as other fishers be;

Elle n’est rien, rien qui le menace,
Mais il est aveugle aussi. Dans ses œillères à lui,
La routine susurre des mots ingrats.


For if they take one of the smaller fry,


Abîme, malmène, moleste.
Prends, fais, aies ce qu’envies,
Car ce que touches t’appartient.
Et le reste, poussière inutile.


They throw him in again, he shall not die:


Life’s worth living !

But death is sure to kill all he can get,


Il hésite, s’arrête, voit plus.
Plus loin, plus clair, plus coloré.
L’air se fait soyeux, tiédit, merci.
Elle a fui.

Fui ces mots transcendants,
Venus sans qu’elle sache,
D’où ou comment.


And all is fish with him that comes to net.

Dehors le monde, dehors les passions.
Des cris clairs, des bruits de boue
Frappée par le soleil,
Qui point derrière, derrière le gris.

Et derrière, derrière la pluie qui finit,
Quelque part, elle.
Elle à trouver.
C’est grâce à elle, c’est grâce à elle sûrement.



(Death is a Fisherman, par Benjamin Franklin)
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Dans la nuit noire, les chats voient mieux.
Être un chat. Être le chat.
Guetter le moindre mouvement
Entendre l'incongru. Un indice dans ce paysage auditif.

Pour se rendre compte d'une chose.
Ils sont plusieurs.

Enfant ou pas. Simple question.
Mais des réponses importantes.

S'avancer dans ces ténèbres oppressantes.
Suivre son instinct. Il chuchote à l'oreille.
Un chuchotement. Justement.

Entendu.
Repéré.
Traqué.
Acculé.

Et face à elle, eux.
Deux jeunes âmes.
Tremblantes. L’une près de l'autre.
La peur. Dans les yeux.

Ne nous faites pas de mal !

Mal ?

Vous allez nous manger ?

Manger ?

Pitié !

Pitié.
Oui.

Comme pour l'autre. Une main secourable.
Un regard vide de tout mal.
Un sourire aimant.
Un cœur de bonté.

Ce n'est pas simple.
Ce n'est pas non plus compliqué.
C'est juste un acte de foi.
Croire quand on a perdu espoir.

Et dans cet océan d'ombres, encore un peu de lumière.
Les sourires sont communicatifs.
Et la chaleur humaine se transmet à l'autre.
Dans une étreinte bienveillante.

Respecter une promesse.
Revenir vers l'autre.
Un retour est plus rapide qu'un aller.
Enfin, une arrivée.

Une bousculade.
Un homme fuit.
Moins qu'un homme, une ombre torturée.
Incrédulité.

Et la peur.
Des enfants terrorisés.

C'est lui ! C'est lui !


Des sourires disparus.
Que même les mots ne peuvent faire revenir.

Au-delà de son sourire, l'inquiétude.
Que s'est-il passé ?
Entrer et constater.
Elle est là.

Comme un parfum qui se dissipe.
Quelque chose s'est passé.
Une impression heureuse.
Des peurs qui s'effritent.

Déposer les enfants.
S'approcher d'elle.
Sentir quelque chose.
Quelque chose de très fort.
Être guéri. Être heureux.
Ne plus souffrir. Ne plus avoir peur.

Mais à quel prix ?
Toujours des questions.
Qui est elle ?
Et d'autres préoccupations encore.

Qui est-il ?
Qui êtes-vous ?

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To outer senses there is peace,
A dreamy peace on either hand,


Et la voilà, et la voilà déjà.
Et les voici, et les voici aussi.

J’ignore qui il est…

Un homme perdu, déchu.
Un solitaire comme elle, triste,
Passé, enfui. Là par infortune
Et déjà reparti. Dans son manteau de cuir,
Avec sa routine à l’esprit.



Deep silence in the shadowy land,
Deep silence where the shadows cease.


L’étrangère voit, l’étrangère pense,
Les enfants voient, les enfants pensent.
De leurs six yeux la fixent, si jeune, si lisse,
Et pourtant marquée, vieillie.
Le sang séché, les traits tirés,
La douleur qui se répand, s’étend.

Le chaperon, avait-il raison ?
La cité des âmes perdues, l’aurait-elle atteinte ?
Pour toujours ?



Save for a cry that echoes shrill
From some lone bird disconsolate;


Je m’appelle Dolores !


A corncrake calling to its mate;
The answer from the misty hill.


Le nom de tout, le nom de rien.
Les initiés sauraient, devineraient peut-être,
Mais il faut pouvoir imaginer beaucoup,
Trop, pour comprendre et croire un tel sens.

Vite, vite, contre les mauvaises pensées,
Il faut se battre, il faut lutter.
De l’entrain, de la gaieté à afficher.
Pas pour elles, par pour le petit lui,
Mais pour elle, pour elle seule.

Crois, et tous croiront.
Sois, et tous seront.

Ce ne sont pas les siennes, elles pesaient sur eux.
Sur le trio qui la regarde et qui attend,
Qui se demande et songe et sourit désormais.

Dehors les couleurs, devant le bruit,
Premiers étirements d’un monde endormi,
Là une porte, là la fenêtre du salon,
Et les rideaux qui chantent, s’entrouvrent et volent,
Ouverts sur une rue qui danse, qui danse de mille pas.

Les enfants sortis, qui ont reconnus les deux,
Ils fêtent, ils crient, ils rient. Ils remercient le ciel,
Pour les deux rescapés qu’on croyait disparus.

Et qui n’étaient que dans la grange pas loin,
Dans la grange du roi vilain.



And suddenly the moon withdraws
Her sickle from the lightening skies,


Merci !
Merci !



And to her sombre cavern flies,
Wrapped in a veil of yellow gauze.


Ça y est, le salaire est versé,
Des quenottes toutes blanches et une carie,
D’eux qui savent, pour elles qui savent aussi,
Parmi tous les autres qui louent le ciel,
Qui savent que le ciel n’y est pour rien.




(La Fuite de la Lune, par Oscar Wilde)
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Des ombres, de l'obscurité.
Et un nom au milieu de tout cela.
Dolores. Dolores ?
Qui es-tu, Dolores ?
Que veux-tu, Dolores ?

Juste des mots.
Sentiment d'impuissance.
Encore et toujours.
Inutile.

Mais pas eux.
Pas ces enfants et leur sourire.
Le plus beau des remèdes.
Le plus simple.

Entre elle et eux.
Une communion.
Un peu de lumière.
À l'intérieur comme à l'extérieur.

Le jour se lève. La clarté revient.
Est-ce fini ?
Est-ce que cela peut finir ?
Dolores rime avec mystère.
Et les enfants rejoignent leur monde.
Quittant le nôtre.

Mais suis-je bien dans le sien ?

La blancheur de peau. Un mal récent.
L'aider. Sans savoir comment.
L'aider à sortir. Voir le soleil.
L'aider à se régénérer. Respirer.
Être libéré.

Ou juste être libre. Un instant.
Sous le soleil.
Reposé sur un banc de bois humble.
Un moment simple.

Des mots échangés.
Enfants. Parents.
Ce n'est pas bien de montrer du doigt.
De la visite, Dolores.
Des adultes aux remerciements sincères.
Il y a eu quelque chose.
Mais tu étais aussi là.
Nous étions là.

Que de changement.
La nuit et ses pleurs.
Le jour et ses sourires.
Ça pourrait être terminé.
Mais un seul ne sourit pas.
Il observe. Il hésite.

Son regard rencontre un autre.
Celui d'un enfant.
Surprise. Peur. Terreur.
Indécision. Peur. Fuite.

Bondir. Ne pas le laisser s'échapper.
Pourquoi ?
Parce que.
Ce n'est pas fini. Tout peut recommencer.
Tout doit finir.
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Attendez ! Arrêtez !

I felt a funeral in my brain,
And mourners, to and fro,
Kept treading, treading, till it seemed
That sense was breaking through.


Retard, cauchemar.

Dolores conjure mais Dolores murmure. Tout juste.

Un chuchotis à peine dans ce vacarme,
Fait de pères et de mères qui courent,
Qui hurlent, qui jurent, qui maudissent,
Sous les nuages revenant.

Revenants revenus,
Pour masquer au ciel l’avenir,
Pour voiler aux yeux des bambins,
Ce que l’humanité porte de plus lourd.


And when they all were seated,
A service like a drum
Kept beating, beating, till I thought
My mind was going numb


Le soleil vain délaisse ses enfants,
Retient, pour l’heure terrible, ses rayons bienfaisants.
Ils se perdraient, ils se gâcheraient sans atteindre le sol.

Les bêches et les crocs ne visent pas à la terre nourricière.
Ils sont dardés vers l’ennemi qui court, qu’on craignait et qui craint,
Qui peut craindre désormais, roi vilain à la couronne jetée bas.
Foulée déjà de vingt, de trente bottes revanchardes.


And then I heard them lift a box,
And creak across my soul
With those same boots of lead, again.
Then space began to toll


L’ire d’un peuple est pareille aux bovins qu’il élève,
Placide, domestique, réticente même à la démonstration.
Mais donnez-lui un coup de fouet, un seul bien placé,
Et comme affolée elle retrouve ses racines sauvages.

Il a suffi d’une âme, de deux belles âmes étrangères à tout.
Et les cœurs ragaillardis ne craignent plus guère le conflit.
Ils traquent la bête comme d’autres montent au front,
Sûrs de leur bon droit, sûrs de la fin qui approche.
Inique mais qu’importe, le sang lavera les âmes.

Sûrs et aussi mus de honte à n’avoir agi seuls.
Quand il aurait fallu, quand il fallait,

Pour ces enfants camouflés par le vent,
Qui les préserve en emportant les bruits.


As all the heavens were a bell,
And being, but an ear,
And I and Silence some strange Race
Wrecked, solitary, here.


Macabre orchestre que la furie d’une foule.
Les cordes sont rêches et remuent les tréfonds,
Les cuivres et les bois se répondent sans trêve,
Les percussions résonnent aux tempes comme au cœur.
Cœur que les chœurs étouffent, dont la haine brise le rythme.

Et alentour tout est silence,
Silence prostré, silence figé,
Impotent, innocent,
Fait d’espoirs et de désirs,
Pour une justice sans passion.

Espoirs en la blonde déjà lancée,
Qui peut-être saura les arrêter.
Désirs pour de plus fortes capacités,
Qui peut-être les arrêteraient.



(I Felt A Funeral In My Brain, par Emily Dickinson)
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Courir pour fuir.
Courir pour échapper à ses responsabilités.
Courir pour leur échapper.
Courir pour avoir l'espoir de survivre.

Contre cette marée, l'homme est un grain de sable.
La marée monte.
Et si ce n'est pas maintenant, ça sera à la vague d'après.
L'une après l'autre, les serres se tendent vers la chair.

La détermination est à son comble.
Attraper le fuyard.
Fuir les attrapeurs.
Puis vient la décision divine,
comme un jeu du destin,
et l'enfant perdu sur sa course.

Roulement pour mieux se relever.
Mais trop tard,
l'oiseau est dans le filet.
Un filet de chair, un filet de mains.
Un filet qui blesse, un filet qui ressent.
La haine.

Que faire de lui ? Et c'est l'instant de doute.
Trop vite dissiper ; l'adrénaline coule toujours dans les veines.
Qu'on invoque la Justice des Hommes.

L'assemblée se fait juge.
Les faits sont là.
La défense est muette.
Coupable.
Coupable.

Puis l'assemblée se fait bourreau.
D'après d'anciennes pratiques oubliées,
mais qui réapparaissent en fruit de la vengeance.
Pendu.
Pendu.

À l'arbre du pendu. Qu'il porte à nouveau bien son nom.
La procession s'engage comme une marche funèbre.
Mais le mort est vivant.
Et les vivants sont la mort.
L'assemblée est compacte. La mort n'a qu'un corps.

Le mort pleure.
Seul.

Le criminel devient victime.
Les indécis deviennent criminels.
Les victimes deviennent indécises.
Regardant leurs parents agir.
Regardant un mal tout aussi moche.

Et devant l'arbre des pendus,
se dressent deux belles âmes.
Un peu de lumière face à un océan de ténèbres.
D'obscurantisme.

Ce n'est pas de la Justice que de se faire Justice soi-même.
Ce n'est pas de la Justice de donner la mort.
Ce n'est pas de la Justice.

C'est un crime.

Et l'incompréhension gagne. L'indécision revient.
La vengeance se bat contre la raison.
La vengeance se bat contre ce que représentent ces âmes.
Celles qui ont sauvé.
Celles qui ont réveillé leur cœur.
Mais celles qui ont fini par initier cette vengeance.

L'homme aboie, mais le cortège ne passe pas.
Le doute les saisit à la gorge.
Et pour enfoncer le clou, l'une s'avance.

Perçant la masse des gens, repoussés comme par peur.
Et son but n'est que de se saisir de la victime.
Lui qui était coupable.
Et qui n'a plus de haine en lui.

Les esprits s'échauffent.
Ceux qui ont été les plus faibles ne peuvent la laisser faire.
Et tandis que l'union cède sous le poids de la honte.
La raison se perd.
Totalement.


Dernière édition par Adrienne Ramba le Lun 20 Jan 2014 - 14:14, édité 1 fois
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Hurler à pleins poumons.

Crier de douleur et de peine.

Et d’un peu d’autre chose peut-être.

Vriller la gorge et vriller les tympans.

Mais atteindre quelqu’un.

Atteindre n’importe qui.

Et qu’ils cessent.


I had no time to hate, because


N’importe qui.

The grave would hinder me,


Que cesse leur folie, que cessent leurs déraisons.

Que cesse chaque prétexte qui les nourrit, qui les attise.

Et que l’orage se dissipe, cet orage qui n’est pas que dans leurs êtres.


And life was not so ample I


Le monde s’est fait sans bruit.

Le jour s’est caché, le vent s’est arrêté.

Même les gouttes de pluie ne tombent plus qu’en silence.


Could finish enmity.


Le monde sait, qui écoute.

Qui l’écoute, elle, chantant vers eux.

Sa voix claire vaudrait tous les hurlements.

Mais eux sont sourds comme son amie ne peut rien.

Elle ne peut rien car nulle digue ne contiendrait la haine.


Nor had I time to love, but since


Infinie.

Some industry must be,


Nulle digue sauf peut-être,

Sauf peut-être celle-ci,

Infinie de même :


The little toil of love, I thought,


Petites lueurs frêles, étoiles parfaites.

Chair de leurs chairs, à tous qui s’agitent.

Le silence partout ne les protège plus, ces enfants.

Ils entendent, ils s’approchent de leurs parents fous.

Les regardent, mais ne jugent ni ne condamnent.

Comprennent mais observent, et espèrent.

Frêles comme celle qu’ils entourent.

Celle qui chante toujours.


Was large enough for me.



(I had no time to hate, par Emily Dickinson)
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Celle qui chante encore et encore.
Et ceux qui écoutent encore et encore.
Communicant par leurs yeux.
À ceux qui n'écoutent pas.

Et les vagues vacillent. L'orage se fait plus gris.
Parmi eux, il y a ceux qui savent.
Ceux qui ont vécu.
Ceux qui ont vécu l'âge noir de l'arbre du pendu.

Aînés et enfants, ils ne peuvent que regarder le cœur de la colère.
Pour les premiers des enfants, pour les seconds des parents.
Les premiers ont vécu et ils n'ont plus rien à prouver.
Tandis que les seconds ont toute la vie à vivre.

Entre eux, il y a ceux qui sont jugés.
Jugés parce qu'ils n'ont pas encore tout fait.
Jugés parce qu'ils sont des exemples à suivre.
Montrer du doigt, ils sont des proies faciles pour la peur.

Qui sommes-nous pour juger ?
Étrangères à leur vie et leur cœur.
Nous ne sommes rien.
À peine un grain de sable balloté par le vent.

Tandis que pour les plus jeunes et les moins jeunes,
Résonne à l'unisson des cœurs partageant le même sang.
Et les esprits partageant ces souvenirs.
Tant chéris.

Qui voudrait les obscurcir par une corde tendue et un cri d'agonie ?

Ce n'est pas la digue qui peut faillir.
Mais aussi la haine.
Devant elle s'élève une montagne.
Défiant même le ciel.

C'est le moment.

Ils sont confrontés à l'aridité de leur cœur.
Mais sous celle-ci coule des torrents de honte.
Et cette honte finit par jaillir en source.
Et les larmes coulent en orage sur l'aridité de nos âmes.

Sur cette terre peuvent naître de nouvelles fleurs.
Et après l'orage vient le beau temps.
D'une journée ensoleillée de rires et de sourires.
Toujours elle viendra.

La haine ne gagnera pas.
Elle fuira même les cœurs.
Car tout comme nous
Elle reste grain de sable emporté par le vent.
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Les coiffes volent, le condamné souffle.
Doucement, l’hiver s’en va.
Derniers frissons.

Une trille, puis deux, puis trois.
Doucement, le printemps s’en vient.
Chaleurs diffuses.

La pluie s’échappe, les larmes vont.
Dans les sourires, le soleil.
Images de fin de conte, silence.

Printemps et hiver des âmes.
Mortes, celles qui devaient.
Impures, et trop lourdes, et trop dures.
Vives, celles qu’il fallait.
Calmes, et fragiles, mais humaines.

Loin des préoccupations, Dolores tombe.
S’est tue, s’oublie.
Assise, ombre d’elle-même,
Elle se régule, se retrouve.

Adultes, enfants,
En bas groupés, mains sur l’épaule,
Mains dans la main.

Quelques instants,
Et douze mois ont filé,
Révolution, nouvelle année.

Et fin du spectacle,
Jusque demain, après-demain,
Ou bien l’an prochain, qui sait ?
Jusque la prochaine séance.

Elle sera prête,
Elle ou cette autre.



Here lies a most beautiful lady,
Light of step and heart was she:
I think she was the most beautiful lady
That ever was in the [South] Country.
But beauty vanishes; beauty passes;
However rare, rare it be;
And when I crumble who shall remember
This lady of the [South] Country?


(An Epitaph, par Walter de la Mare)
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Tu es une ombre.
Tu files entre les doigts.
Une âme qui disparaît.
Se cache.

Et pourtant, dans les cœurs
Tu resteras un souvenir.
Béni.
Chéri.

Nous avons été leur soleil.
Tu as été leur équinoxe.
Et tu brilleras comme à ton solstice.
Toute l'année.

Irremplaçable.

Tu es partie comme tu es venue.
De nulle part.
Et seul au milieu d'eux.
Tout paraît vide.

J'aimerais que ce ne soit pas un adieu.
Juste un au revoir.
À bientôt ?
Oui. À tantôt.

Qu'importe les jours ou les années.
Ton souvenir restera entier.
L'attente peut être longue.
Mais attendre, on l'a toujours fait.
Car la promesse existait.
La promesse de ta venue.

Je pars là où tu ne seras.
Pensant à là où tu es.
Et là où tu viendras.
Tu seras attendue.

Car tu es notre souvenir inoubliable.
Un souvenir de South Blue.
Un souvenir de Dolores.
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